De la pluie forte toute la nuit et encore un peu quand je sors de chez moi pour rejoindre la Gare de Rouen. Place des Carmes, dans l’obscurité du petit matin, des oiseaux se font entendre, illustrant la chanson de Dominique A.
Ce jeudi, le sept heures vingt-deux pour Paris est encore un train des familles. J’ai place dans un carré déjà occupé par un couple à enfançon vagissant. Je m’en éloigne grâce à une place restée libre, de plus sans voisinage. Je lis Département des Nains de Martin Melkonian paru en mil neuf cent quatre-vingt-huit à la Librairie Séguier, de la poésie en prose. On y trouve des choses comme ceci, qu’on ne publierait plus aujourd’hui : Deux très jeunes danseuses : chignon, pas de maquillage, anatomie suraiguë, démarche chaotique. En tennis. L’envie de s’ébattre (la détente) tout le temps. Gracieuses ? Corps écartés, techniquement prêts à l’écartement. Souples aussi. Gamines ? Asphalte chaud.
A la sortie du métro Ledru-Rollin, je constate qu’il pleut autant à Paris qu’à Rouen au milieu de la nuit et qu’on s’y croirait presque tant il fait sombre. Je me réfugie au Camélia. Le café bu à une table, je commence à lire De la Conversation de l’abbé André Morellet paru chez Rivages Poche. « Après quinze heures, y a pas pleut », annonce la patronne qui a consulté son smartphone.
A midi, un triple « Bonne année » (patron, patronne et employée) m’accueille à l’entrée du Rallye où il fait un froid humide. On y est de bonne humeur, retour de quinze jours de vacances. Je déjeune d’un filet de hareng et d’une andouillette.
C’est une journée à ne se déplacer que sous la terre pour aller d’un Book-Off à l’autre pêcher des livres à un euro.
Dans le premier : Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion) et chez Equateurs six petits livres rouges signés Albert Thibaudet Taine, André Chénier, Fontenelle, Alfred de Vigny, Ronsard, Théophile Gautier.
Dans le deuxième, où Fip diffuse une chanson de fainéant, Poil dans la main de Jacques Higelin : Tout un cheval, fictions et images de Breyten Breytenbach (Grasset), Jacques a dit, récit autobiographique de Susie Morgenstern (Bayard) et Le Brigand de Cavanac de Dominique Blanc et Daniel Fabre « le fait divers, le roman, l’histoire » (Verdier).
Dans le troisième, où je déplore trop de monde : La mort de Radiguet de Yukio Mishima édition bilingue français japonais (Gallimard / Gibert Joseph) et Un promeneur solitaire dans la foule d’Antonio Muñoz Molina (Points).
Peu de monde dans le seize heures quarante du retour où je termine le texte de l’abbé Morrelet. Il est suivi de Suggestions pour un essai sur la conversation de Jonathan Swift et doté d’une préface de Chantal Thomas. Celle-ci cite ceci de l’auteur irlandais : Aujourd’hui, toutes mes visites du matin se sont faites dans le sens de la montée. J’ai d’abord vu le duc d’Osmonde au pied de l’escalier, et je l’ai félicité d’avoir été nommé général en chef en Flandres, puis j’ai grimpé deux étages et j’ai fait salon avec la duchesse, puis j’ai monté encore deux étages et j’ai fait une visite à Lady Betty. Après ça, je n’avais plus qu’à monter à la mansarde. J’ai prié la femme de chambre de venir y passer une demi-heure avec moi. Mais elle était jeune et jolie, et elle n’a pas voulu. Ce qui montre une fois de plus qu’il est inutile et surtout néfaste de commencer une phrase par « Mais ».
*
Le patron du Rallye : « Maintenant il faut travailler. Ça coûte cher au bled. » (le bled : la République Populaire de Chine).
Etaient là-bas, les parents, les enfants et le grand-père. Impossible de monter dans un taxi à cinq, il fallait en prendre deux à chaque fois.
*
Dans le livre de Breyten Breytenbach, un envoi de l’auteur en date du dix-neuf janvier mil neuf cent quatre-vingt-dix : « Pour Régis, de la part d’un démocrate porteur de foulard rouge. Salutations. »
*
Il allait sur le zinc, un livre à la main, se ménageant une place entre deux « imbibés », jamais dérangé, lapant à petites gorgées un crème, lisant. Maintenant il va dans la salle et, assis, de temps en temps il observe, de temps en temps il écrit. (Martin Melkonian Département des Nains)
Ce jeudi, le sept heures vingt-deux pour Paris est encore un train des familles. J’ai place dans un carré déjà occupé par un couple à enfançon vagissant. Je m’en éloigne grâce à une place restée libre, de plus sans voisinage. Je lis Département des Nains de Martin Melkonian paru en mil neuf cent quatre-vingt-huit à la Librairie Séguier, de la poésie en prose. On y trouve des choses comme ceci, qu’on ne publierait plus aujourd’hui : Deux très jeunes danseuses : chignon, pas de maquillage, anatomie suraiguë, démarche chaotique. En tennis. L’envie de s’ébattre (la détente) tout le temps. Gracieuses ? Corps écartés, techniquement prêts à l’écartement. Souples aussi. Gamines ? Asphalte chaud.
A la sortie du métro Ledru-Rollin, je constate qu’il pleut autant à Paris qu’à Rouen au milieu de la nuit et qu’on s’y croirait presque tant il fait sombre. Je me réfugie au Camélia. Le café bu à une table, je commence à lire De la Conversation de l’abbé André Morellet paru chez Rivages Poche. « Après quinze heures, y a pas pleut », annonce la patronne qui a consulté son smartphone.
A midi, un triple « Bonne année » (patron, patronne et employée) m’accueille à l’entrée du Rallye où il fait un froid humide. On y est de bonne humeur, retour de quinze jours de vacances. Je déjeune d’un filet de hareng et d’une andouillette.
C’est une journée à ne se déplacer que sous la terre pour aller d’un Book-Off à l’autre pêcher des livres à un euro.
Dans le premier : Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion) et chez Equateurs six petits livres rouges signés Albert Thibaudet Taine, André Chénier, Fontenelle, Alfred de Vigny, Ronsard, Théophile Gautier.
Dans le deuxième, où Fip diffuse une chanson de fainéant, Poil dans la main de Jacques Higelin : Tout un cheval, fictions et images de Breyten Breytenbach (Grasset), Jacques a dit, récit autobiographique de Susie Morgenstern (Bayard) et Le Brigand de Cavanac de Dominique Blanc et Daniel Fabre « le fait divers, le roman, l’histoire » (Verdier).
Dans le troisième, où je déplore trop de monde : La mort de Radiguet de Yukio Mishima édition bilingue français japonais (Gallimard / Gibert Joseph) et Un promeneur solitaire dans la foule d’Antonio Muñoz Molina (Points).
Peu de monde dans le seize heures quarante du retour où je termine le texte de l’abbé Morrelet. Il est suivi de Suggestions pour un essai sur la conversation de Jonathan Swift et doté d’une préface de Chantal Thomas. Celle-ci cite ceci de l’auteur irlandais : Aujourd’hui, toutes mes visites du matin se sont faites dans le sens de la montée. J’ai d’abord vu le duc d’Osmonde au pied de l’escalier, et je l’ai félicité d’avoir été nommé général en chef en Flandres, puis j’ai grimpé deux étages et j’ai fait salon avec la duchesse, puis j’ai monté encore deux étages et j’ai fait une visite à Lady Betty. Après ça, je n’avais plus qu’à monter à la mansarde. J’ai prié la femme de chambre de venir y passer une demi-heure avec moi. Mais elle était jeune et jolie, et elle n’a pas voulu. Ce qui montre une fois de plus qu’il est inutile et surtout néfaste de commencer une phrase par « Mais ».
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Le patron du Rallye : « Maintenant il faut travailler. Ça coûte cher au bled. » (le bled : la République Populaire de Chine).
Etaient là-bas, les parents, les enfants et le grand-père. Impossible de monter dans un taxi à cinq, il fallait en prendre deux à chaque fois.
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Dans le livre de Breyten Breytenbach, un envoi de l’auteur en date du dix-neuf janvier mil neuf cent quatre-vingt-dix : « Pour Régis, de la part d’un démocrate porteur de foulard rouge. Salutations. »
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Il allait sur le zinc, un livre à la main, se ménageant une place entre deux « imbibés », jamais dérangé, lapant à petites gorgées un crème, lisant. Maintenant il va dans la salle et, assis, de temps en temps il observe, de temps en temps il écrit. (Martin Melkonian Département des Nains)