Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Ayant achevé Anéantir de Michel Houellebecq

16 février 2024


J’en ai fini avec Anéantir, le dernier livre de Michel Houellebecq, publié chez Flammarion, un roman mêlant plusieurs vies, celles de Paul, de son employeur Bruno (le meilleur Ministre des Finances depuis Colbert), de sa sœur Cécile, de son frère Aurélien, de leur père ancien des services secrets devenu paraplégique et de mystérieux auteurs d’attentats internationaux (nous sommes en deux mille vingt-sept). Cette polyphonie cesse vers la fin du roman, une fois que Paul est malade d’un cancer. Tous les autres personnages sont oubliés, il ne reste que lui en train de mourir.
Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé. Ni que j’ai aimé. Quelques passages notés au passage :
C’était exactement le type de senior, songea-t-il, qui était invariablement mis en scène dans les publicités des plans de prévention obsèques. 
C’était probablement mauvais signe d’avoir envie, comme ça, de se replonger dans ses années de jeunesse, c’était probablement ce qui arrive à ceux qui commence à comprendre qu’ils ont raté leur vie. 
Au bout de son troisième Talisker, Paul se dit qu’il allait être un peu saoul à la messe de minuit ; ce n’était pas forcément une mauvaise chose. 
Quand il avait quitté la maison Aurélien était encore un enfant, quelque chose qu’il distinguait assez peu d’un animal domestique ; il n’avait jamais eu l’impression, en réalité, d’avoir un frère. 
La vie humaine est constituée d’une succession de difficultés administratives et techniques, entrecoupée par des problèmes médicaux ; l’âge venant, les aspects médicaux prennent le dessus. La vie change alors de nature, elle se met à ressembler à une course de haies : des examens médicaux de plus en plus fréquents et variés scrutent l’état de vos organes. Ils concluent que la situation est normale, ou du moins acceptable, jusqu’à ce que l’un d’entre eux rende un verdict différent. La vie change alors de nature une seconde fois, pour devenir un parcours plus ou moins long et douloureux vers la mort. 
Il avait toujours envisagé le monde comme un endroit où il n’aurait pas dû être, mais qu’il n’était pas pressé de quitter, simplement parce qu’il n’en connaissait pas d’autre.
  … une vie n’est jamais belle lorsque l’on considère sa fin, comme l’exprimait Pascal avec sa brutalité habituelle. « Le dernier acte est sanglant, quelque belle que ce soit la comédie en tout le reste : on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. ». 
                                                                   *
Houellebecq pense encore qu’une voiture de Tégévé s’appelle un wagon. Il fait rêver Paul à plusieurs reprises, des pages que j’ai sautées.
                                                                   *
Où est le bec ? Aurélien meurt par pendaison dans la maison familiale où sont présents son frère et sa sœur mais ensuite l’auteur oublie d’évoquer ses obsèques.