Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
18 octobre 2021
Ce dimanche matin je descends du train Zou terminus Cannes La Bocca à la Gare de Golfe-Juan où l’autre semaine une femme se suicidait.
De cette ville, je pourrais aller en bus à Vallauris, mais pas envie de faire un effort par un si beau temps, et puis j’ai peu de goût pour la céramique.
Aussi je me laisse descendre jusqu’au Vieux Port par le plan incliné qui y mène, un vieux qui a l’air aussi neuf que le second nommé Camille Rayon. Ce dernier est jouxté par le Théâtre de la Mer Jean Marais. Après chaque port est une plage de sable. Enfin le long de ces deux ports sont alignés des quantités de restaurants.
C’est L’Escale que je choisis pour un café verre d’eau lecture à seulement un euro soixante. Face à moi est une blonde un peu cagole qui dit à celui qui l’accompagne, à propos des promeneurs de chiens :
-Je ne connais pas cette relation à l’animal, je n’en ai jamais eu.
-Tu as été mariée, quand même, lui répond-il.
Je poursuis ma lecture sur un banc dominant l’une des plages puis à midi ne passe guère de temps à choisir un restaurant car Le Jardin du Port a toutes ses tables réservées sauf une. C’est bon signe. Elle devient la mienne.
Dans la formule dominicale à vingt et un euros, je choisis fruits de mer frais gratinés avec champignons et thonine pêche locale snacké sauce vierge, avec cela un demi de vin blanc à neuf euros. Un petit pot de tapenade est offert en amuse-bouche. « Les amis, on a oublié le passe sanitaire », s’émeut soudain le patron. « Merci Joëlle, merci Jean-Paul », dit-il à mes voisins. « Merci Michel », me dit-il. Jean-Paul a choisi le poisson mais il mange surtout les frites de sa femme qui a opté pour les moules marinières. Leur conversation se résume à « C’est les mêmes couverts qu’à la maison » et « T’imagines, mon vélo, il doit avoir vingt ans, si pas plus ». « Tout va bien Monseigneur ? », me demande le patron. J’aime qu’on me parle ainsi et je ne regrette pas mes choix.
Je vais boire le café à L’Escale où mangent des bandes d’amis trentenaires, certains encombrés d’enfançons et de gros chiens. La Gare n’est pas loin. Le début de la rue pour la rejoindre est aussi, informe une pancarte, l’endroit où commence la Route Napoléon. Il faut un début à tout, comme dit madame Michu.
*
Si tu veux passer des vacances de fainéant
Café, plage de sable et restaurant
Je te recommande Golfe-Juan
De cette ville, je pourrais aller en bus à Vallauris, mais pas envie de faire un effort par un si beau temps, et puis j’ai peu de goût pour la céramique.
Aussi je me laisse descendre jusqu’au Vieux Port par le plan incliné qui y mène, un vieux qui a l’air aussi neuf que le second nommé Camille Rayon. Ce dernier est jouxté par le Théâtre de la Mer Jean Marais. Après chaque port est une plage de sable. Enfin le long de ces deux ports sont alignés des quantités de restaurants.
C’est L’Escale que je choisis pour un café verre d’eau lecture à seulement un euro soixante. Face à moi est une blonde un peu cagole qui dit à celui qui l’accompagne, à propos des promeneurs de chiens :
-Je ne connais pas cette relation à l’animal, je n’en ai jamais eu.
-Tu as été mariée, quand même, lui répond-il.
Je poursuis ma lecture sur un banc dominant l’une des plages puis à midi ne passe guère de temps à choisir un restaurant car Le Jardin du Port a toutes ses tables réservées sauf une. C’est bon signe. Elle devient la mienne.
Dans la formule dominicale à vingt et un euros, je choisis fruits de mer frais gratinés avec champignons et thonine pêche locale snacké sauce vierge, avec cela un demi de vin blanc à neuf euros. Un petit pot de tapenade est offert en amuse-bouche. « Les amis, on a oublié le passe sanitaire », s’émeut soudain le patron. « Merci Joëlle, merci Jean-Paul », dit-il à mes voisins. « Merci Michel », me dit-il. Jean-Paul a choisi le poisson mais il mange surtout les frites de sa femme qui a opté pour les moules marinières. Leur conversation se résume à « C’est les mêmes couverts qu’à la maison » et « T’imagines, mon vélo, il doit avoir vingt ans, si pas plus ». « Tout va bien Monseigneur ? », me demande le patron. J’aime qu’on me parle ainsi et je ne regrette pas mes choix.
Je vais boire le café à L’Escale où mangent des bandes d’amis trentenaires, certains encombrés d’enfançons et de gros chiens. La Gare n’est pas loin. Le début de la rue pour la rejoindre est aussi, informe une pancarte, l’endroit où commence la Route Napoléon. Il faut un début à tout, comme dit madame Michu.
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Si tu veux passer des vacances de fainéant
Café, plage de sable et restaurant
Je te recommande Golfe-Juan
17 octobre 2021
Ce samedi matin je descends du train Zou de sept heures quarante-neuf terminus Vintimille juste après le long tunnel de la Principauté de Monaco, à Roquebrune-Cap-Martin. Dès la sortie de la Gare, j’aperçois, en haut de la montagne mon objectif du jour : le château qui domine le vieux village de Roquebrune.
Comment y aller ? Une dame m’informe de l’existence du bus Vingt-Deux dont l’arrêt est un peu plus haut. Je monte la pente et le trouve. Il y a peu de passages le samedi. Le prochain est heureusement dans neuf minutes. Il fait beau et doux.
Soudain, avec cinq minutes d’avance, surgit un minibus qui me prend tellement de court que je ne fais pas signe au conducteur et il passe sans s’arrêter. J’y vois un signe. La perspective de la découverte d’un énième village perché ne m’emballait qu’à moitié. Tant pis pour le château, l’église Sainte-Marguerite, l’olivier millénaire et la tombe du Corbusier mort d’une baignade en mer.
Je redescends à la Gare qui est très proche de la Méditerranée et je ne loupe pas le chemin douanier en béton qui porte le nom de l’architecte. Assez vite me voici devant (ou plutôt derrière) la Villa E-1027 d’Eileen Gray puis derrière le cabanon du Corbu. Les deux, ainsi que les Unités de Camping, sont protégés des regards par de hautes clôtures.
Le chemin se poursuit au-dessus des rochers battus par la mer. A un endroit, il emprunte une passerelle métallique accrochée à la muraille. En face, c’est Monaco et ses moches immeubles, ce que voyait le Corbusier chaque matin en ouvrant sa petite fenêtre, son purgatoire sur terre.
Quand la pente devient trop menaçante pour mes forces, je fais demi-tour et décide de reprendre le train Zou, cette fois direction Grasse, afin d’en descendre à Eze. Je mangerais bien ce midi à La Vieille Maison.
Las, quand j’y arrive, je vois que cette gargote est fermée le samedi. J’attends le premier bus Cent. Il me ramène à Nice par la Basse Corniche. J’y suis pour le coup de canon, installé en terrasse au Garibaldi. Je commande une socca car il est temps que je sache quelle est cette spécialité locale, et une part de pizza trois fromages, avec un quart de vin rouge.
Peu après je sais ce qu’est la socca, une sorte de crêpe passablement sèche. Heureusement que la pizza est là.
Ayant payé mes onze euros quatre-vingts, j’entre dans le Vieux Nice par la rue des commerces de bouche, prends la rue Droite, tourne à droite vers la place Rossetti, puis à gauche et encore à droite et arrive au marché des livres d’occasion. Ces ruelles qui me paraissaient labyrinthiques me sont maintenant terrain connu. Quant à ma promesse de ne pas acheter de livres, elle ne tient plus quand j’aperçois un exemplaire à deux euros de la Pochothèque groupant cinq des romans de Sándor Márai.
Je ne cède pas à d’autres tentations et reviens place Rossetti, au Kalice, pour un café verre d’eau lecture dans l’animation de ruche que donne la foule à cet endroit stratégique.
« Macron ton passe on n’en veut pas », entends-je par ma fenêtre ouverte vers quinze heures. Les Crieurs de Liberté sont encore de sortie dans un département où le passe n’est pas demandé par la quasi-totalité des cafetiers et restaurateurs.
*
Un cabanon peut en cacher un autre. Une pancarte discrète apposée près de la Gare de Roquebrune Cap-Martin le rappelle. Jacques Brel a eu le sien sur la plage du Golfe Bleu de mil neuf cent soixante et un à mil neuf cent soixante et onze, où entre autre il a écrit Le Plat Pays et Amsterdam.
Comment y aller ? Une dame m’informe de l’existence du bus Vingt-Deux dont l’arrêt est un peu plus haut. Je monte la pente et le trouve. Il y a peu de passages le samedi. Le prochain est heureusement dans neuf minutes. Il fait beau et doux.
Soudain, avec cinq minutes d’avance, surgit un minibus qui me prend tellement de court que je ne fais pas signe au conducteur et il passe sans s’arrêter. J’y vois un signe. La perspective de la découverte d’un énième village perché ne m’emballait qu’à moitié. Tant pis pour le château, l’église Sainte-Marguerite, l’olivier millénaire et la tombe du Corbusier mort d’une baignade en mer.
Je redescends à la Gare qui est très proche de la Méditerranée et je ne loupe pas le chemin douanier en béton qui porte le nom de l’architecte. Assez vite me voici devant (ou plutôt derrière) la Villa E-1027 d’Eileen Gray puis derrière le cabanon du Corbu. Les deux, ainsi que les Unités de Camping, sont protégés des regards par de hautes clôtures.
Le chemin se poursuit au-dessus des rochers battus par la mer. A un endroit, il emprunte une passerelle métallique accrochée à la muraille. En face, c’est Monaco et ses moches immeubles, ce que voyait le Corbusier chaque matin en ouvrant sa petite fenêtre, son purgatoire sur terre.
Quand la pente devient trop menaçante pour mes forces, je fais demi-tour et décide de reprendre le train Zou, cette fois direction Grasse, afin d’en descendre à Eze. Je mangerais bien ce midi à La Vieille Maison.
Las, quand j’y arrive, je vois que cette gargote est fermée le samedi. J’attends le premier bus Cent. Il me ramène à Nice par la Basse Corniche. J’y suis pour le coup de canon, installé en terrasse au Garibaldi. Je commande une socca car il est temps que je sache quelle est cette spécialité locale, et une part de pizza trois fromages, avec un quart de vin rouge.
Peu après je sais ce qu’est la socca, une sorte de crêpe passablement sèche. Heureusement que la pizza est là.
Ayant payé mes onze euros quatre-vingts, j’entre dans le Vieux Nice par la rue des commerces de bouche, prends la rue Droite, tourne à droite vers la place Rossetti, puis à gauche et encore à droite et arrive au marché des livres d’occasion. Ces ruelles qui me paraissaient labyrinthiques me sont maintenant terrain connu. Quant à ma promesse de ne pas acheter de livres, elle ne tient plus quand j’aperçois un exemplaire à deux euros de la Pochothèque groupant cinq des romans de Sándor Márai.
Je ne cède pas à d’autres tentations et reviens place Rossetti, au Kalice, pour un café verre d’eau lecture dans l’animation de ruche que donne la foule à cet endroit stratégique.
« Macron ton passe on n’en veut pas », entends-je par ma fenêtre ouverte vers quinze heures. Les Crieurs de Liberté sont encore de sortie dans un département où le passe n’est pas demandé par la quasi-totalité des cafetiers et restaurateurs.
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Un cabanon peut en cacher un autre. Une pancarte discrète apposée près de la Gare de Roquebrune Cap-Martin le rappelle. Jacques Brel a eu le sien sur la plage du Golfe Bleu de mil neuf cent soixante et un à mil neuf cent soixante et onze, où entre autre il a écrit Le Plat Pays et Amsterdam.
16 octobre 2021
Ce vendredi, je suis réveillé suffisamment tôt pour prendre à la Gare Routière Vauban le bus Zou Cent Seize de sept heures vingt-cinq, terminus Mairie de La Turbie. C’est-à-dire pour rejoindre la Grande Corniche par une route raide et sinueuse qui vous fait espérer avoir affaire à un bon chauffeur. Tout se passe bien.
Dès l’arrivée, je vois l’église Saint-Michel et le Trophée d’Auguste qui la jouxte. Cette curiosité témoigne du passé romain de la cité, même s’il s’agit d’une reconstruction. Le véritable a servi de carrière de pierres. Certaines se trouvent dans les murs de l’église. Un riche Américain la fit reconstruire, en moins haut que l’original, trente-cinq mètres au lieu de cinquante, un nommé Tuck. On peut donc dire que c’est du Tuck, ou du toc. La visite en est néanmoins payante.
J’entre dans des rues typiques de ce village perché. Le baroque et le classique s’y côtoient. Des draps sèchent aux fenêtres. Je ne croise personne hormis trois chats. A l’une des entrées encore fermées du Triomphe, un plateau permet de voir Monaco en contrebas. Près de l’école, un autre domine Cap d’Ail.
Cette visite faite, je me procure des viennoiseries à la boulangerie La Boule de Neige et les consomme en face avec un café à un euro soixante au Bistrot Le Provençal qui est le rendez-vous des locaux. Près de ce café, une plaque rappelle qu’ici a poussé pendant plusieurs siècles le Laurier de La Turbie chanté par Théodore de Banville et Catulle Mendès, deux écrivains qu’Edmond de Goncourt ne ménage pas dans son Journal dont je poursuis la lecture.
A midi je déjeune au même endroit, d’un couscous royal. « C’est Amina qui l’a fait ». Tous les autres mangeurs sont des travailleurs qui ne rechignent pas à boire de la bière ou un apéro avant d’être servis. Avec mon quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-deux euros cinquante.
Le beau ciel bleu du matin se couvre peu à peu et la température baisse. Il fait même presque froid quand sur un banc du plateau au-dessus de l’école et de Cap d’Ail, je poursuis ma lecture. Comme dit un passant, tu arrives ici en ticheurte et tu repars en après-ski.
J’attends donc le bus du retour avec une certaine impatience. Après une descente un peu flippante, je mets le pied à Nice où il fait meilleur.
*
Une autre plaque sur un mur de La Turbie cite Dante dans sa langue quand lui-même cite La Turbie. C’est dans le chapitre trois du Purgatoire.
*
Dans la boîte à livres de La Turbie, le tome deux des Pas effacés, mémoires de Robert de Montesquiou, autre écrivain vilipendé par Edmond. Où trouver le tome un ?
Dès l’arrivée, je vois l’église Saint-Michel et le Trophée d’Auguste qui la jouxte. Cette curiosité témoigne du passé romain de la cité, même s’il s’agit d’une reconstruction. Le véritable a servi de carrière de pierres. Certaines se trouvent dans les murs de l’église. Un riche Américain la fit reconstruire, en moins haut que l’original, trente-cinq mètres au lieu de cinquante, un nommé Tuck. On peut donc dire que c’est du Tuck, ou du toc. La visite en est néanmoins payante.
J’entre dans des rues typiques de ce village perché. Le baroque et le classique s’y côtoient. Des draps sèchent aux fenêtres. Je ne croise personne hormis trois chats. A l’une des entrées encore fermées du Triomphe, un plateau permet de voir Monaco en contrebas. Près de l’école, un autre domine Cap d’Ail.
Cette visite faite, je me procure des viennoiseries à la boulangerie La Boule de Neige et les consomme en face avec un café à un euro soixante au Bistrot Le Provençal qui est le rendez-vous des locaux. Près de ce café, une plaque rappelle qu’ici a poussé pendant plusieurs siècles le Laurier de La Turbie chanté par Théodore de Banville et Catulle Mendès, deux écrivains qu’Edmond de Goncourt ne ménage pas dans son Journal dont je poursuis la lecture.
A midi je déjeune au même endroit, d’un couscous royal. « C’est Amina qui l’a fait ». Tous les autres mangeurs sont des travailleurs qui ne rechignent pas à boire de la bière ou un apéro avant d’être servis. Avec mon quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-deux euros cinquante.
Le beau ciel bleu du matin se couvre peu à peu et la température baisse. Il fait même presque froid quand sur un banc du plateau au-dessus de l’école et de Cap d’Ail, je poursuis ma lecture. Comme dit un passant, tu arrives ici en ticheurte et tu repars en après-ski.
J’attends donc le bus du retour avec une certaine impatience. Après une descente un peu flippante, je mets le pied à Nice où il fait meilleur.
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Une autre plaque sur un mur de La Turbie cite Dante dans sa langue quand lui-même cite La Turbie. C’est dans le chapitre trois du Purgatoire.
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Dans la boîte à livres de La Turbie, le tome deux des Pas effacés, mémoires de Robert de Montesquiou, autre écrivain vilipendé par Edmond. Où trouver le tome un ?
15 octobre 2021
Ce jeudi matin, quand j’arrive à la Gare Nice Ville, le train Zou pour Grasse qui précède celui que je veux prendre est encore là, retenu en raison de difficultés de circulation. J’y trouve une place assise et attends. Il démarre avant celui que je visais. J’arrive donc plus tôt que prévu à Cagnes-sur-Mer dont la sortie de gare est affreuse. Un axe autoroutier la surplombe et un grand chantier la jouxte. Bientôt je me retrouve seul ne sachant pas où aller pour trouver la partie vieux village baptisée Haut-de-Cagnes, mon objectif du jour.
Je demande à une jeune femme qui passe. « Je vais vous montrer », me dit-elle. Nous cheminons ensemble jusqu’à la Mairie dont il me faudra monter les nombreuses marches avant de tourner à gauche. « Ça grimpe », me prévient-elle. Elle m’indique aussi que des bus partent de l’église si je veux éviter de retourner à la Gare.
Je remercie cette aimable personne et me lance dans une longue rue pentue qui mène à d’autres, joliment pavées, que je prends au petit bonheur. C’est ainsi que j’arrive sans croiser personne tout en haut, au Château Grimaldi, sur le parvis duquel sont quelques restaurants chics et aussi l’école vers laquelle se dirigent lentement des enfants accompagnés.
De ce sommet on a vue sur la montagne mais pour voir la mer il me faut redescendre la rue qui mène à la Mairie. De là, je rejoins l'église. Une dame m’indique que le bus Quatre Cent qui arrive m’emmènera à Cros-de-Cagnes.
C’est bientôt chose faite et me voici comme hier assis à la terrasse de Lou Lamparo, sauf qu’il fait frais ce jeudi, premier jour depuis mon arrivée sur la Côte d’Azur où je porte un pull.
A midi, je déjeune une nouvelle fois à la Brasserie L’Azur où je suis servi par Giovanni avec moins de zèle qu’hier. Quand on croit la clientèle acquise, on ne se fatigue plus autant. Rosbif purée avec un quart de vin rouge suivi d’un fondant au chocolat, tel est mon choix.
Comme le ciel se dégage à la fin de mon repas, je vais lire sur un banc de bord de mer jusqu’à quatorze heures trente-cinq. Le bus Deux Cent Dix-Sept me prend alors en charge pour un retour à Nice identique à celui de la veille.
*
Haut-de-Cagnes a un Cercle des Amis qui, m’apprend sa pancarte, organise chaque mois d’août, depuis mil neuf cent quatre-vingt, le Championnat du Monde de Boules Carrées.
*
Auguste Renoir a vécu ses dernières années à Cagnes-sur-Mer. On y trouve un Musée à son nom. Suzy Solidor est aussi passée par-là.
*
Une collégienne à sa copine dans le bus Quatre Cent : « Tu nous vois, retraitées, sur Tik Tok ? »
*
Sur le chemin du retour, à Saint-Laurent-du-Var, un salon de coiffure : « Eric Zemmour styliste ».
Je demande à une jeune femme qui passe. « Je vais vous montrer », me dit-elle. Nous cheminons ensemble jusqu’à la Mairie dont il me faudra monter les nombreuses marches avant de tourner à gauche. « Ça grimpe », me prévient-elle. Elle m’indique aussi que des bus partent de l’église si je veux éviter de retourner à la Gare.
Je remercie cette aimable personne et me lance dans une longue rue pentue qui mène à d’autres, joliment pavées, que je prends au petit bonheur. C’est ainsi que j’arrive sans croiser personne tout en haut, au Château Grimaldi, sur le parvis duquel sont quelques restaurants chics et aussi l’école vers laquelle se dirigent lentement des enfants accompagnés.
De ce sommet on a vue sur la montagne mais pour voir la mer il me faut redescendre la rue qui mène à la Mairie. De là, je rejoins l'église. Une dame m’indique que le bus Quatre Cent qui arrive m’emmènera à Cros-de-Cagnes.
C’est bientôt chose faite et me voici comme hier assis à la terrasse de Lou Lamparo, sauf qu’il fait frais ce jeudi, premier jour depuis mon arrivée sur la Côte d’Azur où je porte un pull.
A midi, je déjeune une nouvelle fois à la Brasserie L’Azur où je suis servi par Giovanni avec moins de zèle qu’hier. Quand on croit la clientèle acquise, on ne se fatigue plus autant. Rosbif purée avec un quart de vin rouge suivi d’un fondant au chocolat, tel est mon choix.
Comme le ciel se dégage à la fin de mon repas, je vais lire sur un banc de bord de mer jusqu’à quatorze heures trente-cinq. Le bus Deux Cent Dix-Sept me prend alors en charge pour un retour à Nice identique à celui de la veille.
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Haut-de-Cagnes a un Cercle des Amis qui, m’apprend sa pancarte, organise chaque mois d’août, depuis mil neuf cent quatre-vingt, le Championnat du Monde de Boules Carrées.
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Auguste Renoir a vécu ses dernières années à Cagnes-sur-Mer. On y trouve un Musée à son nom. Suzy Solidor est aussi passée par-là.
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Une collégienne à sa copine dans le bus Quatre Cent : « Tu nous vois, retraitées, sur Tik Tok ? »
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Sur le chemin du retour, à Saint-Laurent-du-Var, un salon de coiffure : « Eric Zemmour styliste ».
14 octobre 2021
Réveillé seulement à six heures et demie ce mercredi matin, je suis obligé de reporter à un autre jour ce que j’avais prévu et en remplacement de dernière heure monte dans le train Zou de sept heures cinquante-neuf pour Grasse dont je descends à Cros-de-Cagnes, commune de Cagnes-sur-Mer.
C’est le quartier des pêcheurs italiens. Ils disposent d’un petit port où l’on s’active de bon matin. Son autre atout touristique est une croquignolesque église jaune avec toiture en chapeau de fée construite par les pêcheurs eux-mêmes et qui semble être un élément de décor pour film.
Cros-de-Cagnes dispose d’une promenade permettant de marcher le long de l’interminable plage de galets. Elle est hélas jouxtée par une deux fois deux voies à forte circulation, elle-même bordée d’un certain nombre de brasseries et de restaurants.
C’est à la brasserie Lou Lamparo que je prends un café verre d’eau à un euro soixante. J’y lis Goncourt en attendant qu’ouvre l’Office du Tourisme.
L’aimable jeune femme qui me reçoit n’a que moi comme client. Je profite de cette situation pour lui demander des renseignements et des documents sur tout ce qu’il me tente encore de voir entre Cannes et Menton et dans l’arrière-pays avant de devoir rentrer à Rouen.
Cela fait, je traverse une nouvelle fois la deux fois deux voies et m’installe sur un banc pour reprendre ma lecture face à la vaste mer dans laquelle un petit bateau de pêche tire son filet. Régulièrement, des avions descendent au-dessus d’icelle pour se poser à l’Aéroport de Nice.
A midi je choisis de déjeuner à la brasserie L’Azur pour son plat du jour : un foie de veau persillé et sa purée. Il est excellent et a suffisamment de succès pour qu’à midi vingt il n’y en ait plus. Mes voisins de table se trouvent mieux ici qu’à Nice. Avec le quart de vin blanc et le tiramisu que je choisis pour dessert, j’en ai pour vingt euros quatre-vingt-dix. Je les règle à Giovanni en le remerciant.
Je retourne lire au bord de la plage jusqu’à ce que passe le bus Zou numéro Deux Cent Dix-Sept dont le terminus est le Parc Phoenix près de l’Aéroport. Arrivé là, je grimpe dans le Tram Deux et en descends à Durandy. Cette station est enterrée si profondément qu’il faut trois longs escalators pour s’en extraire.
Presque en face est Le Relax où je n’ai plus besoin de commander mon café verre d’eau.
*
Qui parle italien est peut-être français.
Qui parle français est peut-être italien.
*
Une Japonaise avec un ticheurte « Self Service Only ».
C’est le quartier des pêcheurs italiens. Ils disposent d’un petit port où l’on s’active de bon matin. Son autre atout touristique est une croquignolesque église jaune avec toiture en chapeau de fée construite par les pêcheurs eux-mêmes et qui semble être un élément de décor pour film.
Cros-de-Cagnes dispose d’une promenade permettant de marcher le long de l’interminable plage de galets. Elle est hélas jouxtée par une deux fois deux voies à forte circulation, elle-même bordée d’un certain nombre de brasseries et de restaurants.
C’est à la brasserie Lou Lamparo que je prends un café verre d’eau à un euro soixante. J’y lis Goncourt en attendant qu’ouvre l’Office du Tourisme.
L’aimable jeune femme qui me reçoit n’a que moi comme client. Je profite de cette situation pour lui demander des renseignements et des documents sur tout ce qu’il me tente encore de voir entre Cannes et Menton et dans l’arrière-pays avant de devoir rentrer à Rouen.
Cela fait, je traverse une nouvelle fois la deux fois deux voies et m’installe sur un banc pour reprendre ma lecture face à la vaste mer dans laquelle un petit bateau de pêche tire son filet. Régulièrement, des avions descendent au-dessus d’icelle pour se poser à l’Aéroport de Nice.
A midi je choisis de déjeuner à la brasserie L’Azur pour son plat du jour : un foie de veau persillé et sa purée. Il est excellent et a suffisamment de succès pour qu’à midi vingt il n’y en ait plus. Mes voisins de table se trouvent mieux ici qu’à Nice. Avec le quart de vin blanc et le tiramisu que je choisis pour dessert, j’en ai pour vingt euros quatre-vingt-dix. Je les règle à Giovanni en le remerciant.
Je retourne lire au bord de la plage jusqu’à ce que passe le bus Zou numéro Deux Cent Dix-Sept dont le terminus est le Parc Phoenix près de l’Aéroport. Arrivé là, je grimpe dans le Tram Deux et en descends à Durandy. Cette station est enterrée si profondément qu’il faut trois longs escalators pour s’en extraire.
Presque en face est Le Relax où je n’ai plus besoin de commander mon café verre d’eau.
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Qui parle italien est peut-être français.
Qui parle français est peut-être italien.
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Une Japonaise avec un ticheurte « Self Service Only ».
13 octobre 2021
Après mon excès de la veille, j’opte pour une journée sans effort physique. Aussi, avec mon habituel train Zou terminus Vintimille, je me rends cette fois à Eze-sur-Mer, c’est-à-dire dans la partie basse d’Eze, d’où part le chemin de Nietzsche.
A l’arrivée je cherche un sentier longeant la mer avec l’intention de marcher un peu puis de me poser sur un banc face à elle. Or il n’y en a pas. On ne peut que descendre à de petites plages qui ne disposent pas de quoi s’asseoir. Que faire ?
Un bus Cent arrive de Monaco et va vers Nice, je le prends. Ce m’est l’occasion de circuler sur la basse corniche, laquelle domine néanmoins Beaulieu et Villefranche.
Le terminus niçois est à Port Lympia. J’y boirais bien un café mais aucun bar n’est du côté ensoleillé, aussi je rejoins la terrasse du Nomad et y lis le Journal d’Edmond de Goncourt jusqu’à ce que l’ombre me rattrape.
Le soleil est toujours présent sur le quai des Etats-Unis. Je prends la rue Droite pour le rejoindre. Au croisement avec une autre ruelle de la Vieille Ville, un jeune homme veut me faite attendre au prétexte que l’on tourne une série pour France Deux. Je refuse de lui obéir.
Face à la Baie des Anges, je m’installe sur un banc blanc, ôte ma veste et reprends ma lecture. Certain(e)s se baignent, bien que ce ne soit plus la chaleur. D’autres se contentent d’aller et venir sur la promenade.
Me trotte dans la tête l’idée que parmi les femmes que je vois passer pourrait se trouver la Niçoise avec qui, au temps béni du Minitel, j’ai échangé des missives érotico-pornographiques. Elle était fort jolie et mariée, m’avait envoyé des photos d’elle, dont une où elle se faisait bronzer sur le pont d’un bateau, nue. Si longtemps après, je suis sûr que je ne la reconnaîtrais pas. Et c’est tant mieux.
*
A midi je déjeune à dix-neuf euros au Nomad dont le cuisinier ne sait plus où donner de la spatule. Un groupe de douze, constitué de stagiaires quadragénaires, s’est installé en terrasse, alors que les autres jours nous n’étions que moins de cinq à déjeuner.
*
En descendant vers Port Lympia avec le bus Cent on passe près du Palais où Maurice Maeterlinck résidait et devant le Monument Maeterlinck qui donne son nom à un arrêt que la voix féminine enregistrée prononce Maeterlingue. Dans ce coin se trouve aussi une rue Jean-Lorrain. Le Nouvel Ordre Moral n’a pas encore songé à la débaptiser.
*
Un drôle d’individu que ce Lorrain ! note Edmond de Goncourt le mercredi trois juin mil huit cent quatre-vingt-onze, racontant une bagarre générale par lui déclenchée dans un cabaret.
Lorrain contait que Sarah Bernhardt ne jouissait que depuis une dizaine d’années, à la suite d’une opération de Lannelongue qui avait doté la sécheresse de sa vulve de l’humidité d’une glande. écrit-il le dimanche vingt et un juin suivant.
A l’arrivée je cherche un sentier longeant la mer avec l’intention de marcher un peu puis de me poser sur un banc face à elle. Or il n’y en a pas. On ne peut que descendre à de petites plages qui ne disposent pas de quoi s’asseoir. Que faire ?
Un bus Cent arrive de Monaco et va vers Nice, je le prends. Ce m’est l’occasion de circuler sur la basse corniche, laquelle domine néanmoins Beaulieu et Villefranche.
Le terminus niçois est à Port Lympia. J’y boirais bien un café mais aucun bar n’est du côté ensoleillé, aussi je rejoins la terrasse du Nomad et y lis le Journal d’Edmond de Goncourt jusqu’à ce que l’ombre me rattrape.
Le soleil est toujours présent sur le quai des Etats-Unis. Je prends la rue Droite pour le rejoindre. Au croisement avec une autre ruelle de la Vieille Ville, un jeune homme veut me faite attendre au prétexte que l’on tourne une série pour France Deux. Je refuse de lui obéir.
Face à la Baie des Anges, je m’installe sur un banc blanc, ôte ma veste et reprends ma lecture. Certain(e)s se baignent, bien que ce ne soit plus la chaleur. D’autres se contentent d’aller et venir sur la promenade.
Me trotte dans la tête l’idée que parmi les femmes que je vois passer pourrait se trouver la Niçoise avec qui, au temps béni du Minitel, j’ai échangé des missives érotico-pornographiques. Elle était fort jolie et mariée, m’avait envoyé des photos d’elle, dont une où elle se faisait bronzer sur le pont d’un bateau, nue. Si longtemps après, je suis sûr que je ne la reconnaîtrais pas. Et c’est tant mieux.
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A midi je déjeune à dix-neuf euros au Nomad dont le cuisinier ne sait plus où donner de la spatule. Un groupe de douze, constitué de stagiaires quadragénaires, s’est installé en terrasse, alors que les autres jours nous n’étions que moins de cinq à déjeuner.
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En descendant vers Port Lympia avec le bus Cent on passe près du Palais où Maurice Maeterlinck résidait et devant le Monument Maeterlinck qui donne son nom à un arrêt que la voix féminine enregistrée prononce Maeterlingue. Dans ce coin se trouve aussi une rue Jean-Lorrain. Le Nouvel Ordre Moral n’a pas encore songé à la débaptiser.
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Un drôle d’individu que ce Lorrain ! note Edmond de Goncourt le mercredi trois juin mil huit cent quatre-vingt-onze, racontant une bagarre générale par lui déclenchée dans un cabaret.
Lorrain contait que Sarah Bernhardt ne jouissait que depuis une dizaine d’années, à la suite d’une opération de Lannelongue qui avait doté la sécheresse de sa vulve de l’humidité d’une glande. écrit-il le dimanche vingt et un juin suivant.
12 octobre 2021
Ce lundi matin, les nuages disparus, je prends le tram Un dans l’autre sens et en descends à Vauban. Une autochtone m’aide à trouver la Gare Routière et à neuf heures je monte dans le bus Cent Douze dont le terminus est le Casino de Monte-Carlo. Il est arrivé à Tchekhov en villégiature à Nice de prendre un moyen de locomotion pour aller y jouer. Je n’ai pas ce vice. J’ai pour objectif Eze que l’on atteint après une demi-heure de trajet sur la moyenne corniche avec une vue plongeante sur la rade de Villefranche et le Cap Ferrat.
Eze, village perché, est fort réputé. De l’arrêt de bus je découvre l’église sur le piton rocheux. Je passe à l’Office du Tourisme et me renseigne sur où trouver la tombe d’un ancien résident. Le cimetière est à côté de l’église. Deux hommes en sortent. L’un d’eux, sans que je leur demande quoi que ce soit, me confirme l’endroit. « La plaque y est », précise-t-il. Effectivement, et ce n’est pas celle que j’ai vue en photo, sans doute volée et remplacée. « Laissez-moi dormir / J’étais fait pour ça », l’épitaphe est tirée d’une de ses chansons. Au-dessus, le nom de celui qui se repose avec sa femme Evelyn : Francis Blanche.
Je parcours ensuite l’embrouillamini de ruelles tortueuses d’Eze. A son sommet sont les ruines du Château entourées d’un jardin exotique payant. Impossible de voir la mer de tout en haut sans payer. Ailleurs dans le village, on ne peut pas non plus. Des propriétés privées l’empêchent.
Je redescends et face à l’arrêt de bus, m’assois à une table au soleil au Restaurant Hôtel La Villa d’Eze. Le café y coûte deux euros trente. J’y suis à mon aise (comment l’éviter ?) pour lire Edmond jusqu’à midi, puis j’y déjeune de penne au saumon à quinze euros cinquante avec une carafe d’eau.
Sitôt terminé ce repas succinct, je rejoins le point d’arrivée du « Chemin Frederic Nietzsche ». Ce sentier part du bord de mer et serpente sur la pente raide jusqu'au village perché. Nietzsche, logeant à la fin de sa vie à Nice, malade, l’aurait fréquenté, y réfléchissant à la troisième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra.
Je choisis de le descendre (quarante-cinq minutes, m’a dit la jeune femme de l’Office du Tourisme ). Bien vite, je me rends compte que même dans ce sens ce n’est pas de la tarte. Chaque pas est une difficulté. Je dois me méfier de toutes les pierres avec mes vieux pieds, spécialement de celles qui brillent. Je croise quelques jeunes qui montent, et aussi une courageuse vieille marcheuse à bâtons. Des qui descendent comme moi me dépassent. Je vois la mer au loin, au bord de laquelle est l’arrivée. Elle me semble toujours aussi loin. Je m’épuise. Je ne peux que continuer, dégoulinant de sueur, n’ayant même plus la force de prendre des photos de ce chemin de croix philosophique. Enfin j’atteins le plan incliné bétonné qui annonce l’issue. Je regarde ma montre. Pour parcourir les deux mille cent vingt mètres au dénivelé de quatre cent vingt-neuf mètres, j’ai mis soixante-quinze minutes.
Lessivé, je trouve à m’asseoir à la terrasse de La Vieille Maison et y bois un café grand verre d’eau puis un diabolo menthe (quatre euros cinquante pour le tout). Un peu remis, la Gare d’Eze-sur-Mer étant à deux pas, je rentre à Nice.
Cette descente du chemin de Nietzsche, ce sera ma dernière folie.
*
Le Francis, rondouillard comme il l’était, quelle idée de venir habiter à Eze.
Eze, village perché, est fort réputé. De l’arrêt de bus je découvre l’église sur le piton rocheux. Je passe à l’Office du Tourisme et me renseigne sur où trouver la tombe d’un ancien résident. Le cimetière est à côté de l’église. Deux hommes en sortent. L’un d’eux, sans que je leur demande quoi que ce soit, me confirme l’endroit. « La plaque y est », précise-t-il. Effectivement, et ce n’est pas celle que j’ai vue en photo, sans doute volée et remplacée. « Laissez-moi dormir / J’étais fait pour ça », l’épitaphe est tirée d’une de ses chansons. Au-dessus, le nom de celui qui se repose avec sa femme Evelyn : Francis Blanche.
Je parcours ensuite l’embrouillamini de ruelles tortueuses d’Eze. A son sommet sont les ruines du Château entourées d’un jardin exotique payant. Impossible de voir la mer de tout en haut sans payer. Ailleurs dans le village, on ne peut pas non plus. Des propriétés privées l’empêchent.
Je redescends et face à l’arrêt de bus, m’assois à une table au soleil au Restaurant Hôtel La Villa d’Eze. Le café y coûte deux euros trente. J’y suis à mon aise (comment l’éviter ?) pour lire Edmond jusqu’à midi, puis j’y déjeune de penne au saumon à quinze euros cinquante avec une carafe d’eau.
Sitôt terminé ce repas succinct, je rejoins le point d’arrivée du « Chemin Frederic Nietzsche ». Ce sentier part du bord de mer et serpente sur la pente raide jusqu'au village perché. Nietzsche, logeant à la fin de sa vie à Nice, malade, l’aurait fréquenté, y réfléchissant à la troisième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra.
Je choisis de le descendre (quarante-cinq minutes, m’a dit la jeune femme de l’Office du Tourisme ). Bien vite, je me rends compte que même dans ce sens ce n’est pas de la tarte. Chaque pas est une difficulté. Je dois me méfier de toutes les pierres avec mes vieux pieds, spécialement de celles qui brillent. Je croise quelques jeunes qui montent, et aussi une courageuse vieille marcheuse à bâtons. Des qui descendent comme moi me dépassent. Je vois la mer au loin, au bord de laquelle est l’arrivée. Elle me semble toujours aussi loin. Je m’épuise. Je ne peux que continuer, dégoulinant de sueur, n’ayant même plus la force de prendre des photos de ce chemin de croix philosophique. Enfin j’atteins le plan incliné bétonné qui annonce l’issue. Je regarde ma montre. Pour parcourir les deux mille cent vingt mètres au dénivelé de quatre cent vingt-neuf mètres, j’ai mis soixante-quinze minutes.
Lessivé, je trouve à m’asseoir à la terrasse de La Vieille Maison et y bois un café grand verre d’eau puis un diabolo menthe (quatre euros cinquante pour le tout). Un peu remis, la Gare d’Eze-sur-Mer étant à deux pas, je rentre à Nice.
Cette descente du chemin de Nietzsche, ce sera ma dernière folie.
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Le Francis, rondouillard comme il l’était, quelle idée de venir habiter à Eze.
11 octobre 2021
Ma mésaventure ne me dissuade pas de retourner à Antibes ce dimanche par le même train Zou matinal. A l’arrivée, suivant le conseil que m’a donné la veille l’aimable employée de l’Office de Tourisme de cette ville, je rejoins la Gare Routière par la passerelle qui enjambe les voies. Cette fois, il ne s’agit pas de prendre le bus Deux Cent mais le bus Deux qui va presque jusqu’à l’extrémité du Cap d’Antibes.
Il est déjà là mais sa conductrice est du genre à faire attendre sur le trottoir qui veut monter. Jusqu’à ce qu’il soit presque l’heure du départ, elle fait mumuse avec son smartphone. Quand elle se décide à ouvrir la porte, je la salue froidement, fais biper ma carte SudAzur et vais m’asseoir à ma place préférée, juste après la porte de sortie. Un autre passager fait la moitié du trajet. Je descends au terminus, Eden Roc, hôtel de luxe et parfum Dior, à la pointe du Graillon.
Mon projet est d’atteindre pédestrement Juan-les-Pins par la route côtière. Elle ne laisse pas grand place aux piétons mais n’est à cette heure empruntée que par les bicyclistes du dimanche, solo, duo ou troupeau, des hommes.
Les villas de riches qui minent ce Cap d’Antibes sont de ce côté assez quelconques. Je m’en désintéresse, regardant vers la mer. Bientôt je suis au port de l’Olivette où sont tirés sur les galets de jolis petits bateaux. L’un a pour nom « La Vie en Rose » et c’est aussi sa couleur. Après la plage des Ondes, j’arrive au port du Crouton pour bateaux de pauvres puis à celui nommé Gallice pour bateaux de riches. Enfin je touche la ville de Juan-les-Pins.
J’évite de marcher sur les empreintes des mains du jazz et trouve le bien nommé Café de la Plage pour boire un café verre d’eau presque les pieds dans l’eau. Celui-ci est à deux euros dix. Un vent frisquet balaie la promenade. Malgré cette difficulté, je lis là un moment, tout en ayant un œil sur qui passe et au loin sur Cannes, les iles de Lérins et la chaîne de l’Esterel.
Ce vent frais m’interdit de chercher un restaurant acceptable près de la mer. Je le regrette d’autant moins que les immeubles du front de mer sont d’une laideur comparable à ceux de La Baule. Je me rapproche de la Gare et découvre à proximité d’icelle l’Indian Palace qui propose un buffet à volonté.
C’est là que je m’installe dans une salle dont la baie vitrée est ouverte, après avoir dû montrer mon passe sanitaire à une jeune femme timide qui m’intimide. Je lui commande en sus un nan au fromage et un quart de vin blanc. Tout cela est bon. Malheureusement pour la maison, je suis toujours le seul client vers treize heures vingt quand j’achève mon repas.
La jolie jeune femme (peut-être tamoule si j’en juge par une affiche politique derrière la caisse) me demande si je peux payer mes vingt euros quarante en argent.
-La carte, ça fait moins pour moi.
J’obtempère et la remercie puis attrape le train Zou de treize heures trente-deux. Cette fois, tout va bien pour le retour.
*
Au bout du Cap d’Antibes : l’anse de Faux Argent, connue aussi sous le nom de baie des Milliardaires.
*
Un boulanger n’a pas pu résister. Il a nommé son affaire Juan-les-Pains.
Il est déjà là mais sa conductrice est du genre à faire attendre sur le trottoir qui veut monter. Jusqu’à ce qu’il soit presque l’heure du départ, elle fait mumuse avec son smartphone. Quand elle se décide à ouvrir la porte, je la salue froidement, fais biper ma carte SudAzur et vais m’asseoir à ma place préférée, juste après la porte de sortie. Un autre passager fait la moitié du trajet. Je descends au terminus, Eden Roc, hôtel de luxe et parfum Dior, à la pointe du Graillon.
Mon projet est d’atteindre pédestrement Juan-les-Pins par la route côtière. Elle ne laisse pas grand place aux piétons mais n’est à cette heure empruntée que par les bicyclistes du dimanche, solo, duo ou troupeau, des hommes.
Les villas de riches qui minent ce Cap d’Antibes sont de ce côté assez quelconques. Je m’en désintéresse, regardant vers la mer. Bientôt je suis au port de l’Olivette où sont tirés sur les galets de jolis petits bateaux. L’un a pour nom « La Vie en Rose » et c’est aussi sa couleur. Après la plage des Ondes, j’arrive au port du Crouton pour bateaux de pauvres puis à celui nommé Gallice pour bateaux de riches. Enfin je touche la ville de Juan-les-Pins.
J’évite de marcher sur les empreintes des mains du jazz et trouve le bien nommé Café de la Plage pour boire un café verre d’eau presque les pieds dans l’eau. Celui-ci est à deux euros dix. Un vent frisquet balaie la promenade. Malgré cette difficulté, je lis là un moment, tout en ayant un œil sur qui passe et au loin sur Cannes, les iles de Lérins et la chaîne de l’Esterel.
Ce vent frais m’interdit de chercher un restaurant acceptable près de la mer. Je le regrette d’autant moins que les immeubles du front de mer sont d’une laideur comparable à ceux de La Baule. Je me rapproche de la Gare et découvre à proximité d’icelle l’Indian Palace qui propose un buffet à volonté.
C’est là que je m’installe dans une salle dont la baie vitrée est ouverte, après avoir dû montrer mon passe sanitaire à une jeune femme timide qui m’intimide. Je lui commande en sus un nan au fromage et un quart de vin blanc. Tout cela est bon. Malheureusement pour la maison, je suis toujours le seul client vers treize heures vingt quand j’achève mon repas.
La jolie jeune femme (peut-être tamoule si j’en juge par une affiche politique derrière la caisse) me demande si je peux payer mes vingt euros quarante en argent.
-La carte, ça fait moins pour moi.
J’obtempère et la remercie puis attrape le train Zou de treize heures trente-deux. Cette fois, tout va bien pour le retour.
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Au bout du Cap d’Antibes : l’anse de Faux Argent, connue aussi sous le nom de baie des Milliardaires.
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Un boulanger n’a pas pu résister. Il a nommé son affaire Juan-les-Pains.
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