Le bus Quatre de huit heures cinq me conduit ce lundi gris à son terminus l’Hôtel de Ville de Puget-sur-Argens (L’Argens est le fleuve coulant entre le Massif des Maures et le Massif de l’Estérel).
Il ne pleut pas à mon arrivée dans ce petit bourg d’arrière-pays. Je ne mets guère de temps à le visiter en parcourant les quelques rues typiques avec climatiseurs sur les façades. Deux bâtiments remarquables : une jolie petite église en pierre et un élégant campanile. Entre les deux : le Grand Café de la Place. Il est hélas fermé. Rien ne peut me retenir ici.
Je monte dans le premier bus Quatre et en descends à l’arrêt Gare Routière de Fréjus. Je constate avec plaisir que les rues du centre sont piétonnières vingt-quatre heures sur vingt-quatre, fermées par de sévères bornes escamotables. Les gars de la ville terminent d’ôter les bottes de paille « 100 % Nature ». Un café est le bienvenu que je prends en terrasse au Bar Tabac du Marché situé au carrefour le plus animé et dont la serveuse est toujours aussi peu aimable.
Je lis là Lettres à Madame Hanska. Une femme tient à informer l’ensemble de la clientèle de ses grosses crises d’angoisse en téléphonant à son psychiatre de qui elle veut un rendez-vous en urgence « J’arrive pas à pas penser ». Le sentiment de l’abandon et de la solitude où je suis me poigne écrit Balzac le samedi premier octobre mil huit cent trente-six. La serveuse ne veut pas être en reste : « Avant j’étais une warrior mais maintenant avec l’âge que j’ai ». Je me demande qui va bien. Quand elle en a marre de me voir, cette serveuse enlève ma tasse vide. Il me reste le verre d’eau et ma mauvaise volonté à libérer la place.
Rien ne me convenant pour déjeuner dans ce centre ville, je décide de rejoindre Fréjus-Plage avec la navette A. Le soleil tente une percée quand je descends à l’arrêt République. Je longe la mer jusqu’au Kashmir pour déjeuner à volonté et ensuite dans l’autre sens jusqu’au Coq Hardi pour le café. Pas pour le prix dérisoire du noir breuvage qu’on y pratique mais parce que les serveurs sont beaucoup plus agréables que celui de l’après-midi au Café Kro. Ma voisine de table voit son billet de vingt euros refusé par le contrôle. « Il n’est peut-être pas faux mais il est vieux, c’est peut-être pour ça » lui dit le serveur. « Ça ne fait rien, dit-elle, je le passerai au marché dimanche, ils n’ont pas de machine. »
*
Balzac, le samedi premier octobre mil huit cent trente-six : Je perds parfois le sens de la verticalité, qui est dans le cervelet, même dans mon lit… C’est ce qu’on appelle une histoire à dormir debout.
Il ne pleut pas à mon arrivée dans ce petit bourg d’arrière-pays. Je ne mets guère de temps à le visiter en parcourant les quelques rues typiques avec climatiseurs sur les façades. Deux bâtiments remarquables : une jolie petite église en pierre et un élégant campanile. Entre les deux : le Grand Café de la Place. Il est hélas fermé. Rien ne peut me retenir ici.
Je monte dans le premier bus Quatre et en descends à l’arrêt Gare Routière de Fréjus. Je constate avec plaisir que les rues du centre sont piétonnières vingt-quatre heures sur vingt-quatre, fermées par de sévères bornes escamotables. Les gars de la ville terminent d’ôter les bottes de paille « 100 % Nature ». Un café est le bienvenu que je prends en terrasse au Bar Tabac du Marché situé au carrefour le plus animé et dont la serveuse est toujours aussi peu aimable.
Je lis là Lettres à Madame Hanska. Une femme tient à informer l’ensemble de la clientèle de ses grosses crises d’angoisse en téléphonant à son psychiatre de qui elle veut un rendez-vous en urgence « J’arrive pas à pas penser ». Le sentiment de l’abandon et de la solitude où je suis me poigne écrit Balzac le samedi premier octobre mil huit cent trente-six. La serveuse ne veut pas être en reste : « Avant j’étais une warrior mais maintenant avec l’âge que j’ai ». Je me demande qui va bien. Quand elle en a marre de me voir, cette serveuse enlève ma tasse vide. Il me reste le verre d’eau et ma mauvaise volonté à libérer la place.
Rien ne me convenant pour déjeuner dans ce centre ville, je décide de rejoindre Fréjus-Plage avec la navette A. Le soleil tente une percée quand je descends à l’arrêt République. Je longe la mer jusqu’au Kashmir pour déjeuner à volonté et ensuite dans l’autre sens jusqu’au Coq Hardi pour le café. Pas pour le prix dérisoire du noir breuvage qu’on y pratique mais parce que les serveurs sont beaucoup plus agréables que celui de l’après-midi au Café Kro. Ma voisine de table voit son billet de vingt euros refusé par le contrôle. « Il n’est peut-être pas faux mais il est vieux, c’est peut-être pour ça » lui dit le serveur. « Ça ne fait rien, dit-elle, je le passerai au marché dimanche, ils n’ont pas de machine. »
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Balzac, le samedi premier octobre mil huit cent trente-six : Je perds parfois le sens de la verticalité, qui est dans le cervelet, même dans mon lit… C’est ce qu’on appelle une histoire à dormir debout.