Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 novembre 2016
Pièce tirée d’Une vie de putain de Claude Jaget (six témoignages sur la prostitution recueillis lors de l’occupation de l’Eglise Saint-Nizier à Lyon en mil neuf cent soixante-quinze) par Anne Buffet et Yann Dacosta, Loveless est donnée une dernière fois ce samedi en fin d’après-midi à la Chapelle Saint-Louis.
Après avoir ouvert ma veste à la demande des deux vigiles, je trouve place au chaud dans le hall d’entrée en compagnie d’arrivés encore plus tôt que moi, dont deux demoiselles. L’une est contente d’elle : « J’arrive à me faire accepter dans les cercles bourgeois, ma meilleure pote habite dans le Seizième. » Yann Dacosta passe par-là et me dit que son inquiétude est de savoir si on pourra caser celles et ceux qui sont en liste d’attente.
Chacun(e) entre en prenant soin de ne pas marcher, au devant de la scène, sur une guirlande électrique verte que protége un employé du lieu muni d’une lampe torche. Quand on est assis, on ne la voit pas mais elle a peut-être une utilité particulière.
Ayant assisté l’an dernier à une première présentation de cette pièce lorsqu’elle était en cours d’élaboration, je sais ce que je vais voir et entendre. Peu de choses ont changé depuis cette étape. Cinq filles au physique très différent et un garçon jouant le sixième rôle féminin sont face au public et narrent leur parcours personnel. Ces confessions sont entrecoupées d’archives télé ou radio relatant l’occupation de l’édifice religieux (il s’agissait pour ces femmes de dénoncer les violences policières dont elles étaient victimes) ainsi que de points de vue sur le sexe et l’amour dont celui, bienvenu, de Ruwen Ogien. Deux chorégraphies donnent à voir l’épuisement des corps. Pour le reste, je ne vais pas répéter ce que j’écrivais le vingt-huit mars deux mille quinze.
Les six comédien(ne)s du Chat Foin sont fort applaudis à la fin. Chacun(e) est talentueux. Évidemment, j’ai un petit faible pour Marie Petiot, ancienne élève du Cours Florent.
Une rencontre avec l’équipe a lieu ensuite mais je préfère m’en dispenser.
*
Jouer une occupation d’église dans une ancienne église facilite la vie du décorateur.
*
Ma faculté de dispersion me conduit à repérer les anachronismes. Cette valise rouge à deux roulettes (qui tombait toujours quand on tournait) n’existait pas dans les années soixante-dix. Et ces parenthèses faites avec les doigts par l’une des comédiennes autour du mot « normal », impossible itou. Ce tic gestuel est récent. Il serait temps qu’il disparaisse.
*
Entre la présentation de mars deux mille quinze et celle d’aujourd’hui, la loi faisant des clients de prostituées des délinquants (mais autorisant le racolage passif) a été définitivement votée par quelques Parlementaires de Droite (dont la moderne Nathalie Kosciusko-Morizet), la plupart des Socialistes, un quart des Ecologistes et la totalité des Communistes. Je leur souhaite de ne pas être réélus.
*
Une loi contre les clients de la prostitution de rue votée par les clients de la prostitution de luxe, comme le remarquait l’une des animatrices du Strass (Syndicat du Travail Sexuel), visant la grosse partie masculine de l’Assemblée Nationale.
*
Avant cette loi, Paris Normandie racontait chaque arrestation de prostituée pour racolage sur la voie publique rouennaise, le client étant emmené avec elle mais seulement pour recueillir son témoignage.
Maintenant qu’elle y a droit, la prostituée racole tranquillement, comme un bonbon que l’on aurait tort de convoiter, mais Paris Normandie ne parle jamais d’arrestation de client piégé.
Dans d’autres provinces, les journaux locaux racontent comment des clients pris sur le fait sont condamnés à de fortes amendes et, pour certains, doivent subir un stage de remise dans le droit chemin.
*
S’il se trouvait pour tout homme une femme prête à faire l’amour avec lui, la prostitution n’aurait pas lieu d’être. Chacun en vieillissant peut constater qu’il n’en est rien.
Après avoir ouvert ma veste à la demande des deux vigiles, je trouve place au chaud dans le hall d’entrée en compagnie d’arrivés encore plus tôt que moi, dont deux demoiselles. L’une est contente d’elle : « J’arrive à me faire accepter dans les cercles bourgeois, ma meilleure pote habite dans le Seizième. » Yann Dacosta passe par-là et me dit que son inquiétude est de savoir si on pourra caser celles et ceux qui sont en liste d’attente.
Chacun(e) entre en prenant soin de ne pas marcher, au devant de la scène, sur une guirlande électrique verte que protége un employé du lieu muni d’une lampe torche. Quand on est assis, on ne la voit pas mais elle a peut-être une utilité particulière.
Ayant assisté l’an dernier à une première présentation de cette pièce lorsqu’elle était en cours d’élaboration, je sais ce que je vais voir et entendre. Peu de choses ont changé depuis cette étape. Cinq filles au physique très différent et un garçon jouant le sixième rôle féminin sont face au public et narrent leur parcours personnel. Ces confessions sont entrecoupées d’archives télé ou radio relatant l’occupation de l’édifice religieux (il s’agissait pour ces femmes de dénoncer les violences policières dont elles étaient victimes) ainsi que de points de vue sur le sexe et l’amour dont celui, bienvenu, de Ruwen Ogien. Deux chorégraphies donnent à voir l’épuisement des corps. Pour le reste, je ne vais pas répéter ce que j’écrivais le vingt-huit mars deux mille quinze.
Les six comédien(ne)s du Chat Foin sont fort applaudis à la fin. Chacun(e) est talentueux. Évidemment, j’ai un petit faible pour Marie Petiot, ancienne élève du Cours Florent.
Une rencontre avec l’équipe a lieu ensuite mais je préfère m’en dispenser.
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Jouer une occupation d’église dans une ancienne église facilite la vie du décorateur.
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Ma faculté de dispersion me conduit à repérer les anachronismes. Cette valise rouge à deux roulettes (qui tombait toujours quand on tournait) n’existait pas dans les années soixante-dix. Et ces parenthèses faites avec les doigts par l’une des comédiennes autour du mot « normal », impossible itou. Ce tic gestuel est récent. Il serait temps qu’il disparaisse.
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Entre la présentation de mars deux mille quinze et celle d’aujourd’hui, la loi faisant des clients de prostituées des délinquants (mais autorisant le racolage passif) a été définitivement votée par quelques Parlementaires de Droite (dont la moderne Nathalie Kosciusko-Morizet), la plupart des Socialistes, un quart des Ecologistes et la totalité des Communistes. Je leur souhaite de ne pas être réélus.
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Une loi contre les clients de la prostitution de rue votée par les clients de la prostitution de luxe, comme le remarquait l’une des animatrices du Strass (Syndicat du Travail Sexuel), visant la grosse partie masculine de l’Assemblée Nationale.
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Avant cette loi, Paris Normandie racontait chaque arrestation de prostituée pour racolage sur la voie publique rouennaise, le client étant emmené avec elle mais seulement pour recueillir son témoignage.
Maintenant qu’elle y a droit, la prostituée racole tranquillement, comme un bonbon que l’on aurait tort de convoiter, mais Paris Normandie ne parle jamais d’arrestation de client piégé.
Dans d’autres provinces, les journaux locaux racontent comment des clients pris sur le fait sont condamnés à de fortes amendes et, pour certains, doivent subir un stage de remise dans le droit chemin.
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S’il se trouvait pour tout homme une femme prête à faire l’amour avec lui, la prostitution n’aurait pas lieu d’être. Chacun en vieillissant peut constater qu’il n’en est rien.
21 novembre 2016
La semaine thématique consacrée à Erik Satie se poursuit au Conservatoire de Rouen. J’y suis ce vendredi soir, assis côté jardin dans l’auditorium, pour les Divertissements satieriks !?.
Le programme, dans lequel interviennent professeur(e)s et élèves, mêle musique, chant, danse et jeu dramatique. Il s’agît, nous dit Claude Brendel, Directeur, de recréer l’ambiance du cabaret Le Chat Noir.
On en est loin. La pianiste joue platement. Les apprenti(e)s en chant et en danse ont l’exubérance crispée. Même les deux élèves d’art dramatique sont décevants. Peut-être aurait-il fallu faire boire un peu tout ce monde avant la représentation (il est vrai que beaucoup sont mineur(e)s).
Bref, je me demande ce que je fais là, à la fête de fin d’année d’un collège peu renommé où on a mis la prof de musique au piano, tellement ça tire vers l’ennui, comme aurait pu dire celui dont on fête le cent cinquantième anniversaire de naissance.
*
Que fais-je là ? C’est déjà la question que je me pose l’après-midi du même jour à la Halle aux Toiles attendant, au milieu d’une foule à poussettes garnies, le début de la Grande Braderie Solidaire du Secours Populaire. On y annonce des livres choisis.
A l’ouverture, c’est une ruée sauvage de plusieurs centaines d’individus prêts à tout pour arriver les premiers au rayon qui les intéresse. Autour de la table des livres, je retrouve mes habituels concurrents. Beaucoup raflent des ouvrages à l’aveugle pour éviter qu’un autre ne les prenne. Je n’échappe pas à cette faiblesse.
Je paie ce je vais regretter d’avoir acheté à la bénévole concernée puis m’extrais de là après avoir montré patte blanche aux vigiles à la sortie (on craint le vol dans cette opération solidaire).
En chemin vers la maison, je rattrape Adji qui lui n’a rien acheté.
-Je croyais qu’il n’y avait que des livres, me dit-il, mais quand j’ai vu arriver les femmes, j’ai su que c’était foutu.
*
Rouen, au Grand Saint-Marc, un client de comptoir à la petite serveuse :
-Oh dis ça va, si on t’appuie sur le nez, il en sort encore du lait.
Le collègue d icelle à l’insolent :
-Sûr que toi, si on t’appuie sur le nez, c’est pas du lait qui va sortir.
Le programme, dans lequel interviennent professeur(e)s et élèves, mêle musique, chant, danse et jeu dramatique. Il s’agît, nous dit Claude Brendel, Directeur, de recréer l’ambiance du cabaret Le Chat Noir.
On en est loin. La pianiste joue platement. Les apprenti(e)s en chant et en danse ont l’exubérance crispée. Même les deux élèves d’art dramatique sont décevants. Peut-être aurait-il fallu faire boire un peu tout ce monde avant la représentation (il est vrai que beaucoup sont mineur(e)s).
Bref, je me demande ce que je fais là, à la fête de fin d’année d’un collège peu renommé où on a mis la prof de musique au piano, tellement ça tire vers l’ennui, comme aurait pu dire celui dont on fête le cent cinquantième anniversaire de naissance.
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Que fais-je là ? C’est déjà la question que je me pose l’après-midi du même jour à la Halle aux Toiles attendant, au milieu d’une foule à poussettes garnies, le début de la Grande Braderie Solidaire du Secours Populaire. On y annonce des livres choisis.
A l’ouverture, c’est une ruée sauvage de plusieurs centaines d’individus prêts à tout pour arriver les premiers au rayon qui les intéresse. Autour de la table des livres, je retrouve mes habituels concurrents. Beaucoup raflent des ouvrages à l’aveugle pour éviter qu’un autre ne les prenne. Je n’échappe pas à cette faiblesse.
Je paie ce je vais regretter d’avoir acheté à la bénévole concernée puis m’extrais de là après avoir montré patte blanche aux vigiles à la sortie (on craint le vol dans cette opération solidaire).
En chemin vers la maison, je rattrape Adji qui lui n’a rien acheté.
-Je croyais qu’il n’y avait que des livres, me dit-il, mais quand j’ai vu arriver les femmes, j’ai su que c’était foutu.
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Rouen, au Grand Saint-Marc, un client de comptoir à la petite serveuse :
-Oh dis ça va, si on t’appuie sur le nez, il en sort encore du lait.
Le collègue d icelle à l’insolent :
-Sûr que toi, si on t’appuie sur le nez, c’est pas du lait qui va sortir.
19 novembre 2016
La harpe est à l’honneur ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen. Il s’agit de fêter la sortie du cédé d’Anaïs Gaudemard « enregistré l’an dernier ici même ». J’ai une bonne place à l’avant-dernier rang d’orchestre derrière une dame qui en arrivant s’est excusée d’être devant moi.
-Il en faut bien une, lui ai-je dit.
L’Orchestre est dirigé par le jeune Jamie Phillips, boursier à la Phil Gustavo Dudamel de Los Angeles et chef associé du Hallé Orchestra, La courte Schrumpf-Sinfonie de Kurt Schwertsik ouvre la soirée, œuvre tonique et allègre, puis la harpe est roulée sur scène avec précaution. « Anaïs joue sur une harpe Style 23 Gold, offerte par la maison Lyon & Healy, Chicago », précise le livret programme.
-C’est un bel instrument, observe une femme derrière moi.
Il ne manque pas de dorures. Notre harpiste en a tenu compte dans le choix de sa robe.
Ce sont d’abord les Danses sacrée et profane de Claude Debussy puis le Concerto pour harpe et orchestre en ut majeur de François-Adrien Boieldieu.
Anaïs Gaudemard joue à merveille. De plus, elle est jolie, avec un faux air de Sophie Marceau. Lorsqu’elle est inoccupée, elle pose sa joue contre le corps de sa harpe. Derrière elle, l’Orchestre est mené avec précision par Jamie Phillips. A l’issue c’est un triomphe. En bonus, Anaïs nous offre une sonate de Scarlatti.
Pendant l’entracte deux spectateurs viennent me serrer la main. « Nous sommes de ces Centristes de Droite qui buvaient le champagne la semaine dernière. », me disent-ils. Ce sont aussi des animateurs de l’association et du blog Publics de l’opéra de Rouen. Le plus jeune m’explique que la bouteille est arrivée un peu par hasard et qu’il ne s’agissait pas de fêter la victoire de Trump. J’en profite pour les remercier du lien qui sur leur blog envoie vers mon Journal.
En seconde partie, c’est la célèbre Symphonie numéro sept en la majeur de Ludwig van Beethoven. L’Orchestre, mené par un Jamie Phillips clair et expressif, l’interprète avec fougue et précision devant un public très concentré. Il est des soirs où il n’y a rien à redire.
*
A peine cette symphonie est-elle terminée, avant même les applaudissements, que le spectateur du milieu de rangée oblige tout le monde à se lever. Il veut sortir au plus vite afin de récupérer sa voiture au parquigne avant les autres. Il y a souvent des casse-pieds les soirs de spectacle à l’Opéra de Rouen, celui-là est de première catégorie.
-Il en faut bien une, lui ai-je dit.
L’Orchestre est dirigé par le jeune Jamie Phillips, boursier à la Phil Gustavo Dudamel de Los Angeles et chef associé du Hallé Orchestra, La courte Schrumpf-Sinfonie de Kurt Schwertsik ouvre la soirée, œuvre tonique et allègre, puis la harpe est roulée sur scène avec précaution. « Anaïs joue sur une harpe Style 23 Gold, offerte par la maison Lyon & Healy, Chicago », précise le livret programme.
-C’est un bel instrument, observe une femme derrière moi.
Il ne manque pas de dorures. Notre harpiste en a tenu compte dans le choix de sa robe.
Ce sont d’abord les Danses sacrée et profane de Claude Debussy puis le Concerto pour harpe et orchestre en ut majeur de François-Adrien Boieldieu.
Anaïs Gaudemard joue à merveille. De plus, elle est jolie, avec un faux air de Sophie Marceau. Lorsqu’elle est inoccupée, elle pose sa joue contre le corps de sa harpe. Derrière elle, l’Orchestre est mené avec précision par Jamie Phillips. A l’issue c’est un triomphe. En bonus, Anaïs nous offre une sonate de Scarlatti.
Pendant l’entracte deux spectateurs viennent me serrer la main. « Nous sommes de ces Centristes de Droite qui buvaient le champagne la semaine dernière. », me disent-ils. Ce sont aussi des animateurs de l’association et du blog Publics de l’opéra de Rouen. Le plus jeune m’explique que la bouteille est arrivée un peu par hasard et qu’il ne s’agissait pas de fêter la victoire de Trump. J’en profite pour les remercier du lien qui sur leur blog envoie vers mon Journal.
En seconde partie, c’est la célèbre Symphonie numéro sept en la majeur de Ludwig van Beethoven. L’Orchestre, mené par un Jamie Phillips clair et expressif, l’interprète avec fougue et précision devant un public très concentré. Il est des soirs où il n’y a rien à redire.
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A peine cette symphonie est-elle terminée, avant même les applaudissements, que le spectateur du milieu de rangée oblige tout le monde à se lever. Il veut sortir au plus vite afin de récupérer sa voiture au parquigne avant les autres. Il y a souvent des casse-pieds les soirs de spectacle à l’Opéra de Rouen, celui-là est de première catégorie.
18 novembre 2016
Un peu décevant mon repas à dix-neuf euros soixante boisson comprise Chez Céleste ce mercredi, une salade de morue trop sèche et un almondigas (boulettes de bœuf, frites, riz) trop boulette. Ma pêche aux livres ne me donne guère plus de satisfaction. Qu’importe, un bus Quatre-Vingt-Six bondé m’emmène jusqu’à Cluny d’où pédestrement je rejoins l’imposant bâtiment de la Monnaie de Paris, face au square du Vert-Galant. On y expose une sélection d’œuvres du controversé Maurizio Cattelan.
Je montre mes quelques livres au vigile, paie douze euros à une caissière à qui je reproche d’utiliser le sans contact de ma carte bancaire avant de m’en avoir demandé la permission, trouve un euro pour enfermer mon sac à dos dans un casier puis grimpe l’escalier à tapis rouge qui mène à l’étage que se partagent le lieu d’exposition et le restaurant Guy Savoy, trois étoiles au Michelin, premier menu dans les trois cent quatre-vingts euros, à la carte compter deux cents euros hors boisson.
Certains critiques dénigrent Maurizio Cattelan, artiste autodidacte et plein de fric, le qualifient de charlot et de petit malin. Peu me chaut, j’aime ce qu’il fait, ce qu’il a fait est-il plus exact d’écrire car il s’est asséché.
L’une de ses pièces les plus connues occupe la grande salle par où on entre. Jean-Paul le Deuxième, Pape, gît sur la moquette, une météorite lui ayant broyé les jambes. Régulièrement, un petit Maurizio à tambour s’en réjouit, assis sur la rambarde de pierre de l’étage supérieur, faisant lever la tête aux visiteurs et déclencher quasi automatiquement la prise d’une photo.
Dans les salles suivantes, plus petites mais à miroirs, sont visibles le cheval fixé en haut d’un mur par la tête, celle-ci invisible scellée dans la pierre (« Il n’a pas de sexe », constate une jeune femme glissée dessous), l’écolier aux mains clouées dans la table par des crayons, les gisants de marbre blanc représentant des corps d’immigrants enveloppés dans un sac, le sosie de Massimo à échelle réduite accroché à une patère, le même allongé sur un lit avec son double ou lui encore accroché au plancher, le sol s’étant ouvert sous ses pieds. Le meilleur est pour la fin, c’est Him, déjà vu autrefois. A genoux, en prière, le touchant personnage, lorsqu’on en fait le tour, révèle sa moustache et sa grande mèche.
Les notices explicatives sont signées de diverses autorités de l’art et d’ailleurs. L’une d’elles, due à Massimo de Carlo, galeriste, habille pour l’hiver Augustin Trapenard (ce fâcheux sévissant autrefois sur France Culture) qui dans un article s’en est pris à l’artiste exposé.
Une douzaine d’œuvres pour douze euros, cela vous met l’œuvre à un euro le regard, aussi est-il raisonnable de les voir plusieurs fois. Pour ce faire, je regagne la salle papale et découvre dans une annexe un sans abri sous une couverture sale dont ne dépasse qu’un pied. Le cartel suggère qu’il pourrait s’agir de l’artiste lui-même.
Assis sur l’un des bancs, j’observe les arrivant(e)s. Un trentenaire tient à faire savoir au gardien qu’il l’a déjà vu, ce pape écrasé, dans une série télé. Un trois ans, venu avec ses grands-parents et sa sœur de cinq, en a peur. A force de le regarder ce Jean-Paul renversé, je réalise qu’il est impossible d’être fauché à hauteur des jambes par une météorite.
Revenu voir Him, je trouve les deux moutards, le trois ans et sa sœur de cinq, à genoux en prière près de lui. Quand leur grand-père s’en aperçoit, il fait une photo. La grand-mère est un peu choquée : « Quand même, il a tué des millions d’hommes ! »
Eux partis, je demande au gardien, qui comme tous les autres a la peau noire, si c’est difficile pour lui de cohabiter avec ce personnage.
-Ah non, me dit-il, ça reste une œuvre d’art.
En ressortant, je découvre deux autres œuvres imposantes que je n’avais pas vues en montant : le cheval suspendu par des sangles au-dessus du grand escalier et sur le mur de celui-ci la femme crucifiée de dos emballée dans une caisse de transport d’œuvre d’art dont il ne reste plus qu’à mettre le couvercle.
Alors que je suis là à contempler par en dessous le canasson suspendu, je vois sortir une tête connue du restaurant Guy Savoy, un avocat petit et trapu dont le nom m’échappe. Il est suivi d’une autre, François Baroin, le second de Sarkozy (il a choisi le mauvais cheval). Une femme se précipite, lui serre la main :
-Je voulais vous dire que dimanche, je vais aller voter Sarkozy à la Primaire.
-Merci madame, lui répond-il.
L’avocat petit et trapu a pris de l’avance. Baroin descend l’escalier à tapis rouge devant moi sans que le sol ne s’ouvre sous ses pieds ni qu’un cheval dont les cordages céderaient ne l’écrabouille.
*
Rentré à la maison, j’enquête sur Internet et retrouve le nom de l’avocat : Francis Szpiner. Sa page Ouiquipédia est éloquente.
*
Il semble qu’un certain nombre d’électeurs de la Droite aient fini par comprendre que s’ils ne veulent pas de Juppé, il ne faut pas qu’ils votent Sarkozy au premier tour de la Primaire, lequel serait forcément battu au second, mais qu’ils doivent voter Fillon.
Je montre mes quelques livres au vigile, paie douze euros à une caissière à qui je reproche d’utiliser le sans contact de ma carte bancaire avant de m’en avoir demandé la permission, trouve un euro pour enfermer mon sac à dos dans un casier puis grimpe l’escalier à tapis rouge qui mène à l’étage que se partagent le lieu d’exposition et le restaurant Guy Savoy, trois étoiles au Michelin, premier menu dans les trois cent quatre-vingts euros, à la carte compter deux cents euros hors boisson.
Certains critiques dénigrent Maurizio Cattelan, artiste autodidacte et plein de fric, le qualifient de charlot et de petit malin. Peu me chaut, j’aime ce qu’il fait, ce qu’il a fait est-il plus exact d’écrire car il s’est asséché.
L’une de ses pièces les plus connues occupe la grande salle par où on entre. Jean-Paul le Deuxième, Pape, gît sur la moquette, une météorite lui ayant broyé les jambes. Régulièrement, un petit Maurizio à tambour s’en réjouit, assis sur la rambarde de pierre de l’étage supérieur, faisant lever la tête aux visiteurs et déclencher quasi automatiquement la prise d’une photo.
Dans les salles suivantes, plus petites mais à miroirs, sont visibles le cheval fixé en haut d’un mur par la tête, celle-ci invisible scellée dans la pierre (« Il n’a pas de sexe », constate une jeune femme glissée dessous), l’écolier aux mains clouées dans la table par des crayons, les gisants de marbre blanc représentant des corps d’immigrants enveloppés dans un sac, le sosie de Massimo à échelle réduite accroché à une patère, le même allongé sur un lit avec son double ou lui encore accroché au plancher, le sol s’étant ouvert sous ses pieds. Le meilleur est pour la fin, c’est Him, déjà vu autrefois. A genoux, en prière, le touchant personnage, lorsqu’on en fait le tour, révèle sa moustache et sa grande mèche.
Les notices explicatives sont signées de diverses autorités de l’art et d’ailleurs. L’une d’elles, due à Massimo de Carlo, galeriste, habille pour l’hiver Augustin Trapenard (ce fâcheux sévissant autrefois sur France Culture) qui dans un article s’en est pris à l’artiste exposé.
Une douzaine d’œuvres pour douze euros, cela vous met l’œuvre à un euro le regard, aussi est-il raisonnable de les voir plusieurs fois. Pour ce faire, je regagne la salle papale et découvre dans une annexe un sans abri sous une couverture sale dont ne dépasse qu’un pied. Le cartel suggère qu’il pourrait s’agir de l’artiste lui-même.
Assis sur l’un des bancs, j’observe les arrivant(e)s. Un trentenaire tient à faire savoir au gardien qu’il l’a déjà vu, ce pape écrasé, dans une série télé. Un trois ans, venu avec ses grands-parents et sa sœur de cinq, en a peur. A force de le regarder ce Jean-Paul renversé, je réalise qu’il est impossible d’être fauché à hauteur des jambes par une météorite.
Revenu voir Him, je trouve les deux moutards, le trois ans et sa sœur de cinq, à genoux en prière près de lui. Quand leur grand-père s’en aperçoit, il fait une photo. La grand-mère est un peu choquée : « Quand même, il a tué des millions d’hommes ! »
Eux partis, je demande au gardien, qui comme tous les autres a la peau noire, si c’est difficile pour lui de cohabiter avec ce personnage.
-Ah non, me dit-il, ça reste une œuvre d’art.
En ressortant, je découvre deux autres œuvres imposantes que je n’avais pas vues en montant : le cheval suspendu par des sangles au-dessus du grand escalier et sur le mur de celui-ci la femme crucifiée de dos emballée dans une caisse de transport d’œuvre d’art dont il ne reste plus qu’à mettre le couvercle.
Alors que je suis là à contempler par en dessous le canasson suspendu, je vois sortir une tête connue du restaurant Guy Savoy, un avocat petit et trapu dont le nom m’échappe. Il est suivi d’une autre, François Baroin, le second de Sarkozy (il a choisi le mauvais cheval). Une femme se précipite, lui serre la main :
-Je voulais vous dire que dimanche, je vais aller voter Sarkozy à la Primaire.
-Merci madame, lui répond-il.
L’avocat petit et trapu a pris de l’avance. Baroin descend l’escalier à tapis rouge devant moi sans que le sol ne s’ouvre sous ses pieds ni qu’un cheval dont les cordages céderaient ne l’écrabouille.
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Rentré à la maison, j’enquête sur Internet et retrouve le nom de l’avocat : Francis Szpiner. Sa page Ouiquipédia est éloquente.
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Il semble qu’un certain nombre d’électeurs de la Droite aient fini par comprendre que s’ils ne veulent pas de Juppé, il ne faut pas qu’ils votent Sarkozy au premier tour de la Primaire, lequel serait forcément battu au second, mais qu’ils doivent voter Fillon.
17 novembre 2016
Danse ce mardi soir à l’Opéra de Rouen avec Yatra d’Andrés Marín et Kader Attou, je suis au bout de rangée en corbeille.
-Vous savez où vous êtes ?, demande une placeuse à un arrivant.
-Je suis mon épouse, lui répond-il.
C’est la meilleure façon de ne pas se perdre.
Derrière moi, on étudie le livret programme :
-La musique risque d’être curieuse, entends-je.
La largeur de vue d’une grande partie du public de l’honorable maison n’est plus à démontrer.
Les musiciens de l’Ensemble Divana, venus du Rajasthan et adeptes du qawwali, sont assis en tailleur en fond de scène. Leur musique est à mon goût. Le chant de leur meneur, Anwar Khan Manghanyiar, me rappelle celui de Nusrat Fateh Ali Kahn mais ne l’égale pas (Nusrat est irremplaçable).
Andrés Marín est le danseur de flamenco type : un coq dressé sur ses ergots. Sa rencontre avec les deux hip-hopeurs, qui ont du mal à exister près à lui, se déroule essentiellement sur le thème de l’affrontement, comme on pouvait le craindre.
Le conflit est également de mise lorsque Gazi Khan Barna, le joueur de kartâl (les castagnettes indiennes), se lève et fait face à Andrés Marín. Ce dernier (qui ne peut être que le premier) tente même de combattre Anwar Khan Manghanyiar de la voix.
Kader Attou a fait de ce macho à claquettes un énervant présomptueux. La musique est là pour me faire quand même passer une bonne soirée.
-Inattendu mais extraordinaire, claironne la dame assise devant moi à l’issue. C’est très exagéré.
*
Mettre ensemble sur une scène des hip-hopeurs, un danseur de flamenco et des musiciens venus d’Inde, le genre d’idée que l’on a quand on n’a plus d’idée.
-Vous savez où vous êtes ?, demande une placeuse à un arrivant.
-Je suis mon épouse, lui répond-il.
C’est la meilleure façon de ne pas se perdre.
Derrière moi, on étudie le livret programme :
-La musique risque d’être curieuse, entends-je.
La largeur de vue d’une grande partie du public de l’honorable maison n’est plus à démontrer.
Les musiciens de l’Ensemble Divana, venus du Rajasthan et adeptes du qawwali, sont assis en tailleur en fond de scène. Leur musique est à mon goût. Le chant de leur meneur, Anwar Khan Manghanyiar, me rappelle celui de Nusrat Fateh Ali Kahn mais ne l’égale pas (Nusrat est irremplaçable).
Andrés Marín est le danseur de flamenco type : un coq dressé sur ses ergots. Sa rencontre avec les deux hip-hopeurs, qui ont du mal à exister près à lui, se déroule essentiellement sur le thème de l’affrontement, comme on pouvait le craindre.
Le conflit est également de mise lorsque Gazi Khan Barna, le joueur de kartâl (les castagnettes indiennes), se lève et fait face à Andrés Marín. Ce dernier (qui ne peut être que le premier) tente même de combattre Anwar Khan Manghanyiar de la voix.
Kader Attou a fait de ce macho à claquettes un énervant présomptueux. La musique est là pour me faire quand même passer une bonne soirée.
-Inattendu mais extraordinaire, claironne la dame assise devant moi à l’issue. C’est très exagéré.
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Mettre ensemble sur une scène des hip-hopeurs, un danseur de flamenco et des musiciens venus d’Inde, le genre d’idée que l’on a quand on n’a plus d’idée.
16 novembre 2016
Hervé Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite, s’est engagé avant son élection à faire arriver les trains à l’heure et que ceux-ci soient confortables. Dans ce but, il entend acheter quarante trains Bombardier à étage.
Comme le racontent Le Figaro et Le Monde, ces nouveaux trains sont plus larges que les actuels, d’où une incertitude lors des croisements à l’approche de la gare Saint-Lazare et une étude préalable.
« Cette étude a révélé que ça passe, et que ça passe juste », annonce il y a quelques jours la Senecefe.
« Plus rien ne s’oppose à la commande des trains. Nous allons signer le vingt-quatre novembre », déclare aussitôt Morin.
Pourtant, indique aussi le rapport, la marge est si faible « qu’il faudra vérifier régulièrement que des travaux ou des circulations ne modifient pas la position de la voie ».
« Le risque, même très minime, d’une catastrophe ferroviaire dans la gare immortalisée par Monet n’était évidemment pas envisageable. », conclut Le Monde.
Convaincu du contraire, je ne serai pas tranquille lorsque ces nouveaux trains seront mis en service.
Voyager côté couloir et dans le sens opposé à la marche deviendra impératif. C’est déjà ce que je fais dans les trains qui se croisent à l’aise. J’espère que dans les trains de Morin ces places ne seront pas prises d’assaut.
*
Munir les sièges d’une ceinture de sécurité, une idée que je lance
*
Impossible d’acheter des trains Alsthom à étage, a précisé Morin. Ils sont moins larges mais ils ne passeraient pas dans les tunnels de la gare de Rouen.
*
Il faut se rendre à l’évidence (comme on dit), l’expression « con comme une valise sans poignée » n’a pas été remplacée par « con comme une valise sans roulettes ».
*
Je songeais à ça l’autre mercredi à la gare de Rouen en regardant un quidam qui voyageait à l’ancienne, avec une valise à poignée.
*
« Voyager c'est découvrir que tout le monde a tort « ai-je lu samedi dernier au stand de Joseph Trotta sur le Clos Saint-Marc en quatrième de couverture du Tour du monde d’un sceptique d’Aldous Huxley (Petite Bibliothèque Payot).
J’achèterai ce livre quand je le trouverai à un euro.
Comme le racontent Le Figaro et Le Monde, ces nouveaux trains sont plus larges que les actuels, d’où une incertitude lors des croisements à l’approche de la gare Saint-Lazare et une étude préalable.
« Cette étude a révélé que ça passe, et que ça passe juste », annonce il y a quelques jours la Senecefe.
« Plus rien ne s’oppose à la commande des trains. Nous allons signer le vingt-quatre novembre », déclare aussitôt Morin.
Pourtant, indique aussi le rapport, la marge est si faible « qu’il faudra vérifier régulièrement que des travaux ou des circulations ne modifient pas la position de la voie ».
« Le risque, même très minime, d’une catastrophe ferroviaire dans la gare immortalisée par Monet n’était évidemment pas envisageable. », conclut Le Monde.
Convaincu du contraire, je ne serai pas tranquille lorsque ces nouveaux trains seront mis en service.
Voyager côté couloir et dans le sens opposé à la marche deviendra impératif. C’est déjà ce que je fais dans les trains qui se croisent à l’aise. J’espère que dans les trains de Morin ces places ne seront pas prises d’assaut.
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Munir les sièges d’une ceinture de sécurité, une idée que je lance
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Impossible d’acheter des trains Alsthom à étage, a précisé Morin. Ils sont moins larges mais ils ne passeraient pas dans les tunnels de la gare de Rouen.
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Il faut se rendre à l’évidence (comme on dit), l’expression « con comme une valise sans poignée » n’a pas été remplacée par « con comme une valise sans roulettes ».
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Je songeais à ça l’autre mercredi à la gare de Rouen en regardant un quidam qui voyageait à l’ancienne, avec une valise à poignée.
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« Voyager c'est découvrir que tout le monde a tort « ai-je lu samedi dernier au stand de Joseph Trotta sur le Clos Saint-Marc en quatrième de couverture du Tour du monde d’un sceptique d’Aldous Huxley (Petite Bibliothèque Payot).
J’achèterai ce livre quand je le trouverai à un euro.
15 novembre 2016
Le public est inhabituel ce samedi soir à l’Opéra de Rouen, le Conservatoire à Rayonnement Régional y donne sa soirée d’ouverture, Parade satierik, début d’une semaine consacrée à Erik Satie dont c’est le cent cinquante anniversaire de la naissance.
Le placement étant libre, je m’offre un bon fauteuil de corbeille et à la lecture du programme constate que ce sera avant tout de la danse, la musique étant reléguée dans la fosse. Elle sera jouée par l’Orchestre Symphonique Franco-Allemand qui mêle des musicien(ne)s de l’Orchestre Pro Artibus de Hanovre et de l’Orchestre Symphonique du Conservatoire de Rouen. À la direction musicale se succéderont Hans-Christian Euler et Claude Brendel..
En effet, c’est le cinquantième anniversaire du jumelage Rouen Hanovre. Cela nous vaut un double discours du Maire de Rouen et du Bourgmestre de Hanovre. Entre les deux hommes, une sténo-interprète s’active à la compréhension mutuelle. Claude Brendel qui est aussi le nouveau Directeur du Conservatoire assure sa propre traduction.
C’est d’abord un pas de deux sur la Première Gymnopédie d’Erik Satie orchestrée par Claude Debussy, puis une évolution de groupe sur La Création du monde de Darius Milhaud avec déboulage dans la salle ce qui me vaut au passage un bisou virtuel d’une jolie demoiselle, puis une chorégraphie trop néo classique à mon goût sur la Pastorale d’été d’Arthur Honegger et enfin Parade d’Erik Satie avec un cheval bien réussi dans lequel se cachent deux filles.
Finalement, je passe quand même une bonne soirée, d’autant que contrairement à ce qui se passe régulièrement à l’Opéra de Rouen, dans ce public attentif, moutards y compris, aucune toux ne vient troubler l’écoute.
*
Impossible encore une fois pour moi de voir un amoncellement de corps sur scène, comme c’est le cas ce soir au début de La Création du monde, sans songer à ceux du Bataclan.
Demain, cela fera un an.
*
France Culture toujours sinistrée par les bondieuseries le dimanche matin. Encore plus qu’avant depuis qu’a été ajoutée au programme une émission consacrée à l’islam. J’essaie France Musique. On y passe de la musique liturgique. Tentons France Inter. On y donne les résultats sportifs.
*
Ecœuré(e)s sont les ami(e)s américain(e)s de celle grâce à qui j’ai séjourné à New York. Certain(e)s s’emploient à changer de banque ou de fournisseur d’énergie, les leurs ayant soutenu Trump en loucedé.
Le placement étant libre, je m’offre un bon fauteuil de corbeille et à la lecture du programme constate que ce sera avant tout de la danse, la musique étant reléguée dans la fosse. Elle sera jouée par l’Orchestre Symphonique Franco-Allemand qui mêle des musicien(ne)s de l’Orchestre Pro Artibus de Hanovre et de l’Orchestre Symphonique du Conservatoire de Rouen. À la direction musicale se succéderont Hans-Christian Euler et Claude Brendel..
En effet, c’est le cinquantième anniversaire du jumelage Rouen Hanovre. Cela nous vaut un double discours du Maire de Rouen et du Bourgmestre de Hanovre. Entre les deux hommes, une sténo-interprète s’active à la compréhension mutuelle. Claude Brendel qui est aussi le nouveau Directeur du Conservatoire assure sa propre traduction.
C’est d’abord un pas de deux sur la Première Gymnopédie d’Erik Satie orchestrée par Claude Debussy, puis une évolution de groupe sur La Création du monde de Darius Milhaud avec déboulage dans la salle ce qui me vaut au passage un bisou virtuel d’une jolie demoiselle, puis une chorégraphie trop néo classique à mon goût sur la Pastorale d’été d’Arthur Honegger et enfin Parade d’Erik Satie avec un cheval bien réussi dans lequel se cachent deux filles.
Finalement, je passe quand même une bonne soirée, d’autant que contrairement à ce qui se passe régulièrement à l’Opéra de Rouen, dans ce public attentif, moutards y compris, aucune toux ne vient troubler l’écoute.
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Impossible encore une fois pour moi de voir un amoncellement de corps sur scène, comme c’est le cas ce soir au début de La Création du monde, sans songer à ceux du Bataclan.
Demain, cela fera un an.
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France Culture toujours sinistrée par les bondieuseries le dimanche matin. Encore plus qu’avant depuis qu’a été ajoutée au programme une émission consacrée à l’islam. J’essaie France Musique. On y passe de la musique liturgique. Tentons France Inter. On y donne les résultats sportifs.
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Ecœuré(e)s sont les ami(e)s américain(e)s de celle grâce à qui j’ai séjourné à New York. Certain(e)s s’emploient à changer de banque ou de fournisseur d’énergie, les leurs ayant soutenu Trump en loucedé.
14 novembre 2016
Du soleil, du ciel bleu, l’après-midi du onze novembre incite à la promenade. Le chemin piétonnier qui longe le Robec jusqu’à Darnétal est tout indiqué. Au bout, dans les locaux de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie, les élèves sortant(e)s de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design Le Havre Rouen exposent. Celles et ceux qui étudiaient l’art dans les Hauts de Rouen et les autres qui étudiaient le disagne graphique au Havre sont ainsi réunis dans un troisième lieu. Ça donne un but au marcheur que je suis.
Près du ruisseau aux roues à aube je croise familles agglomérées, coureurs essoufflés, cyclistes pressés et branlotins inoccupés. L’atmosphère est automnale avec cancanements de colverts. A hauteur de l’Ecole d’Archi (comme on dit), je rejoins la route puis descends dans le parc en suivant les flèches Prenez soin de nous.
Un imposant vigile marqué Sécurité est devant la porte. Il me regarde passer sans rien me demander. La grande fille à talons de l’accueil fait de même. La salle est belle et vaste, très éclairée. Une musique lancinante sort d’un ordinateur qui diffuse une vidéo. Le soleil bas gêne pour la voir.
Je vais d’œuvre en œuvre. Le vigile me suit comme si on était dans un supermarché. La fille montre à quel point ma présence lui est indifférente et bidouille son téléphone. Ce que je vois m’intéresse peu, même les maquettes de livres dues aux disagneurs. Quand même, je m’arrête un moment devant les dessins de la série Mytho Logis signés Caroline Laguerre, en raison des textes qui accompagnent chacun d’entre eux.
J’en note deux :
« Le temps passe, je vois le soleil se lever, se coucher, je mens quand je dis que ça va. »
« C’est sûr que si tu n’aimes que toi, bah tu ne seras jamais jaloux. »
Souvent, dans les expos où je vais, le moindre bout de texte me paraît plus intéressant que les peintures, dessins, vidéos ou autres installations.
Du soleil, du ciel bleu, il y en a encore lorsque je reviens de ma promenade en cette après-midi de onze novembre, une journée attristée par la mort de Leonard Cohen.
« Je n'ai pas peur de la mort, ce sont les préliminaires qui m'inquiètent », avait-il déclaré dans un récent entretien.
*
Une idée de titre pour l’exposition des sortant(e)s de l’Esadhar l’an prochain : « Ce à quoi vous pouviez vous attendre ».
*
« Prenez soin de nous », le message sera entendu par les politicien(ne)s élu(e)s de Droite ou de Gauche. Appels à projet, subventions, résidences feront de ses débutant(e)s des représentants de l’art local officiel, comme le sont devenus beaucoup des précédent(e)s, les diplômé(e)s de disagne graphique ayant une chance d’échapper à cette malédiction.
Près du ruisseau aux roues à aube je croise familles agglomérées, coureurs essoufflés, cyclistes pressés et branlotins inoccupés. L’atmosphère est automnale avec cancanements de colverts. A hauteur de l’Ecole d’Archi (comme on dit), je rejoins la route puis descends dans le parc en suivant les flèches Prenez soin de nous.
Un imposant vigile marqué Sécurité est devant la porte. Il me regarde passer sans rien me demander. La grande fille à talons de l’accueil fait de même. La salle est belle et vaste, très éclairée. Une musique lancinante sort d’un ordinateur qui diffuse une vidéo. Le soleil bas gêne pour la voir.
Je vais d’œuvre en œuvre. Le vigile me suit comme si on était dans un supermarché. La fille montre à quel point ma présence lui est indifférente et bidouille son téléphone. Ce que je vois m’intéresse peu, même les maquettes de livres dues aux disagneurs. Quand même, je m’arrête un moment devant les dessins de la série Mytho Logis signés Caroline Laguerre, en raison des textes qui accompagnent chacun d’entre eux.
J’en note deux :
« Le temps passe, je vois le soleil se lever, se coucher, je mens quand je dis que ça va. »
« C’est sûr que si tu n’aimes que toi, bah tu ne seras jamais jaloux. »
Souvent, dans les expos où je vais, le moindre bout de texte me paraît plus intéressant que les peintures, dessins, vidéos ou autres installations.
Du soleil, du ciel bleu, il y en a encore lorsque je reviens de ma promenade en cette après-midi de onze novembre, une journée attristée par la mort de Leonard Cohen.
« Je n'ai pas peur de la mort, ce sont les préliminaires qui m'inquiètent », avait-il déclaré dans un récent entretien.
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Une idée de titre pour l’exposition des sortant(e)s de l’Esadhar l’an prochain : « Ce à quoi vous pouviez vous attendre ».
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« Prenez soin de nous », le message sera entendu par les politicien(ne)s élu(e)s de Droite ou de Gauche. Appels à projet, subventions, résidences feront de ses débutant(e)s des représentants de l’art local officiel, comme le sont devenus beaucoup des précédent(e)s, les diplômé(e)s de disagne graphique ayant une chance d’échapper à cette malédiction.
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