Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
12 juillet 2021
Une bénédiction de trouver ce dimanche vers sept heures et quart, la Boulangerie du Moulin du Château ouverte et la Brasserie du Commerce itou. Avant d’entrer dans cette dernière et avant que des humains ne me gênent, je photographie les quatre faces de la place des Vosges.
Je petit-déjeune en écoutant Dire Straits puis trouve la rue de la Maix qui mène au Parc du Château, le lieu de promenade dominicale des Spinalien(ne)s où trônent les vestiges du Château d’Epinal détruit par Louis le Quatorzième. Après être passé près du lavoir et de la source Saint-Goëry, je monte dans la verdure par un chemin aménagé. De là-haut, où je suis seul dans les ruines, je domine la ville, notamment la Basilique Saint-Maurice.
En redescendant, je prends le sentier qui flèche la Tour Chinoise. Celle-ci a été construite au début du dix-neuvième siècle par un riche citoyen spinalien pour rejoindre aisément des jardins à lui dans l’enceinte de l’ancien château. J’entre dans cette tour exotique par le haut et la descends par un escalier en colimaçon. La porte du bas franchie, je peux la découvrir dans son ensemble.
Pas loin d’icelle est une boulangerie appelée Mie Amor. En peu de temps je retrouve la Place des Vosges et m’installe à la terrasse de The Place To Be afin de lire Edmond, désormais seul, mais écrivant toujours nous.
Où manger le dimanche à Epinal ? Le Grand Café étant fermé, je me rabats sur la Brasserie du Commerce en extérieur et choisis la munstiflette (une tartiflette au munster) que j’accompagne d’un quart de riesling et que je fais suivre de trois boules de glace : menthe, rhum raisins, caramel fleur de sel. Cela fait vingt-sept euros cinquante.
*
« Au calme et en plein centre-ville » est-il précisé dans le descriptif de mon logement Air Bibi. Pour être en centre-ville, il l’est. Pour être au calme, il ne l’est qu’en l’absence du musicien du dessous. Et celui-ci, comme pas mal d’artistes, vit surtout la nuit. Ma sympathique logeuse lui a envoyé un message pour qu’il fasse attention, mais c’est surtout un problème d’isolation phonique déficiente.
Cette nuit de samedi à dimanche, il ramène une fille à la maison. Je n’entends pas seulement sa musique, dont il lui donne un échantillon, mais aussi leur conversation, surtout quand il ouvre la fenêtre. « Pourquoi on dit d’une fille qui va voir ailleurs que c’est une salope alors qu’il n’y a pas de mot pour les garçons », lui dit-elle. « Bah, on peut dire un salaud », lui répond-il d’un air peu convaincant.
La seule chose que je n’entende pas, c’est leurs coïts. Peut-être n’y en a-t-il pas, que des démonstrations musicales et des bavardages oiseux.
Je petit-déjeune en écoutant Dire Straits puis trouve la rue de la Maix qui mène au Parc du Château, le lieu de promenade dominicale des Spinalien(ne)s où trônent les vestiges du Château d’Epinal détruit par Louis le Quatorzième. Après être passé près du lavoir et de la source Saint-Goëry, je monte dans la verdure par un chemin aménagé. De là-haut, où je suis seul dans les ruines, je domine la ville, notamment la Basilique Saint-Maurice.
En redescendant, je prends le sentier qui flèche la Tour Chinoise. Celle-ci a été construite au début du dix-neuvième siècle par un riche citoyen spinalien pour rejoindre aisément des jardins à lui dans l’enceinte de l’ancien château. J’entre dans cette tour exotique par le haut et la descends par un escalier en colimaçon. La porte du bas franchie, je peux la découvrir dans son ensemble.
Pas loin d’icelle est une boulangerie appelée Mie Amor. En peu de temps je retrouve la Place des Vosges et m’installe à la terrasse de The Place To Be afin de lire Edmond, désormais seul, mais écrivant toujours nous.
Où manger le dimanche à Epinal ? Le Grand Café étant fermé, je me rabats sur la Brasserie du Commerce en extérieur et choisis la munstiflette (une tartiflette au munster) que j’accompagne d’un quart de riesling et que je fais suivre de trois boules de glace : menthe, rhum raisins, caramel fleur de sel. Cela fait vingt-sept euros cinquante.
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« Au calme et en plein centre-ville » est-il précisé dans le descriptif de mon logement Air Bibi. Pour être en centre-ville, il l’est. Pour être au calme, il ne l’est qu’en l’absence du musicien du dessous. Et celui-ci, comme pas mal d’artistes, vit surtout la nuit. Ma sympathique logeuse lui a envoyé un message pour qu’il fasse attention, mais c’est surtout un problème d’isolation phonique déficiente.
Cette nuit de samedi à dimanche, il ramène une fille à la maison. Je n’entends pas seulement sa musique, dont il lui donne un échantillon, mais aussi leur conversation, surtout quand il ouvre la fenêtre. « Pourquoi on dit d’une fille qui va voir ailleurs que c’est une salope alors qu’il n’y a pas de mot pour les garçons », lui dit-elle. « Bah, on peut dire un salaud », lui répond-il d’un air peu convaincant.
La seule chose que je n’entende pas, c’est leurs coïts. Peut-être n’y en a-t-il pas, que des démonstrations musicales et des bavardages oiseux.
11 juillet 2021
Ce samedi matin, sous un ciel bleu, je prends le train Fluo dans l’autre sens et jusqu’à son terminus Remiremont. Il s’arrête à Arches (scieries), Pouxeux (belle église à bulbe) Eloyes (prononcer Eloi), Saint-Nabord (aux abords du cimetière) et arrive au but en trente minutes.
Je descends l’avenue qui est en face de la Gare puis tourne à droite rue Charles-de-Gaulle, achète de quoi déjeuner à la boulangerie Au Bon Pain et m’installe à la terrasse du Bar de l’Est où l’allongé est à un euro quarante. On y parle d’un boulanger qui achetait ses gâteaux chez Cora puis les revendait dans sa boutique en disant qu’ils étaient aussi bons que les siens.
Je continue ensuite cette rue Charles-de-Gaulle et arrive à son endroit intéressant, là où elle possède de belles arcades. Au bout, sur la gauche, c’est une place à fontaine avec de gros bars. En arrière-plan, j’aperçois le clocher à bulbe de l’église abbatiale. Je vais en faire le tour, ainsi que du logis attenant.
Revenu au Bar de l’Est, je lis le Journal des Goncourt. J’en suis à l’année mil huit cent soixante-dix. Jules meurt. Edmond souffre fort. La guerre lui permet de penser à autre chose.
Où manger un samedi à Remiremont alors qu’une averse orageuse n’est pas exclue et que sous les arcades on pratique le prix fort. Dans une rue perpendiculaire, je trouve Le P’tit Zinc qui a un menu à vingt euros. La patronne, tatouée et porteuse d’un souite à tête de mort, me donne une table sous un parasol. Le patron, sorti un instant de sa cuisine, arbore un ticheurte Hells Angels. Cet endroit est le lieu de rendez-vous de rudes motard(e)s dont je suis bientôt entouré.
J’ai d’abord droit à une tarte fine à l’andouille fumée qui j’espère n’a pas été achetée chez Cora, puis à un jarret de porc au munster avec des pommes grenailles bien gras et enfin à un baba à la mirabelle pas terrible et son sorbet myrtille. Le quart de vin rouge, pas mauvais, est à trois euros cinquante.
Rassasié, je rejoins la Gare et rentré à Epinal vais boire le café au Bistro The Place To Be.
-Qu’est-ce que vous lisez de beau ? me demande le serveur.
-Le Journal des Goncourt.
-Le ?
-Le Journal des Goncourt.
-Aaaah…
Jamais durant ma quarantaine en Bretagne, on ne m’avait posé la question.
*
Au Bar de l’Est, Jean qui rit et Jean qui pleure :
« Je vais aux champignons. Je me gare à la clairière. Je fais mon tour. »
« J’ai perdu ma femme. Tout le bordel. J’ai passé de mauvais moments. »
*
Les motard(e)s du P’tit Zinc : « Bon, y va nous dire quoi lundi ? »
Puis à propos des soignants qui ne se font pas vacciner : « Pour pas qu’ils s’y aillent, ils savent des choses que nous on sait pas. »
*
Remiremont, une ville commerçante pas abandonnée par la prospérité. Léon Werth y est né. René Aubry aussi. Gaston Bachelard y fut surnuméraire à la Poste. Emmanuelle Riva y fut enfant. Chantal Goya aussi, dont les grands-parents possédaient La Filature de la Moselle.
Je descends l’avenue qui est en face de la Gare puis tourne à droite rue Charles-de-Gaulle, achète de quoi déjeuner à la boulangerie Au Bon Pain et m’installe à la terrasse du Bar de l’Est où l’allongé est à un euro quarante. On y parle d’un boulanger qui achetait ses gâteaux chez Cora puis les revendait dans sa boutique en disant qu’ils étaient aussi bons que les siens.
Je continue ensuite cette rue Charles-de-Gaulle et arrive à son endroit intéressant, là où elle possède de belles arcades. Au bout, sur la gauche, c’est une place à fontaine avec de gros bars. En arrière-plan, j’aperçois le clocher à bulbe de l’église abbatiale. Je vais en faire le tour, ainsi que du logis attenant.
Revenu au Bar de l’Est, je lis le Journal des Goncourt. J’en suis à l’année mil huit cent soixante-dix. Jules meurt. Edmond souffre fort. La guerre lui permet de penser à autre chose.
Où manger un samedi à Remiremont alors qu’une averse orageuse n’est pas exclue et que sous les arcades on pratique le prix fort. Dans une rue perpendiculaire, je trouve Le P’tit Zinc qui a un menu à vingt euros. La patronne, tatouée et porteuse d’un souite à tête de mort, me donne une table sous un parasol. Le patron, sorti un instant de sa cuisine, arbore un ticheurte Hells Angels. Cet endroit est le lieu de rendez-vous de rudes motard(e)s dont je suis bientôt entouré.
J’ai d’abord droit à une tarte fine à l’andouille fumée qui j’espère n’a pas été achetée chez Cora, puis à un jarret de porc au munster avec des pommes grenailles bien gras et enfin à un baba à la mirabelle pas terrible et son sorbet myrtille. Le quart de vin rouge, pas mauvais, est à trois euros cinquante.
Rassasié, je rejoins la Gare et rentré à Epinal vais boire le café au Bistro The Place To Be.
-Qu’est-ce que vous lisez de beau ? me demande le serveur.
-Le Journal des Goncourt.
-Le ?
-Le Journal des Goncourt.
-Aaaah…
Jamais durant ma quarantaine en Bretagne, on ne m’avait posé la question.
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Au Bar de l’Est, Jean qui rit et Jean qui pleure :
« Je vais aux champignons. Je me gare à la clairière. Je fais mon tour. »
« J’ai perdu ma femme. Tout le bordel. J’ai passé de mauvais moments. »
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Les motard(e)s du P’tit Zinc : « Bon, y va nous dire quoi lundi ? »
Puis à propos des soignants qui ne se font pas vacciner : « Pour pas qu’ils s’y aillent, ils savent des choses que nous on sait pas. »
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Remiremont, une ville commerçante pas abandonnée par la prospérité. Léon Werth y est né. René Aubry aussi. Gaston Bachelard y fut surnuméraire à la Poste. Emmanuelle Riva y fut enfant. Chantal Goya aussi, dont les grands-parents possédaient La Filature de la Moselle.
10 juillet 2021
C’est par un temps incertain que je monte ce vendredi matin dans le train Fluo qui va à Nancy. J’en descends vingt-huit kilomètres plus loin, au troisième arrêt, à la Gare de Charmes, qui n’en manque pas, peinte en rouge comme elle est.
Pour rejoindre le bourg, c’est tout droit, sur un kilomètre, avec passage, par un long pont bleu, de la Moselle puis du Canal des Vosges dont le port de plaisance accueille des bateaux de location.
Muni de viennoiseries, je m’assois, face au marché qui s’installe mollement, à la terrasse du Kilt, un troquet qui me donne un bon aperçu de la population locale. Oserai-je dire qu’il est heureux que la patronne ne porte pas le vêtement qui donne son nom à ce bar. L’allongé n’est qu’à un euro vingt. « Qu’est-ce tu fais ? Tu vas traîner au bout du pont ? », demande un habitué à un type qui passe. On joue ici à des jeux à gratter en se demandant si ça gagne plus en les achetant au Kilt ou au tabac d’à côté.
Charmes est la ville du nationaliste Maurice Barrès (maison natale rue Claude Barrès, dernière demeure au cimetière). Marie-Ségolène Royal y a fait des études secondaires. On y a créé la Kanterbräu. Je ne m’attarde pas sur ces trois particularités. Je préfère errer dans les rues des faubourgs aux bâtiments décatis où ce qui n’est pas marqué à vendre est marqué vendu. Même la boutique d’objets funéraires est à l’état d’abandon. Sur la place de la Mairie, le marché peine à trouver une clientèle.
De retour au Kilt, je lis Jules et Edmond jusqu’à ce que tombent quelques gouttes. L’auvent dépenaillé étant bloqué depuis des lustres, je suis obligé de changer d’estaminet et échoue à L’Irlandais dont l’auvent est intact. Le café ne coûte qu’un euro vingt et le serveur est déjà au petit verre de blanc. « Vous avez le journal si vous voulez », me dit-il me voyant ouvrir mon livre. Je pourrais lui répondre que c’en est précisément un mais cela nous entraînerait trop loin. Une femme vêtue de façon vulgaire vient heureusement rompre notre tête à tête.
Vers onze heures, je vais au Dancourt me renseigner sur le menu du jour. C’est une jeune fille androgyne et timide qui me répond. Je me retiens de lui dire qu’elle est jolie comme un garçon.
Hélas, je ne la revois pas à midi. Peut-être est-elle en cuisine. J’ai place, avec des employés du coin et une famille, à la terrasse derrière le bâtiment. Ce restaurant est plus chic que sa concurrence. On y propose cependant un menu à seize euros cinquante tout compris : entrée, plat, dessert, quart de vin, café. Je choisis le buffet d’entrées, la blanquette de veau frites maison et le gâteau basque. C’est bien cuisiné et efficacement servi.
Au retour, le train s’arrêtant à Vincey, je peux mieux voir la grosse et belle usine à cheminée, toute en brique rouge, qui s’y trouve. Il s’agit d’une ancienne usine textile Boussac. Bien que classée, elle semble péricliter.
*
A Charmes, à l’angle des anciens bureaux de la défunte brasserie à l’origine de la Kanterbräu, on trouve Le Miracle de Saint Arnould, Patron de la Brasserie, une œuvre de Jean Lambert-Rucki datant de mil neuf cent cinquante-deux. A côté, un Monument aux Morts avec un soldat très Allons Zenfants. Près de la Mairie, la Maison du Livre et de la Culture, ainsi nomme-t-on ici la bibliothèque municipale.
*
Dans le coin, on a le choix entre le pain au chocolat (deux barres), le croissant au chocolat (une barre) et le croissant sans chocolat (dit nature).
Pour rejoindre le bourg, c’est tout droit, sur un kilomètre, avec passage, par un long pont bleu, de la Moselle puis du Canal des Vosges dont le port de plaisance accueille des bateaux de location.
Muni de viennoiseries, je m’assois, face au marché qui s’installe mollement, à la terrasse du Kilt, un troquet qui me donne un bon aperçu de la population locale. Oserai-je dire qu’il est heureux que la patronne ne porte pas le vêtement qui donne son nom à ce bar. L’allongé n’est qu’à un euro vingt. « Qu’est-ce tu fais ? Tu vas traîner au bout du pont ? », demande un habitué à un type qui passe. On joue ici à des jeux à gratter en se demandant si ça gagne plus en les achetant au Kilt ou au tabac d’à côté.
Charmes est la ville du nationaliste Maurice Barrès (maison natale rue Claude Barrès, dernière demeure au cimetière). Marie-Ségolène Royal y a fait des études secondaires. On y a créé la Kanterbräu. Je ne m’attarde pas sur ces trois particularités. Je préfère errer dans les rues des faubourgs aux bâtiments décatis où ce qui n’est pas marqué à vendre est marqué vendu. Même la boutique d’objets funéraires est à l’état d’abandon. Sur la place de la Mairie, le marché peine à trouver une clientèle.
De retour au Kilt, je lis Jules et Edmond jusqu’à ce que tombent quelques gouttes. L’auvent dépenaillé étant bloqué depuis des lustres, je suis obligé de changer d’estaminet et échoue à L’Irlandais dont l’auvent est intact. Le café ne coûte qu’un euro vingt et le serveur est déjà au petit verre de blanc. « Vous avez le journal si vous voulez », me dit-il me voyant ouvrir mon livre. Je pourrais lui répondre que c’en est précisément un mais cela nous entraînerait trop loin. Une femme vêtue de façon vulgaire vient heureusement rompre notre tête à tête.
Vers onze heures, je vais au Dancourt me renseigner sur le menu du jour. C’est une jeune fille androgyne et timide qui me répond. Je me retiens de lui dire qu’elle est jolie comme un garçon.
Hélas, je ne la revois pas à midi. Peut-être est-elle en cuisine. J’ai place, avec des employés du coin et une famille, à la terrasse derrière le bâtiment. Ce restaurant est plus chic que sa concurrence. On y propose cependant un menu à seize euros cinquante tout compris : entrée, plat, dessert, quart de vin, café. Je choisis le buffet d’entrées, la blanquette de veau frites maison et le gâteau basque. C’est bien cuisiné et efficacement servi.
Au retour, le train s’arrêtant à Vincey, je peux mieux voir la grosse et belle usine à cheminée, toute en brique rouge, qui s’y trouve. Il s’agit d’une ancienne usine textile Boussac. Bien que classée, elle semble péricliter.
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A Charmes, à l’angle des anciens bureaux de la défunte brasserie à l’origine de la Kanterbräu, on trouve Le Miracle de Saint Arnould, Patron de la Brasserie, une œuvre de Jean Lambert-Rucki datant de mil neuf cent cinquante-deux. A côté, un Monument aux Morts avec un soldat très Allons Zenfants. Près de la Mairie, la Maison du Livre et de la Culture, ainsi nomme-t-on ici la bibliothèque municipale.
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Dans le coin, on a le choix entre le pain au chocolat (deux barres), le croissant au chocolat (une barre) et le croissant sans chocolat (dit nature).
9 juillet 2021
Au réveil, ce jeudi, c’est la pluie. Je l’affronte jusqu’à la boulangerie puis trouve refuge au Commerce, place des Vosges, où quelques bourgeois(e)s m’ont précédé. Mon petit-déjeuner achevé, j’attrape Vosges Matin qui titre en une « Le Delta plane sur les Vosges ». A la page météo, le constat est sans appel : « Une nouvelle perturbation circulera sur nos contrées ».
Ici les gouttes sont verticales. Et épaisses. A travers les vitres, je les vois rebondir sur les tables de la terrasse. Rien d’autre à faire que rentrer dans mon grand studio.
Quand l’accalmie arrive, j’en ressors et trouve dans la courette ma jeune logeuse avec qui je fais connaissance le temps d’un court et sympathique dialogue.
Place des Vosges, je m’installe pour un café lecture à la terrasse de The Place To Be. Jules et Edmond sont à Trouville encore une fois et encore une fois ils disent du mal de la Normandie.
A midi, je retourne déjeuner au Grand Café à l’angle de la rue Boudiou. Je suis le seul à oser la terrasse sous la drache revenue. « Putain, quelle pluie de merde ! », se plaint un passant en ticheurte, alors qu’il pourrait se contenter d’un « Boudiou, quel temps ! ». J’opte pour le tartare de saumon et sa crème d’aneth, les lasagnes de bœuf avec salade et la tarte à la rhubarbe, cela accompagné d’un quart de sauvignon. Tout est fort bon, pour le même prix qu’hier.
En début d’après-midi, je m’offre un tour de ville dans la navette électrique gratuite qui tourne sans cesse et, comme ailleurs, pour quasiment personne. The Place To Be est la mienne ensuite.
*
Dialogue entre deux femmes quinquagénaires au Commerce :
-On ne les a pas invitées à la réunion de synthèse alors elles se sont vexées.
-Elles sont jeunes ?
-Non, elles ont quarante toutes les deux.
*
« Les femmes, c’est pas toujours facile à déchiffrer. » (un sexagénaire assis au comptoir du Commerce, il est huit heures et quart, il en est à sa deuxième bière)
*
La Normandie, un pays où commencent l’Angleterre par le désagrément des gens et la Bretagne par la saleté des choses. (Jules et Edmond de Goncourt, Journal, le vingt-quatre août mil huit cent soixante-huit)
Ici les gouttes sont verticales. Et épaisses. A travers les vitres, je les vois rebondir sur les tables de la terrasse. Rien d’autre à faire que rentrer dans mon grand studio.
Quand l’accalmie arrive, j’en ressors et trouve dans la courette ma jeune logeuse avec qui je fais connaissance le temps d’un court et sympathique dialogue.
Place des Vosges, je m’installe pour un café lecture à la terrasse de The Place To Be. Jules et Edmond sont à Trouville encore une fois et encore une fois ils disent du mal de la Normandie.
A midi, je retourne déjeuner au Grand Café à l’angle de la rue Boudiou. Je suis le seul à oser la terrasse sous la drache revenue. « Putain, quelle pluie de merde ! », se plaint un passant en ticheurte, alors qu’il pourrait se contenter d’un « Boudiou, quel temps ! ». J’opte pour le tartare de saumon et sa crème d’aneth, les lasagnes de bœuf avec salade et la tarte à la rhubarbe, cela accompagné d’un quart de sauvignon. Tout est fort bon, pour le même prix qu’hier.
En début d’après-midi, je m’offre un tour de ville dans la navette électrique gratuite qui tourne sans cesse et, comme ailleurs, pour quasiment personne. The Place To Be est la mienne ensuite.
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Dialogue entre deux femmes quinquagénaires au Commerce :
-On ne les a pas invitées à la réunion de synthèse alors elles se sont vexées.
-Elles sont jeunes ?
-Non, elles ont quarante toutes les deux.
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« Les femmes, c’est pas toujours facile à déchiffrer. » (un sexagénaire assis au comptoir du Commerce, il est huit heures et quart, il en est à sa deuxième bière)
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La Normandie, un pays où commencent l’Angleterre par le désagrément des gens et la Bretagne par la saleté des choses. (Jules et Edmond de Goncourt, Journal, le vingt-quatre août mil huit cent soixante-huit)
8 juillet 2021
Ce mercredi matin, les Spinalien(ne)s n’en reviennent pas du beau temps qui s’annonce. Le ciel est bleu comme pas vu depuis longtemps. Je passe à la boulangerie Le Moulin du Château. Le croissant y a encore une forme de croissant, ce qui n’est plus le cas en Normandie, en Bretagne ou en Auvergne.
Je le mange à la terrasse de la brasserie La Croix de Lorraine face au Marché Couvert. Il a un bon goût d’autrefois. Il me rappelle mon enfance où il était rare, offert parfois par Tante Pierrette, ma marraine, ou par Grand-Mère Jeanne, quand elles s’invitaient à Louviers pour oublier Bondy pendant une semaine ou deux. L’allongé est à un euro soixante-dix bien que la clientèle soit populaire.
-Vous habitez toujours à la Vierge ? demande l’un à l’une.
Rassasié, je visite la très belle Basilique Saint-Maurice, passe par la rue du Chapitre aux bâtiments colorés puis mets le cap sur la Gare Routière afin de me renseigner sur les cars régionaux. Fichtre : pas d’horaires sur papier, un prix qui dépend du nombre de kilomètres et devient vite prohibitif, un site Internet bordélique. Qui faut-il féliciter ? Jean Rottner, Chef du Grand Est, Droitiste.
Adieu les cars lorrains, je redescends vers la Moselle et la suis assez longuement jusqu’au port. Celui-ci n’abrite que deux péniches d’habitation et quelques bateaux de location.
Revenu au centre-ville par l’autre bord de la Moselle, je prends place à une table en terrasse à la Brasserie du Commerce, place des Vosges qui est l’endroit le plus chic de la ville. Le café y est à deux euros et on y est moyennement aimable. Je relis là le début du tome deux du Journal des Goncourt, car Jules et Edmond sont du voyage.
Pour déjeuner, je trouve mon bonheur au Grand Café, rue des Petites Boucheries, près du bras de la Moselle qui cascade gentiment. La sympathique patronne me sert dès midi moins le quart. Le menu du jour est à quinze euros : filet de hareng sur un lit de pommes de terre tièdes, estouffade de bœuf carottes paysannes, tiramisu maison, avec un quart de côtes-du-rhône à quatre euros. Derrière moi mangent cinq copines d’âge divers. Elles parlent d’un type un peu pénible qu’elles semblent toutes connaître, un nommé Monmari.
A l’issue, je poursuis ma lecture sur un banc de la place Pinau au centre de laquelle, au sommet d’une haute colonne, est la statue Le tireur d'épine. Sous ce gamin se tirant une épine du pied pique-niquent quatre nymphettes insouciantes.
Des nuages noirs se font voir. Je quitte mon banc pour retrouver la place des Vosges. Au Bistro The Place To Be, le café n’est qu’à un euro soixante-dix et le diabolo menthe à deux cinquante. Passent une femme et ses sept enfants d’âge divers. Il n’est pas impossible que le dernier soit celui de l’ainée qui a l’air d’avoir seize ans.
Je le mange à la terrasse de la brasserie La Croix de Lorraine face au Marché Couvert. Il a un bon goût d’autrefois. Il me rappelle mon enfance où il était rare, offert parfois par Tante Pierrette, ma marraine, ou par Grand-Mère Jeanne, quand elles s’invitaient à Louviers pour oublier Bondy pendant une semaine ou deux. L’allongé est à un euro soixante-dix bien que la clientèle soit populaire.
-Vous habitez toujours à la Vierge ? demande l’un à l’une.
Rassasié, je visite la très belle Basilique Saint-Maurice, passe par la rue du Chapitre aux bâtiments colorés puis mets le cap sur la Gare Routière afin de me renseigner sur les cars régionaux. Fichtre : pas d’horaires sur papier, un prix qui dépend du nombre de kilomètres et devient vite prohibitif, un site Internet bordélique. Qui faut-il féliciter ? Jean Rottner, Chef du Grand Est, Droitiste.
Adieu les cars lorrains, je redescends vers la Moselle et la suis assez longuement jusqu’au port. Celui-ci n’abrite que deux péniches d’habitation et quelques bateaux de location.
Revenu au centre-ville par l’autre bord de la Moselle, je prends place à une table en terrasse à la Brasserie du Commerce, place des Vosges qui est l’endroit le plus chic de la ville. Le café y est à deux euros et on y est moyennement aimable. Je relis là le début du tome deux du Journal des Goncourt, car Jules et Edmond sont du voyage.
Pour déjeuner, je trouve mon bonheur au Grand Café, rue des Petites Boucheries, près du bras de la Moselle qui cascade gentiment. La sympathique patronne me sert dès midi moins le quart. Le menu du jour est à quinze euros : filet de hareng sur un lit de pommes de terre tièdes, estouffade de bœuf carottes paysannes, tiramisu maison, avec un quart de côtes-du-rhône à quatre euros. Derrière moi mangent cinq copines d’âge divers. Elles parlent d’un type un peu pénible qu’elles semblent toutes connaître, un nommé Monmari.
A l’issue, je poursuis ma lecture sur un banc de la place Pinau au centre de laquelle, au sommet d’une haute colonne, est la statue Le tireur d'épine. Sous ce gamin se tirant une épine du pied pique-niquent quatre nymphettes insouciantes.
Des nuages noirs se font voir. Je quitte mon banc pour retrouver la place des Vosges. Au Bistro The Place To Be, le café n’est qu’à un euro soixante-dix et le diabolo menthe à deux cinquante. Passent une femme et ses sept enfants d’âge divers. Il n’est pas impossible que le dernier soit celui de l’ainée qui a l’air d’avoir seize ans.
7 juillet 2021
Me voici reparti, fuyant la morosité rouennaise et les menaces du syndic de copropriété. Ce mardi, début des vacances scolaires, le train de sept heures cinquante-six pour la Gare Saint Lazare est ponctuel, un train court dans lequel je réussis à m’asseoir. J’ai prévu large : trois heures de battement pour rejoindre ensuite la Gare de l’Est, il faut ça car avec les trains d’Hervé Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite, tout peut arriver. Là, cela se passe bien, de même que dans le métro, ligne Quatre, ligne Sept.
Un long café verre d’eau au Café de l’Est (deux euros soixante-dix). Un pique-nique dans l’agréable jardin temporaire de la ville de Metz installé sur le parvis de la Gare. Une place dans le Tégévé de douze heures vingt-trois pour Remiremont. Fabien est notre chef de bord. Michel est notre conducteur. Inès est notre barista. Dans la voiture Quinze, plusieurs jolies filles et deux chats encagés qui miaulent. Pas de voisin pour moi jusqu’à Champagne Ardennes Tégévé. A Nancy, presque tout le monde descend. Un canal puis c’est Epinal. J’ai en tête l’itinéraire et sans aide trouve la rue piétonnière (elle est décorée de ballons colorés) dans l’île centrale où se trouve mon nouveau studio Air Bibi.
Ma jeune logeuse a inventé un jeu de piste pour y accéder:
« Il y a une porte bleue qui donne sur la rue. Elle est ouverte mais la poignée est montée à l’envers. Il faut la tourner dans le sens inverse du conventionnel. Derrière cette porte vous allez trouver un couloir, au bout de ce couloir, un escalier. Il ne faut pas le prendre mais le contourner et aller au fond de la cour. Il y a une porte grillagée sur le chemin. Dans cette cour il y a un battant rouge sur la gauche avec derrière, une boite à clef. Il y a deux clefs, une rouge pour la porte rouge à l’entrée du bâtiment et l’autre pour l’appartement. L’appartement est au deuxième étage, porte droite.
J’habite la porte en face. Au moindre souci il vous suffira de frapper à ma porte ou de me laisser un mot sur la porte si je ne suis pas là. »
*
Ressorti, je fais une photo de la Moselle puis un court tour. Mon premier café lorrain est au Virgile, un Péhemmu où il coûte un euro soixante-dix. Je me rends compte que j’ai passé quarante jours en Bretagne sans jamais entendre parler arabe. Ce ne sera pas la même chose en Lorraine où je resterai moins longtemps.
*
A l’Office du Tourisme on veut me faire aller à Gérardmer. « Trop de monde », réponds-je, n’ayant pas gardé de l’endroit un bon souvenir. On me conseille d’utiliser le téléphone pour les cars régionaux. « Je n’en ai pas. » Je sens que la dame qui me renseigne commence à s’inquiéter.
*
Impossible de passer le pont sur la Moselle sans avoir en tête la chanson d’Yves Simon :
Sur les bords d'la Moselle / Je prenais le train, / J'allais voir Mirabelle / Les jeudis matin... / Dans les squares d'Epinal on s'envoyait / Des baisers que l'hiver nous givrait.
Sur les bords d'la Moselle, / Sur la voie ferrée, / De Nancy à Vittel / Mon père travaillait. / Il rêvait de l'Orient, de la Perse / En serrant les éclisses des traverses.
Un long café verre d’eau au Café de l’Est (deux euros soixante-dix). Un pique-nique dans l’agréable jardin temporaire de la ville de Metz installé sur le parvis de la Gare. Une place dans le Tégévé de douze heures vingt-trois pour Remiremont. Fabien est notre chef de bord. Michel est notre conducteur. Inès est notre barista. Dans la voiture Quinze, plusieurs jolies filles et deux chats encagés qui miaulent. Pas de voisin pour moi jusqu’à Champagne Ardennes Tégévé. A Nancy, presque tout le monde descend. Un canal puis c’est Epinal. J’ai en tête l’itinéraire et sans aide trouve la rue piétonnière (elle est décorée de ballons colorés) dans l’île centrale où se trouve mon nouveau studio Air Bibi.
Ma jeune logeuse a inventé un jeu de piste pour y accéder:
« Il y a une porte bleue qui donne sur la rue. Elle est ouverte mais la poignée est montée à l’envers. Il faut la tourner dans le sens inverse du conventionnel. Derrière cette porte vous allez trouver un couloir, au bout de ce couloir, un escalier. Il ne faut pas le prendre mais le contourner et aller au fond de la cour. Il y a une porte grillagée sur le chemin. Dans cette cour il y a un battant rouge sur la gauche avec derrière, une boite à clef. Il y a deux clefs, une rouge pour la porte rouge à l’entrée du bâtiment et l’autre pour l’appartement. L’appartement est au deuxième étage, porte droite.
J’habite la porte en face. Au moindre souci il vous suffira de frapper à ma porte ou de me laisser un mot sur la porte si je ne suis pas là. »
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Ressorti, je fais une photo de la Moselle puis un court tour. Mon premier café lorrain est au Virgile, un Péhemmu où il coûte un euro soixante-dix. Je me rends compte que j’ai passé quarante jours en Bretagne sans jamais entendre parler arabe. Ce ne sera pas la même chose en Lorraine où je resterai moins longtemps.
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A l’Office du Tourisme on veut me faire aller à Gérardmer. « Trop de monde », réponds-je, n’ayant pas gardé de l’endroit un bon souvenir. On me conseille d’utiliser le téléphone pour les cars régionaux. « Je n’en ai pas. » Je sens que la dame qui me renseigne commence à s’inquiéter.
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Impossible de passer le pont sur la Moselle sans avoir en tête la chanson d’Yves Simon :
Sur les bords d'la Moselle / Je prenais le train, / J'allais voir Mirabelle / Les jeudis matin... / Dans les squares d'Epinal on s'envoyait / Des baisers que l'hiver nous givrait.
Sur les bords d'la Moselle, / Sur la voie ferrée, / De Nancy à Vittel / Mon père travaillait. / Il rêvait de l'Orient, de la Perse / En serrant les éclisses des traverses.
5 juillet 2021
Un déjeuner dans mon restaurant japonais préféré où la sympathique gérante d’avant-guerre a été remplacée par un sympathique gérant, des cafés lecture en terrasse et sous l’auvent au Son du Cor et au Flo’s où le prix du noir breuvage est resté le même (un euro cinquante), un minimum de courses chez U Express, voilà à quoi se résument mes deux premiers jours de retrouvailles avec Rouen où je boude les concerts en mode dégradé des Terrasses du Jeudi.
Dimanche, pour boire un café entre deux averses je ne trouve rien d’autre que le Café de la Ville, un euro soixante-dix et l’eau dans un dé à coudre. Les serveurs portent le masque sous le menton même à l’intérieur. Les tables sont à moins d’un mètre l’une de l’autre et les chaises accolées. La radio Chérie pollue l’atmosphère. Je lis là comme je peux, mon attention retenue par une jolie lectrice brune en minirobe et aux seins libres à l’autre bout de la terrasse. Parfois, j’ai l’impression qu’elle lève les yeux sur moi. Tu te méprends, me dis-je. Quand je pars, nos regards se croisent. Je me garde bien d’aller vers elle.
*
La municipalité de Rouen copie celle de Bordeaux avec une toute nouvelle Fête du Fleuve. Ce divertissement écolo-socialo-communiste fait office d’évènement culturel : « défilé de fanfares, spectacle sur l’eau, activités nautiques, concerts, pique-nique participatif, grand bal ».
Une Fête du Fleuve par un temps pourri, averses et ciel gris. Il aurait été plus judicieux d’organiser une Fête de la Flotte.
*
Qu’est-ce qui lui prend au réseau social Effe Bé ? Je me retrouve bloqué pour une journée sans qu’on m’en donne la raison. Alors même que je n’ai pas publié d’image susceptible de choquer sa pudeur. Je peux contester cette décision mais, apprends-je après l’avoir fait, mon message ne sera pas lu.
Dimanche, pour boire un café entre deux averses je ne trouve rien d’autre que le Café de la Ville, un euro soixante-dix et l’eau dans un dé à coudre. Les serveurs portent le masque sous le menton même à l’intérieur. Les tables sont à moins d’un mètre l’une de l’autre et les chaises accolées. La radio Chérie pollue l’atmosphère. Je lis là comme je peux, mon attention retenue par une jolie lectrice brune en minirobe et aux seins libres à l’autre bout de la terrasse. Parfois, j’ai l’impression qu’elle lève les yeux sur moi. Tu te méprends, me dis-je. Quand je pars, nos regards se croisent. Je me garde bien d’aller vers elle.
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La municipalité de Rouen copie celle de Bordeaux avec une toute nouvelle Fête du Fleuve. Ce divertissement écolo-socialo-communiste fait office d’évènement culturel : « défilé de fanfares, spectacle sur l’eau, activités nautiques, concerts, pique-nique participatif, grand bal ».
Une Fête du Fleuve par un temps pourri, averses et ciel gris. Il aurait été plus judicieux d’organiser une Fête de la Flotte.
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Qu’est-ce qui lui prend au réseau social Effe Bé ? Je me retrouve bloqué pour une journée sans qu’on m’en donne la raison. Alors même que je n’ai pas publié d’image susceptible de choquer sa pudeur. Je peux contester cette décision mais, apprends-je après l’avoir fait, mon message ne sera pas lu.
3 juillet 2021
Ce vendredi matin, je lis tranquillement sur le banc du jardin quand les trois personnes qui vont et viennent dans celui-ci en perspective des travaux nécessités par l’état du réseau des eaux usées de la copropriété (un employé du syndic, le chargé du relevé des tuyaux et l’employé d’une entreprise) s’adressent à moi. Ne serait-il pas possible de revoir ce qui se passe sous mon appartement ? Sans méfiance, j’accepte. J’apprends alors qu’il est envisagé devant la complexité des différents réseaux de la ruelle de passer par chez moi en perçant la dalle.
Je suis stupéfait et ma réaction n’est pas assez catégorique. Aussi ce samedi je rédige un courrier pour le syndic afin qu’il sache que c’est non.
*
Sur chacun des panneaux électoraux restés en place devant le lycée Camille Saint-Saëns : la tête de Mélenchon. Son rêve enfin réalisé : une élection présidentielle avec un seul candidat, lui-même.
*
Quoi à Rouen pour le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert ? Quelques expositions très inégales et pour le reste c’est « Déambulation flaubertienne » « Randonn’écriture » « Footing culturel » « Speed dating revisité » « Cluedo géant » « Jeu de piste en famille » « Escape Run » « Balade en fiacre avec Emma et Léon ».
C’est pitié. Marie-Andrée Malleville est l’Adjointe à la Culture.
Je suis stupéfait et ma réaction n’est pas assez catégorique. Aussi ce samedi je rédige un courrier pour le syndic afin qu’il sache que c’est non.
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Sur chacun des panneaux électoraux restés en place devant le lycée Camille Saint-Saëns : la tête de Mélenchon. Son rêve enfin réalisé : une élection présidentielle avec un seul candidat, lui-même.
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Quoi à Rouen pour le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert ? Quelques expositions très inégales et pour le reste c’est « Déambulation flaubertienne » « Randonn’écriture » « Footing culturel » « Speed dating revisité » « Cluedo géant » « Jeu de piste en famille » « Escape Run » « Balade en fiacre avec Emma et Léon ».
C’est pitié. Marie-Andrée Malleville est l’Adjointe à la Culture.
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