Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
5 septembre 2022
Le dimanche sur le cours Lafayette, c’est comme un jour de semaine. A sept heures, le marché est installé, les magasins d’alimentation et les cafés sont ouverts. Je fais donc comme les deux jours précédents pour mon petit-déjeuner puis je choisis de me balader dans la Vieille Ville, ou Basse Ville, par opposition à la Haute Ville due à Haussmann qui fut Préfet du Var (pour aller de l’une à l’autre la pente est douce).
Je pars de l’église Saint-François-de-Paule et me dirige vers la Cathédrale. Sa porte centrale est ouverte à deux battants. J’entre. Il y fait une chaleur infernale. Le prêtre et les dames de sacristie sont dans les préparatifs de la messe. Ressorti, je passe selon mon humeur d’une rue étroite à une autre. Toutes sont bordées de maisons hautes et colorées qui me rappellent celles de Nice, mais parfois décaties.
Arrivé aux Halles Municipales, c’est-à-dire à deux pas de mon logis temporaire, je redescends le cours Lafayette jusqu’au port et procède à ma première séance de lecture du jour à La Gitane. Sur le quai, c’est l’affluence du dimanche. Familles et groupes de retraité(e)s se succèdent, qu’un rabatteur interpelle avec un certain succès. Il s’agit de les faire monter dans le bateau qui part bientôt pour le tour de la rade avec vue sur le Charles de Gaulle.
A midi je ne me complique pas la vie. Je retourne chez Béchir et y déjeune de lasagnes maison salade avec un quart de vin rouge pour dix-sept euros cinquante (la maison ne prend pas la carte).
Le café, suivi de la lecture du Journal littéraire de Léautaud, c’est face au port à la terrasse de La Gitane. A un moment, un quidam vient vers moi et me tend la main :
-Salut le revenant !
Je le regarde, intrigué.
-Je suis le frère de Momo, me dit-il, celui qui a fait les travaux à la maison.
-Personne ne m’a fait de travaux à la maison.
-Ah pardon.
*
Gilets Jaunes, Raoult, ce qu’on dit pas du Covid et du climat, c’est la purée mentale de celles et de ceux qui m’entourent aux terrasses ce jour, cela enrobé de propos racistes à demi-mots et de haine envers Macron.
*
Inoffensif lui au moins, celui qui déplore la fermeture d’une salle de spectacle d’il y a longtemps : « Y a eu les Crampes, y a eu Mireille Mathieu, que des grands qui sont venus là-bas ».
*
Il fait encore bien trop chaud pour moi ici. De plus, en ville, une quasi absence de bancs. Trois seulement font face au port et ils sont en plein soleil. Impossible de s’asseoir ailleurs qu’aux terrasses, moyennant consommation. En rentrant, chaque jour, je mets en route le ventilateur. La nuit, la température extérieure ne descend pas en dessous de vingt-deux degrés. Même avec la fenêtre ouverte, trouver le sommeil est difficile.
Je pars de l’église Saint-François-de-Paule et me dirige vers la Cathédrale. Sa porte centrale est ouverte à deux battants. J’entre. Il y fait une chaleur infernale. Le prêtre et les dames de sacristie sont dans les préparatifs de la messe. Ressorti, je passe selon mon humeur d’une rue étroite à une autre. Toutes sont bordées de maisons hautes et colorées qui me rappellent celles de Nice, mais parfois décaties.
Arrivé aux Halles Municipales, c’est-à-dire à deux pas de mon logis temporaire, je redescends le cours Lafayette jusqu’au port et procède à ma première séance de lecture du jour à La Gitane. Sur le quai, c’est l’affluence du dimanche. Familles et groupes de retraité(e)s se succèdent, qu’un rabatteur interpelle avec un certain succès. Il s’agit de les faire monter dans le bateau qui part bientôt pour le tour de la rade avec vue sur le Charles de Gaulle.
A midi je ne me complique pas la vie. Je retourne chez Béchir et y déjeune de lasagnes maison salade avec un quart de vin rouge pour dix-sept euros cinquante (la maison ne prend pas la carte).
Le café, suivi de la lecture du Journal littéraire de Léautaud, c’est face au port à la terrasse de La Gitane. A un moment, un quidam vient vers moi et me tend la main :
-Salut le revenant !
Je le regarde, intrigué.
-Je suis le frère de Momo, me dit-il, celui qui a fait les travaux à la maison.
-Personne ne m’a fait de travaux à la maison.
-Ah pardon.
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Gilets Jaunes, Raoult, ce qu’on dit pas du Covid et du climat, c’est la purée mentale de celles et de ceux qui m’entourent aux terrasses ce jour, cela enrobé de propos racistes à demi-mots et de haine envers Macron.
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Inoffensif lui au moins, celui qui déplore la fermeture d’une salle de spectacle d’il y a longtemps : « Y a eu les Crampes, y a eu Mireille Mathieu, que des grands qui sont venus là-bas ».
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Il fait encore bien trop chaud pour moi ici. De plus, en ville, une quasi absence de bancs. Trois seulement font face au port et ils sont en plein soleil. Impossible de s’asseoir ailleurs qu’aux terrasses, moyennant consommation. En rentrant, chaque jour, je mets en route le ventilateur. La nuit, la température extérieure ne descend pas en dessous de vingt-deux degrés. Même avec la fenêtre ouverte, trouver le sommeil est difficile.
4 septembre 2022
L’orage annoncé se déclenche en soirée (éclairs, tonnerre, peu d’eau) puis la nuit est calme. Etonnant d’être en plein centre de Toulon fenêtre ouverte et de n’entendre rien, hormis une sorte de souffle constant qui doit correspondre à la respiration de la ville.
Au lever du jour, ce samedi, je retrouve l’agréable jouvencelle de la boulangerie Campaillette qu’hier j’ai prise pour une vendeuse mais ce doit être la patronne (son costaud de mari est aux fourneaux). Mes deux pains au chocolat me suivent à la terrasse du Maryland. Var Matin annonce la pluie alors qu’il fait beau, comme le dit le site de Météo France.
Avant que la chaleur ne devienne pesante je visite le port dit de la Darse Vieille. D’abord, je vais vers le Musée de la Marine et aboutis à l’entrée de l’Arsenal (Toulon est le premier port militaire d’Europe, ce qui en fait une belle cible), puis, après être revenu au bas du cours Lafayette, je marche jusqu’à l’endroit où sont amarrés quelques petits bateaux de pêche (dans l’un d’eux le pêcheur vend sa prise du jour, qu’il pèse sur le toit de la cabine, j’en fais une photo après avoir demandé l’autorisation).
Il est temps d’arrêter de bouger. Je m’installe à la terrasse de La Gitane et reprends la lecture du Journal littéraire de Léautaud. Quand mes yeux sont fatigués, je remonte le marché sur toute sa longueur afin de bifurquer à gauche vers la place Puget et sa fontaine dite de la Halle aux Grains. C’est l’occasion d’une autre pause lecture, à la terrasse du Chantilly, où le café coûte un euro quatre-vingt-dix. Toutes sortes de Toulonnais(e)s se croisent ici. Il émane de l’ensemble de ces personnes une forme de sérénité qui me plaît.
A midi je me présente à l’Unic Bar où j’ai réservé une table pour le couscous du samedi à douze euros quatre-vingt-dix. J’ai la surprise d’y trouver des tablées d’habitué(e)s déjà servies, d’autres sur le point de l’être, ce qui fait que je dois attendre mon tour longtemps. « C’est parce qu’après, il y a le match », m’explique le patron. Je ne cherche pas à en savoir davantage. Dans toutes les villes où je passe, quand il y a « le match », plus rien d’autre ne compte.
Quand il m’arrive enfin, le couscous est royal, à la fois bon et copieux, que j’accompagne d’un quart de vin rouge. Il me faut un moment pour en venir à bout, puis je peux dire ma satisfaction à celui que tout le monde appelle Béchir.
C’est encore à La Gitane que je prends le café, une terrasse très prisée par les pigeons. Dès qu’un consommateur s’en va, ils se précipitent sur sa table dans l’espoir d’y trouver à manger. Quand le serveur n’est pas assez rapide, la casse est assurée.
Rentré, j’ouvre la fenêtre de mon quatrième étage et entends le match comme si j’y étais. Vers dix-neuf heures des claque-sons signalent qu’« on » a gagné.
*
Le bonheur ce serait peut-être d’avoir de l’argent, une valise avec cinq ou six livres et ses vêtements, et de vivre tantôt ici, tantôt ailleurs, en changeant sans cesse de gens, de paysages, d'idées, sans aucun attachement, et en prenant des notes partout et sur tout. On mourrait un jour ou l’autre, où l’on pourrait. (Paul Léautaud, dimanche dix-sept janvier mil neuf cent quatre)
*
L’embêtant avec Léautaud, c’est que ce qui me traverse l’esprit a déjà traversé le sien.
Au lever du jour, ce samedi, je retrouve l’agréable jouvencelle de la boulangerie Campaillette qu’hier j’ai prise pour une vendeuse mais ce doit être la patronne (son costaud de mari est aux fourneaux). Mes deux pains au chocolat me suivent à la terrasse du Maryland. Var Matin annonce la pluie alors qu’il fait beau, comme le dit le site de Météo France.
Avant que la chaleur ne devienne pesante je visite le port dit de la Darse Vieille. D’abord, je vais vers le Musée de la Marine et aboutis à l’entrée de l’Arsenal (Toulon est le premier port militaire d’Europe, ce qui en fait une belle cible), puis, après être revenu au bas du cours Lafayette, je marche jusqu’à l’endroit où sont amarrés quelques petits bateaux de pêche (dans l’un d’eux le pêcheur vend sa prise du jour, qu’il pèse sur le toit de la cabine, j’en fais une photo après avoir demandé l’autorisation).
Il est temps d’arrêter de bouger. Je m’installe à la terrasse de La Gitane et reprends la lecture du Journal littéraire de Léautaud. Quand mes yeux sont fatigués, je remonte le marché sur toute sa longueur afin de bifurquer à gauche vers la place Puget et sa fontaine dite de la Halle aux Grains. C’est l’occasion d’une autre pause lecture, à la terrasse du Chantilly, où le café coûte un euro quatre-vingt-dix. Toutes sortes de Toulonnais(e)s se croisent ici. Il émane de l’ensemble de ces personnes une forme de sérénité qui me plaît.
A midi je me présente à l’Unic Bar où j’ai réservé une table pour le couscous du samedi à douze euros quatre-vingt-dix. J’ai la surprise d’y trouver des tablées d’habitué(e)s déjà servies, d’autres sur le point de l’être, ce qui fait que je dois attendre mon tour longtemps. « C’est parce qu’après, il y a le match », m’explique le patron. Je ne cherche pas à en savoir davantage. Dans toutes les villes où je passe, quand il y a « le match », plus rien d’autre ne compte.
Quand il m’arrive enfin, le couscous est royal, à la fois bon et copieux, que j’accompagne d’un quart de vin rouge. Il me faut un moment pour en venir à bout, puis je peux dire ma satisfaction à celui que tout le monde appelle Béchir.
C’est encore à La Gitane que je prends le café, une terrasse très prisée par les pigeons. Dès qu’un consommateur s’en va, ils se précipitent sur sa table dans l’espoir d’y trouver à manger. Quand le serveur n’est pas assez rapide, la casse est assurée.
Rentré, j’ouvre la fenêtre de mon quatrième étage et entends le match comme si j’y étais. Vers dix-neuf heures des claque-sons signalent qu’« on » a gagné.
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Le bonheur ce serait peut-être d’avoir de l’argent, une valise avec cinq ou six livres et ses vêtements, et de vivre tantôt ici, tantôt ailleurs, en changeant sans cesse de gens, de paysages, d'idées, sans aucun attachement, et en prenant des notes partout et sur tout. On mourrait un jour ou l’autre, où l’on pourrait. (Paul Léautaud, dimanche dix-sept janvier mil neuf cent quatre)
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L’embêtant avec Léautaud, c’est que ce qui me traverse l’esprit a déjà traversé le sien.
3 septembre 2022
Il est sept heures trente ce vendredi matin quand je mets le pied dehors après une première nuit toulonnaise fenêtre ouverte (pas de moustiques mais un feu d’artifice sauvage). Sur le cours Lafayette, à deux pas de mon logis provisoire, le marché est déjà ouvert, de même que de nombreux commerces dont une boulangerie nommée Campaillette où j’achète deux pains au chocolat à un euro pièce. « On ouvre tous les jours de la semaine à six heures et demie », me dit la jolie vendeuse à grandes lunettes dont le crop top met particulièrement en valeur les tout petits seins.
Je les mange en terrasse au café d’à côté nommé Le Maryland avec un allongé à un euro soixante. Le patron me propose Var Matin. On y déplore la fermeture prévue par la Senecefe des guichets de gare, notamment ceux de Nice Ville où ça proteste.
J’achète des nectarines pas chères sur le marché puis je me documente à la Maison de la Métropole (ouverte dès huit heures trente) et à l’Office du Tourisme (ouvert dès neuf heures). J’aime être dans une ville où la vie commence tôt, c’est le moment où je suis au mieux.
Après une balade dans le port (c’est là qu’aboutit le cours Lafayette), je m’attable à la terrasse du bar tabac La Gitane avec vue sur le bateau jaune des Transports Maritimes Toulonnais (un promène touristes) pour un café verre d’eau lecture. Cette fois j’ai emporté pour le relire le premier volume du Journal littéraire de Paul Léautaud (deux mille deux cent quatre-vingt-quatorze pages sur papier bible). Cette passionnante redécouverte me conduit à l’heure du déjeuner.
Parmi les restaurants du port, je choisis le Midi Moins Le Quart à la terrasse ventilée car son plat du jour me tente : une dorade royale grillée au pesto purée maison salade à douze euros quatre-vingt-dix. Mes voisins qui ont commandé des moules frites louchent avec envie et regret sur mon assiette. Une serveuse en minirobe noire est postée à l’entrée, disant bonjour à qui passe sur le quai. C’est un produit d’appel efficace.
Le café, c’est à côté avec Léautaud chez La Gitane (un euro soixante-dix) puis je vais en prendre un autre place Hubac à la terrasse bien ombragée de l’Unic Bar (un euro cinquante) cependant que des municipaux terminent le nettoyage d’après marché et que peu à peu montent les nuages noirs d’un orage annoncé.
*
Une vieille femme fatiguée au téléphone sur un banc face à la mer. Près d’elle son chariot de courses du marché. « J’en ai pour cinquante-huit euros passés. T’as vu un peu ! Alors va falloir que tu arrêtes les cigarettes. »
*
Le marché du cours Lafayette, c’est le vrai marché de Provence, comme le chantait Gilbert Bécaud. D’ailleurs, c’est celui qui l’a inspiré. Monsieur Cent Mille Volts est né à Toulon. Souvenir un peu mélancolique de moments de bonheur quand celle qui travaille à Paris chantait cette ritournelle dans ma petite voiture rouge.
*
Voici pour cent francs du thym de la garrigue / Un peu de safran et un kilo de figues / Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches / Ou bien d'abricots?
Je les mange en terrasse au café d’à côté nommé Le Maryland avec un allongé à un euro soixante. Le patron me propose Var Matin. On y déplore la fermeture prévue par la Senecefe des guichets de gare, notamment ceux de Nice Ville où ça proteste.
J’achète des nectarines pas chères sur le marché puis je me documente à la Maison de la Métropole (ouverte dès huit heures trente) et à l’Office du Tourisme (ouvert dès neuf heures). J’aime être dans une ville où la vie commence tôt, c’est le moment où je suis au mieux.
Après une balade dans le port (c’est là qu’aboutit le cours Lafayette), je m’attable à la terrasse du bar tabac La Gitane avec vue sur le bateau jaune des Transports Maritimes Toulonnais (un promène touristes) pour un café verre d’eau lecture. Cette fois j’ai emporté pour le relire le premier volume du Journal littéraire de Paul Léautaud (deux mille deux cent quatre-vingt-quatorze pages sur papier bible). Cette passionnante redécouverte me conduit à l’heure du déjeuner.
Parmi les restaurants du port, je choisis le Midi Moins Le Quart à la terrasse ventilée car son plat du jour me tente : une dorade royale grillée au pesto purée maison salade à douze euros quatre-vingt-dix. Mes voisins qui ont commandé des moules frites louchent avec envie et regret sur mon assiette. Une serveuse en minirobe noire est postée à l’entrée, disant bonjour à qui passe sur le quai. C’est un produit d’appel efficace.
Le café, c’est à côté avec Léautaud chez La Gitane (un euro soixante-dix) puis je vais en prendre un autre place Hubac à la terrasse bien ombragée de l’Unic Bar (un euro cinquante) cependant que des municipaux terminent le nettoyage d’après marché et que peu à peu montent les nuages noirs d’un orage annoncé.
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Une vieille femme fatiguée au téléphone sur un banc face à la mer. Près d’elle son chariot de courses du marché. « J’en ai pour cinquante-huit euros passés. T’as vu un peu ! Alors va falloir que tu arrêtes les cigarettes. »
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Le marché du cours Lafayette, c’est le vrai marché de Provence, comme le chantait Gilbert Bécaud. D’ailleurs, c’est celui qui l’a inspiré. Monsieur Cent Mille Volts est né à Toulon. Souvenir un peu mélancolique de moments de bonheur quand celle qui travaille à Paris chantait cette ritournelle dans ma petite voiture rouge.
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Voici pour cent francs du thym de la garrigue / Un peu de safran et un kilo de figues / Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches / Ou bien d'abricots?
2 septembre 2022
Pas de meilleure date pour repartir en vacances que celle de la rentrée des classes. Ce jeudi premier septembre, je trouve place avec ma valise dans la voiture Cinq du sept heures vingt-quatre pour Paris.
Comme toujours, craignant l’incident, j’ai prévu une marge avant le départ de mon Tégévé et j’ai donc un bon moment pour prendre un café verre d’eau (deux euros quarante) au Paris Lyon qui dispose d’une agréable terrasse en face de la Gare où m’a mené un métro Quatorze pas trop chargé.
Je suis dans la voiture Huit du Tégévé d’onze heures six dont le terminus est Nice Ville et qui est direct jusqu’à Marseille. J’ai la chance de ne pas avoir de voisin(e). De l’autre côté de l’allée, ce sont deux jeunes Allemandes qui bientôt s’endorment. Le train file dans un couloir rhodanien complétement desséché.
A quinze heures douze, comme prévu, je descends à Toulon. Grâce à l’itinéraire détaillé que m’a fourni mon logeur Airbibi, je ne mets qu’un quart d’heure à parvenir près des Halles. Nous avons rendez-vous devant la porte de l’immeuble où je vais vivre provisoirement, au quatrième étage. Il doit être là à quinze heures trente mais a un peu de retard. Le boucher halal d’à côté qui le connaît lui téléphone et il surgit de l’immeuble, me soulage de ma valise et je le suis dans l’escalier.
Me voici dans un petit appartement donnant sur des toits de tuiles arrondies, dont celui de la Cathédrale Sainte-Marie de la Seds. Il fait chaud et je ressors vite, désireux de découvrir le port où stationne un énorme et affreux bateau de croisière.
En remontant le cours Lafayette, je fais quelques courses chez U puis, rentré, je veux me connecter à la ouifi mais la box attendue n’apparaît pas dans la liste. Retour chez l’aimable boucher halal qui rappelle mon logeur. Celui-ci vient la rétablir dans l’appartement d’en face.
La fenêtre ouverte va s’imposer cette nuit. J’espère qu’ici on ignore les moustiques.
*
Ces hommes quinquagénaires dont l’épouse est la mère. Dans le Tégévé, l’un demande à la sienne si elle a ses journaux « Non tu m’as dit de ne pas y toucher mais je t’ai pris un livre », un autre commence le repas par le fromage « Attends je t’ai fait des sandwiches avant. »
Comme toujours, craignant l’incident, j’ai prévu une marge avant le départ de mon Tégévé et j’ai donc un bon moment pour prendre un café verre d’eau (deux euros quarante) au Paris Lyon qui dispose d’une agréable terrasse en face de la Gare où m’a mené un métro Quatorze pas trop chargé.
Je suis dans la voiture Huit du Tégévé d’onze heures six dont le terminus est Nice Ville et qui est direct jusqu’à Marseille. J’ai la chance de ne pas avoir de voisin(e). De l’autre côté de l’allée, ce sont deux jeunes Allemandes qui bientôt s’endorment. Le train file dans un couloir rhodanien complétement desséché.
A quinze heures douze, comme prévu, je descends à Toulon. Grâce à l’itinéraire détaillé que m’a fourni mon logeur Airbibi, je ne mets qu’un quart d’heure à parvenir près des Halles. Nous avons rendez-vous devant la porte de l’immeuble où je vais vivre provisoirement, au quatrième étage. Il doit être là à quinze heures trente mais a un peu de retard. Le boucher halal d’à côté qui le connaît lui téléphone et il surgit de l’immeuble, me soulage de ma valise et je le suis dans l’escalier.
Me voici dans un petit appartement donnant sur des toits de tuiles arrondies, dont celui de la Cathédrale Sainte-Marie de la Seds. Il fait chaud et je ressors vite, désireux de découvrir le port où stationne un énorme et affreux bateau de croisière.
En remontant le cours Lafayette, je fais quelques courses chez U puis, rentré, je veux me connecter à la ouifi mais la box attendue n’apparaît pas dans la liste. Retour chez l’aimable boucher halal qui rappelle mon logeur. Celui-ci vient la rétablir dans l’appartement d’en face.
La fenêtre ouverte va s’imposer cette nuit. J’espère qu’ici on ignore les moustiques.
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Ces hommes quinquagénaires dont l’épouse est la mère. Dans le Tégévé, l’un demande à la sienne si elle a ses journaux « Non tu m’as dit de ne pas y toucher mais je t’ai pris un livre », un autre commence le repas par le fromage « Attends je t’ai fait des sandwiches avant. »
1er septembre 2022
Longtemps que mon téléphone portatif ne m’avait pas créé des soucis. Ce mardi matin après que j’ai rentré le même code que d’habitude, ne voilà-t-il pas qu’il m’affiche « Carte Sim verrouillée ». Pour être bloqué, il l’est bien.
A dix heures je retrouve l’aimable jeune homme de chez Actimag, rue de la Rép. Cette fois il ne peut rien faire pour moi, m’apprend-il, je dois aller chez mon opérateur.
Cet opérateur est Free qui a boutique rue de la Jeanne. Lors de sa création elle générait sur le trottoir une queue particulièrement obscène. Jamais je n’aurais pensé devoir y aller un jour.
Il est dix heures quinze quand un vigile costaud m’ouvre la porte. Un père et sa fille sont en train d’être renseignés pour un abonnement par la seule employée présente. Deux personnes attendent avant moi.
-Il n’y pas d’autre personnel ? demandé-je au colosse.
-Pas le matin
-Et l’après-midi, ils sont combien ?
-Deux.
Je décide de rester et je fais bien car le premier à attendre se décourage et s’en va. Le suivant fait de même quelques minutes plus tard. Me voici en première position dans la file. Au moins cinq sont bientôt derrière moi.
Quand père et fille ont fait affaire, la jeune femme me demande ce qui m’amène. « Vous avez dû changer le code Pin », me dit-elle. Je ne vois pas comment. Elle m’explique que mon téléphone a dû s’éteindre faute de batterie et que j’ai entré mes habituels quatre chiffres alors qu’on me demandait autre chose.
« Je vais arranger ça », me dit-elle. « Et si vous voulez, je peux ne laisser que votre code d’identification, comme ça vous ne risquerez plus de vous tromper. » J’en suis d’accord.
Elle fait ce qu’il faut faire puis me rend l’objet.
-Je vous dois quelque chose ? lui demandé-je.
-Un sourire c’est tout.
-Vous le méritez bien, lui dis-je.
*
Franchement, si quelqu’un inventait un simple boîtier permettant de recevoir des messages avec code d’authentification pour aller sur tel ou tel site d’Internet, cela m’arrangerait.
A dix heures je retrouve l’aimable jeune homme de chez Actimag, rue de la Rép. Cette fois il ne peut rien faire pour moi, m’apprend-il, je dois aller chez mon opérateur.
Cet opérateur est Free qui a boutique rue de la Jeanne. Lors de sa création elle générait sur le trottoir une queue particulièrement obscène. Jamais je n’aurais pensé devoir y aller un jour.
Il est dix heures quinze quand un vigile costaud m’ouvre la porte. Un père et sa fille sont en train d’être renseignés pour un abonnement par la seule employée présente. Deux personnes attendent avant moi.
-Il n’y pas d’autre personnel ? demandé-je au colosse.
-Pas le matin
-Et l’après-midi, ils sont combien ?
-Deux.
Je décide de rester et je fais bien car le premier à attendre se décourage et s’en va. Le suivant fait de même quelques minutes plus tard. Me voici en première position dans la file. Au moins cinq sont bientôt derrière moi.
Quand père et fille ont fait affaire, la jeune femme me demande ce qui m’amène. « Vous avez dû changer le code Pin », me dit-elle. Je ne vois pas comment. Elle m’explique que mon téléphone a dû s’éteindre faute de batterie et que j’ai entré mes habituels quatre chiffres alors qu’on me demandait autre chose.
« Je vais arranger ça », me dit-elle. « Et si vous voulez, je peux ne laisser que votre code d’identification, comme ça vous ne risquerez plus de vous tromper. » J’en suis d’accord.
Elle fait ce qu’il faut faire puis me rend l’objet.
-Je vous dois quelque chose ? lui demandé-je.
-Un sourire c’est tout.
-Vous le méritez bien, lui dis-je.
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Franchement, si quelqu’un inventait un simple boîtier permettant de recevoir des messages avec code d’authentification pour aller sur tel ou tel site d’Internet, cela m’arrangerait.
31 août 2022
Après un voyage en train Nomad (avec une pensée quand il passe à Asnières pour celle qui me tenait la main et va bientôt reprendre son travail en collège) puis en bus Vingt-Neuf (avec une pensée quand il arrive à Bastille pour celle qui me tenait la main et reprend le travail aujourd’hui), j’entre ce dernier lundi d’août au Café du Faubourg et y trouve le patron rentré de vacances, bronzé mais toujours aussi débordé.
Mon café bu, je rejoins devant le rideau métallique du Book-Off de Ledru-Rollin, quatre vendeurs de livres à gros sacs et chariots.
A l’ouverture, ils sont rejoints par d’autres. Je n’ai jamais vu une telle file d’attente. Elle atteint l’allée principale. Cela me rappelle Gibert Jeunes autrefois. Pendant que les employé(e)s s’activent à enregistrer toute cette marchandise avec le sourire, je mets des livres à un euro dans mon panier, dont Instantanés suivi de Lettres à Maurice Rieuneau de Stéphane Mosès (L’Infini Gallimard), Rencontres avec Samuel Beckett de Charles Juliet (P.O.L) et Chronique fabuleuse d’André Dhôtel (Mercure de France).
Pas de Marché d’Aligre le lundi, je vais poursuivre ma lecture de Sérotonine au square Trousseau. Mon plaisir est moindre que mardi dernier car Houellebecq dans la deuxième moitié de son roman part dans un délire de politique fiction avec une ridicule insurrection armée de paysans bas-normands. Il devrait s’en tenir à évoquer d’un ton désabusé la relation homme femme, à faire de la littérature dépressive.
A midi je vais déjeuner au Péhemmu chinois, de mon habituel menu, sans vin en raison des antibiotiques. Je sens que j’ai épuisé le charme du lieu, de son confit de canard pommes sautées salade (que j’ai connu à neuf euros et est maintenant à douze), de sa gentille serveuse (que j’ai connue jeune fille et est maintenant mère de famille).
Je vais ensuite lire dans le Port de l’Arsenal. Près de moi se succèdent de jeunes personnes avec leur déjeuner. Si elles ne restent pas longtemps, c’est la faute à des guêpes qui les embêtent.
Au Book-Off de Quatre Septembre, pas de file d’attente côté vendeurs. Les rayonnages des grands formats « Connaissance » à un euro ont été étendus. En conséquence, j’en ressors avec davantage de livres que les fois précédentes, dont Mémoires de Montparnasse de John Glassco (Viviane Hamy), Visage slovène de Brina Svit (Gallimard), Journal du huitième hiver de Samuel Brussell (L’Age d’Homme), Odes de David Van Reybrouck (Actes Sud), Les anges de Sodome d’Albert Bensoussan (Maurice Nadeau) et Sur la scène intérieure de Marcel Cohen (Folio).
Quand je vais boire un café verre d’eau à la terrasse du Bistrot d’Edmond, je constate que la maison a encore changé de patron et de personnel. Cela se traduit par de la musique trop forte et une serveuse qui au bout d’une demi-heure vient me demander si je ne veux pas autre chose.
*
Où est le bec ? Vers la fin de Sérotonine.
L’écrivain y évoque le patron d’un bar de Falaise qui passe son temps à lire Paris Normandie.
Pas de Paris Normandie dans le Calvados, Michel, on y lit Ouest France.
Mon café bu, je rejoins devant le rideau métallique du Book-Off de Ledru-Rollin, quatre vendeurs de livres à gros sacs et chariots.
A l’ouverture, ils sont rejoints par d’autres. Je n’ai jamais vu une telle file d’attente. Elle atteint l’allée principale. Cela me rappelle Gibert Jeunes autrefois. Pendant que les employé(e)s s’activent à enregistrer toute cette marchandise avec le sourire, je mets des livres à un euro dans mon panier, dont Instantanés suivi de Lettres à Maurice Rieuneau de Stéphane Mosès (L’Infini Gallimard), Rencontres avec Samuel Beckett de Charles Juliet (P.O.L) et Chronique fabuleuse d’André Dhôtel (Mercure de France).
Pas de Marché d’Aligre le lundi, je vais poursuivre ma lecture de Sérotonine au square Trousseau. Mon plaisir est moindre que mardi dernier car Houellebecq dans la deuxième moitié de son roman part dans un délire de politique fiction avec une ridicule insurrection armée de paysans bas-normands. Il devrait s’en tenir à évoquer d’un ton désabusé la relation homme femme, à faire de la littérature dépressive.
A midi je vais déjeuner au Péhemmu chinois, de mon habituel menu, sans vin en raison des antibiotiques. Je sens que j’ai épuisé le charme du lieu, de son confit de canard pommes sautées salade (que j’ai connu à neuf euros et est maintenant à douze), de sa gentille serveuse (que j’ai connue jeune fille et est maintenant mère de famille).
Je vais ensuite lire dans le Port de l’Arsenal. Près de moi se succèdent de jeunes personnes avec leur déjeuner. Si elles ne restent pas longtemps, c’est la faute à des guêpes qui les embêtent.
Au Book-Off de Quatre Septembre, pas de file d’attente côté vendeurs. Les rayonnages des grands formats « Connaissance » à un euro ont été étendus. En conséquence, j’en ressors avec davantage de livres que les fois précédentes, dont Mémoires de Montparnasse de John Glassco (Viviane Hamy), Visage slovène de Brina Svit (Gallimard), Journal du huitième hiver de Samuel Brussell (L’Age d’Homme), Odes de David Van Reybrouck (Actes Sud), Les anges de Sodome d’Albert Bensoussan (Maurice Nadeau) et Sur la scène intérieure de Marcel Cohen (Folio).
Quand je vais boire un café verre d’eau à la terrasse du Bistrot d’Edmond, je constate que la maison a encore changé de patron et de personnel. Cela se traduit par de la musique trop forte et une serveuse qui au bout d’une demi-heure vient me demander si je ne veux pas autre chose.
*
Où est le bec ? Vers la fin de Sérotonine.
L’écrivain y évoque le patron d’un bar de Falaise qui passe son temps à lire Paris Normandie.
Pas de Paris Normandie dans le Calvados, Michel, on y lit Ouest France.
30 août 2022
Je suis à la terrasse du Sacre avec Zaza quand s’installent à la table voisine un couple et un huit ans (mojito, pinte, Coca zéro, seize euros).
« On met de l’argent sur un compte et la banque ferme le compte, c’est ça la France ! », claironne le buveur de mojito.
Des comptes bloqués, il y en a deux, celui de sa copine buveuse de bière et celui de sa sœur. Il a gagné seize mille euros et en a mis deux mille sur chacun de ces deux comptes.
-Je leur ai dit d’où venait l’argent, je l’ai gagné. Ils laissent ouvert les comptes des cassos où y a rien et ils ferment ceux où y a de l’argent.
-C’est pas ton compte qu’ils ont bloqué, c’est le nôtre.
-Si vous étiez pas fichées bancaires aussi.
-Ah parce que toi tu l’es pas peut-être.
-Le casino en ligne, c’est interdit en France, lui rappelle-t-elle.
-Alors on va quitter la France.
-Ah bon comment ?
-On va attendre que j’aie plus mon bracelet électronique.
Tous les deux sont sur leur smartphone. Deux intelligences pratiques sont à l’ouvrage. Elle appelle la Caf, déclare que son compte bancaire s’est fait pirater. Elle vient d’en ouvrir un autre en Allemagne. Elle veut savoir comment envoyer son nouveau Rib pour continuer à recevoir ses prestations.
Le huit ans a terminé son Coca.
« On met de l’argent sur un compte et la banque ferme le compte, c’est ça la France ! », claironne le buveur de mojito.
Des comptes bloqués, il y en a deux, celui de sa copine buveuse de bière et celui de sa sœur. Il a gagné seize mille euros et en a mis deux mille sur chacun de ces deux comptes.
-Je leur ai dit d’où venait l’argent, je l’ai gagné. Ils laissent ouvert les comptes des cassos où y a rien et ils ferment ceux où y a de l’argent.
-C’est pas ton compte qu’ils ont bloqué, c’est le nôtre.
-Si vous étiez pas fichées bancaires aussi.
-Ah parce que toi tu l’es pas peut-être.
-Le casino en ligne, c’est interdit en France, lui rappelle-t-elle.
-Alors on va quitter la France.
-Ah bon comment ?
-On va attendre que j’aie plus mon bracelet électronique.
Tous les deux sont sur leur smartphone. Deux intelligences pratiques sont à l’ouvrage. Elle appelle la Caf, déclare que son compte bancaire s’est fait pirater. Elle vient d’en ouvrir un autre en Allemagne. Elle veut savoir comment envoyer son nouveau Rib pour continuer à recevoir ses prestations.
Le huit ans a terminé son Coca.
29 août 2022
Encore un vide grenier organisé sur les quais hauts de Rouen, côté rive droite, et dans les rues avoisinantes, ce dimanche. Il est sept heures et demie quand je sors pour y aller.
Sur le parvis de la Cathédrale je trouve des voitures de la Police et les fonctionnaires le nez en l’air. « Y en a qui sont montés là-haut », apprends-je d’un badaud.
Ce n’est pas la première fois que des intrépides profitent de la présence d’échafaudages jusqu’à moitié de la flèche. Certains ont fait de leur exploit une vidéo impressionnante visible sur YouTube, après être redescendus sans se faire gauler.
Les exposants des quais sont surtout des particuliers qui proposent de la bonne marchandise. Dans les rues adjacentes, d’autres sont moins reluisants. C’est à un semi professionnel de ma connaissance que je dois de ne pas repartir bredouille. Pour cinq euros les trois (prix d’ami) deviennent miens Lettres des deux amants attribuées à Héloïse et Abélard (Gallimard), Promenade épistolaire sur la Côte Normande au XIXe siècle (Cahiers du temps) et « Je ne suis pas sortie de ma nuit » d’Annie Ernaux dans l’édition blanche de chez Gallimard.
Les Policiers sont en train de remonter dans leurs véhicules quand je regagne mon logis. Apparemment, ils n’ont pas fait de prisonniers.
*
Dans ce vide grenier, je croise un pas vu depuis longtemps qui me salue, que je salue. Il replonge aussitôt les yeux dans le carton de vinyles qu’il explorait, signifiant par là qu’il ne tient pas à engager la conversation, comme nous le faisions autrefois. Cela m’arrange.
Au début du premier confinement, comme il n’est pas sur les réseaux dits sociaux, je lui ai envoyé un mail pour lui demander comment il allait et comment il vivait cet enfermement. Il m’a répondu qu’avec ses congélateurs pleins (y compris de pain), il pouvait ne pas sortir pendant un an. Dans son mail, il ne parlait que de lui, pas un mot pour me demander comment j’allais et comment je vivais ça. J’ai décidé de ne plus jamais lui écrire.
*
Il en est d’autres à qui je ne demande plus de leurs nouvelles. Cette période m’a ouvert les yeux. Je me suis lassé de poser des questions auxquelles on ne répondait pas, d’offrir des livres dont on ne me disait jamais si on les avait lus et ce qu’on en avait pensé.
*
Ne plus m’en soucier, ne plus acheter de livres pour eux, traiter les autres comme ils me traitent, il m’aura fallu bien du temps pour m’y résigner.
Sur le parvis de la Cathédrale je trouve des voitures de la Police et les fonctionnaires le nez en l’air. « Y en a qui sont montés là-haut », apprends-je d’un badaud.
Ce n’est pas la première fois que des intrépides profitent de la présence d’échafaudages jusqu’à moitié de la flèche. Certains ont fait de leur exploit une vidéo impressionnante visible sur YouTube, après être redescendus sans se faire gauler.
Les exposants des quais sont surtout des particuliers qui proposent de la bonne marchandise. Dans les rues adjacentes, d’autres sont moins reluisants. C’est à un semi professionnel de ma connaissance que je dois de ne pas repartir bredouille. Pour cinq euros les trois (prix d’ami) deviennent miens Lettres des deux amants attribuées à Héloïse et Abélard (Gallimard), Promenade épistolaire sur la Côte Normande au XIXe siècle (Cahiers du temps) et « Je ne suis pas sortie de ma nuit » d’Annie Ernaux dans l’édition blanche de chez Gallimard.
Les Policiers sont en train de remonter dans leurs véhicules quand je regagne mon logis. Apparemment, ils n’ont pas fait de prisonniers.
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Dans ce vide grenier, je croise un pas vu depuis longtemps qui me salue, que je salue. Il replonge aussitôt les yeux dans le carton de vinyles qu’il explorait, signifiant par là qu’il ne tient pas à engager la conversation, comme nous le faisions autrefois. Cela m’arrange.
Au début du premier confinement, comme il n’est pas sur les réseaux dits sociaux, je lui ai envoyé un mail pour lui demander comment il allait et comment il vivait cet enfermement. Il m’a répondu qu’avec ses congélateurs pleins (y compris de pain), il pouvait ne pas sortir pendant un an. Dans son mail, il ne parlait que de lui, pas un mot pour me demander comment j’allais et comment je vivais ça. J’ai décidé de ne plus jamais lui écrire.
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Il en est d’autres à qui je ne demande plus de leurs nouvelles. Cette période m’a ouvert les yeux. Je me suis lassé de poser des questions auxquelles on ne répondait pas, d’offrir des livres dont on ne me disait jamais si on les avait lus et ce qu’on en avait pensé.
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Ne plus m’en soucier, ne plus acheter de livres pour eux, traiter les autres comme ils me traitent, il m’aura fallu bien du temps pour m’y résigner.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante