Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
12 janvier 2018
« Le placement numéroté est suspendu jusqu’en février pour cause de repositionnement des voitures de première classe dans les trains », annonce une voix masculine peu de temps avant l’arrivée du sept heures cinquante-neuf pour Paris. Voilà une sage décision. Je m’étais déjà inquiété de savoir les plus aisés installés à l’avant des trains alors qu’en cas d’accident le danger de mort y est pire que dans les voitures centrales. La Senecefe va y mettre bon ordre et des pauvres ou des modestes.
Je m’installe au milieu du train, voiture Quatorze, et y lis Autoportrait d’Edouard Levé que publia Paul Otchakovsky-Laurens, lequel est mort en début du mois à Marie-Galante dans un accident de voiture. Je n’aime pas le son d’une famille dans le train, écrivait Levé. Pas de souci de cet ordre ce mercredi matin. Ma voisine la plus proche a aussi un livre en main, couvert de papier vert, ou bien qu’elle soit particulièrement soigneuse, ou bien qu’elle ne veuille pas montrer quoi.
La pluie vient de cesser lorsque je sors de la station de métro Ledru-Rollin. Le Café du Faubourg vient de rebaptiser sa partie restaurant du bobo nom de cantine (brasserie cela sent trop la sueur). J’y lis dans Le Parisien la relation de l’incendie volontaire à Créteil d’une épicerie casher déjà marquée de croix gammées dont le gérant est musulman, un triste évènement peu évoqué par les radios et les télés. Le café bu, je suis devant le rideau de Book-Off quand celui-ci se lève.
Ressorti avec quelques livres, je passe au marché d’Aligre. Les deux principaux vendeurs de livres n’y sont pas, découragés par la pluie annoncée, mais chez un autre j’achète pour deux euros les Œuvres complètes de Louis Pergaud dans l’édition qu’en fit le Club Diderot en mil neuf cent soixante-dix.
Je rejoins la Bastille et entre un peu avant midi au Rempart, rue Saint-Antoine. Velouté poireaux courgettes, bourguignon pommes vapeur et verre de vin italien un peu jeune, cela fait seize euros cinquante. L’addition réglée, je n’ai pas loin à marcher pour rejoindre La maison rouge, boulevard de la Bastille.
*
Normandie nue sur le flanc des bus parisiens. L’annonce de ce film de Philippe Le Guay est aussi sur les écrans de la gare de Rouen. On y voit neuf quinquagénaires habillés campagnard (huit hommes et une femme) « prêts à tout pour sauver leur village ». Ils se tiennent debout dans un champ où doivent pousser les navets.
*
Dans le métro, une jeune femme lit le posthume de Jean d’Ormesson Et moi, je vis toujours (Gallimard).
A la radio, j’ai capté une émission où une femme pleine d’esprit racontait des anecdotes désuètes, ce n’est que lorsque l’interviewer a nommé son interlocuteur que j’ai compris qu’il s’agissait de Jean d’Ormesson. a écrit Edouard Levé dans son Autoportrait.
*
Parmi les livres achetés un euro chez Book-Off : Mon année Salinger de Joanna Smith Rakoff (Albin Michel), L’indiscrétion des frères Goncourt de Roger Kempf (Grasset) et la première édition française d’Animal Farm de George Orwell par Gallimard sous le titre La République des Animaux, « fable traduite de l’anglais » (par qui ? ce n’est pas écrit ; on ne faisait aucun cas du traducteur en mil neuf cent soixante-quatre).
Je m’installe au milieu du train, voiture Quatorze, et y lis Autoportrait d’Edouard Levé que publia Paul Otchakovsky-Laurens, lequel est mort en début du mois à Marie-Galante dans un accident de voiture. Je n’aime pas le son d’une famille dans le train, écrivait Levé. Pas de souci de cet ordre ce mercredi matin. Ma voisine la plus proche a aussi un livre en main, couvert de papier vert, ou bien qu’elle soit particulièrement soigneuse, ou bien qu’elle ne veuille pas montrer quoi.
La pluie vient de cesser lorsque je sors de la station de métro Ledru-Rollin. Le Café du Faubourg vient de rebaptiser sa partie restaurant du bobo nom de cantine (brasserie cela sent trop la sueur). J’y lis dans Le Parisien la relation de l’incendie volontaire à Créteil d’une épicerie casher déjà marquée de croix gammées dont le gérant est musulman, un triste évènement peu évoqué par les radios et les télés. Le café bu, je suis devant le rideau de Book-Off quand celui-ci se lève.
Ressorti avec quelques livres, je passe au marché d’Aligre. Les deux principaux vendeurs de livres n’y sont pas, découragés par la pluie annoncée, mais chez un autre j’achète pour deux euros les Œuvres complètes de Louis Pergaud dans l’édition qu’en fit le Club Diderot en mil neuf cent soixante-dix.
Je rejoins la Bastille et entre un peu avant midi au Rempart, rue Saint-Antoine. Velouté poireaux courgettes, bourguignon pommes vapeur et verre de vin italien un peu jeune, cela fait seize euros cinquante. L’addition réglée, je n’ai pas loin à marcher pour rejoindre La maison rouge, boulevard de la Bastille.
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Normandie nue sur le flanc des bus parisiens. L’annonce de ce film de Philippe Le Guay est aussi sur les écrans de la gare de Rouen. On y voit neuf quinquagénaires habillés campagnard (huit hommes et une femme) « prêts à tout pour sauver leur village ». Ils se tiennent debout dans un champ où doivent pousser les navets.
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Dans le métro, une jeune femme lit le posthume de Jean d’Ormesson Et moi, je vis toujours (Gallimard).
A la radio, j’ai capté une émission où une femme pleine d’esprit racontait des anecdotes désuètes, ce n’est que lorsque l’interviewer a nommé son interlocuteur que j’ai compris qu’il s’agissait de Jean d’Ormesson. a écrit Edouard Levé dans son Autoportrait.
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Parmi les livres achetés un euro chez Book-Off : Mon année Salinger de Joanna Smith Rakoff (Albin Michel), L’indiscrétion des frères Goncourt de Roger Kempf (Grasset) et la première édition française d’Animal Farm de George Orwell par Gallimard sous le titre La République des Animaux, « fable traduite de l’anglais » (par qui ? ce n’est pas écrit ; on ne faisait aucun cas du traducteur en mil neuf cent soixante-quatre).
11 janvier 2018
Grimpé sur un tabouret, je prends des risques ce mardi matin en changeant l’ampoule électrique de mon escalier, laquelle est située au-dessus de cinq ou six mètres de vide. Plus de dix-huit ans que je vis dans cet appartement mais c’est la première fois que je dois me livrer à cette opération. Celle que j’enlève est une vieille comme on n’en fait plus, couverte de peinture, datant d’un temps où l’obsolescence n’était pas programmée. Celle que j’installe promet des économies d’énergie.
Heureux de me tirer indemne de cette action risquée, je décide de m’offrir un déjeuner à l’extérieur. Lors de la tempête Eleanor, l’étiquette demandant d’exempter ma boîte à lettres de publicités s’est à moitié décollée. Une main humaine a achevé de la ruiner. Avant d’avoir pris le temps d’en remettre une, j’ai été destinataire d’une liasse de publicités, parmi lesquelles Rouen Magazine, l’organe officiel de la municipalité, et le dépliant d’un restaurant japonais nommé Sushi appartenant à la chaîne Sushi Tong installé place de la République. Sans cette pub, je n’aurais pas connu son existence avant un moment. Je ne passe guère souvent par cet endroit depuis que je n’ai plus de voiture.
C’est donc là que je me rends ce mardi midi. Le lieu a bien changé. Je l’ai connu nommé L’Agriculture, brasserie bien de chez nous, un peu décatie, puis restaurant chinois d’apparence encore plus miséreuse. Tout a été refait. La responsable me mène à une table d’où j’ai vue sur le quai haut et j’étudie la carte. Un menu à volonté est proposé contre la modique somme de douze euros quatre-vingts. Point de buffet ici, il faut cocher les petites cases sur des fiches puis attendre d’être servi. Pour faire patienter, un coquetèle de bienvenue est offert par la maison.
D’autres arrivent qui ont lu la publicité, dont des très vieux. L’un deux pousse une chaise roulante dans laquelle est un homme qui n’est pas forcément son fils. Je l’ai déjà vu me semble-t-il dans un concert au Kalif ou ailleurs. Le duo est rejoint par un quinquagénaire hirsute qui a le profil de l’amateur de rock et lit Télérama.
C’est leur première fois à tous trois. Ils s’inquiètent des baguettes et trouvent compliqué le choix à faire. Dès l’arrivée de leurs soupes miso, c’est la catastrophe. L’homme hirsute renverse la sienne, moitié sur la table, moitié sur lui-même. Il se lève d’un bond, sauve son smartphone et son Télérama. La responsable éponge avec flegme et efficacité.
A côté d’eux, face à moi, mange un homme seul dont la volonté est énorme (ou faible). Je suis sidéré du nombre de brochettes qu’il enfourne. Sur sa table l’attendent les trois desserts qu’il a commandés, c'est-à-dire tout ce que propose la carte.
On me reverra chez Sushi dont l’ouverture arrive à point, les nouveaux responsables du Sushi Tokyo de la rue Verte ayant fait de ce restaurant un lieu où je n’ai plus envie d’aller.
*
Devant la vitrine de la boucherie charcuterie de la Croix de Pierre un homme se signe plusieurs fois au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. S’agit-il d’un fervent animaliste ou d’un échappé de l’asile ? Je penche pour la seconde hypothèse.
*
Organisé par le Comité Commercial Saint-Marc et pompeusement nommé Foire à Tout de Rouen, un vide grenier devait avoir lieu ce dimanche quatorze janvier. Cette audacieuse initiative n’a pas résisté au principe de réalité, il est reporté au vingt et un mai. Un vide grenier en plein hiver, j’aurais bien voulu voir ça.
Heureux de me tirer indemne de cette action risquée, je décide de m’offrir un déjeuner à l’extérieur. Lors de la tempête Eleanor, l’étiquette demandant d’exempter ma boîte à lettres de publicités s’est à moitié décollée. Une main humaine a achevé de la ruiner. Avant d’avoir pris le temps d’en remettre une, j’ai été destinataire d’une liasse de publicités, parmi lesquelles Rouen Magazine, l’organe officiel de la municipalité, et le dépliant d’un restaurant japonais nommé Sushi appartenant à la chaîne Sushi Tong installé place de la République. Sans cette pub, je n’aurais pas connu son existence avant un moment. Je ne passe guère souvent par cet endroit depuis que je n’ai plus de voiture.
C’est donc là que je me rends ce mardi midi. Le lieu a bien changé. Je l’ai connu nommé L’Agriculture, brasserie bien de chez nous, un peu décatie, puis restaurant chinois d’apparence encore plus miséreuse. Tout a été refait. La responsable me mène à une table d’où j’ai vue sur le quai haut et j’étudie la carte. Un menu à volonté est proposé contre la modique somme de douze euros quatre-vingts. Point de buffet ici, il faut cocher les petites cases sur des fiches puis attendre d’être servi. Pour faire patienter, un coquetèle de bienvenue est offert par la maison.
D’autres arrivent qui ont lu la publicité, dont des très vieux. L’un deux pousse une chaise roulante dans laquelle est un homme qui n’est pas forcément son fils. Je l’ai déjà vu me semble-t-il dans un concert au Kalif ou ailleurs. Le duo est rejoint par un quinquagénaire hirsute qui a le profil de l’amateur de rock et lit Télérama.
C’est leur première fois à tous trois. Ils s’inquiètent des baguettes et trouvent compliqué le choix à faire. Dès l’arrivée de leurs soupes miso, c’est la catastrophe. L’homme hirsute renverse la sienne, moitié sur la table, moitié sur lui-même. Il se lève d’un bond, sauve son smartphone et son Télérama. La responsable éponge avec flegme et efficacité.
A côté d’eux, face à moi, mange un homme seul dont la volonté est énorme (ou faible). Je suis sidéré du nombre de brochettes qu’il enfourne. Sur sa table l’attendent les trois desserts qu’il a commandés, c'est-à-dire tout ce que propose la carte.
On me reverra chez Sushi dont l’ouverture arrive à point, les nouveaux responsables du Sushi Tokyo de la rue Verte ayant fait de ce restaurant un lieu où je n’ai plus envie d’aller.
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Devant la vitrine de la boucherie charcuterie de la Croix de Pierre un homme se signe plusieurs fois au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. S’agit-il d’un fervent animaliste ou d’un échappé de l’asile ? Je penche pour la seconde hypothèse.
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Organisé par le Comité Commercial Saint-Marc et pompeusement nommé Foire à Tout de Rouen, un vide grenier devait avoir lieu ce dimanche quatorze janvier. Cette audacieuse initiative n’a pas résisté au principe de réalité, il est reporté au vingt et un mai. Un vide grenier en plein hiver, j’aurais bien voulu voir ça.
9 janvier 2018
Nouvelle du dimanche : la mort de France Gall suite à la récidive de son cancer du sein. C’est un autre petit morceau des années Soixante, celles pendant lesquelles je fus enfant et adolescent, qui disparaît.
Bien sûr, cette chanteuse eut une carrière postérieure, dans les années Quatre-Vingt, au temps du Mythe Errant, quand Michel Berger écrivit pour elle les chansons consensuelles qui sont dans toutes les têtes, mais la seule France Gall qui m’intéresse est celle du début, celle qui notamment chantait Gainsbourg. Sans toujours comprendre les paroles, dira-t-elle plus tard.
France Gall avait dix-neuf ans quand elle enregistra Les Sucettes. Elle était depuis l’âge de dix-sept ans avec Claude François dont la réputation d’érotomane n’est pas à faire, mais je pense qu’elle disait vrai. Moi-même, qui avais quinze ans, je n’y voyais pas malice. Globalement, cette chansonnette, qui passait à toute heure à la radio, n’était entendue qu’au premier degré en ce temps-là, tout comme le fut auparavant (mil neuf cent soixante-deux) celle de Sœur Sourire Dominique (nique nique).
Aujourd’hui, Les Sucettes est une aubaine pour les adeptes du Nouvel Ordre Moral. Elle leur est argument pour condamner l’époque. La Petite que chanta France Gall en duo avec Maurice Biraud les excite pareillement. Cette chansonnette, dont les paroles sont de son père, date de mil neuf cent soixante-huit. France Gall avait vingt et un ans mais pas le pouvoir de la refuser, dira-t-elle plus tard.
En revanche, c’est elle qui, au creux de la vague, alla rechercher l’horrible Serge Gainsbourg afin qu’il lui écrive la non moins louche Les Petits Ballons. C’était en mil neuf cent soixante-douze, France Gall avait vingt-cinq ans et en paraissait beaucoup moins. La manipulée devenue manipulatrice n’en tira pas le profit escompté.
*
Bye bye France Gall, toi qui riais si bien dans Pauvre Lola de Gainsbourg (mil neuf cent soixante-quatre).
*
À peine sorti de la nuit/Et tu parles sans rire/De mourir/Attends un peu/Ce n'est pas le moment/De partir (Attends ou va-t-en, texte et musique de Serge Gainsbourg)
Bien sûr, cette chanteuse eut une carrière postérieure, dans les années Quatre-Vingt, au temps du Mythe Errant, quand Michel Berger écrivit pour elle les chansons consensuelles qui sont dans toutes les têtes, mais la seule France Gall qui m’intéresse est celle du début, celle qui notamment chantait Gainsbourg. Sans toujours comprendre les paroles, dira-t-elle plus tard.
France Gall avait dix-neuf ans quand elle enregistra Les Sucettes. Elle était depuis l’âge de dix-sept ans avec Claude François dont la réputation d’érotomane n’est pas à faire, mais je pense qu’elle disait vrai. Moi-même, qui avais quinze ans, je n’y voyais pas malice. Globalement, cette chansonnette, qui passait à toute heure à la radio, n’était entendue qu’au premier degré en ce temps-là, tout comme le fut auparavant (mil neuf cent soixante-deux) celle de Sœur Sourire Dominique (nique nique).
Aujourd’hui, Les Sucettes est une aubaine pour les adeptes du Nouvel Ordre Moral. Elle leur est argument pour condamner l’époque. La Petite que chanta France Gall en duo avec Maurice Biraud les excite pareillement. Cette chansonnette, dont les paroles sont de son père, date de mil neuf cent soixante-huit. France Gall avait vingt et un ans mais pas le pouvoir de la refuser, dira-t-elle plus tard.
En revanche, c’est elle qui, au creux de la vague, alla rechercher l’horrible Serge Gainsbourg afin qu’il lui écrive la non moins louche Les Petits Ballons. C’était en mil neuf cent soixante-douze, France Gall avait vingt-cinq ans et en paraissait beaucoup moins. La manipulée devenue manipulatrice n’en tira pas le profit escompté.
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Bye bye France Gall, toi qui riais si bien dans Pauvre Lola de Gainsbourg (mil neuf cent soixante-quatre).
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À peine sorti de la nuit/Et tu parles sans rire/De mourir/Attends un peu/Ce n'est pas le moment/De partir (Attends ou va-t-en, texte et musique de Serge Gainsbourg)
8 janvier 2018
Ce samedi matin me voici sur le trottoir devant la Poste principale de Rouen, rue de la Jeanne (d’autant plus principale qu’elle est désormais la seule de l’hypercentre). Il est neuf heures vingt-cinq et j’avais oublié que dans cette ville de province ce service public n’ouvrait ce jour qu’à neuf heures et demie. Une vingtaine de personnes désargentées me devancent, plus ou moins énervées et prêtes à bondir. Elles sont venues voir s’il y a quelque chose d’arrivé (comme elles disent), parmi lesquelles trois marginaux à chien sans laisse. Ce trio discute d’un quatrième qui vient de sortir (comprendre : de prison).
Nul doute que si ça n’ouvre pas à l’heure pile, plus d’un se dispose à taper dans la porte. Visibles à travers les vitres, les postiers sont manifestement tendus. C’est un homme à la peau noire qui se charge de faire entrer. Le groupe d’individus hostiles les uns aux autres s’engouffre par l’étroite ouverture et va faire file devant l’unique guichet.
Heureusement, je ne suis là que pour acheter des vignettes auprès d’un automate.
*
Comment se débarrasser d’un sapin déguirlandé de plus de deux mètres ? Au restaurant gastronomique étoilé L’Odas, on sait. Il suffit d’envoyer un serveur le balancer dans la rue Saint-Romain, comme je le vois faire ce vendredi matin.
Samedi matin, snobé par les éboueurs, l’arbre mort est toujours là.
Je te retrouve dimanche matin ayant parcouru une centaine de mètres jusqu’au carrefour avec ma ruelle. Enfilé dans une poubelle vide, il a été traîné là dans la nuit par des fêtards de ouiquennede.
*
L’Opéra de Florence qui change la fin de Carmen parce qu’il n’est plus possible d’applaudir le meurtre d’une femme par son amant.
Depuis quand, en applaudissant à la fin d’un spectacle, cautionne-t-on les crimes et délits qu’on y montre ou approuve-t-on les idées qu’on y exprime ?
S’il s’agit désormais de n’applaudir que les propos et les actes avec lesquels je suis d’accord, mes mains vont être souvent inactives.
*
Samedi matin aux infos de France Culture, à propos d’une note de surveillance qui aurait peut-être pu éviter le drame de Saint-Etienne-du-Rouvray, est évoqué cet attentat « qui a fait trois morts ».
Mettre sur le même plan le prêtre assassiné et les deux islamistes abattus par la Police, la victime et les coupables, je n’applaudis pas.
Nul doute que si ça n’ouvre pas à l’heure pile, plus d’un se dispose à taper dans la porte. Visibles à travers les vitres, les postiers sont manifestement tendus. C’est un homme à la peau noire qui se charge de faire entrer. Le groupe d’individus hostiles les uns aux autres s’engouffre par l’étroite ouverture et va faire file devant l’unique guichet.
Heureusement, je ne suis là que pour acheter des vignettes auprès d’un automate.
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Comment se débarrasser d’un sapin déguirlandé de plus de deux mètres ? Au restaurant gastronomique étoilé L’Odas, on sait. Il suffit d’envoyer un serveur le balancer dans la rue Saint-Romain, comme je le vois faire ce vendredi matin.
Samedi matin, snobé par les éboueurs, l’arbre mort est toujours là.
Je te retrouve dimanche matin ayant parcouru une centaine de mètres jusqu’au carrefour avec ma ruelle. Enfilé dans une poubelle vide, il a été traîné là dans la nuit par des fêtards de ouiquennede.
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L’Opéra de Florence qui change la fin de Carmen parce qu’il n’est plus possible d’applaudir le meurtre d’une femme par son amant.
Depuis quand, en applaudissant à la fin d’un spectacle, cautionne-t-on les crimes et délits qu’on y montre ou approuve-t-on les idées qu’on y exprime ?
S’il s’agit désormais de n’applaudir que les propos et les actes avec lesquels je suis d’accord, mes mains vont être souvent inactives.
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Samedi matin aux infos de France Culture, à propos d’une note de surveillance qui aurait peut-être pu éviter le drame de Saint-Etienne-du-Rouvray, est évoqué cet attentat « qui a fait trois morts ».
Mettre sur le même plan le prêtre assassiné et les deux islamistes abattus par la Police, la victime et les coupables, je n’applaudis pas.
4 janvier 2018
En fin de nuit, du fond de mon lit, je comprends que contrairement à Carmen, même pas capable de souffler jusqu’à Rouen, Eleanor n’est pas une mauviette. L’alarme de magasin qu’elle a déclenchée en témoigne. Non seulement ça souffle fort mais il pleut à fond.
Quand approche l’heure de mon train pour Paris, la situation est la même. Vais-je me faire dracher pour prendre un train qui risque d’être bloqué en route. Je choisis la sagesse et renonce. Cela m’aidera à tenir au moins une semaine ma bonne résolution : acheter moins de livres cette année.
Quand la situation s’améliore un peu, je vais en vendre à la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier puis je passe à la gare. Si la circulation des trains est interrompue entre Rouen et Le Havre ainsi qu’entre Rouen et Caen, la ligne Rouen Paris n’a pas cessé de fonctionner. Cependant comme le sept heures vingt-huit, pour lequel j’avais un billet, venant du Havre n’a pu atteindre Rouen, l’employé de la Senecefe, après consultation de ses supérieurs, accepte de me rembourser.
En rentrant je passe au Drugstore afin d’y acheter Charlie Hebdo. « Trois ans dans une boîte de conserve », est-il écrit en rouge au-dessus du titre du journal sur le dessin de Riss. Celui-ci montre par une trappe le visage d’un membre de la rédaction apeuré déclarant à celui qui se présente à la porte : « Le calendrier de Daech ? On a déjà donné. ».
L’ensemble du numéro est consacré à la vie des membres de l’équipe depuis les assassinats du sept janvier. Celle de ceux les plus protégés n’est pas enviable. Celles des autres n’ont plus. La menace est plus présente que jamais. Autre inquiétude, les ventes sont en baisse alors que le journal doit dépenser une fortune pour la sécurisation de ses locaux et leur surveillance par une police privée. Jacques Littauer, l’économiste qui a pris la suite de Bernard Maris, explique que non seulement il publie sous pseudonyme mais que personne, pas même ses parents, ne sait qu’il écrit dans Charlie Hebdo. C’est dire le courage dont fait preuve Guillaume Erner qui signe la page précédente et que j’écoute chaque matin sur France Culture au moment où j’écris.
*
Conséquence de la conjonction de la tempête Eleanor, de la pluie incessante et d’une grande marée, l’animation du jour se nomme Rouen Inondée. Toutes les constructions du bord de Seine ont l’eau à leur pied ou le pied dans l’eau. Des voitures nagent, aucune alerte locale n’ayant été donnée.
Quand approche l’heure de mon train pour Paris, la situation est la même. Vais-je me faire dracher pour prendre un train qui risque d’être bloqué en route. Je choisis la sagesse et renonce. Cela m’aidera à tenir au moins une semaine ma bonne résolution : acheter moins de livres cette année.
Quand la situation s’améliore un peu, je vais en vendre à la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier puis je passe à la gare. Si la circulation des trains est interrompue entre Rouen et Le Havre ainsi qu’entre Rouen et Caen, la ligne Rouen Paris n’a pas cessé de fonctionner. Cependant comme le sept heures vingt-huit, pour lequel j’avais un billet, venant du Havre n’a pu atteindre Rouen, l’employé de la Senecefe, après consultation de ses supérieurs, accepte de me rembourser.
En rentrant je passe au Drugstore afin d’y acheter Charlie Hebdo. « Trois ans dans une boîte de conserve », est-il écrit en rouge au-dessus du titre du journal sur le dessin de Riss. Celui-ci montre par une trappe le visage d’un membre de la rédaction apeuré déclarant à celui qui se présente à la porte : « Le calendrier de Daech ? On a déjà donné. ».
L’ensemble du numéro est consacré à la vie des membres de l’équipe depuis les assassinats du sept janvier. Celle de ceux les plus protégés n’est pas enviable. Celles des autres n’ont plus. La menace est plus présente que jamais. Autre inquiétude, les ventes sont en baisse alors que le journal doit dépenser une fortune pour la sécurisation de ses locaux et leur surveillance par une police privée. Jacques Littauer, l’économiste qui a pris la suite de Bernard Maris, explique que non seulement il publie sous pseudonyme mais que personne, pas même ses parents, ne sait qu’il écrit dans Charlie Hebdo. C’est dire le courage dont fait preuve Guillaume Erner qui signe la page précédente et que j’écoute chaque matin sur France Culture au moment où j’écris.
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Conséquence de la conjonction de la tempête Eleanor, de la pluie incessante et d’une grande marée, l’animation du jour se nomme Rouen Inondée. Toutes les constructions du bord de Seine ont l’eau à leur pied ou le pied dans l’eau. Des voitures nagent, aucune alerte locale n’ayant été donnée.
3 janvier 2018
A l’inverse de la précédente, la nuit du réveillon de Nouvel An est calme dans le quartier. Au loin, entre minuit et minuit et demi, se font entendre pétards, claque-sons et braillements masculins ainsi que des sirènes d’ambulance. Puis plus rien. La pluie et le vent ont pour vertu de calmer les ardeurs.
Une belle tempête nommée Carmen est promise pour pimenter l’après-midi de la première journée de deux mille dix-huit. Annoncée partout à grands cris, elle se fait porter pâle. Ce lundi de Nouvel An est bien décevant.
*
Des Bizet des souhaits pour tout le monde.
*
Janvier, ce mois où chaque année tu prends un coup de vœux.
*
Ceux d’Hervé Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite, sont accompagnés d’un drolatique « En 2018, la Normandie va faire parler d’elle, en France, en Europe et dans le Monde ! »
Une belle tempête nommée Carmen est promise pour pimenter l’après-midi de la première journée de deux mille dix-huit. Annoncée partout à grands cris, elle se fait porter pâle. Ce lundi de Nouvel An est bien décevant.
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Des Bizet des souhaits pour tout le monde.
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Janvier, ce mois où chaque année tu prends un coup de vœux.
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Ceux d’Hervé Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite, sont accompagnés d’un drolatique « En 2018, la Normandie va faire parler d’elle, en France, en Europe et dans le Monde ! »
2 janvier 2018
Encore une intrusion nocturne dans le jardin de la copropriété, vers la fin de la nuit du trente au trente et un, un coup d’épaule et la porte s’ouvre. Des jeunes hommes, au moins deux, se mettent à brailler afin de réveiller tout le monde puis à la première lampe qui s’allume ils prennent la fuite comme des péteux.
Au matin de ce dimanche, sorti pour acheter du pain, je découvre que ces abrutis ont fait pire à l’autre bout de la ruelle. La porte du jardin de la maison de ville où habite un jeune couple avec ses deux enfants a été pulvérisée, comme détruite par une explosion. Le mobilier de jardin est resté en place. Il semble que personne ne soit entré dans la maison.
Je fais demi-tour et appelle le Dix-Sept. Après le bobineau informant que mon numéro sera relevé et la conversation enregistrée, une policière me répond, à qui j’explique les faits. Elle me demande quelques détails. « On va envoyer du monde », conclut-elle.
Je ne connais pas ces voisins au-delà de l’aimable bonjour que nous échangeons lorsque nous nous croisons dans la ruelle ou ailleurs et j’ignore leur nom. Dans l’espoir de pouvoir les avertir, j’entre leur adresse dans la barre de recherche de Gougueule. Cela me permet d’identifier le jeune père de famille. Par le biais de la page de contact de son entreprise je lui envoie un message. Il me remercie par mail un peu plus tard, m’annonçant que lui et sa famille sont à l’étranger et vont rentrer au plus vite.
*
Affichettes sur les vitres du café qui fait angle à la Croix de Pierre ce samedi matin: « Il est formellement interdit de fumer du canabis sur la terrasse ».
Plus trace de ces affichettes ce dimanche matin, quelqu’un a dû signaler la faute d’orthographe.
Au matin de ce dimanche, sorti pour acheter du pain, je découvre que ces abrutis ont fait pire à l’autre bout de la ruelle. La porte du jardin de la maison de ville où habite un jeune couple avec ses deux enfants a été pulvérisée, comme détruite par une explosion. Le mobilier de jardin est resté en place. Il semble que personne ne soit entré dans la maison.
Je fais demi-tour et appelle le Dix-Sept. Après le bobineau informant que mon numéro sera relevé et la conversation enregistrée, une policière me répond, à qui j’explique les faits. Elle me demande quelques détails. « On va envoyer du monde », conclut-elle.
Je ne connais pas ces voisins au-delà de l’aimable bonjour que nous échangeons lorsque nous nous croisons dans la ruelle ou ailleurs et j’ignore leur nom. Dans l’espoir de pouvoir les avertir, j’entre leur adresse dans la barre de recherche de Gougueule. Cela me permet d’identifier le jeune père de famille. Par le biais de la page de contact de son entreprise je lui envoie un message. Il me remercie par mail un peu plus tard, m’annonçant que lui et sa famille sont à l’étranger et vont rentrer au plus vite.
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Affichettes sur les vitres du café qui fait angle à la Croix de Pierre ce samedi matin: « Il est formellement interdit de fumer du canabis sur la terrasse ».
Plus trace de ces affichettes ce dimanche matin, quelqu’un a dû signaler la faute d’orthographe.
29 décembre 2017
Retrouver pour un repas de fête entre deux fêtes celle pour qui je me suis beaucoup inquiété jeudi dernier, c’est la raison principale de ma présence à la gare de Rouen ce mercredi matin. Je croise donc les doigts pour que ne se reproduise pas la panne d’électricité qui la veille a paralysé la gare Saint-Lazare pendant plusieurs heures.
Tout se passe bien, je suis au Café du Faubourg à dix heures moins dix puis chez Book-Off à l’ouverture et seul client un court moment. Bientôt arrivent des parents ayant déjà du mal à supporter leurs enfants en vacances : « Allez, va voir les mangas pendant que je regarde les livres » puis la pluie incite un groupe de touristes italiens à s’intéresser à des ouvrages dont ils tentent de traduire le titre.
A midi et quart j’entre au Temps des Cerises, restaurant situé à l’endroit où la rue de la Cerisaie fait carrefour avec la rue du Petit-Musc. Celle avec qui j’ai rendez-vous dans un quart d’heure y est bien connue. Il suffit que je donne son prénom à l’aimable serveuse pour être conduit à la meilleure table de cet établissement de taille modeste à décoration paysanne. A considérer le carrefour, on pourrait aisément se croire en province tant la boulangerie et la laverie semblent du autre âge. Déjà mange une Japonaise solitaire puis s’installe un quatuor d’Italien(ne)s comprenant une allergique au gluten.
Quand elle pousse la porte, je lui trouve belle apparence. Jamais on ne pourrait penser qu’elle vient de subir une sérieuse opération. Nous l'évoquons à peine pendant l’excellent repas que nous accompagnons d’une bouteille de saint-nicolas-de-bourgueil. C’est vite complet, mélange d’habitué(e)s et de touristes. Le brouhaha nous permet de parler sans être entendus des tables voisines.
La bouteille est vide à l’issue de cet heureux moment partagé. Plutôt qu’aller travailler elle choisit de rentrer afin de se reposer. D’un coup de bus Vingt-Neuf je rejoins le second Book-Off. Parmi les livres à un euro, j’ai la chance et le plaisir de trouver Autoportrait d’Edouard Levé (P.O.L.).
*
Tout va bien à Saint-Lazare à l’heure du retour. Depuis jeudi dernier les portiques destinés à contrôler les billets avant l’accès aux trains, lesquels ont été payés par la Région Normandie selon la volonté d’Hervé Morin, sont censés être en service. Depuis jeudi dernier, ils sont en position : « Passage libre Gate open ».
Tout se passe bien, je suis au Café du Faubourg à dix heures moins dix puis chez Book-Off à l’ouverture et seul client un court moment. Bientôt arrivent des parents ayant déjà du mal à supporter leurs enfants en vacances : « Allez, va voir les mangas pendant que je regarde les livres » puis la pluie incite un groupe de touristes italiens à s’intéresser à des ouvrages dont ils tentent de traduire le titre.
A midi et quart j’entre au Temps des Cerises, restaurant situé à l’endroit où la rue de la Cerisaie fait carrefour avec la rue du Petit-Musc. Celle avec qui j’ai rendez-vous dans un quart d’heure y est bien connue. Il suffit que je donne son prénom à l’aimable serveuse pour être conduit à la meilleure table de cet établissement de taille modeste à décoration paysanne. A considérer le carrefour, on pourrait aisément se croire en province tant la boulangerie et la laverie semblent du autre âge. Déjà mange une Japonaise solitaire puis s’installe un quatuor d’Italien(ne)s comprenant une allergique au gluten.
Quand elle pousse la porte, je lui trouve belle apparence. Jamais on ne pourrait penser qu’elle vient de subir une sérieuse opération. Nous l'évoquons à peine pendant l’excellent repas que nous accompagnons d’une bouteille de saint-nicolas-de-bourgueil. C’est vite complet, mélange d’habitué(e)s et de touristes. Le brouhaha nous permet de parler sans être entendus des tables voisines.
La bouteille est vide à l’issue de cet heureux moment partagé. Plutôt qu’aller travailler elle choisit de rentrer afin de se reposer. D’un coup de bus Vingt-Neuf je rejoins le second Book-Off. Parmi les livres à un euro, j’ai la chance et le plaisir de trouver Autoportrait d’Edouard Levé (P.O.L.).
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Tout va bien à Saint-Lazare à l’heure du retour. Depuis jeudi dernier les portiques destinés à contrôler les billets avant l’accès aux trains, lesquels ont été payés par la Région Normandie selon la volonté d’Hervé Morin, sont censés être en service. Depuis jeudi dernier, ils sont en position : « Passage libre Gate open ».
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