Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
9 décembre 2021
C’est un train court qui se présente, ce mercredi matin à sept heures dix en gare de Rouen, à la place du train long où j’avais une réservation en voiture Quinze. Il s’ensuit un manque de places assises. Je réussis in extrémis à me caser sur un strapontin. D’autres s’assoient sur les marches. Il en est souvent ainsi sur la ligne Le Havre Rouen Paris. Au moins ce train est-il à l’heure.
A Saint-Lazare je rejoins par les couloirs souterrains la station de métro Saint-Augustin et y prends le Neuf jusqu’à la station Iéna. Un beau ciel bleu domine la marché de l’avenue du Président-Wilson que je dois descendre jusqu’au pont de l’Alma avant de trouver un café.
Celui-là se nomme le Grand Corona et n’a pas jugé bon de changer de nom à l’apparition du virus. C’est chic et bien fréquenté. On n’y demande pas le passe sanitaire. Bien installé dans un fauteuil, je contemple la réflexion du soleil sur les dômes de la Cathédrale de la Sainte-Trinité (orthodoxe russe) et sur la Flamme de la Liberté (devenue autel à la mémoire de Princesse Diana). Ma tasse de noir breuvage me coûte trois euros cinquante. Nous sommes dans le Seizième.
A dix heures, les lourdes portes du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris s’écartent. Nous sommes une dizaine à entrer. Les passes sanitaires contrôlés, tandis que les neuf autres se dirigent vers la caisse pour acheter leur billet pour l’exposition Anni et Josef Albers, je me renseigne auprès d’une responsable sur où trouver les deux expositions gratuites qui m’amènent ici.
Ce Musée est un peu à l’ancienne. Son personnel est fort serviable. Un responsable me conduit à la salle où est montrée l’installation de Gisèle Vienne, chorégraphe, plasticienne et metteuse en scène franco-autrichienne. Dans des contenants translucides sont allongés une douzaine d’adolescents endormis ou pire, plus de filles que de garçons. C’est une sélection d’une douzaine des soixante étranges et inquiétantes poupées à taille humaine que Gisèle Vienne fait intervenir dans ses performances et dans ses photographies. Je fais quelques photos puis discute avec le gardien qui me dit reprendre son travail ce jour après six mois d’interruption. Il connaît déjà bien chacune des poupées sur lesquelles il veille.
Remonté, je trouve l’autre exposition qui m’intéresse, celle des peintures, entre pop art et hyperréalisme, de Nina Childress, ancienne du groupe punk Lucrate Milk et du collectif « les Frères Ripoulin », de grands portraits ironiques de trois des idoles féminines de la chanson française des années soixante et soixante-dix : Sylvie (grosse tête), France (grosse tête) et Jane (grosse tête). Dommage que ne leur tiennent pas compagnie une Françoise (grosse tête) et une Sheila (grosse tête).
Une demi-heure après mon entrée, je suis dehors, remontant l’avenue vers la station Iéna. Je ne peux m’empêcher de faire en passant une photo de la Tour Eiffel. Une chose que je n’avais jamais faite et ça ne pouvait pas durer.
*
« Teints blafards, regards dans le vide, visages immobiles, parfois maculés de sang, de larmes, prennent vie dans des postures adolescentes et des voix étouffées, comme autant d’indices d’une culture de la violence refoulée qui hante nos mythes de l’innocence, de la pureté, de la blancheur… Que racontent les poupées de Gisèle Vienne sur nous-mêmes, sur vous ? Quels récits de la souillure, de la blessure, licites défigurées par l’indifférence, le désir, les rires salaces, nous obligent-elles à regarder en face, à écouter, à croire ? Elles sont si blanches ces poupées que la couleur de l’angoisse nous prend à la gorge et au ventre… » (Elsa Dorlin, philosophe)
A Saint-Lazare je rejoins par les couloirs souterrains la station de métro Saint-Augustin et y prends le Neuf jusqu’à la station Iéna. Un beau ciel bleu domine la marché de l’avenue du Président-Wilson que je dois descendre jusqu’au pont de l’Alma avant de trouver un café.
Celui-là se nomme le Grand Corona et n’a pas jugé bon de changer de nom à l’apparition du virus. C’est chic et bien fréquenté. On n’y demande pas le passe sanitaire. Bien installé dans un fauteuil, je contemple la réflexion du soleil sur les dômes de la Cathédrale de la Sainte-Trinité (orthodoxe russe) et sur la Flamme de la Liberté (devenue autel à la mémoire de Princesse Diana). Ma tasse de noir breuvage me coûte trois euros cinquante. Nous sommes dans le Seizième.
A dix heures, les lourdes portes du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris s’écartent. Nous sommes une dizaine à entrer. Les passes sanitaires contrôlés, tandis que les neuf autres se dirigent vers la caisse pour acheter leur billet pour l’exposition Anni et Josef Albers, je me renseigne auprès d’une responsable sur où trouver les deux expositions gratuites qui m’amènent ici.
Ce Musée est un peu à l’ancienne. Son personnel est fort serviable. Un responsable me conduit à la salle où est montrée l’installation de Gisèle Vienne, chorégraphe, plasticienne et metteuse en scène franco-autrichienne. Dans des contenants translucides sont allongés une douzaine d’adolescents endormis ou pire, plus de filles que de garçons. C’est une sélection d’une douzaine des soixante étranges et inquiétantes poupées à taille humaine que Gisèle Vienne fait intervenir dans ses performances et dans ses photographies. Je fais quelques photos puis discute avec le gardien qui me dit reprendre son travail ce jour après six mois d’interruption. Il connaît déjà bien chacune des poupées sur lesquelles il veille.
Remonté, je trouve l’autre exposition qui m’intéresse, celle des peintures, entre pop art et hyperréalisme, de Nina Childress, ancienne du groupe punk Lucrate Milk et du collectif « les Frères Ripoulin », de grands portraits ironiques de trois des idoles féminines de la chanson française des années soixante et soixante-dix : Sylvie (grosse tête), France (grosse tête) et Jane (grosse tête). Dommage que ne leur tiennent pas compagnie une Françoise (grosse tête) et une Sheila (grosse tête).
Une demi-heure après mon entrée, je suis dehors, remontant l’avenue vers la station Iéna. Je ne peux m’empêcher de faire en passant une photo de la Tour Eiffel. Une chose que je n’avais jamais faite et ça ne pouvait pas durer.
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« Teints blafards, regards dans le vide, visages immobiles, parfois maculés de sang, de larmes, prennent vie dans des postures adolescentes et des voix étouffées, comme autant d’indices d’une culture de la violence refoulée qui hante nos mythes de l’innocence, de la pureté, de la blancheur… Que racontent les poupées de Gisèle Vienne sur nous-mêmes, sur vous ? Quels récits de la souillure, de la blessure, licites défigurées par l’indifférence, le désir, les rires salaces, nous obligent-elles à regarder en face, à écouter, à croire ? Elles sont si blanches ces poupées que la couleur de l’angoisse nous prend à la gorge et au ventre… » (Elsa Dorlin, philosophe)
7 décembre 2021
Germaine Beaumont (née à Petit-Couronne, fille d’Annie de Pène) était une écrivaine renommée au milieu du siècle dernier. Elle fut la première femme à recevoir le prix Renaudot et traduisit Truman Capote et Virginia Woolf.
Bien qu’assez oubliée aujourd’hui, on trouve cependant ses romans en quatre gros volumes chez Omnibus (je les ai parfois vus à un euro chez Book-Off).
Colette correspondit avec la mère et la fille. Lettres à Annie de Pène et à Germaine Beaumont a été publié chez Flammarion. Sa lecture m’a été un plaisir.
Pour exemple : la première lettre de Colette à Germaine Beaumont. Elle date de mil neuf cent quinze ou seize. On y trouve tout ce qui fait le charme des missives de l’auteure de Chéri :
Qu’est-ce qu’il y a donc mon pauvre petit ? Tu as pris la grippe où ça ? Dans la maison que tu habites ? Et pourquoi ne veux-tu pas que j’aille te voir ? Je vais de crèche en pouponnière, et de crèche en maison d’accouchement, pour Le Matin. C’est bien terrible. On ne peut plus dire qu’on est malheureux, quand on voit ça. Gamines de 13 ans engrossées par leur père, dactylos qui se sont sanglées à mort pendant 8 mois, et les petites bonnes à tout faire qui ne savent, du père du gosse, que son prénom ; et la fille de la mercière d’un village breton, venue accoucher à Paris dans une crise d’épouvante parce que son village l’aurait tuée et son père laissée mourir de faim. C’est réellement terrible. Pourquoi la naissance d’un enfant est-elle, peut-elle être un drame ? Nous sommes un vilain monde mal arrangé, je t’assure. Tu vois, je te raconte des choses pour te distraire.
Bien qu’assez oubliée aujourd’hui, on trouve cependant ses romans en quatre gros volumes chez Omnibus (je les ai parfois vus à un euro chez Book-Off).
Colette correspondit avec la mère et la fille. Lettres à Annie de Pène et à Germaine Beaumont a été publié chez Flammarion. Sa lecture m’a été un plaisir.
Pour exemple : la première lettre de Colette à Germaine Beaumont. Elle date de mil neuf cent quinze ou seize. On y trouve tout ce qui fait le charme des missives de l’auteure de Chéri :
Qu’est-ce qu’il y a donc mon pauvre petit ? Tu as pris la grippe où ça ? Dans la maison que tu habites ? Et pourquoi ne veux-tu pas que j’aille te voir ? Je vais de crèche en pouponnière, et de crèche en maison d’accouchement, pour Le Matin. C’est bien terrible. On ne peut plus dire qu’on est malheureux, quand on voit ça. Gamines de 13 ans engrossées par leur père, dactylos qui se sont sanglées à mort pendant 8 mois, et les petites bonnes à tout faire qui ne savent, du père du gosse, que son prénom ; et la fille de la mercière d’un village breton, venue accoucher à Paris dans une crise d’épouvante parce que son village l’aurait tuée et son père laissée mourir de faim. C’est réellement terrible. Pourquoi la naissance d’un enfant est-elle, peut-elle être un drame ? Nous sommes un vilain monde mal arrangé, je t’assure. Tu vois, je te raconte des choses pour te distraire.
6 décembre 2021
La semaine dernière, Yannick Jadot, demi-candidat écologiste à la Présidentielle, oublie un moment son surmoi, la nommée Sandrine Rousseau, l’autre demi-candidate écologiste. Il propose l'abrogation de la loi d'avril deux mille seize contre le système prostitutionnel, laquelle a supprimé le délit de racolage et permet de verbaliser les clients.
Les réactions ne se font pas attendre.
« La honte absolue pour EELV. Une faute historique et antiféministe », touite le collectif Osez le Féminisme.
« Yannick Jadot : défendre le privilège masculin de pouvoir imposer des pénétrations sexuelles contre de l'argent, c'est justement ce que veut Zemmour2022 », ajoute la porte-parole du collectif, Céline Piques.
Bientôt circule le message : « Les féministes ne voteront pas pour Yannick Jadot ».
Enfin, l'ancienne Ministre aux Droits des Femmes, Laurence Rossignol, y va de sa petite perfidie socialiste : « On croyait Yannick Jadot candidat de l'écologie. C'est aussi celui du système prostitutionnel, du lobby des clients et de la marchandisation du corps des femmes. Toutes mes pensées aux féministes qui luttent contre les violences machistes et soutiennent ce candidat ».
Face à l’assaut des Néo Féministes, Jadot fait profil bas. Il dit qu’il n’a pas dit ce qu’il a dit.
Bref, en ces jours vertueux, il ne fait pas bon mettre en cause une loi ayant pour conséquence de rendre dangereuse la vie des personnes prostituées qui cherchent leur clientèle à l’extérieur, celles-ci étant obligées de le faire dans des lieux éloignés afin que leurs clients ne se fassent pas alpaguer par la maréchaussée.
Encore moins bien vu est de se déclarer pour la prostitution. Comme je le fais. A condition bien sûr qu’elle soit volontaire, et non imposée par des maffias.
*
Ces Néo Féministes préfèrent taire le fait que la prostitution est également pratiquée par des hommes. Cela nuirait à leur propos.
*
Une supposition que j’aie recours à une pratiquante du sexe tarifé, je ne pourrais le raconter dans ce Journal. Pas envie de me retrouver à Brisout en gardavu.
Les réactions ne se font pas attendre.
« La honte absolue pour EELV. Une faute historique et antiféministe », touite le collectif Osez le Féminisme.
« Yannick Jadot : défendre le privilège masculin de pouvoir imposer des pénétrations sexuelles contre de l'argent, c'est justement ce que veut Zemmour2022 », ajoute la porte-parole du collectif, Céline Piques.
Bientôt circule le message : « Les féministes ne voteront pas pour Yannick Jadot ».
Enfin, l'ancienne Ministre aux Droits des Femmes, Laurence Rossignol, y va de sa petite perfidie socialiste : « On croyait Yannick Jadot candidat de l'écologie. C'est aussi celui du système prostitutionnel, du lobby des clients et de la marchandisation du corps des femmes. Toutes mes pensées aux féministes qui luttent contre les violences machistes et soutiennent ce candidat ».
Face à l’assaut des Néo Féministes, Jadot fait profil bas. Il dit qu’il n’a pas dit ce qu’il a dit.
Bref, en ces jours vertueux, il ne fait pas bon mettre en cause une loi ayant pour conséquence de rendre dangereuse la vie des personnes prostituées qui cherchent leur clientèle à l’extérieur, celles-ci étant obligées de le faire dans des lieux éloignés afin que leurs clients ne se fassent pas alpaguer par la maréchaussée.
Encore moins bien vu est de se déclarer pour la prostitution. Comme je le fais. A condition bien sûr qu’elle soit volontaire, et non imposée par des maffias.
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Ces Néo Féministes préfèrent taire le fait que la prostitution est également pratiquée par des hommes. Cela nuirait à leur propos.
*
Une supposition que j’aie recours à une pratiquante du sexe tarifé, je ne pourrais le raconter dans ce Journal. Pas envie de me retrouver à Brisout en gardavu.
3 décembre 2021
Le temps est frais et sec ce jeudi en fin de matinée quand je retourne rive gauche à Mathilde Deux afin d’être délivré de mon Holter par mon cardiologue et d’avoir le résultat de cet examen de vingt-quatre heures.
Cette fois j’ai peu à attendre avant qu’il appelle mon nom. Il récupère son matériel et je jette les adhésifs dans la poubelle. Son ordinateur fait le déchiffrage. Rien d’anormal, me dit-il. Mon cœur bat en moyenne à quatre-vingt-dix et ralentit bien la nuit, ni trouble de conduction, ni arythmie.
C’est rassurant mais on ne sait toujours pas pourquoi je suis épuisé quand je monte une côte ou dans les étages. Il faut donc vérifier l’état de mes coronaires. Pour ce faire, je dois prendre un rendez-vous pour une échographie d’effort. Il est conseillé d’y venir muni d’une tenue de sport, chorte et chaussures.
-Je n’ai rien de tout ça, dis-je à mon cardiologue.
-Vous viendrez avec ce que vous avez, me répond-il.
*
Je connais ce test d’effort pour en avoir fait un il y a au moins quinze ans quand mon cholestérol battait des records. Il faut s’installer sur une sorte de vélo d’appartement et pédaler avec force. C’est extrêmement désagréable.
« La salle d’épreuve d’effort est équipée de tout le matériel d’urgence nécessaire en cas de besoin », est-il précisé sur ma feuille de rendez-vous.
Cette fois j’ai peu à attendre avant qu’il appelle mon nom. Il récupère son matériel et je jette les adhésifs dans la poubelle. Son ordinateur fait le déchiffrage. Rien d’anormal, me dit-il. Mon cœur bat en moyenne à quatre-vingt-dix et ralentit bien la nuit, ni trouble de conduction, ni arythmie.
C’est rassurant mais on ne sait toujours pas pourquoi je suis épuisé quand je monte une côte ou dans les étages. Il faut donc vérifier l’état de mes coronaires. Pour ce faire, je dois prendre un rendez-vous pour une échographie d’effort. Il est conseillé d’y venir muni d’une tenue de sport, chorte et chaussures.
-Je n’ai rien de tout ça, dis-je à mon cardiologue.
-Vous viendrez avec ce que vous avez, me répond-il.
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Je connais ce test d’effort pour en avoir fait un il y a au moins quinze ans quand mon cholestérol battait des records. Il faut s’installer sur une sorte de vélo d’appartement et pédaler avec force. C’est extrêmement désagréable.
« La salle d’épreuve d’effort est équipée de tout le matériel d’urgence nécessaire en cas de besoin », est-il précisé sur ma feuille de rendez-vous.
2 décembre 2021
Cette fois, la secrétaire est présente au service de cardiologie de Mathilde Deux. Après m’être signalé à cette dame un peu pète-sec, je m’assois en zone d’attente. Je n’ai que dix minutes d’avance et suis partiellement trempé ayant dû subir une pluie intense pendant tout mon trajet. Celui qui est devenu mon cardiologue a du retard. Je m’impatiente patiemment. Le jeune homme qui passe avant moi doit avoir un problème sérieux à en juger par la durée de la consultation.
Ce jour, je subis une échographie. Mon cardiologue passe la douchette sur ma poitrine durant un certain temps avant de me dire qu’il ne détecte pas de problème. Je n’ai pas fait d’infarctus muet. Mon palpitant ne va même pas trop vite, il bat à quatre-vingt. Il met le son pour me le faire écouter. Ça pulse comme une machine bien huilée.
Il faut maintenant savoir s’il y a des accélérations à certains moments. Pour cela, il fixe sur mon torse des capteurs qu’il relie à un boîtier électronique que je glisse dans ma poche. Il va me falloir garder cet attirail jusqu’à demain en fin de matinée.
La pluie a heureusement cessé lorsque je repasse de la rive gauche à la rive droite. Je m’efforce d’oublier la gêne créée par l’appareillage et de vivre comme d’habitude.
Un peu avant quatorze heures trente, je suis devant la porte centrale de la Cathédrale, près d’un Marché de Noël encore plus médiocre que les années précédentes dominé par un sapin en plastique. A l’heure dite, je vois arriver celle à qui j’ai acheté une lampe de bureau via Le Bon Coin. Je lui donne les quatre euros demandés et bientôt me voici plus confortablement installé pour écrire. Ce Marché de Noël se rappelle à moi de façon agréable en début de soirée par un concert de carillon jouant des airs traditionnels.
Pour me simplifier la vie, je choisis de rester habillé au lit. Je dors bien, jusqu’au moment où je suis dérangé par des rires provenant d’un appartement à fenêtre ouverte. Un voisin doit jouer à des jeux vidéo avec un de ses peutes. Je passe dans la petite chambre et finis par me rendormir.
Au petit matin, point de douche pour me réveiller. J’ai hâte d’être débarrassé de ce bazar.
*
Plusieurs fois la secrétaire donne des rendez-vous pour une vaccination. Des cardiologues employés à faire des piqûres, c’est quand même étrange.
Ce jour, je subis une échographie. Mon cardiologue passe la douchette sur ma poitrine durant un certain temps avant de me dire qu’il ne détecte pas de problème. Je n’ai pas fait d’infarctus muet. Mon palpitant ne va même pas trop vite, il bat à quatre-vingt. Il met le son pour me le faire écouter. Ça pulse comme une machine bien huilée.
Il faut maintenant savoir s’il y a des accélérations à certains moments. Pour cela, il fixe sur mon torse des capteurs qu’il relie à un boîtier électronique que je glisse dans ma poche. Il va me falloir garder cet attirail jusqu’à demain en fin de matinée.
La pluie a heureusement cessé lorsque je repasse de la rive gauche à la rive droite. Je m’efforce d’oublier la gêne créée par l’appareillage et de vivre comme d’habitude.
Un peu avant quatorze heures trente, je suis devant la porte centrale de la Cathédrale, près d’un Marché de Noël encore plus médiocre que les années précédentes dominé par un sapin en plastique. A l’heure dite, je vois arriver celle à qui j’ai acheté une lampe de bureau via Le Bon Coin. Je lui donne les quatre euros demandés et bientôt me voici plus confortablement installé pour écrire. Ce Marché de Noël se rappelle à moi de façon agréable en début de soirée par un concert de carillon jouant des airs traditionnels.
Pour me simplifier la vie, je choisis de rester habillé au lit. Je dors bien, jusqu’au moment où je suis dérangé par des rires provenant d’un appartement à fenêtre ouverte. Un voisin doit jouer à des jeux vidéo avec un de ses peutes. Je passe dans la petite chambre et finis par me rendormir.
Au petit matin, point de douche pour me réveiller. J’ai hâte d’être débarrassé de ce bazar.
*
Plusieurs fois la secrétaire donne des rendez-vous pour une vaccination. Des cardiologues employés à faire des piqûres, c’est quand même étrange.
1er décembre 2021
Comme d’habitude j’arrive un quart d’heure en avance ce mardi en fin d’après-midi à mon rendez-vous avec le « collaborateur » de mon dentiste. A mon étonnement, la jeune femme qui tient l’accueil à la place des assistantes habituelles me dit d’entrer directement dans le cabinet. Le jeune homme qui s’y tient me demande ce qui m’arrive. Je lui explique du mieux que je peux. Difficile de parler d’une dent qui m’a fait mal quand elle ne le fait plus. Je n’arrive même pas à la situer exactement.
Il décide de faire une radio pour laquelle il appelle à l’aide une autre jeune femme. Tout le monde se tutoie. C’est comme si ce cabinet dentaire était squatté par des étudiants. La radio ne s’avérant pas parlante, j’en subis une deuxième. Là, il m’explique qu’il doit y avoir une carie sous un soin, qu’il va falloir retirer l’amalgame pour la soigner. La dent devra sans doute être dévitalisée et il n’est pas sûr de pouvoir la sauver. Cela demandera un autre rendez-vous plus long. Pour cette fois, je ne dois que vingt-trois euros. Je les règle par chèque, cette jeunesse n’ayant pas accès au paiement par carte.
A l’accueil, un rendez-vous m’est donné pour le début de l’année prochaine. D’ici là je ne devrais pas avoir mal de nouveau. Il faut bien que je fasse confiance.
*
Quel bouffon ce Zorglub, sa vidéo de candidature est si mauvaise techniquement que c’en est risible. Quant au fond, c’est du gloubi-boulga.
Que Les Républicains se disent plus proches de lui que de Le Pen, alors qu’il est davantage d’extrême-droite qu’elle, en dit long sur leur arrière-pensée. Il faut que Zorglub soit candidat pour que leur candidat puisse espérer être au second tour. Sans lui, c’est Macron Le Pen assuré. Suis prêt à parier qu’ils l’aideront à obtenir les cinq cents signatures en arguant de la légitimité de toutes les idées à pouvoir être représentées.
*
Dans le clip de Zorglub, des images du déboulonnage de la statue rouennaise de Napoléon le Premier. C’est censé illustrer son propos sur la destruction des valeurs françaises alors qu’elle a été enlevée pour être rénovée.
Il décide de faire une radio pour laquelle il appelle à l’aide une autre jeune femme. Tout le monde se tutoie. C’est comme si ce cabinet dentaire était squatté par des étudiants. La radio ne s’avérant pas parlante, j’en subis une deuxième. Là, il m’explique qu’il doit y avoir une carie sous un soin, qu’il va falloir retirer l’amalgame pour la soigner. La dent devra sans doute être dévitalisée et il n’est pas sûr de pouvoir la sauver. Cela demandera un autre rendez-vous plus long. Pour cette fois, je ne dois que vingt-trois euros. Je les règle par chèque, cette jeunesse n’ayant pas accès au paiement par carte.
A l’accueil, un rendez-vous m’est donné pour le début de l’année prochaine. D’ici là je ne devrais pas avoir mal de nouveau. Il faut bien que je fasse confiance.
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Quel bouffon ce Zorglub, sa vidéo de candidature est si mauvaise techniquement que c’en est risible. Quant au fond, c’est du gloubi-boulga.
Que Les Républicains se disent plus proches de lui que de Le Pen, alors qu’il est davantage d’extrême-droite qu’elle, en dit long sur leur arrière-pensée. Il faut que Zorglub soit candidat pour que leur candidat puisse espérer être au second tour. Sans lui, c’est Macron Le Pen assuré. Suis prêt à parier qu’ils l’aideront à obtenir les cinq cents signatures en arguant de la légitimité de toutes les idées à pouvoir être représentées.
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Dans le clip de Zorglub, des images du déboulonnage de la statue rouennaise de Napoléon le Premier. C’est censé illustrer son propos sur la destruction des valeurs françaises alors qu’elle a été enlevée pour être rénovée.
29 novembre 2021
L’apparition de ce variant Omicron achève de me persuader que je prenais trop de risque à passer presque deux heures à lire au Socrate, café mal aéré dont la clientèle se balade sans masque. Je sais bien que je suis triplement vacciné mais le fait que le rappel avec Pfizer ne m’ait pas donné d’effets secondaires, ceux-ci étant le signe que des anticorps se manifestent, n’est pas pour me rassurer. Désormais, je ne sors plus que pour faire des courses. C’est comme si j’étais plus ou moins confiné.
Quand même, je dois aussi m’occuper de mes problèmes de santé. Un nouveau s’est fait connaître ce ouiquennede, sous la forme d’une forte douleur dentaire, heureusement passagère. Craignant le pire, je me présente ce lundi matin chez mon dentiste. La secrétaire me propose un rendez-vous avec un de ses « collaborateurs » ce mardi en fin d’après-midi. Je n’en attendais pas autant. Espérons que ce « collaborateur » soit bien un dentiste et non un plombier comme dans la chanson de Boris Vian interprétée par Henri Cording, plus connu sous le nom d’Henri Salvador.
*
Mort à quatre-vingt-dix ans de la chanteuse Jacqueline Danno qui fut aussi la Vanessa Hachloum du disque de détournements situationnistes Pour en finir avec le travail, un vinyle acheté à sa sortie en mil neuf cent soixante-quatorze et que j’ai toujours.
La vie s’écoule, la vie s’enfuit,
Les jours défilent au pas de l’ennui.
écrivit pour ce disque Raoul Vaneigem.
*
Nouvelle lecture de lit, Lettres à Annie de Pène et Germaine Beaumont de Colette (Flammarion), Annie étant la mère de Germaine, un livre acheté à petit prix chez Momox, la pieuvre de Leipzig. Tiré de là, ceci :
Je goûte le calme des gens qui ont atteint leur but dans l’existence.
Quand même, je dois aussi m’occuper de mes problèmes de santé. Un nouveau s’est fait connaître ce ouiquennede, sous la forme d’une forte douleur dentaire, heureusement passagère. Craignant le pire, je me présente ce lundi matin chez mon dentiste. La secrétaire me propose un rendez-vous avec un de ses « collaborateurs » ce mardi en fin d’après-midi. Je n’en attendais pas autant. Espérons que ce « collaborateur » soit bien un dentiste et non un plombier comme dans la chanson de Boris Vian interprétée par Henri Cording, plus connu sous le nom d’Henri Salvador.
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Mort à quatre-vingt-dix ans de la chanteuse Jacqueline Danno qui fut aussi la Vanessa Hachloum du disque de détournements situationnistes Pour en finir avec le travail, un vinyle acheté à sa sortie en mil neuf cent soixante-quatorze et que j’ai toujours.
La vie s’écoule, la vie s’enfuit,
Les jours défilent au pas de l’ennui.
écrivit pour ce disque Raoul Vaneigem.
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Nouvelle lecture de lit, Lettres à Annie de Pène et Germaine Beaumont de Colette (Flammarion), Annie étant la mère de Germaine, un livre acheté à petit prix chez Momox, la pieuvre de Leipzig. Tiré de là, ceci :
Je goûte le calme des gens qui ont atteint leur but dans l’existence.
27 novembre 2021
Ce Vendredi Noir en sera peut-être un vrai si le nouveau variant du coronavirus apparu en Afrique du Sud est aussi méchant qu’on le redoute. Pour l’instant on ne sait pas mais c’est encore une fois la panique, bourses qui plongent et frontières qui se ferment.
Déjà ce n’était pas la joie avec la recrudescence de la pandémie depuis quelques jours. Conformément aux nouvelles décisions gouvernementales le personnel du Socrate a remis son masque. Côté clientèle, certains entrent avec, d’autres sans. Ces derniers ne se font pas rappeler à l’ordre par le patron. Je choisis de garder le mien pour lire après mon café.
Ce jour je m’achemine vers la fin de Lettres à Anne de François Mitterrand. Le Mythe Errant est Président, père de Mazarine (enfant cachée) et atteint d’un cancer (maladie cachée).
Dans cette dernière partie des mille deux cent quarante-six pages les lettres deviennent rares car leur auteur passe davantage de temps avec mère et fille. On y trouve également quelques lettres d’Anne Pingeot et deux ou trois de leur fille.
Les ultimes sont envoyées de Belle-Ile par un ancien Président fatigué par la maladie qui tente de s’y reposer. Elles datent de septembre mil neuf cent quatre-vingt-quinze et sont fort émouvantes.
Ce fut une bonne lecture. Je savais le bonhomme complexe, mais pas à ce point.
*
Passage chez L’Ecureuil pour prendre un rendez-vous avec mon « conseiller » qui s’avère être maintenant une « conseillère ». Un mail m’a prévenu : si je ne fournis pas avant fin décembre ma carte d’identité et d’autres documents prouvant que je suis bien moi, mon compte sera bloqué.
Quand je suis né, Grand-Père Jules et Grand-Mère Eugénie m’ont ouvert un Livret A. Je suis donc le client clandestin de cet établissement depuis soixante-dix ans.
*
« Black Friday », claironne l’Opéra de Rouen en bradant mille places à dix euros. Cette maison devient le temple de la vulgarité.
Déjà ce n’était pas la joie avec la recrudescence de la pandémie depuis quelques jours. Conformément aux nouvelles décisions gouvernementales le personnel du Socrate a remis son masque. Côté clientèle, certains entrent avec, d’autres sans. Ces derniers ne se font pas rappeler à l’ordre par le patron. Je choisis de garder le mien pour lire après mon café.
Ce jour je m’achemine vers la fin de Lettres à Anne de François Mitterrand. Le Mythe Errant est Président, père de Mazarine (enfant cachée) et atteint d’un cancer (maladie cachée).
Dans cette dernière partie des mille deux cent quarante-six pages les lettres deviennent rares car leur auteur passe davantage de temps avec mère et fille. On y trouve également quelques lettres d’Anne Pingeot et deux ou trois de leur fille.
Les ultimes sont envoyées de Belle-Ile par un ancien Président fatigué par la maladie qui tente de s’y reposer. Elles datent de septembre mil neuf cent quatre-vingt-quinze et sont fort émouvantes.
Ce fut une bonne lecture. Je savais le bonhomme complexe, mais pas à ce point.
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Passage chez L’Ecureuil pour prendre un rendez-vous avec mon « conseiller » qui s’avère être maintenant une « conseillère ». Un mail m’a prévenu : si je ne fournis pas avant fin décembre ma carte d’identité et d’autres documents prouvant que je suis bien moi, mon compte sera bloqué.
Quand je suis né, Grand-Père Jules et Grand-Mère Eugénie m’ont ouvert un Livret A. Je suis donc le client clandestin de cet établissement depuis soixante-dix ans.
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« Black Friday », claironne l’Opéra de Rouen en bradant mille places à dix euros. Cette maison devient le temple de la vulgarité.
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