La nuit est difficile car un vent fort, que je ne sais pas s’il faut qualifier de tempête, s’est mis à souffler le soir venu. Le bruit que cela fait m’empêche de dormir et je crains que les rafales dans ma fenêtre qui a vue sur mer ne la fassent exploser. Je tente de me rassurer en songeant qu’elle a sûrement connu pire. Pourtant, au milieu de la nuit, elle s’ouvre brutalement. Je parviens heureusement à la refermer, et à dormir un peu.
Au matin cela souffle toujours fort. Le temps dégagé annoncé par la météo est remplacé par un ciel gris porteur de pluies. Cela m’amène à changer mon plan, Carolles et sa Cabane Vauban. Ce n’est encore pas un jour à marcher sur la côte.
Mon pain au chocolat acheté chez Robert la Flûte Gana, je redescends la rue Couraye et trouve ouvert le bar-tabac La Civette où le café allongé est à un euro cinquante. Trois petites tables en terrasse, une à l’intérieur où je me suis assis et trois tabourets de bar, mais il y a une salle en haut, me dit la patronne qui est à la fois bavarde et curieuse. Qu’est-ce que je viens faire à Granville ? « On est ouvert tous les jours de l’année, même le jour de Noël », me dit-elle puis elle tente de me faire commander un autre allongé. « Foire de Lessay un dimanche sous la pluie », c’est l’affichette d’Ouest France qui a le sens de l’observation.
Il pleut à nouveau. Je décide de retourner avec le bus Deux à Saint-Pair où il y aura au moins un café pour m’abriter.
Il pleut encore plus à l’arrivée, direction L’Encre Marine pour un allongé suivi d’une lecture. Depuis mon arrivée dans la Manche, rapport au temps qu’il fait, je lis bien plus que je ne voudrais. J’ai dépassé la moitié du premier volume du Journal de Jean-Luc Lagarce et je n’ai pas emporté le second pour raison de poids.
De retour à Granville, la pluie ayant vaguement cessé mais pas le vent fort, je vais voir la mer, cette fois déchaînée contre la Promenade du Plat Gousset. Je tente d’en faire quelques photos significatives puis je vais voir ce que Le Pirate propose à midi. Hélas, c’est le même menu depuis trois jours.
Je vais donc au Cabestan, sur le Port de Pêche, mais avant que j’aie passé commande, arrive un groupe de dix jeunes adultes avec dans des poussettes quatre exemplaires déjà énervés de Génération Cinquante. Ils ont table à côté de la mienne. Je demande à la serveuse si je peux en avoir une autre. Elles sont toutes réservées. « J’aimerais déjeuner en paix, lui dis-je, aussi je vais aller ailleurs. » Cet ailleurs n’est pas loin et s’appelle La Bisquine. Je m’y contente d’une pizza napolitaine à treize euros trente.
Le Pirate, j’y retourne vers quatorze heures quinze pour un café lecture à l’intérieur. L’auvent de la terrasse protège de la pluie lorsqu’elle est verticale, pas quand elle est oblique poussée par le vent
Vers seize heures, un brin de soleil me pousse sur la Promenade du Plat Gousset. J’assiste à l’enlèvement de la première cabine de plage par un engin qui la pose sur une plate-forme tirée par un camion. Cette fois, la saison est vraiment terminée.
*
Un homme à sa femme : « T’as vu, y en a qui se baignent là-bas dans le lac. » (le lac = la piscine d’eau de mer)
*
Cette façon qu’elles et eux ont de se battre pour payer les deux cafés pris ensemble dans un bar, comme s’il s’agissait de faire un immense cadeau à l’autre, alors qu’est en jeu une somme dérisoire.
*
De Paul-Jean Toulet, que lit Jean-Luc Lagarce en mars mil neuf cent quatre-vingt-huit : Dans la vie, parfois, il faut savoir manquer un train.
*
Lagarce, quand une amie de lycée lui annonce sa séparation d’avec celui avec qui elle était depuis la seconde : En bon Verseau elle fait une plaisanterie détachée. Mais je suis bien placé pour savoir que les plaisanteries détachées des Verseaux ne sont pas toujours pleines d’humour. Je confirme, l’étant également.
Dommage qu’il n’ait pas lu le Journal littéraire de Léautaud, il aurait appris qu’on ne commence pas une phrase par « mais », mot inutile alourdissant le propos.
Au matin cela souffle toujours fort. Le temps dégagé annoncé par la météo est remplacé par un ciel gris porteur de pluies. Cela m’amène à changer mon plan, Carolles et sa Cabane Vauban. Ce n’est encore pas un jour à marcher sur la côte.
Mon pain au chocolat acheté chez Robert la Flûte Gana, je redescends la rue Couraye et trouve ouvert le bar-tabac La Civette où le café allongé est à un euro cinquante. Trois petites tables en terrasse, une à l’intérieur où je me suis assis et trois tabourets de bar, mais il y a une salle en haut, me dit la patronne qui est à la fois bavarde et curieuse. Qu’est-ce que je viens faire à Granville ? « On est ouvert tous les jours de l’année, même le jour de Noël », me dit-elle puis elle tente de me faire commander un autre allongé. « Foire de Lessay un dimanche sous la pluie », c’est l’affichette d’Ouest France qui a le sens de l’observation.
Il pleut à nouveau. Je décide de retourner avec le bus Deux à Saint-Pair où il y aura au moins un café pour m’abriter.
Il pleut encore plus à l’arrivée, direction L’Encre Marine pour un allongé suivi d’une lecture. Depuis mon arrivée dans la Manche, rapport au temps qu’il fait, je lis bien plus que je ne voudrais. J’ai dépassé la moitié du premier volume du Journal de Jean-Luc Lagarce et je n’ai pas emporté le second pour raison de poids.
De retour à Granville, la pluie ayant vaguement cessé mais pas le vent fort, je vais voir la mer, cette fois déchaînée contre la Promenade du Plat Gousset. Je tente d’en faire quelques photos significatives puis je vais voir ce que Le Pirate propose à midi. Hélas, c’est le même menu depuis trois jours.
Je vais donc au Cabestan, sur le Port de Pêche, mais avant que j’aie passé commande, arrive un groupe de dix jeunes adultes avec dans des poussettes quatre exemplaires déjà énervés de Génération Cinquante. Ils ont table à côté de la mienne. Je demande à la serveuse si je peux en avoir une autre. Elles sont toutes réservées. « J’aimerais déjeuner en paix, lui dis-je, aussi je vais aller ailleurs. » Cet ailleurs n’est pas loin et s’appelle La Bisquine. Je m’y contente d’une pizza napolitaine à treize euros trente.
Le Pirate, j’y retourne vers quatorze heures quinze pour un café lecture à l’intérieur. L’auvent de la terrasse protège de la pluie lorsqu’elle est verticale, pas quand elle est oblique poussée par le vent
Vers seize heures, un brin de soleil me pousse sur la Promenade du Plat Gousset. J’assiste à l’enlèvement de la première cabine de plage par un engin qui la pose sur une plate-forme tirée par un camion. Cette fois, la saison est vraiment terminée.
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Un homme à sa femme : « T’as vu, y en a qui se baignent là-bas dans le lac. » (le lac = la piscine d’eau de mer)
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Cette façon qu’elles et eux ont de se battre pour payer les deux cafés pris ensemble dans un bar, comme s’il s’agissait de faire un immense cadeau à l’autre, alors qu’est en jeu une somme dérisoire.
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De Paul-Jean Toulet, que lit Jean-Luc Lagarce en mars mil neuf cent quatre-vingt-huit : Dans la vie, parfois, il faut savoir manquer un train.
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Lagarce, quand une amie de lycée lui annonce sa séparation d’avec celui avec qui elle était depuis la seconde : En bon Verseau elle fait une plaisanterie détachée. Mais je suis bien placé pour savoir que les plaisanteries détachées des Verseaux ne sont pas toujours pleines d’humour. Je confirme, l’étant également.
Dommage qu’il n’ait pas lu le Journal littéraire de Léautaud, il aurait appris qu’on ne commence pas une phrase par « mais », mot inutile alourdissant le propos.