Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
27 décembre 2018
Météo France ayant prévu le soleil après la pluie et voulant fuir la dernière journée de commerce rouennais d’avant Noël, je prends ce lundi matin le chemin de la gare. Arrivé sur place, je veux retirer à l’automate mon billet acheté la veille via Internet et ne le peux. Une guichetière m’explique que c’est impossible et que c’était écrit. Je l’ai lu en effet mais comme je peux chaque semaine retirer en gare mon billet pour Paris, cela m’a incité à ne pas tenir compte de l’avertissement. C’est un Téheuherre, me dit-elle, c’est pourquoi on ne peut pas. La peste soit de la régionalisation ! Je dois racheter un billet à demi-tarif auquel me donne droit ma carte de vieux, dite Senior Plus. Cela a pour effet de me faire voyager à plein tarif.
Ce train régional part à neuf heures quatorze et arrive à Dieppe sous un ciel gris deux minutes avant dix heures. L’un des voyageurs, venu de Paris, s’épanche auprès de celui venu le chercher :
-Tu sais pas ce qui m’est arrivé ? J’ai acheté mon billet à la machine. C’était pour le train suivant. Y en avait deux à peu près à la même heure. Je suis pas monté dans le bon. Cinquante euros d’amende.
Voilà qui relativise ma propre perte.
J’achève de m’en consoler au Tout Va Bien où l’on est d’humeur joyeuse. Un des serveurs a enfilé le costume du Père Noël et distribue des bonbons à tous les moutards passant sur le quai. L’établissement a installé une extension temporaire de terrasse en forme de téléphérique, trois cabines rouges avec une table à l’intérieur, en face de la ridiculement petite patinoire municipale. L’ambiance musicale est de saison, des noëls américains. Pas loin de la table où je lis Rien où poser sa tête de Françoise Frenkel s’installent deux très vieilles.
-Couchée neuf heures, réveillée trois heures, dit l’une à l’autre. Y avait du bruit dans la rue. Je me suis dit : si ça continue, je vais me lever.
-Un franc soixante le café, remarque l’autre sans être corrigé par son amie.
Celle-ci travaillait dans un bar quand elle était toute jeune. Un jour de Noël, un client lui avait dit « Vous savez ce qu’on fait cette nuit : on met Jésus dans la crèche. » « Ça, c’est pour les gens mariés », lui avait-elle répondu.
Le téléphone sonne :
-C’est soixante-neuf euros par personne pour le réveillon du jour de l’an, hors consommation. Non, pas de menu enfant. Il ne reste qu’une table de quatre. Tenez-nous au courant vraiment vite.
Celle qui je pense est la patronne arrive de courses :
-Je viens de Monoprix. J’ai acheté un rouleau de papier cadeau. Trois euros. C’est cher. Heureusement, il m’en reste un autre, un moche. Les gamins que j’aime bien, je vais leur mettre le beau. Les gamins que j’aime pas, je leur mettrai le papier pourri.
-Et vous ouvrez demain ? demande un habitué.
-Vous, vous allez finir dans le port.
Le soleil n’est toujours pas là quand je longe ce port à la recherche d’un restaurant ouvert, mais il fait doux et c’est marée haute, de quoi bien voir les bateaux. Le Sully a le mérite de proposer un menu à treize euros cinquante. J’y prends place à une table donnant sur le port. La serveuse et le serveur sont habillés comme on l’était pour ce travail il y a quarante ans. La déco de Noël est surabondante. Côté bande son, c’est Starmania en boucle. Je choisis les bulots à l’ail puis la dorade grillée avec pommes vapeur et prends un quart de vin blanc à six euros. A ma droite s’installent un couple de quinquagénaires et leur fils trentenaire. C’est ce dernier qui choisit le vin. « Notre œnologue préféré », explique sa mère au serveur (elle n’a pas droit au gluten).
Au milieu du repas se présente un immense navire vert à quatre cylindres dressés vers le ciel transportant des pales d’éolienne. Le pont tournant lui permet d’entrer dans le port en frôlant une maison qui n’arrive qu’à la moitié de sa hauteur. C’est le E-Ship One de la société allemande Enercon, sur sa coque « Energy for the World ».
La « pâtisserie du jour » est une salade de fruits et c’est le meilleur moment du repas.
Quand je règle l’addition, le monde est stone encore une fois. Je suis la promenade de la plage, quasi déserte, jusqu’au bout. Côté mer, le ciel est bleu mais le soleil est de l’autre côté, caché par les nuages. Quelques jolies filles nagent dans la piscine à ciel ouvert.
De retour en ville, je trouve place à ma table préférée au Café des Tribunaux qui sert de cantine à la bourgeoisie locale. Après mon café, je poursuis la lecture de Rien où poser sa tête. A ma droite, deux quinquagénaires bien mis sont rejoints par leur fille vingtenaire et son copain qui fait connaissance. A un moment, sans que je comprenne pourquoi, le ton monte entre le père et la fille. Celui-ci se lève excédé et se dirige vers la porte.
-Bon aprèm, lui lance sa descendante.
-Il est comme ça, dit la mère au peut-être futur gendre.
Je rentre par le train de seize heures. Comme chaque année, ma nuit de Noël est animée par les carillonnages de la Cathédrale où certains célèbrent la naissance du nommé Jésus. S’y ajoutent les hurlements d’Aboyus venu revoir sa Normandie pour les fêtes.
*
Cette mésaventure du billet de train payé deux fois ne va pas faire baisser mon animosité envers Herve Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite et Gilet Jaune (comme pour Wauquiez, il y a des photos). En deux mille vingt, à sa demande, la Région s’occupera aussi des trains Rouen Paris. N’ayant ni imprimante, ni mobile, cela me promet bien du plaisir.
*
Les cylindres de l’E-Ship One sont des rotors Flettner à effet Magnus permettant d’utiliser le vent comme force motrice complémentaire à la motorisation conventionnelle, apprends-je au retour.
Ce train régional part à neuf heures quatorze et arrive à Dieppe sous un ciel gris deux minutes avant dix heures. L’un des voyageurs, venu de Paris, s’épanche auprès de celui venu le chercher :
-Tu sais pas ce qui m’est arrivé ? J’ai acheté mon billet à la machine. C’était pour le train suivant. Y en avait deux à peu près à la même heure. Je suis pas monté dans le bon. Cinquante euros d’amende.
Voilà qui relativise ma propre perte.
J’achève de m’en consoler au Tout Va Bien où l’on est d’humeur joyeuse. Un des serveurs a enfilé le costume du Père Noël et distribue des bonbons à tous les moutards passant sur le quai. L’établissement a installé une extension temporaire de terrasse en forme de téléphérique, trois cabines rouges avec une table à l’intérieur, en face de la ridiculement petite patinoire municipale. L’ambiance musicale est de saison, des noëls américains. Pas loin de la table où je lis Rien où poser sa tête de Françoise Frenkel s’installent deux très vieilles.
-Couchée neuf heures, réveillée trois heures, dit l’une à l’autre. Y avait du bruit dans la rue. Je me suis dit : si ça continue, je vais me lever.
-Un franc soixante le café, remarque l’autre sans être corrigé par son amie.
Celle-ci travaillait dans un bar quand elle était toute jeune. Un jour de Noël, un client lui avait dit « Vous savez ce qu’on fait cette nuit : on met Jésus dans la crèche. » « Ça, c’est pour les gens mariés », lui avait-elle répondu.
Le téléphone sonne :
-C’est soixante-neuf euros par personne pour le réveillon du jour de l’an, hors consommation. Non, pas de menu enfant. Il ne reste qu’une table de quatre. Tenez-nous au courant vraiment vite.
Celle qui je pense est la patronne arrive de courses :
-Je viens de Monoprix. J’ai acheté un rouleau de papier cadeau. Trois euros. C’est cher. Heureusement, il m’en reste un autre, un moche. Les gamins que j’aime bien, je vais leur mettre le beau. Les gamins que j’aime pas, je leur mettrai le papier pourri.
-Et vous ouvrez demain ? demande un habitué.
-Vous, vous allez finir dans le port.
Le soleil n’est toujours pas là quand je longe ce port à la recherche d’un restaurant ouvert, mais il fait doux et c’est marée haute, de quoi bien voir les bateaux. Le Sully a le mérite de proposer un menu à treize euros cinquante. J’y prends place à une table donnant sur le port. La serveuse et le serveur sont habillés comme on l’était pour ce travail il y a quarante ans. La déco de Noël est surabondante. Côté bande son, c’est Starmania en boucle. Je choisis les bulots à l’ail puis la dorade grillée avec pommes vapeur et prends un quart de vin blanc à six euros. A ma droite s’installent un couple de quinquagénaires et leur fils trentenaire. C’est ce dernier qui choisit le vin. « Notre œnologue préféré », explique sa mère au serveur (elle n’a pas droit au gluten).
Au milieu du repas se présente un immense navire vert à quatre cylindres dressés vers le ciel transportant des pales d’éolienne. Le pont tournant lui permet d’entrer dans le port en frôlant une maison qui n’arrive qu’à la moitié de sa hauteur. C’est le E-Ship One de la société allemande Enercon, sur sa coque « Energy for the World ».
La « pâtisserie du jour » est une salade de fruits et c’est le meilleur moment du repas.
Quand je règle l’addition, le monde est stone encore une fois. Je suis la promenade de la plage, quasi déserte, jusqu’au bout. Côté mer, le ciel est bleu mais le soleil est de l’autre côté, caché par les nuages. Quelques jolies filles nagent dans la piscine à ciel ouvert.
De retour en ville, je trouve place à ma table préférée au Café des Tribunaux qui sert de cantine à la bourgeoisie locale. Après mon café, je poursuis la lecture de Rien où poser sa tête. A ma droite, deux quinquagénaires bien mis sont rejoints par leur fille vingtenaire et son copain qui fait connaissance. A un moment, sans que je comprenne pourquoi, le ton monte entre le père et la fille. Celui-ci se lève excédé et se dirige vers la porte.
-Bon aprèm, lui lance sa descendante.
-Il est comme ça, dit la mère au peut-être futur gendre.
Je rentre par le train de seize heures. Comme chaque année, ma nuit de Noël est animée par les carillonnages de la Cathédrale où certains célèbrent la naissance du nommé Jésus. S’y ajoutent les hurlements d’Aboyus venu revoir sa Normandie pour les fêtes.
*
Cette mésaventure du billet de train payé deux fois ne va pas faire baisser mon animosité envers Herve Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite et Gilet Jaune (comme pour Wauquiez, il y a des photos). En deux mille vingt, à sa demande, la Région s’occupera aussi des trains Rouen Paris. N’ayant ni imprimante, ni mobile, cela me promet bien du plaisir.
*
Les cylindres de l’E-Ship One sont des rotors Flettner à effet Magnus permettant d’utiliser le vent comme force motrice complémentaire à la motorisation conventionnelle, apprends-je au retour.
25 décembre 2018
Ce vingt-trois décembre paraît sur 76actu un article de Julien Bouteiller titré Ce Rouennais, inventeur d’un moteur à eau et alcool, contraint de s’exiler au Brésil. J’ai connu celui dont il est question, Jean Chambrin, pour une raison qui n’a rien à voir avec la mécanique, c’était l’amant de ma grand-tante Marthe.
Celle que dans la famille nous appelions la tante Marthe habitait à Rouen, rue Beauvoisine. Elle était la sœur cadette de ma grand-mère Eugénie, femme de mon grand-père Jules. Cartomancienne et radiesthésiste (je me souviens qu’elle craignait d’être poursuivie pour exercice illégal de la médecine), elle n’était pas très bien vue par mes grands-parents et par mon père, des catholiques de première. Cependant, au temps de ma petite enfance, ils ne dédaignaient pas recourir à ses services. J’ai un très vague souvenir de ma présence chez elle avec sur la table une de mes photos et au-dessus un pendule qui va et vient. Plus tard, la critique l’emporta.
Dans la maison du huit bis route de Pacy à Louviers, mes grands-parents occupaient le rez-de-chaussée et mes parents et leurs quatre enfants vivaient à l’étage. Quand la tante Marthe (assez rarement) venait voir sa sœur, elle montait dire bonjour avant de repartir. Elle était accompagnée de son amant du moment (cette succession d’hommes était une autre raison de la critiquer). C’est ainsi que, vers la fin des années soixante ou au tout début des années soixante-dix, avant que je quitte la maison, j’ai rencontré deux ou trois fois celui que dans la famille on appelait Monsieur Chambrin. Il nous parlait un peu de son moteur à eau. Quand ils évoquaient entre eux cette invention, mes parents et mes grands-parents n’y croyaient guère, et moi pareillement.
*
La tante Marthe ne s’intéressait pas à nous les enfants. Jamais elle ne nous apportait de cadeau, pas même un paquet de bonbons. Nos échanges se résumaient à un bonjour et un au revoir. Néanmoins, ma sœur, devenue adulte et davantage douée pour les relations familiales que moi, a parfois été invitée dans une maison dont elle était propriétaire à Martot dans l’Eure.
*
Un autre des amants de la tante Marthe m’a marqué. C’était bien avant Monsieur Chambrin. Mes deux frères, ma soeur et moi étions très jeunes. Ce jour-là elle a monté l’escalier et est entrée suivie d’un Africain. De peur, nous prîmes la fuite en criant « un négro un négro ». Comme je suis l’aîné, je crains que ce soit moi qui aie crié le premier. Ce n’est pas sans honte que je raconte cela. J’imagine ce qu’il a ressenti.
Nous n’avions jamais vu un homme à la peau noire ailleurs que dans des livres. Ma mère nous a grondés et lui a demandé de nous excuser.
D’où me venait ce mot de négro ? Pas de mes parents. De la cour de recréation, je suppose.
A Louviers, pendant les dix-sept années où je fus élève de l’enseignement public entre mil neuf cent cinquante-quatre et mil neuf cent soixante et onze, jamais je n’ai côtoyé un(e) élève noir(e).
Celle que dans la famille nous appelions la tante Marthe habitait à Rouen, rue Beauvoisine. Elle était la sœur cadette de ma grand-mère Eugénie, femme de mon grand-père Jules. Cartomancienne et radiesthésiste (je me souviens qu’elle craignait d’être poursuivie pour exercice illégal de la médecine), elle n’était pas très bien vue par mes grands-parents et par mon père, des catholiques de première. Cependant, au temps de ma petite enfance, ils ne dédaignaient pas recourir à ses services. J’ai un très vague souvenir de ma présence chez elle avec sur la table une de mes photos et au-dessus un pendule qui va et vient. Plus tard, la critique l’emporta.
Dans la maison du huit bis route de Pacy à Louviers, mes grands-parents occupaient le rez-de-chaussée et mes parents et leurs quatre enfants vivaient à l’étage. Quand la tante Marthe (assez rarement) venait voir sa sœur, elle montait dire bonjour avant de repartir. Elle était accompagnée de son amant du moment (cette succession d’hommes était une autre raison de la critiquer). C’est ainsi que, vers la fin des années soixante ou au tout début des années soixante-dix, avant que je quitte la maison, j’ai rencontré deux ou trois fois celui que dans la famille on appelait Monsieur Chambrin. Il nous parlait un peu de son moteur à eau. Quand ils évoquaient entre eux cette invention, mes parents et mes grands-parents n’y croyaient guère, et moi pareillement.
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La tante Marthe ne s’intéressait pas à nous les enfants. Jamais elle ne nous apportait de cadeau, pas même un paquet de bonbons. Nos échanges se résumaient à un bonjour et un au revoir. Néanmoins, ma sœur, devenue adulte et davantage douée pour les relations familiales que moi, a parfois été invitée dans une maison dont elle était propriétaire à Martot dans l’Eure.
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Un autre des amants de la tante Marthe m’a marqué. C’était bien avant Monsieur Chambrin. Mes deux frères, ma soeur et moi étions très jeunes. Ce jour-là elle a monté l’escalier et est entrée suivie d’un Africain. De peur, nous prîmes la fuite en criant « un négro un négro ». Comme je suis l’aîné, je crains que ce soit moi qui aie crié le premier. Ce n’est pas sans honte que je raconte cela. J’imagine ce qu’il a ressenti.
Nous n’avions jamais vu un homme à la peau noire ailleurs que dans des livres. Ma mère nous a grondés et lui a demandé de nous excuser.
D’où me venait ce mot de négro ? Pas de mes parents. De la cour de recréation, je suppose.
A Louviers, pendant les dix-sept années où je fus élève de l’enseignement public entre mil neuf cent cinquante-quatre et mil neuf cent soixante et onze, jamais je n’ai côtoyé un(e) élève noir(e).
24 décembre 2018
Ci-après un extrait du témoignage qu’a publié sur Touiteur le journaliste de 20 Minutes Thibaut Chevillard :
« J'ai été tellement choqué par ce que j'ai vu, ce soir, dans la ligne 4 du métro, que je ressens le besoin d'en parler ici. Je vais donc vous expliquer pourquoi, ce samedi 22 décembre, j'ai eu honte.
Un peu après 23h, nous sommes montés dans la rame à Réaumur-Sébastopol. A l'intérieur, trois gilets jaunes, un peu éméchés, hurlant : "Macron dé-mis-sion !" Il s'agissait d'hommes d'une quarantaine d'années, plutôt bon chic bon genre, qui rentraient de la manifestation.
Dans la rame, on n'entendait qu'eux. Puis la situation est partie en vrille : ils ont commencé à faire des quenelles, des quenelles "de 40". Une petite vieille, cheveux grisonnants, le dos voûté, s'est levée. Elle est allée vers eux et leur a demandé d'arrêter.
Cette femme âgée leur a dit : "Ce geste est un geste antisémite. Je suis juive, j'ai été déportée à Auschwitz, je vous demande d'arrêter." Les trois hommes n'ont pas arrêté pour autant. Ils ont rigolé, Puis l'un d'eux lui a répondu que les chambres à gaz n'existaient pas.
Un autre s'est ensuite mis à hurler : "dé-gage la vieille ! dé-gage la vieille ! dé-gage la vieille !" Son copain a enchaîné avec un bon vieux : "On est chez nous ! On est chez nous !" La petite vieille est retournée s'asseoir sous leurs insultes.
A l'arrêt suivant, elle est descendue, silencieuse, tête baissée. Eux avaient l'air très fiers de leur coup. Ils ont recommencé à scander "Ma-cron, dé-mis-sion ! Ma-cron, dé-mis-sion !" A la station Montparnasse-Bienvenüe, ils sont descendus et ont disparu au milieu de la foule. »
*
Ce même samedi le chant antisémite La Quenelle a été entendu sur les marches du Sacré-Cœur accompagné du salut nazi détourné. On a vu ce geste également chez certains Gilets Jaunes ce samedi dans les rues de Rouen. Le prétendu comique et véritable antisémite qui officiait au Théâtre de la Main d’Or s’est d’ailleurs montré il y a quelques semaines à un rond-point affublé d’un gilet jaune où il a été reçu à bras ouverts par les présents (y compris les policiers).
*
Ce même samedi, en Charente, une marionnette à l'effigie d'Emmanuel Macron a été décapitée dans une mise en scène particulièrement sanglante.
*
Vu aussi, et entendu, ce samedi matin à la télé, le chef des Gilets Jaunes de Marseille (ces gens-là n’ont pas de chefs mais en ont quand même) déclarer que grâce à l’action des Gilets Jaunes, les policiers ont eu leur salaire augmenté et Marine Le Pen a fait un bond dans les sondages sur les Européennes.
« J'ai été tellement choqué par ce que j'ai vu, ce soir, dans la ligne 4 du métro, que je ressens le besoin d'en parler ici. Je vais donc vous expliquer pourquoi, ce samedi 22 décembre, j'ai eu honte.
Un peu après 23h, nous sommes montés dans la rame à Réaumur-Sébastopol. A l'intérieur, trois gilets jaunes, un peu éméchés, hurlant : "Macron dé-mis-sion !" Il s'agissait d'hommes d'une quarantaine d'années, plutôt bon chic bon genre, qui rentraient de la manifestation.
Dans la rame, on n'entendait qu'eux. Puis la situation est partie en vrille : ils ont commencé à faire des quenelles, des quenelles "de 40". Une petite vieille, cheveux grisonnants, le dos voûté, s'est levée. Elle est allée vers eux et leur a demandé d'arrêter.
Cette femme âgée leur a dit : "Ce geste est un geste antisémite. Je suis juive, j'ai été déportée à Auschwitz, je vous demande d'arrêter." Les trois hommes n'ont pas arrêté pour autant. Ils ont rigolé, Puis l'un d'eux lui a répondu que les chambres à gaz n'existaient pas.
Un autre s'est ensuite mis à hurler : "dé-gage la vieille ! dé-gage la vieille ! dé-gage la vieille !" Son copain a enchaîné avec un bon vieux : "On est chez nous ! On est chez nous !" La petite vieille est retournée s'asseoir sous leurs insultes.
A l'arrêt suivant, elle est descendue, silencieuse, tête baissée. Eux avaient l'air très fiers de leur coup. Ils ont recommencé à scander "Ma-cron, dé-mis-sion ! Ma-cron, dé-mis-sion !" A la station Montparnasse-Bienvenüe, ils sont descendus et ont disparu au milieu de la foule. »
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Ce même samedi le chant antisémite La Quenelle a été entendu sur les marches du Sacré-Cœur accompagné du salut nazi détourné. On a vu ce geste également chez certains Gilets Jaunes ce samedi dans les rues de Rouen. Le prétendu comique et véritable antisémite qui officiait au Théâtre de la Main d’Or s’est d’ailleurs montré il y a quelques semaines à un rond-point affublé d’un gilet jaune où il a été reçu à bras ouverts par les présents (y compris les policiers).
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Ce même samedi, en Charente, une marionnette à l'effigie d'Emmanuel Macron a été décapitée dans une mise en scène particulièrement sanglante.
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Vu aussi, et entendu, ce samedi matin à la télé, le chef des Gilets Jaunes de Marseille (ces gens-là n’ont pas de chefs mais en ont quand même) déclarer que grâce à l’action des Gilets Jaunes, les policiers ont eu leur salaire augmenté et Marine Le Pen a fait un bond dans les sondages sur les Européennes.
22 décembre 2018
Le Pavillon Carré de Baudouin, qui ne portait pas encore ce nom, fut construit au dix-huitième siècle. Les frères Goncourt y passèrent une partie de leur enfance. Acheté par la ville de Paris, il dépend de la Mairie du Vingtième. Le vaste jardin et le bel édifice sont ouverts au public.
Une exposition Willy Ronis y est organisée dont ce sont les derniers jours. Elle est gratuite. L’employée municipale n’y donne pas de ticket mais clique afin de comptabiliser le nombre de visiteurs. Je lui confie mon sac à dos avant d’entrer dans la première salle.
Y sont exposées les photos du quartier Belleville Ménilmontant. M’intéressent notamment celles d’un café à trois étages, dont j’apprends qu’aujourd’hui il ne reste qu’un tas de ruines. Me plaît beaucoup celle, volée, d’une jeune fille entrant chez elle rue de la Cloche. Viennent ensuite les premières photos prises par celui dont le père était photographe de studio.
Dans l’escalier sont présentés des autoportraits pris à diverses époques. En haut à gauche une salle est consacrée aux nus (c’est-à-dire aux nues) dont le célèbre Nu provençal qui ne peut faire songer qu’à Bonnard. Mon préféré est Le nu au chiffon, celui-ci placé au bon endroit. Un moutard se présente à l’entrée de la salle, jette un œil sur l’ensemble de ces femmes dénudées et s’enfuit en clamant que c’est nul.
De l’autre côté de l’escalier se trouve une très grande salle dans laquelle de nombreuses photos sont groupées en différents thèmes : Paris, l’ailleurs (c’est-à-dire l’étranger) où l’on trouve Les béguines prise à Bruges ce qui me rappelle le délicieux béguinage parcouru bien accompagné, la province, le monde ouvrier, l’intime (c’est-à-dire la famille). La plupart sont remarquables.
« De toutes les choses inattendues, la plus inattendue, c’est la vieillesse. C’est Trotski qui a dit ça », raconte Willy Ronis dans le film diffusé en boucle, dont on peut profiter du son sans subir l’image, expliquant qu’il a abandonné la photo le jour où il lui a fallu lâcher l’appareil pour tenir des béquilles.
Je sors de cette exposition bien content et retrouve l’ascenseur de Pelleport. En passant par République, je vais à Ledru-Rollin. Dans le second Book-Off, impossible d’ignorer que c’est bientôt Noël. Que de monde ici par obligation, occupé à trouver un cadeau pas cher. Je reste moins longtemps que je l’aurais souhaité.
Dans le train du retour s’installe derrière moi un jeune couple à bébé. De quoi parlent les heureux parents pendant une heure vingt : de sieste du matin, de sieste de l’après-midi, de biberon et de tototte.
*
Sauf rares exceptions, je ne mets pas en scène, je négocie l’aléatoire. Willy Ronis dixit.
Négocier l’aléatoire, une philosophie de la vie que je fais mienne.
*
La ritournelle du moment : « Bonnes fêtes de findanet ».
Une exposition Willy Ronis y est organisée dont ce sont les derniers jours. Elle est gratuite. L’employée municipale n’y donne pas de ticket mais clique afin de comptabiliser le nombre de visiteurs. Je lui confie mon sac à dos avant d’entrer dans la première salle.
Y sont exposées les photos du quartier Belleville Ménilmontant. M’intéressent notamment celles d’un café à trois étages, dont j’apprends qu’aujourd’hui il ne reste qu’un tas de ruines. Me plaît beaucoup celle, volée, d’une jeune fille entrant chez elle rue de la Cloche. Viennent ensuite les premières photos prises par celui dont le père était photographe de studio.
Dans l’escalier sont présentés des autoportraits pris à diverses époques. En haut à gauche une salle est consacrée aux nus (c’est-à-dire aux nues) dont le célèbre Nu provençal qui ne peut faire songer qu’à Bonnard. Mon préféré est Le nu au chiffon, celui-ci placé au bon endroit. Un moutard se présente à l’entrée de la salle, jette un œil sur l’ensemble de ces femmes dénudées et s’enfuit en clamant que c’est nul.
De l’autre côté de l’escalier se trouve une très grande salle dans laquelle de nombreuses photos sont groupées en différents thèmes : Paris, l’ailleurs (c’est-à-dire l’étranger) où l’on trouve Les béguines prise à Bruges ce qui me rappelle le délicieux béguinage parcouru bien accompagné, la province, le monde ouvrier, l’intime (c’est-à-dire la famille). La plupart sont remarquables.
« De toutes les choses inattendues, la plus inattendue, c’est la vieillesse. C’est Trotski qui a dit ça », raconte Willy Ronis dans le film diffusé en boucle, dont on peut profiter du son sans subir l’image, expliquant qu’il a abandonné la photo le jour où il lui a fallu lâcher l’appareil pour tenir des béquilles.
Je sors de cette exposition bien content et retrouve l’ascenseur de Pelleport. En passant par République, je vais à Ledru-Rollin. Dans le second Book-Off, impossible d’ignorer que c’est bientôt Noël. Que de monde ici par obligation, occupé à trouver un cadeau pas cher. Je reste moins longtemps que je l’aurais souhaité.
Dans le train du retour s’installe derrière moi un jeune couple à bébé. De quoi parlent les heureux parents pendant une heure vingt : de sieste du matin, de sieste de l’après-midi, de biberon et de tototte.
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Sauf rares exceptions, je ne mets pas en scène, je négocie l’aléatoire. Willy Ronis dixit.
Négocier l’aléatoire, une philosophie de la vie que je fais mienne.
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La ritournelle du moment : « Bonnes fêtes de findanet ».
21 décembre 2018
Cet avant-dernier mercredi de deux mille dix-huit, le train pour Paris de sept heures vingt-trois (nouvel horaire) ne se fait pas attendre. Près de moi sont assises trois femmes de crèches métropolitaines allant à une réunion parisienne. Leur sujet de conversation principal : une supérieure. « Surtout elle veut qu’on soit bienveillante, dit l’une, alors tous mes mails, je les termine par Bien cordialement ». Leur espoir : finir assez tôt pour avoir le temps de faire les boutiques. Je relis l’Anthologie de l’humour noir, une façon de réviser mes classiques. Les textes d’introduction que consacre André Breton à chacun me donne envie de lire des biographies de Swift et de Lichtenberg.
A l’arrivée je vais à pied jusqu’au Book-Off de Quatre Septembre et y échange un sac de livres contre neuf euros dont je dépense deux sur place. Il est onze heures. Le métro Trois m’emmène jusqu’à Gambetta où il y a correspondance avec la Trois bis, une ligne des plus courtes, quatre stations desservies par une petite rame. J’en descends à la suivante nommée Pelleport d’où l’on sort avec un ascenseur.
Une jeune femme m’indique de quel côté la rue de Ménilmontant. Ça monte. Je la trouve à gauche, qui grimpe pareillement. J’atteins le sommet, puis descends jusqu’au carrefour avec la rue des Pyrénées. C’est là que se trouve ce qui m’amène dans le quartier, mais avant d’y entrer je cherche où déjeuner.
Le quartier manque de restaurants. Je finis par en dénicher un nommé La Nouvelle Etoile dans la rue des Pyrénées. Assez chic, il propose un menu à quinze euros. Des moutards sortis de l’école sont déjà présents avec leurs parents du côté où le serveur veut me placer. J’obtiens de m’éloigner et, dans l’autre partie de la salle, m’installe à une table ronde pour solitaire située contre une porte vitrée condamnée. Je peux ainsi observer le spectacle de la rue de ce quartier populaire, au bon sens du terme, tout en écoutant la musique jazzy. Après le feuilleté chèvre et je ne sais plus quoi, arrive le pot au feu avec un poireau comme je n’en ai pas eu dans mon assiette depuis des années. Il a l’air d’une punition. Heureusement, le côtoie un bel os à moelle. Cette moelle que je déguste à minuscule cuillère est excellente. En dessert, je choisis le millefeuille maison. Je paie vingt et un euros, quart de bon côtes-du-rhône inclus.
Il me reste à rejoindre le carrefour où se tient le Pavillon Carré de Baudouin.
*
A Ménilmontant : une menuiserie solidaire nommée Extramuros et un bureau de poste nommé Edith Piaf. C’est aujourd’hui l’anniversaire de naissance de la chanteuse, ai-je appris avant de partir. Elle serait encore vivante qu’elle aurait cent trois ans.
A l’arrivée je vais à pied jusqu’au Book-Off de Quatre Septembre et y échange un sac de livres contre neuf euros dont je dépense deux sur place. Il est onze heures. Le métro Trois m’emmène jusqu’à Gambetta où il y a correspondance avec la Trois bis, une ligne des plus courtes, quatre stations desservies par une petite rame. J’en descends à la suivante nommée Pelleport d’où l’on sort avec un ascenseur.
Une jeune femme m’indique de quel côté la rue de Ménilmontant. Ça monte. Je la trouve à gauche, qui grimpe pareillement. J’atteins le sommet, puis descends jusqu’au carrefour avec la rue des Pyrénées. C’est là que se trouve ce qui m’amène dans le quartier, mais avant d’y entrer je cherche où déjeuner.
Le quartier manque de restaurants. Je finis par en dénicher un nommé La Nouvelle Etoile dans la rue des Pyrénées. Assez chic, il propose un menu à quinze euros. Des moutards sortis de l’école sont déjà présents avec leurs parents du côté où le serveur veut me placer. J’obtiens de m’éloigner et, dans l’autre partie de la salle, m’installe à une table ronde pour solitaire située contre une porte vitrée condamnée. Je peux ainsi observer le spectacle de la rue de ce quartier populaire, au bon sens du terme, tout en écoutant la musique jazzy. Après le feuilleté chèvre et je ne sais plus quoi, arrive le pot au feu avec un poireau comme je n’en ai pas eu dans mon assiette depuis des années. Il a l’air d’une punition. Heureusement, le côtoie un bel os à moelle. Cette moelle que je déguste à minuscule cuillère est excellente. En dessert, je choisis le millefeuille maison. Je paie vingt et un euros, quart de bon côtes-du-rhône inclus.
Il me reste à rejoindre le carrefour où se tient le Pavillon Carré de Baudouin.
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A Ménilmontant : une menuiserie solidaire nommée Extramuros et un bureau de poste nommé Edith Piaf. C’est aujourd’hui l’anniversaire de naissance de la chanteuse, ai-je appris avant de partir. Elle serait encore vivante qu’elle aurait cent trois ans.
20 décembre 2018
Moralisme rancœur envie jalousie convoitise amertume aigreur dépit, en cette fin d’année deux mille dix-huit le réseau social Effe Bé est plus que jamais le déversoir des petites rancunes personnelles. Jamais le trollage ne s’y est mieux porté. Les plus anodins articles de presse y ont droit. Ainsi celui du Monde sur la façon d’augmenter la portée de sa ouifi est illico commenté par l’une « Comme si la portée de la wifi faisait le bonheur… Le bonheur ne serait-il pas au contraire d'arrêter de nous seriner des inepties et de revenir à des choses plus essentielles ? » et par un autre « Ce sont des problèmes de riches qui habitent de grands logements avec 10 pièces, mais quand on habite un petit logement pas de problèmes la connexion passe partout ! »
Ces deux stupidités étant approuvées ou discutées, les voilà affichées d’office au titre de « commentaires les plus pertinents. », et moi ne pouvant faire autrement que les lire.
Si je ne trouve pas sur Effe Bé un moyen de masquer les commentaires d’articles de journaux, je vais supprimer la presse de mon fil d’actualité.
*
Ruffin l’Insoumis qui encense Etienne Chouard lui-même encenseur de Soral, un bel exemple du rapprochement rouge brun.
Royal la Socialiste qui propose d’être numéro deux sur la liste écolo pour les Européennes, un bel exemple d’écologie punitive.
*
Benoît Marin-Curtoud dans Paris Normandie : « Le 28 août 2016, il avait été surpris par sa femme et sa fille aînée en plein ébats avec une poule. Pour sa femme, le choc a été rude. La fille aînée a conservé son sang-froid. La benjamine de la famille avait déjà surpris son père le pantalon baissé, enfermé dans le garage avec une volaille, quelques jours plus tôt. »
Ces deux stupidités étant approuvées ou discutées, les voilà affichées d’office au titre de « commentaires les plus pertinents. », et moi ne pouvant faire autrement que les lire.
Si je ne trouve pas sur Effe Bé un moyen de masquer les commentaires d’articles de journaux, je vais supprimer la presse de mon fil d’actualité.
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Ruffin l’Insoumis qui encense Etienne Chouard lui-même encenseur de Soral, un bel exemple du rapprochement rouge brun.
Royal la Socialiste qui propose d’être numéro deux sur la liste écolo pour les Européennes, un bel exemple d’écologie punitive.
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Benoît Marin-Curtoud dans Paris Normandie : « Le 28 août 2016, il avait été surpris par sa femme et sa fille aînée en plein ébats avec une poule. Pour sa femme, le choc a été rude. La fille aînée a conservé son sang-froid. La benjamine de la famille avait déjà surpris son père le pantalon baissé, enfermé dans le garage avec une volaille, quelques jours plus tôt. »
18 décembre 2018
Connaissant Bernard Frank par les articles qu’il publiait dans Le Nouvel Observateur et que je lisais rarement jusqu’au bout, je n’aurais pas acheté Les Rues de ma vie, recueil de chroniques parues dans la revue Urbanismes et reprises en volume par Le Dilettante, si je ne l’avais trouvé à un euro chez Book-Off et si le sujet n’avait été Paris. La lecture du livre de Bernard Frank m’a occupé sans m’éblouir durant un aller retour Rouen Paris.
Ce satellite de Françoise Sagan (il a souvent habité chez elle et avait la même élocution) était un adepte de la longue phrase à la Proust. Certaines sont particulièrement bien construites. En revanche, il pèche parfois quand il en fait des courtes. Ainsi ces deux, polluées par des répétitions fâcheuses (c’est moi qui souligne, comme on dit) :
Je sais qu’après l’appartement de la rue Milton qu’ils trouvaient trop grand pour eux après que mon oncle eut pris sa retraite, ils habitèrent rue Sarrette dans le 14e.
Le square devait être celui de Denis qui devait avoir trois ou quatre ans.
*
Dans Les Rues de ma vie de Bernard Frank, une longue digression sur ses chats. Un écrivain qui parle de ses chats (ou chiens ou chevaux ou autres), ça me soûle autant qu’un écrivain qui raconte ses rêves.
*
C’est de lui que j’ai hérité mon goût de la bouffe. écrit Bernard Frank pour évoquer son goût de la bonne chère. Je trouve ça horripilant. A l’oral comme à l’écrit jamais je n’emploie le mot bouffe. De même, jamais je n’emploie le mot chiottes. Je me souviens de mon accablement en trouvant ce dernier dans un livre d’Annie Ernaux.
Aucun de ces deux mots ne sortaient de la bouche de mes parents et grands-parents.
*
Au moins aussi grave que la malbouffe, le mal parler.
Ce satellite de Françoise Sagan (il a souvent habité chez elle et avait la même élocution) était un adepte de la longue phrase à la Proust. Certaines sont particulièrement bien construites. En revanche, il pèche parfois quand il en fait des courtes. Ainsi ces deux, polluées par des répétitions fâcheuses (c’est moi qui souligne, comme on dit) :
Je sais qu’après l’appartement de la rue Milton qu’ils trouvaient trop grand pour eux après que mon oncle eut pris sa retraite, ils habitèrent rue Sarrette dans le 14e.
Le square devait être celui de Denis qui devait avoir trois ou quatre ans.
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Dans Les Rues de ma vie de Bernard Frank, une longue digression sur ses chats. Un écrivain qui parle de ses chats (ou chiens ou chevaux ou autres), ça me soûle autant qu’un écrivain qui raconte ses rêves.
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C’est de lui que j’ai hérité mon goût de la bouffe. écrit Bernard Frank pour évoquer son goût de la bonne chère. Je trouve ça horripilant. A l’oral comme à l’écrit jamais je n’emploie le mot bouffe. De même, jamais je n’emploie le mot chiottes. Je me souviens de mon accablement en trouvant ce dernier dans un livre d’Annie Ernaux.
Aucun de ces deux mots ne sortaient de la bouche de mes parents et grands-parents.
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Au moins aussi grave que la malbouffe, le mal parler.
17 décembre 2018
Que de pluie ce samedi en Normandie, pas moyen de mettre le pied dehors, ce qui n’a pas que des inconvénients, car Noël plus les Gilets Jaunes, ça fait beaucoup à supporter.
Ces derniers se sont bien fait saucer à Paris, déjà trempés avant d’avoir droit au canon à eau. Voir à la télé le porte-parole complotiste s’adresser, devant l’Opéra Garnier, à la masse jaune (drapeau tricolore, Marseillaise, « Macron démission ») pour lui vanter le Ric, m’a consterné.
A de nombreux ronds-points est distribué le même tract revendiquant ce Ric. Qui est à l’origine de l’opération ? Qui a rédigé le texte ? La mise en page révèle un travail de professionnel. Quand je cherche d’où vient l’idée de ce Référendum d’Initiative Citoyenne, je tombe sur une vidéo du douteux Etienne Chouard.
*
Une femme de rond-point se plaignant que Macron n’aie pas raqué pour elle : « J’suis maman et maman c’est le plus beau des métiers. »
*
Un commentaire d’homme de rond-point après la mort du terroriste de Strasbourg : « C un meurtre comme ça personnes sera la vérité de la manipulations diabolique ».
*
Référendum d’Initiative Citoyenne, quelque chose me dit que le premier concernerait l’immigration et j’en connais déjà le résultat.
Ces derniers se sont bien fait saucer à Paris, déjà trempés avant d’avoir droit au canon à eau. Voir à la télé le porte-parole complotiste s’adresser, devant l’Opéra Garnier, à la masse jaune (drapeau tricolore, Marseillaise, « Macron démission ») pour lui vanter le Ric, m’a consterné.
A de nombreux ronds-points est distribué le même tract revendiquant ce Ric. Qui est à l’origine de l’opération ? Qui a rédigé le texte ? La mise en page révèle un travail de professionnel. Quand je cherche d’où vient l’idée de ce Référendum d’Initiative Citoyenne, je tombe sur une vidéo du douteux Etienne Chouard.
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Une femme de rond-point se plaignant que Macron n’aie pas raqué pour elle : « J’suis maman et maman c’est le plus beau des métiers. »
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Un commentaire d’homme de rond-point après la mort du terroriste de Strasbourg : « C un meurtre comme ça personnes sera la vérité de la manipulations diabolique ».
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Référendum d’Initiative Citoyenne, quelque chose me dit que le premier concernerait l’immigration et j’en connais déjà le résultat.
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