Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 juillet 2024
Une bonne nuit, malgré la journée de mercredi, et au lever, l’idée que ce serait quand même mieux de mourir d’une crise cardiaque avant novembre. Ce jeudi, direction Paris, ça me changera les idées (comme disent certains).
Voiture Quatre, dans le train de sept heures vingt-trois, je laisse ma place à une femme pour qu’elle soit à côté de son fils et en trouve une autre près d’une jeune femme qui sait voyager sans écouteurs dans les oreilles et sans être toujours fourrée dans son Smartphone. Je lis Le Partisan, des poèmes autobiographiques d’Yves Martin. Le ciel est bleu à tribord et gris à bâbord. A l’arrivée dans la capitale, c’est un compromis entre les deux.
Je retrouve avec plaisir un bus Vingt-Neuf, mais celui-ci a du mal à se sortir des embouteillages. « Je dévie la rue de la Banque, c’est bloqué », nous dit le chauffeur, puis un problème à Beaumarchais nous fait arriver de l’autre côté de la place de la Bastille.
Cette perte de temps m’est préjudiciable. Je décide de supprimer mon passage au Marché d’Aligre et prends la rue Ledru-Rollin jusqu’à son carrefour avec le boulevard Voltaire. Près de ce carrefour, je bois un café à un euro trente au comptoir de Chez Justin. L’endroit est agréable et propose un menu du jour mais à midi je ne peux être dans le quartier.
A dix heures, j’entre chez Re-Read, la première boutique en France de la chaîne espagnole de livres de seconde main, laquelle se qualifie elle-même de « lowcost », que l’on peut comparer à la chaîne du Bibliovore. C’est ouvert depuis moins d’un mois. On y achète les livres vingt-cinq centimes. On les vend quatre euros l’un, sept euros les deux, dix euros les trois.
J’y suis accueilli par une fort jolie fille à qui je laisse mon sac. C’est lumineux, paisible et ordonné. Je suis le seul client pendant au moins une demi-heure. J’explore tous les rayonnages, dédaignant Guerre de Louis-Ferdinand Céline car il est un peu sale et trouvable ailleurs à moindre prix, mais ne laissant pas passer Œuvres érotiques de Baffo dans l’édition grand format de chez Zulma. Cela m’aurait ennuyé pour ma première visite chez Re-Read de repartir bredouille.
De là, je vais à pied jusqu’au Book-Off de Ledru-Rollin où parmi les livres à un euro, j’achète Dictionnaire des postures amoureuses de Jacques Cotin (Picquier poche), Bonheurs d’Olivier Larizza de Jean-Paul Klée (Editions des Vanneaux) et Souvenirs littéraires de Léon Daudet (Les Cahiers Rouges/Grasset), ce dernier déjà eu et revendu à tort.
Ressorti, j’achète à l’homme du métro une deuxième carte Easy Navigo chargée à bloc (trente voyages) pour échapper, après le dix-neuf juillet, au ticket à prix olympique.
Le métro me conduit à la place Sainte-Opportune. Pour la première fois, je déjeune à la terrasse du Diable des Lombards. Sous un soleil un peu trop chaud, je fais suivre ma brochette de bœuf frites salade d’une tarte Tatin. Il y a du monde et assez vite plus de brochette de bœuf.
Un peu après quatorze heures, je descends le rude escalier qui mène au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin et m’alourdis de trois gros livres à un euro Correspondance de Mme de Pompery avec son cousin de Kergus suivie des lettres du Soissonnais (Editions du Layeur), Les pierres qui montent (Notes et croquis de l’année 2008) d’Hédi Kaddour (Gallimard) et Lettres de Marie Curie à ses filles (Pygmalion), ce dernier faisant partiellement doublon avec celui acheté la semaine dernière à la vente du Secours Pop.
Pour des raisons tarifaires, je dois rentrer plus tôt qu’habituellement à Rouen. Aussi, je ne peux passer au troisième Book-Off, ce qui n’est pas forcément un mal.
*
« Un nouvel horizon
avec Raymond »
(Affiche d’un petit candidat aux Législatives, plus jeune que son prénom)
Cela me rappelle « Le renouveau c’est Bruno ».
Voiture Quatre, dans le train de sept heures vingt-trois, je laisse ma place à une femme pour qu’elle soit à côté de son fils et en trouve une autre près d’une jeune femme qui sait voyager sans écouteurs dans les oreilles et sans être toujours fourrée dans son Smartphone. Je lis Le Partisan, des poèmes autobiographiques d’Yves Martin. Le ciel est bleu à tribord et gris à bâbord. A l’arrivée dans la capitale, c’est un compromis entre les deux.
Je retrouve avec plaisir un bus Vingt-Neuf, mais celui-ci a du mal à se sortir des embouteillages. « Je dévie la rue de la Banque, c’est bloqué », nous dit le chauffeur, puis un problème à Beaumarchais nous fait arriver de l’autre côté de la place de la Bastille.
Cette perte de temps m’est préjudiciable. Je décide de supprimer mon passage au Marché d’Aligre et prends la rue Ledru-Rollin jusqu’à son carrefour avec le boulevard Voltaire. Près de ce carrefour, je bois un café à un euro trente au comptoir de Chez Justin. L’endroit est agréable et propose un menu du jour mais à midi je ne peux être dans le quartier.
A dix heures, j’entre chez Re-Read, la première boutique en France de la chaîne espagnole de livres de seconde main, laquelle se qualifie elle-même de « lowcost », que l’on peut comparer à la chaîne du Bibliovore. C’est ouvert depuis moins d’un mois. On y achète les livres vingt-cinq centimes. On les vend quatre euros l’un, sept euros les deux, dix euros les trois.
J’y suis accueilli par une fort jolie fille à qui je laisse mon sac. C’est lumineux, paisible et ordonné. Je suis le seul client pendant au moins une demi-heure. J’explore tous les rayonnages, dédaignant Guerre de Louis-Ferdinand Céline car il est un peu sale et trouvable ailleurs à moindre prix, mais ne laissant pas passer Œuvres érotiques de Baffo dans l’édition grand format de chez Zulma. Cela m’aurait ennuyé pour ma première visite chez Re-Read de repartir bredouille.
De là, je vais à pied jusqu’au Book-Off de Ledru-Rollin où parmi les livres à un euro, j’achète Dictionnaire des postures amoureuses de Jacques Cotin (Picquier poche), Bonheurs d’Olivier Larizza de Jean-Paul Klée (Editions des Vanneaux) et Souvenirs littéraires de Léon Daudet (Les Cahiers Rouges/Grasset), ce dernier déjà eu et revendu à tort.
Ressorti, j’achète à l’homme du métro une deuxième carte Easy Navigo chargée à bloc (trente voyages) pour échapper, après le dix-neuf juillet, au ticket à prix olympique.
Le métro me conduit à la place Sainte-Opportune. Pour la première fois, je déjeune à la terrasse du Diable des Lombards. Sous un soleil un peu trop chaud, je fais suivre ma brochette de bœuf frites salade d’une tarte Tatin. Il y a du monde et assez vite plus de brochette de bœuf.
Un peu après quatorze heures, je descends le rude escalier qui mène au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin et m’alourdis de trois gros livres à un euro Correspondance de Mme de Pompery avec son cousin de Kergus suivie des lettres du Soissonnais (Editions du Layeur), Les pierres qui montent (Notes et croquis de l’année 2008) d’Hédi Kaddour (Gallimard) et Lettres de Marie Curie à ses filles (Pygmalion), ce dernier faisant partiellement doublon avec celui acheté la semaine dernière à la vente du Secours Pop.
Pour des raisons tarifaires, je dois rentrer plus tôt qu’habituellement à Rouen. Aussi, je ne peux passer au troisième Book-Off, ce qui n’est pas forcément un mal.
*
« Un nouvel horizon
avec Raymond »
(Affiche d’un petit candidat aux Législatives, plus jeune que son prénom)
Cela me rappelle « Le renouveau c’est Bruno ».
5 juillet 2024
Quand j’ai sollicité par mail un rendez-vous à l’usine ophtalmologique, j’ai précisé à la secrétaire, n’importe quel jour sauf un mercredi. Moyennant quoi, elle m’a donné le mercredi trois juillet à quinze heures trente. Devant la difficulté d’en obtenir un, je lui ai répondu d’accord et ai annulé mon billet de train pour Paris puis à la Gare de Lorient j’en ai pris un autre pour le jeudi quatre.
Ce mercredi matin, apprenant que la circulation ferroviaire est grandement perturbée par la panne d’un train vers Malaunay, je ne regrette pas ce changement de programme.
Cependant, c’est sans entrain, qu’après un café lecture au Son du Cor, je me dirige pédestrement vers la Clinique Mathilde.
Comme d’habitude, je n’attends guère avant d’être appelé par l’orthoptiste qui me fait les examens habituels, puis je vois le boss à qui je dis que je ne suis plus opposé à l’opération rendue nécessaire par ma cataracte et mon glaucome. Il me dit qu’en plus il atténuera grandement ma myopie. Je lui dis que je voudrais que ce soit en novembre. J’ajoute que j’aurais besoin d’une date pour me préparer psychologiquement. Bien que ce soit un peu loin, il se débrouille avec la secrétaire pour fixer deux dates, une par œil, puis il disparaît sans me dire au revoir.
La secrétaire me donne quelques papiers, dont une ordonnance pour le traitement postopératoire, puis elle m’envoie au bureau d’une autre secrétaire.
Cette deuxième secrétaire téléphone à l’anesthésiste pour fixer un rendez-vous précédant la première opération. Elle m’explique un peu et me donne un tas de papiers. « Ça fait beaucoup d’informations d’un seul coup, me dit-elle, mais ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer ».
Il n’empêche que je sors de l’usine ophtalmologique encore plus inquiet que j’y suis entré.
Ce mercredi matin, apprenant que la circulation ferroviaire est grandement perturbée par la panne d’un train vers Malaunay, je ne regrette pas ce changement de programme.
Cependant, c’est sans entrain, qu’après un café lecture au Son du Cor, je me dirige pédestrement vers la Clinique Mathilde.
Comme d’habitude, je n’attends guère avant d’être appelé par l’orthoptiste qui me fait les examens habituels, puis je vois le boss à qui je dis que je ne suis plus opposé à l’opération rendue nécessaire par ma cataracte et mon glaucome. Il me dit qu’en plus il atténuera grandement ma myopie. Je lui dis que je voudrais que ce soit en novembre. J’ajoute que j’aurais besoin d’une date pour me préparer psychologiquement. Bien que ce soit un peu loin, il se débrouille avec la secrétaire pour fixer deux dates, une par œil, puis il disparaît sans me dire au revoir.
La secrétaire me donne quelques papiers, dont une ordonnance pour le traitement postopératoire, puis elle m’envoie au bureau d’une autre secrétaire.
Cette deuxième secrétaire téléphone à l’anesthésiste pour fixer un rendez-vous précédant la première opération. Elle m’explique un peu et me donne un tas de papiers. « Ça fait beaucoup d’informations d’un seul coup, me dit-elle, mais ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer ».
Il n’empêche que je sors de l’usine ophtalmologique encore plus inquiet que j’y suis entré.
3 juillet 2024
Cette course à travers la France de la flamme nazie, dite flamme olympique, laquelle était omniprésente sur les affiches du père Le Pen et l’est de façon discrète et stylisée sur celles de la fille Le Pen et de Bardella, c’est comme un message subliminal appelant à voter Parti de la Flamme.
Elle s’approche de Rouen. Elle y sera vendredi matin. Deuxième fois qu’il me faudra l’éviter. Son passage à Lorient était occasion de tintouin, des affiches partout, des olympiades locales et un bal le soir. Ici, que dalle. Il semble que la Municipalité ait la flamme honteuse. D’ailleurs, elle sera plus longtemps rive gauche. Chez les pauvres. Faut bien les amuser un peu.
Rive droite, cette procession du Saint-Sacrement passera devant la Cathédrale, rue du Gros, rue de la Jeanne, rue du Canuet et aboutira à la Mairie. Au moins ici n’a-t-on pas, ce qui fut le cas à Lorient, embrigadé les enfants des écoles par milliers pour l’accueillir.
*
Courir, rue du Gros, est la seule boutique rouennaise où l’on a cru à des émeutes le soir du premier tour. Ce lundi matin, des ouvriers cassent les plaques de contreplaqué mises pour protéger les vitrines.
Le Crédit Lyonnais de la rue des Carmes, lui, a caché son distributeur de billets derrière du contreplaqué et ne l’a pas fait enlever par peur de ce qui pourrait se passer le soir du second tour. Face au Son du Cor, sur le mur en pierre, là où exerçait la jolie orthophoniste, un esprit faible a peint : « Le 07 : on vote Molotov ».
Il est pourtant clair maintenant que le Parti de la Flamme n’aura pas la majorité absolue.
*
Pas besoin de lire longtemps avant de trouver un Point Rouen dans la Correspondance de Gustave Courbet. Au printemps mil huit cent quarante et un, âgé de vingt et un an, accompagné de son ami Urbain Cuenot, il voyage en Normandie et passe par Rouen ainsi qu’il le raconte à ses parents : Nous avons traversé la Normandie, pays charmant, tant pour la richesse de la végétation que pour ses sites pittoresques et ses monuments gothiques qui peuvent être comparés à tout ce qu’il y a de mieux en ce genre. Rouen en est la ville la plus riche de France. Nous y sommes restés deux jours et n’avons eu que le temps de les visiter bien imparfaitement.
*
Dans les lettres du jeune Courbet, « nous deux ma sœur » « nous deux Adolphe » pour ma sœur et moi, Adolphe et moi. J’aime beaucoup cette tournure.
Elle s’approche de Rouen. Elle y sera vendredi matin. Deuxième fois qu’il me faudra l’éviter. Son passage à Lorient était occasion de tintouin, des affiches partout, des olympiades locales et un bal le soir. Ici, que dalle. Il semble que la Municipalité ait la flamme honteuse. D’ailleurs, elle sera plus longtemps rive gauche. Chez les pauvres. Faut bien les amuser un peu.
Rive droite, cette procession du Saint-Sacrement passera devant la Cathédrale, rue du Gros, rue de la Jeanne, rue du Canuet et aboutira à la Mairie. Au moins ici n’a-t-on pas, ce qui fut le cas à Lorient, embrigadé les enfants des écoles par milliers pour l’accueillir.
*
Courir, rue du Gros, est la seule boutique rouennaise où l’on a cru à des émeutes le soir du premier tour. Ce lundi matin, des ouvriers cassent les plaques de contreplaqué mises pour protéger les vitrines.
Le Crédit Lyonnais de la rue des Carmes, lui, a caché son distributeur de billets derrière du contreplaqué et ne l’a pas fait enlever par peur de ce qui pourrait se passer le soir du second tour. Face au Son du Cor, sur le mur en pierre, là où exerçait la jolie orthophoniste, un esprit faible a peint : « Le 07 : on vote Molotov ».
Il est pourtant clair maintenant que le Parti de la Flamme n’aura pas la majorité absolue.
*
Pas besoin de lire longtemps avant de trouver un Point Rouen dans la Correspondance de Gustave Courbet. Au printemps mil huit cent quarante et un, âgé de vingt et un an, accompagné de son ami Urbain Cuenot, il voyage en Normandie et passe par Rouen ainsi qu’il le raconte à ses parents : Nous avons traversé la Normandie, pays charmant, tant pour la richesse de la végétation que pour ses sites pittoresques et ses monuments gothiques qui peuvent être comparés à tout ce qu’il y a de mieux en ce genre. Rouen en est la ville la plus riche de France. Nous y sommes restés deux jours et n’avons eu que le temps de les visiter bien imparfaitement.
*
Dans les lettres du jeune Courbet, « nous deux ma sœur » « nous deux Adolphe » pour ma sœur et moi, Adolphe et moi. J’aime beaucoup cette tournure.
2 juillet 2024
Le Sacre n’ouvre que l’après-midi le dimanche. Je m’y pointe à quatorze heures. Il n’y a personne, à part la serveuse. Je lui demande si c’est bien ouvert.
« Oui, me dit-elle, mais le dimanche on ne sert pas de café. » « Ah bon ! Ce n’était pas comme ça avant. » « C’est l’été, on ne sert pas de café le dimanche sinon il y a des gens qui en prennent un et qui restent longtemps, ce n’est pas rentable pour nous, ça empêche d’autres de consommer. » « Quand j’ai bu un café, que je suis là depuis longtemps et que plus aucune table n’est libre, je m’en vais. » « Vous oui, mais pas les autres. »
Que dire de plus ? Je la laisse dans son café désert et trouve un accueil plus favorable au Rollon qui pourtant n’a que sept tables à l’extérieur. Hélas, ce n’est pas un endroit où j’ai envie de m’attarder pour lire. Rouen est une ville qui fait toujours de son mieux pour me décevoir.
*
Auparavant, à onze heures, ce dernier dimanche de juin, je fais l’ouverture du Son du Cor, comme d’autres, ainsi ma nouvelle voisine, une habituée. Et un que je n’avais jamais vu ici, celui qu’in petto j’appelais la groupie du bouquiniste. Il est avec deux peutes à lui et imbibé autant qu’eux. Tous trois commandent une pinte. Je commence la lecture de la Correspondance de Gustave Courbet en buvant un café, c’est encore permis ici.
« Oui, me dit-elle, mais le dimanche on ne sert pas de café. » « Ah bon ! Ce n’était pas comme ça avant. » « C’est l’été, on ne sert pas de café le dimanche sinon il y a des gens qui en prennent un et qui restent longtemps, ce n’est pas rentable pour nous, ça empêche d’autres de consommer. » « Quand j’ai bu un café, que je suis là depuis longtemps et que plus aucune table n’est libre, je m’en vais. » « Vous oui, mais pas les autres. »
Que dire de plus ? Je la laisse dans son café désert et trouve un accueil plus favorable au Rollon qui pourtant n’a que sept tables à l’extérieur. Hélas, ce n’est pas un endroit où j’ai envie de m’attarder pour lire. Rouen est une ville qui fait toujours de son mieux pour me décevoir.
*
Auparavant, à onze heures, ce dernier dimanche de juin, je fais l’ouverture du Son du Cor, comme d’autres, ainsi ma nouvelle voisine, une habituée. Et un que je n’avais jamais vu ici, celui qu’in petto j’appelais la groupie du bouquiniste. Il est avec deux peutes à lui et imbibé autant qu’eux. Tous trois commandent une pinte. Je commence la lecture de la Correspondance de Gustave Courbet en buvant un café, c’est encore permis ici.
1er juillet 2024
J’attends qu’il soit huit heures et quart ce dimanche pour aller voter au Lycée Camille Saint-Saëns. A l’entrée de la cour, une Policière Municipale souriante me salue puis un homme tout aussi souriant fait de même à l’entrée de la salle de vote. Pour un peu, je me croirais à Lorient.
Etonnamment, il n’y a que deux ou trois votants dans cette salle qui groupe deux bureaux. Une femme vérifie ma carte d’identité et ma carte d’électeur puis me donne la petite enveloppe bleue. Sur la table sont disposés davantage des bulletins de vote que je n’en ai reçu par courrier. L’un est bizarrement plus grand que les autres. Certains sont colorés.
Je prends les trois colorés. J’entre dans l’isoloir. Je mets dans l’enveloppe celui de la candidate Nouveau Front Populaire, Florence Hérouin-Léautey. Je m’approche de l’urne. Une assesseure prend mes papiers et annonce mon numéro. Une deuxième me cherche dans le grand cahier et annonce mon nom. Je glisse mon bulletin dans l’urne. « A voté. », dit la troisième. Je veux récupérer mes papiers mais l’homme souriant me rappelle que je dois signer d’abord. Ainsi fais-je.
*
Ce n’est pas que j’avais particulièrement envie de voter pour le Parti Socialiste, mais il faut faire avec ce qu’on a et ça m’a permis de voter contre Le Pen et Bardella, contre Macron et ses cloportes et contre Mélenchon et ses sous-fifres.
Etonnamment, il n’y a que deux ou trois votants dans cette salle qui groupe deux bureaux. Une femme vérifie ma carte d’identité et ma carte d’électeur puis me donne la petite enveloppe bleue. Sur la table sont disposés davantage des bulletins de vote que je n’en ai reçu par courrier. L’un est bizarrement plus grand que les autres. Certains sont colorés.
Je prends les trois colorés. J’entre dans l’isoloir. Je mets dans l’enveloppe celui de la candidate Nouveau Front Populaire, Florence Hérouin-Léautey. Je m’approche de l’urne. Une assesseure prend mes papiers et annonce mon numéro. Une deuxième me cherche dans le grand cahier et annonce mon nom. Je glisse mon bulletin dans l’urne. « A voté. », dit la troisième. Je veux récupérer mes papiers mais l’homme souriant me rappelle que je dois signer d’abord. Ainsi fais-je.
*
Ce n’est pas que j’avais particulièrement envie de voter pour le Parti Socialiste, mais il faut faire avec ce qu’on a et ça m’a permis de voter contre Le Pen et Bardella, contre Macron et ses cloportes et contre Mélenchon et ses sous-fifres.
30 juin 2024
Comme sa dernière réunion publique d’avant premier tour des Législatives a lieu ce vendredi à deux cents mètres de chez moi sur le parvis de la Cathédrale de Rouen, je me dis qu’il faut que j’aille le voir et l’ouïr, Raphaël Glucksmann.
C’est annoncé à dix-huit heures trente. Je n’ai pas envie d’écouter avant lui Florence Hérouin-Léautey, la future Députée de la première circonscription de Seine-Maritime, ni son suppléant Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen. Je lis donc au jardin, entendant au loin les applaudissements, puis vers dix-neuf heures quinze, je sors en passant par le porche sous lequel un(e) voisin(e) bien inspiré(e) a laissé en évidence sur une poubelle vide, déchirée en quatre morceaux, la profession de foi (comme on dit) de Bardella.
Glucksmann a commencé à parler lorsque j’arrive sur le parvis où sont assemblées quelques centaines de personnes dont pas mal de jeunes. Il est perché sur une scène de concert dotée d’imposantes enceintes. Il développe les idées qui lui sont chères et avec lesquelles je suis souvent d’accord, ce pourquoi j’ai voté pour lui aux Européennes.
Sous un ciel tout bleu, il déplore la situation actuelle, ce qui se passera si le Rassemblement National a la majorité absolue, il fustige Macron pour sa décision insensée de provoquer cette élection anticipée, il évoque le Nouveau Front Populaire « Je ne pratique jamais la langue de bois, donc ce que je peux vous dire, ce n’est pas un mariage d’amour », il encourage chacun(e) à convaincre son entourage à ne pas voter Extrême-Droite (dans cette circonscription, ça ne peut avoir aucune incidence sur le résultat du vote car le candidat de Le Pen et Bardella n’a aucune chance), enfin il donne rendez-vous pour la suite et cite Hölderlin Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. (ce qui est d’un optimisme qui n’est pas le mien).
Contrairement à tous les autres qui sont des politiciens, lui est un homme politique, me dis-je en applaudissant avec tout le monde. Il les aura contre lui ces politiciens, et les anti-Parisiens, et les anti-intellos, et les antisémites.
Il y a ensuite La Marseillaise et Bella Ciao que j’entends de loin rue Saint-Romain en rentrant à la maison.
*
Ce samedi matin, je prends un bus Teor blindé (car ce jour c’est gratuit) pour rejoindre le Centre Commercial des Docks où à dix heures c’est le début du deuxième jour de la vente de livres d’occasion du Secours Populaire.
Restera-t-il des livres pour moi ? me demandé-je en arrivant juste au moment où l’un des bénévoles enlève le cordon qui empêchait d’approcher avant l’heure. J’ai vite la réponse car parmi les livres d’art, je trouve à quatre euros l’énorme Correspondance de Gustave Courbet (Flammarion) puis parmi les livres à deux euros Correspondance de Marie et Irène Curie (Les Editeurs Français Réunis), Journal de Trêve de Frédéric Berthet (Gallimard), Voyages de Paul Morand (Bouquins/Laffont) et Les Rumeurs de Babel d’Yvon Le Men (Editions Dialogues), enfin dans les poches à un euro Boroboudour (Voyage à Bali, Java et autres îles) de Roger Vailland chez Kailash Editions qui publie des livres en français à Pondichéry.
Je ne m’attendais pas à une aussi bonne récolte. Je la répartis dans deux sacs en plastique qu’il me faut protéger de la masse des voyageurs du Téor au retour.
Rouen est la seule ville où je déteste prendre les transports en commun.
C’est annoncé à dix-huit heures trente. Je n’ai pas envie d’écouter avant lui Florence Hérouin-Léautey, la future Députée de la première circonscription de Seine-Maritime, ni son suppléant Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen. Je lis donc au jardin, entendant au loin les applaudissements, puis vers dix-neuf heures quinze, je sors en passant par le porche sous lequel un(e) voisin(e) bien inspiré(e) a laissé en évidence sur une poubelle vide, déchirée en quatre morceaux, la profession de foi (comme on dit) de Bardella.
Glucksmann a commencé à parler lorsque j’arrive sur le parvis où sont assemblées quelques centaines de personnes dont pas mal de jeunes. Il est perché sur une scène de concert dotée d’imposantes enceintes. Il développe les idées qui lui sont chères et avec lesquelles je suis souvent d’accord, ce pourquoi j’ai voté pour lui aux Européennes.
Sous un ciel tout bleu, il déplore la situation actuelle, ce qui se passera si le Rassemblement National a la majorité absolue, il fustige Macron pour sa décision insensée de provoquer cette élection anticipée, il évoque le Nouveau Front Populaire « Je ne pratique jamais la langue de bois, donc ce que je peux vous dire, ce n’est pas un mariage d’amour », il encourage chacun(e) à convaincre son entourage à ne pas voter Extrême-Droite (dans cette circonscription, ça ne peut avoir aucune incidence sur le résultat du vote car le candidat de Le Pen et Bardella n’a aucune chance), enfin il donne rendez-vous pour la suite et cite Hölderlin Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. (ce qui est d’un optimisme qui n’est pas le mien).
Contrairement à tous les autres qui sont des politiciens, lui est un homme politique, me dis-je en applaudissant avec tout le monde. Il les aura contre lui ces politiciens, et les anti-Parisiens, et les anti-intellos, et les antisémites.
Il y a ensuite La Marseillaise et Bella Ciao que j’entends de loin rue Saint-Romain en rentrant à la maison.
*
Ce samedi matin, je prends un bus Teor blindé (car ce jour c’est gratuit) pour rejoindre le Centre Commercial des Docks où à dix heures c’est le début du deuxième jour de la vente de livres d’occasion du Secours Populaire.
Restera-t-il des livres pour moi ? me demandé-je en arrivant juste au moment où l’un des bénévoles enlève le cordon qui empêchait d’approcher avant l’heure. J’ai vite la réponse car parmi les livres d’art, je trouve à quatre euros l’énorme Correspondance de Gustave Courbet (Flammarion) puis parmi les livres à deux euros Correspondance de Marie et Irène Curie (Les Editeurs Français Réunis), Journal de Trêve de Frédéric Berthet (Gallimard), Voyages de Paul Morand (Bouquins/Laffont) et Les Rumeurs de Babel d’Yvon Le Men (Editions Dialogues), enfin dans les poches à un euro Boroboudour (Voyage à Bali, Java et autres îles) de Roger Vailland chez Kailash Editions qui publie des livres en français à Pondichéry.
Je ne m’attendais pas à une aussi bonne récolte. Je la répartis dans deux sacs en plastique qu’il me faut protéger de la masse des voyageurs du Téor au retour.
Rouen est la seule ville où je déteste prendre les transports en commun.
29 juin 2024
Toujours la même faune au marché de la drouille le vendredi matin au Clos Saint-Marc, des quidams qui n’apparaissent qu’à cette occasion, souvent aussi décatis que la marchandise qu’ils regardent, passant de brocante en brocante sans vraiment s’intéresser à ce qu’ils voient. Ils encombrent les allées et je dois me contenir pour ne pas faire des réflexions à qui me gêne.
Dans un coin un conglomérat, c’est l’ancien conseiller municipal lepéniste de Rouen entouré de sa cour. Il est candidat aux Législatives ailleurs qu’à Rouen. Son élection n’est pas exclue. Il a une belle tête de vainqueur. C’est lui que j’ai vu un dimanche matin dans un vide grenier acheter un livre intitulé Les armes blanches du IIIe Reich.
Des livres, il y en a peu, des vieux, des abîmés, des sans intérêt. C’est dans l’espoir d’en trouver un échappant à ces catégories que je suis là, espoir déçu une fois de plus.
*
Le Sacre pour un premier café d’été rouennais, à une table au soleil face à la défunte bouquinerie Le Rêve de l’Escalier. Elle aussi est de plus en plus décatie, peinture délavée, graffitis sur la porte, affiches sur la vitrine, poubelle devant. Je commence ici la lecture de Chroniques parisiennes d’Alfonso Reyes.
Dans un coin un conglomérat, c’est l’ancien conseiller municipal lepéniste de Rouen entouré de sa cour. Il est candidat aux Législatives ailleurs qu’à Rouen. Son élection n’est pas exclue. Il a une belle tête de vainqueur. C’est lui que j’ai vu un dimanche matin dans un vide grenier acheter un livre intitulé Les armes blanches du IIIe Reich.
Des livres, il y en a peu, des vieux, des abîmés, des sans intérêt. C’est dans l’espoir d’en trouver un échappant à ces catégories que je suis là, espoir déçu une fois de plus.
*
Le Sacre pour un premier café d’été rouennais, à une table au soleil face à la défunte bouquinerie Le Rêve de l’Escalier. Elle aussi est de plus en plus décatie, peinture délavée, graffitis sur la porte, affiches sur la vitrine, poubelle devant. Je commence ici la lecture de Chroniques parisiennes d’Alfonso Reyes.
28 juin 2024
C’est à pied sous un ciel mitigé que je rejoins ce jeudi matin la Gare de Lorient après avoir laissé la clé de mon studio Air Bibi dans sa boîte, un studio où j’aurai passé de bonnes nuits en plein centre de la ville, malgré le canapé-lit grinçant, pour la somme raisonnable de trente-trois euros chacune.
Il semble y avoir du monde sur le quai à l’arrivée du Tégévé de sept heures une pour Paris Montparnasse mais nous ne sommes que quatre passagers dans la voiture Six où je mange des tartelettes « goût framboise » en guise de petit déjeuner.
Il fait gris à Vannes où en descendent deux. Il en monte d’autres, avec peu de bagages qui n’iront pas plus loin que Rennes où les attend une journée de travail. Je reconnais Guingamp où l’on ne s’arrête pas, je manque m’endormir plusieurs fois et on arrive à Rennes (dix minutes d’arrêt). Il y fait gris aussi.
Je reste sans voisinage et nous filons à fond jusqu’à la capitale. Vlad est notre chef de bord, un prénom qui donne à penser, il ne contrôle pas les billets. Quelque part, le soleil fait son apparition. On arrive à dix heures dix.
Un trajet assis dans une rame grinçante du métro Treize et me voici à Saint-Lazare. Je vais voir si le kebab que je fréquentais parfois le soir rue d’Amsterdam quand j’étais bien accompagné est toujours là. Il l’est. Le kebabier peut m’en faire un à dix heures quarante-cinq pour huit euros cinquante, avec frites, prix parisien, bien chargé il est vrai. C’est un homme serviable qui me voyant encombré d’une valise et d’un sac à dos me le monte à l’étage où il fait une chaleur éprouvante, à quoi s’ajoute la nuisance d’un match de foute rediffusé.
Faute de mieux, je vais boire un café dans la même rue au comptoir de L’Atlantique, un nom qui me rappelle d’où je viens, mais ce n’est pas la même ambiance, le personnel est déplaisant au possible, conforme à ce qu’on dit des Parisiens (et qui n’est pas souvent vrai).
Je ne m’attarde pas, préférant attendre à la Gare qu’il soit l’heure du douze heure trente-neuf pour Rouen. J’y choisis une place non réservée dans la voiture Cinq afin de pouvoir garder mes bagages avec moi. Nous partons à l’heure sous un ciel un peu orageux. Sans que cela soit annoncé nous passons par l’itinéraire bis, le petit chemin bucolique, comme l’appellent les abonnés qui ne l’aiment pas, car il est source de retard. La cheffe de bord me dit que si elle ne l’a pas annoncé, c’est qu’on sera à l’heure prévue en Gare de Rouen, il n’y a aucun train devant nous. Effectivement, nous arrivons à quatorze heures une comme prévu. Je retrouve sous un ciel bleu la ville dont les habitants sont toujours en train de courir les boutiques, ce jeudi c’est pour les soldes.
Quand je défais mes bagages, j’ai la surprise de découvrir une des poches de mon sac à dos ouverte. Le Routard Bretagne Sud qui s’y trouvait a disparu, volé. Ce ne peut pas être dans le métro, je l’ai gardé sur mes genoux. Ce doit être dans le train normand, à l’arrivée où j’étais debout dans le couloir avec quelqu'un derrière mon dos. Heureusement que c’est cette poche qui a été ouverte et pas celle où étaient mes ordonnances pour les médicaments qui me sont indispensables. C’est la première fois que je me fais voler quelque chose pendant un voyage.
Autre désagrément du retour, « pas de signal » me signale mon téléviseur branché sur la Télévision Numérique Terrestre.
Il faudrait pouvoir ne jamais rentrer.
Il semble y avoir du monde sur le quai à l’arrivée du Tégévé de sept heures une pour Paris Montparnasse mais nous ne sommes que quatre passagers dans la voiture Six où je mange des tartelettes « goût framboise » en guise de petit déjeuner.
Il fait gris à Vannes où en descendent deux. Il en monte d’autres, avec peu de bagages qui n’iront pas plus loin que Rennes où les attend une journée de travail. Je reconnais Guingamp où l’on ne s’arrête pas, je manque m’endormir plusieurs fois et on arrive à Rennes (dix minutes d’arrêt). Il y fait gris aussi.
Je reste sans voisinage et nous filons à fond jusqu’à la capitale. Vlad est notre chef de bord, un prénom qui donne à penser, il ne contrôle pas les billets. Quelque part, le soleil fait son apparition. On arrive à dix heures dix.
Un trajet assis dans une rame grinçante du métro Treize et me voici à Saint-Lazare. Je vais voir si le kebab que je fréquentais parfois le soir rue d’Amsterdam quand j’étais bien accompagné est toujours là. Il l’est. Le kebabier peut m’en faire un à dix heures quarante-cinq pour huit euros cinquante, avec frites, prix parisien, bien chargé il est vrai. C’est un homme serviable qui me voyant encombré d’une valise et d’un sac à dos me le monte à l’étage où il fait une chaleur éprouvante, à quoi s’ajoute la nuisance d’un match de foute rediffusé.
Faute de mieux, je vais boire un café dans la même rue au comptoir de L’Atlantique, un nom qui me rappelle d’où je viens, mais ce n’est pas la même ambiance, le personnel est déplaisant au possible, conforme à ce qu’on dit des Parisiens (et qui n’est pas souvent vrai).
Je ne m’attarde pas, préférant attendre à la Gare qu’il soit l’heure du douze heure trente-neuf pour Rouen. J’y choisis une place non réservée dans la voiture Cinq afin de pouvoir garder mes bagages avec moi. Nous partons à l’heure sous un ciel un peu orageux. Sans que cela soit annoncé nous passons par l’itinéraire bis, le petit chemin bucolique, comme l’appellent les abonnés qui ne l’aiment pas, car il est source de retard. La cheffe de bord me dit que si elle ne l’a pas annoncé, c’est qu’on sera à l’heure prévue en Gare de Rouen, il n’y a aucun train devant nous. Effectivement, nous arrivons à quatorze heures une comme prévu. Je retrouve sous un ciel bleu la ville dont les habitants sont toujours en train de courir les boutiques, ce jeudi c’est pour les soldes.
Quand je défais mes bagages, j’ai la surprise de découvrir une des poches de mon sac à dos ouverte. Le Routard Bretagne Sud qui s’y trouvait a disparu, volé. Ce ne peut pas être dans le métro, je l’ai gardé sur mes genoux. Ce doit être dans le train normand, à l’arrivée où j’étais debout dans le couloir avec quelqu'un derrière mon dos. Heureusement que c’est cette poche qui a été ouverte et pas celle où étaient mes ordonnances pour les médicaments qui me sont indispensables. C’est la première fois que je me fais voler quelque chose pendant un voyage.
Autre désagrément du retour, « pas de signal » me signale mon téléviseur branché sur la Télévision Numérique Terrestre.
Il faudrait pouvoir ne jamais rentrer.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante