Encore un vide grenier organisé sur les quais hauts de Rouen, côté rive droite, et dans les rues avoisinantes, ce dimanche. Il est sept heures et demie quand je sors pour y aller.
Sur le parvis de la Cathédrale je trouve des voitures de la Police et les fonctionnaires le nez en l’air. « Y en a qui sont montés là-haut », apprends-je d’un badaud.
Ce n’est pas la première fois que des intrépides profitent de la présence d’échafaudages jusqu’à moitié de la flèche. Certains ont fait de leur exploit une vidéo impressionnante visible sur YouTube, après être redescendus sans se faire gauler.
Les exposants des quais sont surtout des particuliers qui proposent de la bonne marchandise. Dans les rues adjacentes, d’autres sont moins reluisants. C’est à un semi professionnel de ma connaissance que je dois de ne pas repartir bredouille. Pour cinq euros les trois (prix d’ami) deviennent miens Lettres des deux amants attribuées à Héloïse et Abélard (Gallimard), Promenade épistolaire sur la Côte Normande au XIXe siècle (Cahiers du temps) et « Je ne suis pas sortie de ma nuit » d’Annie Ernaux dans l’édition blanche de chez Gallimard.
Les Policiers sont en train de remonter dans leurs véhicules quand je regagne mon logis. Apparemment, ils n’ont pas fait de prisonniers.
*
Dans ce vide grenier, je croise un pas vu depuis longtemps qui me salue, que je salue. Il replonge aussitôt les yeux dans le carton de vinyles qu’il explorait, signifiant par là qu’il ne tient pas à engager la conversation, comme nous le faisions autrefois. Cela m’arrange.
Au début du premier confinement, comme il n’est pas sur les réseaux dits sociaux, je lui ai envoyé un mail pour lui demander comment il allait et comment il vivait cet enfermement. Il m’a répondu qu’avec ses congélateurs pleins (y compris de pain), il pouvait ne pas sortir pendant un an. Dans son mail, il ne parlait que de lui, pas un mot pour me demander comment j’allais et comment je vivais ça. J’ai décidé de ne plus jamais lui écrire.
*
Il en est d’autres à qui je ne demande plus de leurs nouvelles. Cette période m’a ouvert les yeux. Je me suis lassé de poser des questions auxquelles on ne répondait pas, d’offrir des livres dont on ne me disait jamais si on les avait lus et ce qu’on en avait pensé.
*
Ne plus m’en soucier, ne plus acheter de livres pour eux, traiter les autres comme ils me traitent, il m’aura fallu bien du temps pour m’y résigner.
Sur le parvis de la Cathédrale je trouve des voitures de la Police et les fonctionnaires le nez en l’air. « Y en a qui sont montés là-haut », apprends-je d’un badaud.
Ce n’est pas la première fois que des intrépides profitent de la présence d’échafaudages jusqu’à moitié de la flèche. Certains ont fait de leur exploit une vidéo impressionnante visible sur YouTube, après être redescendus sans se faire gauler.
Les exposants des quais sont surtout des particuliers qui proposent de la bonne marchandise. Dans les rues adjacentes, d’autres sont moins reluisants. C’est à un semi professionnel de ma connaissance que je dois de ne pas repartir bredouille. Pour cinq euros les trois (prix d’ami) deviennent miens Lettres des deux amants attribuées à Héloïse et Abélard (Gallimard), Promenade épistolaire sur la Côte Normande au XIXe siècle (Cahiers du temps) et « Je ne suis pas sortie de ma nuit » d’Annie Ernaux dans l’édition blanche de chez Gallimard.
Les Policiers sont en train de remonter dans leurs véhicules quand je regagne mon logis. Apparemment, ils n’ont pas fait de prisonniers.
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Dans ce vide grenier, je croise un pas vu depuis longtemps qui me salue, que je salue. Il replonge aussitôt les yeux dans le carton de vinyles qu’il explorait, signifiant par là qu’il ne tient pas à engager la conversation, comme nous le faisions autrefois. Cela m’arrange.
Au début du premier confinement, comme il n’est pas sur les réseaux dits sociaux, je lui ai envoyé un mail pour lui demander comment il allait et comment il vivait cet enfermement. Il m’a répondu qu’avec ses congélateurs pleins (y compris de pain), il pouvait ne pas sortir pendant un an. Dans son mail, il ne parlait que de lui, pas un mot pour me demander comment j’allais et comment je vivais ça. J’ai décidé de ne plus jamais lui écrire.
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Il en est d’autres à qui je ne demande plus de leurs nouvelles. Cette période m’a ouvert les yeux. Je me suis lassé de poser des questions auxquelles on ne répondait pas, d’offrir des livres dont on ne me disait jamais si on les avait lus et ce qu’on en avait pensé.
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Ne plus m’en soucier, ne plus acheter de livres pour eux, traiter les autres comme ils me traitent, il m’aura fallu bien du temps pour m’y résigner.