Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
15 septembre 2016
« Bon allez, je m’offre un croissant ce matin, c’est pour fêter le dernier jour de beau temps de l’année », déclare celui qui prend un café près de moi au comptoir du Café du Faubourg à l’angle de Ledru-Rollin et du Faubourg-Saint-Antoine.
Je pense que c’est pour le regretter et non pas s’en féliciter. Pour ma part, je ne suis pas mécontent que ce soit le dernier jour à suer, même si je n’ai pas envie d’aller vers l’hiver. Néanmoins, cette chaleur dont je souffre me dédommage avec la vision de toutes ces jolies filles court vêtues qui passent à pied ou en vélo.
Chez Book Off, les beaux livres à un euro sont déjà repassés à deux euros. Je croise le vieux bouquiniste qui aurait bien envie d’arrêter. Il a déjà abandonné ses boîtes sur les quais
-Cela se revend ?
-Non, on les rend à la Mairie qui les réattribue.
Il continue le commerce sur Internet et déplore de trouver moins de bonnes affaires ici.
-Maintenant, ils scannent les livres avant de leur attribuer un prix.
Autrefois, il lui arrivait de vendre cent quinze euros un livre trouvé à un ou deux euros. C’est fini hélas. Il faut pourtant qu’il continue à gagner de l’argent. Il est plus âgé que moi, mais il a une fille de deux ans.
A midi, je déjeune Chez Céleste, à l’ombre de l’auvent, d’accras et de poulet rôti. Une longue table a été constituée à ma droite pour accueillir neuf jeunes hommes. Les garçons de cet âge ont toujours l’air plus heureux d’être entre eux plutôt qu’avec leur amoureuse. Bien qu’à l’ombre, j’ai trop chaud et mon vin rouge pareillement.
Tentant de me rafraîchir dans le jardin de l’Arsenal, j’y lis l’un des livres achetés ce matin les Entretiens de Glenn Gould avec Jonathan Cott (Dix/Dix-Huit).
Passent trois vieilles dont l’une dit aux deux autres :
-J’ouvre mon ordinateur et qu’est-ce que je vois ? Une partouze ! Une vraie partouze !
-Directement sur l’écran ?
-Oui.
Ce mercredi est décidément l’un des jours les plus chauds de l’été.
*
Dans le train du matin, une femme partant en vacances se déculpabilise en donnant de l’argent au faux sourd-muet qui a posé des babioles sur son siège.
*
-Celle-ci, pour la faire crever, il faut vraiment y mettre du cœur. (le fleuriste du marché d’Aligre à propos de la plante qu’il vient de vendre).
*
Dans le train du retour, mal climatisé, je lis un autre livre acheté à Paris : Le Bonheur des petits poissons, recueil d’articles de l’écrivain et sinologue Simon Leys (Le Livre de Poche).
Dans l’un, l’auteur s’en prend à ceux qui croient seconder la juste cause des femmes en imprimant des monstruosités telles que « auteure » ou « écrivaine ».
Il y a de nombreuses années, j’étais de son avis. Un jour, j’ai entendu sur France Culture une archive sonore datant de la première moitié du vingtième siècle. Un spécialiste du bien parler s’indignait. Maintenant qu’il y avait des femmes dans la profession, on commençait à employer le mot « avocate ». Une horreur, disait-il. Cela me fit instantanément changer d’avis sur « auteure » et « écrivaine », deux mots d’ailleurs employés de façon courante au Québec.
*
A propos du Québec, en regardant une vidéo de la délicieuse Pomme (vingt ans tout juste), j’apprends que là-bas au lieu de « faire un showcase », on dit « faire une vitrine ».
Je t’emmènerais bien de l’autre côté de l’Atlantique, chante Pomme, ce qui me fait terriblement penser à celle qui m’y a emmené.
Je pense que c’est pour le regretter et non pas s’en féliciter. Pour ma part, je ne suis pas mécontent que ce soit le dernier jour à suer, même si je n’ai pas envie d’aller vers l’hiver. Néanmoins, cette chaleur dont je souffre me dédommage avec la vision de toutes ces jolies filles court vêtues qui passent à pied ou en vélo.
Chez Book Off, les beaux livres à un euro sont déjà repassés à deux euros. Je croise le vieux bouquiniste qui aurait bien envie d’arrêter. Il a déjà abandonné ses boîtes sur les quais
-Cela se revend ?
-Non, on les rend à la Mairie qui les réattribue.
Il continue le commerce sur Internet et déplore de trouver moins de bonnes affaires ici.
-Maintenant, ils scannent les livres avant de leur attribuer un prix.
Autrefois, il lui arrivait de vendre cent quinze euros un livre trouvé à un ou deux euros. C’est fini hélas. Il faut pourtant qu’il continue à gagner de l’argent. Il est plus âgé que moi, mais il a une fille de deux ans.
A midi, je déjeune Chez Céleste, à l’ombre de l’auvent, d’accras et de poulet rôti. Une longue table a été constituée à ma droite pour accueillir neuf jeunes hommes. Les garçons de cet âge ont toujours l’air plus heureux d’être entre eux plutôt qu’avec leur amoureuse. Bien qu’à l’ombre, j’ai trop chaud et mon vin rouge pareillement.
Tentant de me rafraîchir dans le jardin de l’Arsenal, j’y lis l’un des livres achetés ce matin les Entretiens de Glenn Gould avec Jonathan Cott (Dix/Dix-Huit).
Passent trois vieilles dont l’une dit aux deux autres :
-J’ouvre mon ordinateur et qu’est-ce que je vois ? Une partouze ! Une vraie partouze !
-Directement sur l’écran ?
-Oui.
Ce mercredi est décidément l’un des jours les plus chauds de l’été.
*
Dans le train du matin, une femme partant en vacances se déculpabilise en donnant de l’argent au faux sourd-muet qui a posé des babioles sur son siège.
*
-Celle-ci, pour la faire crever, il faut vraiment y mettre du cœur. (le fleuriste du marché d’Aligre à propos de la plante qu’il vient de vendre).
*
Dans le train du retour, mal climatisé, je lis un autre livre acheté à Paris : Le Bonheur des petits poissons, recueil d’articles de l’écrivain et sinologue Simon Leys (Le Livre de Poche).
Dans l’un, l’auteur s’en prend à ceux qui croient seconder la juste cause des femmes en imprimant des monstruosités telles que « auteure » ou « écrivaine ».
Il y a de nombreuses années, j’étais de son avis. Un jour, j’ai entendu sur France Culture une archive sonore datant de la première moitié du vingtième siècle. Un spécialiste du bien parler s’indignait. Maintenant qu’il y avait des femmes dans la profession, on commençait à employer le mot « avocate ». Une horreur, disait-il. Cela me fit instantanément changer d’avis sur « auteure » et « écrivaine », deux mots d’ailleurs employés de façon courante au Québec.
*
A propos du Québec, en regardant une vidéo de la délicieuse Pomme (vingt ans tout juste), j’apprends que là-bas au lieu de « faire un showcase », on dit « faire une vitrine ».
Je t’emmènerais bien de l’autre côté de l’Atlantique, chante Pomme, ce qui me fait terriblement penser à celle qui m’y a emmené.
14 septembre 2016
Vendredi dernier, c’est une journée américaine sur France Culture. La romancière Catherine Cusset la ponctue d’extraits de son nouveau livre L’autre qu’on adorait. Elle lit mal. Son roman est mauvais.
Quoi de plus ridicule que ceci :
Ce baiser sur fond de gratte-ciels aux pointes diaprées avait un goût d’exception.
Et de plus consternant que cette description de Washington Square :
Même s’il est bétonné, il a de nombreux arbres. Assis sur un banc, on respire mieux, on regarde les écureuils, on est libéré de l’odeur et du bruit des voitures.
Ce qui m’énerve encore plus, c’est le titre que Catherine Cusset (ou son éditeur) a donné à cette niaiserie, volé à la chanson de Léo Ferré.
D’autres ont déjà fait ça récemment. Ainsi Delphine de Vigan avec son Rien ne s’oppose à la nuit volé à la chanson de Bashung.
Plus qu’un manque d’idée qui aurait empêché de trouver un titre original à cette littérature facile, je vois là une manœuvre de l’auteure (ou de l’éditeur). L’acheteuse éventuelle (ce sont des femmes qui lisent ce genre de livres) a déjà le titre en tête quand elle trouve le roman sur une table de librairie : « Ah oui, j’en ai entendu parler, il me semble, ça me dit quelque chose, je le prends. »
*
Autre malhonnêteté éditoriale. J’avise ce mardi matin en vitrine du Rêve de l’Escalier un livre intitulé Lettres d’Afrique de Guy de Maupassant. Je l’attrape et découvre en quatrième de couverture qui s’agit en fait des chroniques que donna Maupassant au Gaulois. Des textes de journalisme où l’écrivain ne racontait pas ce qu’il narrait dans ses missives. Sans intérêt donc. Je le repose.
L’éditeur, La Boîte à Documents, a dû se dire que ce livre serait plus facile à vendre présenté comme une correspondance plutôt que comme un recueil d’articles. Surtout si on le commande par correspondance.
*
A propos des lettres de Guy de Maupassant, cet extrait du Journal de Paul Léautaud cité par Yvan Leclerc dans sa préface à la Correspondance Gustave Flaubert/Guy de Maupassant publiée chez Flammarion :
Louis Bertrand est venu cette après-midi voir Vallette au sujet du volume sur Flaubert qu’il doit publier au Mercure. Il avait pensé les corser avec des lettres de Maupassant à Flaubert. Devant ce qu’elles contiennent, il a dû y renoncer. (…/…) Il y a, paraît-il, une longue lettre qui débute ainsi, ou à peu près :
« Vous voulez que je vous écrive une longue lettre. Eh ! bien, aujourd’hui, nous parlerons de cul… » Dans une autre, il y a ceci, qui touche vraiment à la maladie : « Je sens le con. J’ai beau être propre, prendre des bains, je sens le con, et tous les gens qui passent à côté bandent. »
Ailleurs, il exprime ce vœu à Flaubert « que toutes ces histoires le fasse bien bander ». Il y a aussi une longue lettre dans laquelle il parle à Flaubert de deux jeunes étrangères avec qui il couche. Elles ne connaissent pas un mot de français, lui pas un mot de leur langue. Ils n’ont que des signes pour se comprendre. Maupassant explique les siens : « Je leur montre ma langue, ma queue, mon doigt. » Il n’a qu’une préoccupation, celle d’arriver à coucher avec toutes les deux à la fois.
Ces lettres, mentionnées de mémoire par Léautaud, n’ont pas été retrouvées. Ce que déplore Yvan Leclerc, et moi itou.
Quoi de plus ridicule que ceci :
Ce baiser sur fond de gratte-ciels aux pointes diaprées avait un goût d’exception.
Et de plus consternant que cette description de Washington Square :
Même s’il est bétonné, il a de nombreux arbres. Assis sur un banc, on respire mieux, on regarde les écureuils, on est libéré de l’odeur et du bruit des voitures.
Ce qui m’énerve encore plus, c’est le titre que Catherine Cusset (ou son éditeur) a donné à cette niaiserie, volé à la chanson de Léo Ferré.
D’autres ont déjà fait ça récemment. Ainsi Delphine de Vigan avec son Rien ne s’oppose à la nuit volé à la chanson de Bashung.
Plus qu’un manque d’idée qui aurait empêché de trouver un titre original à cette littérature facile, je vois là une manœuvre de l’auteure (ou de l’éditeur). L’acheteuse éventuelle (ce sont des femmes qui lisent ce genre de livres) a déjà le titre en tête quand elle trouve le roman sur une table de librairie : « Ah oui, j’en ai entendu parler, il me semble, ça me dit quelque chose, je le prends. »
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Autre malhonnêteté éditoriale. J’avise ce mardi matin en vitrine du Rêve de l’Escalier un livre intitulé Lettres d’Afrique de Guy de Maupassant. Je l’attrape et découvre en quatrième de couverture qui s’agit en fait des chroniques que donna Maupassant au Gaulois. Des textes de journalisme où l’écrivain ne racontait pas ce qu’il narrait dans ses missives. Sans intérêt donc. Je le repose.
L’éditeur, La Boîte à Documents, a dû se dire que ce livre serait plus facile à vendre présenté comme une correspondance plutôt que comme un recueil d’articles. Surtout si on le commande par correspondance.
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A propos des lettres de Guy de Maupassant, cet extrait du Journal de Paul Léautaud cité par Yvan Leclerc dans sa préface à la Correspondance Gustave Flaubert/Guy de Maupassant publiée chez Flammarion :
Louis Bertrand est venu cette après-midi voir Vallette au sujet du volume sur Flaubert qu’il doit publier au Mercure. Il avait pensé les corser avec des lettres de Maupassant à Flaubert. Devant ce qu’elles contiennent, il a dû y renoncer. (…/…) Il y a, paraît-il, une longue lettre qui débute ainsi, ou à peu près :
« Vous voulez que je vous écrive une longue lettre. Eh ! bien, aujourd’hui, nous parlerons de cul… » Dans une autre, il y a ceci, qui touche vraiment à la maladie : « Je sens le con. J’ai beau être propre, prendre des bains, je sens le con, et tous les gens qui passent à côté bandent. »
Ailleurs, il exprime ce vœu à Flaubert « que toutes ces histoires le fasse bien bander ». Il y a aussi une longue lettre dans laquelle il parle à Flaubert de deux jeunes étrangères avec qui il couche. Elles ne connaissent pas un mot de français, lui pas un mot de leur langue. Ils n’ont que des signes pour se comprendre. Maupassant explique les siens : « Je leur montre ma langue, ma queue, mon doigt. » Il n’a qu’une préoccupation, celle d’arriver à coucher avec toutes les deux à la fois.
Ces lettres, mentionnées de mémoire par Léautaud, n’ont pas été retrouvées. Ce que déplore Yvan Leclerc, et moi itou.
13 septembre 2016
Isneauville ayant eu la bête idée d’annuler son vide grenier en raison du plan Vigipirate (dixit Le Caldoche), je n’ai pas à hésiter ce dimanche au lever du jour et me dirige tout droit sur celui du quartier populaire et réfractaire de la Croix de Pierre. A chaque extrémité, une voiture en travers rappelle à chacun ce qui s’est passé à Nice.
J’y trouve cette année moult livres de qualité. Comment ne pas être tenté de redevenir propriétaire d’A la recherche du temps perdu, cette fois en un seul volume dans l’édition Quarto/Gallimard.
-C’est cinq euros, me dit la jeune femme qui le vend.
-Est-ce que quatre, ça pourrait aller ?
-Oui, me répond-elle.
-Il n’est pas difficile de me faire baisser les prix, ajoute-t-elle pour son compagnon.
-C’est vrai, j’aurais dû dire trois, lui dis-je.
Elle me dit qu’elle a essayé de le lire plusieurs fois avant d’être convaincue que Proust n’est vraiment pas un auteur pour elle. « Pour moi non plus, lui dis-je, mais je réessaierai peut-être un jour. »
Je ne sais pas si je lirai davantage, toujours chez Quarto/Gallimard, le pavé regroupant Les Origines du totalitarisme et Eichmann à Jérusalem d’Hanna Arendt. Celle qui le vend me le propose à trois euros. Je ne peux décemment pas lui dire deux.
Ces deux énormes livres alourdissent considérablement mon sac. J’en ajoute d’autres payés cinquante centimes ou un euro, ainsi que Je vous écris de l’usine de Jean-Pierre Levaray, acheté neuf (quinze euros) à la librairie anarchiste L’Insoumise dont l’auteur est un familier. Son livre a eu du succès, il est officiellement épuisé chez l’éditeur, Libertalia. Là, il en restait deux. A la demande d’un des révolutionnaires présents, je signe une pétition de soutien aux travailleurs de l’Hôpital Psychiatrique du Rouvray.
Un peu plus loin, au numéro cent de la rue Saint-Hilaire, Le Diable Au Corps annonce à l’encre noire sur un drap pendu aux fenêtres son ouverture pour janvier deux mille dix-sept : « shiatsu, salle pour enfants, coin café, studio radio, salle de travail, matériel d’impression, salle de réunion, salle de projection, bibliothèque de prêt, petite cour fleurie », cela dans un esprit Conjuration des Fourneaux.
Une femme vendant des livres neufs récupérés à son travail m’explique que le prix marqué en quatrième de couverture s’appelle le prix facial. Ça ne correspond pas à la réalité physique du livre mais c’est le terme du métier dans l’édition, la librairie et la presse. Aucun de ses livres ne peut m’intéresser.
D’autres m’attendent ailleurs et je ne suis pas le seul à être content. Celle bien connue à Rouen pour collectionner tout ce qui a trait aux chats est ravie de celui en peluche qu’elle vient d’acheter : « J’en avais déjà vingt-deux, des gros chats comme ça, maintenant j’en ai vingt-trois ».
Celle qui le lui a vendu est encore plus satisfaite, jamais elle n’aurait cru possible de s’en débarrasser.
-On n’est ni Français ni Espagnol, répond une vendeuse à un homme qui lui demande si elle est originaire d’Espagne. On est Basque. Ça veut dire qu’on ne se laisse pas faire. Si tout le monde faisait comme nous, on n’en serait pas là où on en est.
Une répartie typique de ce quartier de la Croix de Pierre où, qu’ils soient Basques ou non, beaucoup ont la tête dure. C’est ce qui en fait le charme, outre qu’on y trouve de bons livres le jour du vide grenier.
*
Aucun livre pour moi, en revanche, au vide grenier voisin du jardin de l’Hôtel de Ville. Une femme venue d’Afrique y achète une encyclopédie pour sa fille qui vient d’entrer en sixième. Cela m’attriste de voir cette mère soucieuse de bien faire dépenser son argent dans un achat qui sera peu utile, mais je ne peux pourtant pas intervenir.
Une dame vendant ses confitures, je lui achète trois pots de rhubarbe pour cinq euros.
J’y trouve cette année moult livres de qualité. Comment ne pas être tenté de redevenir propriétaire d’A la recherche du temps perdu, cette fois en un seul volume dans l’édition Quarto/Gallimard.
-C’est cinq euros, me dit la jeune femme qui le vend.
-Est-ce que quatre, ça pourrait aller ?
-Oui, me répond-elle.
-Il n’est pas difficile de me faire baisser les prix, ajoute-t-elle pour son compagnon.
-C’est vrai, j’aurais dû dire trois, lui dis-je.
Elle me dit qu’elle a essayé de le lire plusieurs fois avant d’être convaincue que Proust n’est vraiment pas un auteur pour elle. « Pour moi non plus, lui dis-je, mais je réessaierai peut-être un jour. »
Je ne sais pas si je lirai davantage, toujours chez Quarto/Gallimard, le pavé regroupant Les Origines du totalitarisme et Eichmann à Jérusalem d’Hanna Arendt. Celle qui le vend me le propose à trois euros. Je ne peux décemment pas lui dire deux.
Ces deux énormes livres alourdissent considérablement mon sac. J’en ajoute d’autres payés cinquante centimes ou un euro, ainsi que Je vous écris de l’usine de Jean-Pierre Levaray, acheté neuf (quinze euros) à la librairie anarchiste L’Insoumise dont l’auteur est un familier. Son livre a eu du succès, il est officiellement épuisé chez l’éditeur, Libertalia. Là, il en restait deux. A la demande d’un des révolutionnaires présents, je signe une pétition de soutien aux travailleurs de l’Hôpital Psychiatrique du Rouvray.
Un peu plus loin, au numéro cent de la rue Saint-Hilaire, Le Diable Au Corps annonce à l’encre noire sur un drap pendu aux fenêtres son ouverture pour janvier deux mille dix-sept : « shiatsu, salle pour enfants, coin café, studio radio, salle de travail, matériel d’impression, salle de réunion, salle de projection, bibliothèque de prêt, petite cour fleurie », cela dans un esprit Conjuration des Fourneaux.
Une femme vendant des livres neufs récupérés à son travail m’explique que le prix marqué en quatrième de couverture s’appelle le prix facial. Ça ne correspond pas à la réalité physique du livre mais c’est le terme du métier dans l’édition, la librairie et la presse. Aucun de ses livres ne peut m’intéresser.
D’autres m’attendent ailleurs et je ne suis pas le seul à être content. Celle bien connue à Rouen pour collectionner tout ce qui a trait aux chats est ravie de celui en peluche qu’elle vient d’acheter : « J’en avais déjà vingt-deux, des gros chats comme ça, maintenant j’en ai vingt-trois ».
Celle qui le lui a vendu est encore plus satisfaite, jamais elle n’aurait cru possible de s’en débarrasser.
-On n’est ni Français ni Espagnol, répond une vendeuse à un homme qui lui demande si elle est originaire d’Espagne. On est Basque. Ça veut dire qu’on ne se laisse pas faire. Si tout le monde faisait comme nous, on n’en serait pas là où on en est.
Une répartie typique de ce quartier de la Croix de Pierre où, qu’ils soient Basques ou non, beaucoup ont la tête dure. C’est ce qui en fait le charme, outre qu’on y trouve de bons livres le jour du vide grenier.
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Aucun livre pour moi, en revanche, au vide grenier voisin du jardin de l’Hôtel de Ville. Une femme venue d’Afrique y achète une encyclopédie pour sa fille qui vient d’entrer en sixième. Cela m’attriste de voir cette mère soucieuse de bien faire dépenser son argent dans un achat qui sera peu utile, mais je ne peux pourtant pas intervenir.
Une dame vendant ses confitures, je lui achète trois pots de rhubarbe pour cinq euros.
12 septembre 2016
Rue de la République, ce samedi aux aurores, un fêtard m’interpelle :
-Hey chef, t’as pas une cigarette ?
-Non, désolé, je ne fume pas.
-Tu ne fumes pas ? Tu devrais.
-Oui, je sais.
Je le laisse à sa déception et tourne à droite afin de prendre le bus Té Un.
Il me mène à Mont-Saint-Aignan. Je descends à Campus et, pour rejoindre le parquigne où s’épanouit le vide grenier annuel, longe la Faculté des Lettres et de Sciences Humaines et la Bibliothèque Universitaire.
S’il y a un lieu où les livres devraient pulluler, c’est ici, et ce le fut autrefois, mais depuis plusieurs années, il n’en est rien, et cette fois encore, comme je le constate en parcourant les allées.
Quand même, une femme vend quelques livres d’art neufs qu’elle protège de l’humidité matutinale par un plastique transparent. L’un est Weegee, le catalogue de l’exposition consacrée au photographe de scènes de crime par la Fondation Dina Vierny au Musée Maillol en deux mille sept. Ce « beau livre » fut publié par Gallimard. Trente-cinq euros, est-il écrit en quatrième de couverture. Sa vendeuse me le propose à dix. Je dis huit. Elle dit neuf. Je dis d’accord.
Un Té Un me redescend à Rouen sans tarder.
*
La veille au soir, dans le jardin, j’écoutais le carillonneur jouer avec son instrument tout neuf. Une fanfare faisait écho à ses expérimentations en reprenant ses improvisations.
Ce samedi, en milieu de matinée, je passe à l’Office de Tourisme :
-Bonjour, est-ce que vous avez le programme du concert d’inauguration du carillon de la Cathédrale.
-Non, y a pas de programme, vous v’nez ce soir, là devant, et c’est tout, me répond celle à qui je me suis adressé.
-Ce n’est pas ce soir, c’est samedi prochain.
-Tout le monde peut se tromper. Y a pas de programme, vous v’nez et vous écoutez le p’tit concert.
-Ce n’est pas un petit concert. Il dure une heure et demie. Je vous remercie pour tous ces renseignements.
*
Samedi après-midi, quittant le Son du Cor, je croise une femme scotchant sur les parcmètres des affichettes illustrées d’une photo d’adolescente.
Romane, quatorze ans, a disparu depuis mardi. Elle a été vue pour la dernière fois au Petit-Quevilly.
-Vous êtes la maman, lui demande une passante.
-Oui.
-Hey chef, t’as pas une cigarette ?
-Non, désolé, je ne fume pas.
-Tu ne fumes pas ? Tu devrais.
-Oui, je sais.
Je le laisse à sa déception et tourne à droite afin de prendre le bus Té Un.
Il me mène à Mont-Saint-Aignan. Je descends à Campus et, pour rejoindre le parquigne où s’épanouit le vide grenier annuel, longe la Faculté des Lettres et de Sciences Humaines et la Bibliothèque Universitaire.
S’il y a un lieu où les livres devraient pulluler, c’est ici, et ce le fut autrefois, mais depuis plusieurs années, il n’en est rien, et cette fois encore, comme je le constate en parcourant les allées.
Quand même, une femme vend quelques livres d’art neufs qu’elle protège de l’humidité matutinale par un plastique transparent. L’un est Weegee, le catalogue de l’exposition consacrée au photographe de scènes de crime par la Fondation Dina Vierny au Musée Maillol en deux mille sept. Ce « beau livre » fut publié par Gallimard. Trente-cinq euros, est-il écrit en quatrième de couverture. Sa vendeuse me le propose à dix. Je dis huit. Elle dit neuf. Je dis d’accord.
Un Té Un me redescend à Rouen sans tarder.
*
La veille au soir, dans le jardin, j’écoutais le carillonneur jouer avec son instrument tout neuf. Une fanfare faisait écho à ses expérimentations en reprenant ses improvisations.
Ce samedi, en milieu de matinée, je passe à l’Office de Tourisme :
-Bonjour, est-ce que vous avez le programme du concert d’inauguration du carillon de la Cathédrale.
-Non, y a pas de programme, vous v’nez ce soir, là devant, et c’est tout, me répond celle à qui je me suis adressé.
-Ce n’est pas ce soir, c’est samedi prochain.
-Tout le monde peut se tromper. Y a pas de programme, vous v’nez et vous écoutez le p’tit concert.
-Ce n’est pas un petit concert. Il dure une heure et demie. Je vous remercie pour tous ces renseignements.
*
Samedi après-midi, quittant le Son du Cor, je croise une femme scotchant sur les parcmètres des affichettes illustrées d’une photo d’adolescente.
Romane, quatorze ans, a disparu depuis mardi. Elle a été vue pour la dernière fois au Petit-Quevilly.
-Vous êtes la maman, lui demande une passante.
-Oui.
10 septembre 2016
Peu à sauver de ce New York est une fête de Michel Bulteau publié chez Minos/La Différence que j’ai lu il y a maintenant un certain temps. C’est une remémoration complaisante (sexe, drogue et rock’n’roll) de son escapade des années soixante-dix outre Atlantique quand il était « poète insoumis » (comme dit la quatrième de couverture). De cette mythologie de bazar, je retiens quand même ceci (l’Elliott dont il s’agit est Elliott Murphy désormais familier du Havre et dont je me souviens du concert énervé vu et entendu à Rouen du temps que j’étais bien accompagné) :
Elliott tendit un exemplaire de Night Lights à Adeline (« pour quand vous ne serez plus ensemble »). A la fin de la phrase, une porte s’ouvrit et une jeune femme blonde entra en souriant. Elliott, avec ses paroles fatales, avait déclenché un mécanisme magique. En effet, Adeline me quitterait et Geraldine l’abandonnerait.
Et surtout ceci :
Burroughs est assis dans un canapé, une cigarette au bout des doigts.
-Et votre visite à Céline, à Meudon ?
-Je me souviens d’aboiements de chiens.
*
De Louis-Ferdinand Céline, cette forte pensée :
L’essentiel n’est pas de savoir si nous avons tort ou raison –cela n’a aucune espèce d’importance. L’important, c’est de décourager le monde de s’occuper de nous.
Elliott tendit un exemplaire de Night Lights à Adeline (« pour quand vous ne serez plus ensemble »). A la fin de la phrase, une porte s’ouvrit et une jeune femme blonde entra en souriant. Elliott, avec ses paroles fatales, avait déclenché un mécanisme magique. En effet, Adeline me quitterait et Geraldine l’abandonnerait.
Et surtout ceci :
Burroughs est assis dans un canapé, une cigarette au bout des doigts.
-Et votre visite à Céline, à Meudon ?
-Je me souviens d’aboiements de chiens.
*
De Louis-Ferdinand Céline, cette forte pensée :
L’essentiel n’est pas de savoir si nous avons tort ou raison –cela n’a aucune espèce d’importance. L’important, c’est de décourager le monde de s’occuper de nous.
9 septembre 2016
Des années que je n’ai mis le pied dans la galerie La Passerelle sise dans un couloir de ce qui était l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres et qui est devenu l’Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education (Espé), les œuvres des artistes invités étant de celles qui me déplaisent, mais cette fois on y expose les toiles de Christian Zeimert, ancien élève de l’Ecole Boulle et des Arts Décoratifs, membre du groupe Panique, illustrateur pour les revues Le Fou Parle et Hara-Kiri, animateur d’une émission de Radio Libertaire, collaborateur des Papous dans la tête sur France Culture, tout cela au passé, mais encore et toujours « peintre calembourgeois ».
L’exposition Quarante toiles unies vers Cythère est vernie ce jeudi soir, aussi prends-je le bus Teor Un, direction Mont-Saint-Aignan. Comme elle est en deux parties, trente toiles à l’Espé, dix à la Maison de l’Université, je descends à la station Campus.
Je suis évidemment le premier arrivé et peux à mon aise découvrir les œuvres exposées parmi lesquelles Bonjour, monsieur courbé, Vendre dix seins et Concours de suicide, des peintures inspirées du calembour et/ou de la noirceur de la vie. Quelques autorités unies vers Cythère sont bientôt là et s’entre-saluent avec le mélange d’obséquiosité et de jalousie latente qui les caractérise. Aucun(e) étudiant(e) n’est présent(e). Trois groupies d’un certain âge sont venues en train, peut-être de Vernon où vit le peintre. La commissaire de l’exposition m’offre un sac à tout siglé « Maison de l’Université ». Christian Zeimert, quatre-vingt-un ans, costume noir et barbe blanche, arrive à pas lents, aidé par sa canne. Il serre les mains des présent(e)s. Une des groupies lui demande de signer le plâtre de son bras cassé mais il élude.
Je m’esquive alors qu’arrive la femme de l’artiste « elle marche encore moins vite que moi », avant le discours du Directeur de la Maison de l’Université, et par un raccourci connu de moi depuis les stages faits là-bas, je rejoins à pied l’Espé.
J’y trouve des institutrices retraitées en train de s’esbaudir des titres des œuvres exposées, du moins de ceux qu’elles comprennent car quelques-uns les laissent dans l’Espé(ctative).
-C’est parce que c’est un bon peintre qu’il peut se permettre d’être ironique, déclare l’une.
Je sélectionne pour ma part L’homme au prépuce à l’oreille (curiosité médicale), Latour prenant sa vessie pour une lanterne (elle l’éclaire, dans son style), Le culte de la personne alitée (Staline veillant Lénine et lui jouant de son orgue) et mon préféré Le supplice de Cancale (un homme salivant désespérément devant une assiette d’huîtres entourée de fil de fer barbelé). Un double portrait de Raymond Queneau me plaît également.
Quand arrivent Christian Zeimert appuyé sur sa canne et sa femme appuyée sur la sienne, il y a là essentiellement des enseignant(e)s ou ex-enseignant(e)s à cheveux gris. Deux jeunes professeures tentent de faire baisser la moyenne d’âge.
Richard Wittorski, Directeur de l’Espé, prend la parole, lisant avec hésitation une courte biographie de l’artiste que lui a donnée le responsable des expositions, achoppant sur le nom de Jodorowsky quand il est question de Panique, n’évoquant pas le travail du peintre, ni ce qui est accroché sur les murs. Son inculture est néanmoins applaudie.
Christian Zeimert remercie, indique qu’il a plusieurs cahiers de calembours ne demandant qu’à se transformer en tableaux, mais que parfois ça peut prendre des années de trouver l’image qui convient. Il donne rendez-vous dans dix ans pour une prochaine exposition.
C’est à la cafétéria que l’on boit un verre, non de champagne comme autrefois, mais d’un cidre plus doux que brut. Les petits fours sont du boulanger.
*
Que vais-je faire de ce sac à tout « Maison de l’Université » ? Je déteste les « tote bags ».
*
« L’Espé rance », ce pourrait être un tableau de Christian Zeimert.
L’exposition Quarante toiles unies vers Cythère est vernie ce jeudi soir, aussi prends-je le bus Teor Un, direction Mont-Saint-Aignan. Comme elle est en deux parties, trente toiles à l’Espé, dix à la Maison de l’Université, je descends à la station Campus.
Je suis évidemment le premier arrivé et peux à mon aise découvrir les œuvres exposées parmi lesquelles Bonjour, monsieur courbé, Vendre dix seins et Concours de suicide, des peintures inspirées du calembour et/ou de la noirceur de la vie. Quelques autorités unies vers Cythère sont bientôt là et s’entre-saluent avec le mélange d’obséquiosité et de jalousie latente qui les caractérise. Aucun(e) étudiant(e) n’est présent(e). Trois groupies d’un certain âge sont venues en train, peut-être de Vernon où vit le peintre. La commissaire de l’exposition m’offre un sac à tout siglé « Maison de l’Université ». Christian Zeimert, quatre-vingt-un ans, costume noir et barbe blanche, arrive à pas lents, aidé par sa canne. Il serre les mains des présent(e)s. Une des groupies lui demande de signer le plâtre de son bras cassé mais il élude.
Je m’esquive alors qu’arrive la femme de l’artiste « elle marche encore moins vite que moi », avant le discours du Directeur de la Maison de l’Université, et par un raccourci connu de moi depuis les stages faits là-bas, je rejoins à pied l’Espé.
J’y trouve des institutrices retraitées en train de s’esbaudir des titres des œuvres exposées, du moins de ceux qu’elles comprennent car quelques-uns les laissent dans l’Espé(ctative).
-C’est parce que c’est un bon peintre qu’il peut se permettre d’être ironique, déclare l’une.
Je sélectionne pour ma part L’homme au prépuce à l’oreille (curiosité médicale), Latour prenant sa vessie pour une lanterne (elle l’éclaire, dans son style), Le culte de la personne alitée (Staline veillant Lénine et lui jouant de son orgue) et mon préféré Le supplice de Cancale (un homme salivant désespérément devant une assiette d’huîtres entourée de fil de fer barbelé). Un double portrait de Raymond Queneau me plaît également.
Quand arrivent Christian Zeimert appuyé sur sa canne et sa femme appuyée sur la sienne, il y a là essentiellement des enseignant(e)s ou ex-enseignant(e)s à cheveux gris. Deux jeunes professeures tentent de faire baisser la moyenne d’âge.
Richard Wittorski, Directeur de l’Espé, prend la parole, lisant avec hésitation une courte biographie de l’artiste que lui a donnée le responsable des expositions, achoppant sur le nom de Jodorowsky quand il est question de Panique, n’évoquant pas le travail du peintre, ni ce qui est accroché sur les murs. Son inculture est néanmoins applaudie.
Christian Zeimert remercie, indique qu’il a plusieurs cahiers de calembours ne demandant qu’à se transformer en tableaux, mais que parfois ça peut prendre des années de trouver l’image qui convient. Il donne rendez-vous dans dix ans pour une prochaine exposition.
C’est à la cafétéria que l’on boit un verre, non de champagne comme autrefois, mais d’un cidre plus doux que brut. Les petits fours sont du boulanger.
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Que vais-je faire de ce sac à tout « Maison de l’Université » ? Je déteste les « tote bags ».
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« L’Espé rance », ce pourrait être un tableau de Christian Zeimert.
8 septembre 2016
Désormais, au Book-Off de Ledru-Rollin, les beaux livres à deux euros sont à un euro. Beaux, ils ne le sont pas toujours, mais grands et lourds, oui. De quoi être davantage tenté et devoir ensuite me balader dans la capitale avec un sac à dos encore plus pesant qu’auparavant.
Sorti de là, je vais voir ce qu’il en est au marché d’Aligre. Les livres à un euro sont toujours à un euro mais le stock demanderait à être renouvelé.
A midi, je renoue avec le Péhemmu chinois de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Ses baies vitrées étant repliées, je m’installe à une table avec vue sur l’extérieur. Je suis là pour le confit de canard pommes sautées mais cette fois je le fais précéder d’un hareng pommes à l’huile. Je retrouve avec plaisir la petite serveuse et son « Bon app’ »
Je ne sais pas si elle et ses collègues, qui font fonctionner cet endroit de façon typiquement française, étaient à la manifestation de leur communauté d’origine, cinquante mille présents selon les organisateurs, quinze mille selon la Police. Elle faisait suite à l’agression dont est mort l’un des leurs à Aubervilliers et plus généralement aux violences dont ils sont victimes (la légende veut qu’ils se promènent toujours avec de l’argent liquide) et au racisme qui les vise (ils se font régulièrement traiter de « Chinetoques » et de « Jaunes »). Défilant au nom de la sécurité, demandant davantage de caméras de surveillance, ils ont été soutenus avec des pincettes par les organisations antiracistes et de défense des Droits de l’Homme.
Mon repas terminé, je sors ma carte bancaire. Avec un quart de côtes-du-rhône et le café, cela fait seize euros quatre-vingts.
Le bus Vingt-Neuf me mène jusqu’à la Bibliothèque Nationale. Un passage discret permet d’entrer dans le jardin du Palais Royal où je passe un moment sur un banc à l’ombre.. Beaucoup préfèrent le soleil. Quelques hommes jouent aux boules. Des femmes mangent des salades faites à la maison.
Dans l’autre Book-Off, les beaux livres à deux euros sont également à un euro. Je demande à mon employée préférée si c’est définitif ou pas. « On en discute », me répond-elle.
*
Les agressions de Chinois, ce n’est pas uniquement dans Paris et sa banlieue. A Mont-Saint-Aignan, des jeunes Chinoises venues étudier à la Neoma Business School se font voler leur téléphone dans le quartier résidentiel qu’il faut traverser pour aller de la station de bus à l’école. Elles ont la réputation de ne pas savoir se défendre.
*
Six cents étudiant(e)s en médecine rassemblées places de l’Hôtel de Ville et du O’Kallaghan’s réunies dans la nuit du sept septembre pour leur fête dite d’intégration. Alcool, chahut et exaspération des voisins qui finissent par appeler la Police.
Celle-ci, venue en nombre, a mis trois heures pour les évacuer, la plupart étant en état d’ivresse, les pompiers se chargeant des deux filles en coma éthylique.
« Les étudiants avaient ramené avec eux une grosse quantité d’objets comme des chariots, des brouettes, des parasols, des réfrigérateurs, des barbecues, qui étaient disséminés entre le parvis de la mairie et la place située presque en face, où se trouvent deux bars, qui ont dû fermer leurs portes pour inciter les étudiants à quitter les lieux.», a indiqué une source judiciaire à Normandie Actu.
Les études terminées, elles et eux nous feront la morale et nous abreuveront de conseils d’hygiène de vie.
Sorti de là, je vais voir ce qu’il en est au marché d’Aligre. Les livres à un euro sont toujours à un euro mais le stock demanderait à être renouvelé.
A midi, je renoue avec le Péhemmu chinois de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Ses baies vitrées étant repliées, je m’installe à une table avec vue sur l’extérieur. Je suis là pour le confit de canard pommes sautées mais cette fois je le fais précéder d’un hareng pommes à l’huile. Je retrouve avec plaisir la petite serveuse et son « Bon app’ »
Je ne sais pas si elle et ses collègues, qui font fonctionner cet endroit de façon typiquement française, étaient à la manifestation de leur communauté d’origine, cinquante mille présents selon les organisateurs, quinze mille selon la Police. Elle faisait suite à l’agression dont est mort l’un des leurs à Aubervilliers et plus généralement aux violences dont ils sont victimes (la légende veut qu’ils se promènent toujours avec de l’argent liquide) et au racisme qui les vise (ils se font régulièrement traiter de « Chinetoques » et de « Jaunes »). Défilant au nom de la sécurité, demandant davantage de caméras de surveillance, ils ont été soutenus avec des pincettes par les organisations antiracistes et de défense des Droits de l’Homme.
Mon repas terminé, je sors ma carte bancaire. Avec un quart de côtes-du-rhône et le café, cela fait seize euros quatre-vingts.
Le bus Vingt-Neuf me mène jusqu’à la Bibliothèque Nationale. Un passage discret permet d’entrer dans le jardin du Palais Royal où je passe un moment sur un banc à l’ombre.. Beaucoup préfèrent le soleil. Quelques hommes jouent aux boules. Des femmes mangent des salades faites à la maison.
Dans l’autre Book-Off, les beaux livres à deux euros sont également à un euro. Je demande à mon employée préférée si c’est définitif ou pas. « On en discute », me répond-elle.
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Les agressions de Chinois, ce n’est pas uniquement dans Paris et sa banlieue. A Mont-Saint-Aignan, des jeunes Chinoises venues étudier à la Neoma Business School se font voler leur téléphone dans le quartier résidentiel qu’il faut traverser pour aller de la station de bus à l’école. Elles ont la réputation de ne pas savoir se défendre.
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Six cents étudiant(e)s en médecine rassemblées places de l’Hôtel de Ville et du O’Kallaghan’s réunies dans la nuit du sept septembre pour leur fête dite d’intégration. Alcool, chahut et exaspération des voisins qui finissent par appeler la Police.
Celle-ci, venue en nombre, a mis trois heures pour les évacuer, la plupart étant en état d’ivresse, les pompiers se chargeant des deux filles en coma éthylique.
« Les étudiants avaient ramené avec eux une grosse quantité d’objets comme des chariots, des brouettes, des parasols, des réfrigérateurs, des barbecues, qui étaient disséminés entre le parvis de la mairie et la place située presque en face, où se trouvent deux bars, qui ont dû fermer leurs portes pour inciter les étudiants à quitter les lieux.», a indiqué une source judiciaire à Normandie Actu.
Les études terminées, elles et eux nous feront la morale et nous abreuveront de conseils d’hygiène de vie.
7 septembre 2016
Il n’y a pas que les arbres d’espace public qui sont menacés d’abattage dans la ville de Rouen. Celui, privé, à l’ombre duquel je lis ou écris en cette fin d’été, a été lui aussi menacé d’être mis à bas lors d’une assemblée générale des copropriétaires, apprends-je ce mardi.
Il nuirait à l’activité de bronzage de certaine. Il a été sauvé (pour l’instant).
Déjà, par le passé, je l’avais su menacé. La copropriété voisine se plaignait de ses feuilles répandues chez elle à l’automne. On l’accusait en plus de bouchage de gouttières.
Les arbres urbains sont de grands délinquants. Qu’on leur coupe la tête, et pas seulement.
*
« Auprès de mon arbre », je lis en ce moment les Lettres à sa famille d’Alain-Fournier. Dans celle du vingt-cinq juillet mil neuf cent cinq à ses parents, ce jeune homme, qui n’était encore qu’Henri Fournier, évoque deux femmes qui lui sont particulièrement pénibles, sa logeuse londonienne et la fille de celle-ci :
Elle et sa fille me déplaisent singulièrement ou plutôt elles ne me déplaisent pas ; quand je les vois, je pense à autre chose, voilà tout ; s’il fallait tuer tout ce qui est déplaisant, comme dit George Sand, on se suiciderait plus d’une fois dans sa vie ! –Seulement on peut les supprimer de son monde à soi, c’est ce que je fais en pensant à autre chose.
Il nuirait à l’activité de bronzage de certaine. Il a été sauvé (pour l’instant).
Déjà, par le passé, je l’avais su menacé. La copropriété voisine se plaignait de ses feuilles répandues chez elle à l’automne. On l’accusait en plus de bouchage de gouttières.
Les arbres urbains sont de grands délinquants. Qu’on leur coupe la tête, et pas seulement.
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« Auprès de mon arbre », je lis en ce moment les Lettres à sa famille d’Alain-Fournier. Dans celle du vingt-cinq juillet mil neuf cent cinq à ses parents, ce jeune homme, qui n’était encore qu’Henri Fournier, évoque deux femmes qui lui sont particulièrement pénibles, sa logeuse londonienne et la fille de celle-ci :
Elle et sa fille me déplaisent singulièrement ou plutôt elles ne me déplaisent pas ; quand je les vois, je pense à autre chose, voilà tout ; s’il fallait tuer tout ce qui est déplaisant, comme dit George Sand, on se suiciderait plus d’une fois dans sa vie ! –Seulement on peut les supprimer de son monde à soi, c’est ce que je fais en pensant à autre chose.
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