Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 juin 2022
« C’est quoi cette pluie ? », me dis-je ce mardi premier jour de l’été en mettant le pied dehors. Je passe à la boulangerie Baguette et Tradition pour acheter mes deux pains au chocolat puis entre chez P’tit Louis (je préfère Le Vauban mais il n’ouvre qu’à sept heures trente). Déjeunons et on verra. Un espoir de ciel bleu me conduit à monter dans le car BreizhGo numéro Onze.
Quand j’en descends au Trez-Hir, je peux retirer mon vêtement de pluie puis marchant sur le Géherre Trente-Quatre en direction de Trégana Plage ôte mon pull. Ce chemin déjà parcouru m’enchante à nouveau.
Comme souvent, je croise des chiens attachés à des humains. Ils sont nombreux sur la première des trois plages. Quand je monte vers la batterie de Toul-Logot une femme me suit avec le sien dont la clochette m’énerve. Je les laisse me dépasser. « Viens Loulou », lui dit-elle mais ce bestiau me renifle.
-Pourquoi vous avez tous un chien, lui demandé-je, c’est une punition ?
Elle me répond qu’ils se donnent rendez-vous sur la plage avec leurs animaux.
-Vous ruinez le calme de la Bretagne avec tous ces aboiements. Tu peux y aller Loulou.
Enfin seul, j’arrive plus vite que je m’y attendais à L’Albatros où le patron termine d’installer la terrasse. Je bois un café à une table proche du sentier, à bâbord le bout de la Presqu’île de Crozon, à tribord le Fort de Bertheaume, entre les deux la mer sur laquelle va et vient un bateau de pêche, au-dessus de ma tête le soleil revenu. Je commence là ma relecture de Lettres à sa femme du Marquis de Sade (Babel Actes Sud).
Vers onze heures je réserve une table de terrasse au Café de la Plage puis lis encore sur un banc un peu balayé par le vent.
A midi, je retrouve ma table du coin à la terrasse de premier étage. Dans le menu du jour à treize euros cinquante, je choisis le poulet basquaise. Comme voisines, j’ai trois mères de famille. L’une raconte ses malheurs aux deux autres. Alors qu’elle voulait priver momentanément un de ses ados de téléphone, celui-ci s’est mis à tout casser dans l’appartement. Quand elle a voulu le neutraliser, il s’est débattu et blessé à la tête, urgences, etc. L’autre ado de la famille, resté dans sa chambre, a dit au père divorcé qu’il y avait eu une bagarre entre son frère et sa mère. Maintenant, son ex-mari veut porter plainte contre elle.
Après mon dessert, une tarte aux pommes, je règle mes seize euros cinquante, quart de vin inclus, puis bois le café à la terrasse du bas. J’ai encore une demi-heure avant le passage du car de retour.
*
Une Anglaise débarquant chez P’tit Louis avec sa guitare : « Vous avez ouaille faille ici ? »
*
Au Café de la Plage, les travailleurs mangent à l’intérieur. L’extérieur, ça fait trop vacances.
*
Pas la moindre envie de la Fête de la Musique à Brest. Déjà ailleurs c’est une Fête de la Bière, alors ici où çà picole dur en permanence.
*
Pendant que la Nupés chantait le « On est là » des Gilets Jaunes, la plupart d’entre eux votaient pour le parti de Le Pen.
Dans l’Eure, département natal, quatre Députés Rassemblement National sur cinq ont été élus, alors qu’il n’y en avait aucun.
A Dieppe, on vote Le Pen à la Présidentielle et Communiste à la Municipale et à la Législative, légitimant ainsi la théorie du fer à cheval.
*
Brigitte Bourguignon, Ministre de la Santé, battue, c’est l’espoir d’avoir enfin une loi autorisant l’euthanasie qui s’envole, elle était pour, merci la Nupés.
21 juin 2022
Malgré le ciel gris, je mets le cap sur Plounéour-Brignogan-Plages ce lundi matin à l’aide de deux cars BreizhGo, le Vingt et Un qui va jusqu’à Lesneven puis le Vingt-Quatre. Le départ est à la Gare Routière de Brest à huit heures deux, l’arrivée à neuf heures vingt et une à Brignogan Centre, près du café Le Grand Large, après avoir agréablement longé la mer à partir de Goulven.
Je vais la saluer au bout d’un chemin entre deux maisons. Dans le jardin de celle de gauche est une statue de la Vierge qui domine des canots colorés. Ne voyant pas de restaurant dans le coin, je me renseigne au Grand Large. L’aimable patronne m’apprend que tout est fermé le lundi, sauf le Boued Kafe qui fait un menu ouvrier à deux kilomètres d’ici. « Un kilomètre et demi », se reprend-elle devant ma mine déconfite.
Pour rejoindre ce Boued Kafe, il faut marcher sur la route face aux voitures, ce qui n’est guère plaisant. J’en suis à plus de deux kilomètres quand j’y arrive enfin. Il n’est pas encore ouvert mais j’aperçois le patron dans la cuisine. Il me dit qu’il y aura du monde et qu’il faut que je réserve, puis il m’explique où est l’arrêt de car le plus proche, près de l’église que l’on aperçoit là-bas à un kilomètre.
Je fais ce kilomètre et constate que je suis arrivé à Plounéour-Trez. Après avoir repéré l’abribus BreizhGo, je trouve un petit bar tabac presse ouvert et m’y pose pour un café à un euro quarante. C’est dans ce lieu en désordre avec toilettes dans la cour que je termine Mémoires intimes de Georges Simenon.
A onze heures et demie, je refais le kilomètre jusqu’au Boued Kafe. La patronne m’installe à la seule table de deux, les autres sont pour six ou huit personnes, et je dois attendre qu’il soit midi, cependant qu’elle discute avec des piliers de bar dont elle accepte un verre de vin.
« Venez, je vous explique », me dit-elle à l’heure pile. Elle m’emmène dans la salle voisine où sont d’autres grandes tables et me montre un buffet général. Aucun service à table ici, il faut tout prendre soi-même, des entrées au dessert en passant par le plat chaud, les boissons et le pain. C’est comme à la cantine du collège, pour les travailleurs, et ils sont nombreux à arriver. A midi cinq, les sans réservations sont refusés.
Tout est bien cuisiné, spécialement la cuisse de canette et les frites maison, et je mange en paix, contrairement aux autres qui ne choisissent pas leurs voisins. Seul le café final m’est servi par la patronne, dans une tasse sans soucoupe. Tout compris, cela fait quatorze euros.
Je refais le kilomètre jusqu’à l’abribus près de l’église Saint-Pierre, photographiant au passage quatre ânes qui se posent des questions sur celui qu’ils voient passer et repasser. Peu avant l’arrivée du car, je suis rejoint par un des piliers de bar du Boued Kafe, pas le plus frais. Il me demande d’où je suis. « Ah, un Normand, j’ai rien contre, sauf pour le Mont-Saint-Michel » (ouaf ouaf ouaf). Il a de la famille près de Louviers, me dit-il. « Moi aussi ». Une nièce à Surville et une sœur à Igoville. « Je connais bien », lui dis-je. Il y allait en stop autrefois. Délabré comme il est, je comprends qu’il y ait renoncé.
Je crains qu’il veuille s’asseoir pas loin de moi dans le car. Il n’en est rien. C’est une fille montée à l’arrêt suivant avec une planche à roulettes qui s’installe à ma hauteur de l’autre côté de l’allée. Son djine volontairement déchiré laisse voir sa peau nue de manière agréable.
*
Au comptoir du Boued Kafe :
-Alors Macron, il a pas fait assez.
-Oui, je sais pas ce qui va s’passer.
Je vais la saluer au bout d’un chemin entre deux maisons. Dans le jardin de celle de gauche est une statue de la Vierge qui domine des canots colorés. Ne voyant pas de restaurant dans le coin, je me renseigne au Grand Large. L’aimable patronne m’apprend que tout est fermé le lundi, sauf le Boued Kafe qui fait un menu ouvrier à deux kilomètres d’ici. « Un kilomètre et demi », se reprend-elle devant ma mine déconfite.
Pour rejoindre ce Boued Kafe, il faut marcher sur la route face aux voitures, ce qui n’est guère plaisant. J’en suis à plus de deux kilomètres quand j’y arrive enfin. Il n’est pas encore ouvert mais j’aperçois le patron dans la cuisine. Il me dit qu’il y aura du monde et qu’il faut que je réserve, puis il m’explique où est l’arrêt de car le plus proche, près de l’église que l’on aperçoit là-bas à un kilomètre.
Je fais ce kilomètre et constate que je suis arrivé à Plounéour-Trez. Après avoir repéré l’abribus BreizhGo, je trouve un petit bar tabac presse ouvert et m’y pose pour un café à un euro quarante. C’est dans ce lieu en désordre avec toilettes dans la cour que je termine Mémoires intimes de Georges Simenon.
A onze heures et demie, je refais le kilomètre jusqu’au Boued Kafe. La patronne m’installe à la seule table de deux, les autres sont pour six ou huit personnes, et je dois attendre qu’il soit midi, cependant qu’elle discute avec des piliers de bar dont elle accepte un verre de vin.
« Venez, je vous explique », me dit-elle à l’heure pile. Elle m’emmène dans la salle voisine où sont d’autres grandes tables et me montre un buffet général. Aucun service à table ici, il faut tout prendre soi-même, des entrées au dessert en passant par le plat chaud, les boissons et le pain. C’est comme à la cantine du collège, pour les travailleurs, et ils sont nombreux à arriver. A midi cinq, les sans réservations sont refusés.
Tout est bien cuisiné, spécialement la cuisse de canette et les frites maison, et je mange en paix, contrairement aux autres qui ne choisissent pas leurs voisins. Seul le café final m’est servi par la patronne, dans une tasse sans soucoupe. Tout compris, cela fait quatorze euros.
Je refais le kilomètre jusqu’à l’abribus près de l’église Saint-Pierre, photographiant au passage quatre ânes qui se posent des questions sur celui qu’ils voient passer et repasser. Peu avant l’arrivée du car, je suis rejoint par un des piliers de bar du Boued Kafe, pas le plus frais. Il me demande d’où je suis. « Ah, un Normand, j’ai rien contre, sauf pour le Mont-Saint-Michel » (ouaf ouaf ouaf). Il a de la famille près de Louviers, me dit-il. « Moi aussi ». Une nièce à Surville et une sœur à Igoville. « Je connais bien », lui dis-je. Il y allait en stop autrefois. Délabré comme il est, je comprends qu’il y ait renoncé.
Je crains qu’il veuille s’asseoir pas loin de moi dans le car. Il n’en est rien. C’est une fille montée à l’arrêt suivant avec une planche à roulettes qui s’installe à ma hauteur de l’autre côté de l’allée. Son djine volontairement déchiré laisse voir sa peau nue de manière agréable.
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Au comptoir du Boued Kafe :
-Alors Macron, il a pas fait assez.
-Oui, je sais pas ce qui va s’passer.
20 juin 2022
Des orages annoncés pour ce dimanche à Brest, au lieu de quoi c’est une grosse pluie incessante qui se fait entendre au réveil et m’oblige à remettre à plus tard mon petit-déjeuner.
Lors d’une légère atténuation, je me risque jusqu’au marché qui présente un air sinistré. Viennoiseries achetées à la boulangerie où certaines paient le gâteau fait sur commande, café allongé bu en face et à l’intérieur, puis sans m’attarder je rentre.
J’espère une éclaircie. Elle ne vient pas. Je m’arme de courage et me lance dans la descente qui mène au Port. Malgré mon vêtement de pluie, j’arrive trempé à La Presqu’île dont les habitués fustigent « ce temps de merde ». Rien d’autre à faire qu’à lire Simenon, arrivé là empaqueté dans du plastique, jusqu’à midi.
Je me fais encore une fois tremper le temps de faire les cent mètres jusqu’à Cocorico où je commande la même terrine de poisson que la première fois et une saucisse de Molène. Bientôt arrivent plusieurs familles qui trouvent l’endroit parfait pour manger tranquille entre adultes un jour de pluie tandis que les moutards jouent aux boules ou à des jeux vidéo. Et puis, j’avais oublié, ce n’est pas qu’un jour de pluie, c’est aussi la Fête des Pères.
Tout cela fait que je ne commande pas de dessert, paie mes quinze euros et subis une nouvelle drache pour aller prendre le café à La Presqu’île, le rendez-vous de tous les naufragés. J’espère encore une fois que cette pluie se calme, mais non.
Je rejoins, en me faisant doucher, l’arrêt de bus Rampe et utilise le dernier voyage de ma carte de dix pour prendre le Bibus Deux jusqu’à Liberté Quartz. Deux cents mètres encore à parcourir sous la drache et me voilà sauvé.
*
Du nouveau dans le Port de Brest, l’arrivée de quatre supports destinés aux éoliennes en mer de Saint-Brieuc. Soixante-quatorze mètres de hauteur, on ne peut les manquer.
*
A La Presqu’île, une femme entre deux âges et entre deux verres vient me voir : « Excusez-moi si je vous offense, j’ai un petit coup dans le nez, mais vous ressemblez à un monsieur qui s’appelle Guitou qui est homosexuel et qui habite à La Forêt-Fouesnant. »
Ni ni, lui réponds-je.
*
J’ai bien fait de prendre le Téléphérique mardi quatorze juin. Il est en panne depuis mercredi quinze.
*
Ce dimanche je ne vote donc pas dans ma circonscription seinomarine où le choix du second tour des Législatives est entre le Macroniste sortant et un Mélenchoniste dont le principal défaut est d’être un professionnel de la politique (d’autres ont la possibilité de voter pour une femme de chambre ou un boulanger qui ont fait leurs preuves). Le premier l’emporte d’un cheveu.
*
« Le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron est mort-né. » (Gérard Courtois, commentant le soir venu les résultats sur France Culture)
Lors d’une légère atténuation, je me risque jusqu’au marché qui présente un air sinistré. Viennoiseries achetées à la boulangerie où certaines paient le gâteau fait sur commande, café allongé bu en face et à l’intérieur, puis sans m’attarder je rentre.
J’espère une éclaircie. Elle ne vient pas. Je m’arme de courage et me lance dans la descente qui mène au Port. Malgré mon vêtement de pluie, j’arrive trempé à La Presqu’île dont les habitués fustigent « ce temps de merde ». Rien d’autre à faire qu’à lire Simenon, arrivé là empaqueté dans du plastique, jusqu’à midi.
Je me fais encore une fois tremper le temps de faire les cent mètres jusqu’à Cocorico où je commande la même terrine de poisson que la première fois et une saucisse de Molène. Bientôt arrivent plusieurs familles qui trouvent l’endroit parfait pour manger tranquille entre adultes un jour de pluie tandis que les moutards jouent aux boules ou à des jeux vidéo. Et puis, j’avais oublié, ce n’est pas qu’un jour de pluie, c’est aussi la Fête des Pères.
Tout cela fait que je ne commande pas de dessert, paie mes quinze euros et subis une nouvelle drache pour aller prendre le café à La Presqu’île, le rendez-vous de tous les naufragés. J’espère encore une fois que cette pluie se calme, mais non.
Je rejoins, en me faisant doucher, l’arrêt de bus Rampe et utilise le dernier voyage de ma carte de dix pour prendre le Bibus Deux jusqu’à Liberté Quartz. Deux cents mètres encore à parcourir sous la drache et me voilà sauvé.
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Du nouveau dans le Port de Brest, l’arrivée de quatre supports destinés aux éoliennes en mer de Saint-Brieuc. Soixante-quatorze mètres de hauteur, on ne peut les manquer.
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A La Presqu’île, une femme entre deux âges et entre deux verres vient me voir : « Excusez-moi si je vous offense, j’ai un petit coup dans le nez, mais vous ressemblez à un monsieur qui s’appelle Guitou qui est homosexuel et qui habite à La Forêt-Fouesnant. »
Ni ni, lui réponds-je.
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J’ai bien fait de prendre le Téléphérique mardi quatorze juin. Il est en panne depuis mercredi quinze.
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Ce dimanche je ne vote donc pas dans ma circonscription seinomarine où le choix du second tour des Législatives est entre le Macroniste sortant et un Mélenchoniste dont le principal défaut est d’être un professionnel de la politique (d’autres ont la possibilité de voter pour une femme de chambre ou un boulanger qui ont fait leurs preuves). Le premier l’emporte d’un cheveu.
*
« Le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron est mort-né. » (Gérard Courtois, commentant le soir venu les résultats sur France Culture)
19 juin 2020
Impossible avec les cars BreizhGo d’aller le matin à Portsall (hameau de Ploudalmézeau dont il a tenté en vain de s’émanciper en deux mille un). En semaine, le premier départ est à midi et quart et c’est avec deux cars successifs. Le samedi, il est à midi avec un seul car, le Quatorze.
J’y monte sous un ciel gris. Après la chaleur d’hier, le temps a totalement changé. Il fait frais, des vents à quatre-vingt-dix kilomètres heure sont annoncés pour ce soir mais pas de pluie. Nous traversons une campagne à bocage peuplée d’éoliennes puis c’est la descente vers ce port qui en mil neuf cent soixante-dix-huit fut à la une de l’actualité (comme on dit).
Le car grimpe alors une petite côte puis s’arrête devant l’église, son terminus. Il est treize heures. Je redescends vers le port où c’est marée basse par la rue Mon Repos et arrive près du restaurant Le Glenn Café où il reste une petite table ronde disponible en terrasse. Je m’y installe. La carte est courte. A cause de son nom, je suis tenté par le burgueur Amoco, mais c’est pour les végétariens, avec des algues. J’opte donc pour le Victoria sans trop savoir ce qu’il y a dedans. Pas de vin au pichet ici, ce sera un verre de chinon.
On a belle vue de cette terrasse, notamment sur une croix qui domine la colline d’en face. Un militaire en grande tenue promène une femme qu’on pourrait croire trouvée dans un bar de Recouvrance. Puis descendent de plusieurs voitures des jeunes excités. Des vingtenaires dont l’un est habillé en femme et porte une jarretière. C’est l’enterrement de vie de garçon de cet imbécile. Une cérémonie que Mai Soixante-Huit avait fait disparaître mais que les fâcheuses années quatre-vingt ont rétabli. Après diverses excentricités sur la voie publique, ce groupe monte au premier pour déjeuner et encore picoler avant de reprendre les voitures. Je ne m’attarde pas, règle mes dix-huit euros cinquante.
Le temps est encore plus gris quand je vais jusqu’au bout du port où se trouve l’ancre de l’Amoco Cadiz puis, revenu sur mes pas, je me décide à marcher jusqu’à la croix d’en face, ce que je n’ai jamais fait, bien que déjà venu plusieurs fois à Portsall, comme dans tous les lieux que je visite actuellement.
Je retrouve le Géherre Trente-Quatre après une vente de poissons. Il monte doucement à travers de petits champs dont on a récolté le foin. Ces grosses bottes de paille cylindriques me rappellent certains épisodes érotiques de mon passé. J’arrive à un menhir et apprends d’une pancarte que je suis sur le site mégalithique du Guilliguy où les restes d’une galerie dolménitique sont dominés par la croix (les cathos sont coutumier du fait). Je grimpe prudemment dans les roches pour atteindre le socle de cette croix afin d’admirer Portsall vu de haut quand je suis dépassé par bien plus agile, une collégienne qui s’assoit dans un petit abri sous le socle. « C’est une bonne cachette », lui dis-je. Elle me demande si je veux qu’elle se pousse quand je fais une photo. « Non, ce n’est pas nécessaire », lui réponds-je. Je lui souhaite une bonne après-midi mais elle ne m’entend déjà plus ayant mis de la musique dans ses oreilles.
Revenu au port, je m’assois sur un banc face à cette croix redevenue lointaine et poursuis ma lecture de Mémoires intimes. Vers seize heures je vais boire un café à un euro cinquante au O’ Don Neil à côté du Glenn Café et plus à l’abri du vent qui commence à bien souffler.
Une demi-heure plus tard tombent soudain de grosses gouttes qui interrompent ma lecture. Confiant dans les prévisions météo, je n’ai pas pris mon vêtement de pluie et il faut attendre jusqu’à dix-huit heures cinq le car du retour.
Ce que je fais sous l’abribus, assistant à l’arrivée des fidèles pour la messe du samedi soir, peu nombreux, vieux, tous venus en voiture, surtout des femmes.
Durant le trajet vers Brest la pluie redouble. Lorsque je descends à l’arrêt Liberté Quartz, un coup de tonnerre retentit. Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest, mais nom de Dieu que la pluie cesse.
Je n’ai que deux cents mètres à faire mais suis trempé à l’arrivée dans mon logis provisoire.
J’y monte sous un ciel gris. Après la chaleur d’hier, le temps a totalement changé. Il fait frais, des vents à quatre-vingt-dix kilomètres heure sont annoncés pour ce soir mais pas de pluie. Nous traversons une campagne à bocage peuplée d’éoliennes puis c’est la descente vers ce port qui en mil neuf cent soixante-dix-huit fut à la une de l’actualité (comme on dit).
Le car grimpe alors une petite côte puis s’arrête devant l’église, son terminus. Il est treize heures. Je redescends vers le port où c’est marée basse par la rue Mon Repos et arrive près du restaurant Le Glenn Café où il reste une petite table ronde disponible en terrasse. Je m’y installe. La carte est courte. A cause de son nom, je suis tenté par le burgueur Amoco, mais c’est pour les végétariens, avec des algues. J’opte donc pour le Victoria sans trop savoir ce qu’il y a dedans. Pas de vin au pichet ici, ce sera un verre de chinon.
On a belle vue de cette terrasse, notamment sur une croix qui domine la colline d’en face. Un militaire en grande tenue promène une femme qu’on pourrait croire trouvée dans un bar de Recouvrance. Puis descendent de plusieurs voitures des jeunes excités. Des vingtenaires dont l’un est habillé en femme et porte une jarretière. C’est l’enterrement de vie de garçon de cet imbécile. Une cérémonie que Mai Soixante-Huit avait fait disparaître mais que les fâcheuses années quatre-vingt ont rétabli. Après diverses excentricités sur la voie publique, ce groupe monte au premier pour déjeuner et encore picoler avant de reprendre les voitures. Je ne m’attarde pas, règle mes dix-huit euros cinquante.
Le temps est encore plus gris quand je vais jusqu’au bout du port où se trouve l’ancre de l’Amoco Cadiz puis, revenu sur mes pas, je me décide à marcher jusqu’à la croix d’en face, ce que je n’ai jamais fait, bien que déjà venu plusieurs fois à Portsall, comme dans tous les lieux que je visite actuellement.
Je retrouve le Géherre Trente-Quatre après une vente de poissons. Il monte doucement à travers de petits champs dont on a récolté le foin. Ces grosses bottes de paille cylindriques me rappellent certains épisodes érotiques de mon passé. J’arrive à un menhir et apprends d’une pancarte que je suis sur le site mégalithique du Guilliguy où les restes d’une galerie dolménitique sont dominés par la croix (les cathos sont coutumier du fait). Je grimpe prudemment dans les roches pour atteindre le socle de cette croix afin d’admirer Portsall vu de haut quand je suis dépassé par bien plus agile, une collégienne qui s’assoit dans un petit abri sous le socle. « C’est une bonne cachette », lui dis-je. Elle me demande si je veux qu’elle se pousse quand je fais une photo. « Non, ce n’est pas nécessaire », lui réponds-je. Je lui souhaite une bonne après-midi mais elle ne m’entend déjà plus ayant mis de la musique dans ses oreilles.
Revenu au port, je m’assois sur un banc face à cette croix redevenue lointaine et poursuis ma lecture de Mémoires intimes. Vers seize heures je vais boire un café à un euro cinquante au O’ Don Neil à côté du Glenn Café et plus à l’abri du vent qui commence à bien souffler.
Une demi-heure plus tard tombent soudain de grosses gouttes qui interrompent ma lecture. Confiant dans les prévisions météo, je n’ai pas pris mon vêtement de pluie et il faut attendre jusqu’à dix-huit heures cinq le car du retour.
Ce que je fais sous l’abribus, assistant à l’arrivée des fidèles pour la messe du samedi soir, peu nombreux, vieux, tous venus en voiture, surtout des femmes.
Durant le trajet vers Brest la pluie redouble. Lorsque je descends à l’arrêt Liberté Quartz, un coup de tonnerre retentit. Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest, mais nom de Dieu que la pluie cesse.
Je n’ai que deux cents mètres à faire mais suis trempé à l’arrivée dans mon logis provisoire.
18 juin 2022
Impossible d’aller le matin avec les cars BreizhGo à Porspoder, je dois attendre midi et quart pour monter dans le Douze qui va à la Gare Routière de Saint-Renan. Là je prends le Seize. Des éoliennes, un champ de colza, une chapelle, et dans le car, des filles qui vont à la plage « Dès qu’on arrive, on enlève nos chaussures ».
J’en descends comme trois d’entre elles près de la presqu’île Saint-Laurent, au port d’Argenton d’où la mer a disparu. Il est treize heures neuf. Nous sommes à marée basse. Je m’enquiers d’un restaurant. Ils ne sont pas en bord de mer et seul un des trois est ouvert, la crêperie Les Chardons Bleus. J’y trouve place en terrasse, avec vue sur la route, à la dernière table à l’ombre disponible.
Voulant éviter les crêpes, je choisis la salade Chardons Bleus, sans chardon mais avec du saumon fumé. La serveuse est débutante. Quand elle m’apporte le quart de vin blanc demandé, c’est un demi. Je le lui apprends et elle va le dire au patron. « On vous le comptera comme un quart », revient-elle me dire. Je me garde de tout boire. Si ce n’est pas la canicule au bout du Finistère, c’est néanmoins une journée à trente degrés. Derrière moi sont un jeune barbu habillé banlieue et sa copine en robe qui la boudine. «Vous direz au chef que si je n’ai pas touché sa salade, c’est que je n’en mange pas, c’est pas par manque de respect », déclare-t-il au patron à propos des trois feuilles de laitue qui accompagnait sa crêpe.
Mes dix-sept euros payés, je reviens vers le port, toujours sans eau, et plein d’algues vertes. Il y a là le café L’Océan, bien situé lui. A sa terrasse, je bois un café à un euro quarante puis je marche jusqu’à un amas rocheux surmonté d’une Croix de Lorraine. De là je vois enfin la mer, ses ilots, le phare du Four sur l’un d’eux et une belle plage à tribord. C’est assez pour une chaude journée.
Revenu à L’Océan, dont les toilettes sont à l’extérieur (on monte une petite côte et c’est la porte blanche à gauche), je bois un diabolo menthe à deux euros puis lis Simenon jusqu’à ce que ce soit le moment de prendre le car de dix-sept heures vingt. A son arrêt, je suis rejoint par les trois filles de l’arrivée. En maillot de bain, elles se rhabillent à la dernière minute. La question que je me pose sans leur demander, pourquoi aller si loin de Brest pour se baigner.
Dans le port, la mer est toujours absente. La marée haute, ce sera à vingt heures trente.
*
Une serveuse du Vauban, où je petit-déjeune, à sa collègue : « Non, les orages, c’est plus dimanche, c’est lundi, ça a été décalé. » Ensuite, avec l’insouciance de la jeunesse, elles causent de ce qu’il conviendrait de faire de leur corps après leur mort et toutes deux sont d’accord, « C’est mieux de se faire cramer ».
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Dans Ouest France ce vendredi, à propos de la pénurie de main-d’œuvre locale : « Ces Ukrainiens qui sauvent la saison bretonne ». Cette guerre est arrivée à point.
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Peu de voyageurs dans la résidence Air Bibi où je gîte. Surtout des travailleurs. Mon voisin travaille la nuit. La douche qu’il prend en rentrant me sert de réveille-matin.
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Trop de crêperies en Bretagne. Fermez-en. Ouvrez des restaurants.
J’en descends comme trois d’entre elles près de la presqu’île Saint-Laurent, au port d’Argenton d’où la mer a disparu. Il est treize heures neuf. Nous sommes à marée basse. Je m’enquiers d’un restaurant. Ils ne sont pas en bord de mer et seul un des trois est ouvert, la crêperie Les Chardons Bleus. J’y trouve place en terrasse, avec vue sur la route, à la dernière table à l’ombre disponible.
Voulant éviter les crêpes, je choisis la salade Chardons Bleus, sans chardon mais avec du saumon fumé. La serveuse est débutante. Quand elle m’apporte le quart de vin blanc demandé, c’est un demi. Je le lui apprends et elle va le dire au patron. « On vous le comptera comme un quart », revient-elle me dire. Je me garde de tout boire. Si ce n’est pas la canicule au bout du Finistère, c’est néanmoins une journée à trente degrés. Derrière moi sont un jeune barbu habillé banlieue et sa copine en robe qui la boudine. «Vous direz au chef que si je n’ai pas touché sa salade, c’est que je n’en mange pas, c’est pas par manque de respect », déclare-t-il au patron à propos des trois feuilles de laitue qui accompagnait sa crêpe.
Mes dix-sept euros payés, je reviens vers le port, toujours sans eau, et plein d’algues vertes. Il y a là le café L’Océan, bien situé lui. A sa terrasse, je bois un café à un euro quarante puis je marche jusqu’à un amas rocheux surmonté d’une Croix de Lorraine. De là je vois enfin la mer, ses ilots, le phare du Four sur l’un d’eux et une belle plage à tribord. C’est assez pour une chaude journée.
Revenu à L’Océan, dont les toilettes sont à l’extérieur (on monte une petite côte et c’est la porte blanche à gauche), je bois un diabolo menthe à deux euros puis lis Simenon jusqu’à ce que ce soit le moment de prendre le car de dix-sept heures vingt. A son arrêt, je suis rejoint par les trois filles de l’arrivée. En maillot de bain, elles se rhabillent à la dernière minute. La question que je me pose sans leur demander, pourquoi aller si loin de Brest pour se baigner.
Dans le port, la mer est toujours absente. La marée haute, ce sera à vingt heures trente.
*
Une serveuse du Vauban, où je petit-déjeune, à sa collègue : « Non, les orages, c’est plus dimanche, c’est lundi, ça a été décalé. » Ensuite, avec l’insouciance de la jeunesse, elles causent de ce qu’il conviendrait de faire de leur corps après leur mort et toutes deux sont d’accord, « C’est mieux de se faire cramer ».
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Dans Ouest France ce vendredi, à propos de la pénurie de main-d’œuvre locale : « Ces Ukrainiens qui sauvent la saison bretonne ». Cette guerre est arrivée à point.
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Peu de voyageurs dans la résidence Air Bibi où je gîte. Surtout des travailleurs. Mon voisin travaille la nuit. La douche qu’il prend en rentrant me sert de réveille-matin.
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Trop de crêperies en Bretagne. Fermez-en. Ouvrez des restaurants.
17 juin 2022
Le car BreizhGo numéro Vingt de sept heures trente-sept a pour terminus le bourg de Landéda et j’en descends ce jeudi au hameau nommé Aber Wrac’h qui dispose d’un port de même nom au débouché du fleuve éponyme dont l’eau clapote car nous sommes à marée haute.
Je longe le port où sont amarrés quelques bons gros bateaux de pêche puis arrive à la plage qui, ça m’en rappelle une autre, est celle de la Baie des Anges mais ici, à ma connaissance, pas de miss.
De l’autre côté de l’estuaire, j’aperçois au loin le phare de l’île Wrac’h et le plus grand des deux de l’île de la Vierge. Je continue un peu sur le Géherre Trente-Quatre puis rebrousse en faisant le détour du sémaphore par un escalier à marches de bois. De là-haut, on a belle vue sur le large, les ilots, les phares et le mouvement des bateaux.
Aber W’rach possède un joli Café du Port dont la façade est ocre. A sa terrasse ensoleillée, je bois un café à un euro soixante, accompagné d’une cruche d’eau, et puis lis.
Quand c’est midi, je déjeune en face, seul à l’une des grandes tables en bois du Ty Billig Ar Mor où l’on propose six huîtres pour huit euros. En revanche, les plats du jour sont un peu chers, treize euros cinquante, mais si j’en prends un après mes huîtres, on s’arrangera, me dit la gentille patronne, « c’est moi qui fais l’addition ». Moyennant quoi, j’opte pour le lard grillé avec des frites.
Ce n’est pas terrible côté cuisine mais j’aime l’endroit et, comme convenu, la patronne me fait un prix d’ami, huîtres, lard grillé et quart de vin rouge pour vingt euros.
Je lis un moment, dans une petite brise, sur un banc dominant le port, tandis qu’en partent de hardis plongeurs et qu’y arrive un bateau promène-touristes chargé de retraité(e)s, lesquels sont immédiatement emportés par un car, puis je retourne au Café du Port pour un dernier café verre d’eau.
Il est quinze heures sept quand se présente le car pour Brest, comme affiché sur l’horaire.
*
A Brest, une Maison de Retraite Médicalisée Mer d’Iroise, loin de celle-ci, avec vue sur les immeubles d’en face.
*
Dans le car de l’aller, au départ de Brest, à part moi et le chauffeur, que des jeunes Noirs qui se connaissent mais sont assis loin les uns des autres. Ce car traverse Bourg-Blanc.
*
Au Ty Billig Ar Mor, un fils motard avec ses parents motards :
-Y a du fish and chips, maman.
-C’est quoi ?
*
Ailleurs, c’est la canicule. Combien de temps avant que les riches pour fuir les côtes de la Méditerranée et de l’Atlantique devenues insupportables l’été viennent coloniser les bords de la Manche ?
Je longe le port où sont amarrés quelques bons gros bateaux de pêche puis arrive à la plage qui, ça m’en rappelle une autre, est celle de la Baie des Anges mais ici, à ma connaissance, pas de miss.
De l’autre côté de l’estuaire, j’aperçois au loin le phare de l’île Wrac’h et le plus grand des deux de l’île de la Vierge. Je continue un peu sur le Géherre Trente-Quatre puis rebrousse en faisant le détour du sémaphore par un escalier à marches de bois. De là-haut, on a belle vue sur le large, les ilots, les phares et le mouvement des bateaux.
Aber W’rach possède un joli Café du Port dont la façade est ocre. A sa terrasse ensoleillée, je bois un café à un euro soixante, accompagné d’une cruche d’eau, et puis lis.
Quand c’est midi, je déjeune en face, seul à l’une des grandes tables en bois du Ty Billig Ar Mor où l’on propose six huîtres pour huit euros. En revanche, les plats du jour sont un peu chers, treize euros cinquante, mais si j’en prends un après mes huîtres, on s’arrangera, me dit la gentille patronne, « c’est moi qui fais l’addition ». Moyennant quoi, j’opte pour le lard grillé avec des frites.
Ce n’est pas terrible côté cuisine mais j’aime l’endroit et, comme convenu, la patronne me fait un prix d’ami, huîtres, lard grillé et quart de vin rouge pour vingt euros.
Je lis un moment, dans une petite brise, sur un banc dominant le port, tandis qu’en partent de hardis plongeurs et qu’y arrive un bateau promène-touristes chargé de retraité(e)s, lesquels sont immédiatement emportés par un car, puis je retourne au Café du Port pour un dernier café verre d’eau.
Il est quinze heures sept quand se présente le car pour Brest, comme affiché sur l’horaire.
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A Brest, une Maison de Retraite Médicalisée Mer d’Iroise, loin de celle-ci, avec vue sur les immeubles d’en face.
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Dans le car de l’aller, au départ de Brest, à part moi et le chauffeur, que des jeunes Noirs qui se connaissent mais sont assis loin les uns des autres. Ce car traverse Bourg-Blanc.
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Au Ty Billig Ar Mor, un fils motard avec ses parents motards :
-Y a du fish and chips, maman.
-C’est quoi ?
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Ailleurs, c’est la canicule. Combien de temps avant que les riches pour fuir les côtes de la Méditerranée et de l’Atlantique devenues insupportables l’été viennent coloniser les bords de la Manche ?
16 juin 2022
Changement de lieu pour mon café allongé du matin, me voici à l’intérieur du bien connu Le Vauban « Hôtel Bar Restaurant Salle de Concert » où sont passés Maxime Le Forestier, Paul Personne, Mano Solo, Bill Deraime, Stephan Eicher ou encore Miossec ; vendredi ce sera Marquis, ce qui reste de Marquis de Sade. Présentement, dans la salle de bar, on entend de la musique américaine des années soixante-dix. J’ouvre Le Télégramme du jour et n’y trouve rien à lire. Aussi reprends-je les Mémoires intimes de Georges Simenon, qui c’est sûr aujourd’hui tairait soigneusement certains épisodes de sa vie sexuelle.
Contrairement à toute logique ce café allongé ne me coûte qu’un euro cinquante. J’ai peu de marche à faire pour atteindre la Gare Routière. A neuf heures démarre le car BreizhGo numéro Vingt pour Plouguerneau, avec moi et quelques autres dedans. Ces autres descendent à Lannilis. Je suis seul avec le chauffeur durant la dernière demi-heure du voyage dans le pays des abers. Il s’achève au lieu-dit Lilia près d’une église à l’architecture moderne.
De là je marche jusqu’à la mer proche, découvrant une plage courbe à marée basse, au loin le bout rouge du phare de l’île Wrac’h et de multiples ilots rocheux. Je poursuis en direction d’un petit port où un bateau empli de goémon est déchargé dans la benne d’un camion puis surgit à mon regard l’île de la Vierge avec ses deux phares. Le petit qui sert d’amer et le grand désormais automatisé. Il est le plus haut phare d’Europe et même le plus haut du monde des phares en pierre de taille (bravo le phare). Un siège en bois me permet de lire semi allongé face à cette beauté.
Vers onze heures et demie, je fais le tour des quelques restaurants de bord de mer et sans hésitation retiens une table d’extérieur au soleil à la crêperie La Route des Phares. Je fais bien car dès midi on y afflue, surtout des habitués locaux qui s’entre-saluent. C’est qu’on y propose un menu entrée plat dessert à onze euros quatre-vingts et que le personnel en ticheurte orange est fort sympathique et efficace. Ma salade de chèvre chaud est posée sur une petite crêpe, suivent des calamars à l’armoricaine avec des frites et enfin une crêpe caramel beurre salé. J’accompagne cette bonne nourriture d’un demi-pichet de cidre à la pression (six euros quatre-vingts) et la fais suivre d’un café (un euro soixante).
A l’issue, je marche un peu le long de la plage puis remonte jusqu’à l’église pour prendre le car de quatorze heures cinq. J’en suis le seul passager au départ. Il en monte trois au centre de Plouguerneau. Tous, nous sommes déposés à Lannilis où nous attend un autre car qui nous emmène à Brest.
*
Plouguerneau, c’est quarante-cinq kilomètres de côte, on ne fait pas le tour du pays comme ça.
*
Plouguerneau, c’est aussi le pays d’Yvon Etienne, chanteur breton chantant en français, que j’aimais bien dans les années soixante-dix. Je me souviens de La confiture ça colle à la figure / Pourtant c’est une bonne nourriture. Il chante toujours, semble-t-il.
Contrairement à toute logique ce café allongé ne me coûte qu’un euro cinquante. J’ai peu de marche à faire pour atteindre la Gare Routière. A neuf heures démarre le car BreizhGo numéro Vingt pour Plouguerneau, avec moi et quelques autres dedans. Ces autres descendent à Lannilis. Je suis seul avec le chauffeur durant la dernière demi-heure du voyage dans le pays des abers. Il s’achève au lieu-dit Lilia près d’une église à l’architecture moderne.
De là je marche jusqu’à la mer proche, découvrant une plage courbe à marée basse, au loin le bout rouge du phare de l’île Wrac’h et de multiples ilots rocheux. Je poursuis en direction d’un petit port où un bateau empli de goémon est déchargé dans la benne d’un camion puis surgit à mon regard l’île de la Vierge avec ses deux phares. Le petit qui sert d’amer et le grand désormais automatisé. Il est le plus haut phare d’Europe et même le plus haut du monde des phares en pierre de taille (bravo le phare). Un siège en bois me permet de lire semi allongé face à cette beauté.
Vers onze heures et demie, je fais le tour des quelques restaurants de bord de mer et sans hésitation retiens une table d’extérieur au soleil à la crêperie La Route des Phares. Je fais bien car dès midi on y afflue, surtout des habitués locaux qui s’entre-saluent. C’est qu’on y propose un menu entrée plat dessert à onze euros quatre-vingts et que le personnel en ticheurte orange est fort sympathique et efficace. Ma salade de chèvre chaud est posée sur une petite crêpe, suivent des calamars à l’armoricaine avec des frites et enfin une crêpe caramel beurre salé. J’accompagne cette bonne nourriture d’un demi-pichet de cidre à la pression (six euros quatre-vingts) et la fais suivre d’un café (un euro soixante).
A l’issue, je marche un peu le long de la plage puis remonte jusqu’à l’église pour prendre le car de quatorze heures cinq. J’en suis le seul passager au départ. Il en monte trois au centre de Plouguerneau. Tous, nous sommes déposés à Lannilis où nous attend un autre car qui nous emmène à Brest.
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Plouguerneau, c’est quarante-cinq kilomètres de côte, on ne fait pas le tour du pays comme ça.
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Plouguerneau, c’est aussi le pays d’Yvon Etienne, chanteur breton chantant en français, que j’aimais bien dans les années soixante-dix. Je me souviens de La confiture ça colle à la figure / Pourtant c’est une bonne nourriture. Il chante toujours, semble-t-il.
15 juin 2022
Ce mardi est le jour du transfert. Je passe de Recouvrance à « Brest même ». Mon nouveau logis Air Bibi est proche de la Gare Routière. Ce qui facilitera mes déplacements à venir.
Plutôt que monter la rue de Siam et une partie de la rue Jean-Jaurès en tirant ma valise, je prends le tram à Mac Orlan et en descends à Jean Jaurès.
Mon second logement temporaire brestois est dans une rue perpendiculaire au tracé du tramouais, au sein d’un bâtiment où se trouvent aussi les bureaux de la conciergerie qui le gère. J’y laisse ma valise en garde jusqu’à quinze heures.
Allégé, je m’offre un café lecture à La Chope en face à l’Office de Tourisme, un euro cinquante. Par souci pratique, je déjeune tout près, à la terrasse de la Brasserie Hôtel de Ville, proche de la Mairie. Le repas assez médiocre (tarte jambon fromage, thon à la plancha) est animé par la chute d’un cycliste dont la roue se coince dans un des rails en creux du tram. Plus de peur que de mal, comme on dit. Avec mon quart de sauvignon, cela fait vingt et un euros.
C’est aujourd’hui que je prends le Téléphérique. Pour ce faire, le tram m’emmène à l’arrêt Château. Le départ de la cabine est à côté, à l’arrêt Jean Moulin, et j’utilise le même ticket. Tout se fait en douceur (durée trois minutes) et en hauteur (jusqu’à soixante-dix mètres) lors de cette traversée de la Penfeld, ce fleuve confisqué par les militaires, avec vue exceptionnelle sur la rade, croisement d’une cabine arrivant en face et terminus à l’étage des Ateliers des Capucins.
Puisque je suis ici à nouveau, je vais voir à quoi ressemble la Médiathèque François Mitterrand. Elle est vaste, fonctionnelle, et il y fait déjà trop chaud. Quand j’en ressors, je vois qu’elle a été inaugurée par François Hollande le jour de mes soixante-six ans.
Pour rentrer, c’est le Téléphérique dans l’autre sens puis le tram jusqu’à Jean Jaurès. A quinze heures, je récupère ma valise, tape les quatre chiffres du digicode, monte au deuxième étage et comme indiqué trouve ouvert le studio en face, avec sa clé sur la table. Manifestement, on est là dans un ancien hôtel dont les chambres ont été reconverties en studios, tous gérés par la même conciergerie.
A peine installé, je ressors faire quelques courses au Leclerc situé à l’étage d’un immeuble de la rue Jean-Jaurès. Longtemps que je n’étais pas entré dans un aussi grand supermarché. Cela me déprime toujours autant. Je ne connais de plus sinistre qu’un magasin de bricolage ou un garage automobile (dans ces deux derniers, plus jamais je ne mettrai le pied).
*
C’est le seize juin que le réseau social Effe Bé me bloquera faute d’avoir un téléphone portatif, mais dès à présent je ne peux plus m’y connecter. En cause, mon nouveau changement d’adresse qui le perturbe complétement.
Plutôt que monter la rue de Siam et une partie de la rue Jean-Jaurès en tirant ma valise, je prends le tram à Mac Orlan et en descends à Jean Jaurès.
Mon second logement temporaire brestois est dans une rue perpendiculaire au tracé du tramouais, au sein d’un bâtiment où se trouvent aussi les bureaux de la conciergerie qui le gère. J’y laisse ma valise en garde jusqu’à quinze heures.
Allégé, je m’offre un café lecture à La Chope en face à l’Office de Tourisme, un euro cinquante. Par souci pratique, je déjeune tout près, à la terrasse de la Brasserie Hôtel de Ville, proche de la Mairie. Le repas assez médiocre (tarte jambon fromage, thon à la plancha) est animé par la chute d’un cycliste dont la roue se coince dans un des rails en creux du tram. Plus de peur que de mal, comme on dit. Avec mon quart de sauvignon, cela fait vingt et un euros.
C’est aujourd’hui que je prends le Téléphérique. Pour ce faire, le tram m’emmène à l’arrêt Château. Le départ de la cabine est à côté, à l’arrêt Jean Moulin, et j’utilise le même ticket. Tout se fait en douceur (durée trois minutes) et en hauteur (jusqu’à soixante-dix mètres) lors de cette traversée de la Penfeld, ce fleuve confisqué par les militaires, avec vue exceptionnelle sur la rade, croisement d’une cabine arrivant en face et terminus à l’étage des Ateliers des Capucins.
Puisque je suis ici à nouveau, je vais voir à quoi ressemble la Médiathèque François Mitterrand. Elle est vaste, fonctionnelle, et il y fait déjà trop chaud. Quand j’en ressors, je vois qu’elle a été inaugurée par François Hollande le jour de mes soixante-six ans.
Pour rentrer, c’est le Téléphérique dans l’autre sens puis le tram jusqu’à Jean Jaurès. A quinze heures, je récupère ma valise, tape les quatre chiffres du digicode, monte au deuxième étage et comme indiqué trouve ouvert le studio en face, avec sa clé sur la table. Manifestement, on est là dans un ancien hôtel dont les chambres ont été reconverties en studios, tous gérés par la même conciergerie.
A peine installé, je ressors faire quelques courses au Leclerc situé à l’étage d’un immeuble de la rue Jean-Jaurès. Longtemps que je n’étais pas entré dans un aussi grand supermarché. Cela me déprime toujours autant. Je ne connais de plus sinistre qu’un magasin de bricolage ou un garage automobile (dans ces deux derniers, plus jamais je ne mettrai le pied).
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C’est le seize juin que le réseau social Effe Bé me bloquera faute d’avoir un téléphone portatif, mais dès à présent je ne peux plus m’y connecter. En cause, mon nouveau changement d’adresse qui le perturbe complétement.
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