Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
29 décembre 2022
Il ne pleut plus quand j’arrive à Paris ce mercredi. Comme c’est la semaine d’entre fêtes et qu’il est tôt, le bus Vingt-Neuf file dans des rues dégagées. Nous ne sommes que trois à l’intérieur.
Au Marché d’Aligre, si la moitié des vendeurs sont absents, les deux marchands de livres sont là. Cependant je n’y vois rien pour moi.
Le Café du Faubourg faisant relâche, je trouve refuge au Caveau pour un café comptoir à un euro trente. J’y lis la double page que consacre Le Parisien au cinglé qui a tué trois Kurdes rue d’Enghien. On y voit des photos de lui à toutes les époques de sa vie, celle-ci étant racontée en détail par son père, un nonagénaire cultivé et consterné.
Cette fois, je repars du Book-Off de Ledru-Rollin sans livre dans mon sac à dos. Il en est de même quand je ressors du Boulinier de Joachim-du-Bellay pour aller déjeuner Chez Vigouroux. Une soupe de légumes, une palette de porc aux lentilles et me voici reparti.
La pêche est heureusement fructueuse dans le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin. Dans mon panier s’entassent des livres à un euro Voyages et autres voyages d’Antonio Tabucchi (Arcades/Gallimard), Maua conte lesbien inédit de Marcel Schwob (La Table Ronde), Un coco de génie de Louis Dumur (Tristram) et Le Pleure-Misère de Flann O’Brien (Petite bibliothèque Ombres) auxquels j’ajoute, vendu huit euros, Journal secret, 1886-1889 du Marquis de Breteuil (Le Temps Retrouvé, Mercure de France). A cette heure, il y a foule dans les rues, notamment des familles qui errent de façon incertaine.
J’en trouve également à l’intérieur du Book-Off de Quatre Septembre, encombrant les allées. Il y a là des personnes qui n’ont vraiment rien à faire dans une librairie. Cela s’aggrave quand il se remet à pleuvoir. Malgré cette difficulté, je trouve à un euro Pierre Dac mon maître soixante-trois de Jacques Pessis, La vie de Misia Sert d’Arthur Gold et Robert Fizdale (Folio Gallimard) et Palimpseste, les mémoires de Gore Vidal (Points Seuil).
Il me reste, avant de quitter la capitale et qu’augmentent les prix au premier janvier, à recharger à fond (vingt voyages) ma carte Navigo.
*
Fini le temps où j’achetais à Paris des livres un euro chez Book-Off dans le but de les revendre deux euros à Rouen au bouquiniste du Rêve de l’Escalier.
Celui-ci m’a envoyé un message car mon texte de mardi ne lui a pas plu. Notamment parce que j’y fais l’éloge de ses prédécesseurs et que, je l’ignorais, ce sont eux les propriétaires des murs qui, en vendant, l’obligent à partir. Il me reproche aussi de ne pas être triste. Quant aux livres qu’il ne m’achetait plus, ce n’était pas lié à la fermeture à venir « mais juste à un choix subjectif conditionné à ce que je désire mettre en avant à la librairie ».
« Aucun grief de ma part juste le constat que ma librairie ne fut, pour vous, que le lieu d'un échange commerciale succinct presque quotidien. » C’est exact, mais pour s’attarder à discuter, il aurait fallu avoir des intérêts communs. Contrairement à lui, je ne m’intéresse ni au cinéma ni aux séries, mais à la littérature.
*
Pourquoi Un coco de génie de Louis Dumur ? Parce que je côtoie ce personnage tous les soirs dans le deuxième volume du Journal littéraire de Paul Léautaud. C’était son collègue de bureau au Mercure de France et il détestait ses livres anti allemands. Celui-ci est différent. Il date de mil neuf cent trente-neuf et est présenté en quatrième de couverture comme un plagiat par anticipation de Borges.
Pourquoi Le Pleure-Misère de Flann O’Brien ? Parce qu’en quatrième de couverture figure une citation de Dylan Thomas : Voilà le genre de livre à offrir à celle de vos sœurs qui est du type grosse cochonne alcoolo. Je n’ai qu’une sœur. J’espère ne pas recevoir d’elle un message.
Au Marché d’Aligre, si la moitié des vendeurs sont absents, les deux marchands de livres sont là. Cependant je n’y vois rien pour moi.
Le Café du Faubourg faisant relâche, je trouve refuge au Caveau pour un café comptoir à un euro trente. J’y lis la double page que consacre Le Parisien au cinglé qui a tué trois Kurdes rue d’Enghien. On y voit des photos de lui à toutes les époques de sa vie, celle-ci étant racontée en détail par son père, un nonagénaire cultivé et consterné.
Cette fois, je repars du Book-Off de Ledru-Rollin sans livre dans mon sac à dos. Il en est de même quand je ressors du Boulinier de Joachim-du-Bellay pour aller déjeuner Chez Vigouroux. Une soupe de légumes, une palette de porc aux lentilles et me voici reparti.
La pêche est heureusement fructueuse dans le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin. Dans mon panier s’entassent des livres à un euro Voyages et autres voyages d’Antonio Tabucchi (Arcades/Gallimard), Maua conte lesbien inédit de Marcel Schwob (La Table Ronde), Un coco de génie de Louis Dumur (Tristram) et Le Pleure-Misère de Flann O’Brien (Petite bibliothèque Ombres) auxquels j’ajoute, vendu huit euros, Journal secret, 1886-1889 du Marquis de Breteuil (Le Temps Retrouvé, Mercure de France). A cette heure, il y a foule dans les rues, notamment des familles qui errent de façon incertaine.
J’en trouve également à l’intérieur du Book-Off de Quatre Septembre, encombrant les allées. Il y a là des personnes qui n’ont vraiment rien à faire dans une librairie. Cela s’aggrave quand il se remet à pleuvoir. Malgré cette difficulté, je trouve à un euro Pierre Dac mon maître soixante-trois de Jacques Pessis, La vie de Misia Sert d’Arthur Gold et Robert Fizdale (Folio Gallimard) et Palimpseste, les mémoires de Gore Vidal (Points Seuil).
Il me reste, avant de quitter la capitale et qu’augmentent les prix au premier janvier, à recharger à fond (vingt voyages) ma carte Navigo.
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Fini le temps où j’achetais à Paris des livres un euro chez Book-Off dans le but de les revendre deux euros à Rouen au bouquiniste du Rêve de l’Escalier.
Celui-ci m’a envoyé un message car mon texte de mardi ne lui a pas plu. Notamment parce que j’y fais l’éloge de ses prédécesseurs et que, je l’ignorais, ce sont eux les propriétaires des murs qui, en vendant, l’obligent à partir. Il me reproche aussi de ne pas être triste. Quant aux livres qu’il ne m’achetait plus, ce n’était pas lié à la fermeture à venir « mais juste à un choix subjectif conditionné à ce que je désire mettre en avant à la librairie ».
« Aucun grief de ma part juste le constat que ma librairie ne fut, pour vous, que le lieu d'un échange commerciale succinct presque quotidien. » C’est exact, mais pour s’attarder à discuter, il aurait fallu avoir des intérêts communs. Contrairement à lui, je ne m’intéresse ni au cinéma ni aux séries, mais à la littérature.
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Pourquoi Un coco de génie de Louis Dumur ? Parce que je côtoie ce personnage tous les soirs dans le deuxième volume du Journal littéraire de Paul Léautaud. C’était son collègue de bureau au Mercure de France et il détestait ses livres anti allemands. Celui-ci est différent. Il date de mil neuf cent trente-neuf et est présenté en quatrième de couverture comme un plagiat par anticipation de Borges.
Pourquoi Le Pleure-Misère de Flann O’Brien ? Parce qu’en quatrième de couverture figure une citation de Dylan Thomas : Voilà le genre de livre à offrir à celle de vos sœurs qui est du type grosse cochonne alcoolo. Je n’ai qu’une sœur. J’espère ne pas recevoir d’elle un message.
27 décembre 2022
Au lendemain de Noël je comprends pourquoi depuis quelque temps le bouquiniste du Rêve de l’Escalier, d’une part, m’achetait des livres avec parcimonie et, d’autre part, en vendait un certain nombre avec des rabais. La bouquinerie va fermer en raison de la vente de ses murs, et rapidement. Je m’y pointe ce mardi peu après l’ouverture.
Le maître des lieux m’explique qu’il va fermer à la fin janvier puis réfléchir à la suite. Les livres sont désormais à moitié prix ou même moins. Tandis que je fouille dans les piles arrive un journaliste local qui vient aux nouvelles. Il n’a heureusement pas l’idée ou le désir de demander son avis au seul client que je suis. Un client qui repart avec Mémoires Poèmes et Lettres de Lacenaire (Albin Michel) et Dernières lettres d’amour Correspondance inédite avec le Comte Anatole de Montesquiou de Madame de Genlis (Grasset), les deux pour trois euros.
Je connais Le Rêve de l’Escalier depuis sa création par un sympathique couple, un jour parti du côté de Caen. Elle et lui se ressemblaient comme frère et sœur. In petto, je les appelais Sylvain et Sylvette.
Je me souviens qu’avant même l’ouverture, lui avait fait le trajet jusqu’à mon logis de Val-de-Reuil pour m’acheter des livres.
*
La tête des touristes et autres promeneurs ce lundi matin quand ils découvrent les employés municipaux en train de démanteler le Marché de Noël. Quoi c’est déjà fini les Fêtes ? Pour ajouter à leur déconvenue : pas possible d’entrer dans la Cathédrale. Celle-ci, le premier jour de la semaine, n’ouvre qu’à quatorze heures.
Le maître des lieux m’explique qu’il va fermer à la fin janvier puis réfléchir à la suite. Les livres sont désormais à moitié prix ou même moins. Tandis que je fouille dans les piles arrive un journaliste local qui vient aux nouvelles. Il n’a heureusement pas l’idée ou le désir de demander son avis au seul client que je suis. Un client qui repart avec Mémoires Poèmes et Lettres de Lacenaire (Albin Michel) et Dernières lettres d’amour Correspondance inédite avec le Comte Anatole de Montesquiou de Madame de Genlis (Grasset), les deux pour trois euros.
Je connais Le Rêve de l’Escalier depuis sa création par un sympathique couple, un jour parti du côté de Caen. Elle et lui se ressemblaient comme frère et sœur. In petto, je les appelais Sylvain et Sylvette.
Je me souviens qu’avant même l’ouverture, lui avait fait le trajet jusqu’à mon logis de Val-de-Reuil pour m’acheter des livres.
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La tête des touristes et autres promeneurs ce lundi matin quand ils découvrent les employés municipaux en train de démanteler le Marché de Noël. Quoi c’est déjà fini les Fêtes ? Pour ajouter à leur déconvenue : pas possible d’entrer dans la Cathédrale. Celle-ci, le premier jour de la semaine, n’ouvre qu’à quatorze heures.
26 décembre 2022
Une fête de Noël qui tombe samedi et dimanche, ça me passe presque inaperçu. S’il n’y avait le voisinage de la Cathédrale où, à une heure moins cinq, ça carillonne dur pour annoncer la fin de la messe de minuit célébrant l’anniversaire de la naissance présumée du moutard nommé Jésus, ce serait un ouiquennede comme d’habitude. Ah oui, il y a aussi, une heure plus tard, une série d’explosions de pétards. Un qui confond Noël avec le Jour de l’An.
Dans les semaines qui ont précédé, vu que cette année la ville de Rouen n’a pratiquement pas de décorations lumineuses dans ses rues et que le Marché de Noël, encore plus restreint que les années passées, était si peu fréquenté que je pouvais le traverser sans avoir à pester contre les gogos qui s’y laissent prendre, la période m’a été moins pénible.
Je ne supporte les Marchés de Noël que lorsqu’ils s’inscrivent dans une tradition. Comme celui de Strasbourg que j’ai fréquenté quelques jours début décembre deux mille neuf.
C’était au temps où l’on pouvait aller directement de Rouen à Strasbourg en Tégévé et trouver une petite chambre à trente euros près de la Cathédrale à l’Hôtel Michelet. Tout cela a disparu. Plus de Tégévé Rouen Strasbourg et l’Hôtel Michelet, renommé Hôtel des Anges, propose ses chambres, toujours aussi minuscules, à soixante-dix euros.
De ce séjour strasbourgeois, j’ai le souvenir de ma visite du Musée Tomi Ungerer où se tenait une exposition Saul Steinberg et d’un verre de vin chaud acheté au Marché de Noël jeté à moitié bu dans une poubelle.
*
Je les entends dans les rues de Rouen :
« Au pire, on ira chez ta mère en rentrant » « Au pire, on passera chez Nespresso » « Au pire, on en prendra un chez moi » « Au pire, on fera les autres courses demain matin » « Au pire, j’appellerai ma sœur »
Leur vie est toujours la pire qui soit.
Dans les semaines qui ont précédé, vu que cette année la ville de Rouen n’a pratiquement pas de décorations lumineuses dans ses rues et que le Marché de Noël, encore plus restreint que les années passées, était si peu fréquenté que je pouvais le traverser sans avoir à pester contre les gogos qui s’y laissent prendre, la période m’a été moins pénible.
Je ne supporte les Marchés de Noël que lorsqu’ils s’inscrivent dans une tradition. Comme celui de Strasbourg que j’ai fréquenté quelques jours début décembre deux mille neuf.
C’était au temps où l’on pouvait aller directement de Rouen à Strasbourg en Tégévé et trouver une petite chambre à trente euros près de la Cathédrale à l’Hôtel Michelet. Tout cela a disparu. Plus de Tégévé Rouen Strasbourg et l’Hôtel Michelet, renommé Hôtel des Anges, propose ses chambres, toujours aussi minuscules, à soixante-dix euros.
De ce séjour strasbourgeois, j’ai le souvenir de ma visite du Musée Tomi Ungerer où se tenait une exposition Saul Steinberg et d’un verre de vin chaud acheté au Marché de Noël jeté à moitié bu dans une poubelle.
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Je les entends dans les rues de Rouen :
« Au pire, on ira chez ta mère en rentrant » « Au pire, on passera chez Nespresso » « Au pire, on en prendra un chez moi » « Au pire, on fera les autres courses demain matin » « Au pire, j’appellerai ma sœur »
Leur vie est toujours la pire qui soit.
23 décembre 2022
Ma lecture de train et de café lors de mon dernier mercredi parisien : Une éducation polonaise de Louis Begley dans la collection Les Cahiers Rouges de chez Grasset. L’auteur y narre sous forme romancée sa vie d’enfant juif caché à Varsovie au temps des nazis, protégé qu’il fut notamment par Zosia, la jeune fille chargée de sa garde.
J’alerte sur ce qu’on y lit page trente-huit :
Mais j’étais un grand garçon maintenant et, avec elle, je ne serais jamais seul. Je lui répondais que j’avais encore peur et tirait sur sa chemise de nuit pour être encore plus étroitement en contact avec elle, pour être en quelque sorte à l’intérieur de son odeur et de sa chaleur. Elle se mettait à rire. J’étais un petit coquin et je devais apprendre à me bien tenir. Mais, en attendant, elle me faisait des chatouilles jusqu’à ce que je sois convaincu que le géant ne viendrait pas cette nuit-là, et cela marcha si bien que nous tombâmes d’accord : désormais, quand j’irais dans son lit, elle remonterait sa chemise ou me laisserait me couler dessous et je pourrais la toucher autant que j’en avais envie si je promettais de ne jamais la chatouiller. Elle, en revanche, pourrait me chatouiller autant qu’elle le voulait. Nous respectâmes ce pacte. Souvent, après qu’elle s’était endormie, je restais très tranquille, les yeux fermés, et je passais les mains sur ses seins et sur son ventre. Ses fesses nues étaient appuyées sur mes jambes. Mon cœur battait très fort…
Sans doute cette jeune fille faisait-elle semblant de dormir. Quel modèle elle donne à celles qui pourraient tomber sur ce livre et sont aujourd’hui gardeuses de jeunes garçons. Le risque existe qu’à son exemple elles se livrent à de troubles jeux avec les enfants à elles confiés.
Cette Zosia n’est plus là pour répondre de ses actes répréhensibles mais Louis Begley est encore vivant, âgé de quatre-vingt-neuf ans. Qu’attend Innocence en Danger (organisation qui a pignon avenue des Champs-Elysées) pour demander à la justice de faire interdire Une éducation polonaise et condamner son éditeur français Grasset ?
Comme elle vient de demander l’interdiction des livres Petit Paul, Les Melons de la Colère et La décharge mentale de Bastien Vivès pour des faits imaginés et la condamnation de ceux qui les ont édités, Glénat et Les Requins Marteaux.
Les Melons de la Colère et La décharge mentale, deux livres que je me procure ce jeudi matin chez Au Grand Nulle Part (j’avais déjà Petit Paul, acheté lors des précédents ennuis du bédéiste). Les deux sympathiques gérants de cette librairie spécialisée ne pensent pas que cette plainte puisse aboutir. D’abord il n’y a pas de quoi et puis ce sont des titres sortis il y a longtemps. Je n’en suis pas si sûr, le climat étant devenu si malsain.
*
Apparenter l’enfance et l’innocence, faut-il être niais.
J’alerte sur ce qu’on y lit page trente-huit :
Mais j’étais un grand garçon maintenant et, avec elle, je ne serais jamais seul. Je lui répondais que j’avais encore peur et tirait sur sa chemise de nuit pour être encore plus étroitement en contact avec elle, pour être en quelque sorte à l’intérieur de son odeur et de sa chaleur. Elle se mettait à rire. J’étais un petit coquin et je devais apprendre à me bien tenir. Mais, en attendant, elle me faisait des chatouilles jusqu’à ce que je sois convaincu que le géant ne viendrait pas cette nuit-là, et cela marcha si bien que nous tombâmes d’accord : désormais, quand j’irais dans son lit, elle remonterait sa chemise ou me laisserait me couler dessous et je pourrais la toucher autant que j’en avais envie si je promettais de ne jamais la chatouiller. Elle, en revanche, pourrait me chatouiller autant qu’elle le voulait. Nous respectâmes ce pacte. Souvent, après qu’elle s’était endormie, je restais très tranquille, les yeux fermés, et je passais les mains sur ses seins et sur son ventre. Ses fesses nues étaient appuyées sur mes jambes. Mon cœur battait très fort…
Sans doute cette jeune fille faisait-elle semblant de dormir. Quel modèle elle donne à celles qui pourraient tomber sur ce livre et sont aujourd’hui gardeuses de jeunes garçons. Le risque existe qu’à son exemple elles se livrent à de troubles jeux avec les enfants à elles confiés.
Cette Zosia n’est plus là pour répondre de ses actes répréhensibles mais Louis Begley est encore vivant, âgé de quatre-vingt-neuf ans. Qu’attend Innocence en Danger (organisation qui a pignon avenue des Champs-Elysées) pour demander à la justice de faire interdire Une éducation polonaise et condamner son éditeur français Grasset ?
Comme elle vient de demander l’interdiction des livres Petit Paul, Les Melons de la Colère et La décharge mentale de Bastien Vivès pour des faits imaginés et la condamnation de ceux qui les ont édités, Glénat et Les Requins Marteaux.
Les Melons de la Colère et La décharge mentale, deux livres que je me procure ce jeudi matin chez Au Grand Nulle Part (j’avais déjà Petit Paul, acheté lors des précédents ennuis du bédéiste). Les deux sympathiques gérants de cette librairie spécialisée ne pensent pas que cette plainte puisse aboutir. D’abord il n’y a pas de quoi et puis ce sont des titres sortis il y a longtemps. Je n’en suis pas si sûr, le climat étant devenu si malsain.
*
Apparenter l’enfance et l’innocence, faut-il être niais.
22 décembre 2022
Par temps doux je rejoins Paris ce mercredi. Il a plu et il va pleuvoir mais quand le bus Vingt-Neuf me dépose à Bastille Beaumarchais, je n’ai pas à sortir mon parapluie.
Aussi vais-je au Marché d’Aligre où les deux principaux marchands de livres sont présents. Chez le mieux fourni, dont les livres sont rangés de façon à ce qu’en apparaisse le dos, je trouve Virginia Woolf et Vanessa Bell Une très intime conspiration de Jane Dunn (Editions Autrement), Chroniques parisiennes d’Alfonso Reyes (Librairie Séguier) et Evadées du harem Affaire d’Etat et féminisme à Constantinople (1906) d’Alain Quella-Villéger (André Versailles éditeur), les trois pour cinq euros. Chez l’autre, dont les livres sont en vrac, flotte à la surface Almanach des Quatre Saisons d’Alexandre Vialatte (Julliard) qui devient mien contre deux euros.
Me voilà bien chargé alors qu’il n’est pas encore dix heures. Après un café au Faubourg, j’explore les rayonnages à un euro du Book-Off d’à côté. Là aussi la pêche est bonne : Notre lâcheté d’Alain Berthier (Le Dilettante), Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion), Presque invisible de Mark Strand (Vif Editions), A travers les grandes plaines Une jeune institutrice à la conquête de l’Ouest correspondance de Sarah Raymond Herndon (Payot) et Wilhelm Reich par sa femme Ilse Ollendorff Reich (Pierre Belfond).
Avec le métro je rejoins Châtelet et, en me salissant un peu les doigts, explore les bacs de livres d’extérieur du Boulinier de la place Joachim-du-Bellay. Comment résister à l’envie d’acheter vingt centimes Toutes à tuer de Patricia Highsmith illustré par Topor (Julliard). Je ne m’arrête pas là. A l’intérieur, sans chercher beaucoup, je mets la main sur deux livres à trois euros cinquante : Lucette Destouches, épouse Céline de Véronique Robert-Chovin (Grasset) et Vie et travaux du R.P. Cruchard et autres inédits de Gustave Flaubert (Publications des Universités de Rouen et du Havre).
Mon sac à dos est bien lourd quand j’entre au restaurant Chez Vigouroux. Sa formule entrée plat est toujours à treize euros cinquante (moins coûteuse que le plat seul, jamais vu ça ailleurs). J’opte pour les rillettes d’oie et le confit de canard frites maison (une rareté désormais, assez moyen). En cuisine s’active un immigré. Au service, ce sont un volubile un peu trop attentif et une grande blonde un peu distante. La clientèle est un mélange de locaux et de touristes. Un groupe de provinciaux en chemin vers le Louvre s’étonne du prix raisonnable des sandouiches, « C’est comme chez nous ». Un comédien au téléphone tient à ce que tout le monde sache qu’il joue dans une pièce de théâtre (il doit se croire essentiel).
A l’issue, je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin. Parmi les livres à un euro du sous-sol, je trouve plus qu’il n’est raisonnable : Le Père Noël supplicié de Claude Lévi-Strauss (Seuil), Dimanche au Mont-Valérien d’Alain Defossé (Joca Seria), Lettres à William Short de la duchesse de La Rochefoucauld (Mercure de France), Lettres de Michel de Montaigne (Arléa), ainsi que trois ouvrages pornographiques Chroniques scandaleuses de Terrèbre de Léo Barthe (Ginkgo), La Reine des Zoulous de Jacques Almira (Mercure de France) et Les Malheurs d’Angéla de Nicolas Stoecklin (Editions Sabine Fournier). Quand je quitte les lieux, en plus d’un sac à dos plein, j’ai au bout d’un bras un sac en plastique tout aussi lourd.
Chargé comme un baudet, par la ligne Quatorze, je rejoins le troisième Book-Off, celui de Quatre-Septembre, où heureusement, parmi les livres à un euro, je ne trouve pour moi que A pied et à voix haute de Marc Roger (HB Editions).
Quand aurai- je le temps de lire tout ça ?
Aussi vais-je au Marché d’Aligre où les deux principaux marchands de livres sont présents. Chez le mieux fourni, dont les livres sont rangés de façon à ce qu’en apparaisse le dos, je trouve Virginia Woolf et Vanessa Bell Une très intime conspiration de Jane Dunn (Editions Autrement), Chroniques parisiennes d’Alfonso Reyes (Librairie Séguier) et Evadées du harem Affaire d’Etat et féminisme à Constantinople (1906) d’Alain Quella-Villéger (André Versailles éditeur), les trois pour cinq euros. Chez l’autre, dont les livres sont en vrac, flotte à la surface Almanach des Quatre Saisons d’Alexandre Vialatte (Julliard) qui devient mien contre deux euros.
Me voilà bien chargé alors qu’il n’est pas encore dix heures. Après un café au Faubourg, j’explore les rayonnages à un euro du Book-Off d’à côté. Là aussi la pêche est bonne : Notre lâcheté d’Alain Berthier (Le Dilettante), Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion), Presque invisible de Mark Strand (Vif Editions), A travers les grandes plaines Une jeune institutrice à la conquête de l’Ouest correspondance de Sarah Raymond Herndon (Payot) et Wilhelm Reich par sa femme Ilse Ollendorff Reich (Pierre Belfond).
Avec le métro je rejoins Châtelet et, en me salissant un peu les doigts, explore les bacs de livres d’extérieur du Boulinier de la place Joachim-du-Bellay. Comment résister à l’envie d’acheter vingt centimes Toutes à tuer de Patricia Highsmith illustré par Topor (Julliard). Je ne m’arrête pas là. A l’intérieur, sans chercher beaucoup, je mets la main sur deux livres à trois euros cinquante : Lucette Destouches, épouse Céline de Véronique Robert-Chovin (Grasset) et Vie et travaux du R.P. Cruchard et autres inédits de Gustave Flaubert (Publications des Universités de Rouen et du Havre).
Mon sac à dos est bien lourd quand j’entre au restaurant Chez Vigouroux. Sa formule entrée plat est toujours à treize euros cinquante (moins coûteuse que le plat seul, jamais vu ça ailleurs). J’opte pour les rillettes d’oie et le confit de canard frites maison (une rareté désormais, assez moyen). En cuisine s’active un immigré. Au service, ce sont un volubile un peu trop attentif et une grande blonde un peu distante. La clientèle est un mélange de locaux et de touristes. Un groupe de provinciaux en chemin vers le Louvre s’étonne du prix raisonnable des sandouiches, « C’est comme chez nous ». Un comédien au téléphone tient à ce que tout le monde sache qu’il joue dans une pièce de théâtre (il doit se croire essentiel).
A l’issue, je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin. Parmi les livres à un euro du sous-sol, je trouve plus qu’il n’est raisonnable : Le Père Noël supplicié de Claude Lévi-Strauss (Seuil), Dimanche au Mont-Valérien d’Alain Defossé (Joca Seria), Lettres à William Short de la duchesse de La Rochefoucauld (Mercure de France), Lettres de Michel de Montaigne (Arléa), ainsi que trois ouvrages pornographiques Chroniques scandaleuses de Terrèbre de Léo Barthe (Ginkgo), La Reine des Zoulous de Jacques Almira (Mercure de France) et Les Malheurs d’Angéla de Nicolas Stoecklin (Editions Sabine Fournier). Quand je quitte les lieux, en plus d’un sac à dos plein, j’ai au bout d’un bras un sac en plastique tout aussi lourd.
Chargé comme un baudet, par la ligne Quatorze, je rejoins le troisième Book-Off, celui de Quatre-Septembre, où heureusement, parmi les livres à un euro, je ne trouve pour moi que A pied et à voix haute de Marc Roger (HB Editions).
Quand aurai- je le temps de lire tout ça ?
20 décembre 2022
De tous mes rendez-vous médicaux de la saison automne hiver, il en est un que je redoute. Celui que j’ai ce lundi à quinze heures quinze au Centre d’Imagerie Médicale des Beaux-Arts pour une échographie de la prostate demandée par mon urologue.
« Vous boirez un demi-litre d’eau une heure avant de venir et vous n’allez pas aux toilettes ensuite », m’a dit la secrétaire quand j’ai pris rendez-vous.
Comme si j’en étais capable, alors que précisément mon problème est d’avoir trop souvent envie d’aller aux toilettes et que le traitement que je prends depuis cinq mois ne fait pas effet. « Vous reboirez avant de partir de chez vous », m’a conseillé mon médecin traitant. Ce que je fais.
Le radiologue appelle mon nom un peu avant l’heure prévue. « Tournez le verrou derrière vous, me dit-il, c’est mieux qu’on ne soit pas dérangé pour ce genre d’examen. »
Il commence par m’examiner de l’extérieur avec une douchette puis m’envoie dans des toilettes annexées à son cabinet. « La lumière est sur la gauche, vous pissez et vous revenez me voir. »
C’est le moment de m’enfoncer une caméra dans le fondement. « Je vous mets du gel et puis j’y vais. » C’est un peu douloureux, moins que je craignais.
Quand c’est terminé, je lui demande ce qu’il en est. Rien de grave, c’est à dire pas de cancer (je le savais déjà) mais une prostate trop grosse, d’où mon problème. Il me renvoie en salle d’attente et dans dix minutes j’aurai son compte-rendu. Il en est ainsi et à quinze heures trente, ce mauvais moment est derrière moi.
*
Un homme sympathique et sûr de lui ce radiologue, guère moins âgé que moi. De tous les spécialistes que j’ai dû consulter depuis que je suis vieux, et donc déglingué, c’est le premier à m’avoir demandé : « Qu’est-ce-que vous faisiez de beau avant la retraite ? ».
*
Chez les jeunes médecins, toujours l’impression de n’être qu’un organe. En plus, je doute de leur compétence.
« Vous boirez un demi-litre d’eau une heure avant de venir et vous n’allez pas aux toilettes ensuite », m’a dit la secrétaire quand j’ai pris rendez-vous.
Comme si j’en étais capable, alors que précisément mon problème est d’avoir trop souvent envie d’aller aux toilettes et que le traitement que je prends depuis cinq mois ne fait pas effet. « Vous reboirez avant de partir de chez vous », m’a conseillé mon médecin traitant. Ce que je fais.
Le radiologue appelle mon nom un peu avant l’heure prévue. « Tournez le verrou derrière vous, me dit-il, c’est mieux qu’on ne soit pas dérangé pour ce genre d’examen. »
Il commence par m’examiner de l’extérieur avec une douchette puis m’envoie dans des toilettes annexées à son cabinet. « La lumière est sur la gauche, vous pissez et vous revenez me voir. »
C’est le moment de m’enfoncer une caméra dans le fondement. « Je vous mets du gel et puis j’y vais. » C’est un peu douloureux, moins que je craignais.
Quand c’est terminé, je lui demande ce qu’il en est. Rien de grave, c’est à dire pas de cancer (je le savais déjà) mais une prostate trop grosse, d’où mon problème. Il me renvoie en salle d’attente et dans dix minutes j’aurai son compte-rendu. Il en est ainsi et à quinze heures trente, ce mauvais moment est derrière moi.
*
Un homme sympathique et sûr de lui ce radiologue, guère moins âgé que moi. De tous les spécialistes que j’ai dû consulter depuis que je suis vieux, et donc déglingué, c’est le premier à m’avoir demandé : « Qu’est-ce-que vous faisiez de beau avant la retraite ? ».
*
Chez les jeunes médecins, toujours l’impression de n’être qu’un organe. En plus, je doute de leur compétence.
19 décembre 2022
Foutu dimanche, le froid, l’approche de Noël et la fin du Mondial de foute en font le jour le plus détestable de l’année.
Je le commence par un court passage au Marché du Clos Saint-Marc. Un cœur de neufchâtel et une tradigraine sont mes seuls achats.
Pas question de ressortir ensuite, le spectacle des Eurois, des Cauchois et des locaux s’agitant comme fourmis dans les rues de Rouen à la recherche de cadeaux qui pour beaucoup ne feront pas plaisir me déprime.
Dans l’après-midi, la pluie est là à l’heure du match dont depuis trois jours on nous rebat les oreilles. Sur France Culture, La Série musicale de Zoé Sfeiz a pour thème Le tango, l’éternel retour. Plaisir d’entendre entre autres Gotan Project, Nat King Cole, Boby Lapointe, Jeanne Moreau, Léo Ferré et Lili Boniche.
Les gouttes résonnent toujours sur mon toit quand « le match » s’achève par la défaite des joueurs de l’équipe de France. Il n’y a donc pas que le résultat pour doucher les supporteurs locaux. J’entends éclater quelques pétards mouillés puis le silence règne dans les rues.
Cette soirée permet de vérifier ce dont on se doutait : rares sont les Argentins qui résident à Rouen.
*
« Mais dis donc maman, ça ne fait pas plus de six mois que tu as reçu ta dernière dose de rappel ?
Ne t’en fais pas, ma fille, j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père. »
Ce dialogue sur fond de bruit de couverts est un message radiophonique gouvernemental destiné à promouvoir le rappel de vaccination contre le Covid.
Il m’insupporte.
D’abord, parce qu’il légitime le fait qu’à partir d’un certain âge les enfants s’instaurent les parents de leurs parents.
Ensuite, parce qu’il perpétue l’idée que dans un couple, la femme se charge de prendre les rendez-vous de son mari.
*
« j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père » et non pas « j’ai pris rendez-vous mercredi avec ton père ». A moins que ce dernier soit médecin, infirmier ou pharmacien. (De l’utilité de la virgule.)
Je le commence par un court passage au Marché du Clos Saint-Marc. Un cœur de neufchâtel et une tradigraine sont mes seuls achats.
Pas question de ressortir ensuite, le spectacle des Eurois, des Cauchois et des locaux s’agitant comme fourmis dans les rues de Rouen à la recherche de cadeaux qui pour beaucoup ne feront pas plaisir me déprime.
Dans l’après-midi, la pluie est là à l’heure du match dont depuis trois jours on nous rebat les oreilles. Sur France Culture, La Série musicale de Zoé Sfeiz a pour thème Le tango, l’éternel retour. Plaisir d’entendre entre autres Gotan Project, Nat King Cole, Boby Lapointe, Jeanne Moreau, Léo Ferré et Lili Boniche.
Les gouttes résonnent toujours sur mon toit quand « le match » s’achève par la défaite des joueurs de l’équipe de France. Il n’y a donc pas que le résultat pour doucher les supporteurs locaux. J’entends éclater quelques pétards mouillés puis le silence règne dans les rues.
Cette soirée permet de vérifier ce dont on se doutait : rares sont les Argentins qui résident à Rouen.
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« Mais dis donc maman, ça ne fait pas plus de six mois que tu as reçu ta dernière dose de rappel ?
Ne t’en fais pas, ma fille, j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père. »
Ce dialogue sur fond de bruit de couverts est un message radiophonique gouvernemental destiné à promouvoir le rappel de vaccination contre le Covid.
Il m’insupporte.
D’abord, parce qu’il légitime le fait qu’à partir d’un certain âge les enfants s’instaurent les parents de leurs parents.
Ensuite, parce qu’il perpétue l’idée que dans un couple, la femme se charge de prendre les rendez-vous de son mari.
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« j’ai pris rendez-vous mercredi, avec ton père » et non pas « j’ai pris rendez-vous mercredi avec ton père ». A moins que ce dernier soit médecin, infirmier ou pharmacien. (De l’utilité de la virgule.)
17 décembre 2022
C’est un petit carnet gris dont les premières pages, où l’on a écrit, sont agrafées ensemble. Les suivantes sont vierges (comme on dit).
Quand j’ôte l’agrafe, je découvre une écriture que j’oserai qualifier de féminine et, à différentes pages, lis ceci :
« Mardi 5 Mai 2020
Liste de résolutions à faire
Etablir le planning des dépenses du mois »
« Démarrage du roman le 15 mai
4 romans en 3 mois »
« A chaque pose apprendre une langue
5 jours pour apprendre les bases de l’espagnol
Apprendre le latin et le grec comme une gymnastique du cerveau »
« Ecrire est une passion, rédiger est un métier
De ce fait, je dois prendre ma plume »
« Afin de ne pas perdre la main, je vais donc rédiger des mots tous les jours, et alors je finirai par tuer mon bp. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, croyez-moi mais plutôt comme une force de la nature. De ce fait, je n’en peux plus.
Il faut écrire pour ne pas sombrer dans la folie. Je vais sombrer dans la folie.
Je vais finir par tuer quelqu'un.
De ce fait, prendre les armes, adieu la plume.
Qu’importe la soirée, je vais au pays du soleil.
Je n’ai plus de patience.
Je n’ai plus de patience.
Pourtant il faut s’armer.
Il faut s’armer de patience.
Je vais le tuer.
Je vais tuer quelqu'un.
Jour du seigneur, mais je vais le tuer.
En fait, cet homme est inutile
Il ne sert à rien, mais à rien
Et je dois le supporter – car il fait partie de ma famille.
Je vais me barrer. »
« Ceci est mon carnet d’écriture
J’aime bien avoir différents carnets. Ecrire plusieurs histoires en même temps
Ce stylo est magique. Maintenant je sais que ce stylo est magique.
J’avais peur des mots. »
Suivent des listes de courses et de tâches à faire.
J’ai trouvé ce carnet dans une boîte à livres rouennaise.
*
Symptomatique de confondre la pause avec la pose.
*
« et alors je finirai par tuer mon bp. », son beau-père peut-être.
Quand j’ôte l’agrafe, je découvre une écriture que j’oserai qualifier de féminine et, à différentes pages, lis ceci :
« Mardi 5 Mai 2020
Liste de résolutions à faire
Etablir le planning des dépenses du mois »
« Démarrage du roman le 15 mai
4 romans en 3 mois »
« A chaque pose apprendre une langue
5 jours pour apprendre les bases de l’espagnol
Apprendre le latin et le grec comme une gymnastique du cerveau »
« Ecrire est une passion, rédiger est un métier
De ce fait, je dois prendre ma plume »
« Afin de ne pas perdre la main, je vais donc rédiger des mots tous les jours, et alors je finirai par tuer mon bp. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, croyez-moi mais plutôt comme une force de la nature. De ce fait, je n’en peux plus.
Il faut écrire pour ne pas sombrer dans la folie. Je vais sombrer dans la folie.
Je vais finir par tuer quelqu'un.
De ce fait, prendre les armes, adieu la plume.
Qu’importe la soirée, je vais au pays du soleil.
Je n’ai plus de patience.
Je n’ai plus de patience.
Pourtant il faut s’armer.
Il faut s’armer de patience.
Je vais le tuer.
Je vais tuer quelqu'un.
Jour du seigneur, mais je vais le tuer.
En fait, cet homme est inutile
Il ne sert à rien, mais à rien
Et je dois le supporter – car il fait partie de ma famille.
Je vais me barrer. »
« Ceci est mon carnet d’écriture
J’aime bien avoir différents carnets. Ecrire plusieurs histoires en même temps
Ce stylo est magique. Maintenant je sais que ce stylo est magique.
J’avais peur des mots. »
Suivent des listes de courses et de tâches à faire.
J’ai trouvé ce carnet dans une boîte à livres rouennaise.
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Symptomatique de confondre la pause avec la pose.
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« et alors je finirai par tuer mon bp. », son beau-père peut-être.
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