Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Vernissage de l’exposition Vladimír Škoda à la MAM Galerie

29 novembre 2014


Etant à Paris ce mercredi j’ai raté Laure Adler à Rouen venue honorer de sa présence blonde le vernissage de la troisième édition du Temps des Collections au Musée des Beaux-Arts dont elle est la marraine ou l’organisatrice (va savoir) après Christian Lacroix et Olivia Putman. Il en résulte six mini expositions soutenues par la Matmut, ce « Grand Mécène ». La plupart sont consacrées à des artistes rouennais. L’une montre des œuvres de Vladimír Škoda parmi les ferronneries du Musée Le Secq des Tournelles.
En parallèle, une installation de cet artiste, complétée par des dessins, est présentée à la MAM Galerie, sise à l’Ubi. Au fil des après-midi passées à écrire ce Journal, j’ai assisté à sa mise en place qui fut une épreuve pour les petites mains invisibles chargées de transporter dans des seaux les deux cent mille billes d’acier huilées. Ces deux tonnes de métal sont devenues tapis, sous le nom d’Entropia Grande.
Ce jeudi, un peu avant dix-huit heures, j’arrive à l’Ubi pour le vernissage, en avance comme à mon habitude, mais pas assez pour voir avec mes yeux un vieil élève des cours du soir de l’Ecole des Beaux-Arts marcher sur l’installation et en détruire l’harmonie. L’incident vient de se produire. Tandis que Marie-Andrée Malleville s’emploie à garder son calme et à réparer les dégâts, le fautif reste planté là l’air penaud. Sa femme tente de l’excuser d’un « Il n’est pas très dégourdi. » Je fais le tour des dessins dans lesquels les billes deviennent constellations, l’artiste étant familier de ces contrées où ne m’emmènent même pas mes rêves.
Le tapis de billes serrées les unes contre les autres n’a pas tout à fait repris son aspect initial quand arrive Vladimír Škoda. Grand, costaud, muni d’une barbe blanche, il correspond tout à fait à l’idée que l’on se fait d’un travailleur du métal (il fut tourneur fraiseur avant de quitter Prague en mil neuf cent soixante-huit). Il ne s’insurge pas du mauvais sort fait à son œuvre, laquelle est bientôt réparée. Je bois un verre de vin blanc accompagné de chips au wasabi en observant les allées et venues, puis un autre en devisant avec qui je connais.
C’est quand je m’apprête à quitter les lieux qu’un jeune homme met à son tour le pied sur l’installation dont les billes roulent en tous sens. Lui aussi est fort marri, mais il réagit en tentant de réparer sa bêtise.
                                                          *
Un résidant de l’Ubi voyant les petites mains invisibles fléchir sous le poids des seaux de billes huilées :
-J’ai bien fait de choisir la musique.
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Une après-midi ordinaire à l’Ubi, passe un homme qui demande si l’on y accepte les œuvres d’art : « parce que moi j’ai fait une péniche en maquette. »