Cap sur Crozon ce vendredi matin, commune qui occupe une grande partie de la presqu’île du même nom. Elle inclut notamment Morgat par où ne passe pas le car BreizhGo numéro Trente-Quatre dont le terminus est Camaret,
Je descends donc à l’arrêt Gare de Crozon, laquelle n’a pas vu de train depuis mil neuf cent soixante-sept. Il me reste à marcher jusqu’à la mer. Je demande à un vieil autochtone masqué de quel côté aller. Il me regarde comme s’il n’avait rien entendu de plus étrange. C’est loin, et ça descend alors après il faudra remonter, mais si vraiment je veux y aller, à gauche au deuxième rond-point, je finirai par arriver à Morgat.
Il est dix heures quand j’entreprends cette descente, dix heures quarante-cinq quand j’arrive près d’un hôtel de luxe avec à sa droite une longue plage courbe et au loin l’essentiel des constructions de bord de mer dont quelques bâtiments colorés. A gauche, au-delà de l’hôtel, je ne vois que côtes découpées, fort jolies mais inaccessibles.
Je remonte donc et arrive dans le centre de Crozon à onze heures et demie. Sur la place jouxtant l’église, le marché a pris ses aises, un marché qui tient à peu de chose, moins d’une dizaine de vendeurs et peu de clients.
La terrasse du bar restaurant Le Bretagne donne sur cette place et m’invite à m’asseoir. Le café y est à un euro soixante. Je demande à ma voisine, une étrangère qui a l’air du pays, si elle sait où est le restaurant ouvrier Le Cornouaille. Elle croit savoir mais n’est pas sûre, aussi elle ameute les serveuses qui ameutent le patron. Me voilà bien énervé. « Il ne faut jamais demander un restaurant dans un autre restaurant », dis-je à cette dame. Quand le patron se pointe, c’est avec sa carte pour me dire qu’on mange bien ici, et que là-bas, c’est vraiment mauvais.
Je vais voir Le Cornouaille devenu Le Crozonnais. Il a changé de nom mais pas de formule, me dit son patron. Cela sent le renfermé. Ce midi, c’est jambon braisé.
Je reviens au Bretagne. Côté formule du jour, c’est quand même mieux, bien que minimal. Pour treize euros, des pâtes au saumon avec très peu de saumon, un part de far caoutchouteux et un café. J’ajoute un verre de côtes-du-rhône à trois euros vingt. La cheffe serveuse est mielleuse et sa syntaxe toute personnelle. « C’est nous qu’on vous place », dit-elle à des arrivants. Cette terrasse a l’intérêt d’être au soleil et de donner à voir les marchands qui remballent. Celui qui doit avoir le moins vendu range tristement ses pots de miel.
A l’issue de ce banal repas, j’entre dans l’église pour y voir ce qui en fait la réputation, un retable de vingt-quatre panneaux en bois sculpté et peint, datant du début du dix-septième siècle, à quatre cents personnages, évocation naïve du martyre de dix mille soldats au temps d’Hadrien, moins spectaculaire que ce à quoi je m’attendais, puis je vais lire en bordure de cette place, sur le banc situé devant la Maison Paroissiale, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rejoindre la Gare et de rentrer à Brest.
Il me semblait bien avoir été déçu dans le passé par Crozon et Morgat.
*
Dans Le Télégramme du jour parcouru au Vauban : « Lesneven : la gestion du trait de côte est contestée ».
Il y avait le bord de mer, il y a maintenant le trait de côte. Je soupçonne les géographes.
*
Traversant Crozon un tandem jamais vu encore. Lui derrière, pédalant à la normale. Elle devant, pédalant allongée. C’est quand même lui qui tient le guidon.
Je descends donc à l’arrêt Gare de Crozon, laquelle n’a pas vu de train depuis mil neuf cent soixante-sept. Il me reste à marcher jusqu’à la mer. Je demande à un vieil autochtone masqué de quel côté aller. Il me regarde comme s’il n’avait rien entendu de plus étrange. C’est loin, et ça descend alors après il faudra remonter, mais si vraiment je veux y aller, à gauche au deuxième rond-point, je finirai par arriver à Morgat.
Il est dix heures quand j’entreprends cette descente, dix heures quarante-cinq quand j’arrive près d’un hôtel de luxe avec à sa droite une longue plage courbe et au loin l’essentiel des constructions de bord de mer dont quelques bâtiments colorés. A gauche, au-delà de l’hôtel, je ne vois que côtes découpées, fort jolies mais inaccessibles.
Je remonte donc et arrive dans le centre de Crozon à onze heures et demie. Sur la place jouxtant l’église, le marché a pris ses aises, un marché qui tient à peu de chose, moins d’une dizaine de vendeurs et peu de clients.
La terrasse du bar restaurant Le Bretagne donne sur cette place et m’invite à m’asseoir. Le café y est à un euro soixante. Je demande à ma voisine, une étrangère qui a l’air du pays, si elle sait où est le restaurant ouvrier Le Cornouaille. Elle croit savoir mais n’est pas sûre, aussi elle ameute les serveuses qui ameutent le patron. Me voilà bien énervé. « Il ne faut jamais demander un restaurant dans un autre restaurant », dis-je à cette dame. Quand le patron se pointe, c’est avec sa carte pour me dire qu’on mange bien ici, et que là-bas, c’est vraiment mauvais.
Je vais voir Le Cornouaille devenu Le Crozonnais. Il a changé de nom mais pas de formule, me dit son patron. Cela sent le renfermé. Ce midi, c’est jambon braisé.
Je reviens au Bretagne. Côté formule du jour, c’est quand même mieux, bien que minimal. Pour treize euros, des pâtes au saumon avec très peu de saumon, un part de far caoutchouteux et un café. J’ajoute un verre de côtes-du-rhône à trois euros vingt. La cheffe serveuse est mielleuse et sa syntaxe toute personnelle. « C’est nous qu’on vous place », dit-elle à des arrivants. Cette terrasse a l’intérêt d’être au soleil et de donner à voir les marchands qui remballent. Celui qui doit avoir le moins vendu range tristement ses pots de miel.
A l’issue de ce banal repas, j’entre dans l’église pour y voir ce qui en fait la réputation, un retable de vingt-quatre panneaux en bois sculpté et peint, datant du début du dix-septième siècle, à quatre cents personnages, évocation naïve du martyre de dix mille soldats au temps d’Hadrien, moins spectaculaire que ce à quoi je m’attendais, puis je vais lire en bordure de cette place, sur le banc situé devant la Maison Paroissiale, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rejoindre la Gare et de rentrer à Brest.
Il me semblait bien avoir été déçu dans le passé par Crozon et Morgat.
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Dans Le Télégramme du jour parcouru au Vauban : « Lesneven : la gestion du trait de côte est contestée ».
Il y avait le bord de mer, il y a maintenant le trait de côte. Je soupçonne les géographes.
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Traversant Crozon un tandem jamais vu encore. Lui derrière, pédalant à la normale. Elle devant, pédalant allongée. C’est quand même lui qui tient le guidon.