Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 juin 2022
Le dimanche au lever du jour, à Brest comme ailleurs, on croise surtout dans les rues des paumé(e)s du petit matin, une viande saoule, jeune, inoffensive et pitoyable. Parfaitement à jeun, je remonte pédestrement la rue de Siam jusqu’au bout, contourne la place de la Liberté et poursuis dans le même axe, rue Jean-Jaurès, toujours montant, jusqu’à l’arrêt de tramouais Saint-Martin où je prends à gauche. Ici se cache le seul quartier de « Brest même » épargné par les bombardements.
J’aperçois d’abord l’église qui lui donne son nom, la plus vieille de la ville (dix-septième siècle), puis découvre à côté d’icelle un Poste de Police maculé de peinture rouge (il y a tout près une rue Proudhon) et de belles bâtisses aux volets colorés. J’arrive ensuite place Guérin, le cœur du quartier, en forme de carré. Sur un de ses côtés est une école jouxtée d’une médiathèque et sur les trois autres des maisons basses abritant pour certaines des petits métiers traditionnels (cafetier, bouquiniste, libraire, ostéopathe, etc.). Un calme total règne sur cette place qui doit être fort animée aux heures ouvrables. Je trouve ensuite les Halles, fermées bien sûr, autour desquelles se tient, d’autres jours, un marché aux puces. Ce quartier Saint-Martin vaut vraiment le déplacement.
Retourné rue de Siam, je parcours l’allée principale du marché dominical qui se tient près des Halles Saint-Louis (les fraises y sont proposées à cinq euros les cinq cents grammes bien que l’on soit à côté de Plougastel) puis je rejoins le Port de Commerce par le cours Dajot qui fut construit par des bagnards.
Après un café lecture à La Presqu’île, je déjeune près du port de plaisance dit du Château, d’un burgueur Royal Potatoes avec un quart de merlot, au restaurant Au Bureau. Je me trouve bientôt seul en terrasse sous un parasol transformé en parapluie par une soudaine drache qui fait fuir les autres clients vers l’intérieur. Celle-ci passée, le soleil revient, jusqu’à’ la prochaine.
« Pas besoin de vous donner le numéro de ma table », dis-je à celui que je vais voir pour payer mes vingt euros quatre-vingt-dix avant de retourner à Recouvrance.
*
Recouvrance ne fut rattaché à Brest qu’à la construction du Pont en mil neuf cent cinquante-quatre. Ce qui était un lieu de turpitude est devenu bien tranquille, pour ne pas dire mort. Impossible d’y trouver un café sympathique, même en journée. On est loin de l’époque des bars à matelots et des filles dites de mauvaise vie qui s’épanouissaient notamment dans la rue Vauban à l’extrémité de laquelle je loge.
Moi qui pensais qu’à Recouvrance, ça fermait un peu plus tard / Moi qui pensais qu’à Recouvrance, on trouvait toujours à boire, chante Miossec dont l’étonnement m’étonne (il est né à Brest).
*
Des débauches du passé, Pierre Mac Orlan a témoigné (dont une station de tramouais à Recouvrance porte le nom). En mil neuf cent vingt-six, il écrivait ceci:
C’est à Kéravel, derrière l’ancien bagne, dans ce quartier sillonné de venelles sans nom, simplement numérotées, qu’il faut aller chercher la toute petite fille, à la bouche un peu grande, qui, déjà en bas de soie sales afin de faire saillir ses genoux légèrement cagneux, offre la délicate hypothèse d’une « petite alliée » assez belle.
J’aperçois d’abord l’église qui lui donne son nom, la plus vieille de la ville (dix-septième siècle), puis découvre à côté d’icelle un Poste de Police maculé de peinture rouge (il y a tout près une rue Proudhon) et de belles bâtisses aux volets colorés. J’arrive ensuite place Guérin, le cœur du quartier, en forme de carré. Sur un de ses côtés est une école jouxtée d’une médiathèque et sur les trois autres des maisons basses abritant pour certaines des petits métiers traditionnels (cafetier, bouquiniste, libraire, ostéopathe, etc.). Un calme total règne sur cette place qui doit être fort animée aux heures ouvrables. Je trouve ensuite les Halles, fermées bien sûr, autour desquelles se tient, d’autres jours, un marché aux puces. Ce quartier Saint-Martin vaut vraiment le déplacement.
Retourné rue de Siam, je parcours l’allée principale du marché dominical qui se tient près des Halles Saint-Louis (les fraises y sont proposées à cinq euros les cinq cents grammes bien que l’on soit à côté de Plougastel) puis je rejoins le Port de Commerce par le cours Dajot qui fut construit par des bagnards.
Après un café lecture à La Presqu’île, je déjeune près du port de plaisance dit du Château, d’un burgueur Royal Potatoes avec un quart de merlot, au restaurant Au Bureau. Je me trouve bientôt seul en terrasse sous un parasol transformé en parapluie par une soudaine drache qui fait fuir les autres clients vers l’intérieur. Celle-ci passée, le soleil revient, jusqu’à’ la prochaine.
« Pas besoin de vous donner le numéro de ma table », dis-je à celui que je vais voir pour payer mes vingt euros quatre-vingt-dix avant de retourner à Recouvrance.
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Recouvrance ne fut rattaché à Brest qu’à la construction du Pont en mil neuf cent cinquante-quatre. Ce qui était un lieu de turpitude est devenu bien tranquille, pour ne pas dire mort. Impossible d’y trouver un café sympathique, même en journée. On est loin de l’époque des bars à matelots et des filles dites de mauvaise vie qui s’épanouissaient notamment dans la rue Vauban à l’extrémité de laquelle je loge.
Moi qui pensais qu’à Recouvrance, ça fermait un peu plus tard / Moi qui pensais qu’à Recouvrance, on trouvait toujours à boire, chante Miossec dont l’étonnement m’étonne (il est né à Brest).
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Des débauches du passé, Pierre Mac Orlan a témoigné (dont une station de tramouais à Recouvrance porte le nom). En mil neuf cent vingt-six, il écrivait ceci:
C’est à Kéravel, derrière l’ancien bagne, dans ce quartier sillonné de venelles sans nom, simplement numérotées, qu’il faut aller chercher la toute petite fille, à la bouche un peu grande, qui, déjà en bas de soie sales afin de faire saillir ses genoux légèrement cagneux, offre la délicate hypothèse d’une « petite alliée » assez belle.
5 juin 2022
Vendredi soir, au moment où ils rentrent, je chope les occupants de l’appartement au-dessus du mien pour essayer d’obtenir d’eux la possibilité de me connecter sur leur boxe. Las, c’est aussi un logement Airbibi et eux aussi, deux couples de retraités, sont en panne d’Internet depuis leur arrivée. Une même boxe doit desservir les trois appartements du petit immeuble.
Après une nuit sans orage, bien qu’il ait été annoncé, je remonte la rue de Siam ce samedi et arrive à la boulangerie pour son ouverture. Il est sept heures et demie et aucun café n’est ouvert dans le coin.
Je mange donc mes viennoiseries sur un banc puis passe à la Gare Routière afin d’y prendre deux horaires qui me manquaient et redescends vers la Penfeld. Mon objectif du jour est de regarder de plus près le Château, c’est-à-dire d’en faire de tour avec mon appareil photo. Il abrite la Préfecture Maritime ainsi que le Musée de la Marine et doit son aspect actuel à Vauban.
Cela fait, j’emprunte la rampe qui mène au Port du Commerce. C’est ouvert à La Presqu’île. J’y bois un allongé (un euro cinquante) avant de lire longuement Mémoires intimes de Simenon entouré de quelques locaux qui, comme moi, viennent ici pour lire, mais Ouest France ou Le Télégramme ou les deux.
A midi, je déjeune au même endroit d’une andouillette de campagne suivie d’une mousse au chocolat avec un quart de vin rouge (vingt-deux euros) puis je reprends ma lecture sur un banc face à l’embarcadère.
Je profite ainsi de l’aubade donnée par quatre interprètes de musique bretonne à un peloton de cyclistes qui embarquent avec leurs engins pour Ouessant.
Au milieu de l’après-midi, je repasse chez Offside Bay avec mon ordinateur et en remontant sonne chez le voisin d’à côté que je soupçonne être le propriétaire d’une Lifebox sur laquelle je pourrais me connecter, s’il consentait à me donner son code.
« Ça ne se donne pas ces choses-là », me dit celui à qui j’explique mon cas après qu’il m’a fait entrer chez lui et qui s’avère être un retraité de chez France Telecom. Cependant tout n’est pas perdu, il me propose de bidouiller sa boxe pour la transformer en hot spot avec lequel je pourrai me connecter. « Je viendrai toquer à votre fenêtre quand j’aurai fait la manip ».
Ce qu’il fait. Je le fais entrer mais c’est pour apprendre que c’est fini le hot spot chez Orange. Il essaie une autre méthode avec son smartphone mais ça ne peut fonctionner qu’un temps. Et puis, comme ça fait un moment qu’on discute tous les deux, finalement il me dit qu’il va me le donner, son code ouifi. Il faut qu’il aille le chercher.
Le temps passe et il ne revient pas. J’en déduis qu’il a changé d’avis, de lui-même ou sur le conseil de sa femme que j’ai sentie très réticente.
Quand il toque à nouveau, il est presque dix-neuf heures. Il me confirme ce que je supputais. « On ne peut faire confiance à personne aujourd’hui », me dit-il avant que je lui souhaite une bonne soirée.
*
Carieux homme qui refuse de donner son code ouifi car il faut de méfier de tout le monde, mais fait entrer directement un inconnu chez lui.
Après une nuit sans orage, bien qu’il ait été annoncé, je remonte la rue de Siam ce samedi et arrive à la boulangerie pour son ouverture. Il est sept heures et demie et aucun café n’est ouvert dans le coin.
Je mange donc mes viennoiseries sur un banc puis passe à la Gare Routière afin d’y prendre deux horaires qui me manquaient et redescends vers la Penfeld. Mon objectif du jour est de regarder de plus près le Château, c’est-à-dire d’en faire de tour avec mon appareil photo. Il abrite la Préfecture Maritime ainsi que le Musée de la Marine et doit son aspect actuel à Vauban.
Cela fait, j’emprunte la rampe qui mène au Port du Commerce. C’est ouvert à La Presqu’île. J’y bois un allongé (un euro cinquante) avant de lire longuement Mémoires intimes de Simenon entouré de quelques locaux qui, comme moi, viennent ici pour lire, mais Ouest France ou Le Télégramme ou les deux.
A midi, je déjeune au même endroit d’une andouillette de campagne suivie d’une mousse au chocolat avec un quart de vin rouge (vingt-deux euros) puis je reprends ma lecture sur un banc face à l’embarcadère.
Je profite ainsi de l’aubade donnée par quatre interprètes de musique bretonne à un peloton de cyclistes qui embarquent avec leurs engins pour Ouessant.
Au milieu de l’après-midi, je repasse chez Offside Bay avec mon ordinateur et en remontant sonne chez le voisin d’à côté que je soupçonne être le propriétaire d’une Lifebox sur laquelle je pourrais me connecter, s’il consentait à me donner son code.
« Ça ne se donne pas ces choses-là », me dit celui à qui j’explique mon cas après qu’il m’a fait entrer chez lui et qui s’avère être un retraité de chez France Telecom. Cependant tout n’est pas perdu, il me propose de bidouiller sa boxe pour la transformer en hot spot avec lequel je pourrai me connecter. « Je viendrai toquer à votre fenêtre quand j’aurai fait la manip ».
Ce qu’il fait. Je le fais entrer mais c’est pour apprendre que c’est fini le hot spot chez Orange. Il essaie une autre méthode avec son smartphone mais ça ne peut fonctionner qu’un temps. Et puis, comme ça fait un moment qu’on discute tous les deux, finalement il me dit qu’il va me le donner, son code ouifi. Il faut qu’il aille le chercher.
Le temps passe et il ne revient pas. J’en déduis qu’il a changé d’avis, de lui-même ou sur le conseil de sa femme que j’ai sentie très réticente.
Quand il toque à nouveau, il est presque dix-neuf heures. Il me confirme ce que je supputais. « On ne peut faire confiance à personne aujourd’hui », me dit-il avant que je lui souhaite une bonne soirée.
*
Carieux homme qui refuse de donner son code ouifi car il faut de méfier de tout le monde, mais fait entrer directement un inconnu chez lui.
4 juin 2022
Toujours pas de ouifi dans mon appartement Air Bibi de Recouvrance. Comme il est géré par une conciergerie située je ne sais où loin de la ville, je crains que la situation perdure. Peut-être le problème vient-il de Esse Effe Air, la boxe n’apparaît même plus dans la liste des connexions disponibles. J’organise mes journées sans l’aide d’Internet.
Ce vendredi, je passe le Pont de Recouvrance avec le tramouais, en descends à Liberté, monte dans le Bibus Trois qui va à Océanopolis et m’arrête à Port de Plaisance. Nous sommes ici au lieu-dit Le Moulin Blanc, dont le port et la plage ont le nom.
Il est sept heures et demie. La boulangerie Paul est ouverte. J’achète croissant, pain au chocolat et café allongé pour trois euros vingt et petit-déjeune au soleil en terrasse, d’où j’ai vue sur la plage, peu vaste, et le début du Port de Plaisance, vaste.
Je longe ensuite celui-ci par une large promenade, décidé à me rapprocher par ce moyen du lointain Port de Commerce.
L’Armée en décide autrement. Je me heurte à une barrière grillagée placée en travers du chemin. « Village Mondial de la Voile Militaire », est-il affiché, « Ouvert à tout public » et en petit « de 10h00 à 18h00 ».
C’est bien les militaires, infoutus de se bouger avant le milieu de la matinée. Il y en a quand même un de levé, dans une petite guérite, chargé de surveiller la barrière. Il sort la tête quand il me voit photographier la pancarte.
-Ça ouvre à dix heures, me dit-il.
-J’ai compris. Je fais une photo pour montrer que là où il y a des militaires, il y a des barrières.
-Il faut vous plaindre au Maire, me dit-il.
-Mieux, au Ministre de la Défense.
-Aussi.
Je fais demi-tour et m’assois sur un banc pour commencer la lecture de Mémoires intimes de Georges Simenon, ce qui me rappellera La Rochelle, une relecture précisément, d’un livre dont j’ai tout oublié, hormis le lien ambiguë qu’avait sa fille suicidée avec lui. C’est une édition Presses Pocket, le plus épais livre de poche que je connaisse, mille deux cent cinquante pages.
A dix heures, horaire militaire, ouvrent les cafés restaurants, dont celui d’Olivier de Kersauson, Le Tour du Monde, situé à l’étage au-dessus de l’Amicale des Plaisanciers. Il dispose d’une grande terrasse avec une magnifique vue sur le port et Plougastel en face. Paradoxalement, le café n’y coûte qu’un euro cinquante.
Je suis si bien là avec Simenon que je demande à garder ma table pour le déjeuner. La restauration proposée est succincte et peu chère. J’opte pour les moules marinières à douze euros, avec un verre de sauvignon à deux euros quatre-vingts. Ce ne sont certes pas les frites de Tara Inn et si les moules sont petites au moins sont-elles nombreuses.
Il est treize heures quand j’attends le Bibus du retour. Sur la plage, la marée basse donne à voir les algues vertes sur lesquelles marchaient les baigneurs du matin. Ayant rejoint Recouvrance, je constate que ma ouifi est toujours en carafe et retraverse le Pont avec mon ordinateur pour un café à un euro soixante-dix chez Offside Bay.
Ce n’est pas le message de la conciergerie qui me permettra de régler mon problème d’Internet. On me conseille de vérifier les branchements de la boxe. J’y aurais pensé tout seul mais rien ne ressemble à une boxe dans l’appartement.
Avant de rentrer, je m’installe sur un banc proche de la Penfield et reprends mon gros livre, à ma gauche le Château, en face le Pont, à ma droite le Téléphérique. C’est la première fois que je le vois fonctionner. D’où je suis, ses cabines semblent bien petites et drôlement hautes.
*
Dans le Port de Plaisance du Moulin Blanc, cet avertissement : « Tout quillard le long du quai doit être maintenu obligatoirement par une cravate ».
*
Pendant ma longue station chez Kersauson se succèdent à la table voisine quatre enseignant(e)s surveillant de loin leurs élèves qui font de la voile avec des moniteurs puis trois infirmières en pause méridienne. Leur point commun : des histoires avec les collègues.
*
On s’inquiète à la télé bretonne du manque d’eau d’une part et de blé noir d’autre part, les crêperies sont aux abois.
Ce vendredi, je passe le Pont de Recouvrance avec le tramouais, en descends à Liberté, monte dans le Bibus Trois qui va à Océanopolis et m’arrête à Port de Plaisance. Nous sommes ici au lieu-dit Le Moulin Blanc, dont le port et la plage ont le nom.
Il est sept heures et demie. La boulangerie Paul est ouverte. J’achète croissant, pain au chocolat et café allongé pour trois euros vingt et petit-déjeune au soleil en terrasse, d’où j’ai vue sur la plage, peu vaste, et le début du Port de Plaisance, vaste.
Je longe ensuite celui-ci par une large promenade, décidé à me rapprocher par ce moyen du lointain Port de Commerce.
L’Armée en décide autrement. Je me heurte à une barrière grillagée placée en travers du chemin. « Village Mondial de la Voile Militaire », est-il affiché, « Ouvert à tout public » et en petit « de 10h00 à 18h00 ».
C’est bien les militaires, infoutus de se bouger avant le milieu de la matinée. Il y en a quand même un de levé, dans une petite guérite, chargé de surveiller la barrière. Il sort la tête quand il me voit photographier la pancarte.
-Ça ouvre à dix heures, me dit-il.
-J’ai compris. Je fais une photo pour montrer que là où il y a des militaires, il y a des barrières.
-Il faut vous plaindre au Maire, me dit-il.
-Mieux, au Ministre de la Défense.
-Aussi.
Je fais demi-tour et m’assois sur un banc pour commencer la lecture de Mémoires intimes de Georges Simenon, ce qui me rappellera La Rochelle, une relecture précisément, d’un livre dont j’ai tout oublié, hormis le lien ambiguë qu’avait sa fille suicidée avec lui. C’est une édition Presses Pocket, le plus épais livre de poche que je connaisse, mille deux cent cinquante pages.
A dix heures, horaire militaire, ouvrent les cafés restaurants, dont celui d’Olivier de Kersauson, Le Tour du Monde, situé à l’étage au-dessus de l’Amicale des Plaisanciers. Il dispose d’une grande terrasse avec une magnifique vue sur le port et Plougastel en face. Paradoxalement, le café n’y coûte qu’un euro cinquante.
Je suis si bien là avec Simenon que je demande à garder ma table pour le déjeuner. La restauration proposée est succincte et peu chère. J’opte pour les moules marinières à douze euros, avec un verre de sauvignon à deux euros quatre-vingts. Ce ne sont certes pas les frites de Tara Inn et si les moules sont petites au moins sont-elles nombreuses.
Il est treize heures quand j’attends le Bibus du retour. Sur la plage, la marée basse donne à voir les algues vertes sur lesquelles marchaient les baigneurs du matin. Ayant rejoint Recouvrance, je constate que ma ouifi est toujours en carafe et retraverse le Pont avec mon ordinateur pour un café à un euro soixante-dix chez Offside Bay.
Ce n’est pas le message de la conciergerie qui me permettra de régler mon problème d’Internet. On me conseille de vérifier les branchements de la boxe. J’y aurais pensé tout seul mais rien ne ressemble à une boxe dans l’appartement.
Avant de rentrer, je m’installe sur un banc proche de la Penfield et reprends mon gros livre, à ma gauche le Château, en face le Pont, à ma droite le Téléphérique. C’est la première fois que je le vois fonctionner. D’où je suis, ses cabines semblent bien petites et drôlement hautes.
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Dans le Port de Plaisance du Moulin Blanc, cet avertissement : « Tout quillard le long du quai doit être maintenu obligatoirement par une cravate ».
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Pendant ma longue station chez Kersauson se succèdent à la table voisine quatre enseignant(e)s surveillant de loin leurs élèves qui font de la voile avec des moniteurs puis trois infirmières en pause méridienne. Leur point commun : des histoires avec les collègues.
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On s’inquiète à la télé bretonne du manque d’eau d’une part et de blé noir d’autre part, les crêperies sont aux abois.
3 juin 2022
Comme je le craignais ma connexion Internet est toujours inopérante au petit matin de ce jeudi, de quoi compliquer la vie au vacancier que je suis.
Celui-ci, après un bol de thé, utilise pour la première fois sa carte dix voyages du réseau Bibus en montant dans le Deux à Recouvrance, direction Technopôle.
J’en descends à l’arrêt Plage Sainte-Anne, commune de Plouzané. Cette plage minuscule borde une anse qui sert de port à flot à de petits bateaux. Un mignon petit Hôtel des Bois la jouxte. Je le contourne et me trouve face à un escalier tant monumental qu’étroit. J’en monte prudemment les étroites marches de béton en reprenant mon souffle plusieurs fois et me voici sur le fameux Géherre Trente-Quatre qui fait le tour de la Bretagne.
De ce chemin, j’ai une vue magnifique sur le Goulet de Brest dans lequel circulent de nombreux bateaux. En face, si proche, est la Presqu’île de Crozon, l’un de ses trois doigts, celui du haut. Bientôt, l’allée caillouteuse se transforme en véritable sentier de randonnée et à cette heure matutinale, je l’ai pour moi seul.
Au bout d’un moment, j’arrive à la Pointe du Diable d’où j’aperçois un autre petit port à flot dans lequel les bateaux sont bien rangés. Le sentier m’y mène. Il s’agit du Port du Petit Dellec où une stèle rappelle qu’en mil neuf cent quarante-quatre trois enfants moururent d’un accident. Puis me voici au Fort du Dellec, qui n’est plus militaire mais culturel parfois. Dans son enceinte le sentier passe dans un tunnel qui débouche sur un belvédère où je grimpe, quelle belle vue sur le large ! C’est l’objet de ma dernière photo, car ensuite, s’il y a le Phare du Minou et la Plage du Petit Minou, c’est un peu loin et escarpé pour mon âge.
Aussi je reviens au Port du Petit Dellec et m’assois sur son unique banc pour lire Le Diable en France de Lion Feuchtwanger, bien chauffé par le soleil, tandis que quelques pêcheurs rejoignent leur bateau à l’aide d’un canot en plastique coloré, à la godille.
Vers dix heures, je reprends le sentier pour retourner à la plage Sainte-Anne. Il faut que je me gare plus d’une fois pour laisser passer sportifs et sportives. Quand je descends prudemment le vertigineux escalier aux marches en béton, deux attendent en bas que j’en aie terminé.
Cette dernière prise de risque mérite récompense sous forme d’un café lecture à la paisible terrasse de l’Hôtel des Bois. Je n’y suis dérangé par personne. Quand je paie mon euro soixante-dix à la patronne, je lui demande le prix des chambres. Soixante-dix euros, ce qui n’est pas exagéré, là où il se trouve.
Un Bibus numéro Deux me ramène à Brest, avec lequel je passe le Pont de Recouvrance. J’en descends peu après à l’arrêt Rampe. Celle-ci descend vers le Port de Commerce et le Tara Inn, où je déjeune pour le même prix qu’hier d’un Cottage Pie (« On va dire que c’est un Parmentier de bœuf à la Guinness, pour faire simple », me dit le serveur, et c’est fort bon), avec un quart de vin rouge et un tiramisu. Le café, c’est à la terrasse du Café des Mouettes, un euro quarante seulement, où je termine Le Diable en France.
Il fait chaud et lourd quand je rentre à mon logis temporaire. La ouifi n’y est pas revenue. Je dois retourner à Brest même, avec mon ordinateur. En bas de la rue de Siam, je trouve à me connecter au Offside Bay, un bar à bières dont le patron est bien serviable.
*
Au Tara Inn, Fest Noz tous les lundis soirs et Fest Deiz le premier dimanche du mois.
*
Dans un grand hangar portuaire est logé Le Fourneau, Centre National des Arts de la Rue.
Celui-ci, après un bol de thé, utilise pour la première fois sa carte dix voyages du réseau Bibus en montant dans le Deux à Recouvrance, direction Technopôle.
J’en descends à l’arrêt Plage Sainte-Anne, commune de Plouzané. Cette plage minuscule borde une anse qui sert de port à flot à de petits bateaux. Un mignon petit Hôtel des Bois la jouxte. Je le contourne et me trouve face à un escalier tant monumental qu’étroit. J’en monte prudemment les étroites marches de béton en reprenant mon souffle plusieurs fois et me voici sur le fameux Géherre Trente-Quatre qui fait le tour de la Bretagne.
De ce chemin, j’ai une vue magnifique sur le Goulet de Brest dans lequel circulent de nombreux bateaux. En face, si proche, est la Presqu’île de Crozon, l’un de ses trois doigts, celui du haut. Bientôt, l’allée caillouteuse se transforme en véritable sentier de randonnée et à cette heure matutinale, je l’ai pour moi seul.
Au bout d’un moment, j’arrive à la Pointe du Diable d’où j’aperçois un autre petit port à flot dans lequel les bateaux sont bien rangés. Le sentier m’y mène. Il s’agit du Port du Petit Dellec où une stèle rappelle qu’en mil neuf cent quarante-quatre trois enfants moururent d’un accident. Puis me voici au Fort du Dellec, qui n’est plus militaire mais culturel parfois. Dans son enceinte le sentier passe dans un tunnel qui débouche sur un belvédère où je grimpe, quelle belle vue sur le large ! C’est l’objet de ma dernière photo, car ensuite, s’il y a le Phare du Minou et la Plage du Petit Minou, c’est un peu loin et escarpé pour mon âge.
Aussi je reviens au Port du Petit Dellec et m’assois sur son unique banc pour lire Le Diable en France de Lion Feuchtwanger, bien chauffé par le soleil, tandis que quelques pêcheurs rejoignent leur bateau à l’aide d’un canot en plastique coloré, à la godille.
Vers dix heures, je reprends le sentier pour retourner à la plage Sainte-Anne. Il faut que je me gare plus d’une fois pour laisser passer sportifs et sportives. Quand je descends prudemment le vertigineux escalier aux marches en béton, deux attendent en bas que j’en aie terminé.
Cette dernière prise de risque mérite récompense sous forme d’un café lecture à la paisible terrasse de l’Hôtel des Bois. Je n’y suis dérangé par personne. Quand je paie mon euro soixante-dix à la patronne, je lui demande le prix des chambres. Soixante-dix euros, ce qui n’est pas exagéré, là où il se trouve.
Un Bibus numéro Deux me ramène à Brest, avec lequel je passe le Pont de Recouvrance. J’en descends peu après à l’arrêt Rampe. Celle-ci descend vers le Port de Commerce et le Tara Inn, où je déjeune pour le même prix qu’hier d’un Cottage Pie (« On va dire que c’est un Parmentier de bœuf à la Guinness, pour faire simple », me dit le serveur, et c’est fort bon), avec un quart de vin rouge et un tiramisu. Le café, c’est à la terrasse du Café des Mouettes, un euro quarante seulement, où je termine Le Diable en France.
Il fait chaud et lourd quand je rentre à mon logis temporaire. La ouifi n’y est pas revenue. Je dois retourner à Brest même, avec mon ordinateur. En bas de la rue de Siam, je trouve à me connecter au Offside Bay, un bar à bières dont le patron est bien serviable.
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Au Tara Inn, Fest Noz tous les lundis soirs et Fest Deiz le premier dimanche du mois.
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Dans un grand hangar portuaire est logé Le Fourneau, Centre National des Arts de la Rue.
2 juin 2022
Ce mercredi, après un allongé à un euro soixante-dix au Bistrot de P’tit Louis près de la Gare Routière, je trouve le quai d’où part le car BreizhGo numéro Onze de sept heures cinquante-cinq pour Le Conquet.
Nous ne sommes pas nombreux à faire le voyage. Sorti de la banlieue, le car emprunte des rues étroites dans la campagne où c’est difficile de croiser la moindre voiture et parfois longe la mer. Des passagers le quittent peu à peu. Je suis le seul à bord lors de la forte descente qui précède le terminus, station Embarcadère. Plusieurs dizaines d’humains y attendent le bateau BreizhGo pour Molène et Ouessant.
Pour ma part, je longe le bras de mer qui sert de port de pêche et de plaisance par un sentier jouxtant de belles demeures en pierre. Au loin une passerelle invite à passer sur l’autre rive où j’aurais envie de poursuivre la balade, mais hélas, celle-ci franchie, je découvre qu’en face des propriétés privées sont à contourner par la route.
Je rebrousse donc et m’arrête à la seule terrasse disponible, celle du Relais du Vieux Port, dont le menu est à trente-deux euros. J’en suis le seul client et le café n’y est qu’à un euro soixante-dix. Celui-ci bu, je poursuis la lecture du Diable en France de Lion Feuchtwanger tandis qu’entre la mer et moi passent des chiens promenant leur propriétaire.
Vers onze heures, je lève le camp et rejoins l’arrêt Embarcadère. Assis sur un banc au soleil, je regarde rentrer les bateaux de pêche. A onze heures trente arrive le car BreizhGo que j’attendais. Je suis le seul à y monter. Il grimpe le raidillon, prend quelques voyageurs de-ci de-là et arrive à Brest à midi trente-cinq.
Dans le Port de Commerce, je choisis de déjeuner en terrasse au Tara Inn, un peube irlandais dont la clientèle préfère manger à l’intérieur, lumière tamisée et musique de là-bas. L’aimable serveuse qui s’occupe de moi en a l’accent. J’ai une vue imprenable sur l’énorme obélisque érigé par l’American Battle Monuments. Parmi les plats du jour à dix euros, je choisis la saucisse fumée de Bretagne et ses frites maison (excellentes), avec un quart de vin rouge à trois euros et en dessert une coupe glacée irlandaise à quatre euros cinquante. Le café, c’est au Quatre Vents avec Lion Feuchtwanger.
*
Au matin, j’ai pu redémarrer Effe Bé. Cependant, en rentrant, je découvre un message m’enjoignant d’augmenter la sécurité de mon compte (ce que je ne peux faire, n’ayant pas de téléphone portatif). Le seize juin, on m’en avertit, je serai bloqué.
De plus, le soir venu, la connexion Esse Effe Air de mon logement Air Bibi cesse de fonctionner.
Toute cette technologie me saoule.
Nous ne sommes pas nombreux à faire le voyage. Sorti de la banlieue, le car emprunte des rues étroites dans la campagne où c’est difficile de croiser la moindre voiture et parfois longe la mer. Des passagers le quittent peu à peu. Je suis le seul à bord lors de la forte descente qui précède le terminus, station Embarcadère. Plusieurs dizaines d’humains y attendent le bateau BreizhGo pour Molène et Ouessant.
Pour ma part, je longe le bras de mer qui sert de port de pêche et de plaisance par un sentier jouxtant de belles demeures en pierre. Au loin une passerelle invite à passer sur l’autre rive où j’aurais envie de poursuivre la balade, mais hélas, celle-ci franchie, je découvre qu’en face des propriétés privées sont à contourner par la route.
Je rebrousse donc et m’arrête à la seule terrasse disponible, celle du Relais du Vieux Port, dont le menu est à trente-deux euros. J’en suis le seul client et le café n’y est qu’à un euro soixante-dix. Celui-ci bu, je poursuis la lecture du Diable en France de Lion Feuchtwanger tandis qu’entre la mer et moi passent des chiens promenant leur propriétaire.
Vers onze heures, je lève le camp et rejoins l’arrêt Embarcadère. Assis sur un banc au soleil, je regarde rentrer les bateaux de pêche. A onze heures trente arrive le car BreizhGo que j’attendais. Je suis le seul à y monter. Il grimpe le raidillon, prend quelques voyageurs de-ci de-là et arrive à Brest à midi trente-cinq.
Dans le Port de Commerce, je choisis de déjeuner en terrasse au Tara Inn, un peube irlandais dont la clientèle préfère manger à l’intérieur, lumière tamisée et musique de là-bas. L’aimable serveuse qui s’occupe de moi en a l’accent. J’ai une vue imprenable sur l’énorme obélisque érigé par l’American Battle Monuments. Parmi les plats du jour à dix euros, je choisis la saucisse fumée de Bretagne et ses frites maison (excellentes), avec un quart de vin rouge à trois euros et en dessert une coupe glacée irlandaise à quatre euros cinquante. Le café, c’est au Quatre Vents avec Lion Feuchtwanger.
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Au matin, j’ai pu redémarrer Effe Bé. Cependant, en rentrant, je découvre un message m’enjoignant d’augmenter la sécurité de mon compte (ce que je ne peux faire, n’ayant pas de téléphone portatif). Le seize juin, on m’en avertit, je serai bloqué.
De plus, le soir venu, la connexion Esse Effe Air de mon logement Air Bibi cesse de fonctionner.
Toute cette technologie me saoule.
1er juin 2022
Après une première nuit on ne peut plus tranquille à Recouvrance, je passe le pont au bout duquel se trouve L’arbre empathique d’Enric Ruiz Geli (mi métal, mi végétal) et me voici de bon matin à Brest même, comme on dit ici. Je remonte la rue de Siam où roule le tram puis tourne à gauche vers les Halles où j’achète croissant et pain au chocolat à la Maison du Boulanger, pas donnés, deux euros trente-cinq, mais bons, comme je le constate, peu après, à la terrasse du bar tabac Le Central où je bois un café allongé à un euro quatre-vingts, pas donné. En face est l’église Saint-Louis, loin de valoir celle du Havre. Brest est globalement laide, trop vite reconstruite, mais je l’aime quand même.
Je me dirige ensuite vers la Gare Routière afin d’y acheter des tickets de car BreizhGo. Pour ce faire, je passe devant l’Hôtel Abalys où je résidais lors de mon passage de deux mille quinze. Aujourd’hui, la moindre de ses chambres est à soixante-dix euros, bien au-delà de mes moyens. Ça ne l’empêche pas d’afficher complet.
A dix heures, je suis le premier à entrer à l’Office de Tourisme où une jeune femme répond à mes demandes sans chercher à me vendre quoi que ce soit. « Vous êtes de quel département ? »
De là, je descends au Port de Commerce où je retrouve mon café préféré de deux mille quinze : Les Quatre Vents. Le noir breuvage y est raisonnablement à un euro cinquante. Je lis là avec beaucoup de plaisir et d’intérêt Le Diable en France de Lion Feuchtwanger jusqu’à l’heure du déjeuner.
C’est une nouvelle fois L’Arche de la Presqu’île qui est l’objet de mon choix, un menu à seize euros (avocat crevettes, blanquette de porc, moelleux au chocolat) et un quart de vin rouge. Un ouvrier y mangeant avec un autre se lève et prend une serviette sur la table voisine. Il s’en sert pour se moucher.
Après un nouveau café lecture à la terrasse du Quatre Vents, je cherche et trouve, rue de Siam, une pharmacie et un Carrefour City, de quoi assurer ma survie.
Au retour à mon logis provisoire, l’occasion de pester m’est offerte par Effe Bé. Impossible de m’y connecter. « Nous avons remarqué une connexion depuis un lieu inhabituel » « Nous devons confirmer qu’il s’agit bien de vous ». C’est surtout à moi de le confirmer. Oui mais aucun des moyens pour le faire ne fonctionne. Tout mouline dans le vide. Me voilà dans l’impossibilité de me connecter pour je ne sais combien de temps.
Le plus ennuyeux est que c’est par le biais de Effe Bé que je rejoins Air Bibi et je n’ai aucun moyen alternatif de le faire, vu que je n’ai pas de téléphone portatif.
*
A Brest, des voitures partout. Pas dans les rues, garées. Des parquignes, encore et encore.
*
Près de L’Arche de la Presqu’île, un autre restaurant : Le Crabe Marteau. Tu dois fracasser le premier avec le second. Si j’avais envie de ce crustacé, ce folklore me ferait fuir.
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Tout autour des bassins du port d’inesthétiques barrières métalliques. Elles donnent à penser qu’ici le soir, après avoir bien bu, on avait tendance à tomber dans l’eau.
Je me dirige ensuite vers la Gare Routière afin d’y acheter des tickets de car BreizhGo. Pour ce faire, je passe devant l’Hôtel Abalys où je résidais lors de mon passage de deux mille quinze. Aujourd’hui, la moindre de ses chambres est à soixante-dix euros, bien au-delà de mes moyens. Ça ne l’empêche pas d’afficher complet.
A dix heures, je suis le premier à entrer à l’Office de Tourisme où une jeune femme répond à mes demandes sans chercher à me vendre quoi que ce soit. « Vous êtes de quel département ? »
De là, je descends au Port de Commerce où je retrouve mon café préféré de deux mille quinze : Les Quatre Vents. Le noir breuvage y est raisonnablement à un euro cinquante. Je lis là avec beaucoup de plaisir et d’intérêt Le Diable en France de Lion Feuchtwanger jusqu’à l’heure du déjeuner.
C’est une nouvelle fois L’Arche de la Presqu’île qui est l’objet de mon choix, un menu à seize euros (avocat crevettes, blanquette de porc, moelleux au chocolat) et un quart de vin rouge. Un ouvrier y mangeant avec un autre se lève et prend une serviette sur la table voisine. Il s’en sert pour se moucher.
Après un nouveau café lecture à la terrasse du Quatre Vents, je cherche et trouve, rue de Siam, une pharmacie et un Carrefour City, de quoi assurer ma survie.
Au retour à mon logis provisoire, l’occasion de pester m’est offerte par Effe Bé. Impossible de m’y connecter. « Nous avons remarqué une connexion depuis un lieu inhabituel » « Nous devons confirmer qu’il s’agit bien de vous ». C’est surtout à moi de le confirmer. Oui mais aucun des moyens pour le faire ne fonctionne. Tout mouline dans le vide. Me voilà dans l’impossibilité de me connecter pour je ne sais combien de temps.
Le plus ennuyeux est que c’est par le biais de Effe Bé que je rejoins Air Bibi et je n’ai aucun moyen alternatif de le faire, vu que je n’ai pas de téléphone portatif.
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A Brest, des voitures partout. Pas dans les rues, garées. Des parquignes, encore et encore.
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Près de L’Arche de la Presqu’île, un autre restaurant : Le Crabe Marteau. Tu dois fracasser le premier avec le second. Si j’avais envie de ce crustacé, ce folklore me ferait fuir.
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Tout autour des bassins du port d’inesthétiques barrières métalliques. Elles donnent à penser qu’ici le soir, après avoir bien bu, on avait tendance à tomber dans l’eau.
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