Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
10 juillet 2020
Trente-quatre degrés annoncés à Clermont-Ferrand ce jeudi, Après un café pain au chocolat pour deux euros au Château Rouge, l’espoir d’un peu de fraicheur en altitude me fait monter dans la navette Panoramique des Dômes qui mène à la Gare du Panoramique des Dômes pour le prix d’un ticket urbain (un euro soixante). Le Quai Un d’où il part est sous mes fenêtres.
Une douzaine d’aspirants marcheurs l’empruntent ce matin à huit heures cinquante-huit, le premier de la journée. Il passe par Chamalières (petit pincement au cœur, comme on dit) où se tient le marché sur la place près de l’église puis par Royat, dont les Thermes se posent un peu là, avant de commencer à grimper de lacet en lacet. Il traverse un ou deux villages et au bout d’une demi-heure nous y sommes. Cette navette a pour mission de drainer des sans voitures jusqu’à la Gare du Panoramique d’où démarre le train électrique qui permet d’accéder au sommet du Puy de Dôme sans se fatiguer. On peut aussi y aller en marchant.
Y monter à pied, je l’ai déjà fait. Il y a longtemps, avec la fille de l’instituteur de Moulet-Marcenat, tandis que son père allait voir sa copine. J’étais jeune et vaillant et elle avait douze ans.
Je me contente aujourd’hui de marcher sur un sentier forestier qui ne monte pas et qui devrait me mener vers deux restaurants. En chemin, je rencontre un troupeau de vaches blanches que survole un parapente. Malheureusement, m’indiquent deux dames, pour aller jusqu’à ces deux restaurants, il me faudra longer une route à voitures. Je choisis de renoncer, fais demi-tour et m’installe à l’ombre pour lire Montaigne. Deux constatations : il ne fait guère moins chaud ici qu’en bas et dès leur descente de voiture les familles se ruent sur le train électrique.
A midi pile, je reprends la navette Panoramique des Dômes en compagnie d’un jeune couple à gros sacs à dos. Au premier village y monte une jeune femme tirant une charrette portant du matériel pour camper suivie de ses trois jeunes enfants. Elle me demande à quel arrêt descendre pour voir la Cathédrale avant d’aller à la Gare prendre un train pour Volvic. Je n’ai pas la présence d’esprit de lui dire que la Gare de Volvic est à quatre kilomètres du bourg, j’espère qu’elle le sait. Ils descendent à Jaude, le jeune couple et moi-même à la Gare.
Par le tunnel sous les voies, je rejoins Le Café de la Passerelle et y suis admis en terrasse derrière le bâtiment. Les habitués de l’autre jour sont toujours à l’apéro répété, dont le jeune Jules qui n’est pas de service. C’est le patron qui s’en charge tout en faisant la cuisine, aidé pour ce qui est des frites, préparées dans un local au fond de jardin, par un agité à l’allure de rockeur. Il est habillé de noir car il revient du cimetière, c’était une belle cérémonie, y avait de la musique classique.
Hareng pommes à l’huile, filet mignon avec frites, pour dessert je choisis deux boules de glace au caramel. Il est quatorze heures quand je quitte la table. C’est l’heure où les buveurs s’y mettent. L’un d’eux n’en travaille pas moins, « La réception, bonjour », déclare-t-il au téléphone quand il sonne, « A partir de seize heures, madame », puis il raccroche.
De l’autre côté du passage souterrain m’attend mon logement temporaire, toujours sans Internet. Mon logeur repasse bidouiller le boitier Huawei et voici que ça remarche.
*
Quelque diversité d’herbes qu’il y ait, tout s’enveloppe sous le nom de salade. Michel de Montaigne, Les Essais
Une douzaine d’aspirants marcheurs l’empruntent ce matin à huit heures cinquante-huit, le premier de la journée. Il passe par Chamalières (petit pincement au cœur, comme on dit) où se tient le marché sur la place près de l’église puis par Royat, dont les Thermes se posent un peu là, avant de commencer à grimper de lacet en lacet. Il traverse un ou deux villages et au bout d’une demi-heure nous y sommes. Cette navette a pour mission de drainer des sans voitures jusqu’à la Gare du Panoramique d’où démarre le train électrique qui permet d’accéder au sommet du Puy de Dôme sans se fatiguer. On peut aussi y aller en marchant.
Y monter à pied, je l’ai déjà fait. Il y a longtemps, avec la fille de l’instituteur de Moulet-Marcenat, tandis que son père allait voir sa copine. J’étais jeune et vaillant et elle avait douze ans.
Je me contente aujourd’hui de marcher sur un sentier forestier qui ne monte pas et qui devrait me mener vers deux restaurants. En chemin, je rencontre un troupeau de vaches blanches que survole un parapente. Malheureusement, m’indiquent deux dames, pour aller jusqu’à ces deux restaurants, il me faudra longer une route à voitures. Je choisis de renoncer, fais demi-tour et m’installe à l’ombre pour lire Montaigne. Deux constatations : il ne fait guère moins chaud ici qu’en bas et dès leur descente de voiture les familles se ruent sur le train électrique.
A midi pile, je reprends la navette Panoramique des Dômes en compagnie d’un jeune couple à gros sacs à dos. Au premier village y monte une jeune femme tirant une charrette portant du matériel pour camper suivie de ses trois jeunes enfants. Elle me demande à quel arrêt descendre pour voir la Cathédrale avant d’aller à la Gare prendre un train pour Volvic. Je n’ai pas la présence d’esprit de lui dire que la Gare de Volvic est à quatre kilomètres du bourg, j’espère qu’elle le sait. Ils descendent à Jaude, le jeune couple et moi-même à la Gare.
Par le tunnel sous les voies, je rejoins Le Café de la Passerelle et y suis admis en terrasse derrière le bâtiment. Les habitués de l’autre jour sont toujours à l’apéro répété, dont le jeune Jules qui n’est pas de service. C’est le patron qui s’en charge tout en faisant la cuisine, aidé pour ce qui est des frites, préparées dans un local au fond de jardin, par un agité à l’allure de rockeur. Il est habillé de noir car il revient du cimetière, c’était une belle cérémonie, y avait de la musique classique.
Hareng pommes à l’huile, filet mignon avec frites, pour dessert je choisis deux boules de glace au caramel. Il est quatorze heures quand je quitte la table. C’est l’heure où les buveurs s’y mettent. L’un d’eux n’en travaille pas moins, « La réception, bonjour », déclare-t-il au téléphone quand il sonne, « A partir de seize heures, madame », puis il raccroche.
De l’autre côté du passage souterrain m’attend mon logement temporaire, toujours sans Internet. Mon logeur repasse bidouiller le boitier Huawei et voici que ça remarche.
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Quelque diversité d’herbes qu’il y ait, tout s’enveloppe sous le nom de salade. Michel de Montaigne, Les Essais
9 juillet 2020
C’est comme si je rentrais à Paris ce mercredi matin, mais de ce train Intercités dont le terminus est Bercy, je descends à Vichy, département de l’Allier. Par l’avenue des Célestins, je rejoins la source des Célestins. Mon vieux Guide du Routard me promettait des Vichyssois(e)s y remplissant leurs bouteilles d’eau. Bien qu’on puisse y puiser malgré le Covid qui rôde, nul(le) n’y est.
Que de beaux arbres à Vichy dans le parc qui borde l’Allier et dans celui de l’intérieur où se trouvait l’hôtel dont un certain Maréchal occupait tout le troisième étage depuis la capitulation, il y a quatre-vingts ans. Une plaque peu visible, située non sur le bâtiment mais dans le parc en contrebas et signée des Fils et Filles des Déportés Juifs de France et de l’Association Cultuelle Israélite de Vichy rappelle la déportation de six mille cinq cents Juifs dont des centaines d’enfants le vingt-six août quarante-deux par le gouvernement de l’Etat Français installé dans cet immeuble. « Dans leur ensemble la population française et les clergés catholique et protestant se sont immédiatement opposés à ces mesures ». Ce « dans leur ensemble » et ce « immédiatement » me laissent songeur.
Vichy respire toujours la prospérité, même si ses meilleurs jours sont derrière elle. En témoignent les hôtels et établissements de cure fermés. Un certain nombre de restaurants le sont aussi. Pour déjeuner, je choisis un « japonais » avec menu à volonté, le Hanaki Sushi, et j’ai tort, c’est quelconque et l’attente des commandes est bien trop longue.
Je me requinque au bord de l’Allier, assis sur un banc bien ombragé du parc Napoléon le Troisième, regardant flotter des voiliers, kayaks et pédalos, tandis que derrière moi passent des familles dont les propos sont strictement familiaux.
A cette atmosphère paisible et fraiche succède celle difficilement supportable du train de retour parti de Paris Bercy, une véritable étuve où derrière les masques, on manque d’air.
Rentré à mon logement provisoire, je dois en ressortir pour utiliser la ouifi du New York Café contre le prix d’un café verre d’eau. La clientèle des habitués s’inquiète d’un retour du Covid avec tous ces gens qui voyagent. Je me fais discret.
*
Plusieurs que je vois, quand ils entendent mal quelque chose (par exemple une information du chef de bord dans le train), décrocher le masque d’une de leurs oreilles.
*
Vichy est la ville de Valery Larbaud. Héritier de Saint-Yorre qu’avait créé son père, il vécut rentier et écrivain. Une reconstitution de son bureau et de sa bibliothèque sont visibles le samedi (si ça n’a pas changé) dans la Bibliothèque Musée qui porte son nom.
Que de beaux arbres à Vichy dans le parc qui borde l’Allier et dans celui de l’intérieur où se trouvait l’hôtel dont un certain Maréchal occupait tout le troisième étage depuis la capitulation, il y a quatre-vingts ans. Une plaque peu visible, située non sur le bâtiment mais dans le parc en contrebas et signée des Fils et Filles des Déportés Juifs de France et de l’Association Cultuelle Israélite de Vichy rappelle la déportation de six mille cinq cents Juifs dont des centaines d’enfants le vingt-six août quarante-deux par le gouvernement de l’Etat Français installé dans cet immeuble. « Dans leur ensemble la population française et les clergés catholique et protestant se sont immédiatement opposés à ces mesures ». Ce « dans leur ensemble » et ce « immédiatement » me laissent songeur.
Vichy respire toujours la prospérité, même si ses meilleurs jours sont derrière elle. En témoignent les hôtels et établissements de cure fermés. Un certain nombre de restaurants le sont aussi. Pour déjeuner, je choisis un « japonais » avec menu à volonté, le Hanaki Sushi, et j’ai tort, c’est quelconque et l’attente des commandes est bien trop longue.
Je me requinque au bord de l’Allier, assis sur un banc bien ombragé du parc Napoléon le Troisième, regardant flotter des voiliers, kayaks et pédalos, tandis que derrière moi passent des familles dont les propos sont strictement familiaux.
A cette atmosphère paisible et fraiche succède celle difficilement supportable du train de retour parti de Paris Bercy, une véritable étuve où derrière les masques, on manque d’air.
Rentré à mon logement provisoire, je dois en ressortir pour utiliser la ouifi du New York Café contre le prix d’un café verre d’eau. La clientèle des habitués s’inquiète d’un retour du Covid avec tous ces gens qui voyagent. Je me fais discret.
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Plusieurs que je vois, quand ils entendent mal quelque chose (par exemple une information du chef de bord dans le train), décrocher le masque d’une de leurs oreilles.
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Vichy est la ville de Valery Larbaud. Héritier de Saint-Yorre qu’avait créé son père, il vécut rentier et écrivain. Une reconstitution de son bureau et de sa bibliothèque sont visibles le samedi (si ça n’a pas changé) dans la Bibliothèque Musée qui porte son nom.
8 juillet 2020
Un logement près d’une gare induit un calme relatif mais je dors néanmoins, et ce malgré le bruit industriel de la pendule, un sommeil interrompu par mes habituels moments de trop grande cogitation, au milieu de la nuit, alors que la lune est ronde.
A mon programme ce mardi, une excursion (comme on disait autrefois) à Brioude, département de la Haute-Loire. En attendant l’heure du train, je lis Montaigne à la terrasse ensoleillée du Château Rouge où à cette heure le café est à un euro.
C’est un train composé d’une rame Normandie et d’une rame Haute-Loire, ayant pour terminus Le-Puy-en-Velay, qui m’emmène à Brioude où j’arrive à dix heures quarante-quatre après près d’une heure d’un trajet passant par Issoire.
De loin, j’aperçois la Basilique Saint-Julien, la plus grande église romane d’Auvergne, grès rouge, basalte noir ou rouge, marbre gris et rose. J’en fais le tour en photos puis parcours des rues étroites, où nul ne semble vivre, jusqu’à ce qu’il soit midi. Près de la Maison de Mandrin, je trouve l’Hôtel Restaurant du Centre où je décide de déjeuner à l’une des tables de terrasse d’un menu complet à quinze euros cinquante, lequel, je le sais, ne m’éblouira pas : feuilleté au jambon, saucisse petits pois carottes, fromages et mousse au chocolat blanc. Le meilleur, ce sont les fromages auvergnats dont on vous laisse vous servir à volonté.
Une partie de la clientèle est composée d’employés de passage buvant de l’eau et une autre d’habitués retraités déjà bien imbibés. L’un de ces derniers est en boucle, racontant toutes les dix minutes que lorsqu’il est allé vendre sa voiture quarante euros au ferrailleur un quidam est arrivé avec deux chaudrons en cuivre trouvés à la déchetterie et « a pris quatre cents euros ».
Cette auberge quittée, j’entre dans la Basilique dont l’intérieur vaut l’extérieur, notamment pour son pavage aux motifs géométriques ou allégoriques réalisé avec des galets de l’Allier. Une Vierge parturiente, sculpture en bois du quatorzième siècle, figuration extrêmement rare de cette femme accouchant, est ainsi légendée par Paul Claudel Comme elle l’accepta, promis, elle le reçoit, consommé.
*
Mauvaise surprise en rentrant, plus d’Internet. La ouifi par boîtier Huawei n’est pas la panacée. Je bidouille, débranche, enlève la batterie, la remets, mais macache. Je passe ainsi la soirée coupé du monde.
A mon programme ce mardi, une excursion (comme on disait autrefois) à Brioude, département de la Haute-Loire. En attendant l’heure du train, je lis Montaigne à la terrasse ensoleillée du Château Rouge où à cette heure le café est à un euro.
C’est un train composé d’une rame Normandie et d’une rame Haute-Loire, ayant pour terminus Le-Puy-en-Velay, qui m’emmène à Brioude où j’arrive à dix heures quarante-quatre après près d’une heure d’un trajet passant par Issoire.
De loin, j’aperçois la Basilique Saint-Julien, la plus grande église romane d’Auvergne, grès rouge, basalte noir ou rouge, marbre gris et rose. J’en fais le tour en photos puis parcours des rues étroites, où nul ne semble vivre, jusqu’à ce qu’il soit midi. Près de la Maison de Mandrin, je trouve l’Hôtel Restaurant du Centre où je décide de déjeuner à l’une des tables de terrasse d’un menu complet à quinze euros cinquante, lequel, je le sais, ne m’éblouira pas : feuilleté au jambon, saucisse petits pois carottes, fromages et mousse au chocolat blanc. Le meilleur, ce sont les fromages auvergnats dont on vous laisse vous servir à volonté.
Une partie de la clientèle est composée d’employés de passage buvant de l’eau et une autre d’habitués retraités déjà bien imbibés. L’un de ces derniers est en boucle, racontant toutes les dix minutes que lorsqu’il est allé vendre sa voiture quarante euros au ferrailleur un quidam est arrivé avec deux chaudrons en cuivre trouvés à la déchetterie et « a pris quatre cents euros ».
Cette auberge quittée, j’entre dans la Basilique dont l’intérieur vaut l’extérieur, notamment pour son pavage aux motifs géométriques ou allégoriques réalisé avec des galets de l’Allier. Une Vierge parturiente, sculpture en bois du quatorzième siècle, figuration extrêmement rare de cette femme accouchant, est ainsi légendée par Paul Claudel Comme elle l’accepta, promis, elle le reçoit, consommé.
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Mauvaise surprise en rentrant, plus d’Internet. La ouifi par boîtier Huawei n’est pas la panacée. Je bidouille, débranche, enlève la batterie, la remets, mais macache. Je passe ainsi la soirée coupé du monde.
7 juillet 2020
Journée de translation clermontoise ce lundi, je quitte mon « charmant studio » du boulevard Trudaine, près de la pharmacie ouverte sept sur sept vingt-quatre sur vingt-quatre, pour un « studio industriel » sis au-dessus d’une pharmacie qui ferme sur le temps du midi, avenue de l’Union Soviétique, face à la Gare, endroit stratégique.
Un peu avant dix heures, je dépose la clé dans sa boite à code, descends les quatre étages avec ma valise peu chargée et la traîne jusqu’au Zanzibar où je prends un café verre d’eau en terrasse. Tout en lisant Les Essais, j’écoute ce qui fait causer les habitués. La place de la Poterne va devenir place Olympe de Gouges. Les avis divergent. Je ne me mêle pas de dire ce qu’il faut faire au monde, d’autres assez s’en mêlent, mais ce que j’y fais., c’est la position de Montaigne, la mienne aussi.
Vers onze heures et demie, je monte jusqu’à la Gare et choisis pour déjeuner la Brasserie des Commerçants qui bénéficie d’une vaste terrasse sur l’arrière. Le quart de vin rouge y est accompagné d’une petite verrine de tapenade mais le plat du jour à neuf euros, une longe de porc à la moutarde, est on ne peut plus sec. Je me console avec la tarte aux myrtilles puis, treize heures arrivant, je vais me poster devant la pharmacie.
A l’heure dite s’y présente l’homme de ménage chargé de me remettre les clés. Je monte avec lui au deuxième étage, découvre rapidement le mobilier dit industriel de mon nouveau chez moi temporaire puis dépose valise et sac à dos. Le laissant opérer, je vais faire un tour.
En continuant l’avenue de l’Union Soviétique puis en tournant à gauche et à droite, je devrais trouver Montferrand. Une jeune femme me le confirme et m’en montre le chemin sur son smartphone. « Vous en avez pour dix-sept minutes à peu près », me précise-t-elle.
Je passe devant le stade de foute face auquel est un Hôtel de Police qui sur son mur à coups de citations fait de Montesquieu, Sieyès, Camus et Saint-John-Perse des idéologues de la Loi et de l’Ordre. Arrivé à la Grande Pharmacie que domine une tourelle, j’entre dans Montferrand où je ne suis jamais venu. Cette ancienne commune me plaît d’emblée avec ses immeubles qui ont connu des jours meilleurs et son église anguleuse, Notre-Dame de la Prospérité. Je fais moult photos, ce qui me vaut d’être interpellé par une buveuse de bière : « C’est joli Montferrand hein ! Les maisons, pas les gens ». Elle m’indique une porte à pousser pour découvrir un bel escalier.
Au retour, je constate que la ouifi promise n’y est pas et qu’il manque les serviettes de toilette. Pour le prix d’un café, je me connecte à côté, au New York Café tenu par un jeune couple sympathique. « Je passe à sept heures », me répond mon hôte quand je l’informe de mes déboires. Ce qu’il fait, m’apportant ce qui manquait et bidouillant avec succès le boîtier Huawei.
Un peu avant dix heures, je dépose la clé dans sa boite à code, descends les quatre étages avec ma valise peu chargée et la traîne jusqu’au Zanzibar où je prends un café verre d’eau en terrasse. Tout en lisant Les Essais, j’écoute ce qui fait causer les habitués. La place de la Poterne va devenir place Olympe de Gouges. Les avis divergent. Je ne me mêle pas de dire ce qu’il faut faire au monde, d’autres assez s’en mêlent, mais ce que j’y fais., c’est la position de Montaigne, la mienne aussi.
Vers onze heures et demie, je monte jusqu’à la Gare et choisis pour déjeuner la Brasserie des Commerçants qui bénéficie d’une vaste terrasse sur l’arrière. Le quart de vin rouge y est accompagné d’une petite verrine de tapenade mais le plat du jour à neuf euros, une longe de porc à la moutarde, est on ne peut plus sec. Je me console avec la tarte aux myrtilles puis, treize heures arrivant, je vais me poster devant la pharmacie.
A l’heure dite s’y présente l’homme de ménage chargé de me remettre les clés. Je monte avec lui au deuxième étage, découvre rapidement le mobilier dit industriel de mon nouveau chez moi temporaire puis dépose valise et sac à dos. Le laissant opérer, je vais faire un tour.
En continuant l’avenue de l’Union Soviétique puis en tournant à gauche et à droite, je devrais trouver Montferrand. Une jeune femme me le confirme et m’en montre le chemin sur son smartphone. « Vous en avez pour dix-sept minutes à peu près », me précise-t-elle.
Je passe devant le stade de foute face auquel est un Hôtel de Police qui sur son mur à coups de citations fait de Montesquieu, Sieyès, Camus et Saint-John-Perse des idéologues de la Loi et de l’Ordre. Arrivé à la Grande Pharmacie que domine une tourelle, j’entre dans Montferrand où je ne suis jamais venu. Cette ancienne commune me plaît d’emblée avec ses immeubles qui ont connu des jours meilleurs et son église anguleuse, Notre-Dame de la Prospérité. Je fais moult photos, ce qui me vaut d’être interpellé par une buveuse de bière : « C’est joli Montferrand hein ! Les maisons, pas les gens ». Elle m’indique une porte à pousser pour découvrir un bel escalier.
Au retour, je constate que la ouifi promise n’y est pas et qu’il manque les serviettes de toilette. Pour le prix d’un café, je me connecte à côté, au New York Café tenu par un jeune couple sympathique. « Je passe à sept heures », me répond mon hôte quand je l’informe de mes déboires. Ce qu’il fait, m’apportant ce qui manquait et bidouillant avec succès le boîtier Huawei.
6 juillet 2020
Ce dimanche matin à la Gare de Clermont-Ferrand une jeune fille un peu inquiète porte devant elle une pancarte « Nature Pour Tous ». Bientôt arrivent des dix onze ans avec leurs parents un peu inquiets. « C’est la première fois que tu pars en colo ? », demande-t-elle à l’un. « Vous lui avez pris sa température ? », demande-t-elle aux géniteurs. « Super, tout va bien se passer, super », ne cesse-t-elle de répéter. Je les laisse pour rejoindre le quai du Clermont Volvic qui, je me suis renseigné, me laissera près du lieu-dit Le Cratère à quatre kilomètres de la ville connue pour son eau minérale et ses jus de fruits.
Quand il part, j’en suis le seul voyageur. Le contrôleur ne manque cependant pas de faire son travail. Ce vaillant petit train ne cesse de grimper, d’abord dans la banlieue chic (Royat et Chamalières) d’où l’on voit en contre-bas la fière Cathédrale noire, puis dans la montagne en empruntant une série de tunnels non éclairés.
A l’arrivée, je demande à la cheffe de gare vers où L’Auberge du Cratère et Au Chaudron Gourmand puis je marche au bord de la route indiquée que fréquentent de nombreux groupes de bicyclistes. Au carrefour du Cratère, je repère les deux restaurants. Entre eux est une carrière de pouzzolane heureusement à l’arrêt ce jour. Un peu plus loin, je trouve le départ d’une randonnée pédestre en boucle de neuf kilomètres à faire en deux heures trente. Ce chemin forestier est prometteur mais après en avoir parcouru un petit kilomètre, je le laisse à ses promesses. Rebroussant, je m’assois sur une pierre pour lire Montaigne entouré de chants d’oiseaux et de vols de papillons. Longtemps que je n’avais pas vu autant de ces derniers.
A midi j’opte pour le Chaudron où il faut entrer masqué. Je m’y vois attribuer une des dernières tables disponibles. J’indique à l’accorte serveuse que je dois prendre le train à treize heures cinquante, afin qu’elle fasse fissa, et je lui commande le foie gras au sauternes maison à trois étoiles et la cuisse de canard confite maison à six étoiles. Ici, une étoile vaut deux euros cinquante.
De ma table, j’ai vue sur le chef qui s’affaire en cuisine. Derrière moi ont pris place une sept huit ans et ses grands-parents. La grand-mère lui dit toutes les âneries qu’elle a dites à sa fille quand elle avait cet âge (et on voudrait que le monde progresse). Le grand-père ne pipe mot. A chaque nouvelle tablée, la serveuse répète son message d’actualité : « Pour des raisons sanitaires, je ne vous laisse qu’un seul menu plastifié pour tous, vous pouvez le toucher, nous le laverons ensuite ».
La cuisine du Chaudron est bonne mais sans excès. « J’ai le temps de prendre un dessert », dis-je au patron qui a affiché « Complet » sur la porte. « Oui, on le savait », me répond-il. Ce sera une tarte framboise à deux étoiles.
En chemin vers la Gare je croise une fille qui vient d’arriver par le train devant repartir dans l’autre sens. Elle me demande si c’est bien par-là, Volvic. Je lui dis de regarder les panneaux au carrefour. « Ce n’est pas tout près », ajouté-je. « Oui je sais, quatre kilomètres », me répond-elle, l’ayant appris par son téléphone. Un peu plus loin, j’en trouve une plus jeune à genoux sous un abribus. Nous nous saluons. « J’ai un gros gros problème », dit-elle à son téléphone. Ne pouvant l’aider, je poursuis mon chemin et, arrivé à la Gare, je cherche le composteur. La cheffe de gare, qui papote avec le machiniste et le contrôleur sur un banc dehors, m’apprend qu’il n’y en a pas, « le contrôleur est au courant ». Je patiente dans une salle d’attente à l’ancienne, assis sur une banquette en cuir, en les écoutant, par la porte ouverte, raconter l’histoire des quatre filles ayant passé la nuit dans les toilettes, un jour de pluie.
Je suis à nouveau seul voyageur pour rentrer à Clermont. Le contrôleur ne juge pas utile de vérifier mon billet.
*
Je ne sais quel élu a décidé de construire la Gare de Volvic en cet endroit mais il mérite une statue.
*
De Volvic, je n’aurai donc rien vu cette fois. A la fin des années soixante-dix, j’en ai visité l’usine d’embouteillage avec mes élèves de l’école du Bec-Hellouin au cours d’un échange avec l’école de Moulet-Marcenat, l’un de ses hameaux.
Quand il part, j’en suis le seul voyageur. Le contrôleur ne manque cependant pas de faire son travail. Ce vaillant petit train ne cesse de grimper, d’abord dans la banlieue chic (Royat et Chamalières) d’où l’on voit en contre-bas la fière Cathédrale noire, puis dans la montagne en empruntant une série de tunnels non éclairés.
A l’arrivée, je demande à la cheffe de gare vers où L’Auberge du Cratère et Au Chaudron Gourmand puis je marche au bord de la route indiquée que fréquentent de nombreux groupes de bicyclistes. Au carrefour du Cratère, je repère les deux restaurants. Entre eux est une carrière de pouzzolane heureusement à l’arrêt ce jour. Un peu plus loin, je trouve le départ d’une randonnée pédestre en boucle de neuf kilomètres à faire en deux heures trente. Ce chemin forestier est prometteur mais après en avoir parcouru un petit kilomètre, je le laisse à ses promesses. Rebroussant, je m’assois sur une pierre pour lire Montaigne entouré de chants d’oiseaux et de vols de papillons. Longtemps que je n’avais pas vu autant de ces derniers.
A midi j’opte pour le Chaudron où il faut entrer masqué. Je m’y vois attribuer une des dernières tables disponibles. J’indique à l’accorte serveuse que je dois prendre le train à treize heures cinquante, afin qu’elle fasse fissa, et je lui commande le foie gras au sauternes maison à trois étoiles et la cuisse de canard confite maison à six étoiles. Ici, une étoile vaut deux euros cinquante.
De ma table, j’ai vue sur le chef qui s’affaire en cuisine. Derrière moi ont pris place une sept huit ans et ses grands-parents. La grand-mère lui dit toutes les âneries qu’elle a dites à sa fille quand elle avait cet âge (et on voudrait que le monde progresse). Le grand-père ne pipe mot. A chaque nouvelle tablée, la serveuse répète son message d’actualité : « Pour des raisons sanitaires, je ne vous laisse qu’un seul menu plastifié pour tous, vous pouvez le toucher, nous le laverons ensuite ».
La cuisine du Chaudron est bonne mais sans excès. « J’ai le temps de prendre un dessert », dis-je au patron qui a affiché « Complet » sur la porte. « Oui, on le savait », me répond-il. Ce sera une tarte framboise à deux étoiles.
En chemin vers la Gare je croise une fille qui vient d’arriver par le train devant repartir dans l’autre sens. Elle me demande si c’est bien par-là, Volvic. Je lui dis de regarder les panneaux au carrefour. « Ce n’est pas tout près », ajouté-je. « Oui je sais, quatre kilomètres », me répond-elle, l’ayant appris par son téléphone. Un peu plus loin, j’en trouve une plus jeune à genoux sous un abribus. Nous nous saluons. « J’ai un gros gros problème », dit-elle à son téléphone. Ne pouvant l’aider, je poursuis mon chemin et, arrivé à la Gare, je cherche le composteur. La cheffe de gare, qui papote avec le machiniste et le contrôleur sur un banc dehors, m’apprend qu’il n’y en a pas, « le contrôleur est au courant ». Je patiente dans une salle d’attente à l’ancienne, assis sur une banquette en cuir, en les écoutant, par la porte ouverte, raconter l’histoire des quatre filles ayant passé la nuit dans les toilettes, un jour de pluie.
Je suis à nouveau seul voyageur pour rentrer à Clermont. Le contrôleur ne juge pas utile de vérifier mon billet.
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Je ne sais quel élu a décidé de construire la Gare de Volvic en cet endroit mais il mérite une statue.
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De Volvic, je n’aurai donc rien vu cette fois. A la fin des années soixante-dix, j’en ai visité l’usine d’embouteillage avec mes élèves de l’école du Bec-Hellouin au cours d’un échange avec l’école de Moulet-Marcenat, l’un de ses hameaux.
5 juillet 2020
Je prends ce samedi matin un train pour Issoire (en deux mots). Il a la bonne idée de longer l’Allier. J’en descends à huit heures une et constate d’emblée que l’hôtel restaurant recommandé en deux mille deux dans la rubrique « où manger » par mon Guide du Routard est fermé pour une raison mystérieuse peut-être liée à la maladie qui rôde. Cette maladie semble d’autant plus présente ce jour que c’est celui du marché à Issoire et que le masque y est demandé.
Issoire est circulaire et plus vaste que dans mon souvenir. Bien que sans plan de la ville, j’en trouve vite les curiosités : Abbatiale romane Saint-Austremoine (dans laquelle je trouve un curé endormi près d’un confessionnal), Tour de l'Horloge, rues étroites, maisons colorées, puis je descends au bord d’un cours d’eau qui passe par-là, le Couze Pavin, près duquel je lis Montaigne : On nous apprend à vivre quand la vie est passée. Cent écoliers ont pris la vérole avant que d’être arrivés à leur leçon d’Aristote, de la tempérance.
Vers onze heures et demie, je passe à l’Office de Tourisme où l’on m’accable de documentation et de visite à suivre alors que je veux simplement un conseil personnel pour déjeuner. Les deux employées ne veulent pas me répondre. Les trois auberges qu’elles finissent par m’indiquer sur mon insistance sont trop éloignées pour que j’aie envie d’y aller voir.
C’est le restaurant sans prétention La Touche Finale qui obtient ma clientèle à la seule table ombragée de sa terrasse. J’y mange sans voisinage mais dans le bruit de la circulation automobile. Les gens d’Issoire ont une conduite un peu méridionale. Les obliger à s’arrêter aux passages piétons est une offense, comme j’ai pu le constater dans la matinée. C’est une ville où l’on trouve une voiturette roulant avec la sono à fond et des types qui font de la moto debout. Les boutiques ferment le midi. Voir sortir la vendeuse de chez Petit Bateau (en face de La Touche Finale) et celle de L’Epicerie d’Alice (à côté de La Touche Finale) coupe court à toute rêverie.
Saumon fumé avec boule de glace, truffade et tiramisu, tel est mon déjeuner, pour lequel je remercie l’aimable patronne en payant vingt et un euros vingt (quart de vin rouge et café inclus).
Un jardin public situé près de la Gare me permet de lire au frais en attendant le train du retour. Celui-ci a vingt minutes de retard. Lorsqu’il se présente, je ne suis pas surpris de voir qu’il s’agit d’une rame de la Région Nord Pas de Calais. Derrière moi s’assoient deux jouvencelles excitées. A Clermont, vont-elles avoir, oui ou non, leur correspondance pour Paris Bercy ? « Mais maman, je gère, ne t’en fais pas, je gère », s’emballe l’une au téléphone. La contrôleuse les rassure, ainsi que celles et ceux qui débutent aussi leurs vacances à la merci de ce petit train secondaire. On les attendra à Clermont pour les emmener à Paris.
*
Durant le marché, les élus d’Issoire se tiennent à la disposition de la population sous un barnum.
*
Encore deux nuits à passer dans cette première location Air Bibi, toujours la fenêtre ouverte, pas de moustiques à Clermont-Ferrand. Aucun bruit de circulation automobile ou piétonnière car mon studio donne sur l’arrière du boulevard Trudaine, lequel n’est, à cet endroit, qu’une succession de lieux de restauration rapide. Nul bruit de voisinage non plus. Un calme absolu.
Issoire est circulaire et plus vaste que dans mon souvenir. Bien que sans plan de la ville, j’en trouve vite les curiosités : Abbatiale romane Saint-Austremoine (dans laquelle je trouve un curé endormi près d’un confessionnal), Tour de l'Horloge, rues étroites, maisons colorées, puis je descends au bord d’un cours d’eau qui passe par-là, le Couze Pavin, près duquel je lis Montaigne : On nous apprend à vivre quand la vie est passée. Cent écoliers ont pris la vérole avant que d’être arrivés à leur leçon d’Aristote, de la tempérance.
Vers onze heures et demie, je passe à l’Office de Tourisme où l’on m’accable de documentation et de visite à suivre alors que je veux simplement un conseil personnel pour déjeuner. Les deux employées ne veulent pas me répondre. Les trois auberges qu’elles finissent par m’indiquer sur mon insistance sont trop éloignées pour que j’aie envie d’y aller voir.
C’est le restaurant sans prétention La Touche Finale qui obtient ma clientèle à la seule table ombragée de sa terrasse. J’y mange sans voisinage mais dans le bruit de la circulation automobile. Les gens d’Issoire ont une conduite un peu méridionale. Les obliger à s’arrêter aux passages piétons est une offense, comme j’ai pu le constater dans la matinée. C’est une ville où l’on trouve une voiturette roulant avec la sono à fond et des types qui font de la moto debout. Les boutiques ferment le midi. Voir sortir la vendeuse de chez Petit Bateau (en face de La Touche Finale) et celle de L’Epicerie d’Alice (à côté de La Touche Finale) coupe court à toute rêverie.
Saumon fumé avec boule de glace, truffade et tiramisu, tel est mon déjeuner, pour lequel je remercie l’aimable patronne en payant vingt et un euros vingt (quart de vin rouge et café inclus).
Un jardin public situé près de la Gare me permet de lire au frais en attendant le train du retour. Celui-ci a vingt minutes de retard. Lorsqu’il se présente, je ne suis pas surpris de voir qu’il s’agit d’une rame de la Région Nord Pas de Calais. Derrière moi s’assoient deux jouvencelles excitées. A Clermont, vont-elles avoir, oui ou non, leur correspondance pour Paris Bercy ? « Mais maman, je gère, ne t’en fais pas, je gère », s’emballe l’une au téléphone. La contrôleuse les rassure, ainsi que celles et ceux qui débutent aussi leurs vacances à la merci de ce petit train secondaire. On les attendra à Clermont pour les emmener à Paris.
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Durant le marché, les élus d’Issoire se tiennent à la disposition de la population sous un barnum.
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Encore deux nuits à passer dans cette première location Air Bibi, toujours la fenêtre ouverte, pas de moustiques à Clermont-Ferrand. Aucun bruit de circulation automobile ou piétonnière car mon studio donne sur l’arrière du boulevard Trudaine, lequel n’est, à cet endroit, qu’une succession de lieux de restauration rapide. Nul bruit de voisinage non plus. Un calme absolu.
4 juillet 2020
Clermont-Ferrand se réveille doucement ce vendredi. J’en arpente les rues, non pas sur les traces de Ma nuit chez Maud comme me l’a suggéré l’ami de Stockholm, mais selon ma manière hasardeuse, ce qui revient au même.
Je vague un moment dans des ruelles désertes qui mènent à des places où des serveuses déjà exténuées installent bruyamment d’immenses terrasses. C’est le genre de filles qui ne se croient pas vieillir mais qui ont fini par se teindre les cheveux en rouge. Près de la ligne de tramouais, à la brasserie La Lune, je m’offre un petit-déjeuner à trois euros vingt : café croissant jus d’orange. Derrière moi, un trio évoque les derniers rebondissements de l’élection municipale marseillaise. A Clermont-Ferrand, ça a été plan-plan. Le Maire est Socialiste. Tout comme à Rouen. Deux villes qui ont un temps de retard.
Après avoir encore bien marché et cherché sans le trouver un restaurant qui m’aurait convenu pour midi, j’aboutis au jardin Lecoq où une montre fut autrefois perdue (j’ai encore en tête les larmes au téléphone de celle me l’annonçant). Je m’y assois et consulte une nouvelle fois mon Guide du Routard Auvergne Limousin de l’année deux mille deux. J’y trouve une adresse jusque-là inaperçue, un restaurant excentré qu’il faut aller chercher sur les arrières de la gare. Il est qualifié de pittoresque par le Routard qui précise que c’était le quartier général de Michel Charasse, un restaurant nommé Le Café de la Passerelle qui proposait entrée plat fromage et dessert pour quatorze euros.
La plupart des adresses de ce vieux guide mènent à des restaurants qui n’existent plus. Qu’en est-il de celui-là ? Pour le savoir, une seule solution, marcher un bon moment le long d’avenues sans charme. Dans l’une d’elles, je trouve la permanence de Brice Hortefeux. Juste à côté est une chapelle que je lui verrais bien comme quartier général (il doit y mettre des cierges pour que Sarkozy se sorte de ses ennuis judicaires).
Cette fois mon audace est récompensée, Le Café de la Passerelle est toujours là et ouvert. J’y réserve une table auprès du patron aux joues bien colorées puis par ladite passerelle je rejoins le devant de la gare pour un café lecture en terrasse au Château Rouge. La population qui fréquente cette brasserie est assez semblable à celle du quartier de Paris portant ce nom.
Pittoresque Le Café de la Passerelle, nappes à carreaux rouges et blancs, l’est assurément. A part moi, il n’est fréquenté ce midi que par des amis du patron qui enchaînent les apéros au comptoir avant de se mettre à table. Un tout jeune homme prénommé Jules, fils de l’un des buveurs, y commence ce jour son travail de serveur pour l’été. Il a droit à une bière lui aussi.
En deux mille vingt, Michel Charasse n’est plus et le menu a perdu son fromage. Il est à seize euros quatre-vingts. Pour moi, ce sera la terrine maison suivie du jambon braisé sauce citron avec tagine de légumes.
-Vous voulez un dessert ? me demande Jules quand j’ai terminé le délicieux pâté artisanal.
-Euh, il y a le plat d’abord.
-Ah oui c’est vrai.
Au comptoir on raconte l’histoire de Josiane chez qui on allait diner. « On arrive, on est dans ta rue, qu’on lui dit. Ah oui ça y est je vois la voiture, qu’elle nous dit. Et elle soulève sa jupe. C’était pas nous. »
Le plat du jour est tant copieux que goûteux. Je le fais suivre d’un clafoutis aux abricots et d’un café. Avec le quart de vin rouge à six euros, j’en ai pour vingt et un euros trente.
-Vous êtes d’où ? me demande le patron lorsque je règle l’addition.
-De Rouen.
-Ah oui, belle ville.
-J’ai trouvé votre adresse dans un vieux Guide du Routard, vous n’y êtes plus ?
-Non, parce que j’avais vendu, et puis ça a fermé, alors j’ai racheté il y a cinq ans.
*
Mon vieux Guide du Routard recommandait l’Hôtel Ravel devant lequel je passe après mon repas. Situé entre la Gare et mon studio temporaire, il semble inchangé avec sa façade en mosaïque.
En deux mille deux, la chambre double avec bains était à trente-huit euros. En deux mille vingt, le premier prix pour une chambre simple est de soixante et un euros.
Un hôtelier de ma connaissance s’étonne que désormais je me loge via Air Bibi.
*
Finalement, je n’avais pas tort de voir Edouard Philippe redevenir Maire du Havre.
J’aime assez ce personnage et suis content que ce soit lui l’élu des Havrais plutôt que ce vieux magouilleur de Jean-Paul Lecoq.
Je vague un moment dans des ruelles désertes qui mènent à des places où des serveuses déjà exténuées installent bruyamment d’immenses terrasses. C’est le genre de filles qui ne se croient pas vieillir mais qui ont fini par se teindre les cheveux en rouge. Près de la ligne de tramouais, à la brasserie La Lune, je m’offre un petit-déjeuner à trois euros vingt : café croissant jus d’orange. Derrière moi, un trio évoque les derniers rebondissements de l’élection municipale marseillaise. A Clermont-Ferrand, ça a été plan-plan. Le Maire est Socialiste. Tout comme à Rouen. Deux villes qui ont un temps de retard.
Après avoir encore bien marché et cherché sans le trouver un restaurant qui m’aurait convenu pour midi, j’aboutis au jardin Lecoq où une montre fut autrefois perdue (j’ai encore en tête les larmes au téléphone de celle me l’annonçant). Je m’y assois et consulte une nouvelle fois mon Guide du Routard Auvergne Limousin de l’année deux mille deux. J’y trouve une adresse jusque-là inaperçue, un restaurant excentré qu’il faut aller chercher sur les arrières de la gare. Il est qualifié de pittoresque par le Routard qui précise que c’était le quartier général de Michel Charasse, un restaurant nommé Le Café de la Passerelle qui proposait entrée plat fromage et dessert pour quatorze euros.
La plupart des adresses de ce vieux guide mènent à des restaurants qui n’existent plus. Qu’en est-il de celui-là ? Pour le savoir, une seule solution, marcher un bon moment le long d’avenues sans charme. Dans l’une d’elles, je trouve la permanence de Brice Hortefeux. Juste à côté est une chapelle que je lui verrais bien comme quartier général (il doit y mettre des cierges pour que Sarkozy se sorte de ses ennuis judicaires).
Cette fois mon audace est récompensée, Le Café de la Passerelle est toujours là et ouvert. J’y réserve une table auprès du patron aux joues bien colorées puis par ladite passerelle je rejoins le devant de la gare pour un café lecture en terrasse au Château Rouge. La population qui fréquente cette brasserie est assez semblable à celle du quartier de Paris portant ce nom.
Pittoresque Le Café de la Passerelle, nappes à carreaux rouges et blancs, l’est assurément. A part moi, il n’est fréquenté ce midi que par des amis du patron qui enchaînent les apéros au comptoir avant de se mettre à table. Un tout jeune homme prénommé Jules, fils de l’un des buveurs, y commence ce jour son travail de serveur pour l’été. Il a droit à une bière lui aussi.
En deux mille vingt, Michel Charasse n’est plus et le menu a perdu son fromage. Il est à seize euros quatre-vingts. Pour moi, ce sera la terrine maison suivie du jambon braisé sauce citron avec tagine de légumes.
-Vous voulez un dessert ? me demande Jules quand j’ai terminé le délicieux pâté artisanal.
-Euh, il y a le plat d’abord.
-Ah oui c’est vrai.
Au comptoir on raconte l’histoire de Josiane chez qui on allait diner. « On arrive, on est dans ta rue, qu’on lui dit. Ah oui ça y est je vois la voiture, qu’elle nous dit. Et elle soulève sa jupe. C’était pas nous. »
Le plat du jour est tant copieux que goûteux. Je le fais suivre d’un clafoutis aux abricots et d’un café. Avec le quart de vin rouge à six euros, j’en ai pour vingt et un euros trente.
-Vous êtes d’où ? me demande le patron lorsque je règle l’addition.
-De Rouen.
-Ah oui, belle ville.
-J’ai trouvé votre adresse dans un vieux Guide du Routard, vous n’y êtes plus ?
-Non, parce que j’avais vendu, et puis ça a fermé, alors j’ai racheté il y a cinq ans.
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Mon vieux Guide du Routard recommandait l’Hôtel Ravel devant lequel je passe après mon repas. Situé entre la Gare et mon studio temporaire, il semble inchangé avec sa façade en mosaïque.
En deux mille deux, la chambre double avec bains était à trente-huit euros. En deux mille vingt, le premier prix pour une chambre simple est de soixante et un euros.
Un hôtelier de ma connaissance s’étonne que désormais je me loge via Air Bibi.
*
Finalement, je n’avais pas tort de voir Edouard Philippe redevenir Maire du Havre.
J’aime assez ce personnage et suis content que ce soit lui l’élu des Havrais plutôt que ce vieux magouilleur de Jean-Paul Lecoq.
3 juillet 2020
En Auvergne comme ailleurs, il faut être prudent quand on veut se rendre quelque part avec le train car une gare peut être loin du bourg dont elle porte le nom. Il en est ainsi de celle de Vic-le-Comte. Néanmoins je choisis d’y aller ce jeudi matin car elle se situe à proximité de l’Allier à Longues où prospère un restaurant qui me tente.
Pour deux euros trente, je grimpe dans le huit heures neuf, terminus Issoire. Il est quasiment vide de passagers et sans contrôleur. Après s’être arrêté en divers endroits de la banlieue clermontoise, il entre en campagne.
A l’arrivée en gare de Vic-le-Comte, je ne trouve pas assez vite le bouton pour ouvrir la porte. Me voici obligé de poursuivre le trajet jusqu’à l’arrêt suivant, Parent-Coudes-Champeix, qui n’est pas tout près. Cette fois, je réussis à descendre. L’endroit est sans intérêt. J’achète un ticket pour aller à Vic par le neuf heures six (dernier train de la matinée). Quand il arrive, j’ai un moment de flottement puis je crois avoir la berlue, c’est un Téheuherre de la Région Normandie. « J’irai revoir ma Normandie » est-il écrit sur son flanc.
Bien descendu cette fois, je vais à Une Seconde Ici pour réserver une table à la terrasse située derrière le bâtiment, puis avec l’aide d’un autochtone trouve l’Allier. J’espérais un chemin pour le longer, il existe mais dans une sorte de sable qui me dissuade d’aller loin. De cet Allier, je ne suis pas fou, me dis-je, jamais à l’abri d’un jeu de mot. Je le regarde de loin, assis sur un banc en béton qui doit dater des années cinquante où je poursuis les Essais.
Une nouvelle déception me tombe dessus à midi. Au lieu du copieux plat du jour auquel je m’attendais est proposée ce jour, exceptionnellement, une « salade estivale ». Je ne cache pas mon dépit à la patronne, mais que puis-je faire ? Même les ouvriers sont soumis à cette punition. Une famille fait bonne figure à l’annonce de la nouvelle mais ne se gêne pas quand le personnel a le dos tourné pour critiquer un tel choix. Pour ajouter à mon amertume, le quart de vin blanc compris dans le menu est mauvais. Seul le pain rustique me convient.
Je peux me rattraper avec les fromages, me servant copieusement en bleu, cantal et saint-nectaire. Les trois sont délicieux, que j’accompagne d’un verre de bon vin rouge en supplément. Viennent ensuite une mousse au chocolat et le café. Tout cela pour seulement quatorze euros, dommage que ce fut jour de salade mais ça ne peut me faire que du bien, dirait mon médecin.
De Longues je ne saurai rien de plus et de Vic-le-Comte je n’aurai pas vu le centre. Je rentre à Clermont par le premier train et poursuis ma lecture de Montaigne, place Delille, au Zanzibar, dont cette fois je note le nom. Le café en terrasse y est à un euro trente.
*
Comment s’appelle le ravissant village qui s’étage sur la colline derrière la gare de Vic-le-Comte ? Je l’ignore. Lorsque j’avais une voiture, c’était le genre d’endroit que j’étais tenté d’aller découvrir. Pour une fois arrivé me dire que c’était beaucoup plus joli vu d’en bas.
*
Un point Rouen chez Montaigne : … se promenant lendemain au mont Sainte-Catherine, d’où se faisait notre batterie à Rouen (car c’était au temps que nous la tenions assiégée), ayant à ses côtés ledit seigneur grand aumônier et un autre évêque, il aperçut ce gentilhomme qui lui avait été remarqué, et le fit appeler. Divers évènements de même conseil
Pour deux euros trente, je grimpe dans le huit heures neuf, terminus Issoire. Il est quasiment vide de passagers et sans contrôleur. Après s’être arrêté en divers endroits de la banlieue clermontoise, il entre en campagne.
A l’arrivée en gare de Vic-le-Comte, je ne trouve pas assez vite le bouton pour ouvrir la porte. Me voici obligé de poursuivre le trajet jusqu’à l’arrêt suivant, Parent-Coudes-Champeix, qui n’est pas tout près. Cette fois, je réussis à descendre. L’endroit est sans intérêt. J’achète un ticket pour aller à Vic par le neuf heures six (dernier train de la matinée). Quand il arrive, j’ai un moment de flottement puis je crois avoir la berlue, c’est un Téheuherre de la Région Normandie. « J’irai revoir ma Normandie » est-il écrit sur son flanc.
Bien descendu cette fois, je vais à Une Seconde Ici pour réserver une table à la terrasse située derrière le bâtiment, puis avec l’aide d’un autochtone trouve l’Allier. J’espérais un chemin pour le longer, il existe mais dans une sorte de sable qui me dissuade d’aller loin. De cet Allier, je ne suis pas fou, me dis-je, jamais à l’abri d’un jeu de mot. Je le regarde de loin, assis sur un banc en béton qui doit dater des années cinquante où je poursuis les Essais.
Une nouvelle déception me tombe dessus à midi. Au lieu du copieux plat du jour auquel je m’attendais est proposée ce jour, exceptionnellement, une « salade estivale ». Je ne cache pas mon dépit à la patronne, mais que puis-je faire ? Même les ouvriers sont soumis à cette punition. Une famille fait bonne figure à l’annonce de la nouvelle mais ne se gêne pas quand le personnel a le dos tourné pour critiquer un tel choix. Pour ajouter à mon amertume, le quart de vin blanc compris dans le menu est mauvais. Seul le pain rustique me convient.
Je peux me rattraper avec les fromages, me servant copieusement en bleu, cantal et saint-nectaire. Les trois sont délicieux, que j’accompagne d’un verre de bon vin rouge en supplément. Viennent ensuite une mousse au chocolat et le café. Tout cela pour seulement quatorze euros, dommage que ce fut jour de salade mais ça ne peut me faire que du bien, dirait mon médecin.
De Longues je ne saurai rien de plus et de Vic-le-Comte je n’aurai pas vu le centre. Je rentre à Clermont par le premier train et poursuis ma lecture de Montaigne, place Delille, au Zanzibar, dont cette fois je note le nom. Le café en terrasse y est à un euro trente.
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Comment s’appelle le ravissant village qui s’étage sur la colline derrière la gare de Vic-le-Comte ? Je l’ignore. Lorsque j’avais une voiture, c’était le genre d’endroit que j’étais tenté d’aller découvrir. Pour une fois arrivé me dire que c’était beaucoup plus joli vu d’en bas.
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Un point Rouen chez Montaigne : … se promenant lendemain au mont Sainte-Catherine, d’où se faisait notre batterie à Rouen (car c’était au temps que nous la tenions assiégée), ayant à ses côtés ledit seigneur grand aumônier et un autre évêque, il aperçut ce gentilhomme qui lui avait été remarqué, et le fit appeler. Divers évènements de même conseil
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