Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
21 août 2014
Aucun doute, c’est août, me dis-je, descendant sous terre par la vis qui mène à la ligne Quatorze du métro parisien, ce mercredi matin. Les touristes présent(e)s ne sont pas assez nombreux pour remplacer les Parisien(ne)s absent(e)s. Il en est de même à la surface, où l’on peut voir des places de stationnement libres.
J’entre au Book-Off de la Bastille un peu après dix heures. Déjà, certain(e)s s’y bousculent pour vendre leurs livres ou cédés ou dévédés ou jeux électroniques, immédiatement mis en vente. Ainsi le coffret d’une vingtaine de films d’Eric Rohmer est proposé à quatre-vingt-dix euros. Je le laisse à autrui, n’étant intéressé que par les livres. Celui que je mets dans mon panier n’est pas épais, de Benjamin Franklin, chez Rivages Poche, Conseils pour se rendre désagréable. Je n’ai pas besoin de le consulter pour envoyer bouler une femme vendeuse prête à me rouler sur le pied avec son chariot empli de livres qu’elle n’a sûrement pas lus.
A midi, je déjeune du toujours même menu à l’Hostellerie de l’Oie qui Fume, rue de la Harpe, où un vieux beau explique au patron qu’il fait de la radio: « J’invite nos compatriotes à investir. La semaine prochaine, je fais une télévision et je leur dirai la même chose. » Suis son grand rire de gros malin. Je ne comprends pas pourquoi je sors à chaque fois de cette auberge plutôt pompette alors que je n’y bois que l’apéritif offert par la maison et deux verres de côtes-du-rhône. Pendant qu’une pelleteuse remet la plage de Paris dans le ventre d’une péniche, je me dégrise sur un banc du jardin de la tour Saint-Jacques près d’une jolie fille à qui je sais gré de me dire au revoir quand elle s’en va.
Ma pêche est maigre dans les librairies. En fin d’après-midi, comme Chez Léon on est en vacances, c’est A la Ville d’Argentan que j’attends mon train. Pas loin de ma table sont une demoiselle et son père divorcé qui hésite entre être de son côté ou être de celui de la mère chez qui elle vit. Cette dernière voit d’un mauvais œil les échappées nocturnes de sa fille pour rejoindre un certain Jicé.
-Il a quel âge ? demande le père.
-Vingt-huit ans.
Il trouve que c’est un peu vieux.
-Il ne les faits pas, croit-elle utile de préciser.
*
Dans la rue :
-Et ton mari, ça va ?
-Oui, il s’est trouvé une copine.
(J’ai dû mal entendre.)
*
Il semble que cette année tout le monde fête ses quarante ans.
J’entre au Book-Off de la Bastille un peu après dix heures. Déjà, certain(e)s s’y bousculent pour vendre leurs livres ou cédés ou dévédés ou jeux électroniques, immédiatement mis en vente. Ainsi le coffret d’une vingtaine de films d’Eric Rohmer est proposé à quatre-vingt-dix euros. Je le laisse à autrui, n’étant intéressé que par les livres. Celui que je mets dans mon panier n’est pas épais, de Benjamin Franklin, chez Rivages Poche, Conseils pour se rendre désagréable. Je n’ai pas besoin de le consulter pour envoyer bouler une femme vendeuse prête à me rouler sur le pied avec son chariot empli de livres qu’elle n’a sûrement pas lus.
A midi, je déjeune du toujours même menu à l’Hostellerie de l’Oie qui Fume, rue de la Harpe, où un vieux beau explique au patron qu’il fait de la radio: « J’invite nos compatriotes à investir. La semaine prochaine, je fais une télévision et je leur dirai la même chose. » Suis son grand rire de gros malin. Je ne comprends pas pourquoi je sors à chaque fois de cette auberge plutôt pompette alors que je n’y bois que l’apéritif offert par la maison et deux verres de côtes-du-rhône. Pendant qu’une pelleteuse remet la plage de Paris dans le ventre d’une péniche, je me dégrise sur un banc du jardin de la tour Saint-Jacques près d’une jolie fille à qui je sais gré de me dire au revoir quand elle s’en va.
Ma pêche est maigre dans les librairies. En fin d’après-midi, comme Chez Léon on est en vacances, c’est A la Ville d’Argentan que j’attends mon train. Pas loin de ma table sont une demoiselle et son père divorcé qui hésite entre être de son côté ou être de celui de la mère chez qui elle vit. Cette dernière voit d’un mauvais œil les échappées nocturnes de sa fille pour rejoindre un certain Jicé.
-Il a quel âge ? demande le père.
-Vingt-huit ans.
Il trouve que c’est un peu vieux.
-Il ne les faits pas, croit-elle utile de préciser.
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Dans la rue :
-Et ton mari, ça va ?
-Oui, il s’est trouvé une copine.
(J’ai dû mal entendre.)
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Il semble que cette année tout le monde fête ses quarante ans.
18 août 2014
Ce samedi soir, celle qui aménage son appartement parisien m’a appris que lors d’une chute de trottoir, elle s’est fait une entorse. C’est donc un peu soucieux que je conduis ce dimanche matin. La file des voitures emplies de bric-à-brac s’étend jusqu’au cimetière, hors le village de Muids où c’est vide grenier sous un ciel gris prometteur de petites pluies. Cet embouteillage m’oblige à me garer et à poursuivre à pied. Il est sept heures. Beaucoup sont déjà installés, soit dans une allée bordée d’arbres, soit sur un terrain sans doute agricole qui jouxte un champ de maïs. Les intellectuels du Comité des Fêtes passent Capri c’est fini, la chanson préférée de Marguerite Duras. Une vendeuse s’offre à l’un qui trouve que ce qu’elle lui demande c’est trop : « Dites-moi un prix alors, moi je n’y connais rien. » D’aucuns ont ressorti ce genre de vêtements d’il y a des années, qu’on appelaient polaires : « On se croirait pas au mois d’août ». Le sol du terrain est défoncé, succession de trous et de bosses dans la terre nue. J’y mets chaque pied avec prudence, songeant à l’entorse. Je quitte Muids avec la réédition par Gallimard des catalogues des mythiques expositions du Centre Pompidou Paris Moscou 1900-1930 et Paris Berlin 1900-1933.
*
Cette année encore, chez les couples de cyclistes, l’homme est devant et la femme derrière. En tandem, idem.
*
Clientèle inhabituelle au Son du Cor. La bourgeoise qui raconte qu’elle a dû aller voir sur la porte de sa boutique le jour de sa réouverture, elle ne se rappelait plus ce qu’elle avait écrit. (Le genre qui vend des vêtements ou de la déco pour passer le temps tandis que son mari s’occupe de choses sérieuses.)
*
Ne surtout pas dire « mon magasin » ou « mon commerce », dire « ma boutique ».
*
« Vous venez de supprimer définitivement votre blog ainsi que tout son contenu. Bonne continuation. En espérant vous revoir sur OverBlog - L'équipe d'OverBlog –» m’écrit le robot.
Tu peux compter là-dessus, OverFuck.
*
Cette année encore, chez les couples de cyclistes, l’homme est devant et la femme derrière. En tandem, idem.
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Clientèle inhabituelle au Son du Cor. La bourgeoise qui raconte qu’elle a dû aller voir sur la porte de sa boutique le jour de sa réouverture, elle ne se rappelait plus ce qu’elle avait écrit. (Le genre qui vend des vêtements ou de la déco pour passer le temps tandis que son mari s’occupe de choses sérieuses.)
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Ne surtout pas dire « mon magasin » ou « mon commerce », dire « ma boutique ».
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« Vous venez de supprimer définitivement votre blog ainsi que tout son contenu. Bonne continuation. En espérant vous revoir sur OverBlog - L'équipe d'OverBlog –» m’écrit le robot.
Tu peux compter là-dessus, OverFuck.
16 août 2014
Il semble qu’il me reste un peu de sagesse puisque ce vendredi matin quinze août, jour du vide grenier du Vaudreuil, lequel autrefois marquait pour moi le début du compte à rebours vers la redoutée rentrée scolaire, déjà presque arrivé à ma voiture, alors qu’il pleut dru et que le ciel est complètement bouché, je choisis de faire demi-tour.
Cette succession d’averses ne cesse que vers neuf heures. Ne pouvant résister, je prends cette fois la route et me gare à l’endroit habituel. Que de monde ! Toutes les familles de la région semblent s’être données rendez-vous ici. Difficile de voir ce que proposent les vendeuses et vendeurs qui épongent encore les dégâts et se plaignent de ce qu’il n’y a plus de saison. L’un, sur lequel s’égoutte un feuillu, raconte que lorsqu’il a réservé, on lui a conseillé cette place sous un arbre qui aurait l’avantage de le protéger du soleil. Le seul livre à mon goût est orné de quelques gouttes d’eau et sa jaquette est un peu déchirée, ce qui me permet de l’emporter pour deux euros. Son titre est Sans titre. Il est publié à La Martinière et regroupe les photos d’enfermé(e)s en hôpitaux psychiatriques de Diane Arbus.
*
Avec mon passage d’un hébergeur à un autre (et ce n’est pas fini), la plupart des textes de ce Journal ont disparu des radars de Gougueule et de ses semblables, lesquels dans la jungle d’Internet repèrent avant tout les éléphants porteurs d’une bonne couche de graisse commerciale. Cela arrangera celles et ceux qui n’aimaient pas ce que j’avais écrit à leur sujet.
*
Je n’avais de haine contre personne, mais peu de gens m’inspiraient de l’intérêt ; or les hommes se blessent de l’indifférence, ils l’attribuent à la malveillance ou à l’affectation ; ils ne veulent pas croire qu’on s’ennuie avec eux naturellement. Benjamin Constant, Adolphe. (citation trouvée sur le Tumblr de Rien ni personne, que je ne connais point et qui me lit parfois)
Cette succession d’averses ne cesse que vers neuf heures. Ne pouvant résister, je prends cette fois la route et me gare à l’endroit habituel. Que de monde ! Toutes les familles de la région semblent s’être données rendez-vous ici. Difficile de voir ce que proposent les vendeuses et vendeurs qui épongent encore les dégâts et se plaignent de ce qu’il n’y a plus de saison. L’un, sur lequel s’égoutte un feuillu, raconte que lorsqu’il a réservé, on lui a conseillé cette place sous un arbre qui aurait l’avantage de le protéger du soleil. Le seul livre à mon goût est orné de quelques gouttes d’eau et sa jaquette est un peu déchirée, ce qui me permet de l’emporter pour deux euros. Son titre est Sans titre. Il est publié à La Martinière et regroupe les photos d’enfermé(e)s en hôpitaux psychiatriques de Diane Arbus.
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Avec mon passage d’un hébergeur à un autre (et ce n’est pas fini), la plupart des textes de ce Journal ont disparu des radars de Gougueule et de ses semblables, lesquels dans la jungle d’Internet repèrent avant tout les éléphants porteurs d’une bonne couche de graisse commerciale. Cela arrangera celles et ceux qui n’aimaient pas ce que j’avais écrit à leur sujet.
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Je n’avais de haine contre personne, mais peu de gens m’inspiraient de l’intérêt ; or les hommes se blessent de l’indifférence, ils l’attribuent à la malveillance ou à l’affectation ; ils ne veulent pas croire qu’on s’ennuie avec eux naturellement. Benjamin Constant, Adolphe. (citation trouvée sur le Tumblr de Rien ni personne, que je ne connais point et qui me lit parfois)
14 août 2014
Retour à Paris ce mercredi et un objectif prioritaire, rejoindre dans son nouveau logement (qu’elle a obtenu avec un peu de chance et beaucoup de détermination) celle qui jusqu’alors subissait la sous-location. Pour cela, je sors de terre à Jules-Joffrin, entre la Mairie du Dix-Huitième et l’église Notre-Dame-de-Clignancourt, content de remettre le pied dans cet arrondissement où nous avons passé de si bons moment lorsque notre histoire (comme on dit) battait son plein (comme on dit aussi).
Je monte jusqu’au troisième par un bel escalier et frappe à sa porte. Elle me fait visiter cet appartement, pour l’instant presque vide, dont elle vient de refaire la peinture. C’est effectivement un endroit agréable. De l’autre côté de la petite rue, une dent creuse (dont les parois sont couverts de graffs) dégage la vue et donne de la lumière, mais il est à craindre qu’une construction s’y glisse dans un futur qu’elle espère lointain. Grâce à ma haute taille, je lui donne le numéro de son compteur électrique puis nous remontons la rue Ordener à la recherche du bus Soixante-Cinq qui me permettra d’aller chez Book-Off, mais avant cela, pour fêter nos retrouvailles et sa nouvelle vie, nous déjeunons ensemble au Bouquet, rue Marx-Dormoy, où l’on cherche une serveuse.
-Vous êtes déjà venu ici, me dit l’aimable patron, je vous reconnais.
C’était pourtant il y a au moins deux ans. Le menu est à dix euros et je ne sais plus combien de centimes, avec un buffet d’entrées à sauces orientales. Elle opte ensuite pour le rumsteak saignant et moi pour la cuisse de canard (avec un carafon de bordeaux). La clientèle est du quartier, assez pittoresque. Je pourrais me croire de retour dans l’un de ces restaurants à menu ouvrier du Massif Central, bien qu’il n’y ait pas ici d’ouvriers, mais des employé(e)s et des inemployé(e)s. Nous parlons de nos vies respectives. Après la crème caramel, il faut se séparer, moment toujours difficile. Elle repart à pied vers chez elle. Je prends le bus Soixante-Cinq.
Par Gare du Nord, Gare de l’Est et République, il me mène à Bastille. Chez Book-Off je retrouve le vieux bouquiniste qui semble y être à demeure (au point qu’un jour je l’ai soupçonné d’avoir le droit d’entrer avant l’ouverture). Lui aussi me reconnaît. Il m’explique qu’il a des boîtes sur les quais mais ne les ouvre guère, vendant surtout via Amazon. Bien qu’il soit passé avant moi dans le rayon des beaux livres à deux euros, j’y trouve le Taschen consacré à L’Art Nouveau, le Filipacchi Oscar Dominguez et surtout Dessins érotiques de Jean-Marie Poumeyrol, le livre de Raymond Borde publié en mil neuf soixante-douze par Eric Losfeld.
En fin d’après-midi, je suis près de l’Opéra dans l’autre Book-Off où de nombreuses personnes se débarrassent par pleines valises de leurs livres. Quelques autres achètent, des habitué(e)s et des néophytes. Une voix féminine se fait soudainement entendre en direction des employé(e)s : « Les livres érotiques, c’est où ? ». Toutes les têtes masculines se tournent dans sa direction. Découvrant une grosse femme laide, chacun retourne à sa recherche de livres.
*
Passé avant elle dans ce rayon, j’y ai prélevé Poèmes et nouvelles érotiques de Georges Bataille (Mercure de France), Lettres érotiques (Editions DesLettres) et (que je cherchais depuis longtemps) La Femme aux chiens de L’Erotin (La Musardine), dont la couverture est signée Mïrka Lugosi.
Je monte jusqu’au troisième par un bel escalier et frappe à sa porte. Elle me fait visiter cet appartement, pour l’instant presque vide, dont elle vient de refaire la peinture. C’est effectivement un endroit agréable. De l’autre côté de la petite rue, une dent creuse (dont les parois sont couverts de graffs) dégage la vue et donne de la lumière, mais il est à craindre qu’une construction s’y glisse dans un futur qu’elle espère lointain. Grâce à ma haute taille, je lui donne le numéro de son compteur électrique puis nous remontons la rue Ordener à la recherche du bus Soixante-Cinq qui me permettra d’aller chez Book-Off, mais avant cela, pour fêter nos retrouvailles et sa nouvelle vie, nous déjeunons ensemble au Bouquet, rue Marx-Dormoy, où l’on cherche une serveuse.
-Vous êtes déjà venu ici, me dit l’aimable patron, je vous reconnais.
C’était pourtant il y a au moins deux ans. Le menu est à dix euros et je ne sais plus combien de centimes, avec un buffet d’entrées à sauces orientales. Elle opte ensuite pour le rumsteak saignant et moi pour la cuisse de canard (avec un carafon de bordeaux). La clientèle est du quartier, assez pittoresque. Je pourrais me croire de retour dans l’un de ces restaurants à menu ouvrier du Massif Central, bien qu’il n’y ait pas ici d’ouvriers, mais des employé(e)s et des inemployé(e)s. Nous parlons de nos vies respectives. Après la crème caramel, il faut se séparer, moment toujours difficile. Elle repart à pied vers chez elle. Je prends le bus Soixante-Cinq.
Par Gare du Nord, Gare de l’Est et République, il me mène à Bastille. Chez Book-Off je retrouve le vieux bouquiniste qui semble y être à demeure (au point qu’un jour je l’ai soupçonné d’avoir le droit d’entrer avant l’ouverture). Lui aussi me reconnaît. Il m’explique qu’il a des boîtes sur les quais mais ne les ouvre guère, vendant surtout via Amazon. Bien qu’il soit passé avant moi dans le rayon des beaux livres à deux euros, j’y trouve le Taschen consacré à L’Art Nouveau, le Filipacchi Oscar Dominguez et surtout Dessins érotiques de Jean-Marie Poumeyrol, le livre de Raymond Borde publié en mil neuf soixante-douze par Eric Losfeld.
En fin d’après-midi, je suis près de l’Opéra dans l’autre Book-Off où de nombreuses personnes se débarrassent par pleines valises de leurs livres. Quelques autres achètent, des habitué(e)s et des néophytes. Une voix féminine se fait soudainement entendre en direction des employé(e)s : « Les livres érotiques, c’est où ? ». Toutes les têtes masculines se tournent dans sa direction. Découvrant une grosse femme laide, chacun retourne à sa recherche de livres.
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Passé avant elle dans ce rayon, j’y ai prélevé Poèmes et nouvelles érotiques de Georges Bataille (Mercure de France), Lettres érotiques (Editions DesLettres) et (que je cherchais depuis longtemps) La Femme aux chiens de L’Erotin (La Musardine), dont la couverture est signée Mïrka Lugosi.
12 août 2014
Ce que c’est d’avoir pour élue locale une ancienne Ministre des Sports, le Jardin de l’Hôtel de Ville dont la pelouse est parfaite pour le farniente est maintenant doté de ces appareils à fatiguer, rameurs, simulateurs d'escaliers, faux vélos, que l’on trouve dans les salles dites de fitness, six en tout. Je les vois surtout utilisés le matin, par des hommes exclusivement, aucune femme ne se risquant à l’exhibition. L’après-midi, ils servent de perchoirs à branlotins.
Une pancarte explique l’intention : « Cet espace a été spécialement conçu pour vous permettre de faire du sport, d’entretenir votre forme et votre vitalité et de lutter contre le stress ! » mais ne peut passer sous silence le danger : « En cas de douleurs, stoppez immédiatement l’exercice et consultez votre médecin. Toute activité physique peut induire un risque pour la santé. Sachez réguler vos efforts. »
Cela me donne envie de m’allonger sur l’herbe tendre.
*
Autre innovation rouennaise : la possibilité prochaine de louer certaines salles du Palais de Justice (anciennement Parlement de Normandie), et pas les moindres : celles des Pas Perdus, des Procureurs, des audiences solennelles et des Assises « pour l’organisation de manifestations culturelles ou artistiques, de colloques ou de forums, d’assemblées générales ou de dîners de gala », indique le Ministère de la Justice.
Ah, transformer la salle des Pas Perdus en boîte de nuit, jouer une parodie de procès dans la salle des Assises, tourner un clip vidéo dans la salle des Procureurs, organiser une orgie dans la salle des audiences solennelles !
*
Rue des Bons Enfants, c’en est fini de Cheval Cheval, sympathique boutique « d’arts et créations alternatifs » aux horaires d’ouverture imprévisibles. Resteront quelques bons souvenirs de vernissages.
*
Ce qui semble ne vouloir jamais finir, ce sont les cours de Michel Onfray à l’Université Populaire de Caen et leur retransmission en août, deux fois par jour, sur l’antenne de France Culture. Je ne connais rien de plus pénible à écouter après les émissions religieuses du dimanche matin.
(Ce donneur de leçons ignore que gageure se prononce gajure.)
Une pancarte explique l’intention : « Cet espace a été spécialement conçu pour vous permettre de faire du sport, d’entretenir votre forme et votre vitalité et de lutter contre le stress ! » mais ne peut passer sous silence le danger : « En cas de douleurs, stoppez immédiatement l’exercice et consultez votre médecin. Toute activité physique peut induire un risque pour la santé. Sachez réguler vos efforts. »
Cela me donne envie de m’allonger sur l’herbe tendre.
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Autre innovation rouennaise : la possibilité prochaine de louer certaines salles du Palais de Justice (anciennement Parlement de Normandie), et pas les moindres : celles des Pas Perdus, des Procureurs, des audiences solennelles et des Assises « pour l’organisation de manifestations culturelles ou artistiques, de colloques ou de forums, d’assemblées générales ou de dîners de gala », indique le Ministère de la Justice.
Ah, transformer la salle des Pas Perdus en boîte de nuit, jouer une parodie de procès dans la salle des Assises, tourner un clip vidéo dans la salle des Procureurs, organiser une orgie dans la salle des audiences solennelles !
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Rue des Bons Enfants, c’en est fini de Cheval Cheval, sympathique boutique « d’arts et créations alternatifs » aux horaires d’ouverture imprévisibles. Resteront quelques bons souvenirs de vernissages.
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Ce qui semble ne vouloir jamais finir, ce sont les cours de Michel Onfray à l’Université Populaire de Caen et leur retransmission en août, deux fois par jour, sur l’antenne de France Culture. Je ne connais rien de plus pénible à écouter après les émissions religieuses du dimanche matin.
(Ce donneur de leçons ignore que gageure se prononce gajure.)
11 août 2014
C’est la tête prête à exploser, après avoir fait migrer chez Eklablog mes plus de deux mille quatre cents textes constituant mon Journal du onze novembre deux mille six au sept août deux mille quatorze, que je me pose en terrasse ce samedi neuf août, au Grand Saint Marc (Le Son du Cor fermé pour mariage, L’Interlude fermé pour vacances), demandant un café verre d’eau à la petite serveuse d’été. Que n’ai-je, me dis-je, un Jérôme neveu, comme certain Félix, pour prendre en charge la publication de mes écritures. N’avoir qu’à écrire et qu’autrui se charge du reste, tel est mon rêve.
Cette migration va me faire perdre, faute d’être bien référencé, moult lectrices et lecteurs, arrivés suite à une recherche sur Gougueule. Qu’importe, celles et ceux réellement soucieux de me lire sauront me retrouver. J’ouvre le Journal de Jules Renard, rien de meilleur pour oublier passagèrement ces soucis. A la table voisine, une jolie fille est accompagnée de trois néo barbus à lunettes noires et en chorte. Ils ont le tic qui va avec, de se la gratter. Est contenu dans cette barbe le jour où ils se la couperont.
En rentrant, j’appelle ma fille qui a quarante ans en ce jour de la Saint Amour, alors qu’une partie de son (non) pays d’origine est ravagé par la guerre.
*
Bien manger, bien dormir, aller où l’on veut, rester où l’on se plaît, ne jamais se plaindre, et, surtout, éviter comme la peste « les principaux monuments de la ville ». , une façon de voyager qui ressemble à la mienne, celle de Jules Renard (à Nice du quatre au dix-neuf février mil huit cent quatre-vingt-dix-huit).
Cette migration va me faire perdre, faute d’être bien référencé, moult lectrices et lecteurs, arrivés suite à une recherche sur Gougueule. Qu’importe, celles et ceux réellement soucieux de me lire sauront me retrouver. J’ouvre le Journal de Jules Renard, rien de meilleur pour oublier passagèrement ces soucis. A la table voisine, une jolie fille est accompagnée de trois néo barbus à lunettes noires et en chorte. Ils ont le tic qui va avec, de se la gratter. Est contenu dans cette barbe le jour où ils se la couperont.
En rentrant, j’appelle ma fille qui a quarante ans en ce jour de la Saint Amour, alors qu’une partie de son (non) pays d’origine est ravagé par la guerre.
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Bien manger, bien dormir, aller où l’on veut, rester où l’on se plaît, ne jamais se plaindre, et, surtout, éviter comme la peste « les principaux monuments de la ville ». , une façon de voyager qui ressemble à la mienne, celle de Jules Renard (à Nice du quatre au dix-neuf février mil huit cent quatre-vingt-dix-huit).
9 août 2014
Cette décision de quitter la maison OverBlog me place devant l’alternative suivante : me payer annuellement un site à mon nom ou poursuivre la publication de Journal via un nouveau blog hébergé gratuitement.
Après réflexion, j’opte pour la seconde solution, car (outre le fait que je ne suis pas sûr d'avoir les compétences pour gérer un site autonome), j'ai envie que mes textes restent lisibles après ma mort (eh oui) et que n’étant plus là pour payer, ils disparaîtraient des écrans.
« Il me semble que, pour la pérennité de vos textes, rien ne vaudrait une édition papier. », m’écrit l’une mes connaissances, à qui je réponds : « L'édition papier sans doute, mais où est l'éditeur ? »
Il m’indique qu’il songeait à une édition à quelques dizaines d’exemplaires, une sorte de sauvegarde sur papier, et me conseille le site Bibliocratie, première plateforme d’édition par souscription publique.
J’y vais voir. « Tous les genres, tous les styles sont les bienvenus : Bibliocratie ne refuse aucun manuscrit. Seuls les lecteurs décident, par souscription publique, des livres qui sont publiés. » Un extrait de texte excessivement médiocre d’un des auteurs en mal de papier prouve qu’effectivement Bibliocratie ne refuse aucun manuscrit.
Aurait-il été bon que je n’aurais pas davantage donné suite.
*
En ce début août, au Son du Cor, annuelle rencontre avec les amis de Stockholm, intense et frustrante, rigoureusement minutée par l’homme au chapeau. J’en reviens avec un beau cadeau : un coffret de sept livres de Sophie Calle édité par Actes Sud et deux autres livres de la même chez le même.
*
La pluie ou la nuit, c’est le choix au Son du Cor quand l’averse se pointe et que l’on baisse l’auvent.
*
La galerie de peinture ayant succédé à la galerie Magne dans cette rue Eau-de-Robec n’aura tenu que quelques mois. Même pas eu le temps de connaître son nom. Peut-être Davidson, puisqu’on y vendait de l’art laid.
Après réflexion, j’opte pour la seconde solution, car (outre le fait que je ne suis pas sûr d'avoir les compétences pour gérer un site autonome), j'ai envie que mes textes restent lisibles après ma mort (eh oui) et que n’étant plus là pour payer, ils disparaîtraient des écrans.
« Il me semble que, pour la pérennité de vos textes, rien ne vaudrait une édition papier. », m’écrit l’une mes connaissances, à qui je réponds : « L'édition papier sans doute, mais où est l'éditeur ? »
Il m’indique qu’il songeait à une édition à quelques dizaines d’exemplaires, une sorte de sauvegarde sur papier, et me conseille le site Bibliocratie, première plateforme d’édition par souscription publique.
J’y vais voir. « Tous les genres, tous les styles sont les bienvenus : Bibliocratie ne refuse aucun manuscrit. Seuls les lecteurs décident, par souscription publique, des livres qui sont publiés. » Un extrait de texte excessivement médiocre d’un des auteurs en mal de papier prouve qu’effectivement Bibliocratie ne refuse aucun manuscrit.
Aurait-il été bon que je n’aurais pas davantage donné suite.
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En ce début août, au Son du Cor, annuelle rencontre avec les amis de Stockholm, intense et frustrante, rigoureusement minutée par l’homme au chapeau. J’en reviens avec un beau cadeau : un coffret de sept livres de Sophie Calle édité par Actes Sud et deux autres livres de la même chez le même.
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La pluie ou la nuit, c’est le choix au Son du Cor quand l’averse se pointe et que l’on baisse l’auvent.
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La galerie de peinture ayant succédé à la galerie Magne dans cette rue Eau-de-Robec n’aura tenu que quelques mois. Même pas eu le temps de connaître son nom. Peut-être Davidson, puisqu’on y vendait de l’art laid.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante