« On ouvre tous les jours à sept heures », m’a dit la serveuse du Café Kro. Je le trouve fermé à sept heures vingt ce dimanche. Heureusement, deux cases plus loin, le Caraïbe est ouvert. Y sont attablés des commerçants du marché. J’accompagne mon pain au chocolat de la Boulangerie du Soleil (qui, elle, ouvre bien tous les jours à sept heures) d’un allongé verre d’eau à deux euros. Le gars de la propreté des rues se charge aussi de la poubelle du bar puis il y boit un café peut-être gratuit.
C’est le jour où je reste en ville.
Dans la fraîcheur du matin et sous un ciel un peu voilé, ma déambulation me fait passer devant la Mairie aux murs bleu-blanc-rouge puis j’entre dans le Quartier des Arts composé de quelques rues piétonnières bordées d’immeubles typiques du sud de la France. Se trouve là, jouxtée d’une tour de guet carrée, l’église romane du douzième siècle San Rafeu dans laquelle je ne peux entrer.
Je vais ensuite voir de près la Basilique Notre-Dame de la Victoire de style néo byzantin. On y donne la messe de huit heures. Le prêtre raconte l’histoire de la femme « surprise en situation d’adultère », qu’il est question de lapider, que celui qui, etc. On entre ici à la messe quand on veut et on la quitte quand on veut. Ce libre-service divin est agrémenté par la présence de deux clochards, un dedans et un dehors.
Je fais une photo de l’énorme bâtiment, une autre de la Grande Roue et direction le Café Kro. « Votre collègue m’a dit que ça ouvrait à sept heures le matin », dis-je au serveur qui m’apporte un café vert d’eau. « Heu, sept heures on est là, sept heures trente on commence le service. » Je ne lui dis pas qu’à sept heures vingt, il n’y avait personne.
A ma droite, un couple main dans la main, pas neufs tous les deux, mais venant de se rencontrer sûrement. « T’es amoureux ? » lui demande-t-elle. « Oui et toi ? » Elle se tait. « Réponds-moi quand je te pose une question », s’énerve-t-il. Ce flamboyant bonheur est entravé de ronces, d’épines et de cailloux. commente Balzac. A ma gauche, un autre couple, non débutant. « Bon, dit-il, je vais aller acheter un gratte-gratte, après je fais mon loto sportif, après on avisera. »
Je vais continuer ma lecture sur un banc au soleil, face à la mer, dos au marché. C’est un marché pour pauvres avec des vêtements à dix, quinze, vingt euros. Une vendeuse promeut quelque chose qui sécurise les cartes bancaires sans les démagnétiser. « Protégez-vous, messieurs dames, il y a des vols, c’est encore passé aux infos. » Une femme distribue des tracts « pour soutenir Marine et sauver la démocratie ». Elle ne vient pas m’en proposer un. Un type qui lit, ce n’est pas pour nous, doit-elle se dire.
A midi, je déjeune entre le Caraïbe et le Café Kro, à la pizzeria La Bocca : salade de chèvre chaud, pizza Delizia et glace vanille rhum raisin pour vingt-trois euros quatre-vingt-dix, avec vue sur le marché qui se termine. Comme voisinage immédiat, j’ai un vieux couple. Elle avec une visière de casquette sans casquette. Lui avec, fixés sur sa monture pour la vue, des verres contre le soleil qui se lèvent. Comme vue, il a son épouse plongée dans son smartphone. Durant ce repas dont je ne suis pas mécontent, règne une effervescence de tous les instants, côté personnel. Quand je sors à treize heures, stagne une file d’attente, côté clientèle.
*
Au Vieux-Port de Saint-Raphael, une stèle à la gloire de Bonaparte « ayant conquis l’Égypte à la France » (sic, comme on dit).
*
Sur la promenade, c’est le retour des femmes en pantalon ou en robe qui promènent leur homme en pantacourt (c’est leur petit garçon).
*
Nombre de célébrités ont villégiaturé à Saint-Raphaël. Charles Gounod y aurait composé Roméo et Juliette. Francis Scott Fitzgerald y a écrit Tendre est la nuit.
C’est le jour où je reste en ville.
Dans la fraîcheur du matin et sous un ciel un peu voilé, ma déambulation me fait passer devant la Mairie aux murs bleu-blanc-rouge puis j’entre dans le Quartier des Arts composé de quelques rues piétonnières bordées d’immeubles typiques du sud de la France. Se trouve là, jouxtée d’une tour de guet carrée, l’église romane du douzième siècle San Rafeu dans laquelle je ne peux entrer.
Je vais ensuite voir de près la Basilique Notre-Dame de la Victoire de style néo byzantin. On y donne la messe de huit heures. Le prêtre raconte l’histoire de la femme « surprise en situation d’adultère », qu’il est question de lapider, que celui qui, etc. On entre ici à la messe quand on veut et on la quitte quand on veut. Ce libre-service divin est agrémenté par la présence de deux clochards, un dedans et un dehors.
Je fais une photo de l’énorme bâtiment, une autre de la Grande Roue et direction le Café Kro. « Votre collègue m’a dit que ça ouvrait à sept heures le matin », dis-je au serveur qui m’apporte un café vert d’eau. « Heu, sept heures on est là, sept heures trente on commence le service. » Je ne lui dis pas qu’à sept heures vingt, il n’y avait personne.
A ma droite, un couple main dans la main, pas neufs tous les deux, mais venant de se rencontrer sûrement. « T’es amoureux ? » lui demande-t-elle. « Oui et toi ? » Elle se tait. « Réponds-moi quand je te pose une question », s’énerve-t-il. Ce flamboyant bonheur est entravé de ronces, d’épines et de cailloux. commente Balzac. A ma gauche, un autre couple, non débutant. « Bon, dit-il, je vais aller acheter un gratte-gratte, après je fais mon loto sportif, après on avisera. »
Je vais continuer ma lecture sur un banc au soleil, face à la mer, dos au marché. C’est un marché pour pauvres avec des vêtements à dix, quinze, vingt euros. Une vendeuse promeut quelque chose qui sécurise les cartes bancaires sans les démagnétiser. « Protégez-vous, messieurs dames, il y a des vols, c’est encore passé aux infos. » Une femme distribue des tracts « pour soutenir Marine et sauver la démocratie ». Elle ne vient pas m’en proposer un. Un type qui lit, ce n’est pas pour nous, doit-elle se dire.
A midi, je déjeune entre le Caraïbe et le Café Kro, à la pizzeria La Bocca : salade de chèvre chaud, pizza Delizia et glace vanille rhum raisin pour vingt-trois euros quatre-vingt-dix, avec vue sur le marché qui se termine. Comme voisinage immédiat, j’ai un vieux couple. Elle avec une visière de casquette sans casquette. Lui avec, fixés sur sa monture pour la vue, des verres contre le soleil qui se lèvent. Comme vue, il a son épouse plongée dans son smartphone. Durant ce repas dont je ne suis pas mécontent, règne une effervescence de tous les instants, côté personnel. Quand je sors à treize heures, stagne une file d’attente, côté clientèle.
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Au Vieux-Port de Saint-Raphael, une stèle à la gloire de Bonaparte « ayant conquis l’Égypte à la France » (sic, comme on dit).
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Sur la promenade, c’est le retour des femmes en pantalon ou en robe qui promènent leur homme en pantacourt (c’est leur petit garçon).
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Nombre de célébrités ont villégiaturé à Saint-Raphaël. Charles Gounod y aurait composé Roméo et Juliette. Francis Scott Fitzgerald y a écrit Tendre est la nuit.