Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
2 juillet 2022
Cap sur Crozon ce vendredi matin, commune qui occupe une grande partie de la presqu’île du même nom. Elle inclut notamment Morgat par où ne passe pas le car BreizhGo numéro Trente-Quatre dont le terminus est Camaret,
Je descends donc à l’arrêt Gare de Crozon, laquelle n’a pas vu de train depuis mil neuf cent soixante-sept. Il me reste à marcher jusqu’à la mer. Je demande à un vieil autochtone masqué de quel côté aller. Il me regarde comme s’il n’avait rien entendu de plus étrange. C’est loin, et ça descend alors après il faudra remonter, mais si vraiment je veux y aller, à gauche au deuxième rond-point, je finirai par arriver à Morgat.
Il est dix heures quand j’entreprends cette descente, dix heures quarante-cinq quand j’arrive près d’un hôtel de luxe avec à sa droite une longue plage courbe et au loin l’essentiel des constructions de bord de mer dont quelques bâtiments colorés. A gauche, au-delà de l’hôtel, je ne vois que côtes découpées, fort jolies mais inaccessibles.
Je remonte donc et arrive dans le centre de Crozon à onze heures et demie. Sur la place jouxtant l’église, le marché a pris ses aises, un marché qui tient à peu de chose, moins d’une dizaine de vendeurs et peu de clients.
La terrasse du bar restaurant Le Bretagne donne sur cette place et m’invite à m’asseoir. Le café y est à un euro soixante. Je demande à ma voisine, une étrangère qui a l’air du pays, si elle sait où est le restaurant ouvrier Le Cornouaille. Elle croit savoir mais n’est pas sûre, aussi elle ameute les serveuses qui ameutent le patron. Me voilà bien énervé. « Il ne faut jamais demander un restaurant dans un autre restaurant », dis-je à cette dame. Quand le patron se pointe, c’est avec sa carte pour me dire qu’on mange bien ici, et que là-bas, c’est vraiment mauvais.
Je vais voir Le Cornouaille devenu Le Crozonnais. Il a changé de nom mais pas de formule, me dit son patron. Cela sent le renfermé. Ce midi, c’est jambon braisé.
Je reviens au Bretagne. Côté formule du jour, c’est quand même mieux, bien que minimal. Pour treize euros, des pâtes au saumon avec très peu de saumon, un part de far caoutchouteux et un café. J’ajoute un verre de côtes-du-rhône à trois euros vingt. La cheffe serveuse est mielleuse et sa syntaxe toute personnelle. « C’est nous qu’on vous place », dit-elle à des arrivants. Cette terrasse a l’intérêt d’être au soleil et de donner à voir les marchands qui remballent. Celui qui doit avoir le moins vendu range tristement ses pots de miel.
A l’issue de ce banal repas, j’entre dans l’église pour y voir ce qui en fait la réputation, un retable de vingt-quatre panneaux en bois sculpté et peint, datant du début du dix-septième siècle, à quatre cents personnages, évocation naïve du martyre de dix mille soldats au temps d’Hadrien, moins spectaculaire que ce à quoi je m’attendais, puis je vais lire en bordure de cette place, sur le banc situé devant la Maison Paroissiale, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rejoindre la Gare et de rentrer à Brest.
Il me semblait bien avoir été déçu dans le passé par Crozon et Morgat.
*
Dans Le Télégramme du jour parcouru au Vauban : « Lesneven : la gestion du trait de côte est contestée ».
Il y avait le bord de mer, il y a maintenant le trait de côte. Je soupçonne les géographes.
*
Traversant Crozon un tandem jamais vu encore. Lui derrière, pédalant à la normale. Elle devant, pédalant allongée. C’est quand même lui qui tient le guidon.
Je descends donc à l’arrêt Gare de Crozon, laquelle n’a pas vu de train depuis mil neuf cent soixante-sept. Il me reste à marcher jusqu’à la mer. Je demande à un vieil autochtone masqué de quel côté aller. Il me regarde comme s’il n’avait rien entendu de plus étrange. C’est loin, et ça descend alors après il faudra remonter, mais si vraiment je veux y aller, à gauche au deuxième rond-point, je finirai par arriver à Morgat.
Il est dix heures quand j’entreprends cette descente, dix heures quarante-cinq quand j’arrive près d’un hôtel de luxe avec à sa droite une longue plage courbe et au loin l’essentiel des constructions de bord de mer dont quelques bâtiments colorés. A gauche, au-delà de l’hôtel, je ne vois que côtes découpées, fort jolies mais inaccessibles.
Je remonte donc et arrive dans le centre de Crozon à onze heures et demie. Sur la place jouxtant l’église, le marché a pris ses aises, un marché qui tient à peu de chose, moins d’une dizaine de vendeurs et peu de clients.
La terrasse du bar restaurant Le Bretagne donne sur cette place et m’invite à m’asseoir. Le café y est à un euro soixante. Je demande à ma voisine, une étrangère qui a l’air du pays, si elle sait où est le restaurant ouvrier Le Cornouaille. Elle croit savoir mais n’est pas sûre, aussi elle ameute les serveuses qui ameutent le patron. Me voilà bien énervé. « Il ne faut jamais demander un restaurant dans un autre restaurant », dis-je à cette dame. Quand le patron se pointe, c’est avec sa carte pour me dire qu’on mange bien ici, et que là-bas, c’est vraiment mauvais.
Je vais voir Le Cornouaille devenu Le Crozonnais. Il a changé de nom mais pas de formule, me dit son patron. Cela sent le renfermé. Ce midi, c’est jambon braisé.
Je reviens au Bretagne. Côté formule du jour, c’est quand même mieux, bien que minimal. Pour treize euros, des pâtes au saumon avec très peu de saumon, un part de far caoutchouteux et un café. J’ajoute un verre de côtes-du-rhône à trois euros vingt. La cheffe serveuse est mielleuse et sa syntaxe toute personnelle. « C’est nous qu’on vous place », dit-elle à des arrivants. Cette terrasse a l’intérêt d’être au soleil et de donner à voir les marchands qui remballent. Celui qui doit avoir le moins vendu range tristement ses pots de miel.
A l’issue de ce banal repas, j’entre dans l’église pour y voir ce qui en fait la réputation, un retable de vingt-quatre panneaux en bois sculpté et peint, datant du début du dix-septième siècle, à quatre cents personnages, évocation naïve du martyre de dix mille soldats au temps d’Hadrien, moins spectaculaire que ce à quoi je m’attendais, puis je vais lire en bordure de cette place, sur le banc situé devant la Maison Paroissiale, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rejoindre la Gare et de rentrer à Brest.
Il me semblait bien avoir été déçu dans le passé par Crozon et Morgat.
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Dans Le Télégramme du jour parcouru au Vauban : « Lesneven : la gestion du trait de côte est contestée ».
Il y avait le bord de mer, il y a maintenant le trait de côte. Je soupçonne les géographes.
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Traversant Crozon un tandem jamais vu encore. Lui derrière, pédalant à la normale. Elle devant, pédalant allongée. C’est quand même lui qui tient le guidon.
1er juillet 2022
Ce jeudi matin, la dernière étape de mon exploration de la presqu’île de Plougastel a pour nom Daoulas, bourg renommé pour son abbaye devenue centre culturel.
Encore une fois, je prends le car BreizhGo numéro Trente-Deux de sept heures cinquante-cinq ayant pour terminus Le Faou. J’en descends à Daoulas Centre, arrêt situé dans une rue principale trop soumise au flux de la circulation automobile et ornée de calicots qui volent au vent.
Ici coule la Mignonne, charmant cours d’eau je le constate, et sur la hauteur doit se trouver l’abbaye. Je suis les flèches destinées aux piétons, m’étonnant de la succession de voitures dans la rue étroite et pentue bordée de belles maisons qui y mène. J’en comprends la cause en arrivant au but. Une école catho jouxte l’abbaye. Les parents y conduisent leur progéniture et sont accueillis par une femme mielleuse « Oh ! Comme ça vous va bien cette nouvelle coiffure !».
Je ne saurai rien de l’intérieur de l’abbaye devenue centre culturel, ce n’est pas l’heure de l’ouverture d’une part et je n’aurais pas voulu payer d’autre part, ni de ses jardins, mais j’ai pour moi l’église abbatiale, le portail du cimetière (ancien porche d’église avec ses douze apôtres), des chapelles, un calvaire, tout ce qu’il faut.
Redescendu, je suis le cours de la Mignonne, passe par l’étang du moulin et retrouve vite la rue principale. Il n’est qu’un peu plus de neuf heures quand j’entre au Vincennes, un bar tabac tenu par un jeune couple. Aucune radio ne s’y fait entendre. De quoi faire suivre mon café à un euro cinquante d’une bonne lecture des lettres de Sade à sa femme.
De temps en temps tombent quelques gouttes. Quand le soleil revient durablement, je traverse la rue aux nombreuses voitures pour en face réserver une table avec vue sur la Mignonne à La Bigorne puis je longe le petit fleuve vers l’amont par un sentier bucolique qui fait office de parcours de pêche. Il ne va malheureusement pas loin avant de retrouver une route. Je fais demi-tour et vais lire sur un muret ensoleillé près du moulin de l’étang (ou l’inverse).
La Bigorne est un restaurant pizzéria tenu par un jeune couple. Sa clientèle est constituée d’habitués ou de gens de passage. On y trouve quand même trois ouvriers, dont deux semblent être passés chez O’Barber. Dans le menu à dix-sept euros, après le buffet d’entrées, je choisis la dorade crème basilic et le tiramisu aux fruits rouges, avec un quart de chardonnay à cinq euros quatre-vingt-dix, et ressors satisfait.
L’arrêt de car est à proximité. Arrivé en haut de la Jean-Jaurès, j’utilise mon ticket BreizhGo pour la descendre en tram Bibus. Presque personne ne porte le masque à nouveau fortement conseillé dans les transports en commun par nos dirigeant(e)s ou ce qu’il en reste.
Encore une fois, je prends le car BreizhGo numéro Trente-Deux de sept heures cinquante-cinq ayant pour terminus Le Faou. J’en descends à Daoulas Centre, arrêt situé dans une rue principale trop soumise au flux de la circulation automobile et ornée de calicots qui volent au vent.
Ici coule la Mignonne, charmant cours d’eau je le constate, et sur la hauteur doit se trouver l’abbaye. Je suis les flèches destinées aux piétons, m’étonnant de la succession de voitures dans la rue étroite et pentue bordée de belles maisons qui y mène. J’en comprends la cause en arrivant au but. Une école catho jouxte l’abbaye. Les parents y conduisent leur progéniture et sont accueillis par une femme mielleuse « Oh ! Comme ça vous va bien cette nouvelle coiffure !».
Je ne saurai rien de l’intérieur de l’abbaye devenue centre culturel, ce n’est pas l’heure de l’ouverture d’une part et je n’aurais pas voulu payer d’autre part, ni de ses jardins, mais j’ai pour moi l’église abbatiale, le portail du cimetière (ancien porche d’église avec ses douze apôtres), des chapelles, un calvaire, tout ce qu’il faut.
Redescendu, je suis le cours de la Mignonne, passe par l’étang du moulin et retrouve vite la rue principale. Il n’est qu’un peu plus de neuf heures quand j’entre au Vincennes, un bar tabac tenu par un jeune couple. Aucune radio ne s’y fait entendre. De quoi faire suivre mon café à un euro cinquante d’une bonne lecture des lettres de Sade à sa femme.
De temps en temps tombent quelques gouttes. Quand le soleil revient durablement, je traverse la rue aux nombreuses voitures pour en face réserver une table avec vue sur la Mignonne à La Bigorne puis je longe le petit fleuve vers l’amont par un sentier bucolique qui fait office de parcours de pêche. Il ne va malheureusement pas loin avant de retrouver une route. Je fais demi-tour et vais lire sur un muret ensoleillé près du moulin de l’étang (ou l’inverse).
La Bigorne est un restaurant pizzéria tenu par un jeune couple. Sa clientèle est constituée d’habitués ou de gens de passage. On y trouve quand même trois ouvriers, dont deux semblent être passés chez O’Barber. Dans le menu à dix-sept euros, après le buffet d’entrées, je choisis la dorade crème basilic et le tiramisu aux fruits rouges, avec un quart de chardonnay à cinq euros quatre-vingt-dix, et ressors satisfait.
L’arrêt de car est à proximité. Arrivé en haut de la Jean-Jaurès, j’utilise mon ticket BreizhGo pour la descendre en tram Bibus. Presque personne ne porte le masque à nouveau fortement conseillé dans les transports en commun par nos dirigeant(e)s ou ce qu’il en reste.
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