Pour la deuxième semaine consécutive, je délaisse la voiture Cinq, convoitée par trop de navetteurs, du train de sept heures vingt-quatre qui mène à Paris, pour la voiture Trois où j’ai place officiellement réservée. Elle est aussi calme que la Cinq et située plus près du hall d’arrivée qu’il faut quitter en franchissant les barrières à Pécresse au moyen du Cul Air Code de son billet. Je me simplifie la vie en collant au cul de la personne précédente avant que les portes se referment.
Pour la deuxième semaine consécutive, le bus Vingt-Neuf, en raison de travaux, snobe le Marais. Après avoir fait le tour de l’Hôtel de Ville, il rejoint le bord de Seine et récupère son itinéraire à la Bastille. Comme le chauffeur ne prévient pas au départ, certains se retrouvent sur le trottoir. Pour ceux qui comme moi visent le Génie, pas de souci, sauf que le chauffeur refuse de stopper à l’arrêt le plus pratique au prétexte qu’il n’est pas écrit Vingt-Neuf sur l’abribus. Il se fait engueuler par tous les voyageurs, sauf moi, qui suis décidément devenu bien paisible.
Il fait gris et froid ce jour. Je m’use les doigts à fouiller dans les livres du Marché d’Aligre, parmi lesquels certains qui appartenaient à Michel Schneider. Tout est mélangé et le prix redescendu à trois pour cinq euros. Rien ne m’enchante vraiment mais je dépense quand même un billet.
Après un café bu au Camélia, j’entre chez Book-Off puis en ressors avec quelques livres à un euro, dont Garçon ! d’Ivan Chmeliov (Actes Sud), Vrain Lucas : le parfait secrétaire des grands hommes de Georges Girard (Allia), Jeanne et André un couple en guerre d’Alain Bellet (La Barbacane) et Carnet de route de Léon Zwingelstein (Glénat).
Le métro m’emmène à Châtelet, un petit tour chez Boulinier, sans achat, et me voici au restaurant Chez Vigouroux, assis à ma table devenue habituelle, pour une formule entrée plat à treize euros cinquante : soupe de légumes, lasagnes de bœuf.
Le jeune couple à ma gauche, un garçon dont je ne vois que le dos et une demoiselle assez jolie, est en grande discussion :
-Mais tu te rends compte de ce qui nous arrive ou pas ?
Elle lui reproche de préférer sortir avec ses peutes plutôt qu’avec elle.
-Emotionnellement, tu te dis pas que j’ai besoin de toi ? Et ça te fait rire !
Elle pleure.
Je n’entends pas ce qu’il lui répond mais il se doit se rattraper car elle se calme.
-Quand tu parles comme ça, c’est doux à entendre.
Au moment où ils s’en vont, je découvre les maigres jambes de cette fille, une anorexique. Je souhaite mentalement bon courage à ce garçon.
Le serveur, lui, est en pétard à cause du sabotage des lignes partant de la Gare de l’Est (c’est son coin). Il est persuadé que les auteurs en sont des cheminots contre la nouvelle loi sur les retraites.
-Un truc de lâches. Si t’es courageux, tu t’armes et tu vas tirer sur l’Elysée.
Quand je ressors, ayant envie d’un peu de calme, je me dirige vers le Centre Pompidou. Ce vingt-cinq janvier est le premier jour d’une expo Gainsbourg.
*
Sur la page de garde de Jeanne et André un couple en guerre, un envoi avec faute d’orthographe de l’auteur, Alain Bellet : « Pour Irène et Claude, la valse des vies ordinaires dans les tourmentes de l’Histoire et des gripages intimes ».
Pour la deuxième semaine consécutive, le bus Vingt-Neuf, en raison de travaux, snobe le Marais. Après avoir fait le tour de l’Hôtel de Ville, il rejoint le bord de Seine et récupère son itinéraire à la Bastille. Comme le chauffeur ne prévient pas au départ, certains se retrouvent sur le trottoir. Pour ceux qui comme moi visent le Génie, pas de souci, sauf que le chauffeur refuse de stopper à l’arrêt le plus pratique au prétexte qu’il n’est pas écrit Vingt-Neuf sur l’abribus. Il se fait engueuler par tous les voyageurs, sauf moi, qui suis décidément devenu bien paisible.
Il fait gris et froid ce jour. Je m’use les doigts à fouiller dans les livres du Marché d’Aligre, parmi lesquels certains qui appartenaient à Michel Schneider. Tout est mélangé et le prix redescendu à trois pour cinq euros. Rien ne m’enchante vraiment mais je dépense quand même un billet.
Après un café bu au Camélia, j’entre chez Book-Off puis en ressors avec quelques livres à un euro, dont Garçon ! d’Ivan Chmeliov (Actes Sud), Vrain Lucas : le parfait secrétaire des grands hommes de Georges Girard (Allia), Jeanne et André un couple en guerre d’Alain Bellet (La Barbacane) et Carnet de route de Léon Zwingelstein (Glénat).
Le métro m’emmène à Châtelet, un petit tour chez Boulinier, sans achat, et me voici au restaurant Chez Vigouroux, assis à ma table devenue habituelle, pour une formule entrée plat à treize euros cinquante : soupe de légumes, lasagnes de bœuf.
Le jeune couple à ma gauche, un garçon dont je ne vois que le dos et une demoiselle assez jolie, est en grande discussion :
-Mais tu te rends compte de ce qui nous arrive ou pas ?
Elle lui reproche de préférer sortir avec ses peutes plutôt qu’avec elle.
-Emotionnellement, tu te dis pas que j’ai besoin de toi ? Et ça te fait rire !
Elle pleure.
Je n’entends pas ce qu’il lui répond mais il se doit se rattraper car elle se calme.
-Quand tu parles comme ça, c’est doux à entendre.
Au moment où ils s’en vont, je découvre les maigres jambes de cette fille, une anorexique. Je souhaite mentalement bon courage à ce garçon.
Le serveur, lui, est en pétard à cause du sabotage des lignes partant de la Gare de l’Est (c’est son coin). Il est persuadé que les auteurs en sont des cheminots contre la nouvelle loi sur les retraites.
-Un truc de lâches. Si t’es courageux, tu t’armes et tu vas tirer sur l’Elysée.
Quand je ressors, ayant envie d’un peu de calme, je me dirige vers le Centre Pompidou. Ce vingt-cinq janvier est le premier jour d’une expo Gainsbourg.
*
Sur la page de garde de Jeanne et André un couple en guerre, un envoi avec faute d’orthographe de l’auteur, Alain Bellet : « Pour Irène et Claude, la valse des vies ordinaires dans les tourmentes de l’Histoire et des gripages intimes ».