La chose à faire ce samedi avant de quitter mon logis Air Bibi, c’est de décrocher de la patère mon vêtement de pluie pour le fourrer dans mon sac à dos. Le ciel est gris foncé quand je longe le Vieux-Port avec en point de mire les néons du Café Kro.
Quand c’est la serveuse, il ouvre bien à sept heures. Je connais ses jours de travail. Un client en terrasse et moi à l’intérieur, elle n’est pas débordée mais elle doit aussi faire le ménage.
Ce samedi, malgré la pluie plus ou moins annoncée, je monte dans le bus Quatorze. Il m’emmène à la Gare Routière de Fréjus. Je découvre qu’ici c’est jour de fête avec l’opération « Fréjus 100 % Nature », une foire commerciale avec des plantes, des fleurs, des moutons, des ânes et des animations pour les petits et pour les grands. Au moins, cette fête au village débarrasse-t-elle le centre-ville des voitures.
Fréjus s’avère plus belle que je ne le pensais. Je fais le tour de la vieille ville aux maisons colorées, passe devant le Théâtre de Poche, contourne la Cathédrale et son Palais Archiépiscopal en travaux, suis la flèche vers les Arènes. Celles-ci trouvées, je n’en vois que l’extérieur car l’entrée est payante. Près d’elles est le beau bâtiment d’une ancienne coopérative vinicole. Dégradé, il est promis à la démolition. Je la photographie avant sa disparition.
Remonté dans la vieille ville sous un petit soleil timide, je m’offre un café à un euro soixante en terrasse au Bar Tabac du Marché. Il m’est servi par une femme mal aimable à souite Mickey que je soupçonne être de ceux qui ont mis à la tête de cette commune un Maire Rassemblement National. Passent à pied des membres de la Brigade Environnementale.
Dix heures dix, c’est le moment où déboule la foule. Il est temps de déguerpir. Le bus Un a pour terminus la Gare Routière de Saint-Raphaël. J’en descends à l’arrêt République sur la Plage de Fréjus, à hauteur de mon banc préféré. J’y lis Lettres à Madame Hanska. La vie aura été pour moi la plus douloureuse des plaisanteries, écrit Balzac à son Ukrainienne le mercredi vingt-trois mars mil huit cent trente. Et quand je vois que ce qu’il me reste à parcourir de la vie est la moitié la moins heureuse, la moins active, la moins aimée, la moins aimable, je ne suis pas exempt d’une mélancolie qui a des larmes, ajoute-t-il le lendemain. Peu avant midi, des tracteurs anciens surgissent, fumant et pétaradant, de belles bêtes mécaniques « 100 % Nature ». Certains sont surmontés d’un drapeau tricolore « On est chez nous ».
Pour déjeuner, je retourne à La Bocca qui a la même direction, je pense, que le Café Kro. Je prends la même entrée, la même pizza, le même dessert, à la même table que l’autre fois. Un groupe de cinq commande une bouteille de champagne. Il y a sans doute quelque chose à fêter, mais ils le cachent bien.
Mon café verre d’eau lecture, c’est à côté et à l’intérieur. Pas une goutte d’eau n’est tombée lorsque je rentre à mon logement provisoire.
*
A Fréjus aussi, vues depuis les cars Zou !, des ruines romaines, une salle d’« escrime moderne et théâtrale » et un temple bouddhique, la Pagode Hong-Hien.
Il existe aussi une Mosquée Soudanaise et une Chapelle Cocteau, pas vues car excentrées.
*
Fréjus est pour toujours associée à l’un de mes traumatismes d’enfance : la rupture du Barrage de Malpasset (quatre cents vingt-trois morts). C’était en mil neuf cent cinquante-neuf. J’avais huit ans. Je m’en souviens parfaitement. La radio diffusait les informations à chaque repas familial et comme il était interdit de parler à table…
Autre traumatisme d’enfance à la même époque : le tremblement de terre d’Agadir.
Quand c’est la serveuse, il ouvre bien à sept heures. Je connais ses jours de travail. Un client en terrasse et moi à l’intérieur, elle n’est pas débordée mais elle doit aussi faire le ménage.
Ce samedi, malgré la pluie plus ou moins annoncée, je monte dans le bus Quatorze. Il m’emmène à la Gare Routière de Fréjus. Je découvre qu’ici c’est jour de fête avec l’opération « Fréjus 100 % Nature », une foire commerciale avec des plantes, des fleurs, des moutons, des ânes et des animations pour les petits et pour les grands. Au moins, cette fête au village débarrasse-t-elle le centre-ville des voitures.
Fréjus s’avère plus belle que je ne le pensais. Je fais le tour de la vieille ville aux maisons colorées, passe devant le Théâtre de Poche, contourne la Cathédrale et son Palais Archiépiscopal en travaux, suis la flèche vers les Arènes. Celles-ci trouvées, je n’en vois que l’extérieur car l’entrée est payante. Près d’elles est le beau bâtiment d’une ancienne coopérative vinicole. Dégradé, il est promis à la démolition. Je la photographie avant sa disparition.
Remonté dans la vieille ville sous un petit soleil timide, je m’offre un café à un euro soixante en terrasse au Bar Tabac du Marché. Il m’est servi par une femme mal aimable à souite Mickey que je soupçonne être de ceux qui ont mis à la tête de cette commune un Maire Rassemblement National. Passent à pied des membres de la Brigade Environnementale.
Dix heures dix, c’est le moment où déboule la foule. Il est temps de déguerpir. Le bus Un a pour terminus la Gare Routière de Saint-Raphaël. J’en descends à l’arrêt République sur la Plage de Fréjus, à hauteur de mon banc préféré. J’y lis Lettres à Madame Hanska. La vie aura été pour moi la plus douloureuse des plaisanteries, écrit Balzac à son Ukrainienne le mercredi vingt-trois mars mil huit cent trente. Et quand je vois que ce qu’il me reste à parcourir de la vie est la moitié la moins heureuse, la moins active, la moins aimée, la moins aimable, je ne suis pas exempt d’une mélancolie qui a des larmes, ajoute-t-il le lendemain. Peu avant midi, des tracteurs anciens surgissent, fumant et pétaradant, de belles bêtes mécaniques « 100 % Nature ». Certains sont surmontés d’un drapeau tricolore « On est chez nous ».
Pour déjeuner, je retourne à La Bocca qui a la même direction, je pense, que le Café Kro. Je prends la même entrée, la même pizza, le même dessert, à la même table que l’autre fois. Un groupe de cinq commande une bouteille de champagne. Il y a sans doute quelque chose à fêter, mais ils le cachent bien.
Mon café verre d’eau lecture, c’est à côté et à l’intérieur. Pas une goutte d’eau n’est tombée lorsque je rentre à mon logement provisoire.
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A Fréjus aussi, vues depuis les cars Zou !, des ruines romaines, une salle d’« escrime moderne et théâtrale » et un temple bouddhique, la Pagode Hong-Hien.
Il existe aussi une Mosquée Soudanaise et une Chapelle Cocteau, pas vues car excentrées.
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Fréjus est pour toujours associée à l’un de mes traumatismes d’enfance : la rupture du Barrage de Malpasset (quatre cents vingt-trois morts). C’était en mil neuf cent cinquante-neuf. J’avais huit ans. Je m’en souviens parfaitement. La radio diffusait les informations à chaque repas familial et comme il était interdit de parler à table…
Autre traumatisme d’enfance à la même époque : le tremblement de terre d’Agadir.