Ce samedi matin, sous un ciel bleu, je prends le train Fluo dans l’autre sens et jusqu’à son terminus Remiremont. Il s’arrête à Arches (scieries), Pouxeux (belle église à bulbe) Eloyes (prononcer Eloi), Saint-Nabord (aux abords du cimetière) et arrive au but en trente minutes.
Je descends l’avenue qui est en face de la Gare puis tourne à droite rue Charles-de-Gaulle, achète de quoi déjeuner à la boulangerie Au Bon Pain et m’installe à la terrasse du Bar de l’Est où l’allongé est à un euro quarante. On y parle d’un boulanger qui achetait ses gâteaux chez Cora puis les revendait dans sa boutique en disant qu’ils étaient aussi bons que les siens.
Je continue ensuite cette rue Charles-de-Gaulle et arrive à son endroit intéressant, là où elle possède de belles arcades. Au bout, sur la gauche, c’est une place à fontaine avec de gros bars. En arrière-plan, j’aperçois le clocher à bulbe de l’église abbatiale. Je vais en faire le tour, ainsi que du logis attenant.
Revenu au Bar de l’Est, je lis le Journal des Goncourt. J’en suis à l’année mil huit cent soixante-dix. Jules meurt. Edmond souffre fort. La guerre lui permet de penser à autre chose.
Où manger un samedi à Remiremont alors qu’une averse orageuse n’est pas exclue et que sous les arcades on pratique le prix fort. Dans une rue perpendiculaire, je trouve Le P’tit Zinc qui a un menu à vingt euros. La patronne, tatouée et porteuse d’un souite à tête de mort, me donne une table sous un parasol. Le patron, sorti un instant de sa cuisine, arbore un ticheurte Hells Angels. Cet endroit est le lieu de rendez-vous de rudes motard(e)s dont je suis bientôt entouré.
J’ai d’abord droit à une tarte fine à l’andouille fumée qui j’espère n’a pas été achetée chez Cora, puis à un jarret de porc au munster avec des pommes grenailles bien gras et enfin à un baba à la mirabelle pas terrible et son sorbet myrtille. Le quart de vin rouge, pas mauvais, est à trois euros cinquante.
Rassasié, je rejoins la Gare et rentré à Epinal vais boire le café au Bistro The Place To Be.
-Qu’est-ce que vous lisez de beau ? me demande le serveur.
-Le Journal des Goncourt.
-Le ?
-Le Journal des Goncourt.
-Aaaah…
Jamais durant ma quarantaine en Bretagne, on ne m’avait posé la question.
*
Au Bar de l’Est, Jean qui rit et Jean qui pleure :
« Je vais aux champignons. Je me gare à la clairière. Je fais mon tour. »
« J’ai perdu ma femme. Tout le bordel. J’ai passé de mauvais moments. »
*
Les motard(e)s du P’tit Zinc : « Bon, y va nous dire quoi lundi ? »
Puis à propos des soignants qui ne se font pas vacciner : « Pour pas qu’ils s’y aillent, ils savent des choses que nous on sait pas. »
*
Remiremont, une ville commerçante pas abandonnée par la prospérité. Léon Werth y est né. René Aubry aussi. Gaston Bachelard y fut surnuméraire à la Poste. Emmanuelle Riva y fut enfant. Chantal Goya aussi, dont les grands-parents possédaient La Filature de la Moselle.
Je descends l’avenue qui est en face de la Gare puis tourne à droite rue Charles-de-Gaulle, achète de quoi déjeuner à la boulangerie Au Bon Pain et m’installe à la terrasse du Bar de l’Est où l’allongé est à un euro quarante. On y parle d’un boulanger qui achetait ses gâteaux chez Cora puis les revendait dans sa boutique en disant qu’ils étaient aussi bons que les siens.
Je continue ensuite cette rue Charles-de-Gaulle et arrive à son endroit intéressant, là où elle possède de belles arcades. Au bout, sur la gauche, c’est une place à fontaine avec de gros bars. En arrière-plan, j’aperçois le clocher à bulbe de l’église abbatiale. Je vais en faire le tour, ainsi que du logis attenant.
Revenu au Bar de l’Est, je lis le Journal des Goncourt. J’en suis à l’année mil huit cent soixante-dix. Jules meurt. Edmond souffre fort. La guerre lui permet de penser à autre chose.
Où manger un samedi à Remiremont alors qu’une averse orageuse n’est pas exclue et que sous les arcades on pratique le prix fort. Dans une rue perpendiculaire, je trouve Le P’tit Zinc qui a un menu à vingt euros. La patronne, tatouée et porteuse d’un souite à tête de mort, me donne une table sous un parasol. Le patron, sorti un instant de sa cuisine, arbore un ticheurte Hells Angels. Cet endroit est le lieu de rendez-vous de rudes motard(e)s dont je suis bientôt entouré.
J’ai d’abord droit à une tarte fine à l’andouille fumée qui j’espère n’a pas été achetée chez Cora, puis à un jarret de porc au munster avec des pommes grenailles bien gras et enfin à un baba à la mirabelle pas terrible et son sorbet myrtille. Le quart de vin rouge, pas mauvais, est à trois euros cinquante.
Rassasié, je rejoins la Gare et rentré à Epinal vais boire le café au Bistro The Place To Be.
-Qu’est-ce que vous lisez de beau ? me demande le serveur.
-Le Journal des Goncourt.
-Le ?
-Le Journal des Goncourt.
-Aaaah…
Jamais durant ma quarantaine en Bretagne, on ne m’avait posé la question.
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Au Bar de l’Est, Jean qui rit et Jean qui pleure :
« Je vais aux champignons. Je me gare à la clairière. Je fais mon tour. »
« J’ai perdu ma femme. Tout le bordel. J’ai passé de mauvais moments. »
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Les motard(e)s du P’tit Zinc : « Bon, y va nous dire quoi lundi ? »
Puis à propos des soignants qui ne se font pas vacciner : « Pour pas qu’ils s’y aillent, ils savent des choses que nous on sait pas. »
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Remiremont, une ville commerçante pas abandonnée par la prospérité. Léon Werth y est né. René Aubry aussi. Gaston Bachelard y fut surnuméraire à la Poste. Emmanuelle Riva y fut enfant. Chantal Goya aussi, dont les grands-parents possédaient La Filature de la Moselle.