Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
31 août 2021
Peu de monde dimanche midi au Son du Cor où de temps en temps il faut descendre l’auvent. L’averse passée, on le remonte. Cela occupe le serveur qui n’a pas grand-chose à faire. Le patron est là aussi, mais plutôt comme client. L’animation naît soudain avec l’arrivée d’un quinquagénaire. Il ne sait plus où il a garé sa voiture.
Un Flamand qui parle un français incertain. Le serveur est le premier à essayer de l’aider puis le patron s’en mêle. Les smartphones sont sollicités. De quelle cathédrale parle cet homme qui appelle ainsi toutes les églises ? L’affaire s’éclaircit un peu lorsque l’on comprend que le marché qu’il a vu n’est pas le marché du Clos mais le vide grenier de la rue Grand Pont.
Ce voyageur distrait vit près de la frontière avec les Pays-Bas, vers Maastricht. Il est venu ici pour rencontrer une femme croisée sur Facebook mais elle n’a pas voulu le recevoir, prétextant être malade. Il n’a dormi que quatre heures, dans sa voiture, une Mercedes garée sur une place pour handicapé.
« Manquerait plus que la Police ait enlevé votre voiture », lui dit le patron. Impossible, il a l’autorisation de stationnement nécessaire, c’est celle de sa mère qui est encore vivante.
Le serveur a tôt fait de trouver sur Internet un plan des places pour handicapés du secteur Grand Pont Martainville. Après un dernier café, l’homme perdu et le patron du Son partent pédestrement à la recherche du véhicule cependant que je remets mon livre dans mon sac et rentre chez moi.
(A suivre)
Un Flamand qui parle un français incertain. Le serveur est le premier à essayer de l’aider puis le patron s’en mêle. Les smartphones sont sollicités. De quelle cathédrale parle cet homme qui appelle ainsi toutes les églises ? L’affaire s’éclaircit un peu lorsque l’on comprend que le marché qu’il a vu n’est pas le marché du Clos mais le vide grenier de la rue Grand Pont.
Ce voyageur distrait vit près de la frontière avec les Pays-Bas, vers Maastricht. Il est venu ici pour rencontrer une femme croisée sur Facebook mais elle n’a pas voulu le recevoir, prétextant être malade. Il n’a dormi que quatre heures, dans sa voiture, une Mercedes garée sur une place pour handicapé.
« Manquerait plus que la Police ait enlevé votre voiture », lui dit le patron. Impossible, il a l’autorisation de stationnement nécessaire, c’est celle de sa mère qui est encore vivante.
Le serveur a tôt fait de trouver sur Internet un plan des places pour handicapés du secteur Grand Pont Martainville. Après un dernier café, l’homme perdu et le patron du Son partent pédestrement à la recherche du véhicule cependant que je remets mon livre dans mon sac et rentre chez moi.
(A suivre)
30 août 2021
C’est à deux pas et mon pied gauche me fait moins souffrir. Aussi, ce dimanche, bien que je me doute que je reviendrai bredouille, c’est avec celui du quartier Grand Pont que je renoue avec l’exploration de vide grenier, une activité mise en pause depuis mars deux mille vingt.
Le déballage s’étend rue Grand Pont, quai Pierre Corneille et autour de la Halle aux Toiles. Arrivé sur place, je me munis de mon masque. Peu le portent mais je préfère être trop prudent que pas assez, vu la population présente, tant côté vendeurs que côté acheteurs. Je soupçonne pas mal de non vaccinés, de ces rebelles à la petite semaine, crieurs de « Liberté » du samedi après-midi. D’ailleurs, là par terre, ne propose-t-on pas un livre du tripoteur de barbichette marseillais.
Ici et là, je croise les têtes à claques qui me faisaient concurrence dans l’achat de livres avant-guerre. Eux n’ont sans doute jamais décrochés. Je les entends se plaindre que c’est la misère.
Ayant fait le tour, je me dispense d’un second passage. Peut-être sera-ce mieux dimanche prochain au vide grenier de la Croix de Pierre. Quoi qu’il en soit, comme pour beaucoup d’activités que je menais avant le Covid, l’envie n’est plus au rendez-vous.
*
A peine avais-je écrit que les contrôles policiers du passe sanitaire semblaient inexistants à Rouen qu’à la télévision régionale j’assistais à l’un d’eux à l’intérieur et autour de l’Espace du Palais. Ce sont les restaurants qui étaient concernés. Des cafés, les tricheurs ont toujours le temps de filer avant que leur tour arrive.
Le déballage s’étend rue Grand Pont, quai Pierre Corneille et autour de la Halle aux Toiles. Arrivé sur place, je me munis de mon masque. Peu le portent mais je préfère être trop prudent que pas assez, vu la population présente, tant côté vendeurs que côté acheteurs. Je soupçonne pas mal de non vaccinés, de ces rebelles à la petite semaine, crieurs de « Liberté » du samedi après-midi. D’ailleurs, là par terre, ne propose-t-on pas un livre du tripoteur de barbichette marseillais.
Ici et là, je croise les têtes à claques qui me faisaient concurrence dans l’achat de livres avant-guerre. Eux n’ont sans doute jamais décrochés. Je les entends se plaindre que c’est la misère.
Ayant fait le tour, je me dispense d’un second passage. Peut-être sera-ce mieux dimanche prochain au vide grenier de la Croix de Pierre. Quoi qu’il en soit, comme pour beaucoup d’activités que je menais avant le Covid, l’envie n’est plus au rendez-vous.
*
A peine avais-je écrit que les contrôles policiers du passe sanitaire semblaient inexistants à Rouen qu’à la télévision régionale j’assistais à l’un d’eux à l’intérieur et autour de l’Espace du Palais. Ce sont les restaurants qui étaient concernés. Des cafés, les tricheurs ont toujours le temps de filer avant que leur tour arrive.
28 août 2021
De quoi parle Arthur Schopenhauer dans ses lettres qu’il ne souhaitait pas voir publiées et qui le sont aux Editions Alive sous le titre Correspondance complète? D’embrouilles d’argent (avec sa sœur, avec ses éditeurs), de philosophie surtout vers la fin quand la reconnaissance du public lui vient (ce qui me passe au-dessus de la tête) et de ses photographies et bustes (dont il veille à la généreuse distribution).
Mon choix personnel se porte sur quelques vacheries :
C’est-à-dire que si vous ne payez pas de bon gré, je vous intente un procès en recouvrement de traite. Vous voyez qu’on peut être philosophe sans pour autant être fou. A Abraham Ludwig Muhl, le premier mai mil huit cent vingt et un
Avec l’Italie, on vit comme avec une amante : un jour dans une violente dispute, le lendemain en adoration : avec l’Allemagne on vit comme avec une ménagère, sans grande colère et sans grand amour. A Friedrich Gotthilf Osann, le vingt-neuf octobre mil huit cent vingt-deux
Mais cette fichue populace ne lit toujours que ce qui est nouveau. A Julius Frauenstädt, le deux janvier mil huit cent cinquante-deux
Beaucoup de suicides à Berlin ? Je veux bien le croire ; c’est un patelin maudit, physiquement et moralement, et je remercie vivement le choléra qu’il m’en ait chassé, il y a 23 ans, et amené ici, dans un climat plus calme et une vie plus douce. (Ici : Francfort-sur-le-Main) A Julius Frauenstädt, le neuf avril mil huit cent cinquante-quatre
Mais il ne faut jamais oublier que les Français seront toujours français, c’est-à-dire paresseux, frivoles, hâbleurs… A Julius Frauenstädt, le trois novembre mil huit cent cinquante-cinq
Dans ma 70e année, je sens plus que jamais la valeur du temps : mettre de côté pendant plusieurs jours des études diverses et intéressantes qui m’occupent, afin de lire le manuscrit d’une biographie d’un Monsieur que je ne connais pas, cela dépasse mes capacités. A Karl Debrois Van Bruyck, le cinq mars mil huit cent cinquante-huit
*
A l’âge de neuf ans, Arthur Schopenhauer fut laissé par son père chez les Blémisaire, une famille de commerçants du Havre, afin qu’il apprenne le français. Il y resta deux ans, oubliant presque l’allemand. Une lettre fort intéressante est celle écrite, dans un français personnel, à son ami d’enfance Anthime Grégoire de Blésimaire, le dix décembre mil huit cent trente-six :
Tu n’es donc plus au Hâvre ? plus de maison de commerce ? très bien : mais moi qui, encore dernièrement, voyait avec plaisir dans les journaux, qu’on projette un chemin-de-fer de Paris au Havre, & calculois, que si jamais mon destin me mêneroit à Paris, je pourrais en peu d’heures, être au Hâvre ! Eh bien, même sans toi, j’irois ! (…)
Mon revenu diminué me suffit encore, vivant en garçon, en chambre garnie, dinant à table d’hôte, le tout sans luxe, mais décemment, j’ai le nécessaire & rien de plus, & je remercie le sort, de n’avoir ni femme ni enfants : 2 bâtards, que j’avois, sont morts jeunes. (…)
… étant depuis longtems rassasié & dégouté du commerce des hommes, & sachant qu’ils ne valent pas la peine de perdre mon tems avec eux : partout ils forment, quant à l’aspect extérieur, un cabinet de caricatures, quant à l’esprit, un hôpital de fous, -& quant au caractère moral, un cabaret de filous.
*
La naissance d’un livre sans fautes est aussi rare que celle d’un enfant sans défauts. écrivait Arthur Schopenhauer à Justus Radius le neuf juin mil huit cent trente.
Les Editions Alive et leur traducteur Christian Jaedicke semblent avoir eu pour dessein d’illustrer ce propos. On y trouve d’aussi grossières erreurs que « il exclua » « des bails » « intérêt pécunier » « de grandes éloges ». Ce n’est qu’une sélection.
Mon choix personnel se porte sur quelques vacheries :
C’est-à-dire que si vous ne payez pas de bon gré, je vous intente un procès en recouvrement de traite. Vous voyez qu’on peut être philosophe sans pour autant être fou. A Abraham Ludwig Muhl, le premier mai mil huit cent vingt et un
Avec l’Italie, on vit comme avec une amante : un jour dans une violente dispute, le lendemain en adoration : avec l’Allemagne on vit comme avec une ménagère, sans grande colère et sans grand amour. A Friedrich Gotthilf Osann, le vingt-neuf octobre mil huit cent vingt-deux
Mais cette fichue populace ne lit toujours que ce qui est nouveau. A Julius Frauenstädt, le deux janvier mil huit cent cinquante-deux
Beaucoup de suicides à Berlin ? Je veux bien le croire ; c’est un patelin maudit, physiquement et moralement, et je remercie vivement le choléra qu’il m’en ait chassé, il y a 23 ans, et amené ici, dans un climat plus calme et une vie plus douce. (Ici : Francfort-sur-le-Main) A Julius Frauenstädt, le neuf avril mil huit cent cinquante-quatre
Mais il ne faut jamais oublier que les Français seront toujours français, c’est-à-dire paresseux, frivoles, hâbleurs… A Julius Frauenstädt, le trois novembre mil huit cent cinquante-cinq
Dans ma 70e année, je sens plus que jamais la valeur du temps : mettre de côté pendant plusieurs jours des études diverses et intéressantes qui m’occupent, afin de lire le manuscrit d’une biographie d’un Monsieur que je ne connais pas, cela dépasse mes capacités. A Karl Debrois Van Bruyck, le cinq mars mil huit cent cinquante-huit
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A l’âge de neuf ans, Arthur Schopenhauer fut laissé par son père chez les Blémisaire, une famille de commerçants du Havre, afin qu’il apprenne le français. Il y resta deux ans, oubliant presque l’allemand. Une lettre fort intéressante est celle écrite, dans un français personnel, à son ami d’enfance Anthime Grégoire de Blésimaire, le dix décembre mil huit cent trente-six :
Tu n’es donc plus au Hâvre ? plus de maison de commerce ? très bien : mais moi qui, encore dernièrement, voyait avec plaisir dans les journaux, qu’on projette un chemin-de-fer de Paris au Havre, & calculois, que si jamais mon destin me mêneroit à Paris, je pourrais en peu d’heures, être au Hâvre ! Eh bien, même sans toi, j’irois ! (…)
Mon revenu diminué me suffit encore, vivant en garçon, en chambre garnie, dinant à table d’hôte, le tout sans luxe, mais décemment, j’ai le nécessaire & rien de plus, & je remercie le sort, de n’avoir ni femme ni enfants : 2 bâtards, que j’avois, sont morts jeunes. (…)
… étant depuis longtems rassasié & dégouté du commerce des hommes, & sachant qu’ils ne valent pas la peine de perdre mon tems avec eux : partout ils forment, quant à l’aspect extérieur, un cabinet de caricatures, quant à l’esprit, un hôpital de fous, -& quant au caractère moral, un cabaret de filous.
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La naissance d’un livre sans fautes est aussi rare que celle d’un enfant sans défauts. écrivait Arthur Schopenhauer à Justus Radius le neuf juin mil huit cent trente.
Les Editions Alive et leur traducteur Christian Jaedicke semblent avoir eu pour dessein d’illustrer ce propos. On y trouve d’aussi grossières erreurs que « il exclua » « des bails » « intérêt pécunier » « de grandes éloges ». Ce n’est qu’une sélection.
26 août 2021
Incohérence ou mauvaise foi, je ne sais, mais pas moyen de faire comprendre à la boulangère du Fournil du Carré d’Or que sa terrasse est soumise au contrôle du passe sanitaire. « Mon comptable m’a dit que c’était pour les terrasses de plus de cinquante places et moi j’en ai trente-neuf », m’a-t-elle d’abord répondu.
Quand je lui ai dit que j’avais demandé s’il le fallait ou non à la boulangerie Emma qui n’a que cinq ou six tables en terrasse et qu’on m’avait répondu « Oui bien sûr », elle m’a dit qu’elle en est exemptée parce que sa boulangerie est artisanale alors que là-bas il y a peut-être du congelé.
J’ai donc renoncé à la mettre en garde contre les conséquences d’un contrôle de la maréchaussée. Aura-t-il jamais lieu ? J’ai l’impression qu’ici, à Rouen, il n’y en a aucun et que c’est la même chose ailleurs.
*
Début septembre, quatre mois avant le deux centième anniversaire de la naissance de Gustave Flaubert, un colloque international est consacré à l’écrivain au Musée des Beaux-Arts et à l’Université de Rouen. Son thème : « Genre et sexualité dans l’œuvre de Gustave Flaubert ». Ce qui s’appelle être dans l’air du temps. Au siècle précédent, cela aurait été « Lutte des classes et révolution dans l’œuvre de Gustave Flaubert ».
*
Tépide, un qualificatif que je ne connaissais pas, trouvé sous la plume d’Edmond de Goncourt dans l’expression « Une humidité tépide ». Il signifie « tiède ». Stendhal l’a utilisé. Il peut aussi s’employer au figuré. Huysmans l’a fait.
Quand je lui ai dit que j’avais demandé s’il le fallait ou non à la boulangerie Emma qui n’a que cinq ou six tables en terrasse et qu’on m’avait répondu « Oui bien sûr », elle m’a dit qu’elle en est exemptée parce que sa boulangerie est artisanale alors que là-bas il y a peut-être du congelé.
J’ai donc renoncé à la mettre en garde contre les conséquences d’un contrôle de la maréchaussée. Aura-t-il jamais lieu ? J’ai l’impression qu’ici, à Rouen, il n’y en a aucun et que c’est la même chose ailleurs.
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Début septembre, quatre mois avant le deux centième anniversaire de la naissance de Gustave Flaubert, un colloque international est consacré à l’écrivain au Musée des Beaux-Arts et à l’Université de Rouen. Son thème : « Genre et sexualité dans l’œuvre de Gustave Flaubert ». Ce qui s’appelle être dans l’air du temps. Au siècle précédent, cela aurait été « Lutte des classes et révolution dans l’œuvre de Gustave Flaubert ».
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Tépide, un qualificatif que je ne connaissais pas, trouvé sous la plume d’Edmond de Goncourt dans l’expression « Une humidité tépide ». Il signifie « tiède ». Stendhal l’a utilisé. Il peut aussi s’employer au figuré. Huysmans l’a fait.
25 août 2021
Ce mardi matin, il n’est pas difficile à ma coiffeuse de trouver un sujet de conversation : « On dirait qu’il va faire beau ». Je ne peux pas dire le contraire. C’est un jour avec plus de soleil que de nuages. Ce qui n’est déjà pas mal.
A mi-journée, cinq minutes avant l’ouverture, j’arrive au Son du Cor et ai la mauvaise surprise de trouver un quidam déjà installé à ma table habituelle. Je suis contraint de me rabattre sur l’une de celles posées sur le terrain de boules, entre soleil et ombre, sans le risque d’un arbre à oiseaux au-dessus de la tête. Ces bestioles volantes sont un risque pour qui lit. Je ne voudrais pas qu’une page de L’Esprit de Paris soit décorée d’une chiure.
A peine le café est-il ouvert qu’une quinquagénaire et son petit-fils s’installent également sur cette extension de terrasse. Le moutard a tôt fait de courir sur le boulodrome. Quand il s’approche de moi dans un nuage de poussière, je fais comprendre à son ascendante que ça ne doit pas se reproduire. Je m’attends à ce qu’elle me dise « C’est un enfant ». A quoi je pourrais répondre « C’est bien le problème ».
Finie l’heureuse époque où le boulodrome ne servait qu’à la pétanque. Aucun adulte n’y laissait crapahuter son moutard de peur qu’un joueur ne le prenne pour le cochonnet.
*
Le lendemain mercredi, c’est avec mon dentiste que je pourrais parler du temps qu’il fait, si celui-ci ne m’obligeait à avoir la bouche ouverte et ne se livrait à de bruyants travaux pour mon détartrage d’été. Près de lui, debout et intimidée, venant d’arriver, se tient une future dentiste, en stage. Nouveauté, le patient n’est plus invité à mettre des surchaussures anti Covid à l’arrivée.
A mi-journée, cinq minutes avant l’ouverture, j’arrive au Son du Cor et ai la mauvaise surprise de trouver un quidam déjà installé à ma table habituelle. Je suis contraint de me rabattre sur l’une de celles posées sur le terrain de boules, entre soleil et ombre, sans le risque d’un arbre à oiseaux au-dessus de la tête. Ces bestioles volantes sont un risque pour qui lit. Je ne voudrais pas qu’une page de L’Esprit de Paris soit décorée d’une chiure.
A peine le café est-il ouvert qu’une quinquagénaire et son petit-fils s’installent également sur cette extension de terrasse. Le moutard a tôt fait de courir sur le boulodrome. Quand il s’approche de moi dans un nuage de poussière, je fais comprendre à son ascendante que ça ne doit pas se reproduire. Je m’attends à ce qu’elle me dise « C’est un enfant ». A quoi je pourrais répondre « C’est bien le problème ».
Finie l’heureuse époque où le boulodrome ne servait qu’à la pétanque. Aucun adulte n’y laissait crapahuter son moutard de peur qu’un joueur ne le prenne pour le cochonnet.
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Le lendemain mercredi, c’est avec mon dentiste que je pourrais parler du temps qu’il fait, si celui-ci ne m’obligeait à avoir la bouche ouverte et ne se livrait à de bruyants travaux pour mon détartrage d’été. Près de lui, debout et intimidée, venant d’arriver, se tient une future dentiste, en stage. Nouveauté, le patient n’est plus invité à mettre des surchaussures anti Covid à l’arrivée.
24 août 2021
Au lit avec Soumission de Michel Houellebecq. Il faut vraiment être de très bonne volonté pour croire à son histoire d’élection d’un Président de la République membre du Parti Musulman. Ce n’est pas mon cas. Néanmoins je vais jusqu’au bout.
Le plus risible : les scènes pornographiques dans lesquelles le raté qu’est son héros se transforme en bête de sexe.
Plusieurs incohérences dans la narration. Un exemple : le héros cherche désespérément de l’essence, le réservoir de sa voiture est presque vide, la station-service qu’il finit par trouver est hors-service, sa gérante vient d’être assassinée, qu’importe il poursuit sa route sans plus se soucier de la question.
Des faiblesses d’écriture, comme cette répétition ridicule de « minuscule » :
Puis il sortit de son blouson un minuscule portable en coquille, presque féminin, qui semblait minuscule dans sa paume, et s’écarta de quelques mètres pour composer un numéro.
Quand même j’ai trouvé ça à noter, car cette impression est aussi la mienne :
… une conversation entre hommes, cette chose curieuse qui semble toujours hésiter entre la pédérastie et le duel.
Le plus risible : les scènes pornographiques dans lesquelles le raté qu’est son héros se transforme en bête de sexe.
Plusieurs incohérences dans la narration. Un exemple : le héros cherche désespérément de l’essence, le réservoir de sa voiture est presque vide, la station-service qu’il finit par trouver est hors-service, sa gérante vient d’être assassinée, qu’importe il poursuit sa route sans plus se soucier de la question.
Des faiblesses d’écriture, comme cette répétition ridicule de « minuscule » :
Puis il sortit de son blouson un minuscule portable en coquille, presque féminin, qui semblait minuscule dans sa paume, et s’écarta de quelques mètres pour composer un numéro.
Quand même j’ai trouvé ça à noter, car cette impression est aussi la mienne :
… une conversation entre hommes, cette chose curieuse qui semble toujours hésiter entre la pédérastie et le duel.
23 août 2021
Alors que j’avance dans ma lecture de la Correspondance complète d’Arthur Schopenhauer publiée chez Alive, je me découvre un point commun avec lui :
Depuis 8 jours j’ai un rhumatisme au pied qui empêche mes promenades, ce qui m’indigne beaucoup, même si je m’en suis moi-même rendu coupable, par inattention. écrit-il à Julius Frauenstädt, le six novembre mil huit cent cinquante-quatre.
Comment peut-on être coupable de son rhumatisme par inattention ? Je me le demande. Il a soixante-six ans.
Le trente novembre, il écrit au même :
J’ai soigné mon rhumatisme avec cette panacée très appréciée en ce moment, l’eau de vie avec du sel, ce que je vous recommande pour cette maladie et 20 autres, selon les instructions de Wm. Lee, « Le médecin de soi », traduit de l’anglais, 4e éd. 1850, 38 p. Très pratique !
J’hésite à suivre le conseil.
*
Un Point Rouen dans cette correspondance à l’occasion d’une lettre à Julius Frauenstädt postée le quatre février mil huit cent cinquante-quatre :
Bel article dernièrement sur la mise au concours de Rouen, dans le Unterhaltungsblatt.
On n’en saura pas plus.
Depuis 8 jours j’ai un rhumatisme au pied qui empêche mes promenades, ce qui m’indigne beaucoup, même si je m’en suis moi-même rendu coupable, par inattention. écrit-il à Julius Frauenstädt, le six novembre mil huit cent cinquante-quatre.
Comment peut-on être coupable de son rhumatisme par inattention ? Je me le demande. Il a soixante-six ans.
Le trente novembre, il écrit au même :
J’ai soigné mon rhumatisme avec cette panacée très appréciée en ce moment, l’eau de vie avec du sel, ce que je vous recommande pour cette maladie et 20 autres, selon les instructions de Wm. Lee, « Le médecin de soi », traduit de l’anglais, 4e éd. 1850, 38 p. Très pratique !
J’hésite à suivre le conseil.
*
Un Point Rouen dans cette correspondance à l’occasion d’une lettre à Julius Frauenstädt postée le quatre février mil huit cent cinquante-quatre :
Bel article dernièrement sur la mise au concours de Rouen, dans le Unterhaltungsblatt.
On n’en saura pas plus.
21 août 2021
Le repas terminé, ne souffrant pas trop du pied, je remonte le rue du Faubourg Saint-Antoine jusqu’au Mona Lisait, un effort dont j’aurais pu me passer tant est décevant le choix de livres à l’étage au rayon Littérature.
Par le métro Huit, je rejoins la station Opéra et marche jusqu’à Quatre Septembre. Après un café à emporter au Bistrot d’Edmond (un euro vingt alors qu’il y a deux semaines on me l’a fait à un euro trente), j’entre chez Book-Off et y dépense un euro pour Soumission de Michel Houellebecq dans l’édition Flammarion. Il m’aura fallu attendre longtemps avant de trouver à ce prix ce livre pour lequel je ne voulais pas mettre davantage.
Le métro Trois me ramène à Saint-Lazare. Je dois me contenter de la terrasse de L’Atlantique et de son café à deux euros quatre-vingt-dix pour terminer Syllogismes de l’amertume en attendant le train de dix-sept heures trente-deux pour lequel j’ai un billet à dix euros dix. Quel pleurnicheur ce Cioran et comme il est soûlant à revenir sans cesse au nommé Dieu alors qu’il dit ne pas y croire. C’est dans ce livre que l’on trouve le célèbre Depuis deux mille ans, Jésus se venge sur nous de n’être pas mort sur un canapé. Je note ceci qui me fait sourire : Cette espèce de malaise lorsqu’on essaie d’imaginer la vie quotidienne des grands esprits… Vers deux heures de l’après-midi, que pouvait bien faire Socrate ?
Dans la voiture Quinze, où j’ai place réservée, se trouvent un trentenaire italien au physique de gendre idéal, son père et sa mère (« Mamma ! »). Avoir trente-cinq ans et voyager avec ses parents. Il mange des chips et boit du coca. Le chef de bord nous annonce un ralentissement dû à la présence de personnes sur les voies à Villennes-sur-Seine. Ce n’est pas la première fois. La jeunesse du coin doit particulièrement s’ennuyer.
A l’arrivée à Rouen, il me reste à marcher jusqu’à chez moi. Pour éviter les pavés qui font souffrir mon pied, je passe par la rue des Fossés Louis le Huitième. Habituellement déserte, elle est ce soir encombrée par un grumeau cent pour cent masculin, une trentaine de jeunes et laids qui stagnent sans masques devant le Quartier Général des Avenjoueurs. Je les contourne prudemment.
Par le métro Huit, je rejoins la station Opéra et marche jusqu’à Quatre Septembre. Après un café à emporter au Bistrot d’Edmond (un euro vingt alors qu’il y a deux semaines on me l’a fait à un euro trente), j’entre chez Book-Off et y dépense un euro pour Soumission de Michel Houellebecq dans l’édition Flammarion. Il m’aura fallu attendre longtemps avant de trouver à ce prix ce livre pour lequel je ne voulais pas mettre davantage.
Le métro Trois me ramène à Saint-Lazare. Je dois me contenter de la terrasse de L’Atlantique et de son café à deux euros quatre-vingt-dix pour terminer Syllogismes de l’amertume en attendant le train de dix-sept heures trente-deux pour lequel j’ai un billet à dix euros dix. Quel pleurnicheur ce Cioran et comme il est soûlant à revenir sans cesse au nommé Dieu alors qu’il dit ne pas y croire. C’est dans ce livre que l’on trouve le célèbre Depuis deux mille ans, Jésus se venge sur nous de n’être pas mort sur un canapé. Je note ceci qui me fait sourire : Cette espèce de malaise lorsqu’on essaie d’imaginer la vie quotidienne des grands esprits… Vers deux heures de l’après-midi, que pouvait bien faire Socrate ?
Dans la voiture Quinze, où j’ai place réservée, se trouvent un trentenaire italien au physique de gendre idéal, son père et sa mère (« Mamma ! »). Avoir trente-cinq ans et voyager avec ses parents. Il mange des chips et boit du coca. Le chef de bord nous annonce un ralentissement dû à la présence de personnes sur les voies à Villennes-sur-Seine. Ce n’est pas la première fois. La jeunesse du coin doit particulièrement s’ennuyer.
A l’arrivée à Rouen, il me reste à marcher jusqu’à chez moi. Pour éviter les pavés qui font souffrir mon pied, je passe par la rue des Fossés Louis le Huitième. Habituellement déserte, elle est ce soir encombrée par un grumeau cent pour cent masculin, une trentaine de jeunes et laids qui stagnent sans masques devant le Quartier Général des Avenjoueurs. Je les contourne prudemment.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante