Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 avril 2024
A défaut de me risquer à la rejoindre par le bord de mer, c’est par la route que je veux atteindre ce dimanche matin la Tour Royale. Je monte pour ce faire dans le bus Trois de sept heures cinquante-neuf à l’arrêt Mayol et en descends à l’arrêt Polygone.
Près de cet arrêt s’élance vers le ciel l’église contemporaine Saint-Jean Bosco dont je fais une photo puis je marche sur l’avenue de la Tour Royale située entre deux blocs de bâtiments militaires, dont l’un abrite des essais de missiles.
Au bout de cette avenue sans issue, j’arrive à cette Tour Royale, également nommée Grosse Tour, tour à canons édifiée à la pointe de Pipady. Outre sa fonction militaire, elle a connu divers usages au cours des siècles. Après les massacres de la Saint Barthélémy, le commandant Nicolas de Pignan y donna asile aux familles protestantes toulonnaises. Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, elle devint une prison où les paolistes corses et les révolutionnaires croupissaient dans des conditions terribles. Au cours de la guerre franco-allemande de mil huit cent soixante-dix, elle abrita l'or de la Banque de France. Durant la Première Guerre Mondiale, de nombreux prisonniers de guerre allemands y furent internés. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, elle fut occupée par les soldats nazis et très endommagée lors des bombardements alliés. Désormais, elle appartient à la ville de Toulon et on peut la visiter mais seulement l’été.
Autour de cette Tour massive, je croise des personnes à chiens, des militaires qui courent et une femme qui donne à manger à des chats errants (peut-être la même qu’il y a deux ans). De la jetée qui mène à un bâtiment militaire récent, j’observe un bateau pilote qui se porte vers un ferry jaune arrivant de Corse.
A côté se trouve le parc du bathyscaphe qui donne vue sur le port de Toulon. Des Antillais(e)s sont à la fin de leur nuit avec de la musique du pays à fond. Une voiture de la Gendarmerie passe sans s’arrêter.
De retour à l’arrêt Polygone, j’ai une petite frayeur en voyant la rue barrée pour cause de triathlon. La jeune fille qui fait la police au rond-point me dit que les bus passent quand même. Une femme attend le neuf heures neuf avec moi. Elle doute de sa venue. Des coureurs cyclistes passent à fond l’un après l’autre, précédés de motards de la Police. C’est une folie de faire circuler des bus au milieu de cette compétition sportive mais elle et moi sommes contents de voir arriver le nôtre.
A neuf heures trente, je suis à la terrasse du Grand Café de la Rade juste avant que le soleil ne l’atteigne. C’est ici ce dimanche que je termine la lecture du volume deux de Correspondance d’August Strindberg. Pour ne pas alourdir mon bagage, je n’ai pas pris le volume trois. Mes derniers jours en rade de Toulon seront des jours de relecture. Derrière moi, c’est encore un couple de trentenaires atteints de gâtisme juvénile depuis qu’ils sont parents de Génération Cinquante, « Il est où le pigeon ? » « Allez, on va au tchou tchou » (le petit train pour touristes).
Le dimanche est encore une fois mon jour de couscous à l’Unic Bar, chez Béchir, puis je me dirige vers La Gitane pour le café. Tels des goélands énervés par le vent, trois curés tradis en soutane blanche s’ébattent avec quelques ouailles devant l’église Saint-François-de-Paule, assurément la plus belle de la ville. L’un d’eux rejoint une paroissienne en jupe longue et son fils à la terrasse du bar tabac, trop loin de moi pour que j’entende leur conversation.
. *
Ils sont nombreux à partir ceux qui s’assoient à la terrasse des grands cafés du bord de port quand ils ne sont pas servis au bout de dix minutes ou parfois moins.
Près de cet arrêt s’élance vers le ciel l’église contemporaine Saint-Jean Bosco dont je fais une photo puis je marche sur l’avenue de la Tour Royale située entre deux blocs de bâtiments militaires, dont l’un abrite des essais de missiles.
Au bout de cette avenue sans issue, j’arrive à cette Tour Royale, également nommée Grosse Tour, tour à canons édifiée à la pointe de Pipady. Outre sa fonction militaire, elle a connu divers usages au cours des siècles. Après les massacres de la Saint Barthélémy, le commandant Nicolas de Pignan y donna asile aux familles protestantes toulonnaises. Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, elle devint une prison où les paolistes corses et les révolutionnaires croupissaient dans des conditions terribles. Au cours de la guerre franco-allemande de mil huit cent soixante-dix, elle abrita l'or de la Banque de France. Durant la Première Guerre Mondiale, de nombreux prisonniers de guerre allemands y furent internés. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, elle fut occupée par les soldats nazis et très endommagée lors des bombardements alliés. Désormais, elle appartient à la ville de Toulon et on peut la visiter mais seulement l’été.
Autour de cette Tour massive, je croise des personnes à chiens, des militaires qui courent et une femme qui donne à manger à des chats errants (peut-être la même qu’il y a deux ans). De la jetée qui mène à un bâtiment militaire récent, j’observe un bateau pilote qui se porte vers un ferry jaune arrivant de Corse.
A côté se trouve le parc du bathyscaphe qui donne vue sur le port de Toulon. Des Antillais(e)s sont à la fin de leur nuit avec de la musique du pays à fond. Une voiture de la Gendarmerie passe sans s’arrêter.
De retour à l’arrêt Polygone, j’ai une petite frayeur en voyant la rue barrée pour cause de triathlon. La jeune fille qui fait la police au rond-point me dit que les bus passent quand même. Une femme attend le neuf heures neuf avec moi. Elle doute de sa venue. Des coureurs cyclistes passent à fond l’un après l’autre, précédés de motards de la Police. C’est une folie de faire circuler des bus au milieu de cette compétition sportive mais elle et moi sommes contents de voir arriver le nôtre.
A neuf heures trente, je suis à la terrasse du Grand Café de la Rade juste avant que le soleil ne l’atteigne. C’est ici ce dimanche que je termine la lecture du volume deux de Correspondance d’August Strindberg. Pour ne pas alourdir mon bagage, je n’ai pas pris le volume trois. Mes derniers jours en rade de Toulon seront des jours de relecture. Derrière moi, c’est encore un couple de trentenaires atteints de gâtisme juvénile depuis qu’ils sont parents de Génération Cinquante, « Il est où le pigeon ? » « Allez, on va au tchou tchou » (le petit train pour touristes).
Le dimanche est encore une fois mon jour de couscous à l’Unic Bar, chez Béchir, puis je me dirige vers La Gitane pour le café. Tels des goélands énervés par le vent, trois curés tradis en soutane blanche s’ébattent avec quelques ouailles devant l’église Saint-François-de-Paule, assurément la plus belle de la ville. L’un d’eux rejoint une paroissienne en jupe longue et son fils à la terrasse du bar tabac, trop loin de moi pour que j’entende leur conversation.
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Ils sont nombreux à partir ceux qui s’assoient à la terrasse des grands cafés du bord de port quand ils ne sont pas servis au bout de dix minutes ou parfois moins.
21 avril 2024
L’île du Gaou malgré les travaux est ouverte le samedi et le dimanche, ai-je appris du site de la Mairie de Six-Fours-les-Plages. Aussi ce samedi prends-je le bateau bus de sept heures trente-cinq pour La Seyne où nous ne sommes que deux passagers. Je rejoins le point de départ du bus Quatre-Vingt-Sept pour Le Brusc. Il part cinq minutes plus tard. Je suis encore une fois le seul à aller jusqu’à son terminus, près de mon but.
Sous la passerelle qui permet d’entrer sur l’île se cache un tout petit port qui n’abrite que le bateau de pêche nommé Roumpi. Il y a deux ans, comme tout un chacun, pour faire le tour de cette île j’avais pris à droite après la passerelle. Donc cette fois je prends à gauche. Cela me permet d’être d’emblée au-dessus des plus belles pointes rocheuses attaquées par les vagues d’une mer bouillonnante et de croiser les sportifs qui courent tous dans le sens de tout un chacun.
Le chemin du tour de l’île longe des barrières en bois qui protègent la végétation, barrières qui sont l’objet d’une remise à neuf. Les travaux ont aussi pour but d’installer tous les cent mètres de grosses lances à incendie rouges. L’été, dès qu’il y a un risque de feu, l’île est fermée, de même que le sentier du littoral, plus de randonnées pour les touristes, ni d’endroits où faire pisser son chien près de la mer en regardant un beau paysage pour les autochtones.
Il est neuf heures vingt quand je termine mon tour de l’île du Gaou dans le sens des aiguilles d’une montre, l’heure à laquelle les premières familles arrivent. Un bus Quatre-Vingt-Sept est là qui part dans cinq minutes et à l’arrivée à La Seyne, je peux monter dans le bateau de dix heures cinq trois minutes avant son départ. A l’arrivée, direction le Grand Café de la Rade.
Je le constate encore une fois avec le jeune couple que je côtoie à cette terrasse : avoir un enfant nuit gravement au niveau intellectuel. Leur Isabelle rend ces parents stupides, « C’est le monsieur qui t’a donné un gâteau, il est gentil hein ? » « Tiens, voilà les policiers, tu vas leur faire coucou. »
Leur succèdent trois filles qui ont envie de potins à se raconter. L’une a du sérieux à propos d’une connaissance commune qui a rompu avec un certain Vincent auteur d’un livre sur la Bretagne. Elle a mis ce livre sur Le Bon Coin, à donner, avec un commentaire racontant combien ce Vincent est un odieux personnage. Celle qui raconte ça lit l’annonce aux deux autres. Ce garçon en prend vraiment pour son grade.
-On avait dit lundi.
-Oui mais là je viens pour l’aïoli.
Tel est mon dialogue avec la serveuse du Mondial Café à midi. Cet aïoli à seize euros est honorable mais refroidit vite.
Je prends le café puis lis à La Réale où j’apprends que le premier rang des terrasses s’appelle pour les serveurs la première ligne. « Pas de cendriers en première ligne, ils s’envolent. »
*
Cette histoire de Vincent, ça donnerait des idées, mais il y a longtemps que j’ai jeté le livre dédicacé de celui auquel je pense.
Sous la passerelle qui permet d’entrer sur l’île se cache un tout petit port qui n’abrite que le bateau de pêche nommé Roumpi. Il y a deux ans, comme tout un chacun, pour faire le tour de cette île j’avais pris à droite après la passerelle. Donc cette fois je prends à gauche. Cela me permet d’être d’emblée au-dessus des plus belles pointes rocheuses attaquées par les vagues d’une mer bouillonnante et de croiser les sportifs qui courent tous dans le sens de tout un chacun.
Le chemin du tour de l’île longe des barrières en bois qui protègent la végétation, barrières qui sont l’objet d’une remise à neuf. Les travaux ont aussi pour but d’installer tous les cent mètres de grosses lances à incendie rouges. L’été, dès qu’il y a un risque de feu, l’île est fermée, de même que le sentier du littoral, plus de randonnées pour les touristes, ni d’endroits où faire pisser son chien près de la mer en regardant un beau paysage pour les autochtones.
Il est neuf heures vingt quand je termine mon tour de l’île du Gaou dans le sens des aiguilles d’une montre, l’heure à laquelle les premières familles arrivent. Un bus Quatre-Vingt-Sept est là qui part dans cinq minutes et à l’arrivée à La Seyne, je peux monter dans le bateau de dix heures cinq trois minutes avant son départ. A l’arrivée, direction le Grand Café de la Rade.
Je le constate encore une fois avec le jeune couple que je côtoie à cette terrasse : avoir un enfant nuit gravement au niveau intellectuel. Leur Isabelle rend ces parents stupides, « C’est le monsieur qui t’a donné un gâteau, il est gentil hein ? » « Tiens, voilà les policiers, tu vas leur faire coucou. »
Leur succèdent trois filles qui ont envie de potins à se raconter. L’une a du sérieux à propos d’une connaissance commune qui a rompu avec un certain Vincent auteur d’un livre sur la Bretagne. Elle a mis ce livre sur Le Bon Coin, à donner, avec un commentaire racontant combien ce Vincent est un odieux personnage. Celle qui raconte ça lit l’annonce aux deux autres. Ce garçon en prend vraiment pour son grade.
-On avait dit lundi.
-Oui mais là je viens pour l’aïoli.
Tel est mon dialogue avec la serveuse du Mondial Café à midi. Cet aïoli à seize euros est honorable mais refroidit vite.
Je prends le café puis lis à La Réale où j’apprends que le premier rang des terrasses s’appelle pour les serveurs la première ligne. « Pas de cendriers en première ligne, ils s’envolent. »
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Cette histoire de Vincent, ça donnerait des idées, mais il y a longtemps que j’ai jeté le livre dédicacé de celui auquel je pense.
20 avril 2024
Les parasols parapluies sont de retour ce vendredi matin tout au long du Marché Lafayette, le mistral ayant momentanément disparu. Il s’agit pour moi d’en profiter en tentant de rejoindre la Tour Royale par le bord de mer à partir du Port Saint-Louis du Mourillon avec passage par La Mitre.
Pour ce faire, je prends le bus Trois à l’arrêt Mayol. Il est empli de lycéen(ne)s dont c’est le dernier jour d’école avant les vacances de Printemps. Tou(te)s descendent à l’arrêt suivant. Je peux alors m’asseoir jusqu’à l’arrêt Mitre.
La balade vers la Tour Royale est fort belle mais comporte des escaliers un peu ardus pour un vieux. Après le belvédère, j’arrive sur la petite plage de la Mitre, autrefois réservée aux militaires et à leurs femmes, et qui doit son nom au rocher entouré d’eau, sculpté par la mer, souvent qualifié de pain de sucre. Il peut faire penser à autre chose.
Des ouvriers à bétonnière travaillent à consolider la paroi rocheuse qui surplombe cette plage. Je continue sur le sable parmi les rochers dont l’un semble être une tête renversée vers l’arrière, puis à flanc de falaise, puis sur une structure en bois au-dessus de l’eau, jusqu’à une autre petite plage, Pipady, d’où j’aperçois la Tour Royale, toute proche. Elle est accessible à pied mais par des rochers partiellement recouverts par des vagues avec lesquelles il faut jouer pour ne avoir les chaussures trempées et si j’ai osé franchir ce passage dangereux il y a deux ans, là je m’y refuse.
Je retourne à mon point de départ tandis qu’un ferry quitter Toulon pour la Corse puis je poursuis jusqu’au bar tabac La Réserve et trouve une table sur sa terrasse ensoleillée pour un café lecture avec vue sur le Fort Saint-Louis et Saint-Mandrier de l’autre côté de la rade. Quand je lève les yeux de mon livre je vois passer un sous-marin. Je quitte ce lieu à dix heures trente quand arrive la jolie serveuse.
A midi je choisis Le France pour déjeuner car on y propose des moules de Tamaris avec frites maison (quatorze euros quatre-vingt-dix), « moules préparées à la minute ». Je m’installe en terrasse, au soleil, sans vent ou très peu, avec vue sur le mouvement des bateaux bus. J’espère que ces moules viennent bien de Tamaris, elles sont assez grosses et rouges, à mon goût. Le moindre dessert étant à huit ou neuf euros, j’y renonce.
Quand j’arrive à La Gitane, le mistral reprend ses tours. Je me trouve une table à l’abri, sur le côté. Pas loin de moi un jeune couple est en crise. « Même quand c’est bien, ça va pas, lui dit-elle. Moi j’en ai marre, ras le cul. Qu’est-ce que tu fais là avec moi aujourd’hui ? » Il ne répond pas grand-chose et trop bas pour que j’entende. « Tu pourras m’emmener à Pampelune, ça changera rien à l’affaire, tu me rends malheureuse. » Elle va payer. Ils s’en vont. Il marche les mains dans les poches.
*
Je découvre que je ne suis pas le seul à déplorer le manque de bancs publics dans cette ville où je loge provisoirement. Un collectif d’artistes s’en soucie, les Robins des Bancs.
« A Toulon, les Robins des Bancs ont constaté une absence quasi-totale de bancs dans le centre-ville. Ils se sont alors donnés pour mission de rendre aux usagers de la ville un droit fondamental : le droit de s’asseoir ! »
« En 2022, les Robins des Bancs ont lancé l’opération « Sortez vos chaises, soyez à l’aise ! » Les Robins invitent les commerçants à sortir une ou deux chaises pour permettre une « Pause Minute » aux passants. »
Ils publient la Carte des Assises Toulonnaises qui « recense les endroits où s’asseoir dans Toulon. Les bancs verts représentent une assise publique. Les chaises représentent les commerçants mettant au moins une chaise à la disposition de tous pendant leurs heures d’ouverture, rouge si elle est à l’extérieur, violette si elle est à l’intérieur. »
*
Thierry Turpin, journaliste à La Marseillaise, à propos de la demande des Robins de davantage de bancs à Toulon : « Une requête sur laquelle il est difficile de s’asseoir. »
Pour ce faire, je prends le bus Trois à l’arrêt Mayol. Il est empli de lycéen(ne)s dont c’est le dernier jour d’école avant les vacances de Printemps. Tou(te)s descendent à l’arrêt suivant. Je peux alors m’asseoir jusqu’à l’arrêt Mitre.
La balade vers la Tour Royale est fort belle mais comporte des escaliers un peu ardus pour un vieux. Après le belvédère, j’arrive sur la petite plage de la Mitre, autrefois réservée aux militaires et à leurs femmes, et qui doit son nom au rocher entouré d’eau, sculpté par la mer, souvent qualifié de pain de sucre. Il peut faire penser à autre chose.
Des ouvriers à bétonnière travaillent à consolider la paroi rocheuse qui surplombe cette plage. Je continue sur le sable parmi les rochers dont l’un semble être une tête renversée vers l’arrière, puis à flanc de falaise, puis sur une structure en bois au-dessus de l’eau, jusqu’à une autre petite plage, Pipady, d’où j’aperçois la Tour Royale, toute proche. Elle est accessible à pied mais par des rochers partiellement recouverts par des vagues avec lesquelles il faut jouer pour ne avoir les chaussures trempées et si j’ai osé franchir ce passage dangereux il y a deux ans, là je m’y refuse.
Je retourne à mon point de départ tandis qu’un ferry quitter Toulon pour la Corse puis je poursuis jusqu’au bar tabac La Réserve et trouve une table sur sa terrasse ensoleillée pour un café lecture avec vue sur le Fort Saint-Louis et Saint-Mandrier de l’autre côté de la rade. Quand je lève les yeux de mon livre je vois passer un sous-marin. Je quitte ce lieu à dix heures trente quand arrive la jolie serveuse.
A midi je choisis Le France pour déjeuner car on y propose des moules de Tamaris avec frites maison (quatorze euros quatre-vingt-dix), « moules préparées à la minute ». Je m’installe en terrasse, au soleil, sans vent ou très peu, avec vue sur le mouvement des bateaux bus. J’espère que ces moules viennent bien de Tamaris, elles sont assez grosses et rouges, à mon goût. Le moindre dessert étant à huit ou neuf euros, j’y renonce.
Quand j’arrive à La Gitane, le mistral reprend ses tours. Je me trouve une table à l’abri, sur le côté. Pas loin de moi un jeune couple est en crise. « Même quand c’est bien, ça va pas, lui dit-elle. Moi j’en ai marre, ras le cul. Qu’est-ce que tu fais là avec moi aujourd’hui ? » Il ne répond pas grand-chose et trop bas pour que j’entende. « Tu pourras m’emmener à Pampelune, ça changera rien à l’affaire, tu me rends malheureuse. » Elle va payer. Ils s’en vont. Il marche les mains dans les poches.
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Je découvre que je ne suis pas le seul à déplorer le manque de bancs publics dans cette ville où je loge provisoirement. Un collectif d’artistes s’en soucie, les Robins des Bancs.
« A Toulon, les Robins des Bancs ont constaté une absence quasi-totale de bancs dans le centre-ville. Ils se sont alors donnés pour mission de rendre aux usagers de la ville un droit fondamental : le droit de s’asseoir ! »
« En 2022, les Robins des Bancs ont lancé l’opération « Sortez vos chaises, soyez à l’aise ! » Les Robins invitent les commerçants à sortir une ou deux chaises pour permettre une « Pause Minute » aux passants. »
Ils publient la Carte des Assises Toulonnaises qui « recense les endroits où s’asseoir dans Toulon. Les bancs verts représentent une assise publique. Les chaises représentent les commerçants mettant au moins une chaise à la disposition de tous pendant leurs heures d’ouverture, rouge si elle est à l’extérieur, violette si elle est à l’intérieur. »
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Thierry Turpin, journaliste à La Marseillaise, à propos de la demande des Robins de davantage de bancs à Toulon : « Une requête sur laquelle il est difficile de s’asseoir. »
19 avril 2024
Encore un mistral froid ce jeudi matin, il souffle tout autant. Pourtant certains commerçants du marché ont ressorti les parapluies, bien fixés au sol.
A huit heures, inaugurant ma troisième carte de sept jours en illimité dans le Réseau Mistral, je prends le bateau bus pour Les Sablettes. A l’arrivée, je tourne à gauche au bout du ponton et marche comme je peux jusqu’au coin des mytiliculteurs et des ostréiculteurs. Ils sont une dizaine à se partager la Baie de Tamaris et le Port du Lazaret et on vient jusqu’à eux plutôt en voiture.
Ces éleveurs d’huîtres et de moules vendent une partie de leur production sur place mais on ne se sent pas désiré dans cet endroit aussi désordonné qu’une cour de ferme où les employés conduisent à toute allure des chariots élévateurs et des bateaux à fond plat. J’ose entrer chez l’un d’eux, Maison Giol, pour voler quelques photos.
Derrière se situe l'Espace des Chapiteaux de la Mer. Il est composé de trois chapiteaux blancs, un grand pour des spectacles de cirque contemporains, un presque grand pour la formation des professionnels et des amateurs du cirque et 'un petit pour la buvette d’avant les représentations. Tout est fermé.
Je reviens vers l’embarcadère avec la certitude qu’il vaut mieux voir ça d’un peu loin. Du bateau bus, les chapiteaux blancs servent de point de repère longtemps avant l’arrivée aux Sablettes. Les bâtiments de la zone conchylicole et aquacole sont longés par ce même bateau, notamment les jolis cabanons sur pilotis, certains en ruine.
Avec le mistral toujours soufflant froid, je rentre par le bateau de neuf heures cinquante-cinq, quand même plus secoué que d’habitude car la rade finit par être rendue remuante par le vent incessant. Au retour à Toulon, je trouve une place partiellement abritée en terrasse au Grand Café de la Rade.
A midi, je déjeune à l’intérieur de la Brasserie Le Zinc, en entrée œufs de Mamé anchois persillade et en plat du jour une escalope de veau coupée en trois avec de longues pâtes chiantes à manger, le tout portant un nom italien pour l’enjoliver. Le service est inexpressif sauf pour les amis, la salle à suspensions et banquettes rouges, l’addition à dix-huit euros. On ne m’y verra plus.
Malgré le vent, mon café lecture se déroule une nouvelle fois à La Réale et au soleil. Le plus fatigant avec cet incessant mistral, c’est le bruit qu’il fait dans les mats des voiliers qui ne quittent jamais le port.
*
Tamaris et Les Sablettes font partie de La Seyne-sur Mer mais huîtres et moules de La Seyne ou plage de La Seyne, cela ferait moins envie, rapport au passé industriel de la ville.
*
« Le merci, c’est pour les chiens ? » me demande aux Sablettes une automobiliste que je viens d’obliger à s’arrêter pour me laisser traverser sur le passage piéton. Cela dit en accélérant juste derrière moi.
Je ne peux donc pas expliquer à cette femme qu’on n’a pas à dire merci quand on est prioritaire. Alors, pour l’énerver encore plus, je lui fais un doigt d’honneur.
A huit heures, inaugurant ma troisième carte de sept jours en illimité dans le Réseau Mistral, je prends le bateau bus pour Les Sablettes. A l’arrivée, je tourne à gauche au bout du ponton et marche comme je peux jusqu’au coin des mytiliculteurs et des ostréiculteurs. Ils sont une dizaine à se partager la Baie de Tamaris et le Port du Lazaret et on vient jusqu’à eux plutôt en voiture.
Ces éleveurs d’huîtres et de moules vendent une partie de leur production sur place mais on ne se sent pas désiré dans cet endroit aussi désordonné qu’une cour de ferme où les employés conduisent à toute allure des chariots élévateurs et des bateaux à fond plat. J’ose entrer chez l’un d’eux, Maison Giol, pour voler quelques photos.
Derrière se situe l'Espace des Chapiteaux de la Mer. Il est composé de trois chapiteaux blancs, un grand pour des spectacles de cirque contemporains, un presque grand pour la formation des professionnels et des amateurs du cirque et 'un petit pour la buvette d’avant les représentations. Tout est fermé.
Je reviens vers l’embarcadère avec la certitude qu’il vaut mieux voir ça d’un peu loin. Du bateau bus, les chapiteaux blancs servent de point de repère longtemps avant l’arrivée aux Sablettes. Les bâtiments de la zone conchylicole et aquacole sont longés par ce même bateau, notamment les jolis cabanons sur pilotis, certains en ruine.
Avec le mistral toujours soufflant froid, je rentre par le bateau de neuf heures cinquante-cinq, quand même plus secoué que d’habitude car la rade finit par être rendue remuante par le vent incessant. Au retour à Toulon, je trouve une place partiellement abritée en terrasse au Grand Café de la Rade.
A midi, je déjeune à l’intérieur de la Brasserie Le Zinc, en entrée œufs de Mamé anchois persillade et en plat du jour une escalope de veau coupée en trois avec de longues pâtes chiantes à manger, le tout portant un nom italien pour l’enjoliver. Le service est inexpressif sauf pour les amis, la salle à suspensions et banquettes rouges, l’addition à dix-huit euros. On ne m’y verra plus.
Malgré le vent, mon café lecture se déroule une nouvelle fois à La Réale et au soleil. Le plus fatigant avec cet incessant mistral, c’est le bruit qu’il fait dans les mats des voiliers qui ne quittent jamais le port.
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Tamaris et Les Sablettes font partie de La Seyne-sur Mer mais huîtres et moules de La Seyne ou plage de La Seyne, cela ferait moins envie, rapport au passé industriel de la ville.
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« Le merci, c’est pour les chiens ? » me demande aux Sablettes une automobiliste que je viens d’obliger à s’arrêter pour me laisser traverser sur le passage piéton. Cela dit en accélérant juste derrière moi.
Je ne peux donc pas expliquer à cette femme qu’on n’a pas à dire merci quand on est prioritaire. Alors, pour l’énerver encore plus, je lui fais un doigt d’honneur.
18 avril 2024
Ce mercredi matin, je suis dans le bateau bus parti à six heures trente en direction de La Seyne, le jour pas encore levé, le Fort de Six-Fours éclairé là-haut sur son sommet. J’ai un rendez-vous à neuf heures et prévois large comme toujours. La traversée est tranquille. Le mistral n’a aucune incidence sur l’état de la mer dans la rade de Toulon. Les flots y sont légèrement agités qu’il vente ou non.
Arrivé à La Seyne, j’attends un petit quart d’heure le bus Douze qui va à Ollioules. J’en descends à l’arrêt Ollioules Centre et achète un pain au chocolat à un euro dix à la boulangerie que je rencontre en me dirigeant vers la place de la Mairie et de l’église et des cafés.
Le bar tabac La Régence est ouvert mais le mistral souffle si froid qu’il n’est pas envisageable de s’asseoir à sa terrasse qui de plus est à l’ombre. Je trouve place à l’intérieur avec la télé de Bolloré allumée heureusement sans le son. Ma viennoiserie mangée et mon allongé à un euro soixante bu, je me mets à la lecture de la Correspondance de Strindberg.
À neuf heures, j’entre chez Steph Bien-Etre, rue Baudin. C’est elle-même, et non pas sa collègue de La Parenthèse, à qui j’avais eu affaire précédemment, qui me masse pendant une heure contre la modique somme de vingt euros. Le prix n’a pas été augmenté malgré l’inflation cependant il faut désormais fournir ses serviettes. Le massage de Stéphanie est fort bon mais comme la deuxième fois, c’est toujours moins bien que la première, je ressors de là pas autant content qu’il y a deux ans.
Je fais ensuite le tour d’Ollioules, cette charmante bourgade dominée par les ruines de son château et coincée derrière La Seyne entre Toulon et Sanary. J’en prends quelques photos sous le ciel radieux. J’emprunte ensuite la promenade aménagée qui longe le petit fleuve nommé La Reppe puis comme la terrasse du seul restaurant possible, Le Papillon, est à l’ombre et balayée par le vent, je rentre à La Seyne par le premier bus Douze qui passe, ensuite un petit coup de bateau pour Toulon.
A midi, je déjeune au Mondial Café d’une andouillette frites tomate provençale à seize euros qui me déçoit un peu. Je dis à la serveuse qu’il y a deux ans j’ai beaucoup aimé leur souris d’agneau et que je suis désolé de ne plus en trouver sur la carte. Elle me dit qu’elle va voir ça avec le cuisinier puis revient en m'annonçant que lundi j’aurai ma souris d’agneau. Ce cuisinier n’est pas le patron, comme je le croyais. Ce dernier est encore plus vieux qu’il en a l’air. « Et tu n’as pas d’arthrose ? » lui demande un habitué. « Non, y a juste un machin qui marche moins bien. »
*
Pour le café verre d’eau lecture, je retrouve la terrasse de La Réale, soleil à tribord, vent dans le dos. Trois vieilles à mon exemple s’assoient dehors. « On est vaillantes », dit l’une. A la première bourrasque, « Non non », elles filent à l’intérieur.
*
Le sympathique « Eh bonjour ! » des serveurs et serveuses des cafés de Toulon, suivi d’un « Allez ! » quand la commande est passée.
A comparer avec le mécanique bonjour des serveuses rouennaises du Socrate, suivi d’un « Pas de souci » quand on leur a passé commande.
Arrivé à La Seyne, j’attends un petit quart d’heure le bus Douze qui va à Ollioules. J’en descends à l’arrêt Ollioules Centre et achète un pain au chocolat à un euro dix à la boulangerie que je rencontre en me dirigeant vers la place de la Mairie et de l’église et des cafés.
Le bar tabac La Régence est ouvert mais le mistral souffle si froid qu’il n’est pas envisageable de s’asseoir à sa terrasse qui de plus est à l’ombre. Je trouve place à l’intérieur avec la télé de Bolloré allumée heureusement sans le son. Ma viennoiserie mangée et mon allongé à un euro soixante bu, je me mets à la lecture de la Correspondance de Strindberg.
À neuf heures, j’entre chez Steph Bien-Etre, rue Baudin. C’est elle-même, et non pas sa collègue de La Parenthèse, à qui j’avais eu affaire précédemment, qui me masse pendant une heure contre la modique somme de vingt euros. Le prix n’a pas été augmenté malgré l’inflation cependant il faut désormais fournir ses serviettes. Le massage de Stéphanie est fort bon mais comme la deuxième fois, c’est toujours moins bien que la première, je ressors de là pas autant content qu’il y a deux ans.
Je fais ensuite le tour d’Ollioules, cette charmante bourgade dominée par les ruines de son château et coincée derrière La Seyne entre Toulon et Sanary. J’en prends quelques photos sous le ciel radieux. J’emprunte ensuite la promenade aménagée qui longe le petit fleuve nommé La Reppe puis comme la terrasse du seul restaurant possible, Le Papillon, est à l’ombre et balayée par le vent, je rentre à La Seyne par le premier bus Douze qui passe, ensuite un petit coup de bateau pour Toulon.
A midi, je déjeune au Mondial Café d’une andouillette frites tomate provençale à seize euros qui me déçoit un peu. Je dis à la serveuse qu’il y a deux ans j’ai beaucoup aimé leur souris d’agneau et que je suis désolé de ne plus en trouver sur la carte. Elle me dit qu’elle va voir ça avec le cuisinier puis revient en m'annonçant que lundi j’aurai ma souris d’agneau. Ce cuisinier n’est pas le patron, comme je le croyais. Ce dernier est encore plus vieux qu’il en a l’air. « Et tu n’as pas d’arthrose ? » lui demande un habitué. « Non, y a juste un machin qui marche moins bien. »
*
Pour le café verre d’eau lecture, je retrouve la terrasse de La Réale, soleil à tribord, vent dans le dos. Trois vieilles à mon exemple s’assoient dehors. « On est vaillantes », dit l’une. A la première bourrasque, « Non non », elles filent à l’intérieur.
*
Le sympathique « Eh bonjour ! » des serveurs et serveuses des cafés de Toulon, suivi d’un « Allez ! » quand la commande est passée.
A comparer avec le mécanique bonjour des serveuses rouennaises du Socrate, suivi d’un « Pas de souci » quand on leur a passé commande.
17 avril 2024
Ce mardi matin, le marché est sans parasols (ou sans parapluies, comme disent ceux qui les utilisent). Cela signifie que le mistral souffle à nouveau. Ce qui nuit à l’impression de beau temps donné par le ciel bleu.
Comme hier je prends le bateau bus de huit heures pour Les Sablettes pour n’en descendre qu’à Tamaris. Au bout du ponton, je prends cette fois à droite en direction des Forts.
Je passe d’abord devant une turquerie héritée de Michel Pacha puis arrive au Port du Manteau, tout petit. C’est ensuite la Pointe de Balaguier avec le Fort du même nom, visitable à des heures qui ne sont pas les miennes. Je longe la Baie de Balaguier où il ne manque qu’une plage et j’arrive à la Pointe de l’Eguillette avec le Fort du même nom, non visitable car militaire.
Une pancarte sur ce second Fort m’apprend que je suis à trois virgule trois kilomètres des Sablettes. Je poursuis encore le long de la mer vers le centre de La Seyne, arrive au Terminal des Croisières puis devant les Anciens Ateliers Mécaniques, vastes bâtiments à armature métallique et à murs de brique, en ruine, et donc couverts de graffitis.
En face est un arrêt du bus Quatre-Vingt-Trois. Je l’attends un quart d’heure. Il me ramène aux Sablettes.
Le mistral empêchant toute lecture en terrasse au Prôvence Plage, je rentre par le bateau bus de dix heures vingt-cinq. Il est presque plein, les vacanciers en sont la cause.
Un petit tour au marché où je trouve des bananes bio à un euro soixante-neuf le kilo puis je déjeune à La Feuille de Chou, curry de poulet au riz thaï, verre de vin rouge, brioche perdue boule de glace vanille et café
Ici, place Baboulène, je me crois abrité du mistral mais quand une bourrasque renverse une chaise et jette des couverts au sol, je dois tenir mon verre à vin. Au-dessus, des volets claquent. Derrière moi un couple discute du tirant d’eau d’un bateau à acheter, une envie de naufrage peut-être.
Où lire en terrasse sur le port quand il souffle un tel vent ? Je trouve une table à peu près abritée et néanmoins au soleil à La Réale et je tiens là un certain temps avant d’être délogé par des bourrasques de plus en plus violentes.
*
Il y a des endroits où c’est le vent qui souffle. Il y en a d’autres où c’est le mistral ou bien la tramontane. On peut être sûr que lorsque le vent a un nom, c’est qu’il est particulièrement pénible.
*
La Métropole Toulon Provence Méditerranée a nommé Réseau Mistral son service de bus et bateau bus. Elle n’est pas allée jusqu’à Réseau Moustiques ou Réseau Canicule.
Comme hier je prends le bateau bus de huit heures pour Les Sablettes pour n’en descendre qu’à Tamaris. Au bout du ponton, je prends cette fois à droite en direction des Forts.
Je passe d’abord devant une turquerie héritée de Michel Pacha puis arrive au Port du Manteau, tout petit. C’est ensuite la Pointe de Balaguier avec le Fort du même nom, visitable à des heures qui ne sont pas les miennes. Je longe la Baie de Balaguier où il ne manque qu’une plage et j’arrive à la Pointe de l’Eguillette avec le Fort du même nom, non visitable car militaire.
Une pancarte sur ce second Fort m’apprend que je suis à trois virgule trois kilomètres des Sablettes. Je poursuis encore le long de la mer vers le centre de La Seyne, arrive au Terminal des Croisières puis devant les Anciens Ateliers Mécaniques, vastes bâtiments à armature métallique et à murs de brique, en ruine, et donc couverts de graffitis.
En face est un arrêt du bus Quatre-Vingt-Trois. Je l’attends un quart d’heure. Il me ramène aux Sablettes.
Le mistral empêchant toute lecture en terrasse au Prôvence Plage, je rentre par le bateau bus de dix heures vingt-cinq. Il est presque plein, les vacanciers en sont la cause.
Un petit tour au marché où je trouve des bananes bio à un euro soixante-neuf le kilo puis je déjeune à La Feuille de Chou, curry de poulet au riz thaï, verre de vin rouge, brioche perdue boule de glace vanille et café
Ici, place Baboulène, je me crois abrité du mistral mais quand une bourrasque renverse une chaise et jette des couverts au sol, je dois tenir mon verre à vin. Au-dessus, des volets claquent. Derrière moi un couple discute du tirant d’eau d’un bateau à acheter, une envie de naufrage peut-être.
Où lire en terrasse sur le port quand il souffle un tel vent ? Je trouve une table à peu près abritée et néanmoins au soleil à La Réale et je tiens là un certain temps avant d’être délogé par des bourrasques de plus en plus violentes.
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Il y a des endroits où c’est le vent qui souffle. Il y en a d’autres où c’est le mistral ou bien la tramontane. On peut être sûr que lorsque le vent a un nom, c’est qu’il est particulièrement pénible.
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La Métropole Toulon Provence Méditerranée a nommé Réseau Mistral son service de bus et bateau bus. Elle n’est pas allée jusqu’à Réseau Moustiques ou Réseau Canicule.
16 avril 2024
Mes nuits toulonnaises sont sans problème rue des Boucheries. Mon voisinage est jeune et discret. J’entends à peine marcher le garçon du dessus et chez la fille d’en face pas le moindre bruit. Pour ce qui est des bruits de la rue, le double vitrage est efficace. Quand même le camion poubelle passant vers deux heures du matin peut me réveiller. Un insolent moustique vient parfois me piquer avant que je me lève.
Ce lundi le ciel est encore assez bleu. Je prends le bateau bus de huit heures pour Les Sablettes mais à l’arrivée n’en descends pas pour aller jusqu’à l’arrêt suivant, Tamaris, nom du quartier de bord de mer de La Seyne, autrefois balnéaire et huppé par la volonté de Michel Pacha dont l’influence en matière de constructions est visible sous la forme de diverses turqueries.
Au bout du ponton du débarcadère, face à l’unique café restaurant qui m’avait fort déçu il y a deux ans, je vais à gauche. Il s’agit de longer la mer jusqu’aux Sablettes, mer dans laquelle gisent des épaves de bateaux à moteur qui semblent vouées à y rester. En chemin, je passe devant l’Institut de Biologie Marine Michel Pacha qui est en déshérence.
Arrivé aux Sablettes, je mets le cap sur la terrasse du Prôvence Plage. J’y lis Strindberg assez longtemps bien qu’elle soit un peu trop fréquentée. Une adepte du longe-côte passe devant les Deux Frères. J’en fais une photographie depuis ma table de bord de plage puis rentre par le bateau de dix heures cinquante-cinq.
A midi, je déjeune d’un foie d’agneau frites salade chez Béchir. A la table voisine sont un père divorcé et sa fille adolescente. Il porte un ticheurte Pablo Escobar, demande un cendrier car il a horreur de mettre ça par terre et une carafe d’eau. « Tu vois, lui dit-il, je touche plus à l’alcool, un Ricard de temps en temps, c’est tout. »
-Et ta mère, qu’est-ce qu’elle dit alors ?
-Rien.
Elle fait des efforts pour trouver des sujets de conversation mais lui n’est vraiment pas doué. En face, une femme de ménage anorexique s’est mise en tenue de travail devant l’immeuble dont elle nettoie maintenant la porte d’entrée de façon obsessionnelle.
Mon addition réglée, je m’installe au perchoir de La Gitane pour un café suivi de lecture. Il souffle un petit mistral qui nuit un peu à celle-ci. Une fanfare joue Emmenez-moi devant l’église des cathos tradis dont certains justement se promènent sur le quai, un chef curé en soutane noire, deux subalternes en soutane blanche à large ceinture noire, quelques ouailles masculines.
*
Dans le bateau bus de l’aller, une jeune femme lisant Martin Eden, ce qui peut s’avérer dangereux.
*
Un tas de chiens sur la plage des Sablettes alors qu’un panneau l’interdit. Je me demande à quoi sert la Brigade Anti Incivilités.
Ce lundi le ciel est encore assez bleu. Je prends le bateau bus de huit heures pour Les Sablettes mais à l’arrivée n’en descends pas pour aller jusqu’à l’arrêt suivant, Tamaris, nom du quartier de bord de mer de La Seyne, autrefois balnéaire et huppé par la volonté de Michel Pacha dont l’influence en matière de constructions est visible sous la forme de diverses turqueries.
Au bout du ponton du débarcadère, face à l’unique café restaurant qui m’avait fort déçu il y a deux ans, je vais à gauche. Il s’agit de longer la mer jusqu’aux Sablettes, mer dans laquelle gisent des épaves de bateaux à moteur qui semblent vouées à y rester. En chemin, je passe devant l’Institut de Biologie Marine Michel Pacha qui est en déshérence.
Arrivé aux Sablettes, je mets le cap sur la terrasse du Prôvence Plage. J’y lis Strindberg assez longtemps bien qu’elle soit un peu trop fréquentée. Une adepte du longe-côte passe devant les Deux Frères. J’en fais une photographie depuis ma table de bord de plage puis rentre par le bateau de dix heures cinquante-cinq.
A midi, je déjeune d’un foie d’agneau frites salade chez Béchir. A la table voisine sont un père divorcé et sa fille adolescente. Il porte un ticheurte Pablo Escobar, demande un cendrier car il a horreur de mettre ça par terre et une carafe d’eau. « Tu vois, lui dit-il, je touche plus à l’alcool, un Ricard de temps en temps, c’est tout. »
-Et ta mère, qu’est-ce qu’elle dit alors ?
-Rien.
Elle fait des efforts pour trouver des sujets de conversation mais lui n’est vraiment pas doué. En face, une femme de ménage anorexique s’est mise en tenue de travail devant l’immeuble dont elle nettoie maintenant la porte d’entrée de façon obsessionnelle.
Mon addition réglée, je m’installe au perchoir de La Gitane pour un café suivi de lecture. Il souffle un petit mistral qui nuit un peu à celle-ci. Une fanfare joue Emmenez-moi devant l’église des cathos tradis dont certains justement se promènent sur le quai, un chef curé en soutane noire, deux subalternes en soutane blanche à large ceinture noire, quelques ouailles masculines.
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Dans le bateau bus de l’aller, une jeune femme lisant Martin Eden, ce qui peut s’avérer dangereux.
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Un tas de chiens sur la plage des Sablettes alors qu’un panneau l’interdit. Je me demande à quoi sert la Brigade Anti Incivilités.
15 avril 2024
Un peu plus de guerre, lis-je ce dimanche matin quand je m’informe de ce qui se passe dans le monde avant de quitter mon studio Air Bibi. Le ciel est déjà bleu. Je fais traîner mon petit-déjeuner du Maryland car le premier départ pour Les Sablettes n’est qu’à neuf heures. Dans le bateau devant moi sont quatre vieilles marcheuses à bâtons et à sacs à dos bien remplis.
A l’arrêt de bus Sablettes, je prends le Huit qui ne va que ce jour-là au lieu-dit Marégau (commune de Saint-Mandrier). Il ne m’emmène pas où je croyais. L’arrêt Marégau est en bord de mer peu après Sainte-Asile, au pied du quartier portant ce nom. Plus qu’à marcher sur une petite route qui monte, sans voir la mer accaparée par des propriétés privées.
Un passage entre deux maisons me permet de rejoindre le sentier du littoral. Le bord de mer est fort beau comme toujours sur cette côte varoise. Une série de marches fatigantes me mène à une table d’orientation plus toute jeune d’où je vois tout ce qu’il y a à voir. Un propriétaire de chien, écroulé sur le banc à côté, me dit qu’après c’est vite militaire et que cela implique des détours. Il me conforte dans mon idée de revenir sur mes pas.
Déjà il y a trop de monde sur le sentier, des pékins avec des chiens, d’autres en tenue de sport. En redescendant le bout de route vers Sainte-Asile, je croise les quatre vieilles à bâtons du bateau. Elles me regardent d’un air de se demander comment se fait-il qu’il soit déjà en train de revenir de plus loin, alors que nous autres, baroudeuses chevronnées, nous arrivons seulement.
A l’arrêt Marégau, je trouve un bus garé partant dans dix minutes. J’y monte et comme aucun bateau bus n’est attendu aux Sablettes avant une heure, je fais tout le trajet du retour avec lui, voyageant longuement à travers La Seyne et la banlieue de Toulon avant d’atteindre Liberté, un arrêt bienvenu après tant de kilomètres enfermé.
Peu après, à midi pile, je suis à la terrasse de chez Béchir et je lui commande un couscous puis c’est un café lecture à La Gitane où je me remets de cette matinée dominicale un peu cafouilleuse qui me ferait presque dire en moi-même à propos de moi-même à la manière des gens d’ici : « Oh putain, pauvre ! ».
*
Vue du bus, cette inscription à la peinture sur le mur de l’Hôpital de La Seyne : « Libérez Momo ».
Pas revu le frère de Momo depuis le jour de mon arrivée.
A l’arrêt de bus Sablettes, je prends le Huit qui ne va que ce jour-là au lieu-dit Marégau (commune de Saint-Mandrier). Il ne m’emmène pas où je croyais. L’arrêt Marégau est en bord de mer peu après Sainte-Asile, au pied du quartier portant ce nom. Plus qu’à marcher sur une petite route qui monte, sans voir la mer accaparée par des propriétés privées.
Un passage entre deux maisons me permet de rejoindre le sentier du littoral. Le bord de mer est fort beau comme toujours sur cette côte varoise. Une série de marches fatigantes me mène à une table d’orientation plus toute jeune d’où je vois tout ce qu’il y a à voir. Un propriétaire de chien, écroulé sur le banc à côté, me dit qu’après c’est vite militaire et que cela implique des détours. Il me conforte dans mon idée de revenir sur mes pas.
Déjà il y a trop de monde sur le sentier, des pékins avec des chiens, d’autres en tenue de sport. En redescendant le bout de route vers Sainte-Asile, je croise les quatre vieilles à bâtons du bateau. Elles me regardent d’un air de se demander comment se fait-il qu’il soit déjà en train de revenir de plus loin, alors que nous autres, baroudeuses chevronnées, nous arrivons seulement.
A l’arrêt Marégau, je trouve un bus garé partant dans dix minutes. J’y monte et comme aucun bateau bus n’est attendu aux Sablettes avant une heure, je fais tout le trajet du retour avec lui, voyageant longuement à travers La Seyne et la banlieue de Toulon avant d’atteindre Liberté, un arrêt bienvenu après tant de kilomètres enfermé.
Peu après, à midi pile, je suis à la terrasse de chez Béchir et je lui commande un couscous puis c’est un café lecture à La Gitane où je me remets de cette matinée dominicale un peu cafouilleuse qui me ferait presque dire en moi-même à propos de moi-même à la manière des gens d’ici : « Oh putain, pauvre ! ».
*
Vue du bus, cette inscription à la peinture sur le mur de l’Hôpital de La Seyne : « Libérez Momo ».
Pas revu le frère de Momo depuis le jour de mon arrivée.
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