En ce semblant de printemps, j’ai vendredi après-midi une place en terrasse au Sacre face à la façade fraîchement peinte en rouge orangé siglée YumM’o, adieu le bleu défraîchi de la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier. En vitrine sont suspendus des paniers en rotin. A l’intérieur, bien que la porte soit ouverte, c’est noir.
« Qu’est-ce que ça va être ? » demandé-je au serveur rasta qui apporte mon café verre d’eau. « C’est asiatique, un resto, on ne sait pas encore quoi exactement. » Alentour, rien n’a changé. La boutique de cébédé est toujours tenue par un jeune à casquette et celle de réparation informatique par le vieux Freak Brother portant le même vieux pull gris qu’il portait déjà avant de le porter déjà.
La clientèle du Sacre est pareillement la même, des affranchis jeunes et vieux, pas ensemble. De la rue Cauchoise déboule un échantillon de la population rouennaise, laquelle est souvent mal vêtue. « Bon quoi de neuf ? », dit l’une. « Ça court », répond un autre sans s’arrêter. Une troupe de marcheuses à bâtons montre que pas tout le monde.
Moi-même, je suis assis. Je lis La vie vagabonde de Lawrence Ferlinghetti dont la librairie City Lights n’aura j’espère pas été transformée en resto. « Ouverture samedi 8 mars », lis-je sur la vitrine de YumM’o. Et justement passe, est-ce un hasard ?, l’ex-bouquiniste (« On me nomme Monsieur Rêve sur Rouen ») avec à l’épaule une énorme sacoche en cuir sur laquelle est gravé La Poste. « Ça va ? », lui demande la marchande de plats à emporter La Part du Goût. « Oui oui, très bien ! »
Le camion d’un livreur de surgelés se glisse entre la terrasse du Sacre et YumM’o. « Trouillet Rent, un loueur qui vous accompagne ». Qui vous dérange aussi. Des cartons de surgelés en sortent et entrent dans la nouvelle gargote. Il est quinze heures. Le soleil est presque caché. Je lève le camp.
*
Autre lecture, sur le banc du jardin, celle de Kiki et Montparnasse, un beau livre de Billy Klüver et Julie Martin (Flammarion) avec plein de photos de jolies modèles nues, trouvé dans la boîte à livres de l’esplanade Marcel-Duchamp. Un jardin qui fête le printemps avec une jonquille solitaire, comme un gâteau à une seule bougie.
« Qu’est-ce que ça va être ? » demandé-je au serveur rasta qui apporte mon café verre d’eau. « C’est asiatique, un resto, on ne sait pas encore quoi exactement. » Alentour, rien n’a changé. La boutique de cébédé est toujours tenue par un jeune à casquette et celle de réparation informatique par le vieux Freak Brother portant le même vieux pull gris qu’il portait déjà avant de le porter déjà.
La clientèle du Sacre est pareillement la même, des affranchis jeunes et vieux, pas ensemble. De la rue Cauchoise déboule un échantillon de la population rouennaise, laquelle est souvent mal vêtue. « Bon quoi de neuf ? », dit l’une. « Ça court », répond un autre sans s’arrêter. Une troupe de marcheuses à bâtons montre que pas tout le monde.
Moi-même, je suis assis. Je lis La vie vagabonde de Lawrence Ferlinghetti dont la librairie City Lights n’aura j’espère pas été transformée en resto. « Ouverture samedi 8 mars », lis-je sur la vitrine de YumM’o. Et justement passe, est-ce un hasard ?, l’ex-bouquiniste (« On me nomme Monsieur Rêve sur Rouen ») avec à l’épaule une énorme sacoche en cuir sur laquelle est gravé La Poste. « Ça va ? », lui demande la marchande de plats à emporter La Part du Goût. « Oui oui, très bien ! »
Le camion d’un livreur de surgelés se glisse entre la terrasse du Sacre et YumM’o. « Trouillet Rent, un loueur qui vous accompagne ». Qui vous dérange aussi. Des cartons de surgelés en sortent et entrent dans la nouvelle gargote. Il est quinze heures. Le soleil est presque caché. Je lève le camp.
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Autre lecture, sur le banc du jardin, celle de Kiki et Montparnasse, un beau livre de Billy Klüver et Julie Martin (Flammarion) avec plein de photos de jolies modèles nues, trouvé dans la boîte à livres de l’esplanade Marcel-Duchamp. Un jardin qui fête le printemps avec une jonquille solitaire, comme un gâteau à une seule bougie.