Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
10 mars 2025
Le semblant de printemps s’achève. Le ciel est gris ce dimanche après-midi. C’est parfait pour moi qui le passe assis devant mon ordinateur, occupé à organiser mes deux prochaines escapades.
Il m’a fallu attendre la réception de ma nouvelle carte bancaire. En effet, si je devais annuler pour une raison fâcheuse, je ne serais remboursé des billets de train que via la carte ayant permis l’achat.
Je dois un peu me battre pour qu’Air Bibi accepte cette nouvelle carte. Cela réussi, je mène en parallèle la recherche des hébergements et des billets de train. Le tout sous le contrôle bancaire que m’impose le Crédit à Bricoles par un code envoyé vocalement via mon téléphone fixe.
Je suis pratiquement au bout quand j’entends approcher Agogo Percussions. C’est aujourd’hui le premier Carnaval da Rouen auquel l’un m’a invité mais ce n’est pas dans ma nature de faire le fou déguisé dans la rue.
Les participants passent rue Saint-Romain se dirigeant vers l’église Saint-Maclou. D’une fenêtre d’étage, je les regarde défiler. Il y a du monde mais on est loin de la foule et de l’exubérance des Carnavals de Dunkerque, de Granville ou de Douarnenez. On va dire que c’est un bon début.
Quelques déguisés enfilent la ruelle avec l’intention de faire pipi dans l’angle devant chez moi. Ma présence contrarie cette intention. Ils vont faire ça plus loin.
*
Le Carnaval da Rouen vise à ressusciter la fête carnavalesque qu’organisait la Confrérie des Conards lors des jours gras entre le quatorzième siècle et le dix-septième siècle jusqu’à l’interdiction qu’en fit le Cardinal de Richelieu.
*
Cette fête burlesque avait lieu à Rouen. À l'approche des jours gras, on présentait à la grand'chambre une requête en vers qui faisait aussitôt suspendre les travaux de la justice. Cette requête était l'œuvre d'une confrérie nommée les Conards. La cour répondait avec la même joyeuseté et accordait une sorte d'autorisation de faire le diable. Alors la ville devenait la proie de ces Conards qui faisaient des mascarades des processions, appelaient à leur ban les maris jaloux et trompés, décochaient de satires à tort et à travers, et faisaient de toute la ville un véritable théâtre de Saturnales. Pendant tout le jour, les Conards allaient, recueillant des chroniques, et faisaient leur rapport à leur abbé, à leurs cardinaux et patriarches réunis en conclave. Il n'était pas un fait qui prêtât à rire qui ne devint leur propriété et ne fut inscrit sur leurs rôles; puis venaient les séances et les jugements de l'aréopage. La cour s'assemblait en plein air, et dans le lieu où elle pouvait avoir l'auditoire le plus nombreux. Durant trois jours, ce tribunal était en marche, conduit par des fifres et des tambours. Les gens en place et toutes les classes de la société passaient sous la férule des Conards.
L'abbé, porté sur un chariot, ainsi que les cardinaux et ses patriarches, donnait sa bénédiction à la foule, en même temps qu'il faisait pleuvoir sur elle une nuée de quatrains et d'autres pièces de vers qui portaient le rire chez tous ceux qui les ramassaient. Un banquet splendide réunissait ensuite l'abbé et toute la confrérie sous les halles, et pendant sa durée, un ermite lisait à haute voix la chronique de Pantagruel. Après le repas, on jouait des moralités et des mystères, et enfin les danses avaient leur tour. La docte assemblée décernait aussi un prix aux bourgeois de Rouen qui, au dire de la majorité, avait fait la plus sotte chose dans l'année. (Adolphe de Chesnel en mil huit cent quarante-six)
Il m’a fallu attendre la réception de ma nouvelle carte bancaire. En effet, si je devais annuler pour une raison fâcheuse, je ne serais remboursé des billets de train que via la carte ayant permis l’achat.
Je dois un peu me battre pour qu’Air Bibi accepte cette nouvelle carte. Cela réussi, je mène en parallèle la recherche des hébergements et des billets de train. Le tout sous le contrôle bancaire que m’impose le Crédit à Bricoles par un code envoyé vocalement via mon téléphone fixe.
Je suis pratiquement au bout quand j’entends approcher Agogo Percussions. C’est aujourd’hui le premier Carnaval da Rouen auquel l’un m’a invité mais ce n’est pas dans ma nature de faire le fou déguisé dans la rue.
Les participants passent rue Saint-Romain se dirigeant vers l’église Saint-Maclou. D’une fenêtre d’étage, je les regarde défiler. Il y a du monde mais on est loin de la foule et de l’exubérance des Carnavals de Dunkerque, de Granville ou de Douarnenez. On va dire que c’est un bon début.
Quelques déguisés enfilent la ruelle avec l’intention de faire pipi dans l’angle devant chez moi. Ma présence contrarie cette intention. Ils vont faire ça plus loin.
*
Le Carnaval da Rouen vise à ressusciter la fête carnavalesque qu’organisait la Confrérie des Conards lors des jours gras entre le quatorzième siècle et le dix-septième siècle jusqu’à l’interdiction qu’en fit le Cardinal de Richelieu.
*
Cette fête burlesque avait lieu à Rouen. À l'approche des jours gras, on présentait à la grand'chambre une requête en vers qui faisait aussitôt suspendre les travaux de la justice. Cette requête était l'œuvre d'une confrérie nommée les Conards. La cour répondait avec la même joyeuseté et accordait une sorte d'autorisation de faire le diable. Alors la ville devenait la proie de ces Conards qui faisaient des mascarades des processions, appelaient à leur ban les maris jaloux et trompés, décochaient de satires à tort et à travers, et faisaient de toute la ville un véritable théâtre de Saturnales. Pendant tout le jour, les Conards allaient, recueillant des chroniques, et faisaient leur rapport à leur abbé, à leurs cardinaux et patriarches réunis en conclave. Il n'était pas un fait qui prêtât à rire qui ne devint leur propriété et ne fut inscrit sur leurs rôles; puis venaient les séances et les jugements de l'aréopage. La cour s'assemblait en plein air, et dans le lieu où elle pouvait avoir l'auditoire le plus nombreux. Durant trois jours, ce tribunal était en marche, conduit par des fifres et des tambours. Les gens en place et toutes les classes de la société passaient sous la férule des Conards.
L'abbé, porté sur un chariot, ainsi que les cardinaux et ses patriarches, donnait sa bénédiction à la foule, en même temps qu'il faisait pleuvoir sur elle une nuée de quatrains et d'autres pièces de vers qui portaient le rire chez tous ceux qui les ramassaient. Un banquet splendide réunissait ensuite l'abbé et toute la confrérie sous les halles, et pendant sa durée, un ermite lisait à haute voix la chronique de Pantagruel. Après le repas, on jouait des moralités et des mystères, et enfin les danses avaient leur tour. La docte assemblée décernait aussi un prix aux bourgeois de Rouen qui, au dire de la majorité, avait fait la plus sotte chose dans l'année. (Adolphe de Chesnel en mil huit cent quarante-six)
8 mars 2025
En ce semblant de printemps, j’ai vendredi après-midi une place en terrasse au Sacre face à la façade fraîchement peinte en rouge orangé siglée YumM’o, adieu le bleu défraîchi de la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier. En vitrine sont suspendus des paniers en rotin. A l’intérieur, bien que la porte soit ouverte, c’est noir.
« Qu’est-ce que ça va être ? » demandé-je au serveur rasta qui apporte mon café verre d’eau. « C’est asiatique, un resto, on ne sait pas encore quoi exactement. » Alentour, rien n’a changé. La boutique de cébédé est toujours tenue par un jeune à casquette et celle de réparation informatique par le vieux Freak Brother portant le même vieux pull gris qu’il portait déjà avant de le porter déjà.
La clientèle du Sacre est pareillement la même, des affranchis jeunes et vieux, pas ensemble. De la rue Cauchoise déboule un échantillon de la population rouennaise, laquelle est souvent mal vêtue. « Bon quoi de neuf ? », dit l’une. « Ça court », répond un autre sans s’arrêter. Une troupe de marcheuses à bâtons montre que pas tout le monde.
Moi-même, je suis assis. Je lis La vie vagabonde de Lawrence Ferlinghetti dont la librairie City Lights n’aura j’espère pas été transformée en resto. « Ouverture samedi 8 mars », lis-je sur la vitrine de YumM’o. Et justement passe, est-ce un hasard ?, l’ex-bouquiniste (« On me nomme Monsieur Rêve sur Rouen ») avec à l’épaule une énorme sacoche en cuir sur laquelle est gravé La Poste. « Ça va ? », lui demande la marchande de plats à emporter La Part du Goût. « Oui oui, très bien ! »
Le camion d’un livreur de surgelés se glisse entre la terrasse du Sacre et YumM’o. « Trouillet Rent, un loueur qui vous accompagne ». Qui vous dérange aussi. Des cartons de surgelés en sortent et entrent dans la nouvelle gargote. Il est quinze heures. Le soleil est presque caché. Je lève le camp.
*
Autre lecture, sur le banc du jardin, celle de Kiki et Montparnasse, un beau livre de Billy Klüver et Julie Martin (Flammarion) avec plein de photos de jolies modèles nues, trouvé dans la boîte à livres de l’esplanade Marcel-Duchamp. Un jardin qui fête le printemps avec une jonquille solitaire, comme un gâteau à une seule bougie.
« Qu’est-ce que ça va être ? » demandé-je au serveur rasta qui apporte mon café verre d’eau. « C’est asiatique, un resto, on ne sait pas encore quoi exactement. » Alentour, rien n’a changé. La boutique de cébédé est toujours tenue par un jeune à casquette et celle de réparation informatique par le vieux Freak Brother portant le même vieux pull gris qu’il portait déjà avant de le porter déjà.
La clientèle du Sacre est pareillement la même, des affranchis jeunes et vieux, pas ensemble. De la rue Cauchoise déboule un échantillon de la population rouennaise, laquelle est souvent mal vêtue. « Bon quoi de neuf ? », dit l’une. « Ça court », répond un autre sans s’arrêter. Une troupe de marcheuses à bâtons montre que pas tout le monde.
Moi-même, je suis assis. Je lis La vie vagabonde de Lawrence Ferlinghetti dont la librairie City Lights n’aura j’espère pas été transformée en resto. « Ouverture samedi 8 mars », lis-je sur la vitrine de YumM’o. Et justement passe, est-ce un hasard ?, l’ex-bouquiniste (« On me nomme Monsieur Rêve sur Rouen ») avec à l’épaule une énorme sacoche en cuir sur laquelle est gravé La Poste. « Ça va ? », lui demande la marchande de plats à emporter La Part du Goût. « Oui oui, très bien ! »
Le camion d’un livreur de surgelés se glisse entre la terrasse du Sacre et YumM’o. « Trouillet Rent, un loueur qui vous accompagne ». Qui vous dérange aussi. Des cartons de surgelés en sortent et entrent dans la nouvelle gargote. Il est quinze heures. Le soleil est presque caché. Je lève le camp.
*
Autre lecture, sur le banc du jardin, celle de Kiki et Montparnasse, un beau livre de Billy Klüver et Julie Martin (Flammarion) avec plein de photos de jolies modèles nues, trouvé dans la boîte à livres de l’esplanade Marcel-Duchamp. Un jardin qui fête le printemps avec une jonquille solitaire, comme un gâteau à une seule bougie.
6 mars 2025
Ce mercredi le train de sept heures vingt-deux trace son chemin dans la brume sous un ciel qui va devenir bleu. J’y commence une lecture appropriée, celle de Railway Bazaar de Paul Theroux, son premier récit de voyage, datant de mil neuf cent soixante-quinze, qui me conduira en train de Londres au Japon avec retour par Moscou. Un récit que l’écrivain mène avec une ironie réjouissante.
Arrivé dans la capitale, je me dirige en bussonaute averti vers le lieu de départ des bus Vingt-Neuf, terminus Porte de Montenpoivre. Départ dans deux minutes, annonce celui qui stationne. Une jeune femme y monte. « Cette robe, c’était cinq mille sept cent euros. Je l’ai négociée à quatre mille cinq cents. Je suis trop fière de moi », dit-elle à son téléphone, au chauffeur et à l’ensemble des passagers.
Le boulevard Beaumarchais est congestionné. Il me faut plus de cinq minutes pour faire les cent derniers mètres. Le génie brille dans le ciel bleu. C’est la première journée printanière de l’année deux mille vingt-cinq
Au Marché d’Aligre, les livres sont là par milliers, dont je ne tire rien. « J’ai fait ma thèse sur la transe. Comme Bataille. Georges Bataille », dit un fouilleur à un autre. En transe, l’une l’est, une vendeuse qui vitupère contre d’autres dans une langue des Balkans.
C’est plus calme au Camélia où opère un jeune serveur jamais vu, peut-être un autre fils de la maison. Je lis dans Le Parisien les horreurs consignées dans les carnets de l’ex-chirurgien Le Scouarnec et les désagréments des possesseurs du passe Navigo Easy parfois débité deux fois pour un même trajet avec les nouvelles règles. Puis je retrouve Paul Theroux : La dame arménienne nous offrit un morceau de fromage et se joignit à nous pour prendre un verre jusqu’à l’arrivée de son fils en pyjama ; en voyant sa mère rire, l’enfant éclata en sanglots.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, je cède cinq livres pour cinq euros et en achète quatre pour quatre euros : Dominique Aury d’Angie David (Editions Léo Scheer), Les Petites Annonces de l’Os à Moelle de Pierre Dac (Le Cherche Midi), Chemins et rencontres d’Hugo von Hofmannsthal (Rivages poche) et Petit Manuel de survie de Francis Galton (Rivages poche). Par les temps qui courent (comme on dit), ce dernier peut s’avérer utile.
A la station de métro voisine, l’aimable employée charge l’un de mes passes Navigo Easy de dix voyages en bus pour vingt euros. L’autre me sert pour le métro, dont je descends à Châtelet Sainte Opportune.
Tartare de thon, mangue, avocat et son flan de légumes, puis mousse au chocolat, c’est mon choix chez Au Diable des Lombards où l’on se demande dans le personnel où sont les gens alors qu’il fait si beau.
Au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin, je croise le garçon qui suit la fille qui veut acheter un livre. « Tu cherches quoi ? » « Annie Ernaux » « C’est pas une féministe ? » Elle grommelle que oui, enfin, si on veut. Dans mon panier à l’issue, j’ai trois livres à un euro, Dis-moi où vivre d’Hilda Doolittle (Editions des Femmes), Je ne me souviens plus de Philippe De Jonckheere (publie.net) et, dans la jolie collection Signatures de chez Points, Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome. Je me souviens du plaisir ressenti en lisant ce dernier reçu à l’école en livre de prix dans l'édition illustrée Rouge et Or.
Il est quatorze heures. Par ce beau temps, je refuse de plonger sous terre pour rejoindre le troisième Book-Off. Après un court passage parmi les livres du dehors de Boulinier, je prends place en terrasse à La Terrasse, une annexe d’Au Diable des Lombards, laquelle bénéficie du soleil. Un café verre d’eau à deux euros trente, et en chemin de fer avec Paul Theroux J’écrivis quelques lignes et m’aperçus non sans inquiétude que mon écriture avait l’irrégularité fébrile de celle de l’explorateur perdu, dont le journal manuscrit a été déchiffré et publié après sa mort par sa veuve. Las, à trois heures moins le quart, le rond jaune disparaît derrière le bâtiment d’en face.
Tout va bien dans le train du retour. Jusqu’à ce que la cheffe de bord nous informe d’un arrêt en Gare de Vernon, le train précédent ayant été stoppé à Gaillon pour un colis suspect à bord. Nouvelle annonce un peu plus tard, il ne s’agit pas de colis suspect mais d’une odeur suspecte, ce qui ne change rien pour nous. On finit par repartir. « Nous circulons avec un retard de trente minutes environ. Nous vous remercions pour votre patience et votre compassion. » Je suppose qu’elle voulait dire compréhension.
A Rouen le beau temps crée un pic de pollution ce qui entraîne la gratuité des transports en commun. J’en profite pour descendre jusqu’à chez moi avec un bus Effe Sept presque vide.
Arrivé dans la capitale, je me dirige en bussonaute averti vers le lieu de départ des bus Vingt-Neuf, terminus Porte de Montenpoivre. Départ dans deux minutes, annonce celui qui stationne. Une jeune femme y monte. « Cette robe, c’était cinq mille sept cent euros. Je l’ai négociée à quatre mille cinq cents. Je suis trop fière de moi », dit-elle à son téléphone, au chauffeur et à l’ensemble des passagers.
Le boulevard Beaumarchais est congestionné. Il me faut plus de cinq minutes pour faire les cent derniers mètres. Le génie brille dans le ciel bleu. C’est la première journée printanière de l’année deux mille vingt-cinq
Au Marché d’Aligre, les livres sont là par milliers, dont je ne tire rien. « J’ai fait ma thèse sur la transe. Comme Bataille. Georges Bataille », dit un fouilleur à un autre. En transe, l’une l’est, une vendeuse qui vitupère contre d’autres dans une langue des Balkans.
C’est plus calme au Camélia où opère un jeune serveur jamais vu, peut-être un autre fils de la maison. Je lis dans Le Parisien les horreurs consignées dans les carnets de l’ex-chirurgien Le Scouarnec et les désagréments des possesseurs du passe Navigo Easy parfois débité deux fois pour un même trajet avec les nouvelles règles. Puis je retrouve Paul Theroux : La dame arménienne nous offrit un morceau de fromage et se joignit à nous pour prendre un verre jusqu’à l’arrivée de son fils en pyjama ; en voyant sa mère rire, l’enfant éclata en sanglots.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, je cède cinq livres pour cinq euros et en achète quatre pour quatre euros : Dominique Aury d’Angie David (Editions Léo Scheer), Les Petites Annonces de l’Os à Moelle de Pierre Dac (Le Cherche Midi), Chemins et rencontres d’Hugo von Hofmannsthal (Rivages poche) et Petit Manuel de survie de Francis Galton (Rivages poche). Par les temps qui courent (comme on dit), ce dernier peut s’avérer utile.
A la station de métro voisine, l’aimable employée charge l’un de mes passes Navigo Easy de dix voyages en bus pour vingt euros. L’autre me sert pour le métro, dont je descends à Châtelet Sainte Opportune.
Tartare de thon, mangue, avocat et son flan de légumes, puis mousse au chocolat, c’est mon choix chez Au Diable des Lombards où l’on se demande dans le personnel où sont les gens alors qu’il fait si beau.
Au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin, je croise le garçon qui suit la fille qui veut acheter un livre. « Tu cherches quoi ? » « Annie Ernaux » « C’est pas une féministe ? » Elle grommelle que oui, enfin, si on veut. Dans mon panier à l’issue, j’ai trois livres à un euro, Dis-moi où vivre d’Hilda Doolittle (Editions des Femmes), Je ne me souviens plus de Philippe De Jonckheere (publie.net) et, dans la jolie collection Signatures de chez Points, Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome. Je me souviens du plaisir ressenti en lisant ce dernier reçu à l’école en livre de prix dans l'édition illustrée Rouge et Or.
Il est quatorze heures. Par ce beau temps, je refuse de plonger sous terre pour rejoindre le troisième Book-Off. Après un court passage parmi les livres du dehors de Boulinier, je prends place en terrasse à La Terrasse, une annexe d’Au Diable des Lombards, laquelle bénéficie du soleil. Un café verre d’eau à deux euros trente, et en chemin de fer avec Paul Theroux J’écrivis quelques lignes et m’aperçus non sans inquiétude que mon écriture avait l’irrégularité fébrile de celle de l’explorateur perdu, dont le journal manuscrit a été déchiffré et publié après sa mort par sa veuve. Las, à trois heures moins le quart, le rond jaune disparaît derrière le bâtiment d’en face.
Tout va bien dans le train du retour. Jusqu’à ce que la cheffe de bord nous informe d’un arrêt en Gare de Vernon, le train précédent ayant été stoppé à Gaillon pour un colis suspect à bord. Nouvelle annonce un peu plus tard, il ne s’agit pas de colis suspect mais d’une odeur suspecte, ce qui ne change rien pour nous. On finit par repartir. « Nous circulons avec un retard de trente minutes environ. Nous vous remercions pour votre patience et votre compassion. » Je suppose qu’elle voulait dire compréhension.
A Rouen le beau temps crée un pic de pollution ce qui entraîne la gratuité des transports en commun. J’en profite pour descendre jusqu’à chez moi avec un bus Effe Sept presque vide.
4 mars 2025
La seule poésie qui m’intéresse est autobiographique. Aussi ai-je passé un bon moment au lit à lire les textes de Yu Xiuhua qu’ont publiés les Editions Picquier sous le titre La femme sur le toit
« Yu Xiuhua élève des lapins blancs. Elle a arrêté l’école au collège, est gravement handicapée, et elle est aujourd’hui la poétesse chinoise la plus lue dans le monde. » raconte l’éditeur en quatrième de couverture.
Il en dit un peu plus sur le rabat de cette couverture : « Née en 1976, fille unique de parents ouvriers agricoles, le destin de Yu Xiuhua semblait tout tracé : émigrer vers la ville pour devenir ouvrière à l’usine d’iPhone de Foxconn. Mais elle publie un jour sur son blog un court poème qui connaît un succès fulgurant et suscite l’intérêt d’un prestigieux éditeur. Elle a aujourd’hui publié quatre recueils et ses poèmes ont des millions de lecteurs. »
Ces millions de lecteurs sont chinois. Qui la connaît en France ? Moi-même, si Book-Off ne me l’avait pas offerte pour un euro, aurais continué à n’en rien savoir.
On ne trouve quasiment rien à son propos en français sur Internet. Quand même ceci, signé Axelle Mariavale, Le phénomène Yu Xiuhua 余秀华 , publié en ligne sur le site Impressions d’Extrême-Orient :
Femme poète, handicapée, originaire du Hubei rurale, Yu Xiuhua 余秀华 a marqué l’actualité chinoise lors du succès fulgurant de son poème « J’ai traversé la moitié de la Chine pour coucher avec toi » (Chuanguo daban ge Zhongguo qu shui ni 穿过大半个中国去睡你) en 2014. (…)
Poétesse de la marge, non seulement par son origine sociale, mais aussi par son style limpide qui aborde les banalités de son quotidien à la campagne, sans rudiments des normes poétiques. Le succès de ce style simpliste reflète une tendance plus large de la poésie chinoise contemporaine qui met en lumière une expérience de la vie du point de vue des couches inférieures de la société.
Simpliste est péjoratif, je parlerai plutôt de style simple. Un poème parmi la presque centaine de ce recueil, La pluie derrière la fenêtre
mais je demeure comme toujours au sec, une bouteille de vin bue
je la renverse, la fais choir, la redresse
la renverse de nouveau
la pluie au-dehors me néglige
une goutte en couve une autre, tombe
une goutte en pousse une autre, tombe
se fondre c’est aussi s’anéantir, s’anéantir c’est aussi se fondre
mais combien de temps faut-il à un être humain pour retourner au ciel
combien de temps au ciel
pour atteindre enfin
le point de chute
tandis que je tapote ma cigarette pour en débarrasser les cendres
une autre cigarette déjà se présente
alors que j’aime un homme à en mourir
un autre est déjà dans mon ventre
là où la pluie tombe elle tinte chaque fois différemment
nul ne disparaît plus vite qu’un autre
nul ne vient au monde plus complet qu’un autre
nul sous la pluie, tous sous la pluie
*
Un seul poème évoque la tyrannie du régime chinois, Hommage à Li Wenliang, l’ophtalmologiste de trente-quatre ans interpellé par la Police le premier janvier deux mille vingt pour « propagation de fausses rumeurs ». Deux jours plus tôt, il avait alerté ses collègues dans un forum de discussion en ligne sur les dangers d’un nouveau virus apparu à Wuhan. Bientôt il en sera atteint, en mourra puis sera réhabilité par les autorités.
repose en paix !
il n’y a pas de virus plus terrible que celui d’être condamné pour sa parole
il n’y a pas un monde plus laid que celui qui ne distingue pas le bien du mal.
(…)
s’il y a encore un virus au paradis,
et si tu alertes une fois encore
où iras-tu ?
là où tu es recueilli, puisse-t-il
y avoir des êtres
qui parlent chinois
*
Ouiquipédia en anglais (rien sur elle dans le Ouiquipédia en français) m’apprend qu’en mars deux mille vingt-deux, Yu Xiuhua a publié en ligne un poème intitulé Prière dans lequel elle critiquait l’invasion russe de l’Ukraine. Elle a d’abord été la cible de trolls pro-russes puis son poème a été retiré des plateformes de médias sociaux chinoises par les censeurs.
« Yu Xiuhua élève des lapins blancs. Elle a arrêté l’école au collège, est gravement handicapée, et elle est aujourd’hui la poétesse chinoise la plus lue dans le monde. » raconte l’éditeur en quatrième de couverture.
Il en dit un peu plus sur le rabat de cette couverture : « Née en 1976, fille unique de parents ouvriers agricoles, le destin de Yu Xiuhua semblait tout tracé : émigrer vers la ville pour devenir ouvrière à l’usine d’iPhone de Foxconn. Mais elle publie un jour sur son blog un court poème qui connaît un succès fulgurant et suscite l’intérêt d’un prestigieux éditeur. Elle a aujourd’hui publié quatre recueils et ses poèmes ont des millions de lecteurs. »
Ces millions de lecteurs sont chinois. Qui la connaît en France ? Moi-même, si Book-Off ne me l’avait pas offerte pour un euro, aurais continué à n’en rien savoir.
On ne trouve quasiment rien à son propos en français sur Internet. Quand même ceci, signé Axelle Mariavale, Le phénomène Yu Xiuhua 余秀华 , publié en ligne sur le site Impressions d’Extrême-Orient :
Femme poète, handicapée, originaire du Hubei rurale, Yu Xiuhua 余秀华 a marqué l’actualité chinoise lors du succès fulgurant de son poème « J’ai traversé la moitié de la Chine pour coucher avec toi » (Chuanguo daban ge Zhongguo qu shui ni 穿过大半个中国去睡你) en 2014. (…)
Poétesse de la marge, non seulement par son origine sociale, mais aussi par son style limpide qui aborde les banalités de son quotidien à la campagne, sans rudiments des normes poétiques. Le succès de ce style simpliste reflète une tendance plus large de la poésie chinoise contemporaine qui met en lumière une expérience de la vie du point de vue des couches inférieures de la société.
Simpliste est péjoratif, je parlerai plutôt de style simple. Un poème parmi la presque centaine de ce recueil, La pluie derrière la fenêtre
mais je demeure comme toujours au sec, une bouteille de vin bue
je la renverse, la fais choir, la redresse
la renverse de nouveau
la pluie au-dehors me néglige
une goutte en couve une autre, tombe
une goutte en pousse une autre, tombe
se fondre c’est aussi s’anéantir, s’anéantir c’est aussi se fondre
mais combien de temps faut-il à un être humain pour retourner au ciel
combien de temps au ciel
pour atteindre enfin
le point de chute
tandis que je tapote ma cigarette pour en débarrasser les cendres
une autre cigarette déjà se présente
alors que j’aime un homme à en mourir
un autre est déjà dans mon ventre
là où la pluie tombe elle tinte chaque fois différemment
nul ne disparaît plus vite qu’un autre
nul ne vient au monde plus complet qu’un autre
nul sous la pluie, tous sous la pluie
*
Un seul poème évoque la tyrannie du régime chinois, Hommage à Li Wenliang, l’ophtalmologiste de trente-quatre ans interpellé par la Police le premier janvier deux mille vingt pour « propagation de fausses rumeurs ». Deux jours plus tôt, il avait alerté ses collègues dans un forum de discussion en ligne sur les dangers d’un nouveau virus apparu à Wuhan. Bientôt il en sera atteint, en mourra puis sera réhabilité par les autorités.
repose en paix !
il n’y a pas de virus plus terrible que celui d’être condamné pour sa parole
il n’y a pas un monde plus laid que celui qui ne distingue pas le bien du mal.
(…)
s’il y a encore un virus au paradis,
et si tu alertes une fois encore
où iras-tu ?
là où tu es recueilli, puisse-t-il
y avoir des êtres
qui parlent chinois
*
Ouiquipédia en anglais (rien sur elle dans le Ouiquipédia en français) m’apprend qu’en mars deux mille vingt-deux, Yu Xiuhua a publié en ligne un poème intitulé Prière dans lequel elle critiquait l’invasion russe de l’Ukraine. Elle a d’abord été la cible de trolls pro-russes puis son poème a été retiré des plateformes de médias sociaux chinoises par les censeurs.
3 mars 2025
Quel meilleur endroit pour commencer ce samedi matin la lecture de l’Ode à la ligne 29 des autobus parisiens de Jacques Roubaud que Le Rocher de Cancale, cette brasserie sottevillaise rejointe avec un bus Effe Sept du Réseau Astuce que j’ai eu à attendre seulement deux minutes à l’arrêt Saint-Nicolas.
Pester, grogner, gueuler cela ne sert à rien
Le vingt-neuf doit venir il arrivera bien
Au terminus assis déjà le machiniste
Enclenche son moteur avant d’entrer en piste.
Le vingt-neuf va venir mais ne s’ébranlera
Que quand la ère-a-té- pé le décidera
Ah, le voilà ! monton za bord en bussonaute
Averti
« L’Ode à la ligne 29 des autobus parisiens est un poème compté rimé (disposition généralement plate), divisé en strophes. Chaque strophe correspond à une étape dans le trajet de la ligne 29, telle qu’elle fonctionnait en janvier 2005. (Le poème interrompu en 2008, a été repris et achevé en août 2011). Six strophes constituent généralement un chant. Il y a six chants. Le dernier chant compte cinq strophes seulement. » explique Roubaud dans son cahier des charges. Une autre contrainte, l’usage pour ces alexandrins de rimes visuelles.
J’ai le triste défaux
De digresser souvent de digresser sans cesse
Je me dis maintes fois qu’il faut que cela cesse
Mais toujours mon démon me rattrape au tournant
Il m’afflige et me nuit il cause mon tourmant.
Toutes les digressions, toutes les incidentes, sont notées les unes dans les autres avec des couleurs différentes de caractères d’imprimerie (que je ne me donne pas le mal de reproduire ici). Cela a demandé pas mal de travail à l’éditeur Attila et aux élèves de l’école Estienne qui ont été chargés de la typographie.
Au Rocher de Cancale, le café verre d’eau m’est toujours apporté par l’aimable patronne, Martine. Ce n’est que celui-ci bu qu’arrive la gentille serveuse, Carole.
De la ligne Vingt-Neuf des autobus parisiens, je ne connais que la moitié. Mon terminus personnel est Bastille Beaumarchais, juste après Pasteur Wagner.
Notre conducteur a vec ardeur accélère
À peine avons-nous lai ssé le pasteur wagnère
Derrière nous que de beaumarchais le tronçon
Qui nous échoit est par couru hé le friçon
De la vitesse fût tel que nous n’eûmes guère
Loisir de regarder, prendre note, que fère
Pour rendre compte ? mon souvenir est confuts
Ma cervelle brouillée à cause des raffuts
Automobiles, n’ya- t-il donc rien qui mérite
D’être signalé ho lecteur ? il s’en irrite
Interpelle l’auteur « tu pourrais dire au mouin
Si tu n’étais pas em poté plus qu’un babouin »
Le lecteur va se pren dre un’ baff’ s’il ne fait gaffe
« Cet endroit est un pa radis pour photograffe
Un bon siècle déjà que cipi-ère y phie
Le premier magasin à la photographie
Voué. n’aurais-tu pu nous en parler ? peut-être
L’ignores-tu ? » Je vais bientôt l’envoyer pêtre !
Il reprend, l’obstiné « et le pasteur wagner ?
Tu glisses sur son nom. Allons, un peu de ner
F ! de le saluer bien bas n’était-ce pas à l’occase
Lui qui vers 1900 »
Voyez qu’avec emphase
Le menton en avant il prononce le non
« Fut comme le bras droit de ferdinand buisson
Combattit pour dreyfus et l’école laïque
Cette lutte vous la trouvez trop archaïque ?
Je ne lui réponds pas. il sort de l’autobus
Et du trottoir me toise , à la bouche un rictus.
On ne parle pas de bus au Rocher de Cancale, ni même de politique. On y évoque les matchs de foute-balle des équipes locales.
Malheureusement, dans la deuxième partie du trajet, celle que je ne connais pas, ne l’ayant jamais empruntée, Jacques Roubaud abandonne ses enchâssements de pensées digressives et m’en apprend moins que je l’espérais. Quand même je saurai désormais qu’à Porte de Montempoivre, le terminus, on trouve (ou trouvait) une table de ping-pong en béton.
Un autre apport de connaissance pour moi : tous les bus dont le chiffre des dizaines est le deux partaient autrefois de Saint-Lazare.
*
Penser incidente liée à l’actualité : c’est quand même bien dommage que la balle qui lui a fait saigner l’oreille ne lui ai pas fait un trou dans la tête.
Pester, grogner, gueuler cela ne sert à rien
Le vingt-neuf doit venir il arrivera bien
Au terminus assis déjà le machiniste
Enclenche son moteur avant d’entrer en piste.
Le vingt-neuf va venir mais ne s’ébranlera
Que quand la ère-a-té- pé le décidera
Ah, le voilà ! monton za bord en bussonaute
Averti
« L’Ode à la ligne 29 des autobus parisiens est un poème compté rimé (disposition généralement plate), divisé en strophes. Chaque strophe correspond à une étape dans le trajet de la ligne 29, telle qu’elle fonctionnait en janvier 2005. (Le poème interrompu en 2008, a été repris et achevé en août 2011). Six strophes constituent généralement un chant. Il y a six chants. Le dernier chant compte cinq strophes seulement. » explique Roubaud dans son cahier des charges. Une autre contrainte, l’usage pour ces alexandrins de rimes visuelles.
J’ai le triste défaux
De digresser souvent de digresser sans cesse
Je me dis maintes fois qu’il faut que cela cesse
Mais toujours mon démon me rattrape au tournant
Il m’afflige et me nuit il cause mon tourmant.
Toutes les digressions, toutes les incidentes, sont notées les unes dans les autres avec des couleurs différentes de caractères d’imprimerie (que je ne me donne pas le mal de reproduire ici). Cela a demandé pas mal de travail à l’éditeur Attila et aux élèves de l’école Estienne qui ont été chargés de la typographie.
Au Rocher de Cancale, le café verre d’eau m’est toujours apporté par l’aimable patronne, Martine. Ce n’est que celui-ci bu qu’arrive la gentille serveuse, Carole.
De la ligne Vingt-Neuf des autobus parisiens, je ne connais que la moitié. Mon terminus personnel est Bastille Beaumarchais, juste après Pasteur Wagner.
Notre conducteur a vec ardeur accélère
À peine avons-nous lai ssé le pasteur wagnère
Derrière nous que de beaumarchais le tronçon
Qui nous échoit est par couru hé le friçon
De la vitesse fût tel que nous n’eûmes guère
Loisir de regarder, prendre note, que fère
Pour rendre compte ? mon souvenir est confuts
Ma cervelle brouillée à cause des raffuts
Automobiles, n’ya- t-il donc rien qui mérite
D’être signalé ho lecteur ? il s’en irrite
Interpelle l’auteur « tu pourrais dire au mouin
Si tu n’étais pas em poté plus qu’un babouin »
Le lecteur va se pren dre un’ baff’ s’il ne fait gaffe
« Cet endroit est un pa radis pour photograffe
Un bon siècle déjà que cipi-ère y phie
Le premier magasin à la photographie
Voué. n’aurais-tu pu nous en parler ? peut-être
L’ignores-tu ? » Je vais bientôt l’envoyer pêtre !
Il reprend, l’obstiné « et le pasteur wagner ?
Tu glisses sur son nom. Allons, un peu de ner
F ! de le saluer bien bas n’était-ce pas à l’occase
Lui qui vers 1900 »
Voyez qu’avec emphase
Le menton en avant il prononce le non
« Fut comme le bras droit de ferdinand buisson
Combattit pour dreyfus et l’école laïque
Cette lutte vous la trouvez trop archaïque ?
Je ne lui réponds pas. il sort de l’autobus
Et du trottoir me toise , à la bouche un rictus.
On ne parle pas de bus au Rocher de Cancale, ni même de politique. On y évoque les matchs de foute-balle des équipes locales.
Malheureusement, dans la deuxième partie du trajet, celle que je ne connais pas, ne l’ayant jamais empruntée, Jacques Roubaud abandonne ses enchâssements de pensées digressives et m’en apprend moins que je l’espérais. Quand même je saurai désormais qu’à Porte de Montempoivre, le terminus, on trouve (ou trouvait) une table de ping-pong en béton.
Un autre apport de connaissance pour moi : tous les bus dont le chiffre des dizaines est le deux partaient autrefois de Saint-Lazare.
*
Penser incidente liée à l’actualité : c’est quand même bien dommage que la balle qui lui a fait saigner l’oreille ne lui ai pas fait un trou dans la tête.
27 février 2025
Le jour se lève sur un ciel gris d’après la pluie quand arrive le sept heures vingt-deux pour Paris. Dans les carrés de la voiture Trois se font face les visages réjouis d’agriculteurs qui vont à leur Salon. Des gars montés dans le train à Bréauté Beuzeville. Avec leur accent cauchois, ils parlent des points perdus de leurs permis et des pneus de chez Norauto. Je lis des poésies d’Antonio Machado d’où sourd une noire mélancolie :
Et puis, le train en cheminant
nous porte toujours à rêver,
quasi, quasi nous oublions
le canasson que nous montons.
Le ciel de la capitale est bleu. Après un café au comptoir du Camélia puis un petit tour au Marché d’Aligre (Emile absent et rien chez Amin), je marche jusqu’à chez Re Read. Au rayon Art se trouve un volumineux Keith Haring. Il ne pourrait même pas entrer dans mon sac. Cela m’évite de céder à la tentation d’échanger quatre euros contre ce fardeau. Qui peut avoir eu l’idée farfelue de se séparer de cet énorme ouvrage pour vingt-cinq centimes ?
J’arrive à onze heures moins cinq devant chez Tonton Lulu où l’on cherche un serveur d’urgence par panneau posé sur le trottoir. Le jeune homme à qui j’ai vendu deux livres (pas le même que mercredi dernier) apparaît une minute plus tard. La transaction faite, j’entre au Book-Off d’à côté. Longtemps que je n’y avais pas vu une telle file de vendeurs de livres et autres biens culturels. Encombrés de valises et de chariots à roulettes, ils ne savent où se mettre. Je ressors avec cinq bons livres un euro : le volume sept de Correspondance générale de Chateaubriand (Gallimard), Le journal de Sarashina (Verdier), La femme sur le toit de Yu Xiuhua (Picquier), Poèmes pour ne pas dormir de Philippe Salus avec photographies de Bruno Grégoire (Obsidiane) et Anniversaires & paquets cadeaux de Nimrod avec gravures de Claire Bianchi (Obsidiane).
Au Diable des Lombards, où se fait entendre Manu Chao, je me restaure de rognons de veau aux pâtes et d’une part de tarte Tatin. Derrière moi mangent trois ouvriers qui refont (enfin) le pavage de la rue. Ils parlent d’une collègue des bureaux « Non mais maintenant, elle s’est vachement assagie. Elle ferme sa gueule. »
De là au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin d’où je remonte avec quatre bons livres à un euro : La chambre aux secrets de Stefan Zweig (Robert Laffont), Céline secret de Véronique Robert avec Lucette Destouches (Grasset), Alfred Jarry le surmâle de lettres de Rachilde (Arléa) et Berlin deux temps trois mouvements de Christian Prigent (Zulma).
Un café au comptoir du Bistrot d’Edmond puis j’explore le troisième Book-Off. En vain. Cette dernière étape est trop souvent décevante. J’ai les pieds cuits comme si j’avais marché des heures. Ce qui est loin d’être le cas. Je sens que je faiblis.
Il pleut quand je retrouve Machado dans le train du retour. Dont j’aurai lu trop vite les poèmes. L’un des derniers est intitulé Le crime a eu lieu à Grenade :
On le vit avançant au milieu des fusils,
par une longue rue,
sortir dans la campagne froide,
sous les étoiles, au point du jour.
Ils ont tué Federico
quand la lumière apparaissait.
Le peloton de ses bourreaux
n’osa le regarder en face.
Et puis, le train en cheminant
nous porte toujours à rêver,
quasi, quasi nous oublions
le canasson que nous montons.
Le ciel de la capitale est bleu. Après un café au comptoir du Camélia puis un petit tour au Marché d’Aligre (Emile absent et rien chez Amin), je marche jusqu’à chez Re Read. Au rayon Art se trouve un volumineux Keith Haring. Il ne pourrait même pas entrer dans mon sac. Cela m’évite de céder à la tentation d’échanger quatre euros contre ce fardeau. Qui peut avoir eu l’idée farfelue de se séparer de cet énorme ouvrage pour vingt-cinq centimes ?
J’arrive à onze heures moins cinq devant chez Tonton Lulu où l’on cherche un serveur d’urgence par panneau posé sur le trottoir. Le jeune homme à qui j’ai vendu deux livres (pas le même que mercredi dernier) apparaît une minute plus tard. La transaction faite, j’entre au Book-Off d’à côté. Longtemps que je n’y avais pas vu une telle file de vendeurs de livres et autres biens culturels. Encombrés de valises et de chariots à roulettes, ils ne savent où se mettre. Je ressors avec cinq bons livres un euro : le volume sept de Correspondance générale de Chateaubriand (Gallimard), Le journal de Sarashina (Verdier), La femme sur le toit de Yu Xiuhua (Picquier), Poèmes pour ne pas dormir de Philippe Salus avec photographies de Bruno Grégoire (Obsidiane) et Anniversaires & paquets cadeaux de Nimrod avec gravures de Claire Bianchi (Obsidiane).
Au Diable des Lombards, où se fait entendre Manu Chao, je me restaure de rognons de veau aux pâtes et d’une part de tarte Tatin. Derrière moi mangent trois ouvriers qui refont (enfin) le pavage de la rue. Ils parlent d’une collègue des bureaux « Non mais maintenant, elle s’est vachement assagie. Elle ferme sa gueule. »
De là au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin d’où je remonte avec quatre bons livres à un euro : La chambre aux secrets de Stefan Zweig (Robert Laffont), Céline secret de Véronique Robert avec Lucette Destouches (Grasset), Alfred Jarry le surmâle de lettres de Rachilde (Arléa) et Berlin deux temps trois mouvements de Christian Prigent (Zulma).
Un café au comptoir du Bistrot d’Edmond puis j’explore le troisième Book-Off. En vain. Cette dernière étape est trop souvent décevante. J’ai les pieds cuits comme si j’avais marché des heures. Ce qui est loin d’être le cas. Je sens que je faiblis.
Il pleut quand je retrouve Machado dans le train du retour. Dont j’aurai lu trop vite les poèmes. L’un des derniers est intitulé Le crime a eu lieu à Grenade :
On le vit avançant au milieu des fusils,
par une longue rue,
sortir dans la campagne froide,
sous les étoiles, au point du jour.
Ils ont tué Federico
quand la lumière apparaissait.
Le peloton de ses bourreaux
n’osa le regarder en face.
25 février 2025
Une pluie battante ce lundi à midi devant la Mairie de Rouen où je suis pour le rassemblement de soutien à l’Ukraine. C’est le troisième anniversaire de l’invasion ordonnée par cette ordure de Poutine. Il n’y a que deux cents personnes environ. Certaines ont sur le dos le drapeau jaune et bleu, des réfugié(e)s, surtout des femmes jeunes.
Nicolas Mayer-Rossignol, Maire, Socialiste, prend le micro sous le barnum, annonçant la présence à ses côtés d’un représentant du Préfet et d’élu(e)s de différents bords. Il remercie celles et ceux qui sont ici malgré la pluie, Français, Ukrainiens et même quelques Russes, « car tous les Russes ne sont pas d’accord avec le dictateur Poutine ». Pendant qu’il évoque la situation internationale, je parcours la petite foule des yeux, reconnaissant quelques têtes. Au moins, je ne risque pas ici de côtoyer du Rassemblement National et de la France Insoumise. Devant moi sous des parapluies se trouve de la jeunesse ukrainienne. Elle n’est pas toujours blonde.
A l’issue de son bref discours, Monsieur le Maire passe la parole à Natalia Dolhalova, la responsable des Convois d’Irina, une association sise à Maromme qui se charge de transport d’aide humanitaire. Elle s’exprime d’abord en ukrainien, un seul mot m’est connu : Svoboda, puis passe au français « On nous donnait trois jours mais nous tenons depuis trois ans ». Elle termine en remerciant la France, Rouen, la Normandie.
Enfin, après une minute de silence, se fait entendre l’hymne ukrainien. Tout le monde applaudit. « Slava Ukraini ! ».
*
Dans le dos du blouson d’un Ukrainien présent, une carte de la Russie où figurent en blanc les territoires annexés par le dictateur Poutine, de la Crimée au Donbass. Avec cette légende : « Make Russia Small Again ».
Nicolas Mayer-Rossignol, Maire, Socialiste, prend le micro sous le barnum, annonçant la présence à ses côtés d’un représentant du Préfet et d’élu(e)s de différents bords. Il remercie celles et ceux qui sont ici malgré la pluie, Français, Ukrainiens et même quelques Russes, « car tous les Russes ne sont pas d’accord avec le dictateur Poutine ». Pendant qu’il évoque la situation internationale, je parcours la petite foule des yeux, reconnaissant quelques têtes. Au moins, je ne risque pas ici de côtoyer du Rassemblement National et de la France Insoumise. Devant moi sous des parapluies se trouve de la jeunesse ukrainienne. Elle n’est pas toujours blonde.
A l’issue de son bref discours, Monsieur le Maire passe la parole à Natalia Dolhalova, la responsable des Convois d’Irina, une association sise à Maromme qui se charge de transport d’aide humanitaire. Elle s’exprime d’abord en ukrainien, un seul mot m’est connu : Svoboda, puis passe au français « On nous donnait trois jours mais nous tenons depuis trois ans ». Elle termine en remerciant la France, Rouen, la Normandie.
Enfin, après une minute de silence, se fait entendre l’hymne ukrainien. Tout le monde applaudit. « Slava Ukraini ! ».
*
Dans le dos du blouson d’un Ukrainien présent, une carte de la Russie où figurent en blanc les territoires annexés par le dictateur Poutine, de la Crimée au Donbass. Avec cette légende : « Make Russia Small Again ».
20 février 2025
Il fait encore bigrement froid ce mercredi matin lorsque je rejoins la Gare de Rouen. Si le train omnibus de sept heures pour Paris est annoncé supprimé, le direct de sept heures vingt-deux est à l’heure. J’y ai place trente-trois dans la voiture trois où je commence la lecture de Mémoires de Casque d’Or, le premier des deux textes composant Chroniques du Paris apache paru au Mercure de France : Je me suis mise en ménage à treize ans et deux mois ; c’était un lundi. J’ai perdu ce qu’on est convenu d’appeler le petit capital d’une femme exactement quinze jours plus tard, et c’était encore un lundi. Amélie Elie, dite Casque d’Or, n’a que vingt-trois ans quand ses mémoires sont recueillis par la revue Fin de Siècle en mil neuf cent deux. Je lis ça en diagonale.
Le ciel est bleu à Paris et le bus Vingt-Neuf a retrouvé son itinéraire officiel. Quand j’en descends à Bastille Beaumarchais, le froid est aussi intense qu’à Rouen. Le Marché d’Aligre est animé par l’essai de l’alarme incendie de ses halles. Je demande à Emile pourquoi ses livres sont empilés au lieu d’être sur la tranche. « On était en retard », me dit-il. Avec le froid, je n’ai pas la moindre envie de fouiller.
Il est dix heures quand je me réfugie au Camélia. Après avoir lu dans Le Parisien un article sur un jeune homme de seize ans qui a en charge son sexagénaire de père atteint d’Alzheimer précoce et n’en récolte que des insultes, je retrouve Casque d’Or.
A onze heures moins cinq, je suis sous la pendule devant Tonton Lulu. Deux minutes plus tard arrive le jeune homme avec qui j’ai rendez-vous, lui ayant vendu un livre. La transaction faite, je rentre chez Book-Off. J’en ressors avec un seul livre à un euro, d’Antonio Machado, Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre (Poésie/Gallimard).
Un vent glacé m’accueille à la sortie du métro Sainte-Opportune. Chez Au Diable des Lombards, je choisis une formule de saison : petit salé aux lentilles et tiramisu à la châtaigne.
Une maigre récolte de livres à un euro occupe mon panier quand je remonte du sous-sol du Book-Off de Saint-Martin : Berthe Morisot, une biographie d’Anne Higonnet (Adam Biro), L’école buissonnière d’Henri Pourrat (Dominique Martin Morin) et Les Contes de mémé lubrique d’Etienne Liebig (La Musardine), une réécriture des contes traditionnels.
Chaque semaine je change à Arts et Métiers quand je vais du deuxième Book-Off au troisième Book-Off. La plus belle station de métro parisien, ai-je lu récemment. Il fallait que je le lise pour m’en apercevoir.
Le ciel est gris maintenant et un semblant de douceur se fait sentir. Un café comptoir au Bistrot d’Edmond, où les jus de fruits proviennent de briques premier prix, et je vais voir si la pêche sera plus fructueuse dans les livres à un euro du troisième Book-Off. J’en ressors avec Anthologie de la poésie érotique de Pierre Perret (je ne peux dire ce que je pense de lui) publiée chez Nil et Ces petits messieurs de Louise Colet publié par Talents Hauts, l’occasion de savoir si ce qu’elle écrivait est aussi mauvais que le disait son amant, lui qui trouvait bonne la médiocre poésie de son ami Bouilhet.
Dans le train de retour, je parcours plutôt que je lis le second texte de Chroniques du Paris apache, La Médaille de mort, le récit par son collègue Eugène Corsy de la mort du gardien de la paix stagiaire Joseph Besse, vingt-six ans, tué par un souteneur dans la nuit du trois au quatre janvier mil neuf cent cinq rue des Partants. Ce malheureux, qui n’avait que deux mois de service, avait revêtu l’uniforme pour la première fois le matin même.
Le ciel est bleu à Paris et le bus Vingt-Neuf a retrouvé son itinéraire officiel. Quand j’en descends à Bastille Beaumarchais, le froid est aussi intense qu’à Rouen. Le Marché d’Aligre est animé par l’essai de l’alarme incendie de ses halles. Je demande à Emile pourquoi ses livres sont empilés au lieu d’être sur la tranche. « On était en retard », me dit-il. Avec le froid, je n’ai pas la moindre envie de fouiller.
Il est dix heures quand je me réfugie au Camélia. Après avoir lu dans Le Parisien un article sur un jeune homme de seize ans qui a en charge son sexagénaire de père atteint d’Alzheimer précoce et n’en récolte que des insultes, je retrouve Casque d’Or.
A onze heures moins cinq, je suis sous la pendule devant Tonton Lulu. Deux minutes plus tard arrive le jeune homme avec qui j’ai rendez-vous, lui ayant vendu un livre. La transaction faite, je rentre chez Book-Off. J’en ressors avec un seul livre à un euro, d’Antonio Machado, Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre (Poésie/Gallimard).
Un vent glacé m’accueille à la sortie du métro Sainte-Opportune. Chez Au Diable des Lombards, je choisis une formule de saison : petit salé aux lentilles et tiramisu à la châtaigne.
Une maigre récolte de livres à un euro occupe mon panier quand je remonte du sous-sol du Book-Off de Saint-Martin : Berthe Morisot, une biographie d’Anne Higonnet (Adam Biro), L’école buissonnière d’Henri Pourrat (Dominique Martin Morin) et Les Contes de mémé lubrique d’Etienne Liebig (La Musardine), une réécriture des contes traditionnels.
Chaque semaine je change à Arts et Métiers quand je vais du deuxième Book-Off au troisième Book-Off. La plus belle station de métro parisien, ai-je lu récemment. Il fallait que je le lise pour m’en apercevoir.
Le ciel est gris maintenant et un semblant de douceur se fait sentir. Un café comptoir au Bistrot d’Edmond, où les jus de fruits proviennent de briques premier prix, et je vais voir si la pêche sera plus fructueuse dans les livres à un euro du troisième Book-Off. J’en ressors avec Anthologie de la poésie érotique de Pierre Perret (je ne peux dire ce que je pense de lui) publiée chez Nil et Ces petits messieurs de Louise Colet publié par Talents Hauts, l’occasion de savoir si ce qu’elle écrivait est aussi mauvais que le disait son amant, lui qui trouvait bonne la médiocre poésie de son ami Bouilhet.
Dans le train de retour, je parcours plutôt que je lis le second texte de Chroniques du Paris apache, La Médaille de mort, le récit par son collègue Eugène Corsy de la mort du gardien de la paix stagiaire Joseph Besse, vingt-six ans, tué par un souteneur dans la nuit du trois au quatre janvier mil neuf cent cinq rue des Partants. Ce malheureux, qui n’avait que deux mois de service, avait revêtu l’uniforme pour la première fois le matin même.
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