Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
31 octobre 2022
Fini le ciel bleu pour ce dernier dimanche d’octobre, mais il ne pleut pas encore quand je me rends au énième vide grenier du quartier Grand Pont. Toutefois certains ont anticipé, il y a des trous entre deux exposants. Je ne m’étonne pas de n’y trouver aucun livre pour moi. En revanche, une vendeuse, au bout de son étalage de brocante, propose des pommes de son jardin de Préaux, à un euro le kilo. J’en emplis le plateau de sa balance et paie deux euros, bon poids (comme on dit dans le commerce).
Après un court passage au marché du Clos Saint-Marc, je vais acheter une tradition à la boulangerie Chez Catherine. Arrivé devant l’entrée en même temps qu’un homme en fauteuil, je m’apprête à le laisser passer mais comme il continue à avancer, je passe derrière lui et entre. Pendant ce temps, il fait une marche arrière pour se placer face au plan incliné et se met à me crier dessus, que je lui ai passé devant, que je fais preuve d’incivilité. Je lui dis que je n’avais pas compris qu’il faisait une manœuvre avant d’entrer et l’invite à passer devant moi. il n’en continue pas moins à me crier dessus, se plaignant de moi a la boulangère et à la vendeuse.
-Vous êtes vraiment très …, lui dis-je
-Vraiment très quoi ? s’excite-t-il encore plus.
-Vraiment très… énervé.
Il annonce qu’il ressort et qu’il reviendra quand je ne serai plus là. J’achète mon pain en expliquant à la boulangère que je n’ai jamais eu l’intention de passer devant ce monsieur. Comme toute bonne commerçante, elle ne prend pas parti. Quand je ressors, l’énervé entre à nouveau.
C’est déjà la deuxième fois depuis mon retour à Rouen que je m’embrouille avec un quidam. La première, c’était avec le vigile qui est à la porte de la Poste provisoire de la rue de la Jeanne. Il ne voulait pas comprendre que si je venais acheter des vignettes à l’automate, je n’avais pas à attendre dans la file de ceux qui viennent retirer de l’argent à un guichet. Il a fallu qu’une postière sorte pour lui dire que je pouvais passer.
En cinquante jours passés à Toulon et ses alentours, jamais je n’ai eu le moindre souci de cet ordre avec quiconque. Là-bas, tout le monde est paisible et courtois. Ici, j’ai encore une fois l’impression d’être entouré de cinglés.
Après un court passage au marché du Clos Saint-Marc, je vais acheter une tradition à la boulangerie Chez Catherine. Arrivé devant l’entrée en même temps qu’un homme en fauteuil, je m’apprête à le laisser passer mais comme il continue à avancer, je passe derrière lui et entre. Pendant ce temps, il fait une marche arrière pour se placer face au plan incliné et se met à me crier dessus, que je lui ai passé devant, que je fais preuve d’incivilité. Je lui dis que je n’avais pas compris qu’il faisait une manœuvre avant d’entrer et l’invite à passer devant moi. il n’en continue pas moins à me crier dessus, se plaignant de moi a la boulangère et à la vendeuse.
-Vous êtes vraiment très …, lui dis-je
-Vraiment très quoi ? s’excite-t-il encore plus.
-Vraiment très… énervé.
Il annonce qu’il ressort et qu’il reviendra quand je ne serai plus là. J’achète mon pain en expliquant à la boulangère que je n’ai jamais eu l’intention de passer devant ce monsieur. Comme toute bonne commerçante, elle ne prend pas parti. Quand je ressors, l’énervé entre à nouveau.
C’est déjà la deuxième fois depuis mon retour à Rouen que je m’embrouille avec un quidam. La première, c’était avec le vigile qui est à la porte de la Poste provisoire de la rue de la Jeanne. Il ne voulait pas comprendre que si je venais acheter des vignettes à l’automate, je n’avais pas à attendre dans la file de ceux qui viennent retirer de l’argent à un guichet. Il a fallu qu’une postière sorte pour lui dire que je pouvais passer.
En cinquante jours passés à Toulon et ses alentours, jamais je n’ai eu le moindre souci de cet ordre avec quiconque. Là-bas, tout le monde est paisible et courtois. Ici, j’ai encore une fois l’impression d’être entouré de cinglés.
29 octobre 2022
La douceur inquiétante des températures en cette fin octobre rend moins difficile mon retour à Rouen. Après un passage à la terrasse du Son du Cor, je privilégie celle du Sacre. La première est à l’ombre, la seconde au soleil. C’est là que je lis chaque après-midi, face à la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier, un livre acheté ailleurs.
Ce samedi, à partir de quinze heures, cette bouquinerie fête les morts à la mexicaine. Maquillage, vente d'artisanat, défilé et « hôtel des morts devant la librairie », est-il écrit sur sa page Effe Bé On rêve. Confondre un autel avec un hôtel.
Pour ma part, je suis en Argentine avec Brina Svit qui dans Visage slovène publié chez Gallimard narre ses rencontres avec des Slovènes exilé(e)s dans ce pays avec, en contre-point, une évocation de l’exil du Polonais Gombrowicz.
Avant qu’il ne soit trois heures, je quitte la terrasse du Sacre et m’installe non loin, à celle du Café de Rouen, que j’appelle parfois le Café de la Ville. Cet établissement, durant mon absence, a changé de propriétaire et a renouvelé son mobilier d’extérieur. La Brasserie Jeanne d’Arc, en face, a fait de même, allant plus loin, en changeant aussi de nom. C’est désormais la Brasserie Mamie. On voit le genre.
Au Café de Rouen, l’ancien personnel est toujours là, complété de nouvelles têtes. Je paie mon café, accompagné du même minuscule verre d’eau qu’avant, un euro soixante. Il me semble que c’était plus cher avant. Une des raisons pour lesquelles je n’y allais plus. L’autre étant la vulgarité d’une partie de la clientèle, et du personnel, en roue libre le dimanche, le patron n’étant pas là.
*
C’était le dernier vivant des premiers grands rockeurs, dont les succès firent partie de la bande son de mon enfance. Jerry Lee Lewis est mort en cette fin d’octobre.
Jerry Lee Lewis était également connu pour avoir épousé sa cousine âgée de treize ans. Un mariage qui dura treize ans et leur donna deux enfants, dont l’un mourut à l’âge de trois ans de noyade dans une piscine.
Ce samedi, à partir de quinze heures, cette bouquinerie fête les morts à la mexicaine. Maquillage, vente d'artisanat, défilé et « hôtel des morts devant la librairie », est-il écrit sur sa page Effe Bé On rêve. Confondre un autel avec un hôtel.
Pour ma part, je suis en Argentine avec Brina Svit qui dans Visage slovène publié chez Gallimard narre ses rencontres avec des Slovènes exilé(e)s dans ce pays avec, en contre-point, une évocation de l’exil du Polonais Gombrowicz.
Avant qu’il ne soit trois heures, je quitte la terrasse du Sacre et m’installe non loin, à celle du Café de Rouen, que j’appelle parfois le Café de la Ville. Cet établissement, durant mon absence, a changé de propriétaire et a renouvelé son mobilier d’extérieur. La Brasserie Jeanne d’Arc, en face, a fait de même, allant plus loin, en changeant aussi de nom. C’est désormais la Brasserie Mamie. On voit le genre.
Au Café de Rouen, l’ancien personnel est toujours là, complété de nouvelles têtes. Je paie mon café, accompagné du même minuscule verre d’eau qu’avant, un euro soixante. Il me semble que c’était plus cher avant. Une des raisons pour lesquelles je n’y allais plus. L’autre étant la vulgarité d’une partie de la clientèle, et du personnel, en roue libre le dimanche, le patron n’étant pas là.
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C’était le dernier vivant des premiers grands rockeurs, dont les succès firent partie de la bande son de mon enfance. Jerry Lee Lewis est mort en cette fin d’octobre.
Jerry Lee Lewis était également connu pour avoir épousé sa cousine âgée de treize ans. Un mariage qui dura treize ans et leur donna deux enfants, dont l’un mourut à l’âge de trois ans de noyade dans une piscine.
27 octobre 2022
C’est un train ancien à sièges colorés qui se présente à sept heures vingt-quatre ce mercredi en Gare de Rouen, direction Paris. Un mail de la Senecefe m’y avait préparé, disant en substance : Oubliez votre réservation. J’y ai pour voisine une corpulente qui déborde sur mon siège. Ce train va mieux qu’un récent, il file à vitesse constante vers la capitale.
A l’arrivée, je monte dans un bus Vingt-Neuf qui affiche un départ dans quinze minutes. Ce véhicule se trouve ensuite coincé dans l’embouteillage généré par les gros travaux du boulevard Sébastopol puis va directement vers la Bastille en snobant le Marais, ce qui fait le désespoir d’un fils accompagnant sa vieille mère handicapée.
Je suis au Café du Faubourg un quart d’heure avant l’ouverture du Book-Off de Ledru-Rollin. Mon café bu au comptoir, je demande « le journal » au vieux serveur. J’apprends que le bar n’est plus abonné au Parisien. Le mode dégradé s’étend de jour en jour.
Je pêche peu chez BéO dans l’étang des livres à un euro : Le méchant comte de Patrick Mauriès (Gallimard), Les lieux parallèles du même (Plon), Emile Zola (notes d’un ami) de Paul Alexis (Ressouvenances) et Les Bourreurs de crânes ! de Pierre Mac Orlan (Terre de Brume) avec en couverture une illustration de Gus Bofa et d’autres à l’intérieur non attribuées.
Dehors, le ciel bleu est quadrillé de lignes blanches laissées par des avions. Attention toutefois à ne pas marcher le nez en l’air. Le pire danger est celui constitué par les bicyclistes et les trottinettistes, de plus en plus nombreux, au point de constituer des troupeaux, dont certains membres grillent systématiquement les feux rouges.
Au Marché d’Aligre un seul marchand de livres est là, chez qui je ne trouve rien pour moi à la surface, je ne fouille pas. Chez Emmaüs, rue de Charonne, où les livres sont rangés par un maniaque, pas davantage. Je me dirige ensuite vers la Galerie Arts Factory où j’aimerais voir l'exposition Loulou Picasso mais ce n’est ouvert que l’après-midi. A côté, le restaurant capverdien où j’ai eu mes habitudes à une certaine époque a disparu, remplacé par le Lily of Charonne.
Je suis en avance à mon rendez-vous sous Beaumarchais. Assis sur un banc derrière la statue, je lis les Lettres à Voltaire de Madame du Deffand avec grand intérêt. Celle qui travaille dans le coin arrive deux minutes avant midi trente. « Je n’ai qu’une heure », me dit-elle, surmenée comme toujours. Elle me propose un restaurant au plus près de son bureau. Ce Bistrot Saint-Paul propose une formule peu chère qui cache une cuisine médiocre. Nous sommes d’accord : On a rarement aussi mal mangé. L’essentiel est de se retrouver et de se parler. Nous nous quittons trop vite, après que je lui ai souhaité une bonne escapade au Mans ce ouiquennede.
Pas question de reprendre un bus Vingt-Neuf, c’est avec le métro Huit que je me rapproche du Book-Off de Quatre Septembre. Là, je ne trouve à un euro qu’Andy Warhol (Le renard blanc) de Jean-Noël Liaut (Allary Editions) et Paris ! Paris ! d’Irvin Shaw (Plon) largement illustré par Ronald Searle.
Il est encore tôt quand j’en sors. Aussi je m’installe avec Madame du Deffand à la terrasse du Bistrot d’Edmond où, après avoir bu un café à deux euros cinquante, je lis longuement, tout en regardant les jolies Parisiennes et les jolies touristes sorties de la bouche du métro.
*
Au petit matin, avant de partir, lecture d’un article de Reporterre dans lequel la vie intime de Julien Bayou est racontée en détail par certaines de celles avec qui il a couché. Etre un homme public coûte cher au vingt-et-unième siècle.
A l’arrivée, je monte dans un bus Vingt-Neuf qui affiche un départ dans quinze minutes. Ce véhicule se trouve ensuite coincé dans l’embouteillage généré par les gros travaux du boulevard Sébastopol puis va directement vers la Bastille en snobant le Marais, ce qui fait le désespoir d’un fils accompagnant sa vieille mère handicapée.
Je suis au Café du Faubourg un quart d’heure avant l’ouverture du Book-Off de Ledru-Rollin. Mon café bu au comptoir, je demande « le journal » au vieux serveur. J’apprends que le bar n’est plus abonné au Parisien. Le mode dégradé s’étend de jour en jour.
Je pêche peu chez BéO dans l’étang des livres à un euro : Le méchant comte de Patrick Mauriès (Gallimard), Les lieux parallèles du même (Plon), Emile Zola (notes d’un ami) de Paul Alexis (Ressouvenances) et Les Bourreurs de crânes ! de Pierre Mac Orlan (Terre de Brume) avec en couverture une illustration de Gus Bofa et d’autres à l’intérieur non attribuées.
Dehors, le ciel bleu est quadrillé de lignes blanches laissées par des avions. Attention toutefois à ne pas marcher le nez en l’air. Le pire danger est celui constitué par les bicyclistes et les trottinettistes, de plus en plus nombreux, au point de constituer des troupeaux, dont certains membres grillent systématiquement les feux rouges.
Au Marché d’Aligre un seul marchand de livres est là, chez qui je ne trouve rien pour moi à la surface, je ne fouille pas. Chez Emmaüs, rue de Charonne, où les livres sont rangés par un maniaque, pas davantage. Je me dirige ensuite vers la Galerie Arts Factory où j’aimerais voir l'exposition Loulou Picasso mais ce n’est ouvert que l’après-midi. A côté, le restaurant capverdien où j’ai eu mes habitudes à une certaine époque a disparu, remplacé par le Lily of Charonne.
Je suis en avance à mon rendez-vous sous Beaumarchais. Assis sur un banc derrière la statue, je lis les Lettres à Voltaire de Madame du Deffand avec grand intérêt. Celle qui travaille dans le coin arrive deux minutes avant midi trente. « Je n’ai qu’une heure », me dit-elle, surmenée comme toujours. Elle me propose un restaurant au plus près de son bureau. Ce Bistrot Saint-Paul propose une formule peu chère qui cache une cuisine médiocre. Nous sommes d’accord : On a rarement aussi mal mangé. L’essentiel est de se retrouver et de se parler. Nous nous quittons trop vite, après que je lui ai souhaité une bonne escapade au Mans ce ouiquennede.
Pas question de reprendre un bus Vingt-Neuf, c’est avec le métro Huit que je me rapproche du Book-Off de Quatre Septembre. Là, je ne trouve à un euro qu’Andy Warhol (Le renard blanc) de Jean-Noël Liaut (Allary Editions) et Paris ! Paris ! d’Irvin Shaw (Plon) largement illustré par Ronald Searle.
Il est encore tôt quand j’en sors. Aussi je m’installe avec Madame du Deffand à la terrasse du Bistrot d’Edmond où, après avoir bu un café à deux euros cinquante, je lis longuement, tout en regardant les jolies Parisiennes et les jolies touristes sorties de la bouche du métro.
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Au petit matin, avant de partir, lecture d’un article de Reporterre dans lequel la vie intime de Julien Bayou est racontée en détail par certaines de celles avec qui il a couché. Etre un homme public coûte cher au vingt-et-unième siècle.
25 octobre 2022
Plus rien dans mon réfrigérateur, ma première sortie est pour U Express. Quand je mets le pied dans la ruelle, ce samedi matin, j’y trouve une femme saoule écroulée devant une porte. Elle tente d’expliquer au téléphone où elle est afin qu’on vienne la chercher. Près de L’Espiguette, les poubelles débordent comme toujours et devant La Bohème, c’est un l’habituel champ de mégots. La triste rue Richard-Lallemant est encore plus taguée qu’avant mon départ. Rien n’a changé chez U, hormis le prix des denrées que j’achète, toujours les mêmes, en hausse évidemment.
Je ne saurais trop conseiller à Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, de faire un tour à Toulon. Il y verra une ville propre, sans aucun graffiti et même sans affiches publicitaires, rien dans les rues, rien sur les abribus, rien sur les bus. Il y verra aussi une ville tranquille où l’on peut poser son sac sans craindre que surgisse un quidam désirant s’en emparer, contrairement à Rouen, une ville dont le large plateau piétonnier n’est fréquenté que par des piétons, où l’on ne trouve pas comme ici des voitures et des camionnettes garées partout, où l’on n’assiste pas à des livraisons motorisés pendant toute la matinée.
Bien sûr, il y a des caméras partout et la vidéo verbalisation. Bien sûr, il y a des policiers municipaux armés mais ils font leur ronde à la manière de gardiens de la paix d’autrefois et, en cinquante jours de présence, je n’ai jamais vu d’incident.
Quand je rentre avec mes sacs de courses, la femme saoule est toujours au téléphone.
*
Quelques notes encore, prises lors de mon séjour toulonnais :
Sur un train qui passait, cette menace affichée pour deux mille vingt-trois : La Coupe du Monde de Rugby des Territoires.
Cette affiche vue du car dans Toulon sur un grand panneau quatre sur trois : « Cet hiver les Français iront se doucher à l’Elysée », avec le montage photo correspondant. Je n’ai pas vu de signature mais ça sent le Gilet Jaune.
A La Gitane, celui qui, au lieu de chasser les pigeons qui se battent sut la table voisine pour les cacahuètes restées dans la coupelle, les filme avec son smartphone.
Je ne saurais trop conseiller à Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, de faire un tour à Toulon. Il y verra une ville propre, sans aucun graffiti et même sans affiches publicitaires, rien dans les rues, rien sur les abribus, rien sur les bus. Il y verra aussi une ville tranquille où l’on peut poser son sac sans craindre que surgisse un quidam désirant s’en emparer, contrairement à Rouen, une ville dont le large plateau piétonnier n’est fréquenté que par des piétons, où l’on ne trouve pas comme ici des voitures et des camionnettes garées partout, où l’on n’assiste pas à des livraisons motorisés pendant toute la matinée.
Bien sûr, il y a des caméras partout et la vidéo verbalisation. Bien sûr, il y a des policiers municipaux armés mais ils font leur ronde à la manière de gardiens de la paix d’autrefois et, en cinquante jours de présence, je n’ai jamais vu d’incident.
Quand je rentre avec mes sacs de courses, la femme saoule est toujours au téléphone.
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Quelques notes encore, prises lors de mon séjour toulonnais :
Sur un train qui passait, cette menace affichée pour deux mille vingt-trois : La Coupe du Monde de Rugby des Territoires.
Cette affiche vue du car dans Toulon sur un grand panneau quatre sur trois : « Cet hiver les Français iront se doucher à l’Elysée », avec le montage photo correspondant. Je n’ai pas vu de signature mais ça sent le Gilet Jaune.
A La Gitane, celui qui, au lieu de chasser les pigeons qui se battent sut la table voisine pour les cacahuètes restées dans la coupelle, les filme avec son smartphone.
24 octobre 2022
Là j’en ai pris ma dose pour un moment du spectacle des familles dans le train avec mon Paris Rouen le jour du départ des vacanciers de la Toussaint. Dans ma voiture, que des couples avec un garçon et une fille de moins de huit ans. Tous ayant réservé leur carré et m’énervant même avant d’y être assis, ne sachant pas trouver leur place, puis découvrant qu’on ne peut y mettre les bagages, reprenant le couloir avec valises et marmaille pour, devant les coffres à bagages, encombrer le passage de tous les autres voyageurs. Ils sont là comme à la maison, ne se préoccupant pas des autres.
La famille la plus proche de moi est arrivée la dernière. Les moutards, une sept ans et un trois ans, sont déjà habillés pour Allo Ouine. Le père a dû courir. Il dégouline de sueur et s’essuie avec son ticheurte comme dans le salon de sa maison. Cette exhibition de l’intime me dégoûte. Cinq minutes après leur bruyante installation, il y a devant eux trois smartphones, un paternel, deux maternels. Elle et lui s’y plongent tandis que la progéniture ouvre de mauvaises revues à jeux pseudo éducatifs.
Quand ils en ont fini avec les smartphones, père et mère sortent chacun leur ordinateur. Pour ne plus en décoller, tandis que Jeanne et Adrien se chamaillent pour un crayon de couleur, ou pour rien. Ces parents indifférents ne sont pas en train de travailler. Ils passent d’un site à l’autre sans jamais se parler, ni même se regarder. La seule fois où il s’adresse à elle, c’est pour lui dire ce qu’il vient de lire sur la Chine. A un moment, la mère sort de son sac un sachet de chocolats industriels que se partagent les enfants et elle-même. Papa n’en veut pas.
« Pourquoi as-tu ouvert ça ? dit-il à sa femme, ça aurait pu faire un cadeau pour mes parents. » Car ce quatuor va au Havre chez papymamie.
Je suis ravi de les quitter à Rouen. Je me lève encore loin de l’arrivée pour me rapprocher des portes, avant que d’autres familles n’encombrent à nouveau les couloirs avec marmaille et bagages. C’est là que, dans le dernier carré avant la sortie, j’en découvre une dont la vue me réjouit.
Les deux parents sont assis en diagonale, les deux enfants également. Tous quatre jouent à un jeu de memory à cartes rondes. Leur particularité est d’être sourds et muets. Père et mère ne cessent de se regarder et de regarder leurs enfants La chorégraphie de leurs mains est accompagnée de beaux sourires. Tiens, me dis-je, en voilà qui prennent soin de leurs enfants et qui semblent s’aimer.
La famille la plus proche de moi est arrivée la dernière. Les moutards, une sept ans et un trois ans, sont déjà habillés pour Allo Ouine. Le père a dû courir. Il dégouline de sueur et s’essuie avec son ticheurte comme dans le salon de sa maison. Cette exhibition de l’intime me dégoûte. Cinq minutes après leur bruyante installation, il y a devant eux trois smartphones, un paternel, deux maternels. Elle et lui s’y plongent tandis que la progéniture ouvre de mauvaises revues à jeux pseudo éducatifs.
Quand ils en ont fini avec les smartphones, père et mère sortent chacun leur ordinateur. Pour ne plus en décoller, tandis que Jeanne et Adrien se chamaillent pour un crayon de couleur, ou pour rien. Ces parents indifférents ne sont pas en train de travailler. Ils passent d’un site à l’autre sans jamais se parler, ni même se regarder. La seule fois où il s’adresse à elle, c’est pour lui dire ce qu’il vient de lire sur la Chine. A un moment, la mère sort de son sac un sachet de chocolats industriels que se partagent les enfants et elle-même. Papa n’en veut pas.
« Pourquoi as-tu ouvert ça ? dit-il à sa femme, ça aurait pu faire un cadeau pour mes parents. » Car ce quatuor va au Havre chez papymamie.
Je suis ravi de les quitter à Rouen. Je me lève encore loin de l’arrivée pour me rapprocher des portes, avant que d’autres familles n’encombrent à nouveau les couloirs avec marmaille et bagages. C’est là que, dans le dernier carré avant la sortie, j’en découvre une dont la vue me réjouit.
Les deux parents sont assis en diagonale, les deux enfants également. Tous quatre jouent à un jeu de memory à cartes rondes. Leur particularité est d’être sourds et muets. Père et mère ne cessent de se regarder et de regarder leurs enfants La chorégraphie de leurs mains est accompagnée de beaux sourires. Tiens, me dis-je, en voilà qui prennent soin de leurs enfants et qui semblent s’aimer.
22 octobre 2022
« Je vais devoir m’absenter; seriez-vous intéressé de prolonger votre séjour d’une grosse semaine. », m’a écrit mon logeur Air Bibi il y a quelques jours. Je pense qu’il sous-entendait : sans payer de supplément. Je ne sais pas, je ne le lui ai pas demandé. J’ai décliné l’offre parce que psychologiquement, j’étais prêt à rentrer ce vendredi et qu’il me semble avoir fait le tour de Toulon et de ses alentours. Il arrive un moment ou la quantité devient l’ennemi de la qualité. A trop longtemps fréquenter un lieu, on abime le plaisir que l’on y prend. Sans compter qu’arrivent les vacances de la Toussaint et leurs nuisances, pour qui aime être tranquille.
Ce vingt et un octobre, sous un ciel menaçant, je prends donc un dernier petit-déjeuner à La Gitane avec les pains au chocolat de la boulangerie Paradis puis m’installe à l’intérieur du Grand Café de la Rade pour une dernière lecture toulonnaise de Léautaud avec vue sur le mouvement des bateaux bus.
Après avoir laissé la clé sur le plan de travail de la cuisine puis tiré la porte derrière moi, comme demandé par mon logeur Air Bibi, je prends, ma valise derrière moi, le chemin de la Gare, constatant qu’il n’y a plus moyen de traverser la place de la Liberté en diagonale. On y installe un Marché de Noël à chalets montagnards.
Il est onze heures et demie quand, à la Brasserie Le Terminus sise en face de la Gare, on m’apporte le plat du jour, un couscous de la mer. Avec la mousse au chocolat et le café, cela ne fait que treize euros dix.
Mon Tégévé est à l’heure. Je dois chasser de ma place une femme du genre babacoule avec casquette à la parisienne, le genre d’affranchie qui se croit tout permis mais qui a besoin d’un couillu pour déplacer sa grosse valise. Dans ma voiture sont dispersés plusieurs élèves de Bac Pro pour faire militaire. Elles et eux ont quatorze ans d’âge mental et rentrent d’un stage d’un mois à Toulon où on les a tenus enfermés dans une caserne durant un mois. Mon avis est qu’on aurait dû les y garder.
A la Gare Montparnasse, tous les escaliers mécaniques sont encombrés. Je réussis néanmoins à être à temps à la Gare Saint-Lazare mais comme mon train est déjà affiché depuis un moment, je renonce à chercher une place en voiture Cinq et m’installe à celle qui m’est réservée en voiture Trois. Las, tous les carrés famille sont occupés, et par quelles familles! Cette dernière partie du voyage est un calvaire que mon voisin supporte en étudiant les fluides caloriporteurs.
Je ne sais ce qui m’a pris de prévoir mon retour le jour du début des vacances de la Toussaint.
*
Il m’aura fallu attendre le dernier jour de mon séjour à Toulon pour voir, au Grand Café de la Rade, un quinquagénaire, genre notaire, s’approcher et me dire : « Je vois demande pardon, monsieur. Je suis curieux. C’est la Bible que vous lisez ? ».
*
Un Marché de Noël, c’est déjà ridicule à Rouen, mais alors à Toulon… Et installé plus de deux mois avant.
Ce vingt et un octobre, sous un ciel menaçant, je prends donc un dernier petit-déjeuner à La Gitane avec les pains au chocolat de la boulangerie Paradis puis m’installe à l’intérieur du Grand Café de la Rade pour une dernière lecture toulonnaise de Léautaud avec vue sur le mouvement des bateaux bus.
Après avoir laissé la clé sur le plan de travail de la cuisine puis tiré la porte derrière moi, comme demandé par mon logeur Air Bibi, je prends, ma valise derrière moi, le chemin de la Gare, constatant qu’il n’y a plus moyen de traverser la place de la Liberté en diagonale. On y installe un Marché de Noël à chalets montagnards.
Il est onze heures et demie quand, à la Brasserie Le Terminus sise en face de la Gare, on m’apporte le plat du jour, un couscous de la mer. Avec la mousse au chocolat et le café, cela ne fait que treize euros dix.
Mon Tégévé est à l’heure. Je dois chasser de ma place une femme du genre babacoule avec casquette à la parisienne, le genre d’affranchie qui se croit tout permis mais qui a besoin d’un couillu pour déplacer sa grosse valise. Dans ma voiture sont dispersés plusieurs élèves de Bac Pro pour faire militaire. Elles et eux ont quatorze ans d’âge mental et rentrent d’un stage d’un mois à Toulon où on les a tenus enfermés dans une caserne durant un mois. Mon avis est qu’on aurait dû les y garder.
A la Gare Montparnasse, tous les escaliers mécaniques sont encombrés. Je réussis néanmoins à être à temps à la Gare Saint-Lazare mais comme mon train est déjà affiché depuis un moment, je renonce à chercher une place en voiture Cinq et m’installe à celle qui m’est réservée en voiture Trois. Las, tous les carrés famille sont occupés, et par quelles familles! Cette dernière partie du voyage est un calvaire que mon voisin supporte en étudiant les fluides caloriporteurs.
Je ne sais ce qui m’a pris de prévoir mon retour le jour du début des vacances de la Toussaint.
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Il m’aura fallu attendre le dernier jour de mon séjour à Toulon pour voir, au Grand Café de la Rade, un quinquagénaire, genre notaire, s’approcher et me dire : « Je vois demande pardon, monsieur. Je suis curieux. C’est la Bible que vous lisez ? ».
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Un Marché de Noël, c’est déjà ridicule à Rouen, mais alors à Toulon… Et installé plus de deux mois avant.
21 octobre 2022
C’est par le site de France Info que j’ai appris qu’a lieu en ce moment une exposition des photographies de Peter Lindbergh à la Villa Tamaris et qu’elle est visible certains jours à partir de treize heures trente.
Je passe donc ce jeudi un long moment à lire Léautaud au premier rang de la terrasse du Grand Café de la Rade puis en fin de matinée je prends un bateau bus pour Tamaris.
Il n’y a là qu’un seul restaurant, La Tamarisienne, dont je n’attends pas grand-chose mais quand même, grâce à lui, je peux goûter des huîtres de la Maison Giol, quatre pour six euros, fraîches et bonnes. Le plat du jour est à quatorze euros, une jambonnette de dinde confite à la graisse de canard et ses pommes grenailles, peu de viande et quelques petites patates tièdes. Sans doute en est-on gêné puisque une serveuse m’apporte soudain une barquette de frites (pas de la maison) qui va avec le plat mais aurait été oubliée, prétend-elle. Je mange ça avec de l’eau, par crainte du prix du vin.. Quand je paie, on ne me demande pas si ça m’a plu.
Pour la seconde fois, je monte la côte qui mène à la Villa Tamaris et y arrive en avance. Je profite d’un banc avec vue sur la rade pour lire jusqu’à l’ouverture. Deux jeunes hommes sont à l’accueil. Ils me confirment que c’est gratuit et me demandent mon numéro de département. Je suis le seul à parcourir les trois niveaux d’Untold Stories. Ce n’est pas étonnant, cette expo n’est affichée nulle part, même pas à l’entrée de la Villa. Elle est le décalque de celle qu’avait imaginée Peter Lindbergh pour Düsseldorf et qu’il n’a pas pu voir, étant mort avant son ouverture, en deux mille dix-neuf.
Les deux premiers niveaux sont pour le noir et blanc, avec, entre autre, des photos de mannequins ou d’actrices mais pas dans leur fonction. Je n’ai pas le temps, ni le courage d’en dire plus. Ou plutôt je suis trop fatigué pour faire de l’analyse d’image, mais j’aime particulièrement les deux nus de Karen Elson, la série de portraits de la jeune Naomi Campbell et celui de la vieille Jeanne Moreau.
En haut, changement d’ambiance, les murs sont noirs pour la série de portraits d’Elmer Carroll, condamné à mort en Floride. Ces images sont tirées du film, montré aussi, fait par Peter Lindbergh, dans lequel cet homme se regarde durant vingt minutes dans un miroir qui est une glace sans tain à travers laquelle il est filmé. J’ose faire une photo de moi me reflétant dans une de ces photos, protégées qu’elles sont par du verre.
Ma visite ne dure qu’une demi-heure. Je redescends sur le rivage pour attendre le vaporetto de quatorze heures vingt.
C’est la dernière fois que je prends le bateau-bus.et pour l’occasion la Marine a sorti le Charles de Gaulle. Installé à la proue du petit bateau bleu, malgré une mer un peu agitée, je fais quelques photos du mastodonte gris.
*
La présence des vaporettos dans la rade de Toulon n’est pas pour rien dans le plaisir que j’ai pris aux jours passés ici. « 1er réseau de bateaux bus de France », est-il écrit sur le mur de la Station Maritime. Je n’en connais pas d’autre. Les étudiants et les employés qui les prennent tous les jours pour un prix dérisoire ne se rendent pas compte du caractère exceptionnel de la chose.
Adieu petits bateaux bleus dont pas un n’est semblable aux autres.
Adieu Lou Souleu, Lou Pichoun, Lou Merou, La Rascasso, L’Esquinade, La Mousco, Le Fort de la Prée, L’Estello et Longo Maï.
Je passe donc ce jeudi un long moment à lire Léautaud au premier rang de la terrasse du Grand Café de la Rade puis en fin de matinée je prends un bateau bus pour Tamaris.
Il n’y a là qu’un seul restaurant, La Tamarisienne, dont je n’attends pas grand-chose mais quand même, grâce à lui, je peux goûter des huîtres de la Maison Giol, quatre pour six euros, fraîches et bonnes. Le plat du jour est à quatorze euros, une jambonnette de dinde confite à la graisse de canard et ses pommes grenailles, peu de viande et quelques petites patates tièdes. Sans doute en est-on gêné puisque une serveuse m’apporte soudain une barquette de frites (pas de la maison) qui va avec le plat mais aurait été oubliée, prétend-elle. Je mange ça avec de l’eau, par crainte du prix du vin.. Quand je paie, on ne me demande pas si ça m’a plu.
Pour la seconde fois, je monte la côte qui mène à la Villa Tamaris et y arrive en avance. Je profite d’un banc avec vue sur la rade pour lire jusqu’à l’ouverture. Deux jeunes hommes sont à l’accueil. Ils me confirment que c’est gratuit et me demandent mon numéro de département. Je suis le seul à parcourir les trois niveaux d’Untold Stories. Ce n’est pas étonnant, cette expo n’est affichée nulle part, même pas à l’entrée de la Villa. Elle est le décalque de celle qu’avait imaginée Peter Lindbergh pour Düsseldorf et qu’il n’a pas pu voir, étant mort avant son ouverture, en deux mille dix-neuf.
Les deux premiers niveaux sont pour le noir et blanc, avec, entre autre, des photos de mannequins ou d’actrices mais pas dans leur fonction. Je n’ai pas le temps, ni le courage d’en dire plus. Ou plutôt je suis trop fatigué pour faire de l’analyse d’image, mais j’aime particulièrement les deux nus de Karen Elson, la série de portraits de la jeune Naomi Campbell et celui de la vieille Jeanne Moreau.
En haut, changement d’ambiance, les murs sont noirs pour la série de portraits d’Elmer Carroll, condamné à mort en Floride. Ces images sont tirées du film, montré aussi, fait par Peter Lindbergh, dans lequel cet homme se regarde durant vingt minutes dans un miroir qui est une glace sans tain à travers laquelle il est filmé. J’ose faire une photo de moi me reflétant dans une de ces photos, protégées qu’elles sont par du verre.
Ma visite ne dure qu’une demi-heure. Je redescends sur le rivage pour attendre le vaporetto de quatorze heures vingt.
C’est la dernière fois que je prends le bateau-bus.et pour l’occasion la Marine a sorti le Charles de Gaulle. Installé à la proue du petit bateau bleu, malgré une mer un peu agitée, je fais quelques photos du mastodonte gris.
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La présence des vaporettos dans la rade de Toulon n’est pas pour rien dans le plaisir que j’ai pris aux jours passés ici. « 1er réseau de bateaux bus de France », est-il écrit sur le mur de la Station Maritime. Je n’en connais pas d’autre. Les étudiants et les employés qui les prennent tous les jours pour un prix dérisoire ne se rendent pas compte du caractère exceptionnel de la chose.
Adieu petits bateaux bleus dont pas un n’est semblable aux autres.
Adieu Lou Souleu, Lou Pichoun, Lou Merou, La Rascasso, L’Esquinade, La Mousco, Le Fort de la Prée, L’Estello et Longo Maï.
20 octobre 2022
Retour aux Sablettes ce mercredi matin. Descendu du bateau bus, je traverse le Parc Paysager Fernand Braudel puis longe la mer en direction du Port de Saint-Elme. Au bout de celui-ci débute un sentier discret qui, m’a dit une dame l’autre jour, mène à Saint-Mandrier. Je le prends.
Après un petit bout de plage, il me faut monter un escalier en béton et me voici entre deux grillages dans une zone militaire. Je vois là des constructions destinées à défendre le pays. Elles sont abandonnées. De même que des canons. C’est intéressant à photographier. Le sentier entre ensuite dans une pinède. En bordure, comme souvent, sont des arbres presque couchés. Dans un creux, entre deux rochers, un jeune couple a bivouaqué. Au bout de cette pinède, j’arrive à une route près de laquelle est installé un petit marché puis à droite c’est la plage de Saint-Asile (commune de Saint-Mandrier). Le bar tabac qui la domine est exceptionnellement fermé ce mercredi. Dommage, c’eût été le bon endroit pour lire Léautaud. Après, le sentier reprend, avec un détour par la route, vers la Pointe de Maregau mais c’est assez pour moi, je fais demi-tour.
Revenu aux Sablettes (commune de La Seyne sur Mer), je m’assois une nouvelle fois à la terrasse du Prôvence Plage. Aujourd’hui, le Cap Sicié et les Deux Frères sont légèrement embrumés. Je ne sais pas si mes deux voisins, des quinquagénaires ventrus, sont frères mais l’un d’eux est le rigolo de service :
-Garçon, deux feignasses.
-Deux feignasses ?
-Oui, deux cafés allongés.
Le même un peu plus tard à son double :
-Demain matin tu prends ta chemise. Tu fais dépasser de la poche des billets de cent, de deux cents. Tu vas voir si y a pas des gonzesses qui viennent. Même des jeunettes.
Vers onze heures et demie, je retraverse le Parc Paysager Fernand Braudel pour me rendre, ce qui n’est pas simple quand on est piéton, chez les éleveurs de moules et d’huîtres qui pratiquent la vente directe et la dégustation sur place : Maison Giol, Le Ponton, Pierre et le Loup.
La Maison Giol a la plus belle terrasse. Sa vendeuse m’apprend que c’est terminé pour cette année la dégustation et que ce n’était que le soir, le midi on ne peut pas, arrêté préfectoral.
-Ah bon, pourquoi ?
-A cause des restaurants, de la concurrence qu’on leur ferait.
Diantre, moi qui voulais goûter aux huîtres du pays. Je retourne de l’autre côté de l’isthme et déjeune une nouvelle fois chez Prôvence Plage. Le plat du jour est moules poulettes. « Des moules à la crème », m’explique un serveur, et sans doute pas d’ici.
Je leur préfère le pavé de bœuf. Comme dessert, c’est encore une tarte aux pommes, mais avec des noix (discrètes). Il y a de la tension entre les serveurs, l’un juge qu’il en fait trop et les autres pas assez. Je suis content quand j’ai terminé, direction le ponton Sablettes afin de prendre le bateau bus pour Toulon.
Dès mon arrivée, je vais boire le café puis lire à la terrasse du Grand Café de la Rade où l’on surveille une vieille qui sous prétexte d’aller aux toilettes pioche dans les coupelles d’amuse-bouche et fauche du pain dans les corbeilles.
*
Impossible de faire une photo du local de la Société Nautique de Saint-Elme sans prendre aussi les deux locaux assis devant. « Je peux vous photographier ? », leur demandé-je. « C’est gentil », me répond l’un d’eux.
*
Parc Paysager Fernand Braudel, j’aurais écrit Parc Paysagé Fernand Braudel.
Après un petit bout de plage, il me faut monter un escalier en béton et me voici entre deux grillages dans une zone militaire. Je vois là des constructions destinées à défendre le pays. Elles sont abandonnées. De même que des canons. C’est intéressant à photographier. Le sentier entre ensuite dans une pinède. En bordure, comme souvent, sont des arbres presque couchés. Dans un creux, entre deux rochers, un jeune couple a bivouaqué. Au bout de cette pinède, j’arrive à une route près de laquelle est installé un petit marché puis à droite c’est la plage de Saint-Asile (commune de Saint-Mandrier). Le bar tabac qui la domine est exceptionnellement fermé ce mercredi. Dommage, c’eût été le bon endroit pour lire Léautaud. Après, le sentier reprend, avec un détour par la route, vers la Pointe de Maregau mais c’est assez pour moi, je fais demi-tour.
Revenu aux Sablettes (commune de La Seyne sur Mer), je m’assois une nouvelle fois à la terrasse du Prôvence Plage. Aujourd’hui, le Cap Sicié et les Deux Frères sont légèrement embrumés. Je ne sais pas si mes deux voisins, des quinquagénaires ventrus, sont frères mais l’un d’eux est le rigolo de service :
-Garçon, deux feignasses.
-Deux feignasses ?
-Oui, deux cafés allongés.
Le même un peu plus tard à son double :
-Demain matin tu prends ta chemise. Tu fais dépasser de la poche des billets de cent, de deux cents. Tu vas voir si y a pas des gonzesses qui viennent. Même des jeunettes.
Vers onze heures et demie, je retraverse le Parc Paysager Fernand Braudel pour me rendre, ce qui n’est pas simple quand on est piéton, chez les éleveurs de moules et d’huîtres qui pratiquent la vente directe et la dégustation sur place : Maison Giol, Le Ponton, Pierre et le Loup.
La Maison Giol a la plus belle terrasse. Sa vendeuse m’apprend que c’est terminé pour cette année la dégustation et que ce n’était que le soir, le midi on ne peut pas, arrêté préfectoral.
-Ah bon, pourquoi ?
-A cause des restaurants, de la concurrence qu’on leur ferait.
Diantre, moi qui voulais goûter aux huîtres du pays. Je retourne de l’autre côté de l’isthme et déjeune une nouvelle fois chez Prôvence Plage. Le plat du jour est moules poulettes. « Des moules à la crème », m’explique un serveur, et sans doute pas d’ici.
Je leur préfère le pavé de bœuf. Comme dessert, c’est encore une tarte aux pommes, mais avec des noix (discrètes). Il y a de la tension entre les serveurs, l’un juge qu’il en fait trop et les autres pas assez. Je suis content quand j’ai terminé, direction le ponton Sablettes afin de prendre le bateau bus pour Toulon.
Dès mon arrivée, je vais boire le café puis lire à la terrasse du Grand Café de la Rade où l’on surveille une vieille qui sous prétexte d’aller aux toilettes pioche dans les coupelles d’amuse-bouche et fauche du pain dans les corbeilles.
*
Impossible de faire une photo du local de la Société Nautique de Saint-Elme sans prendre aussi les deux locaux assis devant. « Je peux vous photographier ? », leur demandé-je. « C’est gentil », me répond l’un d’eux.
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Parc Paysager Fernand Braudel, j’aurais écrit Parc Paysagé Fernand Braudel.
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