Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
7 août 2018
Pas de mauvaise surprise à l’arrivée, ce lundi matin, en gare de Bergues (un beau bâtiment de briques rouges), la ville est en face, une route à traverser et on y pénètre par une porte fortifiée. La rue de la Gare passe près de l’église puis mène à la place de la République. Le haut beffroi est entouré d’échafaudages et c’est le jour du marché. L’expresso coûte un euro cinquante au Café du Nord et un euro quatre-vingts au Bistrot du Groenberg. Ce doit être l’effet Dany Boon qui, dans le film bien connu que je n’ai évidemment pas vu, a fait de cette cité la ville des Ch’tis alors qu’ici nous sommes en Flandre. Il fait chaud, suffisamment pour que j’attende midi à l’ombre. De plus, le marché, je ne le supporte qu’assis à une terrasse à regarder le populo qui vaque à ses courses.
Une mère s’en prend à l’un de ses moutards qui vient d’en mettre une à sa sœur :
-Tu le sais bien qu’on tape pas.
Son autre sœur :
-C’est papa et maman qui doivent mettre des claques.
Le Bruegel est une taverne datant de mil cinq cent quatre-vingt-dix-sept. A l’intérieur on se croirait vraiment dans un tableau dudit. Une très grande salle décorée à l’ancienne donne sur une cuisine à demi ouverte. Elle est dotée de longues tables à destination des groupes et des familles. Un serveur m’installe au bout d’une. De cette place tranquille, j’ai vue aussi sur le jardin. Je crains un peu le bébé de la famille la plus proche mais il arrive bien plus bruyant en la personne d’un jeune handicapé en fauteuil qui pousse des cris déchirants à intervalles irréguliers. C’est un peu perturbant au départ mais il suffit de s’imaginer mangeant près d’un parc animalier pour que ça paraisse naturel.
-Je sais pas ce qu’on aurait fait si on avait eu un enfant comme ça, s’interroge le père du bébé.
Mon lapin à la flamande est excellent dans sa sauce aux fruits secs, mais les frites qui l’accompagnent sont sans goût et trop croquantes. La crème brûlée à la chicorée ne me déçoit pas. Quant au vin en pichet, c’est un bordeaux très convenable. Je confirme ce que dit Le Guide du Routard, c’est une bonne adresse surtout pour le cadre et l’ambiance.
Malgré la chaleur, je fais le tour de la ville par les fortifications, longeant des canaux plus ou moins vaseux et croisant de nombreux cygnes et de nombreuses oies, en revanche pas un humain. Bergues est une ville reconstruite pleine de charme. Je prends de nombreuses photos dont une du Monument aux Morts. Il représente un soldat gisant, le corps troué de balles.
Dans l’espoir de me rafraîchir, je paie quatre euros pour entrer au Musée du Mont de Piété. Cet espoir est déçu. Les vieux climatiseurs n’ont pas l’air d’être performants. On subit dans les salles du rez-de-chaussée et de l’étage une chaleur qui risque d’être nuisible aux tableaux. Je suis le seul visiteur de ce musée où tout est vieillot, sièges, éclairages, etc. Quelques grands peintres sont présents, dont La Tour, mais pour des œuvres d’intérêt secondaire. Un martyre de Sainte Agathe me déçoit. Vieille et laide, elle n’est en rien excitante. Dans les toilettes, la chasse d’eau se tire à l’aide d’une chaîne.
*
Sur la carte du Bruegel, cette citation tirée des souvenirs de Lamartine qui fut député de Bergues :
J’ai été maître des collèges électoraux de Hazebrouck, Dunkerque et Bergues. Les habitants sont très dociles. Ils ont un grand respect de l’autorité. Lorsque jeune député, j’allais à Bergues, la garde nationale venait à une demi-lieue de la ville et m’introduisait au son de la musique. Je trouvais un dîner magnifique et le soir des illuminations.
*
Un sexagénaire à sa femme après leur visite de Bergues : « C’est une belle petite ville, mais fait trop chaud. Enfin, j’suis content, je m’embête pas. » C’est à peu près ce que je ressens.
*
Sur la porte de la gare de Dunkerque, cet avis : « En raison des travaux d’aménagement, nous vous prions de bien vouloir vigiler à la circulation des bus lors de vos déplacements. »
J’adore ce « vigiler ».
Une mère s’en prend à l’un de ses moutards qui vient d’en mettre une à sa sœur :
-Tu le sais bien qu’on tape pas.
Son autre sœur :
-C’est papa et maman qui doivent mettre des claques.
Le Bruegel est une taverne datant de mil cinq cent quatre-vingt-dix-sept. A l’intérieur on se croirait vraiment dans un tableau dudit. Une très grande salle décorée à l’ancienne donne sur une cuisine à demi ouverte. Elle est dotée de longues tables à destination des groupes et des familles. Un serveur m’installe au bout d’une. De cette place tranquille, j’ai vue aussi sur le jardin. Je crains un peu le bébé de la famille la plus proche mais il arrive bien plus bruyant en la personne d’un jeune handicapé en fauteuil qui pousse des cris déchirants à intervalles irréguliers. C’est un peu perturbant au départ mais il suffit de s’imaginer mangeant près d’un parc animalier pour que ça paraisse naturel.
-Je sais pas ce qu’on aurait fait si on avait eu un enfant comme ça, s’interroge le père du bébé.
Mon lapin à la flamande est excellent dans sa sauce aux fruits secs, mais les frites qui l’accompagnent sont sans goût et trop croquantes. La crème brûlée à la chicorée ne me déçoit pas. Quant au vin en pichet, c’est un bordeaux très convenable. Je confirme ce que dit Le Guide du Routard, c’est une bonne adresse surtout pour le cadre et l’ambiance.
Malgré la chaleur, je fais le tour de la ville par les fortifications, longeant des canaux plus ou moins vaseux et croisant de nombreux cygnes et de nombreuses oies, en revanche pas un humain. Bergues est une ville reconstruite pleine de charme. Je prends de nombreuses photos dont une du Monument aux Morts. Il représente un soldat gisant, le corps troué de balles.
Dans l’espoir de me rafraîchir, je paie quatre euros pour entrer au Musée du Mont de Piété. Cet espoir est déçu. Les vieux climatiseurs n’ont pas l’air d’être performants. On subit dans les salles du rez-de-chaussée et de l’étage une chaleur qui risque d’être nuisible aux tableaux. Je suis le seul visiteur de ce musée où tout est vieillot, sièges, éclairages, etc. Quelques grands peintres sont présents, dont La Tour, mais pour des œuvres d’intérêt secondaire. Un martyre de Sainte Agathe me déçoit. Vieille et laide, elle n’est en rien excitante. Dans les toilettes, la chasse d’eau se tire à l’aide d’une chaîne.
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Sur la carte du Bruegel, cette citation tirée des souvenirs de Lamartine qui fut député de Bergues :
J’ai été maître des collèges électoraux de Hazebrouck, Dunkerque et Bergues. Les habitants sont très dociles. Ils ont un grand respect de l’autorité. Lorsque jeune député, j’allais à Bergues, la garde nationale venait à une demi-lieue de la ville et m’introduisait au son de la musique. Je trouvais un dîner magnifique et le soir des illuminations.
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Un sexagénaire à sa femme après leur visite de Bergues : « C’est une belle petite ville, mais fait trop chaud. Enfin, j’suis content, je m’embête pas. » C’est à peu près ce que je ressens.
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Sur la porte de la gare de Dunkerque, cet avis : « En raison des travaux d’aménagement, nous vous prions de bien vouloir vigiler à la circulation des bus lors de vos déplacements. »
J’adore ce « vigiler ».
6 août 2018
« Leffrinckoucke, fin de la course », annonce la voix du DK’Bus numéro Deux, moi qui voulais aller à Bray-Dunes ce dimanche matin, me voilà bien. Le chauffeur me dit que j’aurais dû prendre le Deux B, il faut que je l’attende à gauche au carrefour. Il arrive vingt-cinq minutes plus tard, grandement peuplé. Je fais donc la fin de mon trajet debout, avec détour par l’Hôpital Maritime de Zuydcoote sur la porte duquel est écrit « Interdit aux touristes » (je n’avais pas prévu d’y passer le ouiquennede). Je descends à l’arrêt La Poste, commune de Bray-Dunes.
De là, je marche pendant un kilomètre sur l’avenue du Général-de-Gaulle pour atteindre la plage. La mer est haute et le sable déjà bien fréquenté. Passant devant le restaurant Chez Didier, je veux y réserver une table mais c’est complet, me dit le jeune homme qui sort la terrasse. La dame de l’Office de Tourisme m’explique que c’est un ouiquennede de Téheuherre à un euro et que beaucoup de ceux qui n’ont pas d’argent en profitent pour venir à la plage de Malo ou de Bray-Dunes. Un panneau sur la digue évoque la chanson d’Alain Souchon. A sa droite, c’est La Panne en Belgique d’où vient le vent. A sa gauche, au loin, Dunkerque et ses fumées industrielles.
Le boulevard Georges-Pompidou est une rue intérieure parallèle au bord de mer, une succession de commerces bas de gamme et de restaurants à moules frites. Je bois un café à un euro trente à la terrasse de l’un d’eux où deux tablées voisines discutent.
-On avait un appartement au Cap d’Agde, on l’a vendu, c’était trop loin.
-Vous n’avez rien à vot’nom par ici ?
Il y a de plus en plus de monde sur la plage qui s’étend à mesure que la mer recule. Abris et murs anti vent, parasols, chaises et tables en plastique, glacières et jeux de sable, j’en vois de toutes les couleurs. « On est bien quand on est dehors », entends-je.
Pour déjeuner, je me présente dès onze heures trente au restaurant Les Amarres comme me l’a conseillé la patronne. « Ici nous tolérons les chiens (sous réserve qu’ils soient de taille raisonnable, propres, non mouillés et silencieux) », est-il écrit sur la porte. Et un écriteau annonce qu’on ne prend plus de réservations. On me propose une table pour un en terrasse. Avant midi, c’est complet. Il en est ainsi pour tous les établissements qui font à manger.
Je choisis les os à moelle et la paella maison, « Je vous souhaite de passer un bon appétit », me dit le serveur. Ce n’est pas le meilleur repas de mon escapade au Nord et pas le moins cher. Avec le quart de sauvignon et le café, j’atteins les trente euros soixante.
Je fais un dernier aller et retour sur la digue. Une voix féminine annonce qu’on a perdu un petit Lorenzo âgé de six ans et trouvé une jeune Ophélie âgée de seize ans. Atmosphère de vacances ou non, le dimanche me rend morose. Je retourne à l’arrêt La Poste et y prends le DK’Bus Deux B de quatorze heures vingt-huit (le prochain dans une heure). J’y ai place assise. Un soûlard termine sa bière, jette sa canette par la vitre, puis se met à délirer sur le cartel de Medellin et à s’en prendre à des ennemis mal définis.
-Si ça continue j’appelle, menace le chauffeur.
-T’appelles qui ? Il est gratuit le bus, lui répond l’énervé.
*
Fini le Téheuherre à un euro pour aller voir la mer en Normandie, Hervé Morin, Centriste de Droite, en a ainsi décidé. Quels sont ces gens sur mon plongeoir ?
*
Pas faute d’avoir arpenté le chemin des dunes, la plage de Malo Bray-Dunes, mais nulle n’a quitté l’Audi de son mari pour sur mes lèvres déposer un baiser osé.
De là, je marche pendant un kilomètre sur l’avenue du Général-de-Gaulle pour atteindre la plage. La mer est haute et le sable déjà bien fréquenté. Passant devant le restaurant Chez Didier, je veux y réserver une table mais c’est complet, me dit le jeune homme qui sort la terrasse. La dame de l’Office de Tourisme m’explique que c’est un ouiquennede de Téheuherre à un euro et que beaucoup de ceux qui n’ont pas d’argent en profitent pour venir à la plage de Malo ou de Bray-Dunes. Un panneau sur la digue évoque la chanson d’Alain Souchon. A sa droite, c’est La Panne en Belgique d’où vient le vent. A sa gauche, au loin, Dunkerque et ses fumées industrielles.
Le boulevard Georges-Pompidou est une rue intérieure parallèle au bord de mer, une succession de commerces bas de gamme et de restaurants à moules frites. Je bois un café à un euro trente à la terrasse de l’un d’eux où deux tablées voisines discutent.
-On avait un appartement au Cap d’Agde, on l’a vendu, c’était trop loin.
-Vous n’avez rien à vot’nom par ici ?
Il y a de plus en plus de monde sur la plage qui s’étend à mesure que la mer recule. Abris et murs anti vent, parasols, chaises et tables en plastique, glacières et jeux de sable, j’en vois de toutes les couleurs. « On est bien quand on est dehors », entends-je.
Pour déjeuner, je me présente dès onze heures trente au restaurant Les Amarres comme me l’a conseillé la patronne. « Ici nous tolérons les chiens (sous réserve qu’ils soient de taille raisonnable, propres, non mouillés et silencieux) », est-il écrit sur la porte. Et un écriteau annonce qu’on ne prend plus de réservations. On me propose une table pour un en terrasse. Avant midi, c’est complet. Il en est ainsi pour tous les établissements qui font à manger.
Je choisis les os à moelle et la paella maison, « Je vous souhaite de passer un bon appétit », me dit le serveur. Ce n’est pas le meilleur repas de mon escapade au Nord et pas le moins cher. Avec le quart de sauvignon et le café, j’atteins les trente euros soixante.
Je fais un dernier aller et retour sur la digue. Une voix féminine annonce qu’on a perdu un petit Lorenzo âgé de six ans et trouvé une jeune Ophélie âgée de seize ans. Atmosphère de vacances ou non, le dimanche me rend morose. Je retourne à l’arrêt La Poste et y prends le DK’Bus Deux B de quatorze heures vingt-huit (le prochain dans une heure). J’y ai place assise. Un soûlard termine sa bière, jette sa canette par la vitre, puis se met à délirer sur le cartel de Medellin et à s’en prendre à des ennemis mal définis.
-Si ça continue j’appelle, menace le chauffeur.
-T’appelles qui ? Il est gratuit le bus, lui répond l’énervé.
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Fini le Téheuherre à un euro pour aller voir la mer en Normandie, Hervé Morin, Centriste de Droite, en a ainsi décidé. Quels sont ces gens sur mon plongeoir ?
*
Pas faute d’avoir arpenté le chemin des dunes, la plage de Malo Bray-Dunes, mais nulle n’a quitté l’Audi de son mari pour sur mes lèvres déposer un baiser osé.
5 août 2018
Petite-Synthe, Grande-Synthe, grosses usines, et ensuite Gravelines, que je mets trois quarts d’heure à atteindre ce samedi matin avec le DK’Bus parti du stade. Comme les autres bus de la communauté urbaine de Dunkerque, il est gratuit le ouiquennede (ils le seront tous les jours à partir du premier septembre). La plupart des voyageurs sont descendus au supermarché Auchan de Grande-Synthe.
A l’arrivée, je fais le tour d’une partie des fortifications dues à Vauban. A part un jeune couple, je ne rencontre que des statues nues signées Charles Gadenne et celle, exultant et tout aussi nue, de la Liberté, œuvre de Magda Nemeth, puis, place Albert-Denvers, je prends un café à un euro trente à la terrasse du Café de la Marine dont la patronne fait office de conseillère conjugale pour un fraîchement quitté.
-Je me suis rendu compte que la pierre, ça fait pas tout, confesse cet éprouvé qui venait de faire construire avec celle qui est partie.
Je longe ensuite l’Aa par une voie réservée aux piétons et bicyclistes et arrive ainsi à Petit-Fort-Philippe où c’est marée basse. La mer est retirée à un bon kilomètre. La plage est aussi étendue qu’un désert. Le surveillant de baignade est doté d’un piqueupe qui lui permettra de se précipiter vers la mer en cas de problème. Il doit aussi avoir de bonnes jumelles.
Une famille nombreuse du coin s’est donné rendez-vous pour pique-niquer. Personne n’a le courage de marcher pour se rapprocher de l’eau, d’où dispute entre ses membres pour savoir qui a eu l’idée de choisir cet endroit pour la sortie à la mer. En définitive, tout ce monde s’installe sur plusieurs bancs de la promenade pour déballer le jambon et les chips. Un des garçons, dans les treize quatorze ans, pourrait être Eddy Bellegueule.
A midi, je m’installe à la terrasse ventée du Face à la Mer où je côtoie d’autres familles typiques. J’ose commander le welsh revisité au maroilles avec frites et l’attends une bonne demi-heure. Ma hardiesse et ma patience sont récompensées, ce n’est pas mauvais du tout. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros quarante.
Afin d’aller tout au bout de l’Aa, je marche encore pendant un bon kilomètre sur une étroite digue. En me retournant, j’ai belle vue sur Grand-Fort-Philippe, de l’autre côté de l’Aa, et je découvre à gauche la centrale nucléaire, située tout près de Petit-Fort-Philippe, mais invisible du village et du haut de la plage.
Une navette fluviale gratuite pouvant contenir six passagers munis d’un gilet de sauvetage permet de traverser l’Aa pour se rendre à Grand-Fort-Philippe, mais il faut que la mer soit suffisamment haute. Ce n’est pas le cas. Plutôt que de faire le tour avec un bus, je choisis de rentrer directement à DK avec un autre. Il est bientôt archi blindé. Peut-être est-ce la conséquence de la gratuité.
*
La serveuse du Face à la Mer alors que je m’interrogeais sur la justesse de mon choix :
-Faut aimer le maroilles. Si ça ne vous plait pas, vous pourrez me frapper.
*
Au Face à la Mer, une mère de famille à ses moutards: « Criez moins fort ! »
*
L’Aa, bien connu des cruciverbistes : « Le premier fleuve de France ».
A l’arrivée, je fais le tour d’une partie des fortifications dues à Vauban. A part un jeune couple, je ne rencontre que des statues nues signées Charles Gadenne et celle, exultant et tout aussi nue, de la Liberté, œuvre de Magda Nemeth, puis, place Albert-Denvers, je prends un café à un euro trente à la terrasse du Café de la Marine dont la patronne fait office de conseillère conjugale pour un fraîchement quitté.
-Je me suis rendu compte que la pierre, ça fait pas tout, confesse cet éprouvé qui venait de faire construire avec celle qui est partie.
Je longe ensuite l’Aa par une voie réservée aux piétons et bicyclistes et arrive ainsi à Petit-Fort-Philippe où c’est marée basse. La mer est retirée à un bon kilomètre. La plage est aussi étendue qu’un désert. Le surveillant de baignade est doté d’un piqueupe qui lui permettra de se précipiter vers la mer en cas de problème. Il doit aussi avoir de bonnes jumelles.
Une famille nombreuse du coin s’est donné rendez-vous pour pique-niquer. Personne n’a le courage de marcher pour se rapprocher de l’eau, d’où dispute entre ses membres pour savoir qui a eu l’idée de choisir cet endroit pour la sortie à la mer. En définitive, tout ce monde s’installe sur plusieurs bancs de la promenade pour déballer le jambon et les chips. Un des garçons, dans les treize quatorze ans, pourrait être Eddy Bellegueule.
A midi, je m’installe à la terrasse ventée du Face à la Mer où je côtoie d’autres familles typiques. J’ose commander le welsh revisité au maroilles avec frites et l’attends une bonne demi-heure. Ma hardiesse et ma patience sont récompensées, ce n’est pas mauvais du tout. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros quarante.
Afin d’aller tout au bout de l’Aa, je marche encore pendant un bon kilomètre sur une étroite digue. En me retournant, j’ai belle vue sur Grand-Fort-Philippe, de l’autre côté de l’Aa, et je découvre à gauche la centrale nucléaire, située tout près de Petit-Fort-Philippe, mais invisible du village et du haut de la plage.
Une navette fluviale gratuite pouvant contenir six passagers munis d’un gilet de sauvetage permet de traverser l’Aa pour se rendre à Grand-Fort-Philippe, mais il faut que la mer soit suffisamment haute. Ce n’est pas le cas. Plutôt que de faire le tour avec un bus, je choisis de rentrer directement à DK avec un autre. Il est bientôt archi blindé. Peut-être est-ce la conséquence de la gratuité.
*
La serveuse du Face à la Mer alors que je m’interrogeais sur la justesse de mon choix :
-Faut aimer le maroilles. Si ça ne vous plait pas, vous pourrez me frapper.
*
Au Face à la Mer, une mère de famille à ses moutards: « Criez moins fort ! »
*
L’Aa, bien connu des cruciverbistes : « Le premier fleuve de France ».
4 août 2018
Un petit-déjeuner rapide ce vendredi car je dois être à la gare assez tôt pour grimper dans le train de neuf heures huit qui s’arrête à Cassel, village de l’intérieur des terres dont le Guide du Routard dit du bien. En sortant du studio, je croise ma logeuse. Elle va en ville et me propose de me déposer. Résultat : me voici suffisamment en avance pour attraper de justesse le huit heures huit.
La surprise est à l’arrivée. Où donc est ce village ? Je suis le seul à être descendu à la gare de Cassel. Elle est située entre une rangée de maisons et une usine de je ne sais quoi. Autour ce sont des champs. Je mets cinq minutes à trouver un autochtone. Il m’apprend qu’ici c’est Bavinchove et que Cassel c’est là-haut. Du doigt, il me montre une lointaine colline. Le village convoité est à trois kilomètres.
Je vais à pied dans une douce odeur de purin, entre soleil et ombre, le long d’une nationale pentue heureusement peu fréquentée, content de trouver un raccourci empli d’orties et de ronces qui me fait gagner une centaine de mètres, encore plus d’apercevoir le panneau d’entrée : « Cassel village préféré des Français 2018 ».
Il me faut encore marcher un certain temps avant d’arriver dans le bourg. Un raidillon pavé m’invite à grimper encore plus haut. J’atteins le sommet du Mont Cassel. S’y trouve un jardin à panoramas orné d’une statue équestre du Maréchal Foch qui s’est battu ici pendant la Première Guerre Mondiale et un moulin à vent symbolisant tous ceux qui tournaient autrefois sur la colline. Me voici à cent soixante-seize mètres, ce qui est beaucoup pour la région. Je pourrais voir au loin la Belgique, la Hollande, et même l’Angleterre, si ce n’était brumeux à l’horizon.
Redescendu en ville, je trouve la Grand Place où tout se passe. Elle est jolie, sans plus. Je prends un café à la terrasse du A Sainte Cécile, laquelle est malheureusement sonorisée par Radio Horizon. Je retiens ensuite une table aux Trois Moulins, comme recommande de le faire Le Routard, puis paie quatre euros afin de visiter le Musée Départemental de Flandre. L’endroit est climatisé. J’y vois de belles toiles d’art flamand, ainsi que des témoignages de fêtes populaires, notamment du Carnaval (Cassel est le pays de Reuze-papa, plus de six mètres de haut, et de Reuze-maman, plus de cinq mètres de haut). L’une des belles pièces de ce musée est le Schijtmanneke (en français L’homme qui chie), sculpture on ne peut plus réaliste. A l’étage est une exposition temporaire consacrée à Gaspar de Crayer. Je ne suis pas emballé par cet artiste mais je dois reconnaitre qu’il peignait bien les fraises dont les cous royaux étaient entourés.
Les Trois Moulins est un estaminet comme on n’en voit plus guère. Il est tenu par un très vieux couple et leur fils Ronald qui doit avoir lui aussi l’âge d’être en retraite. On y déjeune un peu comme à la maison autrefois. « Y a à manger ? » demandent les habitués quand ils entrent. La vieille dame est la spécialiste de la salade, elle cherche à la placer auprès de chacun. « Ah, la grand-mère, elle est toujours là !» se réjouit un arrivant. Elle est même grimpée sur la banquette pour tuer une guêpe avec une tapette. Le vieil homme note les commandes sur une grande feuille tout en faisant le service du bar. Le fils sert dans un désordre assez ordonné. Je ne sais pas s’il a une aide en cuisine. J’opte pour la carbonade et ses frites fraîches, absolument délicieuses.
- Vous avez eu assez de frites ? me demande Ronald
Il embarque mon assiette vide et me la rapporte pleine. Je commande ensuite une salade pour faire plaisir à la gentille dame. « Merci », me dit-elle. Uniquement de la laitue, mais bien assaisonnée, c’est là le secret. Avec le quart de vin rouge et le café, cela ne fait que dix-huit euros cinquante. La maison ignore la carte bancaire.
Sans attendre je descends, dans une chaleur qui reste supportable, la longue côte sinueuse et arrive à la gare juste à temps pour le quatorze heures vingt-cinq qui va à Dunkerque. Des branlotins qui s’ennuient l’attendent assis sur le quai, les jambes pendantes au-dessus des rails.
-Attention, v’là le train ! crie le moins intrépide dès que sonne le passage à niveau.
*
J’apprends ainsi qu’il existe une émission de télé nommée Le village préféré des Français présentée par Stéphane Bern et qu’on y vote. Les premières années, le village gagnant était parmi les plus beaux. Ce n’est pas le cas de Cassel, mais on peut compter sur les gens du Nord pour bloquer le standard. Par ailleurs, d’année en année, cette émission perd des téléspectateurs (source Ouiquipédia)
La surprise est à l’arrivée. Où donc est ce village ? Je suis le seul à être descendu à la gare de Cassel. Elle est située entre une rangée de maisons et une usine de je ne sais quoi. Autour ce sont des champs. Je mets cinq minutes à trouver un autochtone. Il m’apprend qu’ici c’est Bavinchove et que Cassel c’est là-haut. Du doigt, il me montre une lointaine colline. Le village convoité est à trois kilomètres.
Je vais à pied dans une douce odeur de purin, entre soleil et ombre, le long d’une nationale pentue heureusement peu fréquentée, content de trouver un raccourci empli d’orties et de ronces qui me fait gagner une centaine de mètres, encore plus d’apercevoir le panneau d’entrée : « Cassel village préféré des Français 2018 ».
Il me faut encore marcher un certain temps avant d’arriver dans le bourg. Un raidillon pavé m’invite à grimper encore plus haut. J’atteins le sommet du Mont Cassel. S’y trouve un jardin à panoramas orné d’une statue équestre du Maréchal Foch qui s’est battu ici pendant la Première Guerre Mondiale et un moulin à vent symbolisant tous ceux qui tournaient autrefois sur la colline. Me voici à cent soixante-seize mètres, ce qui est beaucoup pour la région. Je pourrais voir au loin la Belgique, la Hollande, et même l’Angleterre, si ce n’était brumeux à l’horizon.
Redescendu en ville, je trouve la Grand Place où tout se passe. Elle est jolie, sans plus. Je prends un café à la terrasse du A Sainte Cécile, laquelle est malheureusement sonorisée par Radio Horizon. Je retiens ensuite une table aux Trois Moulins, comme recommande de le faire Le Routard, puis paie quatre euros afin de visiter le Musée Départemental de Flandre. L’endroit est climatisé. J’y vois de belles toiles d’art flamand, ainsi que des témoignages de fêtes populaires, notamment du Carnaval (Cassel est le pays de Reuze-papa, plus de six mètres de haut, et de Reuze-maman, plus de cinq mètres de haut). L’une des belles pièces de ce musée est le Schijtmanneke (en français L’homme qui chie), sculpture on ne peut plus réaliste. A l’étage est une exposition temporaire consacrée à Gaspar de Crayer. Je ne suis pas emballé par cet artiste mais je dois reconnaitre qu’il peignait bien les fraises dont les cous royaux étaient entourés.
Les Trois Moulins est un estaminet comme on n’en voit plus guère. Il est tenu par un très vieux couple et leur fils Ronald qui doit avoir lui aussi l’âge d’être en retraite. On y déjeune un peu comme à la maison autrefois. « Y a à manger ? » demandent les habitués quand ils entrent. La vieille dame est la spécialiste de la salade, elle cherche à la placer auprès de chacun. « Ah, la grand-mère, elle est toujours là !» se réjouit un arrivant. Elle est même grimpée sur la banquette pour tuer une guêpe avec une tapette. Le vieil homme note les commandes sur une grande feuille tout en faisant le service du bar. Le fils sert dans un désordre assez ordonné. Je ne sais pas s’il a une aide en cuisine. J’opte pour la carbonade et ses frites fraîches, absolument délicieuses.
- Vous avez eu assez de frites ? me demande Ronald
Il embarque mon assiette vide et me la rapporte pleine. Je commande ensuite une salade pour faire plaisir à la gentille dame. « Merci », me dit-elle. Uniquement de la laitue, mais bien assaisonnée, c’est là le secret. Avec le quart de vin rouge et le café, cela ne fait que dix-huit euros cinquante. La maison ignore la carte bancaire.
Sans attendre je descends, dans une chaleur qui reste supportable, la longue côte sinueuse et arrive à la gare juste à temps pour le quatorze heures vingt-cinq qui va à Dunkerque. Des branlotins qui s’ennuient l’attendent assis sur le quai, les jambes pendantes au-dessus des rails.
-Attention, v’là le train ! crie le moins intrépide dès que sonne le passage à niveau.
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J’apprends ainsi qu’il existe une émission de télé nommée Le village préféré des Français présentée par Stéphane Bern et qu’on y vote. Les premières années, le village gagnant était parmi les plus beaux. Ce n’est pas le cas de Cassel, mais on peut compter sur les gens du Nord pour bloquer le standard. Par ailleurs, d’année en année, cette émission perd des téléspectateurs (source Ouiquipédia)
3 août 2018
Vers sept heures et demie, après une bonne nuit dunkerquoise et que ma logeuse est allée chercher du pain frais à la boulangerie, je prends le petit-déjeuner inclus dans ma location Airbnb. Ensuite, direction la plage de Malo-les-Bains, commune autrefois indépendante, qui fait maintenant partie de Dunkerque. C’est tout droit. A pied, il faut environ une demi-heure. Après le kiosque à musique, je prends l’avenue Gaspard-Malo. C’est l’armateur qui a donné son nom à la station balnéaire après avoir eu la bonne idée d’acheter des dunes, de les raser et de vendre le terrain pour y construire des villas.
Je considère ces belles bâtisses, certaines plus ou moins kitsch, face à « la plus belle plage du Nord », sept kilomètres de longueur. Je passe enfin devant les immeubles récents de l’ensemble du Grand Pavois. Après ce ne sont que dunes. La Belgique est encore loin.
Ayant fait demi-tour, j’ai maintenant en ligne de mire l’industrie de la région dunkerquoise. Régulièrement, une épaisse fumée blanche est crachée vers le ciel bleu. Elle tourne au noir puis se répand en orange.
Après un café au Malouin, je tente de réserver une table à La Moule Rit (ah ah ah), restaurant recommandé par le Guide du Routard, mais c’est complet ce midi, ce soir, demain, après-demain, etc.
Je trouve un peu en retrait de la plage un restaurant de « cuisine traditionnelle » nommé Le Figaro. Il propose un menu à dix-sept euros. Une fois installé, avec vue sur la mer quand même, j’apprends que ce menu du jour peut devenir un menu à vingt-trois euros avec vin à volonté.
Comment résister ? Je choisis la pissaladière, le filet mignon aux pleurotes avec frites, une glace crème brûlée caramel beurre salé et pour vins du blanc et du rouge, en provenance du Gard et très corrects. La clientèle est constituée d’habitué(e)s d'un certain âge. Près de moi, sept vieux parlent de dans le temps. Il faut voir la serveuse, trois bouteilles sous le bras (rosé blanc rouge), remplir les verres à tout va. Le café n’est qu’à un euro quarante. Il ne suffit pas à me remettre d’aplomb. Je récupère sur un banc de la digue, observant les vacanciers des Hauts de France tout en commençant la Correspondance de Sigmund Freud.
*
C’est à onze heures que déboule le peuple sur la plage de Malo, famille nombreuse avec poussette qui sert à transporter la glacière, colonie de vacances avec monitrice à porte-voix, camionnette pleine d’handicapé(e)s, etc.
*
Ceux qui se cherchent par téléphone sur la digue :
-T’es où toi ? Passeque nous, on est au Cornet d’Amour ?
Aux autres :
-Ah bah, on est obligé d’aller là-bas, ses gamins sont déjà au trampoligne.
*
L’usage nordiste du « S’il vous plaît », aussi troublant que le « You are welcome » d’outre Atlantique.
Je considère ces belles bâtisses, certaines plus ou moins kitsch, face à « la plus belle plage du Nord », sept kilomètres de longueur. Je passe enfin devant les immeubles récents de l’ensemble du Grand Pavois. Après ce ne sont que dunes. La Belgique est encore loin.
Ayant fait demi-tour, j’ai maintenant en ligne de mire l’industrie de la région dunkerquoise. Régulièrement, une épaisse fumée blanche est crachée vers le ciel bleu. Elle tourne au noir puis se répand en orange.
Après un café au Malouin, je tente de réserver une table à La Moule Rit (ah ah ah), restaurant recommandé par le Guide du Routard, mais c’est complet ce midi, ce soir, demain, après-demain, etc.
Je trouve un peu en retrait de la plage un restaurant de « cuisine traditionnelle » nommé Le Figaro. Il propose un menu à dix-sept euros. Une fois installé, avec vue sur la mer quand même, j’apprends que ce menu du jour peut devenir un menu à vingt-trois euros avec vin à volonté.
Comment résister ? Je choisis la pissaladière, le filet mignon aux pleurotes avec frites, une glace crème brûlée caramel beurre salé et pour vins du blanc et du rouge, en provenance du Gard et très corrects. La clientèle est constituée d’habitué(e)s d'un certain âge. Près de moi, sept vieux parlent de dans le temps. Il faut voir la serveuse, trois bouteilles sous le bras (rosé blanc rouge), remplir les verres à tout va. Le café n’est qu’à un euro quarante. Il ne suffit pas à me remettre d’aplomb. Je récupère sur un banc de la digue, observant les vacanciers des Hauts de France tout en commençant la Correspondance de Sigmund Freud.
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C’est à onze heures que déboule le peuple sur la plage de Malo, famille nombreuse avec poussette qui sert à transporter la glacière, colonie de vacances avec monitrice à porte-voix, camionnette pleine d’handicapé(e)s, etc.
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Ceux qui se cherchent par téléphone sur la digue :
-T’es où toi ? Passeque nous, on est au Cornet d’Amour ?
Aux autres :
-Ah bah, on est obligé d’aller là-bas, ses gamins sont déjà au trampoligne.
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L’usage nordiste du « S’il vous plaît », aussi troublant que le « You are welcome » d’outre Atlantique.
2 août 2018
A onze heure dix-sept, ce mercredi, j’ai place dans le petit train de la région Hauts de France (encore siglé Nord Pas de Calais) quittant Rouen en direction de Lille mais j’en dois descendre avant son terminus. Nous sommes fort peu, dont quelques cyclistes. Ce Téheuherre fait de multiples arrêts notamment en Picardie où les éoliennes ne tournent guère.
L’arrêt avant le mien est Achiet mais on prononce Achiette. Me voici à Arras (je me souviens de l’ami Bidasse). Je reste sur le quai sept pour la correspondance et, après vingt minutes d’attente, je prends garde à ne pas monter dans la partie du Tégévé qui va à Valenciennes mais dans celle qui va à Dunkerque.
Ce second train, dit à grande vitesse, est loin d’être complet et ne va pas plus vite que le précédent. Il s’arrête d’abord à Lens, où s’exhibent les terrils, puis à Béthune (je me souviens du bourreau de Béthune), à Hazebrouck, où le ciel est gris, et arrive enfin à Dunkerque, où le ciel est bleu. Quinze heures viennent de sonner.
Point de chambre à l’hôtel, c’est trop cher, et point de chambre d’hôtes, pour la même raison, j’ai eu recours à Airbnb, deux fois moins coûteux et donc dans les moyens d’un instituteur retraité. Ma logeuse a proposé de venir me chercher. Avec sa petite voiture rouge, elle m’emmène jusqu’à l’un des deux studios qu’elle loue à l’étage de sa maison située à proximité du canal de Furnes.
Mon bagage posé, je marche pendant une demi-heure pour atteindre le centre-ville. Je vois ce qu’il y a à voir : le Beffroi, l’église Saint Eloi, l’Hôtel de Ville, la moche tour cylindrique d’habitation qui lui fait pendant et la statue de Jean Bart. Un diabolo menthe s’impose que je prends au Grand Morien, un café qui tente d’être chic.
*
Cadeau de bienvenue dans le studio loué : une bière blonde du coin, la Jeanlain, brassée au village du même nom. Je la bois sans appétence.
L’arrêt avant le mien est Achiet mais on prononce Achiette. Me voici à Arras (je me souviens de l’ami Bidasse). Je reste sur le quai sept pour la correspondance et, après vingt minutes d’attente, je prends garde à ne pas monter dans la partie du Tégévé qui va à Valenciennes mais dans celle qui va à Dunkerque.
Ce second train, dit à grande vitesse, est loin d’être complet et ne va pas plus vite que le précédent. Il s’arrête d’abord à Lens, où s’exhibent les terrils, puis à Béthune (je me souviens du bourreau de Béthune), à Hazebrouck, où le ciel est gris, et arrive enfin à Dunkerque, où le ciel est bleu. Quinze heures viennent de sonner.
Point de chambre à l’hôtel, c’est trop cher, et point de chambre d’hôtes, pour la même raison, j’ai eu recours à Airbnb, deux fois moins coûteux et donc dans les moyens d’un instituteur retraité. Ma logeuse a proposé de venir me chercher. Avec sa petite voiture rouge, elle m’emmène jusqu’à l’un des deux studios qu’elle loue à l’étage de sa maison située à proximité du canal de Furnes.
Mon bagage posé, je marche pendant une demi-heure pour atteindre le centre-ville. Je vois ce qu’il y a à voir : le Beffroi, l’église Saint Eloi, l’Hôtel de Ville, la moche tour cylindrique d’habitation qui lui fait pendant et la statue de Jean Bart. Un diabolo menthe s’impose que je prends au Grand Morien, un café qui tente d’être chic.
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Cadeau de bienvenue dans le studio loué : une bière blonde du coin, la Jeanlain, brassée au village du même nom. Je la bois sans appétence.
1er août 2018
Après l’escapade de mai au Sud, escapade imminente au Nord ; dans cette optique, je mets en charge l’appareil photo que m’a donné celle qui travaille à Paris Las, la batterie reste à plat, ce qui m’était déjà arrivé lors de mon arrivée à Montpellier, raison pour laquelle un photographe proche de la place de la Comédie m’en avait vendu une neuve.
Ce lundi après-midi, j’entre dans le magasin Camara, rue du Bec, que tenait auparavant l’un de mes voisins aujourd’hui retraité. Celui qui le remplace ne m’est pas inconnu et réciproquement. Nous nous croisons souvent. Il habite pas loin et connaît également une de mes voisines.
-Ce n’était pas forcément la batterie, m’explique-t-il, cela peut venir du câble ou du boîtier qui fait transformateur ou de l’embout situé dans l’appareil.
Dans ce dernier cas, il faudra que j’achète un chargeur universel qui s’occupera de la batterie hors de l’appareil, mais avant d’en arriver là, je peux brancher le câble de l’appareil photo sur le port Hue Esse Bé de mon ordinateur, après l’avoir séparé du transformateur, et voir si la batterie se charge par ce moyen.
Je le remercie et rentre à la maison pour réaliser l’opération, songeant que son collègue de Montpellier m’a vendu une batterie alors que l’autre devait encore fonctionner.
Au bout d’une heure, la batterie est chargée.
Ce sera donc une escapade avec photos après que j’ai craint devoir m’en passer. En même temps, je ne sais pas pourquoi j’en fais. Ces photos s’accumulent dans la mémoire de mon ordinateur et je ne les regarde jamais. Il est vrai que j’en partage certaines sur le réseau social Effe Bé au risque d’intéresser ou de soûler qui les voit.
Autrefois, mes photos avaient pour unique sujet celle qui m’accompagnait, le bel endroit n’était qu’en arrière-plan. C’était l’époque où j’avais envie d’en faire.
Il y eut aussi une longue période, au temps de la jeunesse, pendant laquelle je ne me posais pas la question, je ne possédais pas d’appareil photo et n’avais aucune envie d’en acheter un.
Ce lundi après-midi, j’entre dans le magasin Camara, rue du Bec, que tenait auparavant l’un de mes voisins aujourd’hui retraité. Celui qui le remplace ne m’est pas inconnu et réciproquement. Nous nous croisons souvent. Il habite pas loin et connaît également une de mes voisines.
-Ce n’était pas forcément la batterie, m’explique-t-il, cela peut venir du câble ou du boîtier qui fait transformateur ou de l’embout situé dans l’appareil.
Dans ce dernier cas, il faudra que j’achète un chargeur universel qui s’occupera de la batterie hors de l’appareil, mais avant d’en arriver là, je peux brancher le câble de l’appareil photo sur le port Hue Esse Bé de mon ordinateur, après l’avoir séparé du transformateur, et voir si la batterie se charge par ce moyen.
Je le remercie et rentre à la maison pour réaliser l’opération, songeant que son collègue de Montpellier m’a vendu une batterie alors que l’autre devait encore fonctionner.
Au bout d’une heure, la batterie est chargée.
Ce sera donc une escapade avec photos après que j’ai craint devoir m’en passer. En même temps, je ne sais pas pourquoi j’en fais. Ces photos s’accumulent dans la mémoire de mon ordinateur et je ne les regarde jamais. Il est vrai que j’en partage certaines sur le réseau social Effe Bé au risque d’intéresser ou de soûler qui les voit.
Autrefois, mes photos avaient pour unique sujet celle qui m’accompagnait, le bel endroit n’était qu’en arrière-plan. C’était l’époque où j’avais envie d’en faire.
Il y eut aussi une longue période, au temps de la jeunesse, pendant laquelle je ne me posais pas la question, je ne possédais pas d’appareil photo et n’avais aucune envie d’en acheter un.
31 juillet 2018
Ce vendredi soir, je m’installe au jardin un peu avant dix-neuf heures afin de profiter du premier concert officiel de carillon donné à Rouen en cette fin juillet C’est le Congrès National de la Guilde des Carillonneurs de France. L’orage est également annoncé.
Pendant trois quarts d’heure, les musicien(ne)s se succèdent dans la tour Saint Romain pour un concert Danses et chansons. Encore une fois, je me réjouis d’habiter aussi près de la Cathédrale. J’entends même les applaudissements. Un jour mon prince viendra, le dernier morceau, retentit au moment précis où rentre du labeur le voisin du quatrième. La jolie brune qui partage depuis peu son appartement l’attendait.
Le ciel est de plus en plus menaçant. Je reste néanmoins dehors, poursuivant la lecture de la Correspondance de Maria Casarès et Albert Camus. Peut-on prévoir à quel instant tombera la première goutte ? Non, elle tombe précisément au moment où on ne s’y attend pas.
*
Deux autres concerts officiels suivent : le samedi à la même heure A quatre mains, puis le dimanche après la messe Relectures. En bonus sont donnés des concerts non annoncés.
Ce ouiquennede, les allergiques auront eu de bonnes raisons de chanter Maudit sois-tu carillonneur.
*
Rue Eau-de-Robec, fonçant sur son vélo, un homme à cheveux blancs, au moins quinquagénaire, employé par une entreprise de livraison de repas. Cet asservissement n’est donc pas réservé à la jeunesse.
*
« Et l’euphorie de la Coupe du Monde, retombée? » me demande l’ami de Stockholm. Complètement, lui réponds-je, et rapidement, deux jours après plus personne n’en parlait, c'est comme une maladie tropicale avec une éruption de fièvre puis une longue période de latence jusqu'à la prochaine fois. Jean-Marie Brohm et Marc Perelman ont bien raison de qualifier le foute de « peste émotionnelle ».
Pendant trois quarts d’heure, les musicien(ne)s se succèdent dans la tour Saint Romain pour un concert Danses et chansons. Encore une fois, je me réjouis d’habiter aussi près de la Cathédrale. J’entends même les applaudissements. Un jour mon prince viendra, le dernier morceau, retentit au moment précis où rentre du labeur le voisin du quatrième. La jolie brune qui partage depuis peu son appartement l’attendait.
Le ciel est de plus en plus menaçant. Je reste néanmoins dehors, poursuivant la lecture de la Correspondance de Maria Casarès et Albert Camus. Peut-on prévoir à quel instant tombera la première goutte ? Non, elle tombe précisément au moment où on ne s’y attend pas.
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Deux autres concerts officiels suivent : le samedi à la même heure A quatre mains, puis le dimanche après la messe Relectures. En bonus sont donnés des concerts non annoncés.
Ce ouiquennede, les allergiques auront eu de bonnes raisons de chanter Maudit sois-tu carillonneur.
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Rue Eau-de-Robec, fonçant sur son vélo, un homme à cheveux blancs, au moins quinquagénaire, employé par une entreprise de livraison de repas. Cet asservissement n’est donc pas réservé à la jeunesse.
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« Et l’euphorie de la Coupe du Monde, retombée? » me demande l’ami de Stockholm. Complètement, lui réponds-je, et rapidement, deux jours après plus personne n’en parlait, c'est comme une maladie tropicale avec une éruption de fièvre puis une longue période de latence jusqu'à la prochaine fois. Jean-Marie Brohm et Marc Perelman ont bien raison de qualifier le foute de « peste émotionnelle ».
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