Beaucoup se lèvent tôt à Nice, je le constate alors qu’à peine le jour apparu on fait queue chez la boulangère que m’a indiquée un balayeur de rue. C’est pour travailler ou pour se baigner, ou encore pour se baigner avant d’aller travailler. Après un passage par la fort belle place Masséna et sa fontaine du Soleil j’arrive sur la trop connue Promenade des Anglais en ayant une pensée pour le drame qui eut lieu certain Quatorze Juillet par la volonté d’un islamiste.
Impossible de manger mon croissant et mon pain au chocolat en buvant un café côté mer, il n’y a que des établissements d’un luxe tapageur privatisant des portions de la plage et pas encore ouverts (comment les riches peuvent-ils se contenter d’une étendue de galets pour s’allonger un verre à la main ?). C’est sur une des chaises bleues, face à la Grande Bleue, que je mange mes viennoiseries.
Cette Promenade des Anglais (la Prom’ pour les intimes) est d’un prestige surfait, comme les Champs-Elysées et la Canebière, doublée qu’elle est par une deux fois trois voies à forte circulation automobile. Les cafés qui jouxtent cette autoroute urbaine ne me font pas envie, d’autant que j’ai déjà trop chaud. Je cherche refuge dans une petite rue perpendiculaire ombragée.
S’y trouve un café appelé La Lorraine (souvenir de mon escapade précédente) où on ne demande pas le passe et où le café est à deux euros. J’ouvre là pour la première fois le troisième tome du Journal des Goncourt. Edmond est encore du voyage.
Après m’être allégé à mon quatrième étage et en avoir tiré les volets, je contourne le Lycée Masséna pour rejoindre la place Saint-François. Mon Guide du Routard Côte d’Azur deux mille neuf y conseille un restaurant plus connu des locaux que des touristes.
Il a disparu. Peu soucieux d’entrer dans les rues les plus étroites de la ville qui sont surpeuplées à cette heure, c’est sur cette même place que je déjeune au Restaurant Gaglio d’un menu à dix-neuf euros quatre-vingt-dix : caillettes farcies minestrone de légumes, bavette d’aloyau pleurotes gratin dauphinois et feuilleté aux pommes. C’est bon et accompagné de pain rustique. D’une carafe d’eau aussi car le vin au verre n’est pas donné.
N’ayant pas envie de m’épuiser par cette chaleur, je vais lire à côté, Promenade du Paillon, aussi appelée la Coulée Verte et qui mène au Théâtre National de Nice. Un quinquagénaire ventru demande à partager mon banc.
-Pas de problème, je vais me mettre à l’autre bout.
-Y a pas de danger, me répond-il, tout ça c’est une histoire inventée par les politiques.
-C’est bon, ne me racontez pas des conneries à la Raoult.
Il ronchonne puis se tait puis s’en va. Je fais de même un peu plus tard pour aller boire un café au Relax où on l’est moins qu’hier car soudain la serveuse se précipite sur tous les passes non contrôlés. La maréchaussée est signalée dans un autre bar du quartier.
*
Un peu effrayant, le coup de canon de midi quand on l’entend pour la première fois, comme c’est mon cas ce mercredi.
*
Le mercredi, ce jour cruel où les mères sortent en ville avec leurs filles.
*
Ô Niçois qui mal y pense !
Ça me trotte dans la tête.
L’écrire m’en débarrassera peut-être.
Impossible de manger mon croissant et mon pain au chocolat en buvant un café côté mer, il n’y a que des établissements d’un luxe tapageur privatisant des portions de la plage et pas encore ouverts (comment les riches peuvent-ils se contenter d’une étendue de galets pour s’allonger un verre à la main ?). C’est sur une des chaises bleues, face à la Grande Bleue, que je mange mes viennoiseries.
Cette Promenade des Anglais (la Prom’ pour les intimes) est d’un prestige surfait, comme les Champs-Elysées et la Canebière, doublée qu’elle est par une deux fois trois voies à forte circulation automobile. Les cafés qui jouxtent cette autoroute urbaine ne me font pas envie, d’autant que j’ai déjà trop chaud. Je cherche refuge dans une petite rue perpendiculaire ombragée.
S’y trouve un café appelé La Lorraine (souvenir de mon escapade précédente) où on ne demande pas le passe et où le café est à deux euros. J’ouvre là pour la première fois le troisième tome du Journal des Goncourt. Edmond est encore du voyage.
Après m’être allégé à mon quatrième étage et en avoir tiré les volets, je contourne le Lycée Masséna pour rejoindre la place Saint-François. Mon Guide du Routard Côte d’Azur deux mille neuf y conseille un restaurant plus connu des locaux que des touristes.
Il a disparu. Peu soucieux d’entrer dans les rues les plus étroites de la ville qui sont surpeuplées à cette heure, c’est sur cette même place que je déjeune au Restaurant Gaglio d’un menu à dix-neuf euros quatre-vingt-dix : caillettes farcies minestrone de légumes, bavette d’aloyau pleurotes gratin dauphinois et feuilleté aux pommes. C’est bon et accompagné de pain rustique. D’une carafe d’eau aussi car le vin au verre n’est pas donné.
N’ayant pas envie de m’épuiser par cette chaleur, je vais lire à côté, Promenade du Paillon, aussi appelée la Coulée Verte et qui mène au Théâtre National de Nice. Un quinquagénaire ventru demande à partager mon banc.
-Pas de problème, je vais me mettre à l’autre bout.
-Y a pas de danger, me répond-il, tout ça c’est une histoire inventée par les politiques.
-C’est bon, ne me racontez pas des conneries à la Raoult.
Il ronchonne puis se tait puis s’en va. Je fais de même un peu plus tard pour aller boire un café au Relax où on l’est moins qu’hier car soudain la serveuse se précipite sur tous les passes non contrôlés. La maréchaussée est signalée dans un autre bar du quartier.
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Un peu effrayant, le coup de canon de midi quand on l’entend pour la première fois, comme c’est mon cas ce mercredi.
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Le mercredi, ce jour cruel où les mères sortent en ville avec leurs filles.
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Ô Niçois qui mal y pense !
Ça me trotte dans la tête.
L’écrire m’en débarrassera peut-être.