On est décidément matinal à Nice, même le dimanche. Il y a file à la boulangerie quand je m’y présente, ainsi qu’à la boucherie d’à côté où l’on propose de la viande bon marché. A la terrasse du Garibaldi, la plupart des habitués parlent italien. Mon café est d’avant huit heures, donc à un euro cinquante. L’argent, m’a expliqué le gérant, va dans la poche de celui qui fait l’ouverture. Après, « c’est le prix de la caisse ».
L’orage est encore lointain. J’en profite pour grimper une nouvelle fois sur la colline du Parc du Château. Après le cimetière catholique est l’israélite devant lequel se trouve un mur avec les noms et âges des Juifs arrêtés à Nice, déportés puis exterminés. A l’entrée est une urne qui « renferme du savon à la graisse humaine fabriqué par les Allemands du IIIe Reich avec les corps de nos frères déportés ». Continuant à monter, j’accède à l’endroit où l’on tire le canon chaque midi. Sauf le dimanche, est-il écrit. Un charmant couple de vieux Niçois, à la peau tirée comme s’ils avaient abusé de la chirurgie esthétique, m’indique par où descendre pour rejoindre la Promenade des Anglais.
Celle-ci n’est pas tranquille. Les percussionnistes à bidons d’hier y rythment un semi-marathon qui rend difficile la traversée de la chaussée pour qui comme moi veut se rapprocher de la mer. Une fois l’obstacle franchi, je m’installe sur un banc avec Edmond, tournant le dos aux sportifs.
-Vous êtes le Philosophe, me dit un quinquagénaire à chorte fleuri.
-Il y a ceux qui courent et il y a celui qui lit, lui réponds-je.
Il me demande quoi. Les Goncourt il connaît, il a vécu en Haute-Marne près de l’endroit où était l’imprimerie de leur famille, il n’a pas lu leur Journal, qu’est-ce que ça raconte ? Des méchancetés sur tous leurs contemporains. Ah, ça peut être intéressant. Lui vient de relire Le Petit Prince après avoir entendu une théorie nouvelle sur la symbolique du mouton et il écrit sur la symbolique de la grotte.
A peine est-il parti que de grosses gouttes s’écrasent sur la ville. Je retraverse entre les coureurs et vais poursuivre ma lecture sous un parasol au Kalice, place Rossetti. L’averse passe. Le bicycliste de la table voisine repart. Devant la Cathédrale, une grosse dame à lunettes jongle sommairement avec deux balles de tennis.
Vers onze heures je me rapproche de mon chez moi temporaire et trouve à manger sans attendre midi à la pizzéria Paneolio tenue par des Italien(ne)s. La carte est en langue créolisée. La pizza de mon choix, une Campana à douze euros, est ainsi décrite : « fior de latte, mozzarella fumée, saucisse napolitaine et fiarielli (brocoli) ». « Tous nos produis sont importés en direct de nos producteurs en Italie sans intermédiaires » est-il précisé. Je commande en sus un verre de vin blanc à quatre euros. Rustique et même un peu coriace, telle est ma Campana. Je la termine un peu avant midi et surprise, bien que ce soit dimanche, le canon tonne.
De grosses gouttes s’aplatissent sur le sol à peine suis-je rue Jean-Jaurès. Je m’abrite cinq minutes sous un arbre de la Promenade du Paillon puis rejoins mon logis. Le ciel se couvre vraiment et l’orage se déclenche vers quatorze heures. J’emploie cette après-midi agitée à envisager la suite grâce à la documentation récupérée à l’Office du Tourisme auprès d’une aimable et efficace employée.
*
« Estro collabo », « Estro toutou de Macron », c’est ce que criaient ce samedi des antivax antipass devant le domicile d’Estrosi, dépités qu’ils étaient de ne plus pouvoir défiler dans les rues commerçantes après un arrêté du Préfet demandé par le Maire. Un peu de lacrymogène les a dispersés.
*
Vu a la télé sur la pancarte d’une manifestante pour le climat allemande : « Eat pussy not animals ». Je veux bien mais où s’en procurer un bon ?
L’orage est encore lointain. J’en profite pour grimper une nouvelle fois sur la colline du Parc du Château. Après le cimetière catholique est l’israélite devant lequel se trouve un mur avec les noms et âges des Juifs arrêtés à Nice, déportés puis exterminés. A l’entrée est une urne qui « renferme du savon à la graisse humaine fabriqué par les Allemands du IIIe Reich avec les corps de nos frères déportés ». Continuant à monter, j’accède à l’endroit où l’on tire le canon chaque midi. Sauf le dimanche, est-il écrit. Un charmant couple de vieux Niçois, à la peau tirée comme s’ils avaient abusé de la chirurgie esthétique, m’indique par où descendre pour rejoindre la Promenade des Anglais.
Celle-ci n’est pas tranquille. Les percussionnistes à bidons d’hier y rythment un semi-marathon qui rend difficile la traversée de la chaussée pour qui comme moi veut se rapprocher de la mer. Une fois l’obstacle franchi, je m’installe sur un banc avec Edmond, tournant le dos aux sportifs.
-Vous êtes le Philosophe, me dit un quinquagénaire à chorte fleuri.
-Il y a ceux qui courent et il y a celui qui lit, lui réponds-je.
Il me demande quoi. Les Goncourt il connaît, il a vécu en Haute-Marne près de l’endroit où était l’imprimerie de leur famille, il n’a pas lu leur Journal, qu’est-ce que ça raconte ? Des méchancetés sur tous leurs contemporains. Ah, ça peut être intéressant. Lui vient de relire Le Petit Prince après avoir entendu une théorie nouvelle sur la symbolique du mouton et il écrit sur la symbolique de la grotte.
A peine est-il parti que de grosses gouttes s’écrasent sur la ville. Je retraverse entre les coureurs et vais poursuivre ma lecture sous un parasol au Kalice, place Rossetti. L’averse passe. Le bicycliste de la table voisine repart. Devant la Cathédrale, une grosse dame à lunettes jongle sommairement avec deux balles de tennis.
Vers onze heures je me rapproche de mon chez moi temporaire et trouve à manger sans attendre midi à la pizzéria Paneolio tenue par des Italien(ne)s. La carte est en langue créolisée. La pizza de mon choix, une Campana à douze euros, est ainsi décrite : « fior de latte, mozzarella fumée, saucisse napolitaine et fiarielli (brocoli) ». « Tous nos produis sont importés en direct de nos producteurs en Italie sans intermédiaires » est-il précisé. Je commande en sus un verre de vin blanc à quatre euros. Rustique et même un peu coriace, telle est ma Campana. Je la termine un peu avant midi et surprise, bien que ce soit dimanche, le canon tonne.
De grosses gouttes s’aplatissent sur le sol à peine suis-je rue Jean-Jaurès. Je m’abrite cinq minutes sous un arbre de la Promenade du Paillon puis rejoins mon logis. Le ciel se couvre vraiment et l’orage se déclenche vers quatorze heures. J’emploie cette après-midi agitée à envisager la suite grâce à la documentation récupérée à l’Office du Tourisme auprès d’une aimable et efficace employée.
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« Estro collabo », « Estro toutou de Macron », c’est ce que criaient ce samedi des antivax antipass devant le domicile d’Estrosi, dépités qu’ils étaient de ne plus pouvoir défiler dans les rues commerçantes après un arrêté du Préfet demandé par le Maire. Un peu de lacrymogène les a dispersés.
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Vu a la télé sur la pancarte d’une manifestante pour le climat allemande : « Eat pussy not animals ». Je veux bien mais où s’en procurer un bon ?