Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
16 juin 2021
-Y a une descente de flics, au moins cinquante, là-bas au bout, la drogue sûrement, me dit la Trébouliste derrière qui j’attends l’ouverture de la boulangerie du coin de la rue ce mardi un peu avant sept heures.
-Ça va, je suis tranquille, lui réponds-je.
Effectivement, il y a du bleu un peu partout. Surtout vers le Café de la Pointe, là où sont les infrastructures de la course de voiliers. Nul ne me demande rien quand je ressors avec mes viennoiseries.
Je les mange sur le sentier vers la passerelle. Je traverse Port-Rhu et grimpe la côte qui mène à l’Office de Tourisme. Puisqu’il existe un car BreizhGo pour Audierne, pourquoi ne pas le prendre, me suis-je dit.
Ce Cinquante-Deux part de cet endroit à huit heures cinq. Il est à peu près vide mais se charge en chemin de scolaires, éprouvante radio Skyrock, collégiennes en crop top. Cette jeunesse descend à l’orée d’un bois dans lequel doit se cacher une école privée. C’est ensuite l’arrêt dans le port d’Audierne, terminus.
Je connais ce lieu et à le revoir je sens que j’aurais dû m’abstenir. Un vaste port certes, mais sans charme particulier et envahi par les voitures. Je monte tout de même jusqu’à l’église Saint-Raymond puis marche jusqu’à la décevante sortie de port où l’Abri du Marin, abandonné à son inutilité, est la proie de slogans politico-débiles qui m’interdisent de le photographier.
Revenu sur mes pas, je bois un café verre d’eau à un euro soixante-dix au Café de la Mer, un lieu complètement inauthentique. Je n’aime pas l’esprit qui règne dans les commerces de ce port. Les terrasses des restaurants, plutôt chers, sont des cages vitrées où je n’ai pas envie d’être enfermé.
En conséquence, je décide de rentrer avec le car BreizhGo de douze heures vingt-cinq que j’attends en compagnie de Jules et Edmond.
Nous sommes trois voyageurs avec le même chauffeur que ce matin. Cette fois, il nous fait subir un débat de Radio Monte Carlo sur le match de foute France Allemagne de ce soir. L’Euro, cette nuisance, a survécu au Covid.
A l’arrivée à Douarnenez, je n’ai qu’à descendre la côte puis à tourner à droite pour être au Vintage. Il est treize heures cinq quand je retrouve ma table habituelle dans le vent coulis. Quiche lorraine, sauté de bœuf patates râpées, mousse au chocolat, un verre de vin blanc, café, treize euros. La vue sur Tréboul et l’île Tristan est toujours gratuite. Je ne m’en lasse pas.
Pas davantage je ne me lasse, de retour à Tréboul, de mon après-midi lecture et café sous les arbres au Chamouette dont je suis le seul client un long moment. Le temps n’est déjà plus où tout le monde voulait être en terrasse.
-Ça va, je suis tranquille, lui réponds-je.
Effectivement, il y a du bleu un peu partout. Surtout vers le Café de la Pointe, là où sont les infrastructures de la course de voiliers. Nul ne me demande rien quand je ressors avec mes viennoiseries.
Je les mange sur le sentier vers la passerelle. Je traverse Port-Rhu et grimpe la côte qui mène à l’Office de Tourisme. Puisqu’il existe un car BreizhGo pour Audierne, pourquoi ne pas le prendre, me suis-je dit.
Ce Cinquante-Deux part de cet endroit à huit heures cinq. Il est à peu près vide mais se charge en chemin de scolaires, éprouvante radio Skyrock, collégiennes en crop top. Cette jeunesse descend à l’orée d’un bois dans lequel doit se cacher une école privée. C’est ensuite l’arrêt dans le port d’Audierne, terminus.
Je connais ce lieu et à le revoir je sens que j’aurais dû m’abstenir. Un vaste port certes, mais sans charme particulier et envahi par les voitures. Je monte tout de même jusqu’à l’église Saint-Raymond puis marche jusqu’à la décevante sortie de port où l’Abri du Marin, abandonné à son inutilité, est la proie de slogans politico-débiles qui m’interdisent de le photographier.
Revenu sur mes pas, je bois un café verre d’eau à un euro soixante-dix au Café de la Mer, un lieu complètement inauthentique. Je n’aime pas l’esprit qui règne dans les commerces de ce port. Les terrasses des restaurants, plutôt chers, sont des cages vitrées où je n’ai pas envie d’être enfermé.
En conséquence, je décide de rentrer avec le car BreizhGo de douze heures vingt-cinq que j’attends en compagnie de Jules et Edmond.
Nous sommes trois voyageurs avec le même chauffeur que ce matin. Cette fois, il nous fait subir un débat de Radio Monte Carlo sur le match de foute France Allemagne de ce soir. L’Euro, cette nuisance, a survécu au Covid.
A l’arrivée à Douarnenez, je n’ai qu’à descendre la côte puis à tourner à droite pour être au Vintage. Il est treize heures cinq quand je retrouve ma table habituelle dans le vent coulis. Quiche lorraine, sauté de bœuf patates râpées, mousse au chocolat, un verre de vin blanc, café, treize euros. La vue sur Tréboul et l’île Tristan est toujours gratuite. Je ne m’en lasse pas.
Pas davantage je ne me lasse, de retour à Tréboul, de mon après-midi lecture et café sous les arbres au Chamouette dont je suis le seul client un long moment. Le temps n’est déjà plus où tout le monde voulait être en terrasse.
15 juin 2021
Sitôt le petit-déjeuner pris ce lundi matin au Café de l’Yser, où l’aimable bistrotière (c’est elle qui se qualifie ainsi) ne manque jamais de me souhaiter un bon appétit, mon premier geste est de poster une carte d’anniversaire, qui je l’espère arrivera mercredi à Asnières.
Sous un soleil radieux, je prends le sentier vers le cimetière marin, m’arrêtant en chemin afin de descendre sur la digue du port de plaisance pour une fois exempte de pêcheurs à la ligne. De son extrémité, à proximité du phare, je photographie Douarnenez vue de Tréboul.
Ce sont toujours des femmes qui se baignent tôt, constaté-je encore une fois, en arrivant à la plage Saint-Jean. Au-dessus de cette petite plage est un banc que l’on pourrait appeler le banc du voyeur, s’il y avait quelque chose à voir. C’est là que je m’assois pour lire.
Il y a une certaine élégance à se plonger dans le Journal des Goncourt à deux pas du lieu où est enterré le premier lauréat de leur prix : John-Antoine Nau, né à San Francisco, mort à Tréboul. Un panneau évoquant sa gloire passée figurait autrefois à l’entrée principale du cimetière marin. Il a disparu.
Vers dix heures et demie, je suis de retour au Café de l’Yser où l’aimable bistrotière remplace son « Bon appétit » par un « Bonne lecture ». Au-dessus, des volets s’entrouvrent et une voix de femme se fait entendre : « Philippe ! C’est ça le café ? ». Le Philippe en question boit une bière avec un autre. Les volets se referment.
Pour déjeuner, je choisis un mi-cuit de thon pommes grenailles petits légumes à seize euros cinquante au Café de la Pointe. Le service est jeune, impersonnel, poussant à la dépense. Je bois l’eau de la carafe et ne commande rien d’autre.
Après être repassé par « chez moi », comme le Chamouette est fermé le lundi, je retourne au Café de l’Yser pour un café et lire à l’ombre. Il fait vingt-neuf degrés, affiche la pharmacie d’en face.
Je suis surpris quand une main se pose sur mon épaule. C’est celle de la bistrotière qui me dit qu’elle ferme momentanément pour aller chercher sa fille mais que je peux rester ici. Je paierai tout à l’heure si je suis encore là ou bien on se verra demain matin.
-Alors ça va ? me demande-t-elle au retour.
-Oui, j’ai bien gardé la boutique.
*
Bien qu’il y ait partout des affichettes rappelant que le port du masque est obligatoire à Douarnenez, je vis sans, comme la plupart.
*
John-Antoine Nau fut le premier Prix Goncourt en mil neuf cent trois pour son roman Force ennemie. Après une vie aventureuse, il s’installa à Rouen en mil neuf cent seize puis à Tréboul où il mourut en mil neuf cent dix-huit à l'âge de cinquante-sept ans.
Sous un soleil radieux, je prends le sentier vers le cimetière marin, m’arrêtant en chemin afin de descendre sur la digue du port de plaisance pour une fois exempte de pêcheurs à la ligne. De son extrémité, à proximité du phare, je photographie Douarnenez vue de Tréboul.
Ce sont toujours des femmes qui se baignent tôt, constaté-je encore une fois, en arrivant à la plage Saint-Jean. Au-dessus de cette petite plage est un banc que l’on pourrait appeler le banc du voyeur, s’il y avait quelque chose à voir. C’est là que je m’assois pour lire.
Il y a une certaine élégance à se plonger dans le Journal des Goncourt à deux pas du lieu où est enterré le premier lauréat de leur prix : John-Antoine Nau, né à San Francisco, mort à Tréboul. Un panneau évoquant sa gloire passée figurait autrefois à l’entrée principale du cimetière marin. Il a disparu.
Vers dix heures et demie, je suis de retour au Café de l’Yser où l’aimable bistrotière remplace son « Bon appétit » par un « Bonne lecture ». Au-dessus, des volets s’entrouvrent et une voix de femme se fait entendre : « Philippe ! C’est ça le café ? ». Le Philippe en question boit une bière avec un autre. Les volets se referment.
Pour déjeuner, je choisis un mi-cuit de thon pommes grenailles petits légumes à seize euros cinquante au Café de la Pointe. Le service est jeune, impersonnel, poussant à la dépense. Je bois l’eau de la carafe et ne commande rien d’autre.
Après être repassé par « chez moi », comme le Chamouette est fermé le lundi, je retourne au Café de l’Yser pour un café et lire à l’ombre. Il fait vingt-neuf degrés, affiche la pharmacie d’en face.
Je suis surpris quand une main se pose sur mon épaule. C’est celle de la bistrotière qui me dit qu’elle ferme momentanément pour aller chercher sa fille mais que je peux rester ici. Je paierai tout à l’heure si je suis encore là ou bien on se verra demain matin.
-Alors ça va ? me demande-t-elle au retour.
-Oui, j’ai bien gardé la boutique.
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Bien qu’il y ait partout des affichettes rappelant que le port du masque est obligatoire à Douarnenez, je vis sans, comme la plupart.
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John-Antoine Nau fut le premier Prix Goncourt en mil neuf cent trois pour son roman Force ennemie. Après une vie aventureuse, il s’installa à Rouen en mil neuf cent seize puis à Tréboul où il mourut en mil neuf cent dix-huit à l'âge de cinquante-sept ans.
14 juin 2021
Le mieux, quand on est à Douarnenez, c’est de rester au bord (de la mer). Néanmoins, ce dimanche matin, sous un ciel entièrement bleu, je m’arme de courage et grimpe à l’intérieur de la ville, côté Tréboul. Mon intention est de voir Port-Rhu de haut.
Ce que je fais en empruntant le pont routier qui relie Tréboul à Douarnenez proprement dite. La vue est magnifique sur le port musée, notamment sur son bateau-phare. Au deuxième plan est la passerelle piétonnière que je prends chaque jour. A l’arrière-plan, l’île Tristan.
Je reste en haut de la ville côté Douarnenez, où rien n’est intéressant, afin de descendre directement sur le port du Rosmeur. A l’arrivée, je découvre, ce que je ne pouvais pas voir hier, l’Abri du Marin de belle couleur rose. « Aimez-vous les uns les autres », y est-il inscrit.
Il n’est pas encore neuf heures mais le vieux port est déjà vivant, un peu trop même, la faute à une bande de zonard(e)s à chiens, qui gueulent (humains comme animaux), squattant une digue pas loin des Filets Bleus. « Des soiffards, des connards », commente un autochtone dont je partage l’avis. Georges Perros, dans le film Une vie ordinaire, déclare que tout le monde envie le clochard qui passe. Eh bien, pas moi.
Je vais quand même prendre un café aux Filets Bleus, que m’apporte bien plus vite qu’hier la serveuse, et tente d’y lire le Journal des Goncourt, une activité que je vais poursuivre sur un banc plus loin, regardant en même temps l’activité portuaire. Je découvre ainsi l’ingénieux système qui permet à l’aide d’une corde coulissante à un propriétaire de petit bateau d’amarrer celui-ci à distance du quai.
A midi, je déjeune en terrasse, sous l’auvent de L’Océanide d’où l’on a vue sur le port et au loin sur la plage du Ris. Le personnel y est agréable. On y sert le même menu tous les jours, à dix-huit euros cinquante. J’opte pour une salade de Saint-Jacques, un burgueur montagnard et une tarte au citron meringuée qu’au dernier moment (vu la chaleur) je remplace par une glace mangue citron vert. En sus, deux verres de vin, un blanc et un rouge, à deux euros quatre-vingt-dix l’unité.
Je reviens par le bord de mer, frôlant les deux grosses cuves bleues du port de pêche industrielle marquées Seveso et suis obligé de faire une pause sur un banc à l’ombre près du port de plaisance.
-Pardon monsieur, vous êtes d’ici ? me demande une femme.
-Oui, depuis quelques jours.
Elle veut savoir où est amarré un bateau dont elle me donne le nom. C’est beaucoup espérer de moi.
Ce jour à Douarnenez, il y a course de voiliers en mer et gros concours de pétanque. Deux évènements qui me laissent indifférent.
Comme d’habitude, j’évite de me fatiguer. Le Chamouette, qui est ouvert en ce jour férié, me facilite la chose.
*
Bamboche. Deux couples de trentenaires à une table du Chamouette, des profs semble-t-il. L’une, parlant d’elle-même et de son compagnon : « Nous, on est assez adeptes du vendredi soir. Comme ça le samedi t’es mort, mais le dimanche, tu peux faire plein de trucs ».
*
Quand je considère froidement la situation, j’en arrive à la conclusion, qu’en ce qui concerne la relation des propriétaires de chien avec leur animal, dans neuf cas sur dix, cela relève de la psychiatrie. Pour ce qui est des parents avec leurs enfants, je dirais dans cinq cas sur dix.
*
Utiliser son masque en tissu pour essuyer ses lunettes, je ne l’avais pas encore vu.
Ce que je fais en empruntant le pont routier qui relie Tréboul à Douarnenez proprement dite. La vue est magnifique sur le port musée, notamment sur son bateau-phare. Au deuxième plan est la passerelle piétonnière que je prends chaque jour. A l’arrière-plan, l’île Tristan.
Je reste en haut de la ville côté Douarnenez, où rien n’est intéressant, afin de descendre directement sur le port du Rosmeur. A l’arrivée, je découvre, ce que je ne pouvais pas voir hier, l’Abri du Marin de belle couleur rose. « Aimez-vous les uns les autres », y est-il inscrit.
Il n’est pas encore neuf heures mais le vieux port est déjà vivant, un peu trop même, la faute à une bande de zonard(e)s à chiens, qui gueulent (humains comme animaux), squattant une digue pas loin des Filets Bleus. « Des soiffards, des connards », commente un autochtone dont je partage l’avis. Georges Perros, dans le film Une vie ordinaire, déclare que tout le monde envie le clochard qui passe. Eh bien, pas moi.
Je vais quand même prendre un café aux Filets Bleus, que m’apporte bien plus vite qu’hier la serveuse, et tente d’y lire le Journal des Goncourt, une activité que je vais poursuivre sur un banc plus loin, regardant en même temps l’activité portuaire. Je découvre ainsi l’ingénieux système qui permet à l’aide d’une corde coulissante à un propriétaire de petit bateau d’amarrer celui-ci à distance du quai.
A midi, je déjeune en terrasse, sous l’auvent de L’Océanide d’où l’on a vue sur le port et au loin sur la plage du Ris. Le personnel y est agréable. On y sert le même menu tous les jours, à dix-huit euros cinquante. J’opte pour une salade de Saint-Jacques, un burgueur montagnard et une tarte au citron meringuée qu’au dernier moment (vu la chaleur) je remplace par une glace mangue citron vert. En sus, deux verres de vin, un blanc et un rouge, à deux euros quatre-vingt-dix l’unité.
Je reviens par le bord de mer, frôlant les deux grosses cuves bleues du port de pêche industrielle marquées Seveso et suis obligé de faire une pause sur un banc à l’ombre près du port de plaisance.
-Pardon monsieur, vous êtes d’ici ? me demande une femme.
-Oui, depuis quelques jours.
Elle veut savoir où est amarré un bateau dont elle me donne le nom. C’est beaucoup espérer de moi.
Ce jour à Douarnenez, il y a course de voiliers en mer et gros concours de pétanque. Deux évènements qui me laissent indifférent.
Comme d’habitude, j’évite de me fatiguer. Le Chamouette, qui est ouvert en ce jour férié, me facilite la chose.
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Bamboche. Deux couples de trentenaires à une table du Chamouette, des profs semble-t-il. L’une, parlant d’elle-même et de son compagnon : « Nous, on est assez adeptes du vendredi soir. Comme ça le samedi t’es mort, mais le dimanche, tu peux faire plein de trucs ».
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Quand je considère froidement la situation, j’en arrive à la conclusion, qu’en ce qui concerne la relation des propriétaires de chien avec leur animal, dans neuf cas sur dix, cela relève de la psychiatrie. Pour ce qui est des parents avec leurs enfants, je dirais dans cinq cas sur dix.
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Utiliser son masque en tissu pour essuyer ses lunettes, je ne l’avais pas encore vu.
13 juin 2021
Je suis tôt dehors ce samedi après une nuit sans voisin pendant laquelle j’ai eu l’impression d’être le seul habitant de l’impasse. Mon petit-déjeuner pris au Café de l’Yser, je traverse Port Rhu où pour la première fois je vois la passerelle levée afin de laisser sortir des voiliers. Le ciel est gris et il mouillasse. Ce que Georges Perros, dans un documentaire tourné à Douarnenez intitulé Une vie ordinaire (on le trouve sur YouTube), appelle de la pluie horizontale.
Passé le restaurant pizzéria Le Vintage, je continue à longer la côte et rejoins la plage des Dames où effectivement l’une se trémousse sur le sable, moitié sport, moitié danse. Au-delà, je passe près du port de pêche industrielle où l’on fait file devant une poissonnerie de vente directe. J’arrive ensuite à l’ancien port de pêche, celui du Rosmeur. Il y a là de très jolis bâtiments colorés qui sont le témoignage d’une époque révolue. Certains sont reconvertis en cafés et restaurants (pas encore ouverts). D’autres sont semi abandonnés.
Le chemin de Grande Randonnée devient ensuite champêtre. Il mène au lieu-dit Les Plomarc’h où l’on trouve une ferme pédagogique ainsi que des gîtes d’étape pour randonneurs. L’un d’eux aux volets verts (six places en dortoir) est la maisonnette, un penty, que la municipalité de Douarnenez louait pour une somme symbolique à Georges Perros (on la voit dans le film susnommé). Chaque jour, laissant femme et enfants dans le Hachélème, il s’y enfermait à clé pour lire les manuscrits envoyés par Gallimard (auxquels il ne trouvait que des défauts), et pour écrire aussi un peu.
Un employé municipal venu en voiture arrive en même temps que moi. Je lui demande où est la maison de Georges Perros.
-C’est le peintre, c’est ça ? me répond-il.
Il est là pour nourrir le cochon mais il constate aussi les dégâts qu’ont fait des buveurs de bière dans la nuit: des canettes traînent par terre, un carreau du bâtiment principal a été cassé.
Un panneau explicatif est installé devant la maisonnette de Perros, laquelle a été restaurée. J’en fais quelques photos puis je repasse par chez les animaux de la ferme. On y trouve tout ce qu’il faut, même un paon qui fait la roue.
De retour au port du Rosmeur je trouve ouvert Les Filets Bleus. Sa terrasse est fréquentée par une population boboïsante. Même les pêcheurs présents sont des néo barbus. Etonnamment, le café n’est qu’à un euro quarante, apporté par la serveuse la plus lente de l’Ouest. Je lis là les frères Goncourt jusqu’à dix heures et demie, quand arrive la marmaille. Il est alors temps de fuir.
Je retrouve mon banc face à l’île Tristan. Comme hier, les nuages font place au ciel bleu. Il n’empêche que ça caille encore sur la terrasse du Vintage où je me nourris d’une pizza chorizo avec supplément anchois.
-Chorizo anchois, c’est pas souvent qu’on nous commande ça, commente le serveur, mais justement hier quelqu’un en a aussi demandé une.
Passé le restaurant pizzéria Le Vintage, je continue à longer la côte et rejoins la plage des Dames où effectivement l’une se trémousse sur le sable, moitié sport, moitié danse. Au-delà, je passe près du port de pêche industrielle où l’on fait file devant une poissonnerie de vente directe. J’arrive ensuite à l’ancien port de pêche, celui du Rosmeur. Il y a là de très jolis bâtiments colorés qui sont le témoignage d’une époque révolue. Certains sont reconvertis en cafés et restaurants (pas encore ouverts). D’autres sont semi abandonnés.
Le chemin de Grande Randonnée devient ensuite champêtre. Il mène au lieu-dit Les Plomarc’h où l’on trouve une ferme pédagogique ainsi que des gîtes d’étape pour randonneurs. L’un d’eux aux volets verts (six places en dortoir) est la maisonnette, un penty, que la municipalité de Douarnenez louait pour une somme symbolique à Georges Perros (on la voit dans le film susnommé). Chaque jour, laissant femme et enfants dans le Hachélème, il s’y enfermait à clé pour lire les manuscrits envoyés par Gallimard (auxquels il ne trouvait que des défauts), et pour écrire aussi un peu.
Un employé municipal venu en voiture arrive en même temps que moi. Je lui demande où est la maison de Georges Perros.
-C’est le peintre, c’est ça ? me répond-il.
Il est là pour nourrir le cochon mais il constate aussi les dégâts qu’ont fait des buveurs de bière dans la nuit: des canettes traînent par terre, un carreau du bâtiment principal a été cassé.
Un panneau explicatif est installé devant la maisonnette de Perros, laquelle a été restaurée. J’en fais quelques photos puis je repasse par chez les animaux de la ferme. On y trouve tout ce qu’il faut, même un paon qui fait la roue.
De retour au port du Rosmeur je trouve ouvert Les Filets Bleus. Sa terrasse est fréquentée par une population boboïsante. Même les pêcheurs présents sont des néo barbus. Etonnamment, le café n’est qu’à un euro quarante, apporté par la serveuse la plus lente de l’Ouest. Je lis là les frères Goncourt jusqu’à dix heures et demie, quand arrive la marmaille. Il est alors temps de fuir.
Je retrouve mon banc face à l’île Tristan. Comme hier, les nuages font place au ciel bleu. Il n’empêche que ça caille encore sur la terrasse du Vintage où je me nourris d’une pizza chorizo avec supplément anchois.
-Chorizo anchois, c’est pas souvent qu’on nous commande ça, commente le serveur, mais justement hier quelqu’un en a aussi demandé une.
12 juin 2021
A peine rentré, Reggae Man enclenche sa musique ce jeudi soir mais comme arrive un peute à lui, il l’arrête et je n’entends plus que quelques pas au plafond. Ce dernier parti, je n’entends plus rien du tout. L’impasse n’est aucunement fréquentée la nuit. Le jour, à peine si deux ou trois touristes osent y pénétrer, tant elle ressemble à une voie privée.
Vers sept heures et demie, ce vendredi, je trouve la boulangerie du coin ouverte. A en juger par sa clientèle de gars du pays, elle est meilleure que l’autre. Côté viennoiseries, je ne perçois pas la différence. Le Café de l’Yser étant fermé, je les mange sur un banc du port de plaisance. Deux oiseaux, inconnus de moi, sorte de croisement entre un merle et une mouette, convoitent mes miettes.
Cela fait, je prends le sentier côtier vers le cimetière marin afin d’aller au-delà. Il fait gris une nouvelle fois. La presqu’île de Crozon se laisse deviner, un peu embrumée. Après l’Hôtel Ty Mad, je longe la plage des Sables Blancs où quelques intrépides se baignent puis arrive à hauteur de l’ilot du Coulinec. Le sentier est alors remplacé par un méchant escalier qui risque de mener à un détour de macadam. Aussi préféré-je renoncer à aller plus loin. De retour à la plage des Sables Blancs, je me pose sur un banc et poursuis ma relecture du premier volume du Journal des Goncourt.
Vers dix heures, je regagne le port de plaisance où des cars BreizhGo « Spécial » déversent des classes élémentaires pour une session de navigation. J’y trouve ouvert L’Antares. Ici aussi l’allongé est à un euro soixante-dix. Quand il est bu, je contourne le port afin de rejoindre la passerelle qui enjambe le Port Rhu. Je réserve une nouvelle fois une table au Vintage. Je n’ai pas vraiment le choix. Les autres restaurants de bord de mer ont des propositions attrape-touristes.
Après cela, je continue à lire Jules et Edmond face à l’île Tristan tandis que le ciel devient de plus en plus bleu. Bref, je glande.
Beignets de calamars, spaghettis aux fruits de mer, gâteau au chocolat, verre de vin blanc et café, c’est toujours treize euros. Cette fois en terrasse, c’est-à-dire à l’ombre et dans le vent frisquet (il n’y a qu’à cet endroit qu’il souffle ainsi).
L’addition réglée, je retraverse le Port Rhu et arrivé à Tréboul fais ce que je ne pouvais pas faire à Quimper, je repasse « chez moi ». Quand je ressors, c’est pour boire un café à la délicieuse terrasse ombragée du Chamouette. Des touristes allemands sont mes voisins. Ils témoignent de la réouverture des frontières européennes.
En rentrant, je m’arrête à la boulangerie. C’est à Douarnenez qu'en mil huit cent soixante fut inventé par le boulanger Yves-René Scordia le kouign amann. Il est temps d’y goûter.
*
L’ilot du Coulinec a appartenu à Joseph Le Marchand, un usinier trébouliste. Il y construisit un kiosque-belvédère dont on peut distinguer les ruines. Actuellement, le Coulinec est la propriété de la Cure Marine qui l’a acquis pour le symbole car la société mère de la Cure Marine de Tréboul s'appelle Le Coulinec. Elle n’en fait rien, d’ailleurs ce caillou est protégé.
*
Les couples de retraités, leur habillement ridicule de qui veut montrer qu’il est en vacances, les hommes surtout, en chorte ou pantacourt, alors que souvent leurs femmes sont en pantalon. Comme s’ils étaient redevenus des petits garçons qui se promènent avec maman. D’ailleurs, c’est elle qui décide de tout, des trajets, des activités, du restaurant, du menu, de la boisson, non pas de vin, une carafe d’eau merci.
*
J’ai mon banc
Face à l’île Tristan
Je peux maintenant
Renseigner le passant.
Vers sept heures et demie, ce vendredi, je trouve la boulangerie du coin ouverte. A en juger par sa clientèle de gars du pays, elle est meilleure que l’autre. Côté viennoiseries, je ne perçois pas la différence. Le Café de l’Yser étant fermé, je les mange sur un banc du port de plaisance. Deux oiseaux, inconnus de moi, sorte de croisement entre un merle et une mouette, convoitent mes miettes.
Cela fait, je prends le sentier côtier vers le cimetière marin afin d’aller au-delà. Il fait gris une nouvelle fois. La presqu’île de Crozon se laisse deviner, un peu embrumée. Après l’Hôtel Ty Mad, je longe la plage des Sables Blancs où quelques intrépides se baignent puis arrive à hauteur de l’ilot du Coulinec. Le sentier est alors remplacé par un méchant escalier qui risque de mener à un détour de macadam. Aussi préféré-je renoncer à aller plus loin. De retour à la plage des Sables Blancs, je me pose sur un banc et poursuis ma relecture du premier volume du Journal des Goncourt.
Vers dix heures, je regagne le port de plaisance où des cars BreizhGo « Spécial » déversent des classes élémentaires pour une session de navigation. J’y trouve ouvert L’Antares. Ici aussi l’allongé est à un euro soixante-dix. Quand il est bu, je contourne le port afin de rejoindre la passerelle qui enjambe le Port Rhu. Je réserve une nouvelle fois une table au Vintage. Je n’ai pas vraiment le choix. Les autres restaurants de bord de mer ont des propositions attrape-touristes.
Après cela, je continue à lire Jules et Edmond face à l’île Tristan tandis que le ciel devient de plus en plus bleu. Bref, je glande.
Beignets de calamars, spaghettis aux fruits de mer, gâteau au chocolat, verre de vin blanc et café, c’est toujours treize euros. Cette fois en terrasse, c’est-à-dire à l’ombre et dans le vent frisquet (il n’y a qu’à cet endroit qu’il souffle ainsi).
L’addition réglée, je retraverse le Port Rhu et arrivé à Tréboul fais ce que je ne pouvais pas faire à Quimper, je repasse « chez moi ». Quand je ressors, c’est pour boire un café à la délicieuse terrasse ombragée du Chamouette. Des touristes allemands sont mes voisins. Ils témoignent de la réouverture des frontières européennes.
En rentrant, je m’arrête à la boulangerie. C’est à Douarnenez qu'en mil huit cent soixante fut inventé par le boulanger Yves-René Scordia le kouign amann. Il est temps d’y goûter.
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L’ilot du Coulinec a appartenu à Joseph Le Marchand, un usinier trébouliste. Il y construisit un kiosque-belvédère dont on peut distinguer les ruines. Actuellement, le Coulinec est la propriété de la Cure Marine qui l’a acquis pour le symbole car la société mère de la Cure Marine de Tréboul s'appelle Le Coulinec. Elle n’en fait rien, d’ailleurs ce caillou est protégé.
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Les couples de retraités, leur habillement ridicule de qui veut montrer qu’il est en vacances, les hommes surtout, en chorte ou pantacourt, alors que souvent leurs femmes sont en pantalon. Comme s’ils étaient redevenus des petits garçons qui se promènent avec maman. D’ailleurs, c’est elle qui décide de tout, des trajets, des activités, du restaurant, du menu, de la boisson, non pas de vin, une carafe d’eau merci.
*
J’ai mon banc
Face à l’île Tristan
Je peux maintenant
Renseigner le passant.
11 juin 2021
Dans la maison de Tréboul qui abrite mon nouveau logis temporaire est un autre appartement à l’étage. Ce premier soir, son occupant se charge de l’animation musicale, du reggae et d’autres rythmes toniques. Heureusement, il baisse le son vers vingt-deux heures. En revanche, dans l’étroite impasse, point d’oiseau chanteur pour me réveiller tôt ce matin. Une alerte intérieure s’en charge.
Sitôt prêt, je me procure pain au chocolat et croissant à la boulangerie proche de l’arrêt des cars BreizhGo puis m’installe à la terrasse du Café de l’Yser où l’allongé est à un euro soixante-dix. Le petit-déjeuner terminé, je longe le port de plaisance et prends le Géherre Trente-Quatre en direction d’un lieu que je connais bien : l’Hôtel Ty Mad, et près de celui-ci le cimetière marin.
Le ciel est gris mais la vue sur la baie n’en est pas moins magnifique. Le cimetière marin n’est pas bien loin. Je le longe puis arrive à la chapelle Saint-Jean près de laquelle est une statue à double tête en hommage à Max Jacob qui logea deux ans à l’Hôtel Ty Mad, lequel se trouve derrière la chapelle. Pablo Picasso y eut aussi sa chambre. Moi-même en eus une il y a déjà longtemps pendant au moins une semaine, où j’étais en demi-pension. C’est là que j’ai écrit un premier roman qui fut momentanément lisible via Internet jusqu’à ce que les Editions Olympio dirigées par François Bourin déposent le bilan. Aujourd’hui, la petite chambre solo que j’occupais, nommée La Cabine, est au minimum à quatre-vingt-cinq euros la nuit, plus pour moi donc.
Le cimetière n’ouvrant qu’à neuf heures, je lis les Goncourt au-dessus de la petite plage Saint-Jean. Dans la mer se baigne une femme copieusement enceinte.
Un peu après l’heure dite, je me rends dans la zone du cimetière où je pense se trouver la tombe de celui que je veux saluer. Je vais et je viens, éliminant celles avec croix, c’est-à-dire les neuf dixièmes, mais ne retrouve pas celle que je cherche. Une dame arrosant ses fleurs me conseille de demander à l’un des hommes qui entretiennent bruyamment les allées avec du matériel motorisé, coupe-herbe, souffleuse.
-Suivez-moi, me dit celui à qui je m’adresse.
Il m’emmène dans la partie la plus basse du cimetière. Je ne me souvenais plus que ce fût ici. Je le remercie. Sans lui, je n’aurais pas trouvé. Cette tombe est rustique, granit et gravier. Une plante desséchée cache le patronyme du défunt et de sa femme : Poulot. Seuls sont apparents les prénoms : Georges et Tania.
Je fais trois photos de cette tombe qui ne regarde pas la mer. Elle fait face au mur de la partie supérieure du cimetière. On peut dire que Perros a réussi son coup.
*
Le temps se gâte ensuite. Une mouillasse s’installe. Il me faut déjeuner à l’intérieur du Vintage : assiette de charcuterie, pavé de porc montagnard avec purée, panna cotta, un verre de vin et le café, treize euros.
Sitôt prêt, je me procure pain au chocolat et croissant à la boulangerie proche de l’arrêt des cars BreizhGo puis m’installe à la terrasse du Café de l’Yser où l’allongé est à un euro soixante-dix. Le petit-déjeuner terminé, je longe le port de plaisance et prends le Géherre Trente-Quatre en direction d’un lieu que je connais bien : l’Hôtel Ty Mad, et près de celui-ci le cimetière marin.
Le ciel est gris mais la vue sur la baie n’en est pas moins magnifique. Le cimetière marin n’est pas bien loin. Je le longe puis arrive à la chapelle Saint-Jean près de laquelle est une statue à double tête en hommage à Max Jacob qui logea deux ans à l’Hôtel Ty Mad, lequel se trouve derrière la chapelle. Pablo Picasso y eut aussi sa chambre. Moi-même en eus une il y a déjà longtemps pendant au moins une semaine, où j’étais en demi-pension. C’est là que j’ai écrit un premier roman qui fut momentanément lisible via Internet jusqu’à ce que les Editions Olympio dirigées par François Bourin déposent le bilan. Aujourd’hui, la petite chambre solo que j’occupais, nommée La Cabine, est au minimum à quatre-vingt-cinq euros la nuit, plus pour moi donc.
Le cimetière n’ouvrant qu’à neuf heures, je lis les Goncourt au-dessus de la petite plage Saint-Jean. Dans la mer se baigne une femme copieusement enceinte.
Un peu après l’heure dite, je me rends dans la zone du cimetière où je pense se trouver la tombe de celui que je veux saluer. Je vais et je viens, éliminant celles avec croix, c’est-à-dire les neuf dixièmes, mais ne retrouve pas celle que je cherche. Une dame arrosant ses fleurs me conseille de demander à l’un des hommes qui entretiennent bruyamment les allées avec du matériel motorisé, coupe-herbe, souffleuse.
-Suivez-moi, me dit celui à qui je m’adresse.
Il m’emmène dans la partie la plus basse du cimetière. Je ne me souvenais plus que ce fût ici. Je le remercie. Sans lui, je n’aurais pas trouvé. Cette tombe est rustique, granit et gravier. Une plante desséchée cache le patronyme du défunt et de sa femme : Poulot. Seuls sont apparents les prénoms : Georges et Tania.
Je fais trois photos de cette tombe qui ne regarde pas la mer. Elle fait face au mur de la partie supérieure du cimetière. On peut dire que Perros a réussi son coup.
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Le temps se gâte ensuite. Une mouillasse s’installe. Il me faut déjeuner à l’intérieur du Vintage : assiette de charcuterie, pavé de porc montagnard avec purée, panna cotta, un verre de vin et le café, treize euros.
10 juin 2021
De nouveau des pas dans la nuit pour ma dernière à Quimper, ce sont sans doute ceux de la voisine dont la chambre doit être proche de la mienne. A cinq heures trente l’oiseau chanteur me réveille comme il le devait. Une heure plus tard, je boucle ma valise après avoir mis à la poubelle un pull qui ne voulait pas y entrer puis je laisse les clés dans la boîte à lettres, descends la côte, tourne à droite vers la Gare Routière, boulangerie Loiseau, terrasse de l’Hôtel Le Derby, car BreizhGo Cinquante et Un de huit heures dix dont le terminus est Tréboul (commune de Douarnenez).
Le chauffeur refuse que je garde ma valise, il lui impose la soute. Je lui dis que ses collègues ne font pas ainsi mais lui est règlement règlement. Néanmoins, il doit se sentir un peu mal car quand il va chercher des clopes au Derby, il me propose de venir avec lui pour m’offrir un café. Je refuse poliment.
Le voyage s’effectue dans une campagne assez montagneuse puis c’est la descente dans Douarnenez et l’arrivée à Tréboul près de mon nouveau logement provisoire. A ce moment je suis le seul passager dans le car. Le chauffeur descend pour m’aider à récupérer ma valise.
Je rejoins en quelques minutes le port de plaisance et, comme mon plan est difficile à lire, je demande à trois autochtones qui boivent des ballons de rosé où sont ma rue et son impasse. C’est tout près mais où, me disent-ils en chœur. L’un cherche avec son smartphone. « C’est facile, tu prends à gauche à la boulangerie et tu y es. » Effectivement, l’impasse est à cinquante mètres. Je trouve les clés dans leur boîte et m’installe au rez-de-chaussée de l’ancienne maison de pêcheur rose pâle
Cela fait je ressors. Contournant le port de plaisance, je rejoins le sentier qui mène à Douarnenez, un chemin parcouru plus d’une fois, bien accompagné ou seul. Ce lieu est toujours aussi enchanteur. Je retrouve avec plaisir l’île Tristan, le Port Rhu, sa passerelle et son musée de bateaux ainsi que le restaurant pizzeria qui proposait un menu à prix réduit. Il s’appelle désormais Le Vintage, est tenu par deux hommes de bonne humeur, c’est aujourd’hui la réouverture.
Je réserve l’une des cinq tables de terrasse qui ont vue sur Tréboul et l’île Tristan puis vais lire sur un banc à proximité. Des pêcheurs à pied remontent de la grève avec leurs seaux de coquillages. Un bicycliste descend de sa machine et par un muret recouvert d’algues s’approche des maisons de l’île Tristan sans toutefois aller jusqu’à elles. Quand il revient, je l’interroge sachant l’endroit privé. Il m’explique qu’il y a une limite à ne pas franchir, qu’il y a un gardien à l’année.
Le ciel s’est couvert quand arrive midi et un vent coulis souffle sur la terrasse du Vintage. J’aurais bien besoin du pull jeté au matin, mais la vue et la sécurité prévalent, pas envie de manger à l’intérieur. Pour treize euros, je déjeune de melon et jambon cru, d’une bavette sauce acidulée avec frites et d’un tiramisu, un verre de vin et le café sont compris. A l’intérieur c’est complet car seule une table sur deux peut être occupée.
Je fais le chemin inverse jusqu’au port de plaisance. La seule supérette est fermée pour cause de vacances. Je vais au magasin bio tenu par deux hommes sans masque qui n’ont pas la tête à ce genre de commerce, y trouve du thé mais pas de lessive en petite quantité. Il va me falloir recourir encore une fois au gel douche pour laver mes vêtements.
Un peu plus loin, une charmante terrasse sous les arbres me fait signe, celle du Chamouette, caviste bistrotier. On peut y choisir n’importe quelle bouteille de vin, issu de l’agriculture raisonnée, au prix caviste et la boire sur place avec un droit de bouchon de six euros. Certain(e)s ne s’en privent pas qui rient et parlent fort, mais pour moi seul ce ne serait pas raisonnable. Je me contente d’un café à un euro quarante.
*
Entre Quimper et Douarnenez, un lieu-dit nommé Kerdreal (on y est presque à Kerdrial).
*
L’île Tristan a appartenu au fils de Jean Richepin. Elle est maintenant propriété du Conservatoire du Littoral.
*
On a le tutoiement facile dans le Sud Finistère.
Le chauffeur refuse que je garde ma valise, il lui impose la soute. Je lui dis que ses collègues ne font pas ainsi mais lui est règlement règlement. Néanmoins, il doit se sentir un peu mal car quand il va chercher des clopes au Derby, il me propose de venir avec lui pour m’offrir un café. Je refuse poliment.
Le voyage s’effectue dans une campagne assez montagneuse puis c’est la descente dans Douarnenez et l’arrivée à Tréboul près de mon nouveau logement provisoire. A ce moment je suis le seul passager dans le car. Le chauffeur descend pour m’aider à récupérer ma valise.
Je rejoins en quelques minutes le port de plaisance et, comme mon plan est difficile à lire, je demande à trois autochtones qui boivent des ballons de rosé où sont ma rue et son impasse. C’est tout près mais où, me disent-ils en chœur. L’un cherche avec son smartphone. « C’est facile, tu prends à gauche à la boulangerie et tu y es. » Effectivement, l’impasse est à cinquante mètres. Je trouve les clés dans leur boîte et m’installe au rez-de-chaussée de l’ancienne maison de pêcheur rose pâle
Cela fait je ressors. Contournant le port de plaisance, je rejoins le sentier qui mène à Douarnenez, un chemin parcouru plus d’une fois, bien accompagné ou seul. Ce lieu est toujours aussi enchanteur. Je retrouve avec plaisir l’île Tristan, le Port Rhu, sa passerelle et son musée de bateaux ainsi que le restaurant pizzeria qui proposait un menu à prix réduit. Il s’appelle désormais Le Vintage, est tenu par deux hommes de bonne humeur, c’est aujourd’hui la réouverture.
Je réserve l’une des cinq tables de terrasse qui ont vue sur Tréboul et l’île Tristan puis vais lire sur un banc à proximité. Des pêcheurs à pied remontent de la grève avec leurs seaux de coquillages. Un bicycliste descend de sa machine et par un muret recouvert d’algues s’approche des maisons de l’île Tristan sans toutefois aller jusqu’à elles. Quand il revient, je l’interroge sachant l’endroit privé. Il m’explique qu’il y a une limite à ne pas franchir, qu’il y a un gardien à l’année.
Le ciel s’est couvert quand arrive midi et un vent coulis souffle sur la terrasse du Vintage. J’aurais bien besoin du pull jeté au matin, mais la vue et la sécurité prévalent, pas envie de manger à l’intérieur. Pour treize euros, je déjeune de melon et jambon cru, d’une bavette sauce acidulée avec frites et d’un tiramisu, un verre de vin et le café sont compris. A l’intérieur c’est complet car seule une table sur deux peut être occupée.
Je fais le chemin inverse jusqu’au port de plaisance. La seule supérette est fermée pour cause de vacances. Je vais au magasin bio tenu par deux hommes sans masque qui n’ont pas la tête à ce genre de commerce, y trouve du thé mais pas de lessive en petite quantité. Il va me falloir recourir encore une fois au gel douche pour laver mes vêtements.
Un peu plus loin, une charmante terrasse sous les arbres me fait signe, celle du Chamouette, caviste bistrotier. On peut y choisir n’importe quelle bouteille de vin, issu de l’agriculture raisonnée, au prix caviste et la boire sur place avec un droit de bouchon de six euros. Certain(e)s ne s’en privent pas qui rient et parlent fort, mais pour moi seul ce ne serait pas raisonnable. Je me contente d’un café à un euro quarante.
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Entre Quimper et Douarnenez, un lieu-dit nommé Kerdreal (on y est presque à Kerdrial).
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L’île Tristan a appartenu au fils de Jean Richepin. Elle est maintenant propriété du Conservatoire du Littoral.
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On a le tutoiement facile dans le Sud Finistère.
9 juin 2021
« Je suis parti en déplacement ce matin, je ne serai pas là pour votre départ. » m’écrit mon jeune logeur quimpérois. Il me charge de rentrer la poubelle restée dans la rue et de laisser les clés dans la boîte à lettres.
Me voici seul dans la grande maison blanche. Pourtant, dans la nuit, j’entends en dessous des bruits de pas et d’eau qui coule. Est-ce que cela proviendrait de la maison mitoyenne ? Quelqu’un est-il prisonnier dans celle où je loge ? Ou bien est-elle hantée ?
Le mystère reste entier quand je prends le car pour Pont-L’Abbé. J’en descends près de sa rivière qui bien qu’imposante (du moins à marée haute) n’a pas de nom. A proximité d’icelle est l’ancien Château de la capitale du Pays Bigouden, aujourd’hui partagé entre l’Hôtel de Ville et le Musée Bigouden, dont l’exposition du moment a pour titre L’Epopée bigoudène du prêt-à-porter.
Près de ce monument historique est la Boulangerie du Château où j’achète un croissant et un pain au chocolat. La patronne m’indique deux cafés susceptibles d’être ouverts mais ils sont fermés. Je les mange donc sur un banc, place Gambetta, puis vais voir de près l’église Notre-Dame des Carmes. Trois femmes qui viennent de déposer leurs enfants à l’école publique voisine papotent devant l’édifice religieux (alors qu’il y a du ménage à faire à la maison) et me gênent pour faire des photos. Pas très loin, je trouve la Crêperie Bigoudène (qui est fermée), le Décor Bigouden (qui est en faillite), Coiffure Michel (qui cherche un repreneur), un monument « Aux Bigoudens » représentant des veuves et des orphelines éplorées et une rue des Morts.
J’avais repéré le Café Restaurant de la Marine pour déjeuner mais le menu du jour me déçoit, de même que la terrasse du bar Le Longchamp qui finit par ouvrir à neuf heures dix (l’allongé est à un euro quarante). Je lis un peu les Goncourt sur un banc dominant la rivière mais il fait un peu froid. Je me mets donc à marcher sur le chemin de halage qui va vers Loctudy. Voyant qu’il n’est que dix heures et qu’il y a six kilomètres entre les deux bourgs, je me dis pourquoi pas.
J’avance sur un chemin tranquille avec sous les yeux le spectacle de la rivière à marée basse. Au bout d’un moment, voyant un homme arriver en sens inverse, je lui demande à combien de kilomètres je suis de mon but éventuel. Trois ou quatre, me répond-il, à la digue le sentier va entrer dans la forêt, il faudra toujours suivre la rivière. Continuons, me dis-je. Ce sentier devient plus accidenté puis il faut passer sur le macadam pour contourner un bois privé. Je retrouve la rivière sans rien voir au loin qui ressemble à Loctudy. Un promeneur de chien me dit que j’en suis « à peu près à un kilomètre plus ou moins ». Ce dernier kilomètre doit aussi se faire sur le macadam. Sûr que si j’avais su ça, je ne me serais pas lancé dans cette aventure. Il est onze heures vingt quand j’arrive au Café du Port, les pieds cuits et surpris d’être là.
Et à midi moins le quart, je prends une nouvelle fois place au Gwen Ha Du. Son menu du jour est assiette de charcuterie, travers de porc écrasé de pommes de terre, creumebeule aux pommes. Le temps s’est mis au beau, l’addition réglée je vais m’asseoir sur le banc face à L’Ile-Tudy et à la tourelle de la Perdrix que je ne pensais pas revoir ce mardi. J’y retrouve Jules et Edmond jusqu’à ce qu’il soit l’heure du car du retour.
Puis c’est le moment de mettre une dernière fois un euro cinquante dans la remontée mécanique de la côte qui mène au studio où je vais passer une dernière nuit qui s’achèvera tôt grâce à l’oiseau réveil sur lequel je peux toujours compter.
Me voici seul dans la grande maison blanche. Pourtant, dans la nuit, j’entends en dessous des bruits de pas et d’eau qui coule. Est-ce que cela proviendrait de la maison mitoyenne ? Quelqu’un est-il prisonnier dans celle où je loge ? Ou bien est-elle hantée ?
Le mystère reste entier quand je prends le car pour Pont-L’Abbé. J’en descends près de sa rivière qui bien qu’imposante (du moins à marée haute) n’a pas de nom. A proximité d’icelle est l’ancien Château de la capitale du Pays Bigouden, aujourd’hui partagé entre l’Hôtel de Ville et le Musée Bigouden, dont l’exposition du moment a pour titre L’Epopée bigoudène du prêt-à-porter.
Près de ce monument historique est la Boulangerie du Château où j’achète un croissant et un pain au chocolat. La patronne m’indique deux cafés susceptibles d’être ouverts mais ils sont fermés. Je les mange donc sur un banc, place Gambetta, puis vais voir de près l’église Notre-Dame des Carmes. Trois femmes qui viennent de déposer leurs enfants à l’école publique voisine papotent devant l’édifice religieux (alors qu’il y a du ménage à faire à la maison) et me gênent pour faire des photos. Pas très loin, je trouve la Crêperie Bigoudène (qui est fermée), le Décor Bigouden (qui est en faillite), Coiffure Michel (qui cherche un repreneur), un monument « Aux Bigoudens » représentant des veuves et des orphelines éplorées et une rue des Morts.
J’avais repéré le Café Restaurant de la Marine pour déjeuner mais le menu du jour me déçoit, de même que la terrasse du bar Le Longchamp qui finit par ouvrir à neuf heures dix (l’allongé est à un euro quarante). Je lis un peu les Goncourt sur un banc dominant la rivière mais il fait un peu froid. Je me mets donc à marcher sur le chemin de halage qui va vers Loctudy. Voyant qu’il n’est que dix heures et qu’il y a six kilomètres entre les deux bourgs, je me dis pourquoi pas.
J’avance sur un chemin tranquille avec sous les yeux le spectacle de la rivière à marée basse. Au bout d’un moment, voyant un homme arriver en sens inverse, je lui demande à combien de kilomètres je suis de mon but éventuel. Trois ou quatre, me répond-il, à la digue le sentier va entrer dans la forêt, il faudra toujours suivre la rivière. Continuons, me dis-je. Ce sentier devient plus accidenté puis il faut passer sur le macadam pour contourner un bois privé. Je retrouve la rivière sans rien voir au loin qui ressemble à Loctudy. Un promeneur de chien me dit que j’en suis « à peu près à un kilomètre plus ou moins ». Ce dernier kilomètre doit aussi se faire sur le macadam. Sûr que si j’avais su ça, je ne me serais pas lancé dans cette aventure. Il est onze heures vingt quand j’arrive au Café du Port, les pieds cuits et surpris d’être là.
Et à midi moins le quart, je prends une nouvelle fois place au Gwen Ha Du. Son menu du jour est assiette de charcuterie, travers de porc écrasé de pommes de terre, creumebeule aux pommes. Le temps s’est mis au beau, l’addition réglée je vais m’asseoir sur le banc face à L’Ile-Tudy et à la tourelle de la Perdrix que je ne pensais pas revoir ce mardi. J’y retrouve Jules et Edmond jusqu’à ce qu’il soit l’heure du car du retour.
Puis c’est le moment de mettre une dernière fois un euro cinquante dans la remontée mécanique de la côte qui mène au studio où je vais passer une dernière nuit qui s’achèvera tôt grâce à l’oiseau réveil sur lequel je peux toujours compter.
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