Quel meilleur endroit pour commencer ce samedi matin la lecture de l’Ode à la ligne 29 des autobus parisiens de Jacques Roubaud que Le Rocher de Cancale, cette brasserie sottevillaise rejointe avec un bus Effe Sept du Réseau Astuce que j’ai eu à attendre seulement deux minutes à l’arrêt Saint-Nicolas.
Pester, grogner, gueuler cela ne sert à rien
Le vingt-neuf doit venir il arrivera bien
Au terminus assis déjà le machiniste
Enclenche son moteur avant d’entrer en piste.
Le vingt-neuf va venir mais ne s’ébranlera
Que quand la ère-a-té- pé le décidera
Ah, le voilà ! monton za bord en bussonaute
Averti
« L’Ode à la ligne 29 des autobus parisiens est un poème compté rimé (disposition généralement plate), divisé en strophes. Chaque strophe correspond à une étape dans le trajet de la ligne 29, telle qu’elle fonctionnait en janvier 2005. (Le poème interrompu en 2008, a été repris et achevé en août 2011). Six strophes constituent généralement un chant. Il y a six chants. Le dernier chant compte cinq strophes seulement. » explique Roubaud dans son cahier des charges. Une autre contrainte, l’usage pour ces alexandrins de rimes visuelles.
J’ai le triste défaux
De digresser souvent de digresser sans cesse
Je me dis maintes fois qu’il faut que cela cesse
Mais toujours mon démon me rattrape au tournant
Il m’afflige et me nuit il cause mon tourmant.
Toutes les digressions, toutes les incidentes, sont notées les unes dans les autres avec des couleurs différentes de caractères d’imprimerie (que je ne me donne pas le mal de reproduire ici). Cela a demandé pas mal de travail à l’éditeur Attila et aux élèves de l’école Estienne qui ont été chargés de la typographie.
Au Rocher de Cancale, le café verre d’eau m’est toujours apporté par l’aimable patronne, Martine. Ce n’est que celui-ci bu qu’arrive la gentille serveuse, Carole.
De la ligne Vingt-Neuf des autobus parisiens, je ne connais que la moitié. Mon terminus personnel est Bastille Beaumarchais, juste après Pasteur Wagner.
Notre conducteur a vec ardeur accélère
À peine avons-nous lai ssé le pasteur wagnère
Derrière nous que de beaumarchais le tronçon
Qui nous échoit est par couru hé le friçon
De la vitesse fût tel que nous n’eûmes guère
Loisir de regarder, prendre note, que fère
Pour rendre compte ? mon souvenir est confuts
Ma cervelle brouillée à cause des raffuts
Automobiles, n’ya- t-il donc rien qui mérite
D’être signalé ho lecteur ? il s’en irrite
Interpelle l’auteur « tu pourrais dire au mouin
Si tu n’étais pas em poté plus qu’un babouin »
Le lecteur va se pren dre un’ baff’ s’il ne fait gaffe
« Cet endroit est un pa radis pour photograffe
Un bon siècle déjà que cipi-ère y phie
Le premier magasin à la photographie
Voué. n’aurais-tu pu nous en parler ? peut-être
L’ignores-tu ? » Je vais bientôt l’envoyer pêtre !
Il reprend, l’obstiné « et le pasteur wagner ?
Tu glisses sur son nom. Allons, un peu de ner
F ! de le saluer bien bas n’était-ce pas à l’occase
Lui qui vers 1900 »
Voyez qu’avec emphase
Le menton en avant il prononce le non
« Fut comme le bras droit de ferdinand buisson
Combattit pour dreyfus et l’école laïque
Cette lutte vous la trouvez trop archaïque ?
Je ne lui réponds pas. il sort de l’autobus
Et du trottoir me toise , à la bouche un rictus.
On ne parle pas de bus au Rocher de Cancale, ni même de politique. On y évoque les matchs de foute-balle des équipes locales.
Malheureusement, dans la deuxième partie du trajet, celle que je ne connais pas, ne l’ayant jamais empruntée, Jacques Roubaud abandonne ses enchâssements de pensées digressives et m’en apprend moins que je l’espérais. Quand même je saurai désormais qu’à Porte de Montempoivre, le terminus, on trouve (ou trouvait) une table de ping-pong en béton.
Un autre apport de connaissance pour moi : tous les bus dont le chiffre des dizaines est le deux partaient autrefois de Saint-Lazare.
*
Penser incidente liée à l’actualité : c’est quand même bien dommage que la balle qui lui a fait saigner l’oreille ne lui ai pas fait un trou dans la tête.
Pester, grogner, gueuler cela ne sert à rien
Le vingt-neuf doit venir il arrivera bien
Au terminus assis déjà le machiniste
Enclenche son moteur avant d’entrer en piste.
Le vingt-neuf va venir mais ne s’ébranlera
Que quand la ère-a-té- pé le décidera
Ah, le voilà ! monton za bord en bussonaute
Averti
« L’Ode à la ligne 29 des autobus parisiens est un poème compté rimé (disposition généralement plate), divisé en strophes. Chaque strophe correspond à une étape dans le trajet de la ligne 29, telle qu’elle fonctionnait en janvier 2005. (Le poème interrompu en 2008, a été repris et achevé en août 2011). Six strophes constituent généralement un chant. Il y a six chants. Le dernier chant compte cinq strophes seulement. » explique Roubaud dans son cahier des charges. Une autre contrainte, l’usage pour ces alexandrins de rimes visuelles.
J’ai le triste défaux
De digresser souvent de digresser sans cesse
Je me dis maintes fois qu’il faut que cela cesse
Mais toujours mon démon me rattrape au tournant
Il m’afflige et me nuit il cause mon tourmant.
Toutes les digressions, toutes les incidentes, sont notées les unes dans les autres avec des couleurs différentes de caractères d’imprimerie (que je ne me donne pas le mal de reproduire ici). Cela a demandé pas mal de travail à l’éditeur Attila et aux élèves de l’école Estienne qui ont été chargés de la typographie.
Au Rocher de Cancale, le café verre d’eau m’est toujours apporté par l’aimable patronne, Martine. Ce n’est que celui-ci bu qu’arrive la gentille serveuse, Carole.
De la ligne Vingt-Neuf des autobus parisiens, je ne connais que la moitié. Mon terminus personnel est Bastille Beaumarchais, juste après Pasteur Wagner.
Notre conducteur a vec ardeur accélère
À peine avons-nous lai ssé le pasteur wagnère
Derrière nous que de beaumarchais le tronçon
Qui nous échoit est par couru hé le friçon
De la vitesse fût tel que nous n’eûmes guère
Loisir de regarder, prendre note, que fère
Pour rendre compte ? mon souvenir est confuts
Ma cervelle brouillée à cause des raffuts
Automobiles, n’ya- t-il donc rien qui mérite
D’être signalé ho lecteur ? il s’en irrite
Interpelle l’auteur « tu pourrais dire au mouin
Si tu n’étais pas em poté plus qu’un babouin »
Le lecteur va se pren dre un’ baff’ s’il ne fait gaffe
« Cet endroit est un pa radis pour photograffe
Un bon siècle déjà que cipi-ère y phie
Le premier magasin à la photographie
Voué. n’aurais-tu pu nous en parler ? peut-être
L’ignores-tu ? » Je vais bientôt l’envoyer pêtre !
Il reprend, l’obstiné « et le pasteur wagner ?
Tu glisses sur son nom. Allons, un peu de ner
F ! de le saluer bien bas n’était-ce pas à l’occase
Lui qui vers 1900 »
Voyez qu’avec emphase
Le menton en avant il prononce le non
« Fut comme le bras droit de ferdinand buisson
Combattit pour dreyfus et l’école laïque
Cette lutte vous la trouvez trop archaïque ?
Je ne lui réponds pas. il sort de l’autobus
Et du trottoir me toise , à la bouche un rictus.
On ne parle pas de bus au Rocher de Cancale, ni même de politique. On y évoque les matchs de foute-balle des équipes locales.
Malheureusement, dans la deuxième partie du trajet, celle que je ne connais pas, ne l’ayant jamais empruntée, Jacques Roubaud abandonne ses enchâssements de pensées digressives et m’en apprend moins que je l’espérais. Quand même je saurai désormais qu’à Porte de Montempoivre, le terminus, on trouve (ou trouvait) une table de ping-pong en béton.
Un autre apport de connaissance pour moi : tous les bus dont le chiffre des dizaines est le deux partaient autrefois de Saint-Lazare.
*
Penser incidente liée à l’actualité : c’est quand même bien dommage que la balle qui lui a fait saigner l’oreille ne lui ai pas fait un trou dans la tête.