Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Ciné concert Les Temps modernes à l’Opéra de Rouen (Automne en Normandie)

17 novembre 2014


Revoici, et c’est la dernière fois, le festival Automne en Normandie qui améliore la programmation de l’Opéra de Rouen et remplit le Théâtre des Arts qui l’héberge. Ce vendredi soir, c’est avec la projection des Temps modernes accompagnée de la musique composée par Charlie Chaplin himself (avec l’aide de David Raksin et d’Alfred Newman), dont la partition a été restaurée par le compositeur américain Timothy Brock. Celui-ci est présent pour diriger l’Orchestre.
Je suis en Gé Cinq au premier balcon, une excellente place, m’a dit dans l’après-midi la guichetière au joli sourire. Je confirme. De là, j’ai vue centrée sur l’écran et la totalité des musicien(ne)s ainsi que sur Timothy Brock qui donne en apéritif la musique imagée qu’il a composée pour le premier film de Charlot Kid Auto Race. Les gags de ce très court métrage sont pauvres, mais ils font rire les enfants et même certains adultes.
Les Temps modernes sont d’une autre envergure, que j’ai dû voir à la télévision il y a quarante-cinq ans et dont il me reste en mémoire le début. Difficile pour moi de suivre de concert (si je puis dire) l’image et le son, la première prend le dessus sur le second, d’autant que les interprètes sont dans la pénombre. Cette musique est fort à mon goût et j’aurais avec plaisir assisté à une autre exécution sans le film.
Tout le monde est bien content à la fin, après que Charlot s’est enfui sur la route avec la Gamine afin d’échapper aux policiers de la brigade des mineurs. Timothy Brock est beaucoup applaudi. Il montre l’écran où apparaît un portrait de Charlie Chaplin. « Je savais pas qu’il écrivait aussi de la musique », dit une dame de mon voisinage. Moi non plus.
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Glissée dans le livret programme, une feuille jaune d’Automne Collectif, le rassemblement créé à l’initiative des salariés d’Automne en Normandie, invite le public à protester contre la suppression du festival décidée par les Chefs de la Région Haute-Normandie et des Départements de Seine-Maritime et de l’Eure, Socialistes, qui veulent le remplacer ainsi que Terre de Paroles par un unique au printemps à partir de deux mille seize. Le budget sera trente pour cent moindre. Victor Hugo est appelé en renfort : On pousse à de bien maigres économies pour de bien grands dégâts !
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La veille, jour où la Police frappait celles et ceux qui voulaient construire un village de cabanes devant le Musée des Beaux-Arts de Rouen, Guillaume Le Blanc, professeur de philosophie à l’Université Michel-de-Montaigne de Bordeaux, était l’invité de La Grande Table de France Culture pour son livre paru chez Bayard, L'insurrection des vies minuscules (titre à double référence), dans lequel il fait de Charlot une source d’inspiration pour les évincés d’aujourd’hui.
«La question de Charlot n’est pas: comment s’élever dans la société? Elle est bien plutôt: comment tenir le coup quand on est viré? Comment habiter le monde malgré tout? Comment se construire une niche écologique pour temps précaire?» indique la quatrième de couverture.
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« Ce que je trouve intéressant dans le personnage de Charlot, c’est que c’est précisément une vie anonyme qui apparaît dans la foule et qui se met malgré lui à produire une politique de la rage d’exister, par-delà tout discours qui pourrait être tenu sur lui. C’est celui qui déborde d’énergie, arrive à construire quelque chose avec les moyens du bord, avec son corps : c’est un désespéré sans désespoir. » (extrait de l’entrevue des Inrockuptibles avec Guillaume Le Blanc, le vingt-huit octobre deux mille quatorze)