Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
27 décembre 2014
Entre Noël et Jour de l’An, c’est Rouen ouverte à tou(te)s celles et ceux qui sont en congé et viennent y baguenauder en famille et Rouen fermée en ce qui concerne les lieux où j’aurais envie d’aller. Aussi, c’est réjoui que j’ai lu ceci sur le réseau social Effe Bé : « Le café de l'Ubi sera fermé du 20 décembre au 5 janvier. Mais rassurez-vous, le lieu sera ouvert et la galerie vous accueillera du mercredi au samedi de 14h à 19h. En l'absence de consommations servies au bar, vous pouvez comme d'habitude venir travailler, rencontrer des amis et apporter de quoi vous sustenter. »
Louable intention, mais quand je m’y présente ce vendredi vingt-six après-midi, l’une qui s’y trouve me dit que non c’est fermé. On y prépare une fête à laquelle je ne suis pas invité. Déjà, samedi vingt, la porte en était close. Je me rabats encore une fois sur le Socrate où je dois côtoyer des familles venues de l’Eure ou du Pays de Caux. Les femmes discutent biberons et le donnent. Les hommes discutent champagne et foie gras et en rêvent.
Autre désagrément du jour lié au réseau social Effe Bé, je me suis laissé prendre à l’un de ces échanges avec un « ami » qui finissent en dialogue de sourds, dont je me garde le plus souvent, le regrettant quand j’ai la faiblesse d’y céder. Contester un avis vous fait courir le risque d’être traité de troll par l’interlocuteur, autrement dit d’être disqualifié. Ce qui m’est donc arrivé, ce vendredi matin, par l’un qui fut naguère le spécialiste de l’information rouennaise (une entreprise qui déboucha sur un échec) et qui maintenant s’est recyclé dans le conseil en Internet, un domaine où il suffit d’avoir une information d’avance sur son public pour faire le sachant.
*
Cela me rappelle, du temps que j’étais étudiant à l’Ecole Normale d’Evreux, certain professeur d’anglais ayant dû compléter son service par des cours de linguistique. Nous n’avions pas mis longtemps avant de savoir que la science qu’il nous dispensait d’un air compétent, il l’avait acquise la semaine précédente à la fac de Rouen où il était inscrit comme étudiant (un peu âgé).
Louable intention, mais quand je m’y présente ce vendredi vingt-six après-midi, l’une qui s’y trouve me dit que non c’est fermé. On y prépare une fête à laquelle je ne suis pas invité. Déjà, samedi vingt, la porte en était close. Je me rabats encore une fois sur le Socrate où je dois côtoyer des familles venues de l’Eure ou du Pays de Caux. Les femmes discutent biberons et le donnent. Les hommes discutent champagne et foie gras et en rêvent.
Autre désagrément du jour lié au réseau social Effe Bé, je me suis laissé prendre à l’un de ces échanges avec un « ami » qui finissent en dialogue de sourds, dont je me garde le plus souvent, le regrettant quand j’ai la faiblesse d’y céder. Contester un avis vous fait courir le risque d’être traité de troll par l’interlocuteur, autrement dit d’être disqualifié. Ce qui m’est donc arrivé, ce vendredi matin, par l’un qui fut naguère le spécialiste de l’information rouennaise (une entreprise qui déboucha sur un échec) et qui maintenant s’est recyclé dans le conseil en Internet, un domaine où il suffit d’avoir une information d’avance sur son public pour faire le sachant.
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Cela me rappelle, du temps que j’étais étudiant à l’Ecole Normale d’Evreux, certain professeur d’anglais ayant dû compléter son service par des cours de linguistique. Nous n’avions pas mis longtemps avant de savoir que la science qu’il nous dispensait d’un air compétent, il l’avait acquise la semaine précédente à la fac de Rouen où il était inscrit comme étudiant (un peu âgé).
26 décembre 2014
Puis soudain la vie devient fragile, le bonheur s’attise comme le charbon… chante Jean-Louis Murat. Noël à la maison, c’est aussi notre programme.
Après avoir passé le réveillon en famille, elle arrive un peu après treize heures ce jeudi et, bien qu’officiellement ce soit une journée sans cadeau, m’offre des chocolats. Le temps d’un repas de fête, nous vérifions que nous sommes toujours bien ensemble, bien que nous ne soyons plus ensemble, même si ce n’est pas toujours facile de s’entendre, ce qui révèle le lien qui toujours nous fait l'un à l'autre.
Un petit tour de ville, pendant lequel nous ne croisons aucun branlotin essayant le drone trouvé au pied du sapin, et puis la voilà repartie.
*
Il est prudent d’attendre le lendemain pour goûter les chocolats.
Après avoir passé le réveillon en famille, elle arrive un peu après treize heures ce jeudi et, bien qu’officiellement ce soit une journée sans cadeau, m’offre des chocolats. Le temps d’un repas de fête, nous vérifions que nous sommes toujours bien ensemble, bien que nous ne soyons plus ensemble, même si ce n’est pas toujours facile de s’entendre, ce qui révèle le lien qui toujours nous fait l'un à l'autre.
Un petit tour de ville, pendant lequel nous ne croisons aucun branlotin essayant le drone trouvé au pied du sapin, et puis la voilà repartie.
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Il est prudent d’attendre le lendemain pour goûter les chocolats.
24 décembre 2014
Le dix-neuf décembre, je reçois un mail du Centre Pompidou : « Votre avis nous intéresse ». Je ne l’ouvre pas.
Ce mardi vingt-trois, je le reçois à nouveau et me décide à l’ouvrir :
« Le Centre Pompidou lance, en 2015, une réflexion destinée à améliorer les avantages et les services offerts par votre Laissez-passer.
En tant qu’adhérent, votre aide est précieuse, et votre opinion indispensable à la conduite de cette démarche.
C’est pourquoi, afin de mieux connaître vos attentes, nous vous prions de bien vouloir nous accorder un peu de temps en répondant à quelques questions. »
Okay, me dis-je. Je clique. Je réponds à la première question que je suis un homme. La deuxième concerne mon âge. Je le renseigne.
J’obtiens alors ceci :
« Nous sommes désolés mais vous ne correspondez pas aux critères d'éligibilité pour participer à cette étude.
Nous vous remercions pour l'intérêt dont vous avez fait preuve à l'égard de cette étude. Nous vous recontacterons à l'occasion d'une prochaine étude. »
Va te faire foutre, Centre Pompidou.
*
Une femme dans la rue : « Je vais lui offrir le bouquin qui a eu des prix. »
*
Au moins, cette année deux mille quatorze aura été celle de la quasi disparition des bonnets de Noël.
Ce mardi vingt-trois, je le reçois à nouveau et me décide à l’ouvrir :
« Le Centre Pompidou lance, en 2015, une réflexion destinée à améliorer les avantages et les services offerts par votre Laissez-passer.
En tant qu’adhérent, votre aide est précieuse, et votre opinion indispensable à la conduite de cette démarche.
C’est pourquoi, afin de mieux connaître vos attentes, nous vous prions de bien vouloir nous accorder un peu de temps en répondant à quelques questions. »
Okay, me dis-je. Je clique. Je réponds à la première question que je suis un homme. La deuxième concerne mon âge. Je le renseigne.
J’obtiens alors ceci :
« Nous sommes désolés mais vous ne correspondez pas aux critères d'éligibilité pour participer à cette étude.
Nous vous remercions pour l'intérêt dont vous avez fait preuve à l'égard de cette étude. Nous vous recontacterons à l'occasion d'une prochaine étude. »
Va te faire foutre, Centre Pompidou.
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Une femme dans la rue : « Je vais lui offrir le bouquin qui a eu des prix. »
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Au moins, cette année deux mille quatorze aura été celle de la quasi disparition des bonnets de Noël.
23 décembre 2014
Fête de Noël oblige, c’est lundi que je suis à Paris où cet hiver, pareil qu’en province, il faut s’habiller, comme je l’ai déjà écrit, de blousons et manteaux constitués de boudins faussement cousus ensemble. Un(e) sur deux ou même deux sur trois selon les endroits en ont un sur le dos. Une mienne connaissance, désormais lilloise, trouve que ces vêtements ressemblent à des rôtis de porc.
Ce n’est qu’un début. Les soldes venus, nous en serons à trois sur quatre ou quatre sur cinq. Rien de commun cependant entre l’uniforme acheté chez Babou et celui acheté chez Lacoste. Plus les boudins sont petits et les coutures nombreuses, plus c’est chic et cher.
A midi, je déjeune au P’tit Bougnat, rue Ledru-Rollin, non de rôti de porc mais d’une choucroute, un plat pas plus auvergnat que le personnel de l’endroit, mais le premier en correct et le second aimable. La clientèle est composée de vieilles et vieux du quartier mangeant seul(e)s et se parlant parfois (« On prépare Noël doucement » « Ah, c’est plus comme dans le temps »). L’unique jeune homme présent mange comme une mécanique, les yeux rivés sur son ordinateur. Avec le croustillant au chèvre, la tarte à l’abricot de la maison et le quart de mâcon, cela fait dix-huit euros.
Pour aller d’un Book-Off à l’autre, je fais l’expérience du bus Vingt-Neuf. Pris devant l’Opéra de la Bastille, il me dépose à la Bibliothèque Nationale (ancien site), un lieu où je ne suis jamais venu. Je découvre, par la même occasion, que la rue des Petits-Champs donne sur les jardins du Palais Royal. J’en fais le tour et me promets d’y venir glandouiller les beaux jours revenus.
Les vacances et l’approche de Noël sont vraiment néfastes. Comment fureter tranquillement de livre en livre quand les allées sont encombrées de poussettes, de trottinettes, de moutard(e)s, de branlotin(e)s et même d’un chien en laisse. A quoi s’ajoute le désagrément des téléphonages : « Mais papa je suis pas à la maison, je suis en train d’acheter mon livre. ».
*
Un autre au sien présent à ses côtés : « Mais papa, j’en ai déjà un livre, achètes-en un pour toi ».
*
Dans les trains, sur les quais, on se plaint sans cesse de la Senecefe, c’est n’importe quoi en ce moment, y en a marre. Mon aller et mon retour sont néanmoins sans imprévu.
*
Au marché rouennais du Clos Saint-Marc, l’autre vendredi, un vendeur de livres à qui j’achète pour deux euros le numéro trente-cinq de la revue Digraphe intitulé De la pornographie: « Les gens sont tristes pour les fêtes, cette année ». Cela dit d’un ton lugubre.
Ce n’est qu’un début. Les soldes venus, nous en serons à trois sur quatre ou quatre sur cinq. Rien de commun cependant entre l’uniforme acheté chez Babou et celui acheté chez Lacoste. Plus les boudins sont petits et les coutures nombreuses, plus c’est chic et cher.
A midi, je déjeune au P’tit Bougnat, rue Ledru-Rollin, non de rôti de porc mais d’une choucroute, un plat pas plus auvergnat que le personnel de l’endroit, mais le premier en correct et le second aimable. La clientèle est composée de vieilles et vieux du quartier mangeant seul(e)s et se parlant parfois (« On prépare Noël doucement » « Ah, c’est plus comme dans le temps »). L’unique jeune homme présent mange comme une mécanique, les yeux rivés sur son ordinateur. Avec le croustillant au chèvre, la tarte à l’abricot de la maison et le quart de mâcon, cela fait dix-huit euros.
Pour aller d’un Book-Off à l’autre, je fais l’expérience du bus Vingt-Neuf. Pris devant l’Opéra de la Bastille, il me dépose à la Bibliothèque Nationale (ancien site), un lieu où je ne suis jamais venu. Je découvre, par la même occasion, que la rue des Petits-Champs donne sur les jardins du Palais Royal. J’en fais le tour et me promets d’y venir glandouiller les beaux jours revenus.
Les vacances et l’approche de Noël sont vraiment néfastes. Comment fureter tranquillement de livre en livre quand les allées sont encombrées de poussettes, de trottinettes, de moutard(e)s, de branlotin(e)s et même d’un chien en laisse. A quoi s’ajoute le désagrément des téléphonages : « Mais papa je suis pas à la maison, je suis en train d’acheter mon livre. ».
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Un autre au sien présent à ses côtés : « Mais papa, j’en ai déjà un livre, achètes-en un pour toi ».
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Dans les trains, sur les quais, on se plaint sans cesse de la Senecefe, c’est n’importe quoi en ce moment, y en a marre. Mon aller et mon retour sont néanmoins sans imprévu.
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Au marché rouennais du Clos Saint-Marc, l’autre vendredi, un vendeur de livres à qui j’achète pour deux euros le numéro trente-cinq de la revue Digraphe intitulé De la pornographie: « Les gens sont tristes pour les fêtes, cette année ». Cela dit d’un ton lugubre.
22 décembre 2014
Commencée dans le train Paris Rouen, terminée ce samedi après-midi au Socrate faute d’Ubi ouvert, la lecture de 39 ans ½ pour tous de Philippe Dumez (Inmybed) me laissera un bon souvenir. Quelques aperçus :
Trente-Trois : Je me souviens d’une chanson qui passe à la radio pendant que mon père conduit et que je regarde les lumières danser au plafond de l’Alfa Romeo. Les paroles parlent d’un danger et m’impressionnent. Depuis que j’ai entendu « La Bombe humaine », je sais que si je laisse quelqu’un prendre en main mon destin, c’est la fin.
Soixante-Cinq : Je me souviens de Jésus-Christ était P.D., un disque de punk français avec lequel mon voisin prend un malin plaisir à choquer sa mère. Je ne pense pas qu’il l’ait acheté pour une autre raison.
Quatre-Vingt-Sept : Je me souviens du bassiste du groupe BROKEN MIRRORS que je rencontre le dernier jour de mon séjour en Angleterre. C’est aussi la dernière fois que j’entends parler d’eux.
Quatre-Vingt-Onze : Je me souviens de UB 40, de SUM 41, de LEVEL 42 et que personne n’ose relever le défi.
Cent Vingt Et Un : Je me souviens des cauchemars que m’occasionnent « Chloé », sur le premier album de MYLENE FARMER. Je suis encore incapable de le réécouter aujourd’hui.
Cent Quatre-Vingt-Deux : Je me souviens de serrer IGGY POP dans mes bras quand il tombe dans le public pendant son concert à l’Olympia. Un peu plus tard, la vidéo du concert sort dans le commerce, et je peux me rejouer la scène à volonté. Raie au milieu, bandana autour du cou, blouson en jean et boutonneux à souhait : j’ai choisi mon meilleur profil pour être immortalisé aux côtés de mon idole.
Deux Cent Quarante-Six : Je me souviens de cette fille que je connais qui assiste au premier concert de DOMINIQUE A au Passage du Nord-Ouest. Je reviens le lendemain et elle est là à nouveau. Et chaque matin, quand je me réveille, elle est encore là. Merci Dominique A.
Trois Cent Vingt-Six : Je me souviens qu’après avoir hésité à acheter au prix fort le tout premier GERARD MANSET (celui avec « Animal, on est mal »), je finis par le trouver sur un vide grenier, à 1 euro, même pas rayé. Des vertus méritoires de l’attente.
Trois Cent Quarante-Six : Je me souviens d’un 45 tours enregistré par un homonyme : « Le Cœur en feu » par PHILIPPE DUMEZ. C’est tellement mauvais que je rachète depuis tous les exemplaires pour les faire disparaître.
Quatre Cent Trente-Six : Je me souviens du jour où, à l’heure du déjeuner, je croise GOGOL 1ER à la piscine avec ses enfants. Voir l’auteur de « J’encule » en maillot de bain, ça me fait quand même quelque chose.
Quatre Cent Cinquante-Cinq : Je me souviens d’un ami qui se sépare un jour de sa collection de vinyles en bradant tout à un euro dans son salon pendant que son épouse sert du cake et des rafraîchissements. Je trouve ça à la fois incroyablement osé et totalement inconscient. Je suis loin de me douter qu’un an plus tard, je ferai pareil.
*
En bonus :
Soixante-Quatorze : Je me souviens de la mélodie de « Femme libérée » de COOKIE DINGLER étant donné que ce n’est ni plus ni moins la même que celle de « The Passenger », et je me demande si IGGY POP touche une pension alimentaire pour cet enfant illégitime.
Je me souviens, quant à moi, d’un concert foutraque en plein air à Sélestat avec celle qui sera là pour Noël et Jour de l’An, animé par Roger Siffer (un temps connu pour ses chansons en alsacien), où l’on payait sa place avec une bouteille de vin, dont Cookie Dingler (un peu décati) était l’une des vedettes (l’autre étant une ancienne Miss France devenue chanteuse) : « Allez les filles, toutes avec moi : Ne la laisse pas tomber… »
Je me souviens d’un article de Libération, un peu plus tard, dans lequel Cookie racontait que les droits de cette chanson lui permettaient encore de vivre sans devoir travailler (deux mille euros par mois, pas de quoi verser sa part à Iggy).
Trente-Trois : Je me souviens d’une chanson qui passe à la radio pendant que mon père conduit et que je regarde les lumières danser au plafond de l’Alfa Romeo. Les paroles parlent d’un danger et m’impressionnent. Depuis que j’ai entendu « La Bombe humaine », je sais que si je laisse quelqu’un prendre en main mon destin, c’est la fin.
Soixante-Cinq : Je me souviens de Jésus-Christ était P.D., un disque de punk français avec lequel mon voisin prend un malin plaisir à choquer sa mère. Je ne pense pas qu’il l’ait acheté pour une autre raison.
Quatre-Vingt-Sept : Je me souviens du bassiste du groupe BROKEN MIRRORS que je rencontre le dernier jour de mon séjour en Angleterre. C’est aussi la dernière fois que j’entends parler d’eux.
Quatre-Vingt-Onze : Je me souviens de UB 40, de SUM 41, de LEVEL 42 et que personne n’ose relever le défi.
Cent Vingt Et Un : Je me souviens des cauchemars que m’occasionnent « Chloé », sur le premier album de MYLENE FARMER. Je suis encore incapable de le réécouter aujourd’hui.
Cent Quatre-Vingt-Deux : Je me souviens de serrer IGGY POP dans mes bras quand il tombe dans le public pendant son concert à l’Olympia. Un peu plus tard, la vidéo du concert sort dans le commerce, et je peux me rejouer la scène à volonté. Raie au milieu, bandana autour du cou, blouson en jean et boutonneux à souhait : j’ai choisi mon meilleur profil pour être immortalisé aux côtés de mon idole.
Deux Cent Quarante-Six : Je me souviens de cette fille que je connais qui assiste au premier concert de DOMINIQUE A au Passage du Nord-Ouest. Je reviens le lendemain et elle est là à nouveau. Et chaque matin, quand je me réveille, elle est encore là. Merci Dominique A.
Trois Cent Vingt-Six : Je me souviens qu’après avoir hésité à acheter au prix fort le tout premier GERARD MANSET (celui avec « Animal, on est mal »), je finis par le trouver sur un vide grenier, à 1 euro, même pas rayé. Des vertus méritoires de l’attente.
Trois Cent Quarante-Six : Je me souviens d’un 45 tours enregistré par un homonyme : « Le Cœur en feu » par PHILIPPE DUMEZ. C’est tellement mauvais que je rachète depuis tous les exemplaires pour les faire disparaître.
Quatre Cent Trente-Six : Je me souviens du jour où, à l’heure du déjeuner, je croise GOGOL 1ER à la piscine avec ses enfants. Voir l’auteur de « J’encule » en maillot de bain, ça me fait quand même quelque chose.
Quatre Cent Cinquante-Cinq : Je me souviens d’un ami qui se sépare un jour de sa collection de vinyles en bradant tout à un euro dans son salon pendant que son épouse sert du cake et des rafraîchissements. Je trouve ça à la fois incroyablement osé et totalement inconscient. Je suis loin de me douter qu’un an plus tard, je ferai pareil.
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En bonus :
Soixante-Quatorze : Je me souviens de la mélodie de « Femme libérée » de COOKIE DINGLER étant donné que ce n’est ni plus ni moins la même que celle de « The Passenger », et je me demande si IGGY POP touche une pension alimentaire pour cet enfant illégitime.
Je me souviens, quant à moi, d’un concert foutraque en plein air à Sélestat avec celle qui sera là pour Noël et Jour de l’An, animé par Roger Siffer (un temps connu pour ses chansons en alsacien), où l’on payait sa place avec une bouteille de vin, dont Cookie Dingler (un peu décati) était l’une des vedettes (l’autre étant une ancienne Miss France devenue chanteuse) : « Allez les filles, toutes avec moi : Ne la laisse pas tomber… »
Je me souviens d’un article de Libération, un peu plus tard, dans lequel Cookie racontait que les droits de cette chanson lui permettaient encore de vivre sans devoir travailler (deux mille euros par mois, pas de quoi verser sa part à Iggy).
20 décembre 2014
La dernière de Robert, Maire, Socialiste, fermer les douches municipales de Rouen, situées rue Orbe, car ne s’y lavent que seize personnes par jour, dont des sans-abri, gens de peu d’intérêt, n’ayant pas de carte d’électeur. En conséquence des subventions diminuées par Hollande, Valls et Macron, Socialistes, tapons sur les plus faibles. Qui s’en offusque ? Pas grand monde. Quelques individualités, dont Môsieur J. (une mienne connaissance) qui rappelle que les premières douches publiques furent précisément installées à Rouen par le docteur Merry Delabost dans la prison Bonne-Nouvelle, et l’une qui lance une pétition contre cette décision, signée à ce jour par trois cents personnes, dont moi-même.
Pendant ce temps, Sanchez, Chef d’Agglo, Socialiste, inaugure le Panorama Ixe Ixe Aile, construit à grands frais, dans lequel l’artiste Asisi montre sa peinture géante figurant Rome en trois cent douze. Cette attraction foraine doit recevoir la foule, mais l’optimisme de départ semble avoir disparu, le politicien n’évoque plus qu’au conditionnel le déménagement du cylindre géant vers un lointain quartier de la rive gauche dans cinq ans et rappelle que cette construction a été votée à l’unanimité par tous les partis politiques, ajoutant que l’idée n’est pas de lui mais de son prédécesseur, Laurent le Fabuleux (célébrité locale qu’on ne risquait pas de croiser aux douches municipales).
*
L’un qui était bien content de l’existence des douches municipales rouennaises (tout comme je l’aurais été dans la même circonstance), c’est Félix Phellion. Il y eut recours quand la sienne était en panne en mars deux mille dix :
Le moyen de rajeunir ? Une panne d’électricité ou de gaz. Ou encore de chaudière. Les douches à l’eau froide, très peu pour moi. Et trois jours sans douche, dame, de nos jours et à mon âge… Accaparer la salle de bains des autres, amis ou voisins, me répugne. J’aime être chez moi. Ou ailleurs. Aussi ai-je, en attendant le plombier, pris le chemin de la rue Orbe et des douches municipales de notre bonne ville. J’y mets aussi, autant l’avouer, un peu de perversité. Se doucher avec les clodos, rien que ça !
Les lieux sont simples, propres, sans chichis. Tarifs imbattables, y compris pour les produits nécessaires. L’accueil y est, à noter, d’une rare politesse, par une jeune femme qui, c’est visible, à autre chose à faire. Peut-être parce que je suis un vieux monsieur ? Non, je crois que l’hôtesse est comme ça. A moins que ce ne soit Florence Aubenas dans un nouveau rôle ? A la façon dont elle manie l’Ajax, non.
Accueil parfait, prestations correctes, excellent séjour. Bref, adresse recommandable. A l’heure où le guide Michelin retire une étoile à je ne sais quelle table estampillée du Vieux-Marché, Bibendum ferait bien d’en attribuer une aux bains-douches de la rue Orbe. On me dira que ce n’est pas comparable. C’est vrai.
*
« Les gens qui viennent nous voir sont en majorité des hommes, parfois des personnes âgées et des personnes handicapées, mais pas nécessairement des SDF qui eux sont obligés de prendre leur douche dans les foyers. » a déclaré l’une des employées des douches municipales rouennaises à l’Agence France Presse. « Nous avons accueilli jusqu'ici cette année 3.873 personnes payantes auxquelles il faut ajouter 272 personnes disposant de bons pour un usage gratuit ».
*
Alors que dans la capitale, explique Libération dans un article du onze août deux mille treize, les bains-douches sont de plus en plus fréquentées : « En mars 2000, la mairie de Paris décide d’en rendre l’accès gratuit, notamment pour améliorer l’hygiène des plus démunis. Trois ans plus tard, le cap du million de douches est franchi. Et la tendance perdure. » « Avec plus d’un million de passages, ils arrivent à saturation et sont confrontés à l’affluence de nouveaux précaires. «Ils sont étudiants, retraités et même salariés», explique un employé municipal. »
Pendant ce temps, Sanchez, Chef d’Agglo, Socialiste, inaugure le Panorama Ixe Ixe Aile, construit à grands frais, dans lequel l’artiste Asisi montre sa peinture géante figurant Rome en trois cent douze. Cette attraction foraine doit recevoir la foule, mais l’optimisme de départ semble avoir disparu, le politicien n’évoque plus qu’au conditionnel le déménagement du cylindre géant vers un lointain quartier de la rive gauche dans cinq ans et rappelle que cette construction a été votée à l’unanimité par tous les partis politiques, ajoutant que l’idée n’est pas de lui mais de son prédécesseur, Laurent le Fabuleux (célébrité locale qu’on ne risquait pas de croiser aux douches municipales).
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L’un qui était bien content de l’existence des douches municipales rouennaises (tout comme je l’aurais été dans la même circonstance), c’est Félix Phellion. Il y eut recours quand la sienne était en panne en mars deux mille dix :
Le moyen de rajeunir ? Une panne d’électricité ou de gaz. Ou encore de chaudière. Les douches à l’eau froide, très peu pour moi. Et trois jours sans douche, dame, de nos jours et à mon âge… Accaparer la salle de bains des autres, amis ou voisins, me répugne. J’aime être chez moi. Ou ailleurs. Aussi ai-je, en attendant le plombier, pris le chemin de la rue Orbe et des douches municipales de notre bonne ville. J’y mets aussi, autant l’avouer, un peu de perversité. Se doucher avec les clodos, rien que ça !
Les lieux sont simples, propres, sans chichis. Tarifs imbattables, y compris pour les produits nécessaires. L’accueil y est, à noter, d’une rare politesse, par une jeune femme qui, c’est visible, à autre chose à faire. Peut-être parce que je suis un vieux monsieur ? Non, je crois que l’hôtesse est comme ça. A moins que ce ne soit Florence Aubenas dans un nouveau rôle ? A la façon dont elle manie l’Ajax, non.
Accueil parfait, prestations correctes, excellent séjour. Bref, adresse recommandable. A l’heure où le guide Michelin retire une étoile à je ne sais quelle table estampillée du Vieux-Marché, Bibendum ferait bien d’en attribuer une aux bains-douches de la rue Orbe. On me dira que ce n’est pas comparable. C’est vrai.
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« Les gens qui viennent nous voir sont en majorité des hommes, parfois des personnes âgées et des personnes handicapées, mais pas nécessairement des SDF qui eux sont obligés de prendre leur douche dans les foyers. » a déclaré l’une des employées des douches municipales rouennaises à l’Agence France Presse. « Nous avons accueilli jusqu'ici cette année 3.873 personnes payantes auxquelles il faut ajouter 272 personnes disposant de bons pour un usage gratuit ».
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Alors que dans la capitale, explique Libération dans un article du onze août deux mille treize, les bains-douches sont de plus en plus fréquentées : « En mars 2000, la mairie de Paris décide d’en rendre l’accès gratuit, notamment pour améliorer l’hygiène des plus démunis. Trois ans plus tard, le cap du million de douches est franchi. Et la tendance perdure. » « Avec plus d’un million de passages, ils arrivent à saturation et sont confrontés à l’affluence de nouveaux précaires. «Ils sont étudiants, retraités et même salariés», explique un employé municipal. »
19 décembre 2014
Arrivé à la Bastille, je rejoins la rue du Faubourg Saint-Antoine et m’arrête boire un café au bar-tabac Le Voltigeur. Au moment où j’en ressors y entre une jeune fumeuse qui s’adresse au patron en ces termes :
-Ça fait deux ans que je viens ici. Vous êtes aimable avec tous les clients mais à moi pas un sourire, vous me regardez même pas.
Je ne sais ce qu’il lui répond. Elle me rattrape alors que j’attends le feu vert pour aller chez Book-Off. Je me garde bien de lui sourire, elle me trouverait trop aimable.
Ma pêche est mince en quantité chez Book-Off mais j’y déniche parmi les milliers de romans à un euro, l’épuisé 39 ans ½ pour tous de Philippe Dumez, livre de mémoire dans la lignée de Joe Brainard et Georges Perec, un quasi carré illustré par Prosperi Buri et publié par Inmybed à Rennes.
Je me souviens de la Book-Off Session, ici même, à son initiative, et du repas qui s’ensuivit, content d’être désormais propriétaire de cet objet de collection paru avant que je fasse sa connaissance.
*
A midi, tandis que je déjeune de la cuisse de canard du Rallye, un vieil homme au comptoir utilise une grosse loupe pour perdre son argent aux jeux de hasard.
*
Une fille en scouteur prête à bondir au feu vert. Sur son pare-brise : « Urgence infirmière ».
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Sur un magasin, rue du Faubourg Saint-Antoine : « Bientôt, ouverture d’un nouveau lieu » (le suspense est à son comble).
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Discussion de couple. Elle : « Mais qui t’a fait lire Deleuze en premier, à qui tu dois ça ? » A elle, évidemment. La même : « Tout le monde peut avoir un geste artistique mais ça ne suffit pas à faire de toi un artiste. »
*
Bilan musical d’avant la quarantaine, en cinq cent dix entrées, d’un accumulateur de disques et écumeur de concerts, 39 ans ½ pour tous me parle d’artistes qu’en majorité je ne connais pas. Qu’importe, ce qui m’intéresse c’est l’autobiographie de Philippe Dumez qui s’y écrit en creux et en désordre et que je lis dans le train du retour. Lorsque celui-ci entre en gare de Rouen, j’en suis précisément à l’entrée Trois Cent Quatorze reprise en quatrième de couverture :
Je me souviens des fanzines que je peux réaliser parce que j’ai la chance d’avoir une photocopieuse à mon travail. J’y publie des interviews, des chroniques et aussi des bouts de vie racontés à la première personne. J’ai fait mienne cette phrase de Philippe Garnier : « Il est grand temps de commencer à faire, en moins bien, ce qui nous a toujours plu. »
*
Autre livre rapporté de Paris, Joconde jusqu’à 100, jeu oulipien d’Hervé Le Tellier, à la manière des Exercices de style de Raymond Queneau, dans l’édition du Castor Astral, avec un envoi de l’auteur à Michel Bouillan (ou Bouillon) : « Joconde sur toi pour en dire du bien. Amitié. Hervé ».
-Ça fait deux ans que je viens ici. Vous êtes aimable avec tous les clients mais à moi pas un sourire, vous me regardez même pas.
Je ne sais ce qu’il lui répond. Elle me rattrape alors que j’attends le feu vert pour aller chez Book-Off. Je me garde bien de lui sourire, elle me trouverait trop aimable.
Ma pêche est mince en quantité chez Book-Off mais j’y déniche parmi les milliers de romans à un euro, l’épuisé 39 ans ½ pour tous de Philippe Dumez, livre de mémoire dans la lignée de Joe Brainard et Georges Perec, un quasi carré illustré par Prosperi Buri et publié par Inmybed à Rennes.
Je me souviens de la Book-Off Session, ici même, à son initiative, et du repas qui s’ensuivit, content d’être désormais propriétaire de cet objet de collection paru avant que je fasse sa connaissance.
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A midi, tandis que je déjeune de la cuisse de canard du Rallye, un vieil homme au comptoir utilise une grosse loupe pour perdre son argent aux jeux de hasard.
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Une fille en scouteur prête à bondir au feu vert. Sur son pare-brise : « Urgence infirmière ».
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Sur un magasin, rue du Faubourg Saint-Antoine : « Bientôt, ouverture d’un nouveau lieu » (le suspense est à son comble).
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Discussion de couple. Elle : « Mais qui t’a fait lire Deleuze en premier, à qui tu dois ça ? » A elle, évidemment. La même : « Tout le monde peut avoir un geste artistique mais ça ne suffit pas à faire de toi un artiste. »
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Bilan musical d’avant la quarantaine, en cinq cent dix entrées, d’un accumulateur de disques et écumeur de concerts, 39 ans ½ pour tous me parle d’artistes qu’en majorité je ne connais pas. Qu’importe, ce qui m’intéresse c’est l’autobiographie de Philippe Dumez qui s’y écrit en creux et en désordre et que je lis dans le train du retour. Lorsque celui-ci entre en gare de Rouen, j’en suis précisément à l’entrée Trois Cent Quatorze reprise en quatrième de couverture :
Je me souviens des fanzines que je peux réaliser parce que j’ai la chance d’avoir une photocopieuse à mon travail. J’y publie des interviews, des chroniques et aussi des bouts de vie racontés à la première personne. J’ai fait mienne cette phrase de Philippe Garnier : « Il est grand temps de commencer à faire, en moins bien, ce qui nous a toujours plu. »
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Autre livre rapporté de Paris, Joconde jusqu’à 100, jeu oulipien d’Hervé Le Tellier, à la manière des Exercices de style de Raymond Queneau, dans l’édition du Castor Astral, avec un envoi de l’auteur à Michel Bouillan (ou Bouillon) : « Joconde sur toi pour en dire du bien. Amitié. Hervé ».
18 décembre 2014
C’est sous le parapluie que je rejoins ce mercredi la gare de Rouen où l’on annonce la suppression d’un train pour Dieppe. Celui de sept heures vingt-trois pour Paris va son chemin mais bientôt ralentit. Le contrôleur est dans notre voiture.
-Je n’aime pas ça, déclare-t-il, je sens la mauvaise situation.
Il disparaît. Le train s’arrête. Nous sommes apparemment dans un tunnel. Une contrôleuse annonce au micro que cela fait suite à « un choc anormal ». Chacun pense au suicide et se prépare à deux ou trois heures de blocage. Le conducteur va voir. Ce n’est pas ça. Vingt minutes plus tard, on repart.
Le métro m’emmène à Saint-Paul d’où, sous une pluie qui vaut celle de Rouen, je rejoins la rue des Francs-Bourgeois. Au numéro cinquante-cinq se trouve l’un de ces beaux hôtels particuliers du Marais, celui du Crédit Municipal, également connu sous les noms de Chez ma tante ou Mont-de-Piété. S’y tient dans deux grandes salles l’exposition de photos Jean-Philippe Charbonnier, l’œil de Paris.
Je paie trois euros à l’aimable jeune fille de l’accueil, lui confie sac et parapluie et sous l’œil de l’unique gardien fait la visite en solitaire. Jean-Philippe Charbonnier ne fut pas le seul œil du Paris en noir et blanc, mais c’en est un bon. Né en mil neuf cent vingt et un, mort en deux mille quatre, photojournaliste, il montre le Paris populaire de façon plus rude que Robert Doisneau et Willy Ronis. Son nom ne me disait rien mais l’une de ses photos m’est familière. Elle montre une jeune femme nue qui discute avec deux machinistes dans les coulisses des Folies Bergères, l’érotisme de la situation n’étant que dans l’œil du photographe et du spectateur.
Toutes ces images, surtout des scènes de rues ou de lieux publics, me siéent mais j’en regrette les titres, dus au photographe peut-être. Ils sont nuisibles par leur redondance ou l’interprétation qu’ils imposent ; exemples : « Deux couples très différents » « Dans l’autobus 96, un homme très marqué, une jeune fille innocente ».
Outre la photo des Folies Bergères, je note le double portrait de Juliette Gréco et Miles Davis en mil neuf cent quarante-neuf et le nu d’une jeune femme alanguie dans un jardin. La jolie guichetière me rend mes affaires et m’indique comment rejoindre la Bastille à pied.
-Je n’aime pas ça, déclare-t-il, je sens la mauvaise situation.
Il disparaît. Le train s’arrête. Nous sommes apparemment dans un tunnel. Une contrôleuse annonce au micro que cela fait suite à « un choc anormal ». Chacun pense au suicide et se prépare à deux ou trois heures de blocage. Le conducteur va voir. Ce n’est pas ça. Vingt minutes plus tard, on repart.
Le métro m’emmène à Saint-Paul d’où, sous une pluie qui vaut celle de Rouen, je rejoins la rue des Francs-Bourgeois. Au numéro cinquante-cinq se trouve l’un de ces beaux hôtels particuliers du Marais, celui du Crédit Municipal, également connu sous les noms de Chez ma tante ou Mont-de-Piété. S’y tient dans deux grandes salles l’exposition de photos Jean-Philippe Charbonnier, l’œil de Paris.
Je paie trois euros à l’aimable jeune fille de l’accueil, lui confie sac et parapluie et sous l’œil de l’unique gardien fait la visite en solitaire. Jean-Philippe Charbonnier ne fut pas le seul œil du Paris en noir et blanc, mais c’en est un bon. Né en mil neuf cent vingt et un, mort en deux mille quatre, photojournaliste, il montre le Paris populaire de façon plus rude que Robert Doisneau et Willy Ronis. Son nom ne me disait rien mais l’une de ses photos m’est familière. Elle montre une jeune femme nue qui discute avec deux machinistes dans les coulisses des Folies Bergères, l’érotisme de la situation n’étant que dans l’œil du photographe et du spectateur.
Toutes ces images, surtout des scènes de rues ou de lieux publics, me siéent mais j’en regrette les titres, dus au photographe peut-être. Ils sont nuisibles par leur redondance ou l’interprétation qu’ils imposent ; exemples : « Deux couples très différents » « Dans l’autobus 96, un homme très marqué, une jeune fille innocente ».
Outre la photo des Folies Bergères, je note le double portrait de Juliette Gréco et Miles Davis en mil neuf cent quarante-neuf et le nu d’une jeune femme alanguie dans un jardin. La jolie guichetière me rend mes affaires et m’indique comment rejoindre la Bastille à pied.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante