Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
25 septembre 2021
C’est à la terrasse du Sauveur que je commence ma journée vers sept heures et demie, quelques tables posées à un carrefour de ruelles. J’y petit-déjeune d’un croissant et d’un pain au chocolat achetés à la boulangerie d’à côté et d’un café allongé qu’ici on appelle américain et que j’ai la surprise de payer trente centimes de plus que l’expresso.
Ce troquet est au début de la bien nommée rue Droite qui mène tout droit à la plage en traversant le Vieux Nice. J’emprunte ce raccourci et en chemin trouve l’église de Jésus déjà ouverte. Encore un hymne au baroque, dont l’intérieur rivalise avec celui de la Cathédrale toute proche : stucs dorés et putti de toute les tailles.
Revenu à l’extérieur, j’achève la rue Droite et regarde à quoi ressemble la Méditerranée ce matin. Elle est paisible et l’on s’y baigne. Je marche sur son bord jusqu’à atteindre la partie de la promenade qui bénéficie du soleil et me pose sur une chaise bleue pour lire Edmond de Goncourt. Une activité que je mène jusqu’à ce qu’un malotru vienne à proximité sauter à la corde sur de la musique forte.
Je reprends la rue Droite en sens inverse, dans laquelle se trouve aussi le Palais Lascaris que mon Guide du Routard deux mille neuf signale en visite gratuite à partir de dix heures. Ouvert il l’est, mais désormais c’est cinq euros, m’apprend la personne chargée de l’accueil. Comme ma motivation ne tenait qu’à la gratuité, je rejoins la place Saint-François.
C’est le moment de boire un autre café, cette fois au Nomad. J’y réserve une table pour midi car ici le vendredi c’est aïoli de cabillaud à treize euros.
Le moment venu je le déguste avec un quart de vin blanc puis le fais suivre d’une tarte à la framboise. « Cela fait vingt-deux euros tout rond », m’annonce l’aimable tenancière à l’issue.
Je n’ai qu’à traverser les voies du tram pour aller lire sur un banc de la Promenade du Paillon près de l’immense statue du David de Michel-Ange Celui-ci fait don de son anatomie à une population indifférente.
*
Des boîtes à sous dans les boulangeries niçoises. Ce qui me conduit à payer sans contact.
*
Quai des Etats-Unis, des élèves d'élémentaire porteurs de sacs en plastique jaune « Nice ville propre ». Ils ramassent les mégots à mains nues.
*
Cette façon qu’ont les Niçois(e)s d’essayer de garder leur dignité tout en luttant contre la douleur quand ils marchent pieds nus sur les galets.
*
Conduisant une Smart électrique de ruelle en ruelle, une quinquagénaire distribue Nice Matin dans les bars en claironnant que son cancer elle l’a guéri avec un régime et que pour le Covid on s’en sort avec des vitamines et du zinc. « D’ailleurs vous en connaissez, vous, des gens morts du Covid ? Personne n’en connaît ».
Comme chantait Boris Vian, c’est même plus un cerveau, c’est comme de la sauce blanche.
Ce troquet est au début de la bien nommée rue Droite qui mène tout droit à la plage en traversant le Vieux Nice. J’emprunte ce raccourci et en chemin trouve l’église de Jésus déjà ouverte. Encore un hymne au baroque, dont l’intérieur rivalise avec celui de la Cathédrale toute proche : stucs dorés et putti de toute les tailles.
Revenu à l’extérieur, j’achève la rue Droite et regarde à quoi ressemble la Méditerranée ce matin. Elle est paisible et l’on s’y baigne. Je marche sur son bord jusqu’à atteindre la partie de la promenade qui bénéficie du soleil et me pose sur une chaise bleue pour lire Edmond de Goncourt. Une activité que je mène jusqu’à ce qu’un malotru vienne à proximité sauter à la corde sur de la musique forte.
Je reprends la rue Droite en sens inverse, dans laquelle se trouve aussi le Palais Lascaris que mon Guide du Routard deux mille neuf signale en visite gratuite à partir de dix heures. Ouvert il l’est, mais désormais c’est cinq euros, m’apprend la personne chargée de l’accueil. Comme ma motivation ne tenait qu’à la gratuité, je rejoins la place Saint-François.
C’est le moment de boire un autre café, cette fois au Nomad. J’y réserve une table pour midi car ici le vendredi c’est aïoli de cabillaud à treize euros.
Le moment venu je le déguste avec un quart de vin blanc puis le fais suivre d’une tarte à la framboise. « Cela fait vingt-deux euros tout rond », m’annonce l’aimable tenancière à l’issue.
Je n’ai qu’à traverser les voies du tram pour aller lire sur un banc de la Promenade du Paillon près de l’immense statue du David de Michel-Ange Celui-ci fait don de son anatomie à une population indifférente.
*
Des boîtes à sous dans les boulangeries niçoises. Ce qui me conduit à payer sans contact.
*
Quai des Etats-Unis, des élèves d'élémentaire porteurs de sacs en plastique jaune « Nice ville propre ». Ils ramassent les mégots à mains nues.
*
Cette façon qu’ont les Niçois(e)s d’essayer de garder leur dignité tout en luttant contre la douleur quand ils marchent pieds nus sur les galets.
*
Conduisant une Smart électrique de ruelle en ruelle, une quinquagénaire distribue Nice Matin dans les bars en claironnant que son cancer elle l’a guéri avec un régime et que pour le Covid on s’en sort avec des vitamines et du zinc. « D’ailleurs vous en connaissez, vous, des gens morts du Covid ? Personne n’en connaît ».
Comme chantait Boris Vian, c’est même plus un cerveau, c’est comme de la sauce blanche.
24 septembre 2021
Le ciel est toujours aussi bleu quand j’entre dans le Vieux Nice ce jeudi tôt. J’ai un plan, dit détaillé, de ce triangle qui jouxte l’endroit où je gîte et dont la base est le quai des Etats-Unis mais les ruelles sont si nombreuses que beaucoup n’y figurent point.
C’est donc au pifomètre que je tourne à gauche ou à droite, me laissant porter par ce que je vois et photographie : façades ocres orange ou jaunes, églises en veux-tu en voilà. Puis je me lance à l’assaut de la colline du Château (lequel n’existe plus) et arrive au cimetière où je fais une découverte près de l’entrée : la tombe de Gaston Leroux que je ne savais pas d’ici.
Ressorti et encouragé par les jolies jambes de jeunes étrangères qui me précédent, je reprends la montée et roule ma bille jusqu’à la tour Bellanda d’où l’on a vue sur la ville et la mer. Berlioz y a vécu, m’apprend une plaque. Redescendu jusqu’à la mer, je la longe un peu puis entre à nouveau dans le dédale où je fais une nouvelle découverte : une statue en pied de Jacques Chirac pas très loin de la Mairie d’Estrosi.
Enfin je trouve la Cathédrale Sainte-Réparate dont l’intérieur est d’un baroque on ne peut plus kitsch. Elle se situe place Rossetti, la plus belle de la vieille ville selon Le Routard. Je photographie chaque côté de ce quadrilatère puis m’installe en son centre à la terrasse du Kalice pour un café lecture à un euro quatre-vingt-dix.
Je choisis de déjeuner à côté, au restaurant La Claire Fontaine, installé à une table presque les pieds dans l’eau de celle-ci. Je réfléchis à quoi choisir quand retentit le claquant coup de canon de midi tiré du parc du Château. Il est suivi du carillonnage de la Cathédrale, laquelle ferme ses portes pendant la pause méridienne. Se succèdent sur ma table une pissaladière et tourte aux courgettes, des supions à la niçoise et une tourte aux blettes, le tout bon et copieux, pour dix-sept euros quatre-vingt-dix.
La Promenade du Paillon n’est pas loin. Les lycéen(ne)s s’y ébaudissent avant la reprise des cours. J’y poursuis ma relecture du troisième tome du Journal des Goncourt. Edmond est moins dépressif vers la fin des années quatre-vingt. Il redevient méchant. Cela me réjouit.
*
Place Rossetti, sur le mur du Kalice, une plaque : « Antonia la marchande de journaux, Jallez le normalien, héros de La Douceur de la Vie, commencèrent leurs amours sur cette place dans l’œuvre de Jules Romain ».
Cela se passe dans le tome dix-huit des Hommes de bonne volonté.
Que plus personne ne lit.
*
Je ne sais qui a osé écrire Romains sans sa finale.
C’est donc au pifomètre que je tourne à gauche ou à droite, me laissant porter par ce que je vois et photographie : façades ocres orange ou jaunes, églises en veux-tu en voilà. Puis je me lance à l’assaut de la colline du Château (lequel n’existe plus) et arrive au cimetière où je fais une découverte près de l’entrée : la tombe de Gaston Leroux que je ne savais pas d’ici.
Ressorti et encouragé par les jolies jambes de jeunes étrangères qui me précédent, je reprends la montée et roule ma bille jusqu’à la tour Bellanda d’où l’on a vue sur la ville et la mer. Berlioz y a vécu, m’apprend une plaque. Redescendu jusqu’à la mer, je la longe un peu puis entre à nouveau dans le dédale où je fais une nouvelle découverte : une statue en pied de Jacques Chirac pas très loin de la Mairie d’Estrosi.
Enfin je trouve la Cathédrale Sainte-Réparate dont l’intérieur est d’un baroque on ne peut plus kitsch. Elle se situe place Rossetti, la plus belle de la vieille ville selon Le Routard. Je photographie chaque côté de ce quadrilatère puis m’installe en son centre à la terrasse du Kalice pour un café lecture à un euro quatre-vingt-dix.
Je choisis de déjeuner à côté, au restaurant La Claire Fontaine, installé à une table presque les pieds dans l’eau de celle-ci. Je réfléchis à quoi choisir quand retentit le claquant coup de canon de midi tiré du parc du Château. Il est suivi du carillonnage de la Cathédrale, laquelle ferme ses portes pendant la pause méridienne. Se succèdent sur ma table une pissaladière et tourte aux courgettes, des supions à la niçoise et une tourte aux blettes, le tout bon et copieux, pour dix-sept euros quatre-vingt-dix.
La Promenade du Paillon n’est pas loin. Les lycéen(ne)s s’y ébaudissent avant la reprise des cours. J’y poursuis ma relecture du troisième tome du Journal des Goncourt. Edmond est moins dépressif vers la fin des années quatre-vingt. Il redevient méchant. Cela me réjouit.
*
Place Rossetti, sur le mur du Kalice, une plaque : « Antonia la marchande de journaux, Jallez le normalien, héros de La Douceur de la Vie, commencèrent leurs amours sur cette place dans l’œuvre de Jules Romain ».
Cela se passe dans le tome dix-huit des Hommes de bonne volonté.
Que plus personne ne lit.
*
Je ne sais qui a osé écrire Romains sans sa finale.
23 septembre 2021
Beaucoup se lèvent tôt à Nice, je le constate alors qu’à peine le jour apparu on fait queue chez la boulangère que m’a indiquée un balayeur de rue. C’est pour travailler ou pour se baigner, ou encore pour se baigner avant d’aller travailler. Après un passage par la fort belle place Masséna et sa fontaine du Soleil j’arrive sur la trop connue Promenade des Anglais en ayant une pensée pour le drame qui eut lieu certain Quatorze Juillet par la volonté d’un islamiste.
Impossible de manger mon croissant et mon pain au chocolat en buvant un café côté mer, il n’y a que des établissements d’un luxe tapageur privatisant des portions de la plage et pas encore ouverts (comment les riches peuvent-ils se contenter d’une étendue de galets pour s’allonger un verre à la main ?). C’est sur une des chaises bleues, face à la Grande Bleue, que je mange mes viennoiseries.
Cette Promenade des Anglais (la Prom’ pour les intimes) est d’un prestige surfait, comme les Champs-Elysées et la Canebière, doublée qu’elle est par une deux fois trois voies à forte circulation automobile. Les cafés qui jouxtent cette autoroute urbaine ne me font pas envie, d’autant que j’ai déjà trop chaud. Je cherche refuge dans une petite rue perpendiculaire ombragée.
S’y trouve un café appelé La Lorraine (souvenir de mon escapade précédente) où on ne demande pas le passe et où le café est à deux euros. J’ouvre là pour la première fois le troisième tome du Journal des Goncourt. Edmond est encore du voyage.
Après m’être allégé à mon quatrième étage et en avoir tiré les volets, je contourne le Lycée Masséna pour rejoindre la place Saint-François. Mon Guide du Routard Côte d’Azur deux mille neuf y conseille un restaurant plus connu des locaux que des touristes.
Il a disparu. Peu soucieux d’entrer dans les rues les plus étroites de la ville qui sont surpeuplées à cette heure, c’est sur cette même place que je déjeune au Restaurant Gaglio d’un menu à dix-neuf euros quatre-vingt-dix : caillettes farcies minestrone de légumes, bavette d’aloyau pleurotes gratin dauphinois et feuilleté aux pommes. C’est bon et accompagné de pain rustique. D’une carafe d’eau aussi car le vin au verre n’est pas donné.
N’ayant pas envie de m’épuiser par cette chaleur, je vais lire à côté, Promenade du Paillon, aussi appelée la Coulée Verte et qui mène au Théâtre National de Nice. Un quinquagénaire ventru demande à partager mon banc.
-Pas de problème, je vais me mettre à l’autre bout.
-Y a pas de danger, me répond-il, tout ça c’est une histoire inventée par les politiques.
-C’est bon, ne me racontez pas des conneries à la Raoult.
Il ronchonne puis se tait puis s’en va. Je fais de même un peu plus tard pour aller boire un café au Relax où on l’est moins qu’hier car soudain la serveuse se précipite sur tous les passes non contrôlés. La maréchaussée est signalée dans un autre bar du quartier.
*
Un peu effrayant, le coup de canon de midi quand on l’entend pour la première fois, comme c’est mon cas ce mercredi.
*
Le mercredi, ce jour cruel où les mères sortent en ville avec leurs filles.
*
Ô Niçois qui mal y pense !
Ça me trotte dans la tête.
L’écrire m’en débarrassera peut-être.
Impossible de manger mon croissant et mon pain au chocolat en buvant un café côté mer, il n’y a que des établissements d’un luxe tapageur privatisant des portions de la plage et pas encore ouverts (comment les riches peuvent-ils se contenter d’une étendue de galets pour s’allonger un verre à la main ?). C’est sur une des chaises bleues, face à la Grande Bleue, que je mange mes viennoiseries.
Cette Promenade des Anglais (la Prom’ pour les intimes) est d’un prestige surfait, comme les Champs-Elysées et la Canebière, doublée qu’elle est par une deux fois trois voies à forte circulation automobile. Les cafés qui jouxtent cette autoroute urbaine ne me font pas envie, d’autant que j’ai déjà trop chaud. Je cherche refuge dans une petite rue perpendiculaire ombragée.
S’y trouve un café appelé La Lorraine (souvenir de mon escapade précédente) où on ne demande pas le passe et où le café est à deux euros. J’ouvre là pour la première fois le troisième tome du Journal des Goncourt. Edmond est encore du voyage.
Après m’être allégé à mon quatrième étage et en avoir tiré les volets, je contourne le Lycée Masséna pour rejoindre la place Saint-François. Mon Guide du Routard Côte d’Azur deux mille neuf y conseille un restaurant plus connu des locaux que des touristes.
Il a disparu. Peu soucieux d’entrer dans les rues les plus étroites de la ville qui sont surpeuplées à cette heure, c’est sur cette même place que je déjeune au Restaurant Gaglio d’un menu à dix-neuf euros quatre-vingt-dix : caillettes farcies minestrone de légumes, bavette d’aloyau pleurotes gratin dauphinois et feuilleté aux pommes. C’est bon et accompagné de pain rustique. D’une carafe d’eau aussi car le vin au verre n’est pas donné.
N’ayant pas envie de m’épuiser par cette chaleur, je vais lire à côté, Promenade du Paillon, aussi appelée la Coulée Verte et qui mène au Théâtre National de Nice. Un quinquagénaire ventru demande à partager mon banc.
-Pas de problème, je vais me mettre à l’autre bout.
-Y a pas de danger, me répond-il, tout ça c’est une histoire inventée par les politiques.
-C’est bon, ne me racontez pas des conneries à la Raoult.
Il ronchonne puis se tait puis s’en va. Je fais de même un peu plus tard pour aller boire un café au Relax où on l’est moins qu’hier car soudain la serveuse se précipite sur tous les passes non contrôlés. La maréchaussée est signalée dans un autre bar du quartier.
*
Un peu effrayant, le coup de canon de midi quand on l’entend pour la première fois, comme c’est mon cas ce mercredi.
*
Le mercredi, ce jour cruel où les mères sortent en ville avec leurs filles.
*
Ô Niçois qui mal y pense !
Ça me trotte dans la tête.
L’écrire m’en débarrassera peut-être.
22 septembre 2021
Le Rouen Paris de six heures dix est un dortoir ambulant. Ce mardi, j’y ai place réservée et pas de voisin immédiat. Changement d’ambiance ligne Quatorze du métro, tous ces humains qui sont pressés d’aller travailler et qui me pressent. Je suis content d’en sortir avec ma petite valise, Gare de Lyon, par la place Henri Frenay. La Terrasse de Lyon me permet de prendre un café (deux euros cinquante) et d’attendre le Tégévé de dix heures zéro sept pour Nice.
A l’approche de la zone Tégévé, une Gilet Bleu me demande mon passe sanitaire et me met un bracelet de même couleur autour du poignet. Me voilà bagué pour la suite.
Dans le train qui file vers Marseille entre contreforts des Alpes et contreforts du Massif Central, un calme jeune homme est assis à mon côté, bien masqué. Quinze minutes d’arrêt dans la cité phocéenne (comme disent les journalistes) puis, délesté de beaucoup, ce qui me permet de m’assoir côté mer, le train repart à une vitesse de Téheuherre sur un tracé tantôt Massif des Maures tantôt bord de Méditerranée.
Le ciel comme les flots sont d’azur, les maisons roses, les plages emplies de maillots de bain, les vignes dans de la terre rouge, les arrêts nombreux : Toulon, Les Arcs Draguignan, Saint-Raphaël Valescure, Cannes et Antibes.
Ce Tégévé devenu omnibus a perdu toute sa force. Je me demande à chaque gare s’il va être capable de repartir. Déjouant mon pessimisme, il arrive à seize heures zéro sept comme prévu à la Gare de Nice Ville, terminus.
Dès que j’ai le pied dehors, je le sens : ici, en cette veille d’automne, c’est le plein été. Il fait vingt-sept degrés.
Mon logement Air Bibi se trouve à un kilomètre cinq, dans le Vieux Nice. Je descends pédestrement l’avenue Jean-Médecin où circule le tram, tourne à gauche rue Pastorelli. Ayant atteint le square Durandy où commence la rue qui sera provisoirement la mienne, je m’arrête à la terrasse du Relax. On n’y demande pas le passe sanitaire. Le café est à un euro cinquante. La jeune patronne pouponne tout en faisant le service. Il porte bien son nom.
J’ai rendez-vous avec mon logeur à dix-sept heures trente à l’autre bout de la rue, près du Lycée Masséna. En l’attendant, je regarde passer des lycéennes adeptes du crop top.
Tout se passe comme prévu. Me voici installé dans un agréable appartement de deux pièces qui donnent sur l’arrière, au quatrième étage, avec heureusement un ascenseur pour mon vieux cœur. J’en ouvre les fenêtres. Le calme attendu est parfois troublé par un dément qui crie à répétition « Connard ! ».
A l’approche de la zone Tégévé, une Gilet Bleu me demande mon passe sanitaire et me met un bracelet de même couleur autour du poignet. Me voilà bagué pour la suite.
Dans le train qui file vers Marseille entre contreforts des Alpes et contreforts du Massif Central, un calme jeune homme est assis à mon côté, bien masqué. Quinze minutes d’arrêt dans la cité phocéenne (comme disent les journalistes) puis, délesté de beaucoup, ce qui me permet de m’assoir côté mer, le train repart à une vitesse de Téheuherre sur un tracé tantôt Massif des Maures tantôt bord de Méditerranée.
Le ciel comme les flots sont d’azur, les maisons roses, les plages emplies de maillots de bain, les vignes dans de la terre rouge, les arrêts nombreux : Toulon, Les Arcs Draguignan, Saint-Raphaël Valescure, Cannes et Antibes.
Ce Tégévé devenu omnibus a perdu toute sa force. Je me demande à chaque gare s’il va être capable de repartir. Déjouant mon pessimisme, il arrive à seize heures zéro sept comme prévu à la Gare de Nice Ville, terminus.
Dès que j’ai le pied dehors, je le sens : ici, en cette veille d’automne, c’est le plein été. Il fait vingt-sept degrés.
Mon logement Air Bibi se trouve à un kilomètre cinq, dans le Vieux Nice. Je descends pédestrement l’avenue Jean-Médecin où circule le tram, tourne à gauche rue Pastorelli. Ayant atteint le square Durandy où commence la rue qui sera provisoirement la mienne, je m’arrête à la terrasse du Relax. On n’y demande pas le passe sanitaire. Le café est à un euro cinquante. La jeune patronne pouponne tout en faisant le service. Il porte bien son nom.
J’ai rendez-vous avec mon logeur à dix-sept heures trente à l’autre bout de la rue, près du Lycée Masséna. En l’attendant, je regarde passer des lycéennes adeptes du crop top.
Tout se passe comme prévu. Me voici installé dans un agréable appartement de deux pièces qui donnent sur l’arrière, au quatrième étage, avec heureusement un ascenseur pour mon vieux cœur. J’en ouvre les fenêtres. Le calme attendu est parfois troublé par un dément qui crie à répétition « Connard ! ».
20 septembre 2021
De la pluie en cours de nuit et encore au petit matin, heureusement elle a cessé quand se lève le jour ce dimanche : à sept heures trente-six. C’est le moment de sortir de chez moi pour rejoindre le Quai des Livres rouennais, ce marché de l’occasion qui regroupe professionnels, associations et particuliers.
Arrivé sur place je constate que les vendeurs sont moins nombreux qu’avant-guerre. La qualité ne remplace pas la quantité. On garde le meilleur pour ailleurs. Déjà, du dernier Quai parcouru avant Covid, j’étais reparti bredouille.
Il en est de même ce jour après l’ultime tentative d’un vendeur :
-Vous allez bien nous acheter quelque chose.
-J’ai peur que non.
-Ce n’est pas cher pourtant.
-Oui, mais que de la daube.
*
En face de l’Hôtel des Ventes de la rue de la Croix de Fer, un mur blanc est devenu le préféré des colleuses locales pour dénoncer ce qu’il est convenu d’appeler les féminicides. Leurs slogans, parfois peu intelligibles pour le passant moyen, sont systématiquement décollés. Le dernier est en place depuis quelques jours, incompréhensible pour qui n’a pas suivi les épisodes précédents : « Décoller n’efface pas les victimes ». Il y a un brin de paranoïa derrière ce propos. Je suppose que le propriétaire du mur nettoie son bien indépendamment de ce qu’on y écrit.
*
Mieszko Bavencoffe, plasticien dont j’ai fait la connaissance dans une circonstance quelque peu conflictuelle au temps de l’Ubi, lieu artistique mutualisé, puis que je suis allé un jour soutenir alors qu’à lui seul il s’opposait à l’abattage des arbres de la rue d’Amiens (ils sont toujours debout), fait un coup d’éclat pour cette Journée du Patrimoine en installant devant l’Hôtel de Ville de Rouen, sur le socle de celui parti se refaire une beauté, un Napoléon bicycliste livreur de repas Deliveroo.
Revenant de photographier cette œuvre éphémère, je croise ce grand garçon et lui dit bonjour. Il me répond et me détrompe. C’est son frère. Dingue comme ils se ressemblent.
*
Mort de Julos Beaucarne à l’âge de quatre-vingt-cinq ans ce dimanche. Vu et écouté il y a longtemps à Louviers. Au temps des concerts gratuits. Des chansons écolo gentillettes. Une trop grande âme pour moi.
J’ai détesté la lettre pleine de compréhension et de pardon qu’il a écrite à l’homme qui a tué sa femme, un marginal qu’il avait recueilli.
Quand même, ce titre de neuf secondes que je n’ai pas oublié : Dans le cadre de la quinzaine du bon langage, ne disez pas « Disez »... Disez « Dites ».
Arrivé sur place je constate que les vendeurs sont moins nombreux qu’avant-guerre. La qualité ne remplace pas la quantité. On garde le meilleur pour ailleurs. Déjà, du dernier Quai parcouru avant Covid, j’étais reparti bredouille.
Il en est de même ce jour après l’ultime tentative d’un vendeur :
-Vous allez bien nous acheter quelque chose.
-J’ai peur que non.
-Ce n’est pas cher pourtant.
-Oui, mais que de la daube.
*
En face de l’Hôtel des Ventes de la rue de la Croix de Fer, un mur blanc est devenu le préféré des colleuses locales pour dénoncer ce qu’il est convenu d’appeler les féminicides. Leurs slogans, parfois peu intelligibles pour le passant moyen, sont systématiquement décollés. Le dernier est en place depuis quelques jours, incompréhensible pour qui n’a pas suivi les épisodes précédents : « Décoller n’efface pas les victimes ». Il y a un brin de paranoïa derrière ce propos. Je suppose que le propriétaire du mur nettoie son bien indépendamment de ce qu’on y écrit.
*
Mieszko Bavencoffe, plasticien dont j’ai fait la connaissance dans une circonstance quelque peu conflictuelle au temps de l’Ubi, lieu artistique mutualisé, puis que je suis allé un jour soutenir alors qu’à lui seul il s’opposait à l’abattage des arbres de la rue d’Amiens (ils sont toujours debout), fait un coup d’éclat pour cette Journée du Patrimoine en installant devant l’Hôtel de Ville de Rouen, sur le socle de celui parti se refaire une beauté, un Napoléon bicycliste livreur de repas Deliveroo.
Revenant de photographier cette œuvre éphémère, je croise ce grand garçon et lui dit bonjour. Il me répond et me détrompe. C’est son frère. Dingue comme ils se ressemblent.
*
Mort de Julos Beaucarne à l’âge de quatre-vingt-cinq ans ce dimanche. Vu et écouté il y a longtemps à Louviers. Au temps des concerts gratuits. Des chansons écolo gentillettes. Une trop grande âme pour moi.
J’ai détesté la lettre pleine de compréhension et de pardon qu’il a écrite à l’homme qui a tué sa femme, un marginal qu’il avait recueilli.
Quand même, ce titre de neuf secondes que je n’ai pas oublié : Dans le cadre de la quinzaine du bon langage, ne disez pas « Disez »... Disez « Dites ».
16 septembre 2021
Deux dates que j’ai notées afin d’être à Rouen, et non pas en vadrouille, et pouvoir voter (si je suis encore vivant à ce moment-là) : dimanche dix avril deux mille vingt-deux et dimanche vingt-quatre avril deux mille vingt-deux, premier et second tours de la Présidentielle.
Ce qui est sûr, c’est que je mettrai un bulletin dans l’urne au second tour, avec le nom du moins pire écrit dessus. A ce jour, trois possibilités sont envisageables :
Macron, si duel Macron/Le Pen
Bertrand ou Pécresse, si duel Bertrand (Pécresse)/Le Pen
Macron, si duel Macron/Bertrand(Pécresse)
Au premier tour, je n’irai que si Macron risquait d’être éliminé par Bertrand (Pécresse). Tout comme la fois dernière j’étais prêt à voter pour lui dans le but d’éviter Fillon. Ce dernier ayant explosé en vol, ce ne fut pas nécessaire.
J’avais voté Hamon. Cette fois, aucun candidat de Gauche n’aura ma voix.
Ce qui est sûr, c’est que je mettrai un bulletin dans l’urne au second tour, avec le nom du moins pire écrit dessus. A ce jour, trois possibilités sont envisageables :
Macron, si duel Macron/Le Pen
Bertrand ou Pécresse, si duel Bertrand (Pécresse)/Le Pen
Macron, si duel Macron/Bertrand(Pécresse)
Au premier tour, je n’irai que si Macron risquait d’être éliminé par Bertrand (Pécresse). Tout comme la fois dernière j’étais prêt à voter pour lui dans le but d’éviter Fillon. Ce dernier ayant explosé en vol, ce ne fut pas nécessaire.
J’avais voté Hamon. Cette fois, aucun candidat de Gauche n’aura ma voix.
15 septembre 2021
A qui s’étonne de ce qui se passe dans les rues ici et maintenant, Anton Tchekhov dans une lettre à son éditeur Alexeï Sergueevitch Souvarine écrite le dix-sept janvier mil huit cent quatre-vingt-dix-sept expliquait :
La peste sera d’autant plus terrible qu’elle fera son apparition deux ou trois mois après le recensement ; le peuple va interpréter à sa manière le recensement et se mettre à tabasser les médecins : ah oui ! on empoisonne ceux qui sont d’trop pour qu’les seigneurs y z’aient plus d’terres. Les quarantaines ne sont pas une mesure sérieuse. Les vaccins de Khavkine donnent quelque espoir mais, malheureusement, Khavkine est impopulaire en Russie : « les chrétiens doivent se méfier de lui, c’est un youpin ».
Les Crieurs de Liberté seront encore de sortie samedi prochain.
La peste sera d’autant plus terrible qu’elle fera son apparition deux ou trois mois après le recensement ; le peuple va interpréter à sa manière le recensement et se mettre à tabasser les médecins : ah oui ! on empoisonne ceux qui sont d’trop pour qu’les seigneurs y z’aient plus d’terres. Les quarantaines ne sont pas une mesure sérieuse. Les vaccins de Khavkine donnent quelque espoir mais, malheureusement, Khavkine est impopulaire en Russie : « les chrétiens doivent se méfier de lui, c’est un youpin ».
Les Crieurs de Liberté seront encore de sortie samedi prochain.
14 septembre 2021
Il semble que certains trouvent cet hommage trop gentillet. Ils ne veulent pas entendre parler de racisme mais de négrophobie. Ce sont des membres de la Ligue de Défense Noire Africaine venus de Paris en car. Une jeune femme passe de groupe en groupe portant une affichette où est écrit un sibyllin « La paix est un comportement ». Quand enfin nous partons en cortège, direction le Palais de Justice, je me trouve coincé entre les partisans de « Halte au racisme » et les partisans de « Halte à la négrophobie ». Ces derniers tentent de prendre le contrôle des slogans. En leur sein sont des femmes très énervées qui laissent entendre qu’elles agiront bientôt à Paris de façon radicale. Je quitte le cortège au moment où il tourne dans la rue de Lecat. écrivais-je le vingt-neuf juillet deux mille dix-neuf après la marche en hommage à l’universitaire rouennais Mamoudou Barry victime d’une mortelle agression raciste à Canteleu le samedi vingt juillet précédent.
Cette Ligue de Défense Noire Africaine qui m’avait irrité au point de me faire quitter le cortège vient de faire des siennes à Val-de-Reuil, mon ancien lieu de résidence, défonçant une porte de la Mairie, bousculant et blessant Fadilla Benamara, courageuse Maire Adjointe qui s’interposait, envahissant la salle des mariages et enfarinant le Maire Marc-Antoine Jamet.
Point de départ de ce déchainement de violence une bagarre entre deux enfants, l’un d’origine Sénégalaise, l’autre d’origine Kurde. Les deux mères s’en mêlent puis les pères se battent eux aussi, l’un blessant gravement l’autre. S’ensuit une bagarre générale dans le quartier. Deux jours plus tard, un millier de membres du Pékaka, la plupart venus de Paris, manifestent dans la ville en insultant « les Noirs ». S’ensuit l’épisode de la Ligue de Défense Noire Africaine que maintenant Darmanin veut faire dissoudre.
*
On peut penser ce qu’on veut du Socialiste de luxe Marc-Antoine Jamet, bras droit de Bernard Arnault et Maire de Védéherre depuis vingt ans, et je ne me suis parfois pas privé de le critiquer, ça ne m’empêche pas de lui reconnaître bien du mérite.
*
Val d’Embrouille, c’est ainsi que nommait la ville lors de ses passages au Théâtre des Chalands Jacques Higelin.
Cette Ligue de Défense Noire Africaine qui m’avait irrité au point de me faire quitter le cortège vient de faire des siennes à Val-de-Reuil, mon ancien lieu de résidence, défonçant une porte de la Mairie, bousculant et blessant Fadilla Benamara, courageuse Maire Adjointe qui s’interposait, envahissant la salle des mariages et enfarinant le Maire Marc-Antoine Jamet.
Point de départ de ce déchainement de violence une bagarre entre deux enfants, l’un d’origine Sénégalaise, l’autre d’origine Kurde. Les deux mères s’en mêlent puis les pères se battent eux aussi, l’un blessant gravement l’autre. S’ensuit une bagarre générale dans le quartier. Deux jours plus tard, un millier de membres du Pékaka, la plupart venus de Paris, manifestent dans la ville en insultant « les Noirs ». S’ensuit l’épisode de la Ligue de Défense Noire Africaine que maintenant Darmanin veut faire dissoudre.
*
On peut penser ce qu’on veut du Socialiste de luxe Marc-Antoine Jamet, bras droit de Bernard Arnault et Maire de Védéherre depuis vingt ans, et je ne me suis parfois pas privé de le critiquer, ça ne m’empêche pas de lui reconnaître bien du mérite.
*
Val d’Embrouille, c’est ainsi que nommait la ville lors de ses passages au Théâtre des Chalands Jacques Higelin.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante