Il fait encore bigrement froid ce mercredi matin lorsque je rejoins la Gare de Rouen. Si le train omnibus de sept heures pour Paris est annoncé supprimé, le direct de sept heures vingt-deux est à l’heure. J’y ai place trente-trois dans la voiture trois où je commence la lecture de Mémoires de Casque d’Or, le premier des deux textes composant Chroniques du Paris apache paru au Mercure de France : Je me suis mise en ménage à treize ans et deux mois ; c’était un lundi. J’ai perdu ce qu’on est convenu d’appeler le petit capital d’une femme exactement quinze jours plus tard, et c’était encore un lundi. Amélie Elie, dite Casque d’Or, n’a que vingt-trois ans quand ses mémoires sont recueillis par la revue Fin de Siècle en mil neuf cent deux. Je lis ça en diagonale.
Le ciel est bleu à Paris et le bus Vingt-Neuf a retrouvé son itinéraire officiel. Quand j’en descends à Bastille Beaumarchais, le froid est aussi intense qu’à Rouen. Le Marché d’Aligre est animé par l’essai de l’alarme incendie de ses halles. Je demande à Emile pourquoi ses livres sont empilés au lieu d’être sur la tranche. « On était en retard », me dit-il. Avec le froid, je n’ai pas la moindre envie de fouiller.
Il est dix heures quand je me réfugie au Camélia. Après avoir lu dans Le Parisien un article sur un jeune homme de seize ans qui a en charge son sexagénaire de père atteint d’Alzheimer précoce et n’en récolte que des insultes, je retrouve Casque d’Or.
A onze heures moins cinq, je suis sous la pendule devant Tonton Lulu. Deux minutes plus tard arrive le jeune homme avec qui j’ai rendez-vous, lui ayant vendu un livre. La transaction faite, je rentre chez Book-Off. J’en ressors avec un seul livre à un euro, d’Antonio Machado, Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre (Poésie/Gallimard).
Un vent glacé m’accueille à la sortie du métro Sainte-Opportune. Chez Au Diable des Lombards, je choisis une formule de saison : petit salé aux lentilles et tiramisu à la châtaigne.
Une maigre récolte de livres à un euro occupe mon panier quand je remonte du sous-sol du Book-Off de Saint-Martin : Berthe Morisot, une biographie d’Anne Higonnet (Adam Biro), L’école buissonnière d’Henri Pourrat (Dominique Martin Morin) et Les Contes de mémé lubrique d’Etienne Liebig (La Musardine), une réécriture des contes traditionnels.
Chaque semaine je change à Arts et Métiers quand je vais du deuxième Book-Off au troisième Book-Off. La plus belle station de métro parisien, ai-je lu récemment. Il fallait que je le lise pour m’en apercevoir.
Le ciel est gris maintenant et un semblant de douceur se fait sentir. Un café comptoir au Bistrot d’Edmond, où les jus de fruits proviennent de briques premier prix, et je vais voir si la pêche sera plus fructueuse dans les livres à un euro du troisième Book-Off. J’en ressors avec Anthologie de la poésie érotique de Pierre Perret (je ne peux dire ce que je pense de lui) publiée chez Nil et Ces petits messieurs de Louise Colet publié par Talents Hauts, l’occasion de savoir si ce qu’elle écrivait est aussi mauvais que le disait son amant, lui qui trouvait bonne la médiocre poésie de son ami Bouilhet.
Dans le train de retour, je parcours plutôt que je lis le second texte de Chroniques du Paris apache, La Médaille de mort, le récit par son collègue Eugène Corsy de la mort du gardien de la paix stagiaire Joseph Besse, vingt-six ans, tué par un souteneur dans la nuit du trois au quatre janvier mil neuf cent cinq rue des Partants. Ce malheureux, qui n’avait que deux mois de service, avait revêtu l’uniforme pour la première fois le matin même.
Le ciel est bleu à Paris et le bus Vingt-Neuf a retrouvé son itinéraire officiel. Quand j’en descends à Bastille Beaumarchais, le froid est aussi intense qu’à Rouen. Le Marché d’Aligre est animé par l’essai de l’alarme incendie de ses halles. Je demande à Emile pourquoi ses livres sont empilés au lieu d’être sur la tranche. « On était en retard », me dit-il. Avec le froid, je n’ai pas la moindre envie de fouiller.
Il est dix heures quand je me réfugie au Camélia. Après avoir lu dans Le Parisien un article sur un jeune homme de seize ans qui a en charge son sexagénaire de père atteint d’Alzheimer précoce et n’en récolte que des insultes, je retrouve Casque d’Or.
A onze heures moins cinq, je suis sous la pendule devant Tonton Lulu. Deux minutes plus tard arrive le jeune homme avec qui j’ai rendez-vous, lui ayant vendu un livre. La transaction faite, je rentre chez Book-Off. J’en ressors avec un seul livre à un euro, d’Antonio Machado, Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre (Poésie/Gallimard).
Un vent glacé m’accueille à la sortie du métro Sainte-Opportune. Chez Au Diable des Lombards, je choisis une formule de saison : petit salé aux lentilles et tiramisu à la châtaigne.
Une maigre récolte de livres à un euro occupe mon panier quand je remonte du sous-sol du Book-Off de Saint-Martin : Berthe Morisot, une biographie d’Anne Higonnet (Adam Biro), L’école buissonnière d’Henri Pourrat (Dominique Martin Morin) et Les Contes de mémé lubrique d’Etienne Liebig (La Musardine), une réécriture des contes traditionnels.
Chaque semaine je change à Arts et Métiers quand je vais du deuxième Book-Off au troisième Book-Off. La plus belle station de métro parisien, ai-je lu récemment. Il fallait que je le lise pour m’en apercevoir.
Le ciel est gris maintenant et un semblant de douceur se fait sentir. Un café comptoir au Bistrot d’Edmond, où les jus de fruits proviennent de briques premier prix, et je vais voir si la pêche sera plus fructueuse dans les livres à un euro du troisième Book-Off. J’en ressors avec Anthologie de la poésie érotique de Pierre Perret (je ne peux dire ce que je pense de lui) publiée chez Nil et Ces petits messieurs de Louise Colet publié par Talents Hauts, l’occasion de savoir si ce qu’elle écrivait est aussi mauvais que le disait son amant, lui qui trouvait bonne la médiocre poésie de son ami Bouilhet.
Dans le train de retour, je parcours plutôt que je lis le second texte de Chroniques du Paris apache, La Médaille de mort, le récit par son collègue Eugène Corsy de la mort du gardien de la paix stagiaire Joseph Besse, vingt-six ans, tué par un souteneur dans la nuit du trois au quatre janvier mil neuf cent cinq rue des Partants. Ce malheureux, qui n’avait que deux mois de service, avait revêtu l’uniforme pour la première fois le matin même.