Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 juin 2024
Un orage hier vers dix-sept heures et ce vendredi matin un ciel tout bleu, c’est enfin le jour où je vais voir (revoir) le Fort de Keragan, dit aussi Fort Bloqué, et le « village » qui lui fait face, appelé Le Fort Bloqué, où, m’a appris l’ami Christian Degoutte, qui en connait un rayon sur les poètes, vivait Alain Jégou.
Pour rejoindre ce lieu-dit qui fait partie de la commune de Ploemeur, je prends le bus Té Trois, terminus Ploemeur Les Pins, et en descends à l’arrêt Kerjoël. Grâce à un autochtone, je déniche l’arrêt provisoire du bus Trente-Trois dont le terminus est Fort Bloqué. Je dois l’attendre quinze minutes mais il est prodigieusement à l’heure comme tous les bus et bateaux-bus de l’agglomération de Lorient.
Ce bus où je suis seul me dépose juste en face du Fort de Keragan. Cette forteresse construite sur la petite île de Keragan est accessible pédestrement à marée basse. C’est privé et à louer selon la saison entre deux mille et quatre mille euros la semaine. Un petit port à flot jouxte l’île. Pour l’heure, c’est marée haute.
Je marche le long de la côte jusqu’à trouver le Fournil de Fort Bloqué, lequel n’est qu’un dépôt de pains et pâtisseries mais cela me suffit. J’y achète, pour un euro dix, un pain au chocolat. A côté est le bar tabac Les Tamaris, vaste établissement doté d’une terrasse. Hélas, celle-ci est séparée de la mer par la route et un parquigne. Rien d’autre à voir que des voitures et le camion des éboueurs qui glandent à l’intérieur devant un café.
Je me situe entre Guidel Plages et Larmor-Plage. Je choisis de marcher vers cette dernière en me rapprochant ainsi de la Pointe du Courégant. Le chemin est plein de promesses, la mer est belle et les rochers bretons mais assez vite il faut longer la route et cela suffit à me décourager.
De retour au Tamaris, je m’offre un nouvel allongé à un euro quatre-vingts et lis un peu Proust et Céleste cependant que le ciel se couvre. De temps à autre passe un avion dans un bruit d’aéroport. Lann-Bihoué n’est pas loin.
Si je ne suis pas déçu par le Fort de Keragan, en revanche j’attendais plus du village de Fort Bloqué où le seul restaurant (avec vue sur les voitures) ne sert qu’à la carte et pour cher des plats courants.
Sous un ciel complètement gris, je rentre à Lorient avec le bus Trente-Trois de dix heures cinquante-six dont je descends à l’arrêt Fontaine Saint-Pierre où il est plus facile de récupérer le Té Trois. Passant devant Le Parisien avec ce dernier, je constate qu’on y installe, en vue des festivités de la soirée, des pompes à bière d’extérieur. Ce doit être la même chose au Wesport Inn et chez son voisin.
Ce n’est pas le genre du Vauban où je déjeune à midi de la formule du jour : couscous maison, quart de vin rouge et mousse au chocolat. Mes voisines sont trois et ont mon âge. « Je me souviens à La Garenne-Colombes, il y avait une brasserie dans ce genre-là », dit l’une aux deux autres.
Pas de pompes à bière d’extérieur non plus au Crème où je prends le café en terrasse, à une table plus ou moins ensoleillée car le temps s’est de nouveau amélioré. Le commerce voisin, Au Vent des Mots, est une très belle librairie où je n’ai aucune envie d’entrer.
Pas plus que, le soir venu, je n’ai envie de sortir. Ce vendredi, c’est Fête de la Musique et match de foute de l’Euro avec l’équipe de France, deux raisons de se pinter dans une région qui pour cela n’a besoin d’aucune.
*
Alain Jégou n’était pas seulement poète, c’était aussi un authentique marin pêcheur. Son bateau, immatriculé à Lorient, avait pour nom Ikaria. Il est mort d’un cancer en deux mille treize à l’âge de soixante-quatre ans.
Espace portuaire dorloté par la nuit. L’ombre maousse pèse sur l’avenue de La Perrière, les troquets aux quinquets fermés, les magasins de marée, la glacière, le slip-way et ses bassins de carénage. Pas ou peu de bruit encore, aucune agitation particulière, pas le tintouin excessif des nuits estivales. L’air est vif et glacial. Notre monde frémit et se recroqueville sous la botte hivernale. La vie la nuit se bourre d’étoupe, de silences grassouillets, pour colmater ses brèches et opposer sa frêle résistance aux vents perfides qui la pénètrent et malmènent. Halo orangé et brouillard givré pour seules nippes, envapé et groggy, le port se cherche un rythme pour l’éveil. Passe Ouest suivi d'IKARIA LO 686070, Editions Apogée
Pour rejoindre ce lieu-dit qui fait partie de la commune de Ploemeur, je prends le bus Té Trois, terminus Ploemeur Les Pins, et en descends à l’arrêt Kerjoël. Grâce à un autochtone, je déniche l’arrêt provisoire du bus Trente-Trois dont le terminus est Fort Bloqué. Je dois l’attendre quinze minutes mais il est prodigieusement à l’heure comme tous les bus et bateaux-bus de l’agglomération de Lorient.
Ce bus où je suis seul me dépose juste en face du Fort de Keragan. Cette forteresse construite sur la petite île de Keragan est accessible pédestrement à marée basse. C’est privé et à louer selon la saison entre deux mille et quatre mille euros la semaine. Un petit port à flot jouxte l’île. Pour l’heure, c’est marée haute.
Je marche le long de la côte jusqu’à trouver le Fournil de Fort Bloqué, lequel n’est qu’un dépôt de pains et pâtisseries mais cela me suffit. J’y achète, pour un euro dix, un pain au chocolat. A côté est le bar tabac Les Tamaris, vaste établissement doté d’une terrasse. Hélas, celle-ci est séparée de la mer par la route et un parquigne. Rien d’autre à voir que des voitures et le camion des éboueurs qui glandent à l’intérieur devant un café.
Je me situe entre Guidel Plages et Larmor-Plage. Je choisis de marcher vers cette dernière en me rapprochant ainsi de la Pointe du Courégant. Le chemin est plein de promesses, la mer est belle et les rochers bretons mais assez vite il faut longer la route et cela suffit à me décourager.
De retour au Tamaris, je m’offre un nouvel allongé à un euro quatre-vingts et lis un peu Proust et Céleste cependant que le ciel se couvre. De temps à autre passe un avion dans un bruit d’aéroport. Lann-Bihoué n’est pas loin.
Si je ne suis pas déçu par le Fort de Keragan, en revanche j’attendais plus du village de Fort Bloqué où le seul restaurant (avec vue sur les voitures) ne sert qu’à la carte et pour cher des plats courants.
Sous un ciel complètement gris, je rentre à Lorient avec le bus Trente-Trois de dix heures cinquante-six dont je descends à l’arrêt Fontaine Saint-Pierre où il est plus facile de récupérer le Té Trois. Passant devant Le Parisien avec ce dernier, je constate qu’on y installe, en vue des festivités de la soirée, des pompes à bière d’extérieur. Ce doit être la même chose au Wesport Inn et chez son voisin.
Ce n’est pas le genre du Vauban où je déjeune à midi de la formule du jour : couscous maison, quart de vin rouge et mousse au chocolat. Mes voisines sont trois et ont mon âge. « Je me souviens à La Garenne-Colombes, il y avait une brasserie dans ce genre-là », dit l’une aux deux autres.
Pas de pompes à bière d’extérieur non plus au Crème où je prends le café en terrasse, à une table plus ou moins ensoleillée car le temps s’est de nouveau amélioré. Le commerce voisin, Au Vent des Mots, est une très belle librairie où je n’ai aucune envie d’entrer.
Pas plus que, le soir venu, je n’ai envie de sortir. Ce vendredi, c’est Fête de la Musique et match de foute de l’Euro avec l’équipe de France, deux raisons de se pinter dans une région qui pour cela n’a besoin d’aucune.
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Alain Jégou n’était pas seulement poète, c’était aussi un authentique marin pêcheur. Son bateau, immatriculé à Lorient, avait pour nom Ikaria. Il est mort d’un cancer en deux mille treize à l’âge de soixante-quatre ans.
Espace portuaire dorloté par la nuit. L’ombre maousse pèse sur l’avenue de La Perrière, les troquets aux quinquets fermés, les magasins de marée, la glacière, le slip-way et ses bassins de carénage. Pas ou peu de bruit encore, aucune agitation particulière, pas le tintouin excessif des nuits estivales. L’air est vif et glacial. Notre monde frémit et se recroqueville sous la botte hivernale. La vie la nuit se bourre d’étoupe, de silences grassouillets, pour colmater ses brèches et opposer sa frêle résistance aux vents perfides qui la pénètrent et malmènent. Halo orangé et brouillard givré pour seules nippes, envapé et groggy, le port se cherche un rythme pour l’éveil. Passe Ouest suivi d'IKARIA LO 686070, Editions Apogée
21 juin 2024
J’hésite, du mauvais temps est annoncé mais le ciel est un peu bleu vers sept heures ce jeudi. Alors aller ou non à Fort-Bloqué ? Je joue la prudence et prends une nouvelle fois le bateau-bus pour Port-Louis.
A l’arrivée à La Pointe, c’est le beau temps. Un passage à la boulangerie du rempart et me voici chauffé par le soleil à la terrasse du Penalty où il y a suffisamment de tables pour que je m’attarde avec Proust et Céleste. D’ailleurs, les habitués de la première heure vont à l’intérieur, même s’ils doivent ressortir pour fumer debout près de la porte. Ce sont les habitués de la deuxième heure qui restent à l’extérieur, ayant des professions qui autorisent à traîner au soleil avant de s’y mettre. Ici aussi, quand des collégiens te disent bonjour en passant, ce n’est pas pour se foutre de ta gueule.
Un peu après neuf heures, v’là les nuages qui se ramènent. Je descends la Grande Rue sur toute sa longueur et zone au lieu-dit Les Pâtis, vaste pelouse limitée par les remparts entre le bourg et la Citadelle. A dix heures, je rejoins cette dernière dans l’espoir d’entrer dans la cour intérieure, à défaut de visiter les Musées.
Devant la porte orange encore fermée se tiennent des classes de lycéens. Lorsque celle-ci s’ouvre, ils sont accueillis fraîchement. Ils ont intérêt à se calmer, on a eu de mauvaises expériences avec des groupes scolaires et après les particuliers se plaignent. C’est un terrain militaire ici alors pas de chahut et du silence. « Vous êtes sous la responsabilité de vos professeurs. » Pareil pour les toilettes, pas de bataille d’eau comme on a eu récemment.
Quand ils sont entrés, je demande à l’aboyeuse si on peut voir la cour intérieure sans visiter les Musées. Ce n’est pas possible. Il me reste à regagner l’embarcadère. Au-dessus de Port-Louis, le ciel est noir d’encre. En face à Lorient, ce n’est que gris. Je vois ça du toit de la Capitainerie où l’on peut accéder sans payer.
A midi, j’innove en déjeunant au Parm presque au bout de la rue du Port, un endroit un peu chic à la décoration lumineuse, style café blanc d’Amsterdam. La formule du jour à seize euros quatre-vingt-dix propose un pain de viande de veau frites salade et une mousse au chocolat. On y entend Françoise Hardy, ses chansons premières et ses chansons suivantes. Oh oh chéri Ton meilleur ami C’est à l’amour auquel je pense, ce sont vraiment les premières que j’aime. Les suivantes moins, à cause des orchestrations sophistiquées. C’est cette après-midi que ses obsèques ont lieu au Père Lachaise.
*
À Port-Louis, un solide hôtel au centre du bourg, nommé La Citadelle, et une élégante bâtisse Art Nouveau rouge et blanche près de l’église, nommée Villa Saint-Jean.
*
« De toute façon, ce sera le bordel. » (une grand-mère à sa petite fille, huit ans avec des béquilles, place Alsace-Lorraine à Lorient, à propos des suites de l’Election Législative)
*
Des nuits calmes dans mon Air Bibi. Quatre appartements sur deux étages. Ils doivent tous appartenir à mon jeune et aimable logeur qui habite peut-être l’un du premier étage. Je l’ai croisé deux fois. Les autres sont à boîtes à clés, pas souvent occupés et par des discrets. Peu de passage dans la rue la nuit, sauf en fin de semaine quand s’y succèdent des groupes de jeunes imbibés braillards. Je ne les entends que si je ne dors pas.
A l’arrivée à La Pointe, c’est le beau temps. Un passage à la boulangerie du rempart et me voici chauffé par le soleil à la terrasse du Penalty où il y a suffisamment de tables pour que je m’attarde avec Proust et Céleste. D’ailleurs, les habitués de la première heure vont à l’intérieur, même s’ils doivent ressortir pour fumer debout près de la porte. Ce sont les habitués de la deuxième heure qui restent à l’extérieur, ayant des professions qui autorisent à traîner au soleil avant de s’y mettre. Ici aussi, quand des collégiens te disent bonjour en passant, ce n’est pas pour se foutre de ta gueule.
Un peu après neuf heures, v’là les nuages qui se ramènent. Je descends la Grande Rue sur toute sa longueur et zone au lieu-dit Les Pâtis, vaste pelouse limitée par les remparts entre le bourg et la Citadelle. A dix heures, je rejoins cette dernière dans l’espoir d’entrer dans la cour intérieure, à défaut de visiter les Musées.
Devant la porte orange encore fermée se tiennent des classes de lycéens. Lorsque celle-ci s’ouvre, ils sont accueillis fraîchement. Ils ont intérêt à se calmer, on a eu de mauvaises expériences avec des groupes scolaires et après les particuliers se plaignent. C’est un terrain militaire ici alors pas de chahut et du silence. « Vous êtes sous la responsabilité de vos professeurs. » Pareil pour les toilettes, pas de bataille d’eau comme on a eu récemment.
Quand ils sont entrés, je demande à l’aboyeuse si on peut voir la cour intérieure sans visiter les Musées. Ce n’est pas possible. Il me reste à regagner l’embarcadère. Au-dessus de Port-Louis, le ciel est noir d’encre. En face à Lorient, ce n’est que gris. Je vois ça du toit de la Capitainerie où l’on peut accéder sans payer.
A midi, j’innove en déjeunant au Parm presque au bout de la rue du Port, un endroit un peu chic à la décoration lumineuse, style café blanc d’Amsterdam. La formule du jour à seize euros quatre-vingt-dix propose un pain de viande de veau frites salade et une mousse au chocolat. On y entend Françoise Hardy, ses chansons premières et ses chansons suivantes. Oh oh chéri Ton meilleur ami C’est à l’amour auquel je pense, ce sont vraiment les premières que j’aime. Les suivantes moins, à cause des orchestrations sophistiquées. C’est cette après-midi que ses obsèques ont lieu au Père Lachaise.
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À Port-Louis, un solide hôtel au centre du bourg, nommé La Citadelle, et une élégante bâtisse Art Nouveau rouge et blanche près de l’église, nommée Villa Saint-Jean.
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« De toute façon, ce sera le bordel. » (une grand-mère à sa petite fille, huit ans avec des béquilles, place Alsace-Lorraine à Lorient, à propos des suites de l’Election Législative)
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Des nuits calmes dans mon Air Bibi. Quatre appartements sur deux étages. Ils doivent tous appartenir à mon jeune et aimable logeur qui habite peut-être l’un du premier étage. Je l’ai croisé deux fois. Les autres sont à boîtes à clés, pas souvent occupés et par des discrets. Peu de passage dans la rue la nuit, sauf en fin de semaine quand s’y succèdent des groupes de jeunes imbibés braillards. Je ne les entends que si je ne dors pas.
20 juin 2024
Pluies éparses, risque d’orage, la météo ne manque pas d’arguments pour m’inciter à surseoir à mon prochain objectif : Fort Bloqué. Néanmoins, je ne reste pas bloqué à Lorient optant pour une nouvelle matinée à Lomener dont je ne me lasse pas. Pour ce faire je prends le bus Té Quatre jusqu’à son terminus, Pen Palud, après passage à la boulangerie Le Goff où me sert une très belle vendeuse noire et au Parisien où l’on parle d’immobilier « Moi j’aurais pas mis ce prix-là mais Lomener est super super coté. »
Encore une fois, je suis le seul à descendre du bus au terminus. Il souffle un petit vent froid qui m’oblige à l’intérieur du Moulin Vert dans lequel certains télé-travaillent déjà. Les membres de la bourgeoisie locale se relaient pour boire le café et parlent de Macron. « Il arrive à décevoir les gens les plus modérés. » « Il n’aurait jamais dû faire ça, c’est une absurdité totale. » Je lis Proust et Céleste de Christian Péchenard un œil sur le port où ça ne bouge guère.
Deux sœurs se sont installées à ma droite. Soudain l’une s’excite : « Y a un mec connu là-bas », dit-elle à l’autre. « Il a joué dans Marseille et dans un truc de colonie de vacances. » Elle parle d’un homme assis en terrasse à la place que j’occupe habituellement, un brun dans le genre ténébreux avec des lunettes et des cheveux un peu longs coiffés en arrière. « Nous, ça fait longtemps qu’on le voit ici donc on n’y fait plus attention, dit la patronne à ces deux filles, mais oui c’est bien lui ». « Il n’est pas si célèbre que ça, ajoute-t-elle, il y a plein de gens qui ne le reconnaissent pas. » J’en suis un bon exemple, pour la raison que je n’ai jamais regardé une série.
A onze heures trente, je reprends le bus Té Quatre et en descends à Larmor-Plage afin de déjeuner en bord de mer. Je choisis la terrasse abritée de La Potinière. Un menu à dix-huit euros quatre-vingt-dix y est proposé : tartare de thon, filet mignon, coupe spéculoos. A peine ai-je commencé à manger qu’une énorme drache s’abat sur le toit. Côté voisinage, c’est assez beauf « On est allé à Carnac il y a deux ans, on s’est retrouvé bloqués dans les toilettes des menhirs. » Côté nourriture, c’est mieux que ce à quoi je m’attendais et c’est servi rapidement.
Cela me permet d’être à l’arrêt de bus Larmor-Plage Centre pour attendre, abrité de la pluie, celui de treize heures six. En chemin, il s’emplit de lycéen(ne)s qui vont passer l’épreuve de mathématiques du bac.
*
Christian Péchenard était un avocat proustien. Il écrivait bien, avec une bonne dose d’ironie. Extraits de Proust et son père :
Saint-Augustin est le chef-d’œuvre de Baltard, architecte qui n’est devenu célèbre que lorsqu’on a détruit les pavillons des Halles construit sur ses plans, gloire doublement posthume qui exige la disparition de l’artiste et de son travail, image très proustienne de la création.
Les tortillards ont la coquetterie de ne prendre des allures de rapide que pendant leurs arrêts ; « deux minutes » : cette annonce plonge le voyageur dans l’angoisse.
La première fois que Marcel Proust est sorti tout seul, c’était à Illiers pour aller chercher du sel à l’épicerie Legue dont la maison était juste à côté de celle de Jules. Et cet évènement est mondialement connu.
La médecine a fait beaucoup de progrès. Pas la littérature. Les malades que nous sommes ou que nous allons être doivent pourtant se féliciter que les sciences thérapeutiques n’aient pas suivi le chemin qui conduit de Hésiode à Isou.
Encore une fois, je suis le seul à descendre du bus au terminus. Il souffle un petit vent froid qui m’oblige à l’intérieur du Moulin Vert dans lequel certains télé-travaillent déjà. Les membres de la bourgeoisie locale se relaient pour boire le café et parlent de Macron. « Il arrive à décevoir les gens les plus modérés. » « Il n’aurait jamais dû faire ça, c’est une absurdité totale. » Je lis Proust et Céleste de Christian Péchenard un œil sur le port où ça ne bouge guère.
Deux sœurs se sont installées à ma droite. Soudain l’une s’excite : « Y a un mec connu là-bas », dit-elle à l’autre. « Il a joué dans Marseille et dans un truc de colonie de vacances. » Elle parle d’un homme assis en terrasse à la place que j’occupe habituellement, un brun dans le genre ténébreux avec des lunettes et des cheveux un peu longs coiffés en arrière. « Nous, ça fait longtemps qu’on le voit ici donc on n’y fait plus attention, dit la patronne à ces deux filles, mais oui c’est bien lui ». « Il n’est pas si célèbre que ça, ajoute-t-elle, il y a plein de gens qui ne le reconnaissent pas. » J’en suis un bon exemple, pour la raison que je n’ai jamais regardé une série.
A onze heures trente, je reprends le bus Té Quatre et en descends à Larmor-Plage afin de déjeuner en bord de mer. Je choisis la terrasse abritée de La Potinière. Un menu à dix-huit euros quatre-vingt-dix y est proposé : tartare de thon, filet mignon, coupe spéculoos. A peine ai-je commencé à manger qu’une énorme drache s’abat sur le toit. Côté voisinage, c’est assez beauf « On est allé à Carnac il y a deux ans, on s’est retrouvé bloqués dans les toilettes des menhirs. » Côté nourriture, c’est mieux que ce à quoi je m’attendais et c’est servi rapidement.
Cela me permet d’être à l’arrêt de bus Larmor-Plage Centre pour attendre, abrité de la pluie, celui de treize heures six. En chemin, il s’emplit de lycéen(ne)s qui vont passer l’épreuve de mathématiques du bac.
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Christian Péchenard était un avocat proustien. Il écrivait bien, avec une bonne dose d’ironie. Extraits de Proust et son père :
Saint-Augustin est le chef-d’œuvre de Baltard, architecte qui n’est devenu célèbre que lorsqu’on a détruit les pavillons des Halles construit sur ses plans, gloire doublement posthume qui exige la disparition de l’artiste et de son travail, image très proustienne de la création.
Les tortillards ont la coquetterie de ne prendre des allures de rapide que pendant leurs arrêts ; « deux minutes » : cette annonce plonge le voyageur dans l’angoisse.
La première fois que Marcel Proust est sorti tout seul, c’était à Illiers pour aller chercher du sel à l’épicerie Legue dont la maison était juste à côté de celle de Jules. Et cet évènement est mondialement connu.
La médecine a fait beaucoup de progrès. Pas la littérature. Les malades que nous sommes ou que nous allons être doivent pourtant se féliciter que les sciences thérapeutiques n’aient pas suivi le chemin qui conduit de Hésiode à Isou.
19 juin 2024
De la pluie à Lorient et presque pas à Port-Louis où me dépose le bateau-bus. La boulangère du rempart n’est plus en vacances. Je lui achète un pain au chocolat et rejoins Le Penalty et je bois l’allongé à l’intérieur. Au comptoir, on cause d’Orléans « C’est joli Orléans. On est allé boire un coup dans une péniche sur la Loire. On a eu des orages samedi dimanche, putain ! » Trois tables seulement à l’intérieur du Penalty, ce n’est pas un endroit où je peux m’attarder.
Heureusement il ne pleut plus du tout quand je sors. Aussi je me hasarde dans les rues intérieures du bourg en direction de Locmalo. J’y trouve un lavoir, le lavoir de Locmalo, géométrique et à sec. Arrivé au Port j’assiste au départ du bateau-bus pour Gâvres. Je suis absolument seul sur la digue, pas même un pêcheur. Le bâtiment remarquable de Locmalo est son ancienne Criée que je parviens à photographier sans voiture devant. Je ne peux malheureusement pas éviter les panneaux électoraux. On y a voté. On y votera. Cette exploration de Locmalo faite, je reviens au centre du bourg par la Promenade du Lohic.
A l’angle de la Grande Rue et de la rue de la Marine, je peux m’asseoir avec un café à la terrasse de La Civette après que le sympathique serveur a épongé la table et surtout la chaise. Je reprends là la lecture de Proust et Céleste.
Il est dix heures quinze quand je lève le camp sous les nuages menaçants. Direction l’embarcadère de la Pointe où j’ai droit à un rappel inopiné de mon passé. Trois classes maternelles qui n’ont pas choisi le meilleur jour pour pique-niquer à Port-Louis viennent de descendre du bateau-bus.
Rentré à Lorient, je vais déjeuner au Westport Inn : tartelette savoyarde, papillote de lieu noir aux petits légumes et clafoutis aux pêches avec glace pêche de vigne. Cette fois ce n’est pas mon dessert que j’attends trop mais l’accès à la caisse par la faute d’un groupe de douze où chacun paye séparément. Quelle plaie ces gens qui ne savent pas vivre les uns sans les autres mais qui n’entendent rien partager.
Pour le café, je choisis l’intérieur de la belle brasserie Le Vauban où il ne coûte qu’un euro soixante. J’y étudie la suite, comment aller à certains endroits que je vise dès que le temps s’améliorera. Pas sur l’île de Groix. Trop grande et pas de transports en commun adaptés. C’est ce que l’expérience m’a appris. Le joli Port-Tudy où l’on débarque, j’y ai logé dans un petit hôtel avec l’une qui me tenait la main. Ensuite on peut monter à pied au bourg situé dans l’intérieur mais quand on y est, on se demande ce qu’on fait là. Le reste de l’île est trop loin donc inaccessible, sauf à louer une bicyclette, ce dont je n’ai aucune envie.
Heureusement il ne pleut plus du tout quand je sors. Aussi je me hasarde dans les rues intérieures du bourg en direction de Locmalo. J’y trouve un lavoir, le lavoir de Locmalo, géométrique et à sec. Arrivé au Port j’assiste au départ du bateau-bus pour Gâvres. Je suis absolument seul sur la digue, pas même un pêcheur. Le bâtiment remarquable de Locmalo est son ancienne Criée que je parviens à photographier sans voiture devant. Je ne peux malheureusement pas éviter les panneaux électoraux. On y a voté. On y votera. Cette exploration de Locmalo faite, je reviens au centre du bourg par la Promenade du Lohic.
A l’angle de la Grande Rue et de la rue de la Marine, je peux m’asseoir avec un café à la terrasse de La Civette après que le sympathique serveur a épongé la table et surtout la chaise. Je reprends là la lecture de Proust et Céleste.
Il est dix heures quinze quand je lève le camp sous les nuages menaçants. Direction l’embarcadère de la Pointe où j’ai droit à un rappel inopiné de mon passé. Trois classes maternelles qui n’ont pas choisi le meilleur jour pour pique-niquer à Port-Louis viennent de descendre du bateau-bus.
Rentré à Lorient, je vais déjeuner au Westport Inn : tartelette savoyarde, papillote de lieu noir aux petits légumes et clafoutis aux pêches avec glace pêche de vigne. Cette fois ce n’est pas mon dessert que j’attends trop mais l’accès à la caisse par la faute d’un groupe de douze où chacun paye séparément. Quelle plaie ces gens qui ne savent pas vivre les uns sans les autres mais qui n’entendent rien partager.
Pour le café, je choisis l’intérieur de la belle brasserie Le Vauban où il ne coûte qu’un euro soixante. J’y étudie la suite, comment aller à certains endroits que je vise dès que le temps s’améliorera. Pas sur l’île de Groix. Trop grande et pas de transports en commun adaptés. C’est ce que l’expérience m’a appris. Le joli Port-Tudy où l’on débarque, j’y ai logé dans un petit hôtel avec l’une qui me tenait la main. Ensuite on peut monter à pied au bourg situé dans l’intérieur mais quand on y est, on se demande ce qu’on fait là. Le reste de l’île est trop loin donc inaccessible, sauf à louer une bicyclette, ce dont je n’ai aucune envie.
18 juin 2024
Précipitations annoncées pour ce lundi alors pas de précipitation, j’attends huit heures pour sortir, pain au chocolat chez Le Goff et allongé au Parisien. « Moi clairement, le Smic à mille six cents euros, je ne peux pas, je serais obligé de licencier », dit le patron à un habitué. Son inquiétude n’a pas lieu d’être. Il est exclu que le Nouveau Front Populaire ait la majorité à l’Assemblée Nationale et donc son programme, c’est de la fiction.
Je prends le Té Quatre de huit heures trente pour Lomener. L’autocar est un moyen de transport éminemment proustien. Il tient de l’aéroplane et de la bicyclette et déplace lentement le voyageur au-dessus des enclos et des bocages. Les murs, les haies ne sont plus des obstacles. Le regard porte au-delà, là où se mêlent les pâturages et la mer, les arbres et les vagues. écrit Christian Péchenard dans Proust à Cabourg. Il en est ainsi de l’autobus Té Quatre quand il quitte la ville.
Une éclaircie inespérée à l’arrivée, dont je profite pour un café de bord de plage au Moulin Vert. Des retraités marcheurs à bâtons s’apprêtent à prendre le bateau pour se faire dracher sur l’île de Groix. Je m’attends presque à découvrir ma sœur parmi eux. Pourtant, je sais que c’est dans la presqu’île de Crozon qu’elle dépense son énergie en compagnie de son mari.
A dix heures et quart, il commence à pleuvoir. Sur la plage, des garçons venus de je ne sais où se rhabillent après une courageuse baignade. Je migre à l’intérieur de la brasserie qui ne manque pas de charme avec ses puits de lumière entourés de végétation tombante. C’est là que je termine Proust et son père.
Quand la pluie cesse, je marche jusqu’au bout de la digue. Elle est en principe interdite pour cause de détérioration mais la barrière a été mise de côté. Cette digue est un spot pour les photographes lors des tempêtes. L’un d’eux, Jean Libert, y a même saisi une dame blanche. Si lui la voit sur sa photo, pas moi.
Pour attendre midi, je vais m’asseoir sur un banc face au Port. A peine y suis-je qu’arrive un homme qui me demande s’il peut. Je lui fais de la place et ça ne loupe pas, il sort son téléphone et raconte qu’il a plu et qu’il ne pleut plus et cela de plus en plus fort. Je me lève en maugréant et vais m’asseoir plus loin sur le rebord en pierre. Une femme s’installe à deux mètres de moi. « J’espère que vous n’allez pas téléphoner », lui dis-je et je lui raconte l’autre abruti. On parle ensuite de la situation actuelle. Soudain arrive l’abruti. C’est un ami à elle. Il me dit qu’il s’excuse etc. Je lui réponds que c’était avant qu’il fallait prendre en considération son voisin puis je souhaite une bonne journée à la femme et entre au Moulin Vert pour déjeuner.
Dans le menu de la semaine, je choisis l’entrée plat à vingt-deux euros : wrap au saumon fumé, tzatziki, sucrine, perles de yuzu et pastilla de noix de joues de bœuf semoule au raisin, tajine de légumes. C’est fort bon. J’ai à tribord le marché hebdomadaire qui n’attire pas la foule et droit devant le Port. Entre ce dernier et moi, la table d’une famille où la mère sort son gros sein pour allaiter le petit dernier. Heureusement, elle me tourne le dos et je ne vois rien.
Je bois le café bien abrité de la pluie qui a repris sous l’auvent du Baradoz, le troquet du pays (un euro soixante). « Le temps n’est pas propice », se lamentent des commerçants du marché qui dépensent une partie de leur bénéfice dans des pintes à la table d’à côté. C’est ici que, sans changer de livre, je commence Proust et Céleste.
*
Notre-Dame de la Garde, l’église de Lomener, est une ancienne conserverie à sardines, apprends-je du panneau explicatif sur le trottoir d’en face.
Je prends le Té Quatre de huit heures trente pour Lomener. L’autocar est un moyen de transport éminemment proustien. Il tient de l’aéroplane et de la bicyclette et déplace lentement le voyageur au-dessus des enclos et des bocages. Les murs, les haies ne sont plus des obstacles. Le regard porte au-delà, là où se mêlent les pâturages et la mer, les arbres et les vagues. écrit Christian Péchenard dans Proust à Cabourg. Il en est ainsi de l’autobus Té Quatre quand il quitte la ville.
Une éclaircie inespérée à l’arrivée, dont je profite pour un café de bord de plage au Moulin Vert. Des retraités marcheurs à bâtons s’apprêtent à prendre le bateau pour se faire dracher sur l’île de Groix. Je m’attends presque à découvrir ma sœur parmi eux. Pourtant, je sais que c’est dans la presqu’île de Crozon qu’elle dépense son énergie en compagnie de son mari.
A dix heures et quart, il commence à pleuvoir. Sur la plage, des garçons venus de je ne sais où se rhabillent après une courageuse baignade. Je migre à l’intérieur de la brasserie qui ne manque pas de charme avec ses puits de lumière entourés de végétation tombante. C’est là que je termine Proust et son père.
Quand la pluie cesse, je marche jusqu’au bout de la digue. Elle est en principe interdite pour cause de détérioration mais la barrière a été mise de côté. Cette digue est un spot pour les photographes lors des tempêtes. L’un d’eux, Jean Libert, y a même saisi une dame blanche. Si lui la voit sur sa photo, pas moi.
Pour attendre midi, je vais m’asseoir sur un banc face au Port. A peine y suis-je qu’arrive un homme qui me demande s’il peut. Je lui fais de la place et ça ne loupe pas, il sort son téléphone et raconte qu’il a plu et qu’il ne pleut plus et cela de plus en plus fort. Je me lève en maugréant et vais m’asseoir plus loin sur le rebord en pierre. Une femme s’installe à deux mètres de moi. « J’espère que vous n’allez pas téléphoner », lui dis-je et je lui raconte l’autre abruti. On parle ensuite de la situation actuelle. Soudain arrive l’abruti. C’est un ami à elle. Il me dit qu’il s’excuse etc. Je lui réponds que c’était avant qu’il fallait prendre en considération son voisin puis je souhaite une bonne journée à la femme et entre au Moulin Vert pour déjeuner.
Dans le menu de la semaine, je choisis l’entrée plat à vingt-deux euros : wrap au saumon fumé, tzatziki, sucrine, perles de yuzu et pastilla de noix de joues de bœuf semoule au raisin, tajine de légumes. C’est fort bon. J’ai à tribord le marché hebdomadaire qui n’attire pas la foule et droit devant le Port. Entre ce dernier et moi, la table d’une famille où la mère sort son gros sein pour allaiter le petit dernier. Heureusement, elle me tourne le dos et je ne vois rien.
Je bois le café bien abrité de la pluie qui a repris sous l’auvent du Baradoz, le troquet du pays (un euro soixante). « Le temps n’est pas propice », se lamentent des commerçants du marché qui dépensent une partie de leur bénéfice dans des pintes à la table d’à côté. C’est ici que, sans changer de livre, je commence Proust et Céleste.
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Notre-Dame de la Garde, l’église de Lomener, est une ancienne conserverie à sardines, apprends-je du panneau explicatif sur le trottoir d’en face.
17 juin 2024
Ce dimanche, mon petit-déjeuner se déroule encore une fois debout aux Halles de Merville puis je monte dans le premier bus Té Quatre, celui de neuf heures dix-sept, direction Lomener, un endroit avec suffisamment de ressources pour contrer les incertitudes de la météo. A l’arrivée, je m’offre un café lecture au Moulin Vert.
Le dimanche à Lomener tout est ouvert mais tout est déjà réservé. En plus aujourd’hui c’est la Fête des Pères, me rappelle la souriante gérante de Côté Mer où l’on a vue sur la mer. Il reste les quelques tables de sa terrasse sous un auvent mais soumises au petit vent. Cela me va. Je choisis la pizza Vesuvio (tomate mozzarella poivron viande hachée chorizo oignon) à quinze euros, fort bonne, que j’accompagne d’un verre de chardonnay à trois euros soixante.
Le dessert je l’achète à la boulangerie. Un petit kouign-amann à deux euros cinquante que l’aimable boulangère me réchauffe dans sa cuisine. Je le mange avec un café au Moulin Vert, à ma table habituelle miraculeusement libre.
Le dimanche à Lomener, les moutards se répandent. On appelle en vain son Octave. On crie après son Oscar. Y aurait-il eu une année des prénoms en O, comme pour les noms des chevaux ?
En remontant vers l’arrêt de bus Pen Palud, je passe prés de la chapelle Notre Dame de la Garde. Elle a l’aspect d’une grange dîmière. Des notes d’instruments à cordes s’en échappent, provenant de la répétition d’un concert qui va y être donné ce soir.
De retour à Lorient dans mon studio Air Bibi, je m’étonne d’être aussi fatigué. Je ne fais pourtant pas grand-chose de mes journées.
*
Près des Halles de Merville passe une drôle de bicyclette où à la place des pédales ce sont des sortes de skis sur lesquels on appuie alternativement.
Il faisait du vélo debout (air connu).
*
Lomener, un huit ans qui sait à quoi s’attendre : « Comme tu m’achèteras une glace si je mets les pieds dans l’eau. »
*
J’entends ceux qui disent qu’ils vont retourner voter alors qu’ils ne le faisaient plus. J’entends ceux qui disent qu’ils vont voter par procuration. J’entends ceux qui incitent les autres à aller voter. Ils veulent faire obstacle (comme ils disent) au Rassemblement National.
Pourtant plus la participation sera importante, plus il sera facile à une troisième liste d’obtenir douze et demi pour cent des inscrits et d’ainsi se maintenir au deuxième tour. Et deux listes face à l’Extrême-Droite, ça donne plus de chance à celle-ci de gagner. Il est des circonscriptions où il serait sage de s’abstenir au premier tour.
Le dimanche à Lomener tout est ouvert mais tout est déjà réservé. En plus aujourd’hui c’est la Fête des Pères, me rappelle la souriante gérante de Côté Mer où l’on a vue sur la mer. Il reste les quelques tables de sa terrasse sous un auvent mais soumises au petit vent. Cela me va. Je choisis la pizza Vesuvio (tomate mozzarella poivron viande hachée chorizo oignon) à quinze euros, fort bonne, que j’accompagne d’un verre de chardonnay à trois euros soixante.
Le dessert je l’achète à la boulangerie. Un petit kouign-amann à deux euros cinquante que l’aimable boulangère me réchauffe dans sa cuisine. Je le mange avec un café au Moulin Vert, à ma table habituelle miraculeusement libre.
Le dimanche à Lomener, les moutards se répandent. On appelle en vain son Octave. On crie après son Oscar. Y aurait-il eu une année des prénoms en O, comme pour les noms des chevaux ?
En remontant vers l’arrêt de bus Pen Palud, je passe prés de la chapelle Notre Dame de la Garde. Elle a l’aspect d’une grange dîmière. Des notes d’instruments à cordes s’en échappent, provenant de la répétition d’un concert qui va y être donné ce soir.
De retour à Lorient dans mon studio Air Bibi, je m’étonne d’être aussi fatigué. Je ne fais pourtant pas grand-chose de mes journées.
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Près des Halles de Merville passe une drôle de bicyclette où à la place des pédales ce sont des sortes de skis sur lesquels on appuie alternativement.
Il faisait du vélo debout (air connu).
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Lomener, un huit ans qui sait à quoi s’attendre : « Comme tu m’achèteras une glace si je mets les pieds dans l’eau. »
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J’entends ceux qui disent qu’ils vont retourner voter alors qu’ils ne le faisaient plus. J’entends ceux qui disent qu’ils vont voter par procuration. J’entends ceux qui incitent les autres à aller voter. Ils veulent faire obstacle (comme ils disent) au Rassemblement National.
Pourtant plus la participation sera importante, plus il sera facile à une troisième liste d’obtenir douze et demi pour cent des inscrits et d’ainsi se maintenir au deuxième tour. Et deux listes face à l’Extrême-Droite, ça donne plus de chance à celle-ci de gagner. Il est des circonscriptions où il serait sage de s’abstenir au premier tour.
16 avril 2024
Ça caille ce samedi matin. Un pull, un blouson et un coupe-vent ne me sont pas suffisants. Je me pèle en attendant le bateau-bus pour Port-Louis dans cette zone mal définie entre le Port de Pêche et le Port de Commerce. Dans ce dernier se pose un peu là un bateau rouge que je prends en photo, le Sti Camden, un pétrolier semble-t-il.
Un bateau en provenance de Groix passe devant l’île Saint-Michel tandis que je vois le Kerpont qui grossit peu à peu. Il en descend un seul passager et je suis le seul à y monter. Cela alourdit considérablement mon bilan carbone, mais bon, si je n’y étais pas, il ferait quand même la traversée à vide. Cette traversée est paisible car la rade protège du vent. Sur le front de mer à Port-Louis, il fait moins froid qu’à Lorient.
Je photographie certaines façades des bâtisses du front de mer puis me dirige vers la boulangerie Denigod qui va bientôt être en vacances jusqu’à la fin du mois. C’est jour de marché dans la Grande Rue, transformant celle-ci en un jeu d’obstacles. Je bois l’allongé à La Civette, à l’intérieur, où on entend France Bleu Armorique et les conversations oiseuses des habitués du petit matin. Je découvre dans Le Télégramme la carte des investitures du Nouveau Front Populaire en Bretagne. Elle montre que La France Insoumise rafle la mise. L’article dit qu’en conséquence certains électeurs du Parti Socialiste préféreront les candidats de Macron.
Il fait trop mauvais pour rester longtemps dehors. Je vais donc attendre le bateau de neuf heures quinze. Il arrive en même temps qu’une drache.
De l’autre côté de l’eau, il n’a pas plu. Le bus Onze est là dont je descends encore une fois à Faouëdic afin de poursuivre ma lecture de Proust et son père au Parisien. « Il n’y a rien qui va sur la planète », constate le patron. « Ça gâche tout et ça rend les gens de mauvaise humeur », commente une cliente.
A midi, je déjeune au Vauban assis sur une banquette défoncée. L’endroit est inchangé depuis mil neuf cent quarante-sept (la reconstruction). C’est ce qu’on peut trouver de plus historique à Lorient, une grande belle salle à superbes suspensions. La formule à quinze euros quatre-vingt-dix fonctionne le samedi : sauté de veau, quart de vin rouge, mousse au chocolat
Toujours le vent, toujours de courtes averses en début d’après-midi. J’inaugure la salle toute neuve du Café Crème, ce qui me permet de voir évoluer la jeune serveuse brune et longiligne quand je lève un œil de mon livre.
*
A Port-Louis, il y a une ruelle du Marché près de la Mairie, loin du marché.
*
Près de l’église, une affichette sur la vitre d’un particulier : « Petites Cités de Mauvais Caractère ». Pourquoi ce pluriel ? Je ne me risque pas à sonner pour poser la question.
Un bateau en provenance de Groix passe devant l’île Saint-Michel tandis que je vois le Kerpont qui grossit peu à peu. Il en descend un seul passager et je suis le seul à y monter. Cela alourdit considérablement mon bilan carbone, mais bon, si je n’y étais pas, il ferait quand même la traversée à vide. Cette traversée est paisible car la rade protège du vent. Sur le front de mer à Port-Louis, il fait moins froid qu’à Lorient.
Je photographie certaines façades des bâtisses du front de mer puis me dirige vers la boulangerie Denigod qui va bientôt être en vacances jusqu’à la fin du mois. C’est jour de marché dans la Grande Rue, transformant celle-ci en un jeu d’obstacles. Je bois l’allongé à La Civette, à l’intérieur, où on entend France Bleu Armorique et les conversations oiseuses des habitués du petit matin. Je découvre dans Le Télégramme la carte des investitures du Nouveau Front Populaire en Bretagne. Elle montre que La France Insoumise rafle la mise. L’article dit qu’en conséquence certains électeurs du Parti Socialiste préféreront les candidats de Macron.
Il fait trop mauvais pour rester longtemps dehors. Je vais donc attendre le bateau de neuf heures quinze. Il arrive en même temps qu’une drache.
De l’autre côté de l’eau, il n’a pas plu. Le bus Onze est là dont je descends encore une fois à Faouëdic afin de poursuivre ma lecture de Proust et son père au Parisien. « Il n’y a rien qui va sur la planète », constate le patron. « Ça gâche tout et ça rend les gens de mauvaise humeur », commente une cliente.
A midi, je déjeune au Vauban assis sur une banquette défoncée. L’endroit est inchangé depuis mil neuf cent quarante-sept (la reconstruction). C’est ce qu’on peut trouver de plus historique à Lorient, une grande belle salle à superbes suspensions. La formule à quinze euros quatre-vingt-dix fonctionne le samedi : sauté de veau, quart de vin rouge, mousse au chocolat
Toujours le vent, toujours de courtes averses en début d’après-midi. J’inaugure la salle toute neuve du Café Crème, ce qui me permet de voir évoluer la jeune serveuse brune et longiligne quand je lève un œil de mon livre.
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A Port-Louis, il y a une ruelle du Marché près de la Mairie, loin du marché.
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Près de l’église, une affichette sur la vitre d’un particulier : « Petites Cités de Mauvais Caractère ». Pourquoi ce pluriel ? Je ne me risque pas à sonner pour poser la question.
15 juin 2024
Un ciel de traîne, comme dit Météo-France, un peu de ciel bleu avec plein de nuages allant du gris au noir, ce vendredi, quand je prends le Té Quatre de sept heures vingt. J’en descends à Kerpape devant le Centre de Rééducation Fonctionnelle.
Je me faufile entre ses bâtiments pour rejoindre le Géherre Trente-Quatre et commence par le prendre en direction de Larmor-Plage. Cela me permet de découvrir la portion de sentier que je n’avais pas pu parcourir en partant de ce bourg, bloqué que je fus par une barrière, devant un hôtel où j’avais ensuite lu en terrasse sans consommer.
C’est la première fois depuis mon arrivée que j’entends si fort la mer car le vent avec rafales est d’actualité. Arrivé à la pointe de Kerpape, je rebrousse, marchant désormais en direction de Lomener. Je passe par un minuscule sentier entre les buissons et arrive sur un chemin refait avec le renforcement de la dune, le long de l’anse du Stole, de sa plage et de son port à flot.
Le bourg atteint, je fais un détour par la boulangerie puis je retrouve ma table préférée, un peu mouillée, au Moulin Vert pour y petit-déjeuner en faisant fi des nuages menaçants. « Qu’est-ce qui va gagner ce soir ? L’Allemagne ? » C’est de cela que discute la clientèle abritée du café. Il va falloir se fader l’Euro en plus de la tragi-comédie des Elections Législatives et de la saoulerie des Jeux Olympiques. Comme toujours je souhaite l’élimination la plus rapide de l’équipe de France afin d’être débarrassé au plus vite des hordes de fanatiques.
Une averse se déclenche peu après le départ du Té Quatre du retour. A Kerpape monte un couple de quinquagénaires en vacances qui demande à la conductrice où descendre pour voir « le centre historique de Lorient ».. Savent-ils ce qu’il en est ? Elle leur conseille de descendre à Faouëdic. Ce que je fais aussi pour traverser la voie réservée aux bus et aux bicyclettes afin d’entrer au Parisien pour un café lecture. J’y ai pour voisins quatre joueurs de l’équipe de foute locale, des Merlus (comme ils disent), dont deux qui sortent pour fumer.
Pour déjeuner, c’est au Westport Inn. Au menu : rillettes de thon, sot-l’y-laisse de dinde à la crème de vin blanc et riz basmati et gratin de fruits rouges. « Et maintenant, au travail ? » me demande celui à qui je paie. « Oh non, plus jamais », lui réponds-je. Il fait sombre dans cette taverne mais de là à me prendre pour un moins de soixante-quatre ans.
Mon café d’après repas, c’est en terrasse au Café Crème, abrité de l’averse par l’auvent tout neuf, où le patron se désespère « Y’a personne ! Ça valait le coup de faire des travaux ! »
*
C’est donc Florence Hérouin-Léautey, Socialiste, Adjointe au Maire de Rouen en charge des Ecoles et de la Petite Enfance, qui est la candidate du Nouveau Front Populaire pour les Législatives dans la première circonscription de Seine-Maritime.
Sauf rebondissement toujours possible, je voterai pour elle. Sans enthousiasme. Je l’ai côtoyée un jour au Socrate, l’entendant parler de son action politique et l’impression que j’en ai eu, c’est : elle ne se prend pas pour de la merde.
On devrait pouvoir voter soit là où on habite soit là où on est né. Je voterais avec plus d’entrain pour Philippe Brun, Socialiste, Député sortant, dont j’ai apprécié certaines prises de parole, et je serais plus utile. Il n’y a aucun risque Rassemblement National à Rouen, alors qu’à Louviers…
Je me faufile entre ses bâtiments pour rejoindre le Géherre Trente-Quatre et commence par le prendre en direction de Larmor-Plage. Cela me permet de découvrir la portion de sentier que je n’avais pas pu parcourir en partant de ce bourg, bloqué que je fus par une barrière, devant un hôtel où j’avais ensuite lu en terrasse sans consommer.
C’est la première fois depuis mon arrivée que j’entends si fort la mer car le vent avec rafales est d’actualité. Arrivé à la pointe de Kerpape, je rebrousse, marchant désormais en direction de Lomener. Je passe par un minuscule sentier entre les buissons et arrive sur un chemin refait avec le renforcement de la dune, le long de l’anse du Stole, de sa plage et de son port à flot.
Le bourg atteint, je fais un détour par la boulangerie puis je retrouve ma table préférée, un peu mouillée, au Moulin Vert pour y petit-déjeuner en faisant fi des nuages menaçants. « Qu’est-ce qui va gagner ce soir ? L’Allemagne ? » C’est de cela que discute la clientèle abritée du café. Il va falloir se fader l’Euro en plus de la tragi-comédie des Elections Législatives et de la saoulerie des Jeux Olympiques. Comme toujours je souhaite l’élimination la plus rapide de l’équipe de France afin d’être débarrassé au plus vite des hordes de fanatiques.
Une averse se déclenche peu après le départ du Té Quatre du retour. A Kerpape monte un couple de quinquagénaires en vacances qui demande à la conductrice où descendre pour voir « le centre historique de Lorient ».. Savent-ils ce qu’il en est ? Elle leur conseille de descendre à Faouëdic. Ce que je fais aussi pour traverser la voie réservée aux bus et aux bicyclettes afin d’entrer au Parisien pour un café lecture. J’y ai pour voisins quatre joueurs de l’équipe de foute locale, des Merlus (comme ils disent), dont deux qui sortent pour fumer.
Pour déjeuner, c’est au Westport Inn. Au menu : rillettes de thon, sot-l’y-laisse de dinde à la crème de vin blanc et riz basmati et gratin de fruits rouges. « Et maintenant, au travail ? » me demande celui à qui je paie. « Oh non, plus jamais », lui réponds-je. Il fait sombre dans cette taverne mais de là à me prendre pour un moins de soixante-quatre ans.
Mon café d’après repas, c’est en terrasse au Café Crème, abrité de l’averse par l’auvent tout neuf, où le patron se désespère « Y’a personne ! Ça valait le coup de faire des travaux ! »
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C’est donc Florence Hérouin-Léautey, Socialiste, Adjointe au Maire de Rouen en charge des Ecoles et de la Petite Enfance, qui est la candidate du Nouveau Front Populaire pour les Législatives dans la première circonscription de Seine-Maritime.
Sauf rebondissement toujours possible, je voterai pour elle. Sans enthousiasme. Je l’ai côtoyée un jour au Socrate, l’entendant parler de son action politique et l’impression que j’en ai eu, c’est : elle ne se prend pas pour de la merde.
On devrait pouvoir voter soit là où on habite soit là où on est né. Je voterais avec plus d’entrain pour Philippe Brun, Socialiste, Député sortant, dont j’ai apprécié certaines prises de parole, et je serais plus utile. Il n’y a aucun risque Rassemblement National à Rouen, alors qu’à Louviers…
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