Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
23 décembre 2014
Fête de Noël oblige, c’est lundi que je suis à Paris où cet hiver, pareil qu’en province, il faut s’habiller, comme je l’ai déjà écrit, de blousons et manteaux constitués de boudins faussement cousus ensemble. Un(e) sur deux ou même deux sur trois selon les endroits en ont un sur le dos. Une mienne connaissance, désormais lilloise, trouve que ces vêtements ressemblent à des rôtis de porc.
Ce n’est qu’un début. Les soldes venus, nous en serons à trois sur quatre ou quatre sur cinq. Rien de commun cependant entre l’uniforme acheté chez Babou et celui acheté chez Lacoste. Plus les boudins sont petits et les coutures nombreuses, plus c’est chic et cher.
A midi, je déjeune au P’tit Bougnat, rue Ledru-Rollin, non de rôti de porc mais d’une choucroute, un plat pas plus auvergnat que le personnel de l’endroit, mais le premier en correct et le second aimable. La clientèle est composée de vieilles et vieux du quartier mangeant seul(e)s et se parlant parfois (« On prépare Noël doucement » « Ah, c’est plus comme dans le temps »). L’unique jeune homme présent mange comme une mécanique, les yeux rivés sur son ordinateur. Avec le croustillant au chèvre, la tarte à l’abricot de la maison et le quart de mâcon, cela fait dix-huit euros.
Pour aller d’un Book-Off à l’autre, je fais l’expérience du bus Vingt-Neuf. Pris devant l’Opéra de la Bastille, il me dépose à la Bibliothèque Nationale (ancien site), un lieu où je ne suis jamais venu. Je découvre, par la même occasion, que la rue des Petits-Champs donne sur les jardins du Palais Royal. J’en fais le tour et me promets d’y venir glandouiller les beaux jours revenus.
Les vacances et l’approche de Noël sont vraiment néfastes. Comment fureter tranquillement de livre en livre quand les allées sont encombrées de poussettes, de trottinettes, de moutard(e)s, de branlotin(e)s et même d’un chien en laisse. A quoi s’ajoute le désagrément des téléphonages : « Mais papa je suis pas à la maison, je suis en train d’acheter mon livre. ».
*
Un autre au sien présent à ses côtés : « Mais papa, j’en ai déjà un livre, achètes-en un pour toi ».
*
Dans les trains, sur les quais, on se plaint sans cesse de la Senecefe, c’est n’importe quoi en ce moment, y en a marre. Mon aller et mon retour sont néanmoins sans imprévu.
*
Au marché rouennais du Clos Saint-Marc, l’autre vendredi, un vendeur de livres à qui j’achète pour deux euros le numéro trente-cinq de la revue Digraphe intitulé De la pornographie: « Les gens sont tristes pour les fêtes, cette année ». Cela dit d’un ton lugubre.
Ce n’est qu’un début. Les soldes venus, nous en serons à trois sur quatre ou quatre sur cinq. Rien de commun cependant entre l’uniforme acheté chez Babou et celui acheté chez Lacoste. Plus les boudins sont petits et les coutures nombreuses, plus c’est chic et cher.
A midi, je déjeune au P’tit Bougnat, rue Ledru-Rollin, non de rôti de porc mais d’une choucroute, un plat pas plus auvergnat que le personnel de l’endroit, mais le premier en correct et le second aimable. La clientèle est composée de vieilles et vieux du quartier mangeant seul(e)s et se parlant parfois (« On prépare Noël doucement » « Ah, c’est plus comme dans le temps »). L’unique jeune homme présent mange comme une mécanique, les yeux rivés sur son ordinateur. Avec le croustillant au chèvre, la tarte à l’abricot de la maison et le quart de mâcon, cela fait dix-huit euros.
Pour aller d’un Book-Off à l’autre, je fais l’expérience du bus Vingt-Neuf. Pris devant l’Opéra de la Bastille, il me dépose à la Bibliothèque Nationale (ancien site), un lieu où je ne suis jamais venu. Je découvre, par la même occasion, que la rue des Petits-Champs donne sur les jardins du Palais Royal. J’en fais le tour et me promets d’y venir glandouiller les beaux jours revenus.
Les vacances et l’approche de Noël sont vraiment néfastes. Comment fureter tranquillement de livre en livre quand les allées sont encombrées de poussettes, de trottinettes, de moutard(e)s, de branlotin(e)s et même d’un chien en laisse. A quoi s’ajoute le désagrément des téléphonages : « Mais papa je suis pas à la maison, je suis en train d’acheter mon livre. ».
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Un autre au sien présent à ses côtés : « Mais papa, j’en ai déjà un livre, achètes-en un pour toi ».
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Dans les trains, sur les quais, on se plaint sans cesse de la Senecefe, c’est n’importe quoi en ce moment, y en a marre. Mon aller et mon retour sont néanmoins sans imprévu.
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Au marché rouennais du Clos Saint-Marc, l’autre vendredi, un vendeur de livres à qui j’achète pour deux euros le numéro trente-cinq de la revue Digraphe intitulé De la pornographie: « Les gens sont tristes pour les fêtes, cette année ». Cela dit d’un ton lugubre.
22 décembre 2014
Commencée dans le train Paris Rouen, terminée ce samedi après-midi au Socrate faute d’Ubi ouvert, la lecture de 39 ans ½ pour tous de Philippe Dumez (Inmybed) me laissera un bon souvenir. Quelques aperçus :
Trente-Trois : Je me souviens d’une chanson qui passe à la radio pendant que mon père conduit et que je regarde les lumières danser au plafond de l’Alfa Romeo. Les paroles parlent d’un danger et m’impressionnent. Depuis que j’ai entendu « La Bombe humaine », je sais que si je laisse quelqu’un prendre en main mon destin, c’est la fin.
Soixante-Cinq : Je me souviens de Jésus-Christ était P.D., un disque de punk français avec lequel mon voisin prend un malin plaisir à choquer sa mère. Je ne pense pas qu’il l’ait acheté pour une autre raison.
Quatre-Vingt-Sept : Je me souviens du bassiste du groupe BROKEN MIRRORS que je rencontre le dernier jour de mon séjour en Angleterre. C’est aussi la dernière fois que j’entends parler d’eux.
Quatre-Vingt-Onze : Je me souviens de UB 40, de SUM 41, de LEVEL 42 et que personne n’ose relever le défi.
Cent Vingt Et Un : Je me souviens des cauchemars que m’occasionnent « Chloé », sur le premier album de MYLENE FARMER. Je suis encore incapable de le réécouter aujourd’hui.
Cent Quatre-Vingt-Deux : Je me souviens de serrer IGGY POP dans mes bras quand il tombe dans le public pendant son concert à l’Olympia. Un peu plus tard, la vidéo du concert sort dans le commerce, et je peux me rejouer la scène à volonté. Raie au milieu, bandana autour du cou, blouson en jean et boutonneux à souhait : j’ai choisi mon meilleur profil pour être immortalisé aux côtés de mon idole.
Deux Cent Quarante-Six : Je me souviens de cette fille que je connais qui assiste au premier concert de DOMINIQUE A au Passage du Nord-Ouest. Je reviens le lendemain et elle est là à nouveau. Et chaque matin, quand je me réveille, elle est encore là. Merci Dominique A.
Trois Cent Vingt-Six : Je me souviens qu’après avoir hésité à acheter au prix fort le tout premier GERARD MANSET (celui avec « Animal, on est mal »), je finis par le trouver sur un vide grenier, à 1 euro, même pas rayé. Des vertus méritoires de l’attente.
Trois Cent Quarante-Six : Je me souviens d’un 45 tours enregistré par un homonyme : « Le Cœur en feu » par PHILIPPE DUMEZ. C’est tellement mauvais que je rachète depuis tous les exemplaires pour les faire disparaître.
Quatre Cent Trente-Six : Je me souviens du jour où, à l’heure du déjeuner, je croise GOGOL 1ER à la piscine avec ses enfants. Voir l’auteur de « J’encule » en maillot de bain, ça me fait quand même quelque chose.
Quatre Cent Cinquante-Cinq : Je me souviens d’un ami qui se sépare un jour de sa collection de vinyles en bradant tout à un euro dans son salon pendant que son épouse sert du cake et des rafraîchissements. Je trouve ça à la fois incroyablement osé et totalement inconscient. Je suis loin de me douter qu’un an plus tard, je ferai pareil.
*
En bonus :
Soixante-Quatorze : Je me souviens de la mélodie de « Femme libérée » de COOKIE DINGLER étant donné que ce n’est ni plus ni moins la même que celle de « The Passenger », et je me demande si IGGY POP touche une pension alimentaire pour cet enfant illégitime.
Je me souviens, quant à moi, d’un concert foutraque en plein air à Sélestat avec celle qui sera là pour Noël et Jour de l’An, animé par Roger Siffer (un temps connu pour ses chansons en alsacien), où l’on payait sa place avec une bouteille de vin, dont Cookie Dingler (un peu décati) était l’une des vedettes (l’autre étant une ancienne Miss France devenue chanteuse) : « Allez les filles, toutes avec moi : Ne la laisse pas tomber… »
Je me souviens d’un article de Libération, un peu plus tard, dans lequel Cookie racontait que les droits de cette chanson lui permettaient encore de vivre sans devoir travailler (deux mille euros par mois, pas de quoi verser sa part à Iggy).
Trente-Trois : Je me souviens d’une chanson qui passe à la radio pendant que mon père conduit et que je regarde les lumières danser au plafond de l’Alfa Romeo. Les paroles parlent d’un danger et m’impressionnent. Depuis que j’ai entendu « La Bombe humaine », je sais que si je laisse quelqu’un prendre en main mon destin, c’est la fin.
Soixante-Cinq : Je me souviens de Jésus-Christ était P.D., un disque de punk français avec lequel mon voisin prend un malin plaisir à choquer sa mère. Je ne pense pas qu’il l’ait acheté pour une autre raison.
Quatre-Vingt-Sept : Je me souviens du bassiste du groupe BROKEN MIRRORS que je rencontre le dernier jour de mon séjour en Angleterre. C’est aussi la dernière fois que j’entends parler d’eux.
Quatre-Vingt-Onze : Je me souviens de UB 40, de SUM 41, de LEVEL 42 et que personne n’ose relever le défi.
Cent Vingt Et Un : Je me souviens des cauchemars que m’occasionnent « Chloé », sur le premier album de MYLENE FARMER. Je suis encore incapable de le réécouter aujourd’hui.
Cent Quatre-Vingt-Deux : Je me souviens de serrer IGGY POP dans mes bras quand il tombe dans le public pendant son concert à l’Olympia. Un peu plus tard, la vidéo du concert sort dans le commerce, et je peux me rejouer la scène à volonté. Raie au milieu, bandana autour du cou, blouson en jean et boutonneux à souhait : j’ai choisi mon meilleur profil pour être immortalisé aux côtés de mon idole.
Deux Cent Quarante-Six : Je me souviens de cette fille que je connais qui assiste au premier concert de DOMINIQUE A au Passage du Nord-Ouest. Je reviens le lendemain et elle est là à nouveau. Et chaque matin, quand je me réveille, elle est encore là. Merci Dominique A.
Trois Cent Vingt-Six : Je me souviens qu’après avoir hésité à acheter au prix fort le tout premier GERARD MANSET (celui avec « Animal, on est mal »), je finis par le trouver sur un vide grenier, à 1 euro, même pas rayé. Des vertus méritoires de l’attente.
Trois Cent Quarante-Six : Je me souviens d’un 45 tours enregistré par un homonyme : « Le Cœur en feu » par PHILIPPE DUMEZ. C’est tellement mauvais que je rachète depuis tous les exemplaires pour les faire disparaître.
Quatre Cent Trente-Six : Je me souviens du jour où, à l’heure du déjeuner, je croise GOGOL 1ER à la piscine avec ses enfants. Voir l’auteur de « J’encule » en maillot de bain, ça me fait quand même quelque chose.
Quatre Cent Cinquante-Cinq : Je me souviens d’un ami qui se sépare un jour de sa collection de vinyles en bradant tout à un euro dans son salon pendant que son épouse sert du cake et des rafraîchissements. Je trouve ça à la fois incroyablement osé et totalement inconscient. Je suis loin de me douter qu’un an plus tard, je ferai pareil.
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En bonus :
Soixante-Quatorze : Je me souviens de la mélodie de « Femme libérée » de COOKIE DINGLER étant donné que ce n’est ni plus ni moins la même que celle de « The Passenger », et je me demande si IGGY POP touche une pension alimentaire pour cet enfant illégitime.
Je me souviens, quant à moi, d’un concert foutraque en plein air à Sélestat avec celle qui sera là pour Noël et Jour de l’An, animé par Roger Siffer (un temps connu pour ses chansons en alsacien), où l’on payait sa place avec une bouteille de vin, dont Cookie Dingler (un peu décati) était l’une des vedettes (l’autre étant une ancienne Miss France devenue chanteuse) : « Allez les filles, toutes avec moi : Ne la laisse pas tomber… »
Je me souviens d’un article de Libération, un peu plus tard, dans lequel Cookie racontait que les droits de cette chanson lui permettaient encore de vivre sans devoir travailler (deux mille euros par mois, pas de quoi verser sa part à Iggy).
20 décembre 2014
La dernière de Robert, Maire, Socialiste, fermer les douches municipales de Rouen, situées rue Orbe, car ne s’y lavent que seize personnes par jour, dont des sans-abri, gens de peu d’intérêt, n’ayant pas de carte d’électeur. En conséquence des subventions diminuées par Hollande, Valls et Macron, Socialistes, tapons sur les plus faibles. Qui s’en offusque ? Pas grand monde. Quelques individualités, dont Môsieur J. (une mienne connaissance) qui rappelle que les premières douches publiques furent précisément installées à Rouen par le docteur Merry Delabost dans la prison Bonne-Nouvelle, et l’une qui lance une pétition contre cette décision, signée à ce jour par trois cents personnes, dont moi-même.
Pendant ce temps, Sanchez, Chef d’Agglo, Socialiste, inaugure le Panorama Ixe Ixe Aile, construit à grands frais, dans lequel l’artiste Asisi montre sa peinture géante figurant Rome en trois cent douze. Cette attraction foraine doit recevoir la foule, mais l’optimisme de départ semble avoir disparu, le politicien n’évoque plus qu’au conditionnel le déménagement du cylindre géant vers un lointain quartier de la rive gauche dans cinq ans et rappelle que cette construction a été votée à l’unanimité par tous les partis politiques, ajoutant que l’idée n’est pas de lui mais de son prédécesseur, Laurent le Fabuleux (célébrité locale qu’on ne risquait pas de croiser aux douches municipales).
*
L’un qui était bien content de l’existence des douches municipales rouennaises (tout comme je l’aurais été dans la même circonstance), c’est Félix Phellion. Il y eut recours quand la sienne était en panne en mars deux mille dix :
Le moyen de rajeunir ? Une panne d’électricité ou de gaz. Ou encore de chaudière. Les douches à l’eau froide, très peu pour moi. Et trois jours sans douche, dame, de nos jours et à mon âge… Accaparer la salle de bains des autres, amis ou voisins, me répugne. J’aime être chez moi. Ou ailleurs. Aussi ai-je, en attendant le plombier, pris le chemin de la rue Orbe et des douches municipales de notre bonne ville. J’y mets aussi, autant l’avouer, un peu de perversité. Se doucher avec les clodos, rien que ça !
Les lieux sont simples, propres, sans chichis. Tarifs imbattables, y compris pour les produits nécessaires. L’accueil y est, à noter, d’une rare politesse, par une jeune femme qui, c’est visible, à autre chose à faire. Peut-être parce que je suis un vieux monsieur ? Non, je crois que l’hôtesse est comme ça. A moins que ce ne soit Florence Aubenas dans un nouveau rôle ? A la façon dont elle manie l’Ajax, non.
Accueil parfait, prestations correctes, excellent séjour. Bref, adresse recommandable. A l’heure où le guide Michelin retire une étoile à je ne sais quelle table estampillée du Vieux-Marché, Bibendum ferait bien d’en attribuer une aux bains-douches de la rue Orbe. On me dira que ce n’est pas comparable. C’est vrai.
*
« Les gens qui viennent nous voir sont en majorité des hommes, parfois des personnes âgées et des personnes handicapées, mais pas nécessairement des SDF qui eux sont obligés de prendre leur douche dans les foyers. » a déclaré l’une des employées des douches municipales rouennaises à l’Agence France Presse. « Nous avons accueilli jusqu'ici cette année 3.873 personnes payantes auxquelles il faut ajouter 272 personnes disposant de bons pour un usage gratuit ».
*
Alors que dans la capitale, explique Libération dans un article du onze août deux mille treize, les bains-douches sont de plus en plus fréquentées : « En mars 2000, la mairie de Paris décide d’en rendre l’accès gratuit, notamment pour améliorer l’hygiène des plus démunis. Trois ans plus tard, le cap du million de douches est franchi. Et la tendance perdure. » « Avec plus d’un million de passages, ils arrivent à saturation et sont confrontés à l’affluence de nouveaux précaires. «Ils sont étudiants, retraités et même salariés», explique un employé municipal. »
Pendant ce temps, Sanchez, Chef d’Agglo, Socialiste, inaugure le Panorama Ixe Ixe Aile, construit à grands frais, dans lequel l’artiste Asisi montre sa peinture géante figurant Rome en trois cent douze. Cette attraction foraine doit recevoir la foule, mais l’optimisme de départ semble avoir disparu, le politicien n’évoque plus qu’au conditionnel le déménagement du cylindre géant vers un lointain quartier de la rive gauche dans cinq ans et rappelle que cette construction a été votée à l’unanimité par tous les partis politiques, ajoutant que l’idée n’est pas de lui mais de son prédécesseur, Laurent le Fabuleux (célébrité locale qu’on ne risquait pas de croiser aux douches municipales).
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L’un qui était bien content de l’existence des douches municipales rouennaises (tout comme je l’aurais été dans la même circonstance), c’est Félix Phellion. Il y eut recours quand la sienne était en panne en mars deux mille dix :
Le moyen de rajeunir ? Une panne d’électricité ou de gaz. Ou encore de chaudière. Les douches à l’eau froide, très peu pour moi. Et trois jours sans douche, dame, de nos jours et à mon âge… Accaparer la salle de bains des autres, amis ou voisins, me répugne. J’aime être chez moi. Ou ailleurs. Aussi ai-je, en attendant le plombier, pris le chemin de la rue Orbe et des douches municipales de notre bonne ville. J’y mets aussi, autant l’avouer, un peu de perversité. Se doucher avec les clodos, rien que ça !
Les lieux sont simples, propres, sans chichis. Tarifs imbattables, y compris pour les produits nécessaires. L’accueil y est, à noter, d’une rare politesse, par une jeune femme qui, c’est visible, à autre chose à faire. Peut-être parce que je suis un vieux monsieur ? Non, je crois que l’hôtesse est comme ça. A moins que ce ne soit Florence Aubenas dans un nouveau rôle ? A la façon dont elle manie l’Ajax, non.
Accueil parfait, prestations correctes, excellent séjour. Bref, adresse recommandable. A l’heure où le guide Michelin retire une étoile à je ne sais quelle table estampillée du Vieux-Marché, Bibendum ferait bien d’en attribuer une aux bains-douches de la rue Orbe. On me dira que ce n’est pas comparable. C’est vrai.
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« Les gens qui viennent nous voir sont en majorité des hommes, parfois des personnes âgées et des personnes handicapées, mais pas nécessairement des SDF qui eux sont obligés de prendre leur douche dans les foyers. » a déclaré l’une des employées des douches municipales rouennaises à l’Agence France Presse. « Nous avons accueilli jusqu'ici cette année 3.873 personnes payantes auxquelles il faut ajouter 272 personnes disposant de bons pour un usage gratuit ».
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Alors que dans la capitale, explique Libération dans un article du onze août deux mille treize, les bains-douches sont de plus en plus fréquentées : « En mars 2000, la mairie de Paris décide d’en rendre l’accès gratuit, notamment pour améliorer l’hygiène des plus démunis. Trois ans plus tard, le cap du million de douches est franchi. Et la tendance perdure. » « Avec plus d’un million de passages, ils arrivent à saturation et sont confrontés à l’affluence de nouveaux précaires. «Ils sont étudiants, retraités et même salariés», explique un employé municipal. »
19 décembre 2014
Arrivé à la Bastille, je rejoins la rue du Faubourg Saint-Antoine et m’arrête boire un café au bar-tabac Le Voltigeur. Au moment où j’en ressors y entre une jeune fumeuse qui s’adresse au patron en ces termes :
-Ça fait deux ans que je viens ici. Vous êtes aimable avec tous les clients mais à moi pas un sourire, vous me regardez même pas.
Je ne sais ce qu’il lui répond. Elle me rattrape alors que j’attends le feu vert pour aller chez Book-Off. Je me garde bien de lui sourire, elle me trouverait trop aimable.
Ma pêche est mince en quantité chez Book-Off mais j’y déniche parmi les milliers de romans à un euro, l’épuisé 39 ans ½ pour tous de Philippe Dumez, livre de mémoire dans la lignée de Joe Brainard et Georges Perec, un quasi carré illustré par Prosperi Buri et publié par Inmybed à Rennes.
Je me souviens de la Book-Off Session, ici même, à son initiative, et du repas qui s’ensuivit, content d’être désormais propriétaire de cet objet de collection paru avant que je fasse sa connaissance.
*
A midi, tandis que je déjeune de la cuisse de canard du Rallye, un vieil homme au comptoir utilise une grosse loupe pour perdre son argent aux jeux de hasard.
*
Une fille en scouteur prête à bondir au feu vert. Sur son pare-brise : « Urgence infirmière ».
*
Sur un magasin, rue du Faubourg Saint-Antoine : « Bientôt, ouverture d’un nouveau lieu » (le suspense est à son comble).
*
Discussion de couple. Elle : « Mais qui t’a fait lire Deleuze en premier, à qui tu dois ça ? » A elle, évidemment. La même : « Tout le monde peut avoir un geste artistique mais ça ne suffit pas à faire de toi un artiste. »
*
Bilan musical d’avant la quarantaine, en cinq cent dix entrées, d’un accumulateur de disques et écumeur de concerts, 39 ans ½ pour tous me parle d’artistes qu’en majorité je ne connais pas. Qu’importe, ce qui m’intéresse c’est l’autobiographie de Philippe Dumez qui s’y écrit en creux et en désordre et que je lis dans le train du retour. Lorsque celui-ci entre en gare de Rouen, j’en suis précisément à l’entrée Trois Cent Quatorze reprise en quatrième de couverture :
Je me souviens des fanzines que je peux réaliser parce que j’ai la chance d’avoir une photocopieuse à mon travail. J’y publie des interviews, des chroniques et aussi des bouts de vie racontés à la première personne. J’ai fait mienne cette phrase de Philippe Garnier : « Il est grand temps de commencer à faire, en moins bien, ce qui nous a toujours plu. »
*
Autre livre rapporté de Paris, Joconde jusqu’à 100, jeu oulipien d’Hervé Le Tellier, à la manière des Exercices de style de Raymond Queneau, dans l’édition du Castor Astral, avec un envoi de l’auteur à Michel Bouillan (ou Bouillon) : « Joconde sur toi pour en dire du bien. Amitié. Hervé ».
-Ça fait deux ans que je viens ici. Vous êtes aimable avec tous les clients mais à moi pas un sourire, vous me regardez même pas.
Je ne sais ce qu’il lui répond. Elle me rattrape alors que j’attends le feu vert pour aller chez Book-Off. Je me garde bien de lui sourire, elle me trouverait trop aimable.
Ma pêche est mince en quantité chez Book-Off mais j’y déniche parmi les milliers de romans à un euro, l’épuisé 39 ans ½ pour tous de Philippe Dumez, livre de mémoire dans la lignée de Joe Brainard et Georges Perec, un quasi carré illustré par Prosperi Buri et publié par Inmybed à Rennes.
Je me souviens de la Book-Off Session, ici même, à son initiative, et du repas qui s’ensuivit, content d’être désormais propriétaire de cet objet de collection paru avant que je fasse sa connaissance.
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A midi, tandis que je déjeune de la cuisse de canard du Rallye, un vieil homme au comptoir utilise une grosse loupe pour perdre son argent aux jeux de hasard.
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Une fille en scouteur prête à bondir au feu vert. Sur son pare-brise : « Urgence infirmière ».
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Sur un magasin, rue du Faubourg Saint-Antoine : « Bientôt, ouverture d’un nouveau lieu » (le suspense est à son comble).
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Discussion de couple. Elle : « Mais qui t’a fait lire Deleuze en premier, à qui tu dois ça ? » A elle, évidemment. La même : « Tout le monde peut avoir un geste artistique mais ça ne suffit pas à faire de toi un artiste. »
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Bilan musical d’avant la quarantaine, en cinq cent dix entrées, d’un accumulateur de disques et écumeur de concerts, 39 ans ½ pour tous me parle d’artistes qu’en majorité je ne connais pas. Qu’importe, ce qui m’intéresse c’est l’autobiographie de Philippe Dumez qui s’y écrit en creux et en désordre et que je lis dans le train du retour. Lorsque celui-ci entre en gare de Rouen, j’en suis précisément à l’entrée Trois Cent Quatorze reprise en quatrième de couverture :
Je me souviens des fanzines que je peux réaliser parce que j’ai la chance d’avoir une photocopieuse à mon travail. J’y publie des interviews, des chroniques et aussi des bouts de vie racontés à la première personne. J’ai fait mienne cette phrase de Philippe Garnier : « Il est grand temps de commencer à faire, en moins bien, ce qui nous a toujours plu. »
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Autre livre rapporté de Paris, Joconde jusqu’à 100, jeu oulipien d’Hervé Le Tellier, à la manière des Exercices de style de Raymond Queneau, dans l’édition du Castor Astral, avec un envoi de l’auteur à Michel Bouillan (ou Bouillon) : « Joconde sur toi pour en dire du bien. Amitié. Hervé ».
18 décembre 2014
C’est sous le parapluie que je rejoins ce mercredi la gare de Rouen où l’on annonce la suppression d’un train pour Dieppe. Celui de sept heures vingt-trois pour Paris va son chemin mais bientôt ralentit. Le contrôleur est dans notre voiture.
-Je n’aime pas ça, déclare-t-il, je sens la mauvaise situation.
Il disparaît. Le train s’arrête. Nous sommes apparemment dans un tunnel. Une contrôleuse annonce au micro que cela fait suite à « un choc anormal ». Chacun pense au suicide et se prépare à deux ou trois heures de blocage. Le conducteur va voir. Ce n’est pas ça. Vingt minutes plus tard, on repart.
Le métro m’emmène à Saint-Paul d’où, sous une pluie qui vaut celle de Rouen, je rejoins la rue des Francs-Bourgeois. Au numéro cinquante-cinq se trouve l’un de ces beaux hôtels particuliers du Marais, celui du Crédit Municipal, également connu sous les noms de Chez ma tante ou Mont-de-Piété. S’y tient dans deux grandes salles l’exposition de photos Jean-Philippe Charbonnier, l’œil de Paris.
Je paie trois euros à l’aimable jeune fille de l’accueil, lui confie sac et parapluie et sous l’œil de l’unique gardien fait la visite en solitaire. Jean-Philippe Charbonnier ne fut pas le seul œil du Paris en noir et blanc, mais c’en est un bon. Né en mil neuf cent vingt et un, mort en deux mille quatre, photojournaliste, il montre le Paris populaire de façon plus rude que Robert Doisneau et Willy Ronis. Son nom ne me disait rien mais l’une de ses photos m’est familière. Elle montre une jeune femme nue qui discute avec deux machinistes dans les coulisses des Folies Bergères, l’érotisme de la situation n’étant que dans l’œil du photographe et du spectateur.
Toutes ces images, surtout des scènes de rues ou de lieux publics, me siéent mais j’en regrette les titres, dus au photographe peut-être. Ils sont nuisibles par leur redondance ou l’interprétation qu’ils imposent ; exemples : « Deux couples très différents » « Dans l’autobus 96, un homme très marqué, une jeune fille innocente ».
Outre la photo des Folies Bergères, je note le double portrait de Juliette Gréco et Miles Davis en mil neuf cent quarante-neuf et le nu d’une jeune femme alanguie dans un jardin. La jolie guichetière me rend mes affaires et m’indique comment rejoindre la Bastille à pied.
-Je n’aime pas ça, déclare-t-il, je sens la mauvaise situation.
Il disparaît. Le train s’arrête. Nous sommes apparemment dans un tunnel. Une contrôleuse annonce au micro que cela fait suite à « un choc anormal ». Chacun pense au suicide et se prépare à deux ou trois heures de blocage. Le conducteur va voir. Ce n’est pas ça. Vingt minutes plus tard, on repart.
Le métro m’emmène à Saint-Paul d’où, sous une pluie qui vaut celle de Rouen, je rejoins la rue des Francs-Bourgeois. Au numéro cinquante-cinq se trouve l’un de ces beaux hôtels particuliers du Marais, celui du Crédit Municipal, également connu sous les noms de Chez ma tante ou Mont-de-Piété. S’y tient dans deux grandes salles l’exposition de photos Jean-Philippe Charbonnier, l’œil de Paris.
Je paie trois euros à l’aimable jeune fille de l’accueil, lui confie sac et parapluie et sous l’œil de l’unique gardien fait la visite en solitaire. Jean-Philippe Charbonnier ne fut pas le seul œil du Paris en noir et blanc, mais c’en est un bon. Né en mil neuf cent vingt et un, mort en deux mille quatre, photojournaliste, il montre le Paris populaire de façon plus rude que Robert Doisneau et Willy Ronis. Son nom ne me disait rien mais l’une de ses photos m’est familière. Elle montre une jeune femme nue qui discute avec deux machinistes dans les coulisses des Folies Bergères, l’érotisme de la situation n’étant que dans l’œil du photographe et du spectateur.
Toutes ces images, surtout des scènes de rues ou de lieux publics, me siéent mais j’en regrette les titres, dus au photographe peut-être. Ils sont nuisibles par leur redondance ou l’interprétation qu’ils imposent ; exemples : « Deux couples très différents » « Dans l’autobus 96, un homme très marqué, une jeune fille innocente ».
Outre la photo des Folies Bergères, je note le double portrait de Juliette Gréco et Miles Davis en mil neuf cent quarante-neuf et le nu d’une jeune femme alanguie dans un jardin. La jolie guichetière me rend mes affaires et m’indique comment rejoindre la Bastille à pied.
17 décembre 2014
-Qu’est-ce qu’il vous faut ?
-Je vais vous prendre une bière de Noël.
Ainsi se parlent serveurs et clients des bars que je dois, faute de mieux qui n’existe pas à Rouen, fréquenter l’hiver. Non pas « Qu’est-ce que vous voulez boire ? » ou « Qu’est-ce que vous désirez ? » avec pour réponse « Je vais prendre une bière de Noël. ». Ces « il vous faut » et « je vais vous prendre » sont un témoignage de la violence larvée qui règne entre les êtres humains dans ces années dix.
Une variante existe cependant lorsque le serveur à affaire à une jolie fille, le libidineux :
-Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, mademoiselle ?
Les conversations des tables voisines de la mienne ne sont pas de nature à me consoler de ces échanges commerciaux.
Ainsi cette bonne catholique au Clos Saint-Marc :
-J’en suis arrivée à un stade où je mets Dieu tout en haut et l’être humain tout en bas. J’en ai rien à foutre de l’être humain.
Au même endroit, deux types :
-Six gosses, je te dis, elle a eu six gosses.
-Tu dois plus rien sentir quand tu mets ton machin dedans.
Et dans le même genre, un autre, au Socrate :
-Il n’a pas un rond, il a mis tout son héritage dans sa bagnole, c’est le seul à avoir une Maserati à Rouen. Le samedi, il la gare devant les boîtes de nuit et il chope de la morue.
*
Aveu d’impuissance commerciale, une nouvelle fois la rue Saint-Romain est sonorisée pour Noël, musique dégoulinante vaguement américaine.
*
Je me souviens qu’aux dernières municipales j’aurais bien voté pour l’écolo Eric Piolle si j’avais habité Grenoble. Je le regretterais, l’éventuelle suppression de toute subvention aux Musiciens du Louvre dirigés par Marc Minkowski en résidence dans sa ville m’ayant appris que son conseil municipal n’a pas d’adjointe à la culture mais une adjointe aux cultures. Affligeant pluriel.
-Je vais vous prendre une bière de Noël.
Ainsi se parlent serveurs et clients des bars que je dois, faute de mieux qui n’existe pas à Rouen, fréquenter l’hiver. Non pas « Qu’est-ce que vous voulez boire ? » ou « Qu’est-ce que vous désirez ? » avec pour réponse « Je vais prendre une bière de Noël. ». Ces « il vous faut » et « je vais vous prendre » sont un témoignage de la violence larvée qui règne entre les êtres humains dans ces années dix.
Une variante existe cependant lorsque le serveur à affaire à une jolie fille, le libidineux :
-Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, mademoiselle ?
Les conversations des tables voisines de la mienne ne sont pas de nature à me consoler de ces échanges commerciaux.
Ainsi cette bonne catholique au Clos Saint-Marc :
-J’en suis arrivée à un stade où je mets Dieu tout en haut et l’être humain tout en bas. J’en ai rien à foutre de l’être humain.
Au même endroit, deux types :
-Six gosses, je te dis, elle a eu six gosses.
-Tu dois plus rien sentir quand tu mets ton machin dedans.
Et dans le même genre, un autre, au Socrate :
-Il n’a pas un rond, il a mis tout son héritage dans sa bagnole, c’est le seul à avoir une Maserati à Rouen. Le samedi, il la gare devant les boîtes de nuit et il chope de la morue.
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Aveu d’impuissance commerciale, une nouvelle fois la rue Saint-Romain est sonorisée pour Noël, musique dégoulinante vaguement américaine.
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Je me souviens qu’aux dernières municipales j’aurais bien voté pour l’écolo Eric Piolle si j’avais habité Grenoble. Je le regretterais, l’éventuelle suppression de toute subvention aux Musiciens du Louvre dirigés par Marc Minkowski en résidence dans sa ville m’ayant appris que son conseil municipal n’a pas d’adjointe à la culture mais une adjointe aux cultures. Affligeant pluriel.
16 décembre 2014
Un concert suit l’autre ce samedi, me voici un peu avant dix-neuf heures à l’Ubi que viennent de quitter les petits commerçants et où je m’offre un verre de vin blanc et une chaise de premier rang après avoir réglé les cinq euros permettant de voir et ouïr Inga Liljeström, chanteuse d’origine finlandaise née australienne. Je ne la connais pas mais elle a eu, en deux mille onze, les honneurs du Rendez-Vous de Laurent Goumare sur France Culture ce qui est gage de qualité.
La plupart des présent(e)s sont des habitué(e)s des concerts de jazz des Vibrants Défricheurs car c’est l’un d’eux, le contrebassiste Thibault Cellier, qui est à l’origine de la présence ici de l’exotique chanteuse. Il nous présente donc son invitée ainsi que Melissa Cox, violoniste et seconde voix.
Inga Liljeström, rousse teinte, débute par une chanson a capella à laquelle s’ajoute vers la fin la sirène d’une ambulance puis elle prend sa guitare. Bien qu’elle vive à Paris depuis plusieurs années, elle ne parle pas le français. Melissa Cox, elle-même australienne mais bilingue, se charge de traduire le propos liminaire à la deuxième chanson, raison pour laquelle je sais qu’il s’agit d’une évocation de la campagne australienne où vit son père. Par la suite, Inga s’adresse régulièrement au public mais Melissa ne traduit plus.
Les trois n’ont pas l’habitude de jouer ensuite. Cela ne nuit pas. La voix d’Inga Liljeström est de celles qui retiennent l’oreille. Elle fait parfois songer à celles de Kate Bush ou Björk mais avec une personnalité propre. Raison pour laquelle je quitte l’Ubi content.
*
Accessoire de concert : le combiné de téléphone devenu micro qui fait la voix lointaine et venue du passé.
La plupart des présent(e)s sont des habitué(e)s des concerts de jazz des Vibrants Défricheurs car c’est l’un d’eux, le contrebassiste Thibault Cellier, qui est à l’origine de la présence ici de l’exotique chanteuse. Il nous présente donc son invitée ainsi que Melissa Cox, violoniste et seconde voix.
Inga Liljeström, rousse teinte, débute par une chanson a capella à laquelle s’ajoute vers la fin la sirène d’une ambulance puis elle prend sa guitare. Bien qu’elle vive à Paris depuis plusieurs années, elle ne parle pas le français. Melissa Cox, elle-même australienne mais bilingue, se charge de traduire le propos liminaire à la deuxième chanson, raison pour laquelle je sais qu’il s’agit d’une évocation de la campagne australienne où vit son père. Par la suite, Inga s’adresse régulièrement au public mais Melissa ne traduit plus.
Les trois n’ont pas l’habitude de jouer ensuite. Cela ne nuit pas. La voix d’Inga Liljeström est de celles qui retiennent l’oreille. Elle fait parfois songer à celles de Kate Bush ou Björk mais avec une personnalité propre. Raison pour laquelle je quitte l’Ubi content.
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Accessoire de concert : le combiné de téléphone devenu micro qui fait la voix lointaine et venue du passé.
15 décembre 2014
Ce samedi vers seize heures quinze, la pluie ayant enfin cessé, je traverse la ville par ses petites rues sans boutiques, retrouve la niaiseuse ambiance de Noël au bas de la rue Cauchoise où la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier a mis sur le pavé un ridicule sapin composé de livres, et arrive, en haut de cette rue, au Verre à Soi (humour capill’hair). Ce bar à vins et à saucissons remplace un New York Café où je fus autrefois avec celle qu’un jour j’ai rejoint dans la ville éponyme. C’était avant qu’elle songe à cette aventure.
Je trouve là Jean-Emmanuel Deluxe qui a permis la rencontre des Dowling Poole, duo anglais de pop music partiellement basé à Neufchâtel-en-Bray, avec le patron du Verre à Soi. Il m’apprend que la Mairie n’a pas installé la scène promise d’où la présence d’un abri de fortune sous lequel vont s’exprimer gratuitement les artistes. Trois Anglaises et deux Anglais porteurs de masques inquiétants ont traversé la Manche spécialement pour l’occasion. Le public rouennais quant à lui est plutôt mince. C’est pourtant de la musique adaptée à ceux qui sont définitivement coincés dans la strate temporelle qui va des sixties aux seventies, nombreux dans cette ville (la faute aux Dogs peut-être).
Willie Dowling parle un français un peu acrobatique « C’est pas facile de faire une blague dans la langue qui est la deuxième ». Jon Poole ne sait que dire « Vous êtes très gentils, merci beaucoup » mais il le dit bien et à chaque fois qu’il a la parole. Ils sont accompagnés d’une fille à cheveux rouges dont j’ignore le nom et qui ne parle pas. Ce sont de joyeux drilles dont les chansons guillerettes me font penser à celles des Beatles de la période Maxwell's Silver Hammer. L’une a pour sujet Donald Trump voulant acheter « une tranche d’Ecosse » pour faire un golf. De temps à autre passent entre les artistes et le public des habitants de l’immeuble rentrant chez eux. Ils inspirent à Willie Dowling d’ironiques plaisanteries et prient pour que leur porte s’ouvre vite. Les fans venus d’Angleterre se trémoussent au premier rang. Statique comme je suis, c’est les pieds congelés que je quitte les lieux à la fin du concert, content de ma plongée dans cette strate temporelle que je ne fréquente que ponctuellement, n’étant pas de ceux qui vivent « à l’époque ».
*
Suppose que tu t’appelles Cisson, que tu ouvres un bar à vins et à saucissons et que tu aimes l’humour capill’hair, tu pourras l’appeler Au Sot Cisson.
Je trouve là Jean-Emmanuel Deluxe qui a permis la rencontre des Dowling Poole, duo anglais de pop music partiellement basé à Neufchâtel-en-Bray, avec le patron du Verre à Soi. Il m’apprend que la Mairie n’a pas installé la scène promise d’où la présence d’un abri de fortune sous lequel vont s’exprimer gratuitement les artistes. Trois Anglaises et deux Anglais porteurs de masques inquiétants ont traversé la Manche spécialement pour l’occasion. Le public rouennais quant à lui est plutôt mince. C’est pourtant de la musique adaptée à ceux qui sont définitivement coincés dans la strate temporelle qui va des sixties aux seventies, nombreux dans cette ville (la faute aux Dogs peut-être).
Willie Dowling parle un français un peu acrobatique « C’est pas facile de faire une blague dans la langue qui est la deuxième ». Jon Poole ne sait que dire « Vous êtes très gentils, merci beaucoup » mais il le dit bien et à chaque fois qu’il a la parole. Ils sont accompagnés d’une fille à cheveux rouges dont j’ignore le nom et qui ne parle pas. Ce sont de joyeux drilles dont les chansons guillerettes me font penser à celles des Beatles de la période Maxwell's Silver Hammer. L’une a pour sujet Donald Trump voulant acheter « une tranche d’Ecosse » pour faire un golf. De temps à autre passent entre les artistes et le public des habitants de l’immeuble rentrant chez eux. Ils inspirent à Willie Dowling d’ironiques plaisanteries et prient pour que leur porte s’ouvre vite. Les fans venus d’Angleterre se trémoussent au premier rang. Statique comme je suis, c’est les pieds congelés que je quitte les lieux à la fin du concert, content de ma plongée dans cette strate temporelle que je ne fréquente que ponctuellement, n’étant pas de ceux qui vivent « à l’époque ».
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Suppose que tu t’appelles Cisson, que tu ouvres un bar à vins et à saucissons et que tu aimes l’humour capill’hair, tu pourras l’appeler Au Sot Cisson.
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