Par quelle malédiction les vide greniers de Bihorel et Rouen La Madeleine, tous deux à quatre cents exposant(e)s, se tiennent-ils à la même date cette année ?
Je commence par Bihorel, ville dont je connais bien la route qui y mène, songeant à celle qui y vivait lorsque je l’ai connue. Je parcours par deux fois les rues où les bourgeois(e)s d’ici et des pauvres aussi répandent leur inutile.
-Combien ce costume ? demande un homme à l’un de ces vendeurs.
-Un euro.
-Un euro, un costume ?
-C’est celui de mon premier mariage, je ne veux plus le voir.
Côté livres, c’est décevant, il semble qu’ici on lise surtout des ouvrages sur le chemin qui mène à Compostelle. Je redescends à Rouen, vais à pied jusqu’au lointain quartier de La Madeleine où se trouve la Préfecture.
Devant la porte d’honneur de celle-ci, aux grilles grandes ouvertes, plastronne un élu écologiste rouennais. D’autres hommes arrivent vêtus d’un costume qui est peut-être celui de leur mariage lointain, en lesquels je reconnais des élus ruraux. Tous ont l’air fiérot de qui a le droit de voter aux Sénatoriales.
Le bon peuple est à côté dans les allées encombrées du vide grenier. Que de moutard(e)s en poussette, que de couples dont le mari reste planté pendant que sa femme fouille dans les vêtements. Difficile de voir ce qui m’intéresse, mais je trouve quand même Le jardin ouvrier d’Ivar Ch’Vavar & camarades (Flammarion), anthologie poétique tirée des numéros de la revue du même nom (mil neuf cent quatre-vingt-quinze – deux mille trois), en page de garde : « Offert par Pierre ». Un peu plus loin, je fouille dans un carton de livres à cinquante centimes (m’a dit la femme). J’en retiens cinq que le mari veut me faire payer un euro pièce. Je proteste et devant son entêtement laisse retomber.
-Bravo, madame, vous avez trouvé le bon mari.
Fatigué et énervé, je rentre à la maison. Après déjeuner, j’y retourne avec le bus Teor, utilisant la carte gratuite dix voyages obtenue pour fêter la transformation de la ligne Sept en ligne Fast. Je descends à Pasteur Panorama. Le panorama, c’est celui, artificiel, que l’on pourra voir dans le cylindre Asisi (Il est dressé vers le ciel/Comme la tour Eiffel).
-C’est quoi c’truc là, entends-je régulièrement à propos de cet édifice.
Je profite du moins de monde, trouve quelques livres à mon goût et expérimente une nouvelle technique de marchandage pour l’un qu’on me propose à trois euros :
-Si je vous dis deux, vous allez me dire non.
-Je vais vous dire oui, me dit la dame avec un grand sourire.
Un homme et une femme, profitant de l’affluence, distribuent de petits papiers publicitaires. Il est radiesthésiste et coupeur de feu. « Non merci », leur dis-je.
Ayant croisé Adji, l’ancien bouquiniste de la rue Bouvreuil, j’achète un livre écrit par un conteur africain et le lui offre quand je le revois. Il n’avait plus ce livre et vient juste d’acheter une étude sur ce même conteur.
-Il y a des esprits qui veillent à tout ça, me dit-il.
Je commence par Bihorel, ville dont je connais bien la route qui y mène, songeant à celle qui y vivait lorsque je l’ai connue. Je parcours par deux fois les rues où les bourgeois(e)s d’ici et des pauvres aussi répandent leur inutile.
-Combien ce costume ? demande un homme à l’un de ces vendeurs.
-Un euro.
-Un euro, un costume ?
-C’est celui de mon premier mariage, je ne veux plus le voir.
Côté livres, c’est décevant, il semble qu’ici on lise surtout des ouvrages sur le chemin qui mène à Compostelle. Je redescends à Rouen, vais à pied jusqu’au lointain quartier de La Madeleine où se trouve la Préfecture.
Devant la porte d’honneur de celle-ci, aux grilles grandes ouvertes, plastronne un élu écologiste rouennais. D’autres hommes arrivent vêtus d’un costume qui est peut-être celui de leur mariage lointain, en lesquels je reconnais des élus ruraux. Tous ont l’air fiérot de qui a le droit de voter aux Sénatoriales.
Le bon peuple est à côté dans les allées encombrées du vide grenier. Que de moutard(e)s en poussette, que de couples dont le mari reste planté pendant que sa femme fouille dans les vêtements. Difficile de voir ce qui m’intéresse, mais je trouve quand même Le jardin ouvrier d’Ivar Ch’Vavar & camarades (Flammarion), anthologie poétique tirée des numéros de la revue du même nom (mil neuf cent quatre-vingt-quinze – deux mille trois), en page de garde : « Offert par Pierre ». Un peu plus loin, je fouille dans un carton de livres à cinquante centimes (m’a dit la femme). J’en retiens cinq que le mari veut me faire payer un euro pièce. Je proteste et devant son entêtement laisse retomber.
-Bravo, madame, vous avez trouvé le bon mari.
Fatigué et énervé, je rentre à la maison. Après déjeuner, j’y retourne avec le bus Teor, utilisant la carte gratuite dix voyages obtenue pour fêter la transformation de la ligne Sept en ligne Fast. Je descends à Pasteur Panorama. Le panorama, c’est celui, artificiel, que l’on pourra voir dans le cylindre Asisi (Il est dressé vers le ciel/Comme la tour Eiffel).
-C’est quoi c’truc là, entends-je régulièrement à propos de cet édifice.
Je profite du moins de monde, trouve quelques livres à mon goût et expérimente une nouvelle technique de marchandage pour l’un qu’on me propose à trois euros :
-Si je vous dis deux, vous allez me dire non.
-Je vais vous dire oui, me dit la dame avec un grand sourire.
Un homme et une femme, profitant de l’affluence, distribuent de petits papiers publicitaires. Il est radiesthésiste et coupeur de feu. « Non merci », leur dis-je.
Ayant croisé Adji, l’ancien bouquiniste de la rue Bouvreuil, j’achète un livre écrit par un conteur africain et le lui offre quand je le revois. Il n’avait plus ce livre et vient juste d’acheter une étude sur ce même conteur.
-Il y a des esprits qui veillent à tout ça, me dit-il.