La ouifi de Kermenhir étant en panne, c’est à Audierne, au Bar de la Mer, que je trouve secours ce jeudi matin, mais je ne reste pas dans ce joli port, l’unique hôtel survivant étant d’une catégorie qui n’est pas la mienne et les restaurants ne me tentant pas.
C’est à Primelin, sur la route qui mène à la pointe du Raz, alors qu’un brouillard épais est tombé sur le cap, que je déjeune à L’Abri Côtier, un immense hangar ne possédant qu’une seule fenêtre, de taille réduite, et un mauvais choix. Si le menu n’est qu’à onze euros quatre-vingts, tout compris, la cuisine est sommaire (« frites ou pommes de terre ? »). J’ai du mal à terminer la fricassée de bœuf et laisse la moitié de la tranche pâtissière indéterminée qui conclut. La clientèle est nombreuse, travailleurs passant d’abord au bar et familles à rallonge du pays. Personne ne semble se plaindre, hormis quelques-uns du service lent. Ceux-là vont se couper du pain eux-mêmes (des boîtes de pâté Le Hénaff font office de corbeilles à pain).
Au sortir, le soleil est de retour. J’en profite pour aller explorer la pointe du Van que je parcours par le chemin des douaniers jusqu’à l’église Saint-They. Ici finit la terre.
Brusquement, alors que j’approche en voiture de la baie des Trépassés, une nouvelle nappe de brouillard s’abat et cache la pointe du Raz. Je change de plan, retourne dans les terres et trouve une chambre d’hôtes à Cléden-Cap-Sizun, au lieu-dit Kervellec, et de là vais à Plogoff où, faute d’un café ouvert, c’est dans le brouillard, assis sur le banc en pierre de la petite maison accrochée au-dessus de la mer, un endroit qui me rappelle bien des choses, que je poursuis la lecture de Joyce Carol Oates.
A dix-neuf heures, il fait un noir de four à Kervellec. Une demi-lune occupe le ciel. « Ça vous dirait pas un peu de soupe ? », me demande l’hôte derrière la porte. « Ah non merci, c’est gentil, mais je ne mange pas beaucoup le soir. » J’aurais peut-être dû dire oui, me dis-je après.
*
Etre un écrivain, c’est ressembler à un de ces chiens à pedigree dangereusement hypertypés –un bouledogue français, par exemple– assez mal équipé pour la survie en dépit de leurs attributs très particuliers. (Joyce Carol Oates J’ai réussi à rester en vie)
C’est à Primelin, sur la route qui mène à la pointe du Raz, alors qu’un brouillard épais est tombé sur le cap, que je déjeune à L’Abri Côtier, un immense hangar ne possédant qu’une seule fenêtre, de taille réduite, et un mauvais choix. Si le menu n’est qu’à onze euros quatre-vingts, tout compris, la cuisine est sommaire (« frites ou pommes de terre ? »). J’ai du mal à terminer la fricassée de bœuf et laisse la moitié de la tranche pâtissière indéterminée qui conclut. La clientèle est nombreuse, travailleurs passant d’abord au bar et familles à rallonge du pays. Personne ne semble se plaindre, hormis quelques-uns du service lent. Ceux-là vont se couper du pain eux-mêmes (des boîtes de pâté Le Hénaff font office de corbeilles à pain).
Au sortir, le soleil est de retour. J’en profite pour aller explorer la pointe du Van que je parcours par le chemin des douaniers jusqu’à l’église Saint-They. Ici finit la terre.
Brusquement, alors que j’approche en voiture de la baie des Trépassés, une nouvelle nappe de brouillard s’abat et cache la pointe du Raz. Je change de plan, retourne dans les terres et trouve une chambre d’hôtes à Cléden-Cap-Sizun, au lieu-dit Kervellec, et de là vais à Plogoff où, faute d’un café ouvert, c’est dans le brouillard, assis sur le banc en pierre de la petite maison accrochée au-dessus de la mer, un endroit qui me rappelle bien des choses, que je poursuis la lecture de Joyce Carol Oates.
A dix-neuf heures, il fait un noir de four à Kervellec. Une demi-lune occupe le ciel. « Ça vous dirait pas un peu de soupe ? », me demande l’hôte derrière la porte. « Ah non merci, c’est gentil, mais je ne mange pas beaucoup le soir. » J’aurais peut-être dû dire oui, me dis-je après.
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Etre un écrivain, c’est ressembler à un de ces chiens à pedigree dangereusement hypertypés –un bouledogue français, par exemple– assez mal équipé pour la survie en dépit de leurs attributs très particuliers. (Joyce Carol Oates J’ai réussi à rester en vie)