Un vendredi matin bien froid, et bruyant, car c’est le jour du grand nettoyage du jardin (ce qu’il en reste), débroussailleuse, chasse-feuilles, tondeuse.
Je fuis ce tapage à neuf heures pour prendre un bus Teor puis le métro dont je descends à Hôtel de Ville de Sotteville. De là, pédestrement, je rejoins la Bibliothèque Municipale.
Aujourd’hui à partir de dix heures, c’est son premier jour de désherbage. Il est moins le quart. Deux couples me précèdent devant la porte latérale. Comme moi, ils savent que c’est ici l’ouverture en cette circonstance. Je ne me retourne pas mais je sens que derrière, la file s’allonge. Il est possible que certains ne puissent pas entrer avant que d’autres ne ressortent.
Un lointain carillonnage d’église annonce dix heures et là ça ne se passe pas comme prévu car les bibliothécaires ouvrent la grande porte, peut-être à cause du froid. C’est ainsi que beaucoup me précédent à l’intérieur. Je suis quand même le premier devant le bac Littérature.
Il est peu chargé, mais contient un ouvrage que je ne laisse pas saisir par quelqu’un d’autre, le Zibaldone de Giacomo Leopardi, publié chez Allia, un ouvrage de deux mille quatre cents pages sur papier bible, prix de vente neuf cinquante euros et qui ici, comme document, est à deux euros. Ce pavé était soldé il y a des années chez Mona Lisait à Paris. Je m’étais tâté pour l’acheter. C’est une pièce maîtresse que je ne suis pas certain de réussir à lire.
Choderlos de Laclos par Jean-Paul Bertrand (Fayard) va aussi dans mon sac en plastique. Au rayon Voyage un troisième document devient mien : Lettres d’Egypte de Gaston Maspero, sa correspondance avec sa femme Louise, publiée au Seuil.
Parmi les romans, tous à un euro, je retiens le volume deux de ceux de Restif de La Bretonne paru chez Bouquins Laffont (point de volume un) et, autre trouvaille de premier ordre, La Vie et les Opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne dans la traduction intégrale de Guy Jouvet en un volume chez Tristram, un peu déformé, on voit qu’il a été lu plus d’une fois.
Il y a une telle foule dans cette salle annexe que je ne peux rester davantage. Mes achats réglés, je trouve devant l’Hôtel de Ville un bus Effe Sept prêt à partir. Il a l’avantage, pour traverser Rouen, de passer par la rue de la République. Je n’ai que deux cents mètres à pied pour rejoindre mon logis. Il est onze heures pile. Le détartrage du jardin n’est pas terminé.
*
Je trouve insensé qu’une bibliothèque se débarrasse du Zibaldone et de Tristram Shandy, mais je ne vais pas m’en plaindre.
Je fuis ce tapage à neuf heures pour prendre un bus Teor puis le métro dont je descends à Hôtel de Ville de Sotteville. De là, pédestrement, je rejoins la Bibliothèque Municipale.
Aujourd’hui à partir de dix heures, c’est son premier jour de désherbage. Il est moins le quart. Deux couples me précèdent devant la porte latérale. Comme moi, ils savent que c’est ici l’ouverture en cette circonstance. Je ne me retourne pas mais je sens que derrière, la file s’allonge. Il est possible que certains ne puissent pas entrer avant que d’autres ne ressortent.
Un lointain carillonnage d’église annonce dix heures et là ça ne se passe pas comme prévu car les bibliothécaires ouvrent la grande porte, peut-être à cause du froid. C’est ainsi que beaucoup me précédent à l’intérieur. Je suis quand même le premier devant le bac Littérature.
Il est peu chargé, mais contient un ouvrage que je ne laisse pas saisir par quelqu’un d’autre, le Zibaldone de Giacomo Leopardi, publié chez Allia, un ouvrage de deux mille quatre cents pages sur papier bible, prix de vente neuf cinquante euros et qui ici, comme document, est à deux euros. Ce pavé était soldé il y a des années chez Mona Lisait à Paris. Je m’étais tâté pour l’acheter. C’est une pièce maîtresse que je ne suis pas certain de réussir à lire.
Choderlos de Laclos par Jean-Paul Bertrand (Fayard) va aussi dans mon sac en plastique. Au rayon Voyage un troisième document devient mien : Lettres d’Egypte de Gaston Maspero, sa correspondance avec sa femme Louise, publiée au Seuil.
Parmi les romans, tous à un euro, je retiens le volume deux de ceux de Restif de La Bretonne paru chez Bouquins Laffont (point de volume un) et, autre trouvaille de premier ordre, La Vie et les Opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne dans la traduction intégrale de Guy Jouvet en un volume chez Tristram, un peu déformé, on voit qu’il a été lu plus d’une fois.
Il y a une telle foule dans cette salle annexe que je ne peux rester davantage. Mes achats réglés, je trouve devant l’Hôtel de Ville un bus Effe Sept prêt à partir. Il a l’avantage, pour traverser Rouen, de passer par la rue de la République. Je n’ai que deux cents mètres à pied pour rejoindre mon logis. Il est onze heures pile. Le détartrage du jardin n’est pas terminé.
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Je trouve insensé qu’une bibliothèque se débarrasse du Zibaldone et de Tristram Shandy, mais je ne vais pas m’en plaindre.