Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
4 octobre 2016
Une drache vers cinq heures, ce dimanche, me rend pessimiste sur le déroulement du petit vide grenier rouennais de la place de la Rougemare, rectangle caillouteux peuplé d’arbres, mais lorsque je sors, le jour pas tout à fait levé, le ciel est dégagé.
Je trouve toujours des livres à la Rougemare, le tout est de les voir. Un concurrent coopératif me fait bénéficier de sa lampe torche le temps d’un premier achat. Deux autres suivent quand la lumière naturelle prend le relais.
Mon préféré est Guy de Maupassant et les voyages dans la nacelle du Horla, un recueil de textes et documents inédits réunis, annotés et présentés par Jean-Marc Montaigne, édité en deux mille sept par les éditions rouennaises ASL.
J’ignorais qu’à Dieppe l’écrivain avait effectué une ascension avec les aérostiers Paul Jovis et Maurice Malet dans un ballon nommé le Horla. Cet exploit allait donner lieu à une polémique, d’où de nombreux articles de presse rassemblés dans ce livre à couverture bleue illustrée. Il y est aussi question de la seconde ascension de Maupassant avec l’équipage et une dame.
*
Un acheteur s’étonne de la différence du prix des dévédés chez deux déballeurs voisins.
Réponse du plus cher : « Nous n’avons pas la même politique tarifaire. »
*
Un projet de rénovation menace cette place de la Rougemare. Une des options prévoit l’installation de jeux d’enfants sur une partie du rectangle. Si elle est retenue, le vide grenier devra trouver ailleurs où s’épanouir (et je plains les habitants habitués à la tranquillité du lieu qui vivront au-dessus d’une cour de recréation).
*
Moka parti à la campagne, Abrutus et Aboyus temporairement ou définitivement ailleurs, le jardin de la copropriété a été pendant quelques jours sans chien aucun. J’écris au passé car une des nouvelles arrivantes, que j’avais entendue pleurer le départ du premier, vient de s’offrir un jouet vivant avec qui elle s’amuse sur la pelouse.
Espérons que c’est une bonne ramasseuse de champignons et qu’elle saura trouver toutes les merdes que laissera son jeune animal sur l’herbe parsemée de feuilles d’automne.
Je trouve toujours des livres à la Rougemare, le tout est de les voir. Un concurrent coopératif me fait bénéficier de sa lampe torche le temps d’un premier achat. Deux autres suivent quand la lumière naturelle prend le relais.
Mon préféré est Guy de Maupassant et les voyages dans la nacelle du Horla, un recueil de textes et documents inédits réunis, annotés et présentés par Jean-Marc Montaigne, édité en deux mille sept par les éditions rouennaises ASL.
J’ignorais qu’à Dieppe l’écrivain avait effectué une ascension avec les aérostiers Paul Jovis et Maurice Malet dans un ballon nommé le Horla. Cet exploit allait donner lieu à une polémique, d’où de nombreux articles de presse rassemblés dans ce livre à couverture bleue illustrée. Il y est aussi question de la seconde ascension de Maupassant avec l’équipage et une dame.
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Un acheteur s’étonne de la différence du prix des dévédés chez deux déballeurs voisins.
Réponse du plus cher : « Nous n’avons pas la même politique tarifaire. »
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Un projet de rénovation menace cette place de la Rougemare. Une des options prévoit l’installation de jeux d’enfants sur une partie du rectangle. Si elle est retenue, le vide grenier devra trouver ailleurs où s’épanouir (et je plains les habitants habitués à la tranquillité du lieu qui vivront au-dessus d’une cour de recréation).
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Moka parti à la campagne, Abrutus et Aboyus temporairement ou définitivement ailleurs, le jardin de la copropriété a été pendant quelques jours sans chien aucun. J’écris au passé car une des nouvelles arrivantes, que j’avais entendue pleurer le départ du premier, vient de s’offrir un jouet vivant avec qui elle s’amuse sur la pelouse.
Espérons que c’est une bonne ramasseuse de champignons et qu’elle saura trouver toutes les merdes que laissera son jeune animal sur l’herbe parsemée de feuilles d’automne.
3 octobre 2016
Ne voulant pas m’encombrer d’un parapluie, c’est au sec dans le bus Teor que je rejoins le centre commercial des Docks ce samedi matin.
Après avoir été saluer Robert le Brochet dans les toilettes, je m’installe à l’étage dans un confortable fauteuil que je quitte quinze minutes avant l’heure officielle d’ouverture de la vente des livres désherbés par les bibliothèques de quartier rouennaises qui doit se tenir au rez-de-chaussée.
Bien m’en prend car, contrairement à l’an dernier, l’approche des livres n’est pas interdite par un cordon. Une femme est déjà en train d’emplir son sac au milieu de celles et ceux qui installent. Parmi les bibliothécaires chargés de l’opération, il en est une que je connais, Sophie, laquelle parle de sa profession (et d’autres sujets) via son blog Desperate Librarian Housewife.
Je lui demande si on peut avant de m’avancer vers les livres.
-Oui, me dit-elle, mais on va peut-être vous déranger.
D’autres suivent, ce qui n’est pas du goût d’un autre bibliothécaire.
-Mesdames et messieurs, je vais vous demander de sortir.
J’obtempère, avec d’autres, mais certain(e)s restent (ce bibliothécaire n’aurait pu travailler dans le maintien de l’ordre), donc j’y retourne. Parmi les livres proposés, l’un concerne les problèmes urinaires au féminin. Je comprends qu’il ait été peu emprunté et me demande qui osera l’acheter.
Je trouve de quoi emplir mes deux sacs, content d’y mettre les deux tomes des Mémoires de la comtesse de Boigne que l’on souhaite lire à Stockholm. Bientôt, il y a foule. On se gêne dans les allées, d’autant que certaines sont venues avec des poussettes garnies.
Les assidus des ventes de livres jouent des coudes, parmi lesquels celui qui correspond au portrait de Robert le Brochet tel qu’il est résumé sur le mur des toilettes. Il s’empare des trois gros tomes des Lieux de mémoire de Pierre Nora, de quoi occuper les longues soirées de l’hiver qui approche.
Avant d’y laisser un doigt, je m’extrais du vivier et vais régler mon dû au Trésor Public.
-Retour à pied par le bord de Seine ? me demande Sophie.
-S’il ne pleut plus, oui.
C’est ainsi que je fais, arrivant à la maison à onze heures précises, les mains sciées.
*
Mort d’un libraire, ce samedi premier octobre, celui d’Un Regard Moderne, le temple parisien de ce qu’on appelait autrefois la contre-culture, dont j’apprends le nom en cette funeste occasion : Jacques Noël.
Je fréquentais ce lieu quand je m’intéressais à l’underground (comme on disait aussi).
Il y a un an ou deux, désirant voir et peut-être acheter un livre qu’on ne trouvait que là, je suis retourné rue Gît-le-Cœur, mais la profusion de livres et revues, désormais empilés jusqu’au plafond, m’a dissuadé d’entrer.
Après avoir été saluer Robert le Brochet dans les toilettes, je m’installe à l’étage dans un confortable fauteuil que je quitte quinze minutes avant l’heure officielle d’ouverture de la vente des livres désherbés par les bibliothèques de quartier rouennaises qui doit se tenir au rez-de-chaussée.
Bien m’en prend car, contrairement à l’an dernier, l’approche des livres n’est pas interdite par un cordon. Une femme est déjà en train d’emplir son sac au milieu de celles et ceux qui installent. Parmi les bibliothécaires chargés de l’opération, il en est une que je connais, Sophie, laquelle parle de sa profession (et d’autres sujets) via son blog Desperate Librarian Housewife.
Je lui demande si on peut avant de m’avancer vers les livres.
-Oui, me dit-elle, mais on va peut-être vous déranger.
D’autres suivent, ce qui n’est pas du goût d’un autre bibliothécaire.
-Mesdames et messieurs, je vais vous demander de sortir.
J’obtempère, avec d’autres, mais certain(e)s restent (ce bibliothécaire n’aurait pu travailler dans le maintien de l’ordre), donc j’y retourne. Parmi les livres proposés, l’un concerne les problèmes urinaires au féminin. Je comprends qu’il ait été peu emprunté et me demande qui osera l’acheter.
Je trouve de quoi emplir mes deux sacs, content d’y mettre les deux tomes des Mémoires de la comtesse de Boigne que l’on souhaite lire à Stockholm. Bientôt, il y a foule. On se gêne dans les allées, d’autant que certaines sont venues avec des poussettes garnies.
Les assidus des ventes de livres jouent des coudes, parmi lesquels celui qui correspond au portrait de Robert le Brochet tel qu’il est résumé sur le mur des toilettes. Il s’empare des trois gros tomes des Lieux de mémoire de Pierre Nora, de quoi occuper les longues soirées de l’hiver qui approche.
Avant d’y laisser un doigt, je m’extrais du vivier et vais régler mon dû au Trésor Public.
-Retour à pied par le bord de Seine ? me demande Sophie.
-S’il ne pleut plus, oui.
C’est ainsi que je fais, arrivant à la maison à onze heures précises, les mains sciées.
*
Mort d’un libraire, ce samedi premier octobre, celui d’Un Regard Moderne, le temple parisien de ce qu’on appelait autrefois la contre-culture, dont j’apprends le nom en cette funeste occasion : Jacques Noël.
Je fréquentais ce lieu quand je m’intéressais à l’underground (comme on disait aussi).
Il y a un an ou deux, désirant voir et peut-être acheter un livre qu’on ne trouvait que là, je suis retourné rue Gît-le-Cœur, mais la profusion de livres et revues, désormais empilés jusqu’au plafond, m’a dissuadé d’entrer.
1er octobre 2016
Parmi mes lectures récentes Lire, écrire ou comment je suis devenu collectionneur de bibliothèques, le texte de la conférence prononcée par l’oulipien Jacques Roubaud devant les élèves conservateurs de l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques en janvier deux mille huit.
Mon exemplaire est le numéro deux cent vingt-trois (sur trois cent cinquante) de l’édition hors commerce, avec jaquette sur papier Keaycolor, cent pour cent recyclé, en couleur « pataugas beige ».
Jacques Roubaud y évoque le Principe de Bon Voisin d’Aby Warburg :
Vous connaissez sûrement son principe du bon voisin qui a été rapporté par Gombrich dans sa biographie du grand historien d’art. On peut l’exprimer comme ceci : dans une bibliothèque bien faite, le livre dont vous avez vraiment besoin, se trouve à côté de celui que vous êtes venu chercher. Telle était faite la propre bibliothèque de Warburg. Cette œuvre d’art, qui a été transportée en Angleterre par les disciples du Maître, à la barbe des nazis peu après la venue au pouvoir d’Hitler, se trouve maintenant hébergée par l’université de Londres. Certes, la bibliothèque de la Sorbonne ne peut pas réellement satisfaire au PBV, Principe du Bon Voisin, mais je ne manque jamais quand je prends un livre dans un de ses rayonnages de regarder ceux qui se trouvent à proximité. J’ai fait ainsi des découvertes inattendues et heureuses.
Mon exemplaire est le numéro deux cent vingt-trois (sur trois cent cinquante) de l’édition hors commerce, avec jaquette sur papier Keaycolor, cent pour cent recyclé, en couleur « pataugas beige ».
Jacques Roubaud y évoque le Principe de Bon Voisin d’Aby Warburg :
Vous connaissez sûrement son principe du bon voisin qui a été rapporté par Gombrich dans sa biographie du grand historien d’art. On peut l’exprimer comme ceci : dans une bibliothèque bien faite, le livre dont vous avez vraiment besoin, se trouve à côté de celui que vous êtes venu chercher. Telle était faite la propre bibliothèque de Warburg. Cette œuvre d’art, qui a été transportée en Angleterre par les disciples du Maître, à la barbe des nazis peu après la venue au pouvoir d’Hitler, se trouve maintenant hébergée par l’université de Londres. Certes, la bibliothèque de la Sorbonne ne peut pas réellement satisfaire au PBV, Principe du Bon Voisin, mais je ne manque jamais quand je prends un livre dans un de ses rayonnages de regarder ceux qui se trouvent à proximité. J’ai fait ainsi des découvertes inattendues et heureuses.
30 septembre 2016
Première chose que je fais à mon arrivée à Paris ce mercredi : boire un café au comptoir du Café du Faubourg, à la sortie du métro Ledru-Rollin.
-On ne le voit plus ton collègue, dit le serveur à un habitué.
-C’est parce que je lui ai raconté ce que tu m’as dit sur lui.
-Quoi ?
-Qu’il avait une maladie honteuse.
« Je plaisante », croit il utile d’ajouter.
-Si j’ouvre un café, lui dit le serveur, je l’appellerai le Bar des Cons
-Ne fais pas ça, répond le facétieux, tu serais obligé de rester ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
-Moi je viendrais, conclut il
Chez Book Off, je farfouille, à mon habitude. en écoutant avec intérêt la chanteuse de folk dont le cédé est diffusé. Lui succède Joe Cocker et mon panier se remplit.
Au moment de payer, je demande à l’employée qui est cette fille à la voix acide que l’on entendait avant. Elle me tend le cédé. Alela Diane, lis-je. Je l’ajoute à mes achats.
L’étape d’après est le marché d’Aligre. Alors que j’explore l’une des boîtes de livres que propose l’un des marchands, on m’aborde. C’est l’ami Dumez. Contrairement à ce que je craignais, il n’est pas fâché par mon incapacité à le recevoir chez moi. Il m’annonce que son congé sabbatique que je croyais d’un an mais qui n’était que de six mois, n’ira pas plus loin que trois. On lui a fait une proposition professionnelle intéressante, à saisir maintenant ou jamais. Il reprendra donc le travail lundi.
-Cela va t’obliger à réorganiser ton travail d’écriture en cours, lui dis-je.
-Ce n'est peut-être pas plus mal, me répond-il, j’ai découvert que j’étais plus efficace dans l’urgence.
Nous sommes devant le premier tome de l’édition du Journal de Léautaud en dix-neuf volumes. Il ignore tout de cet auteur. Je lui en fais une présentation succincte et enthousiaste. Il prend l’ouvrage en photo.
-S’il fallait aller sur l’île déserte, lui dis-je, c’est le Journal de Léautaud que j’emporterai.
-Sur une île déserte, il vaut mieux emmener un sandouiche, déclare un importun
-On trouve toujours de la nourriture sur une île déserte, réponds-je à ce rabat-joie.
*
Chez Céleste je déjeune sur le trottoir de courgettes aux anchois et de rôti de veau vanille près de trois enseignantes dont l’une ne veut pas de frites ni de riz, que des légumes, mais réclame ensuite un supplément de sauce. Elles se demandent si ça vaut la peine d’aller voir l’expo Magritte à Beaubourg et vont acheter le numéro spécial de Télérama pour le savoir.
*
Assise sur l’un des bancs de la station Quatre-Septembre, une jolie fille à collants noirs et minijupe lit Eloge de la névrose. Je soigne la mienne tous les mercredis chez Book-Off.
*
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers », entends-je dans la ruelle, ce jeudi après-midi, une fois, deux fois, trois fois. Je me penche à la fenêtre. C’est une équipe de télévision.
-Tiens, il y a quelqu’un au-dessus de toi, dit le présentateur à l’un des cadreurs.
-Quand on regarde les autres, il faut s’attendre à être regardé, leur dis-je.
-Vous avez raison, me dit-il.
-Je vous laisse travailler, bonne journée, leur dis je.
-Oh, vous pouvez rester, vous êtes chez vous.
De ma chambre, je l’entends reprendre :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers. »
Sans doute serait-il plus juste de dire :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clichés. »
-On ne le voit plus ton collègue, dit le serveur à un habitué.
-C’est parce que je lui ai raconté ce que tu m’as dit sur lui.
-Quoi ?
-Qu’il avait une maladie honteuse.
« Je plaisante », croit il utile d’ajouter.
-Si j’ouvre un café, lui dit le serveur, je l’appellerai le Bar des Cons
-Ne fais pas ça, répond le facétieux, tu serais obligé de rester ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
-Moi je viendrais, conclut il
Chez Book Off, je farfouille, à mon habitude. en écoutant avec intérêt la chanteuse de folk dont le cédé est diffusé. Lui succède Joe Cocker et mon panier se remplit.
Au moment de payer, je demande à l’employée qui est cette fille à la voix acide que l’on entendait avant. Elle me tend le cédé. Alela Diane, lis-je. Je l’ajoute à mes achats.
L’étape d’après est le marché d’Aligre. Alors que j’explore l’une des boîtes de livres que propose l’un des marchands, on m’aborde. C’est l’ami Dumez. Contrairement à ce que je craignais, il n’est pas fâché par mon incapacité à le recevoir chez moi. Il m’annonce que son congé sabbatique que je croyais d’un an mais qui n’était que de six mois, n’ira pas plus loin que trois. On lui a fait une proposition professionnelle intéressante, à saisir maintenant ou jamais. Il reprendra donc le travail lundi.
-Cela va t’obliger à réorganiser ton travail d’écriture en cours, lui dis-je.
-Ce n'est peut-être pas plus mal, me répond-il, j’ai découvert que j’étais plus efficace dans l’urgence.
Nous sommes devant le premier tome de l’édition du Journal de Léautaud en dix-neuf volumes. Il ignore tout de cet auteur. Je lui en fais une présentation succincte et enthousiaste. Il prend l’ouvrage en photo.
-S’il fallait aller sur l’île déserte, lui dis-je, c’est le Journal de Léautaud que j’emporterai.
-Sur une île déserte, il vaut mieux emmener un sandouiche, déclare un importun
-On trouve toujours de la nourriture sur une île déserte, réponds-je à ce rabat-joie.
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Chez Céleste je déjeune sur le trottoir de courgettes aux anchois et de rôti de veau vanille près de trois enseignantes dont l’une ne veut pas de frites ni de riz, que des légumes, mais réclame ensuite un supplément de sauce. Elles se demandent si ça vaut la peine d’aller voir l’expo Magritte à Beaubourg et vont acheter le numéro spécial de Télérama pour le savoir.
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Assise sur l’un des bancs de la station Quatre-Septembre, une jolie fille à collants noirs et minijupe lit Eloge de la névrose. Je soigne la mienne tous les mercredis chez Book-Off.
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« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers », entends-je dans la ruelle, ce jeudi après-midi, une fois, deux fois, trois fois. Je me penche à la fenêtre. C’est une équipe de télévision.
-Tiens, il y a quelqu’un au-dessus de toi, dit le présentateur à l’un des cadreurs.
-Quand on regarde les autres, il faut s’attendre à être regardé, leur dis-je.
-Vous avez raison, me dit-il.
-Je vous laisse travailler, bonne journée, leur dis je.
-Oh, vous pouvez rester, vous êtes chez vous.
De ma chambre, je l’entends reprendre :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers. »
Sans doute serait-il plus juste de dire :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clichés. »
29 septembre 2016
Une foire à tout (comme on dit en Normandie) un mardi à midi, quoi de plus original? Celle-ci a lieu à Mont-Saint-Aignan pendant une journée d’animation organisée par la Maison de l’Université.
Je prends donc le bus Teor Un jusqu’à la station Campus. Une brigade de contrôleurs y attend les voyageurs, à qui je peux présenter un billet validé. Une fille qui n’en a pas, cernée par les uniformes, essaie le « je n’ai pas d’argent ni de papier sur moi ».
Le vide grenier méridien doit se tenir sur l’esplanade. Je n’y vois qu’un barnum et quelques tables entourées de chaises. « C’est là », me dit l’un des employés de la Maison de l’Université. Je vais voir la fille et le garçon sous le barnum et apprends que ce sera tout petit, quatorze inscrits et pas grand-chose à vendre. C’est surtout l’occasion de boire un verre autour d’un barbequiou. Fichtre !
J’attends quand même, assis sur un banc, entouré de jeunes gens qui pique-niquent, des élèves de la Faculté de Lettres et des Sciences Humaines. Sur les murs du bâtiment partout des têtes de Poutou qui disent que « tout le monde déteste François Hollande et son monde », un slogan détourné de celui visant la Police pendant les manifestations contre la Loi Travail. Il exagère. Hollande a encore douze pour cent de satisfaits et lui, l’anticapitaliste Poutou, va faire un pour cent aux Présidentielles.
A midi et demi, si le barbeuque est en route, ne sont là qu’une fille avec une valise de vêtements, une autre avec des bricoles et deux garçons avec un chariot au fond duquel sont visibles quelques livres.
-C’est que de la merde, je préfère vous le dire, me dit l’un quand je m’approche.
Ayant perdu tout espoir, j’attends le prochain Teor.
*
L’affiche de l’évènement montrait un étudiant assis sur une pile de livres.
*
Certains perdent leur temps à expliquer à Sarkozy que tous les Français n’ont pas pour ancêtres des Gaulois. Il a beau ne pas être très malin, il le sait bien. S’il le dit, c’est à destination des crétins qui eux le croient. Parmi ceux-ci, les électeurs du F-Haine dont il sait qu’un certain nombre iront voter pour lui à la primaire de la Droite (et du Centre) afin qu’au second tour de la Présidentielle, ce soit Sarko contre leur candidate et ainsi être gagnants avec l’un à défaut de l’être avec leur préférée.
Comme je n’ai pas envie de supporter une nouvelle fois cinq ans de Sarko, je serais prêt à aller voter Juppé au deuxième tour de cette primaire de Droite (et du Centre) si les sondages annonçaient son résultat incertain.
*
« Paye-toi Sarko
pour deux euros »
J’y pense.
Je prends donc le bus Teor Un jusqu’à la station Campus. Une brigade de contrôleurs y attend les voyageurs, à qui je peux présenter un billet validé. Une fille qui n’en a pas, cernée par les uniformes, essaie le « je n’ai pas d’argent ni de papier sur moi ».
Le vide grenier méridien doit se tenir sur l’esplanade. Je n’y vois qu’un barnum et quelques tables entourées de chaises. « C’est là », me dit l’un des employés de la Maison de l’Université. Je vais voir la fille et le garçon sous le barnum et apprends que ce sera tout petit, quatorze inscrits et pas grand-chose à vendre. C’est surtout l’occasion de boire un verre autour d’un barbequiou. Fichtre !
J’attends quand même, assis sur un banc, entouré de jeunes gens qui pique-niquent, des élèves de la Faculté de Lettres et des Sciences Humaines. Sur les murs du bâtiment partout des têtes de Poutou qui disent que « tout le monde déteste François Hollande et son monde », un slogan détourné de celui visant la Police pendant les manifestations contre la Loi Travail. Il exagère. Hollande a encore douze pour cent de satisfaits et lui, l’anticapitaliste Poutou, va faire un pour cent aux Présidentielles.
A midi et demi, si le barbeuque est en route, ne sont là qu’une fille avec une valise de vêtements, une autre avec des bricoles et deux garçons avec un chariot au fond duquel sont visibles quelques livres.
-C’est que de la merde, je préfère vous le dire, me dit l’un quand je m’approche.
Ayant perdu tout espoir, j’attends le prochain Teor.
*
L’affiche de l’évènement montrait un étudiant assis sur une pile de livres.
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Certains perdent leur temps à expliquer à Sarkozy que tous les Français n’ont pas pour ancêtres des Gaulois. Il a beau ne pas être très malin, il le sait bien. S’il le dit, c’est à destination des crétins qui eux le croient. Parmi ceux-ci, les électeurs du F-Haine dont il sait qu’un certain nombre iront voter pour lui à la primaire de la Droite (et du Centre) afin qu’au second tour de la Présidentielle, ce soit Sarko contre leur candidate et ainsi être gagnants avec l’un à défaut de l’être avec leur préférée.
Comme je n’ai pas envie de supporter une nouvelle fois cinq ans de Sarko, je serais prêt à aller voter Juppé au deuxième tour de cette primaire de Droite (et du Centre) si les sondages annonçaient son résultat incertain.
*
« Paye-toi Sarko
pour deux euros »
J’y pense.
28 septembre 2016
La météo est formelle : pluie entre onze et treize heures. Cela implique de parcourir les vide greniers dominicaux en deux fois.
Je commence par celui de La Madeleine, rejoint à pied au lever du jour, à l’heure où la fourrière remplit ses caisses avec les voitures garées sur les emplacements des déballeurs. Ceux-ci sont situés dans diverses rues de ce quartier qui n’en est pas vraiment un. Les affichettes jaunes avertissant de l’enlèvement des véhicules, pourtant collées en nombre, n’auront servi à rien pour beaucoup.
Des livres apparaissent ici et là, rien d’extraordinaire, si ce n’est Léo Malet revient au bercail de Gilles Gudin de Vallerin et Gladys Bouchard (Actes Sud), une biographie bâtie avec les documents de l’écrivain légués par ses descendants à la Médiathèque de Montpellier, sa ville natale. Je le paie un euro pas loin de la Fac de Droit, Economie et Gestion sur laquelle l’anticapitaliste Poutou montre sa bobine (à défaut du soutien des ouvriers, cherchons celui des étudiants).
Cette faculté a été évacuée dans la semaine. Un étudiant y avait décelé un barbu d’allure suspecte. Quand la Police a interpellé le suspect, elle a constaté qu’il était fiché Esse, âgé de vingt ans, venant de Val-de-Reuil.
Je fais plusieurs fois le circuit, trouvant à la fin une mine de cédés à cinquante centimes. J’en achète un certain nombre, dont plusieurs que j’ai déjà. Je trouverai peut-être à les offrir, si je ne suis pas le dernier à en écouter.
Rentré à la maison, je constate que la météo était dans le vrai. Il pleut pendant l’heure du déjeuner.
A treize heures trente, je rejoins la station de bus Hôtel de Ville afin de prendre le Vingt qui mène à Bihorel. Comme souvent, le chauffeur est mal aimable. Quand je lui demande de m’indiquer où descendre, il bougonne qu’il ne connaît pas le nom de la station « mais vous verrez bien, y aura plein de voitures ». J’insiste pour qu’il s’arrête à cet endroit. Il consent à le faire.
C’est ainsi que je découvre que le traditionnel vide grenier de Bihorel n’est plus en ville. Il est déplacé sur l’Hippodrome « pour raison de sécurité ». Ici, on peut contrôler les entrées.
C’est une mauvaise idée. Il en perd tout son charme. J’en fais le tour dans un sens, puis dans l’autre, et trouve à vil prix l’édition Bouquins en trois volumes du Journal des Goncourt, assez défraîchie.
Un bus Vingt me redescend jusqu’à Jouvenet. La bourgeoisie bourgeoisante est fidèle au rendez-vous dans sa rue pentue protégée cette année par une voiture en travers. Si elle lit parfois de bons livres, à cette heure ceux-ci ont déjà été vendus. Ceux qui restent ne sont pas à son honneur. Je me dédommage avec la présence des petites jeunes filles de bonne famille, que chantait Nino Ferrer.
Ensuite, plus qu’à redescendre à pied jusqu’à chez moi, ça fait loin.
*
Ce fiché Esse de Védéherre arrêté à Rouen ne peut être un de mes anciens élèves de maternelle, trop jeune.
Parfois, je me dis qu’un jour, entendant ou lisant le nom d’un terroriste ou d’un radicalisé (comme ils disent), je sursauterai en reconnaissant le nom de l’un d’eux. J’ai déjà plusieurs fois croisé dans des vide greniers de l’Eure d'anciens élèves de l’école (pas de ma classe) vêtus et barbus à la manière des salafistes.
Quant aux filles, mes anciennes élèves, j’imagine que la plupart sont voilées. Aucune de leurs mères ne l’était.
Je commence par celui de La Madeleine, rejoint à pied au lever du jour, à l’heure où la fourrière remplit ses caisses avec les voitures garées sur les emplacements des déballeurs. Ceux-ci sont situés dans diverses rues de ce quartier qui n’en est pas vraiment un. Les affichettes jaunes avertissant de l’enlèvement des véhicules, pourtant collées en nombre, n’auront servi à rien pour beaucoup.
Des livres apparaissent ici et là, rien d’extraordinaire, si ce n’est Léo Malet revient au bercail de Gilles Gudin de Vallerin et Gladys Bouchard (Actes Sud), une biographie bâtie avec les documents de l’écrivain légués par ses descendants à la Médiathèque de Montpellier, sa ville natale. Je le paie un euro pas loin de la Fac de Droit, Economie et Gestion sur laquelle l’anticapitaliste Poutou montre sa bobine (à défaut du soutien des ouvriers, cherchons celui des étudiants).
Cette faculté a été évacuée dans la semaine. Un étudiant y avait décelé un barbu d’allure suspecte. Quand la Police a interpellé le suspect, elle a constaté qu’il était fiché Esse, âgé de vingt ans, venant de Val-de-Reuil.
Je fais plusieurs fois le circuit, trouvant à la fin une mine de cédés à cinquante centimes. J’en achète un certain nombre, dont plusieurs que j’ai déjà. Je trouverai peut-être à les offrir, si je ne suis pas le dernier à en écouter.
Rentré à la maison, je constate que la météo était dans le vrai. Il pleut pendant l’heure du déjeuner.
A treize heures trente, je rejoins la station de bus Hôtel de Ville afin de prendre le Vingt qui mène à Bihorel. Comme souvent, le chauffeur est mal aimable. Quand je lui demande de m’indiquer où descendre, il bougonne qu’il ne connaît pas le nom de la station « mais vous verrez bien, y aura plein de voitures ». J’insiste pour qu’il s’arrête à cet endroit. Il consent à le faire.
C’est ainsi que je découvre que le traditionnel vide grenier de Bihorel n’est plus en ville. Il est déplacé sur l’Hippodrome « pour raison de sécurité ». Ici, on peut contrôler les entrées.
C’est une mauvaise idée. Il en perd tout son charme. J’en fais le tour dans un sens, puis dans l’autre, et trouve à vil prix l’édition Bouquins en trois volumes du Journal des Goncourt, assez défraîchie.
Un bus Vingt me redescend jusqu’à Jouvenet. La bourgeoisie bourgeoisante est fidèle au rendez-vous dans sa rue pentue protégée cette année par une voiture en travers. Si elle lit parfois de bons livres, à cette heure ceux-ci ont déjà été vendus. Ceux qui restent ne sont pas à son honneur. Je me dédommage avec la présence des petites jeunes filles de bonne famille, que chantait Nino Ferrer.
Ensuite, plus qu’à redescendre à pied jusqu’à chez moi, ça fait loin.
*
Ce fiché Esse de Védéherre arrêté à Rouen ne peut être un de mes anciens élèves de maternelle, trop jeune.
Parfois, je me dis qu’un jour, entendant ou lisant le nom d’un terroriste ou d’un radicalisé (comme ils disent), je sursauterai en reconnaissant le nom de l’un d’eux. J’ai déjà plusieurs fois croisé dans des vide greniers de l’Eure d'anciens élèves de l’école (pas de ma classe) vêtus et barbus à la manière des salafistes.
Quant aux filles, mes anciennes élèves, j’imagine que la plupart sont voilées. Aucune de leurs mères ne l’était.
27 septembre 2016
Samedi matin, en chemin vers la Poste de la Champmeslé, je suis hélé devant la Cathédrale :
-Monsieur, monsieur !
C’est l’homme à cheveux blancs qui m’avait appris que le concert inaugural du carillon restauré se terminerait par J’irai revoir ma Normandie.
-L’autre fois, vous vouliez un programme du concert, me dit-il en sortant un papier de sa sacoche, cette fois-ci on l’a fait.
Il me le tend. C’est ainsi que j’apprends qu’un nouveau et copieux concert a lieu ce samedi, une partie le matin, une autre l’après-midi, organisé par l’Association du Carillon de la Cathédrale de Rouen. Des carillonneuses et carillonneurs venus de toute la France et de Belgique y participeront et cette fois-ci il ne pleuvra pas.
Me voici donc bien installé au jardin à dix heures. Elisabeth Vitu (Perpignan/Carcassonne) ouvre la journée avec des airs américains et la Danse slave numéro deux d’Antonín Dvořák. Lui succède Francis Crépin (Saint-Quentin) pour une session qui va de Wolfgang Amadeus Mozart à Cole Porter (Night and Day) en passant par Oblivion d’Astor Piazzolla, un medley des musiques des films de Jacques Tati et l’Over the Rainbow d’Harold Arlen.
A quinze heures trente, après un entracte suffisamment long pour me permettre de bien profiter du soleil à la terrasse du Son de Cor, je suis à nouveau en position au jardin. Florian Legrand (Cholet) joue un ballet catalan, une chanson à boire d’Antonio Mahaut, un chant breton et une ode pour carillon. Lui succède Mathilde Bargibant (Paris) pour des airs divers. Régulièrement passent dans la ruelle des bandes d’étudiants excités braillant le nom de leur école « Esi Esi Esigelec » et autres moins connues. C’est leur journée de découverte de la ville. Ils la transforment en défouloir régressif.
Alors que Jean-Christophe Michallek (Liège) prend la suite, Petit Courant d’Air Frais passe par là.
-Ah tiens, la pelouse a été tondue, me dit-elle.
-Oui, cela arrive parfois.
C’est le jeune homme que j’aime entendre jouer de la guitare, pourtant simple locataire, qui s’y est collé à l’heure du déjeuner.
Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? tel est le titre de la composition d’André Grétry qui résonne dans les airs (je réponds pour ma part : « Partout ») puis viennent L’Air du carillon de La Flûte enchantée, Ne me quitte pas de Jacques Brel, Un homme heureux de William Sheller et Les Feuilles mortes de Vladimir Cosma.
Petit Courant d’Air Frais repasse par là :
-Je vais revenir, me dit elle.
La session de Charles Dairay (Deinze) est perturbée par les grosses cloches qui appellent à la messe. Heureusement, elles se taisent avant qu’il interprète Gottingen de Barbara. Suivent La Bohême de Charles Aznavour et une très belle composition personnelle intitulée American Suite.
-Oh la la, les étudiants, c’est bombardage de farine et de ketchup, me dit Petit Courant d’Air Frais quand elle repasse par là.
Francis Crépin et Charles Dairay jouent ensuite à quatre mains Danses, une composition du premier. Pour finir, c’est la session de Michel Goddefroy (Tourcoing) avec des airs sud-américains dont une milonga, ainsi que l’anglaise Greensleeves.
-Cette fois, je m’en vais, bonne soirée, me dit Petit Courant d’Air Frais à son quatrième passage.
C’est la fin du concert avec un très beau quatre mains joué par Michel Goddefroy et Patrice Latour, le titulaire du carillon rouennais, le Concerto for 2 to play de Ronald Barnes.
Il est presque dix-neuf heures. Celles et ceux qui, comme moi, habitent le voisinage de la Cathédrale et, contrairement à moi, n’aiment pas la musique carillonnée doivent pousser un soupir de soulagement.
*
Lu dans Le Bouquins des méchancetés et autres traits d’esprit :
« L’archevêque de Rouen, quoique très jeune, portait une grande barbe ; Antoine d’Aumont disait : « Il ressemble à Dieu le Père quand il était jeune. »
(Antoine d'Aumont de Rochebaron : capitaine des gardes du corps du Roi puis Maréchal de France, dix-septième siècle)
-Monsieur, monsieur !
C’est l’homme à cheveux blancs qui m’avait appris que le concert inaugural du carillon restauré se terminerait par J’irai revoir ma Normandie.
-L’autre fois, vous vouliez un programme du concert, me dit-il en sortant un papier de sa sacoche, cette fois-ci on l’a fait.
Il me le tend. C’est ainsi que j’apprends qu’un nouveau et copieux concert a lieu ce samedi, une partie le matin, une autre l’après-midi, organisé par l’Association du Carillon de la Cathédrale de Rouen. Des carillonneuses et carillonneurs venus de toute la France et de Belgique y participeront et cette fois-ci il ne pleuvra pas.
Me voici donc bien installé au jardin à dix heures. Elisabeth Vitu (Perpignan/Carcassonne) ouvre la journée avec des airs américains et la Danse slave numéro deux d’Antonín Dvořák. Lui succède Francis Crépin (Saint-Quentin) pour une session qui va de Wolfgang Amadeus Mozart à Cole Porter (Night and Day) en passant par Oblivion d’Astor Piazzolla, un medley des musiques des films de Jacques Tati et l’Over the Rainbow d’Harold Arlen.
A quinze heures trente, après un entracte suffisamment long pour me permettre de bien profiter du soleil à la terrasse du Son de Cor, je suis à nouveau en position au jardin. Florian Legrand (Cholet) joue un ballet catalan, une chanson à boire d’Antonio Mahaut, un chant breton et une ode pour carillon. Lui succède Mathilde Bargibant (Paris) pour des airs divers. Régulièrement passent dans la ruelle des bandes d’étudiants excités braillant le nom de leur école « Esi Esi Esigelec » et autres moins connues. C’est leur journée de découverte de la ville. Ils la transforment en défouloir régressif.
Alors que Jean-Christophe Michallek (Liège) prend la suite, Petit Courant d’Air Frais passe par là.
-Ah tiens, la pelouse a été tondue, me dit-elle.
-Oui, cela arrive parfois.
C’est le jeune homme que j’aime entendre jouer de la guitare, pourtant simple locataire, qui s’y est collé à l’heure du déjeuner.
Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? tel est le titre de la composition d’André Grétry qui résonne dans les airs (je réponds pour ma part : « Partout ») puis viennent L’Air du carillon de La Flûte enchantée, Ne me quitte pas de Jacques Brel, Un homme heureux de William Sheller et Les Feuilles mortes de Vladimir Cosma.
Petit Courant d’Air Frais repasse par là :
-Je vais revenir, me dit elle.
La session de Charles Dairay (Deinze) est perturbée par les grosses cloches qui appellent à la messe. Heureusement, elles se taisent avant qu’il interprète Gottingen de Barbara. Suivent La Bohême de Charles Aznavour et une très belle composition personnelle intitulée American Suite.
-Oh la la, les étudiants, c’est bombardage de farine et de ketchup, me dit Petit Courant d’Air Frais quand elle repasse par là.
Francis Crépin et Charles Dairay jouent ensuite à quatre mains Danses, une composition du premier. Pour finir, c’est la session de Michel Goddefroy (Tourcoing) avec des airs sud-américains dont une milonga, ainsi que l’anglaise Greensleeves.
-Cette fois, je m’en vais, bonne soirée, me dit Petit Courant d’Air Frais à son quatrième passage.
C’est la fin du concert avec un très beau quatre mains joué par Michel Goddefroy et Patrice Latour, le titulaire du carillon rouennais, le Concerto for 2 to play de Ronald Barnes.
Il est presque dix-neuf heures. Celles et ceux qui, comme moi, habitent le voisinage de la Cathédrale et, contrairement à moi, n’aiment pas la musique carillonnée doivent pousser un soupir de soulagement.
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Lu dans Le Bouquins des méchancetés et autres traits d’esprit :
« L’archevêque de Rouen, quoique très jeune, portait une grande barbe ; Antoine d’Aumont disait : « Il ressemble à Dieu le Père quand il était jeune. »
(Antoine d'Aumont de Rochebaron : capitaine des gardes du corps du Roi puis Maréchal de France, dix-septième siècle)
26 septembre 2016
Première fois ce jeudi soir que je me rends au Terminal Trente-Sept, nouveau lieu d’exposition rouennais qui se trouve à ce numéro du boulevard des Belges. On y vernit Sous l’eau d'Astrid de Geuser, exposition qui bénéfice de la participation de Gabriel Méraud, Laurie Guichard et François Zanni et promet une plongée dans les abysses avec « créatures lumineuses, sculptures, installations dans une atmosphère aquatique ».
Je franchis le rideau, entre dans le sombre en faisant attention où je mets le pied, ma vision nocturne étant défaillante. Effectivement, on se croirait dans un aquarium. S’y épanouissent des végétaux et des animaux marins. Des projecteurs braqués sur des mobiles circulaires font nager des poissons lumineux.
Les enfants aimeraient beaucoup cet art récréatif qui me fait songer à certaines attractions de la foire Saint-Romain, laquelle doit avoir bientôt lieu sur la presqu’île dévastée pour son installation (bâtiments portuaires détruits, dizaines d’arbres abattus).
Quand je veux prendre un verre au bar, on m’apprend qu’il faut d’abord que j’adhère.
-Sinon on n’a pas le droit de vous servir de l’alcool.
C’est cinq euros et le vin est à deux euros. « Je n’adhère pas », dis-je à ces artistes légalistes. Je ressors prudemment, ébloui par la lumière du jour, mais pas du tout soûlot.
Sur le mur du Rectorat, un graffiti réclame la « récréation permanente ». L’exposition Sous l’eau en est une illustration
Devant ce bâtiment, je croise l’une de mes connaissances à qui j’explique la brièveté de mon passage au Terminal :
-Je ne sais pas si je reviendrai, alors sept euros pour un verre de vin, ça fait un peu cher, surtout servi dans un gobelet en plastique.
*
Du monde à la réunion de jeudi soir consécutive au début d’abattage des arbres de la rue d’Amiens, m’apprend Paris Normandie. Devant la fronde, il est question de surseoir. C’est Yvon Robert, Mairie, Socialiste, chef des bûcherons municipaux rouennais, qui confirmera ou non.
Quelle que soit la suite, il a été prouvé qu’un homme seul avec une pancarte pouvait arrêter durablement les tronçonneuses (ce dont je doutais).
*
Le vingt-cinq septembre est arrivé et, comme je le pensais, je n’ai eu aucune nouvelle de la jeune femme au carton de livres pornographiques.
Je connais des lecteurs qui en seront autant marris que moi.
Je franchis le rideau, entre dans le sombre en faisant attention où je mets le pied, ma vision nocturne étant défaillante. Effectivement, on se croirait dans un aquarium. S’y épanouissent des végétaux et des animaux marins. Des projecteurs braqués sur des mobiles circulaires font nager des poissons lumineux.
Les enfants aimeraient beaucoup cet art récréatif qui me fait songer à certaines attractions de la foire Saint-Romain, laquelle doit avoir bientôt lieu sur la presqu’île dévastée pour son installation (bâtiments portuaires détruits, dizaines d’arbres abattus).
Quand je veux prendre un verre au bar, on m’apprend qu’il faut d’abord que j’adhère.
-Sinon on n’a pas le droit de vous servir de l’alcool.
C’est cinq euros et le vin est à deux euros. « Je n’adhère pas », dis-je à ces artistes légalistes. Je ressors prudemment, ébloui par la lumière du jour, mais pas du tout soûlot.
Sur le mur du Rectorat, un graffiti réclame la « récréation permanente ». L’exposition Sous l’eau en est une illustration
Devant ce bâtiment, je croise l’une de mes connaissances à qui j’explique la brièveté de mon passage au Terminal :
-Je ne sais pas si je reviendrai, alors sept euros pour un verre de vin, ça fait un peu cher, surtout servi dans un gobelet en plastique.
*
Du monde à la réunion de jeudi soir consécutive au début d’abattage des arbres de la rue d’Amiens, m’apprend Paris Normandie. Devant la fronde, il est question de surseoir. C’est Yvon Robert, Mairie, Socialiste, chef des bûcherons municipaux rouennais, qui confirmera ou non.
Quelle que soit la suite, il a été prouvé qu’un homme seul avec une pancarte pouvait arrêter durablement les tronçonneuses (ce dont je doutais).
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Le vingt-cinq septembre est arrivé et, comme je le pensais, je n’ai eu aucune nouvelle de la jeune femme au carton de livres pornographiques.
Je connais des lecteurs qui en seront autant marris que moi.
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