Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
17 février 2022
Un jour gris ce mercredi seize février deux mille vingt-deux qui marque le septante et unième anniversaire de ma naissance. Arrivé à la Gare de Rouen, je range le parapluie au fond de mon sac à dos puisqu’à Paris il est possible de se déplacer sous terre.
C’est ainsi que par la sortie Traversière de la station Ledru-Rollin je débouche devant le Café du Faubourg. Il n’est que neuf heures aussi m’assois-je en salle, attendant que la serveuse débordée par la présence d’une dizaine de clients s’intéresse à moi. Mon café bu, je reprends Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot, une lecture peu susceptible de me faire oublier mon âge, même si l’auteur a vingt ans de plus, toujours fringant.
Dans ce troquet nous sommes en mode dégradé. La propreté laisse à désirer, notamment dans les toilettes, et il faut subir la télé, une émission sur l’anorexie. Ce n’est pas l’ancienne équipe, celle d’avant-guerre, qui aurait toléré ça. Des clients du comptoir ne reste que le pire, un buveur de verres de vin blanc qui déblatère.
-C’est pour ça qu’il y a de plus en plus de lesbiennes sur la terre, parce que vous êtes vraiment des merdes, lui dit la serveuse, qui en est une, de celles qui paradoxalement s’ingénient à ressembler physiquement à un homme.
Entré chez Book-Off à dix heures, je trouve parmi les livres à un euro J’irai chanter sur vos tombes (Vian et Le Déserteur) de Marc Dufaud (Editions Invenit), une étude sur la réception de cette chanson en son temps, et l’étonnant Pisser à Paris (Guide pratique et culturel des WC gratuits) de Claude Lussac et Nathalie Marx (Editions du Pallio), logiquement rangé au rayon Voyage.
Un peu avant midi, de l’autre côté du carrefour, je trouve sous un immeuble l’entrée du passage de la Bonne Graine. Juste avant le coude à angle droit qui ramène vers la rue Ledru-Rollin est le restaurant Les Passagers de Beyrouth. Celle qui travaille près de la place de la Bastille y a réservé une table pour moi. Dès que j’en pousse la porte, je suis accueilli chaleureusement par le maître des lieux.
Un peu plus tard elle arrive et je lui sais gré de s’être rendue disponible pour fêter avec moi les septante et un ans, cela alors qu’elle souffre d’une fichue otite traitée par des médicaments qui la fatiguent. Deux autres duos déjeunent aussi dans la salle rustique ornée de lambris.
C’est un très bon moment et un très bon repas servi par un hôte fort sympathique. Nous dégustons la formule « Mezza pour deux personnes », laquelle se compose de huit variétés d’entrées froides et chaudes, d’un choix de grillades et d’une farandole de douceurs libanaises, tout cela accompagné d’un grand verre de citronnade fraîche, d’un verre de vin rouge de la plaine de la Bekaa fort boisé et de thé à la menthe.
Il est un peu plus de quatorze heures lorsque nous nous séparons à la station de métro Ledru-Rollin.
A la sortie principale de la station Opéra, l’ambiance est assurée par un joueur de cornemuse en kilt. Au second Book-Off, parmi les livres à un euro, je trouve le numéro Treize de la revue de littérature érotique Les Feuillets roses (L’Effeuillée rose) que publiait Nigel Gauvin à Etoile-sur-Rhône à la fin du siècle dernier, puis, ne supportant plus le mode dégradé avec radio franchouillarde de La Ville d’Argentan, j’attends l’heure de mon train de retour près de la station de métro Quatre Septembre, au bistrot Chez Edmond. Le personnel y est sympathique, la clientèle jeune et la musique électro propice à la lecture. A la table la plus proche, un duo masculin féminin travaille au scénario d’une série sentimentale on ne peut plus gnangnan.
*
La façon d’exprimer son âge à la française, soixante-neuf soixante-dix soixante-et-onze, sans changer de dizaine, contribue à amoindrir la réalité du temps qui passe et vous rapproche de la catastrophe finale. Quand septante, à la belge ou à la suisse, montre clairement qu’une marche a été franchie. De même en est-il pour octante (huitante dans certains cantons) et nonante. Et que dire de ce foutu quatre-vingt. Avoir quatre fois vingt ans, quelle arnaque.
C’est ainsi que par la sortie Traversière de la station Ledru-Rollin je débouche devant le Café du Faubourg. Il n’est que neuf heures aussi m’assois-je en salle, attendant que la serveuse débordée par la présence d’une dizaine de clients s’intéresse à moi. Mon café bu, je reprends Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot, une lecture peu susceptible de me faire oublier mon âge, même si l’auteur a vingt ans de plus, toujours fringant.
Dans ce troquet nous sommes en mode dégradé. La propreté laisse à désirer, notamment dans les toilettes, et il faut subir la télé, une émission sur l’anorexie. Ce n’est pas l’ancienne équipe, celle d’avant-guerre, qui aurait toléré ça. Des clients du comptoir ne reste que le pire, un buveur de verres de vin blanc qui déblatère.
-C’est pour ça qu’il y a de plus en plus de lesbiennes sur la terre, parce que vous êtes vraiment des merdes, lui dit la serveuse, qui en est une, de celles qui paradoxalement s’ingénient à ressembler physiquement à un homme.
Entré chez Book-Off à dix heures, je trouve parmi les livres à un euro J’irai chanter sur vos tombes (Vian et Le Déserteur) de Marc Dufaud (Editions Invenit), une étude sur la réception de cette chanson en son temps, et l’étonnant Pisser à Paris (Guide pratique et culturel des WC gratuits) de Claude Lussac et Nathalie Marx (Editions du Pallio), logiquement rangé au rayon Voyage.
Un peu avant midi, de l’autre côté du carrefour, je trouve sous un immeuble l’entrée du passage de la Bonne Graine. Juste avant le coude à angle droit qui ramène vers la rue Ledru-Rollin est le restaurant Les Passagers de Beyrouth. Celle qui travaille près de la place de la Bastille y a réservé une table pour moi. Dès que j’en pousse la porte, je suis accueilli chaleureusement par le maître des lieux.
Un peu plus tard elle arrive et je lui sais gré de s’être rendue disponible pour fêter avec moi les septante et un ans, cela alors qu’elle souffre d’une fichue otite traitée par des médicaments qui la fatiguent. Deux autres duos déjeunent aussi dans la salle rustique ornée de lambris.
C’est un très bon moment et un très bon repas servi par un hôte fort sympathique. Nous dégustons la formule « Mezza pour deux personnes », laquelle se compose de huit variétés d’entrées froides et chaudes, d’un choix de grillades et d’une farandole de douceurs libanaises, tout cela accompagné d’un grand verre de citronnade fraîche, d’un verre de vin rouge de la plaine de la Bekaa fort boisé et de thé à la menthe.
Il est un peu plus de quatorze heures lorsque nous nous séparons à la station de métro Ledru-Rollin.
A la sortie principale de la station Opéra, l’ambiance est assurée par un joueur de cornemuse en kilt. Au second Book-Off, parmi les livres à un euro, je trouve le numéro Treize de la revue de littérature érotique Les Feuillets roses (L’Effeuillée rose) que publiait Nigel Gauvin à Etoile-sur-Rhône à la fin du siècle dernier, puis, ne supportant plus le mode dégradé avec radio franchouillarde de La Ville d’Argentan, j’attends l’heure de mon train de retour près de la station de métro Quatre Septembre, au bistrot Chez Edmond. Le personnel y est sympathique, la clientèle jeune et la musique électro propice à la lecture. A la table la plus proche, un duo masculin féminin travaille au scénario d’une série sentimentale on ne peut plus gnangnan.
*
La façon d’exprimer son âge à la française, soixante-neuf soixante-dix soixante-et-onze, sans changer de dizaine, contribue à amoindrir la réalité du temps qui passe et vous rapproche de la catastrophe finale. Quand septante, à la belge ou à la suisse, montre clairement qu’une marche a été franchie. De même en est-il pour octante (huitante dans certains cantons) et nonante. Et que dire de ce foutu quatre-vingt. Avoir quatre fois vingt ans, quelle arnaque.
15 février 2022
Ce lundi matin j’entre à la boulangerie du Fournil du Carré d’Or derrière un vieux copain d’école que je croise régulièrement dans le quartier. Non seulement je ne lui dis pas bonjour mais je fais comme s’il n’existait pas.
Copains nous étions, et des bons, à l’école élémentaire de garçons Anatole France de la rue Pampoule à Louviers. Enfant de pauvres mais bon élève, j’étais admis dans le groupe des autres bons élèves, des fils d’enseignant, inspecteur des impôts, gendarme, huissier, juge et autres professions intermédiaires. A la recréation nous ne jouions qu’entre nous, snobant les élèves moyens ou faibles, dont certains étaient encore plus pauvres que moi et vivaient dans le bidonville du Becquet.
Le père de ce copain était instituteur dans cette école Pampoule et deviendrait l’un des principaux animateurs du Comité d’Action du Gauche qui allait bientôt s’emparer de la Mairie de Louviers. Sa mère était une ancienne institutrice promue enseignante du secondaire et serait plus tard ma prof de maths au Collège Ferdinand Buisson.
A partir de la sixième, je ne fréquenterai plus ce fils d’enseignants car en tant que boursier je serai d’office inscrit au Collège d’Enseignement Général tandis que lui et mes autres copains bourgeois seront d’office inscrits au Lycée Classique et Moderne.
Je n’ai de nouveau entendu parler de lui que bien plus tard, quand je faisais l’instituteur en maternelle à Louviers, à l’école Jean Macé. L’une des collègues (comme on dit) habitait le logement de fonction qui était celui des parents de cet ancien copain d’école. Un jour que j’étais invité chez elle, elle me raconta qu’il avait eu une maîtrise de cinéma et que son mémoire avait été entièrement rédigé par son père.
Bien plus plus tard, quand j’arrivais à Val-de-Reuil pour enseigner à la maternelle du Pivollet, je le retrouvais à la Mairie, responsable de je ne sais quoi, et quand, lors d’une réunion, je m’apprêtais à lui dire bonjour, il fit comme s’il ne me connaissait pas. Pendant les années que je passais sur place, j’eus le temps de constater ce qu’il était devenu : un valet des Socialistes imbu de sa personne.
Il y un an ou deux, je découvre que désormais retraité il habite place des Carmes avec sa femme et son grand benêt de fils. Le croisant, j’ai senti qu’il était prêt à me dire bonjour dans cette ville où peut-être il se sentait seul. J’ai fait semblant de ne pas le reconnaître.
*
« On se promène dans de l’espace mais en fait c’est que le temps qui passe. » Claire Simon dans Les Matins du samedi sur France Culture.
Copains nous étions, et des bons, à l’école élémentaire de garçons Anatole France de la rue Pampoule à Louviers. Enfant de pauvres mais bon élève, j’étais admis dans le groupe des autres bons élèves, des fils d’enseignant, inspecteur des impôts, gendarme, huissier, juge et autres professions intermédiaires. A la recréation nous ne jouions qu’entre nous, snobant les élèves moyens ou faibles, dont certains étaient encore plus pauvres que moi et vivaient dans le bidonville du Becquet.
Le père de ce copain était instituteur dans cette école Pampoule et deviendrait l’un des principaux animateurs du Comité d’Action du Gauche qui allait bientôt s’emparer de la Mairie de Louviers. Sa mère était une ancienne institutrice promue enseignante du secondaire et serait plus tard ma prof de maths au Collège Ferdinand Buisson.
A partir de la sixième, je ne fréquenterai plus ce fils d’enseignants car en tant que boursier je serai d’office inscrit au Collège d’Enseignement Général tandis que lui et mes autres copains bourgeois seront d’office inscrits au Lycée Classique et Moderne.
Je n’ai de nouveau entendu parler de lui que bien plus tard, quand je faisais l’instituteur en maternelle à Louviers, à l’école Jean Macé. L’une des collègues (comme on dit) habitait le logement de fonction qui était celui des parents de cet ancien copain d’école. Un jour que j’étais invité chez elle, elle me raconta qu’il avait eu une maîtrise de cinéma et que son mémoire avait été entièrement rédigé par son père.
Bien plus plus tard, quand j’arrivais à Val-de-Reuil pour enseigner à la maternelle du Pivollet, je le retrouvais à la Mairie, responsable de je ne sais quoi, et quand, lors d’une réunion, je m’apprêtais à lui dire bonjour, il fit comme s’il ne me connaissait pas. Pendant les années que je passais sur place, j’eus le temps de constater ce qu’il était devenu : un valet des Socialistes imbu de sa personne.
Il y un an ou deux, je découvre que désormais retraité il habite place des Carmes avec sa femme et son grand benêt de fils. Le croisant, j’ai senti qu’il était prêt à me dire bonjour dans cette ville où peut-être il se sentait seul. J’ai fait semblant de ne pas le reconnaître.
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« On se promène dans de l’espace mais en fait c’est que le temps qui passe. » Claire Simon dans Les Matins du samedi sur France Culture.
11 février 2022
« Je lis toujours avec intérêt votre journal notamment pour découvrir des auteurs tombés dans l’oubli, certains me semblant d'ailleurs n'être que peu apparus chez les libraires. Comment faites-vous vos sélections ??? », m’écrit un fidèle lecteur. Je ne le sais pas vraiment.
Quand je suis chez Book-Off où les livres sont rangés par ordre alphabétique, il y en a qui me font signe. Parfois c’est à cause de leur éditeur (petit souvent), parfois du nom de l’auteur (croisé ici ou là) ou simplement de leur titre intrigant. J’ouvre une page au hasard et je sais tout de suite si c’est bon pour moi. C’est l’intuition qui joue, liée à l’expérience, mais quand même pour un livre retenu, il y en a au moins cinq reposés.
Il est certain que beaucoup des livres que j’achète n’ont pas dû connaître les tables des librairies. Peut-être même ne sont-ils jamais entrés dans ces boutiques, n’ayant été vendus que par leur éditeur ou par le réseau de l’auteur.
Chez Book-Off, le rachat des livres n’est basé que sur un seul critère, leur très bon état. Les livres à petit tirage sont à égalité avec les meilleures ventes. En conséquence, il y a là un choix plus éclectique que chez Gibert.
*
« Pour correspondre au mieux à vos attentes, n'hésitez pas à m'indiquer vos souhaits ou préférences en matière de lecture, d'éditeurs ou de collections, auteurs et autrices attendus... », demande la responsable de la future librairie rouennaise La Tonne.
Sont proposés Allia, Playlist Society, Eterotopia, Agone, Gallmeister, Cheyne, La Fabrique, Inculte, Densité, Le Nouvel Attila, Drakkar, La Peuplade, Notabilia, Zulma, Editions de la Boucherie littéraire, Éditions du sous-sol et Monsieur Toussaint-Louverture.
De bonnes suggestions donc, mais qui achètera les livres de ces éditeurs parmi la clientèle, un tout petit pourcentage. Le temps n’est plus où une librairie indépendante pouvait vivre en ne présentant sur ses tables que des livres exigeants, comme le faisait à Rouen l’ancienne Armitière, celle de la rue de l’Ecole, dans les années soixante-dix. Désormais, pour que vive une librairie, il lui faut vendre les succès du mois, dont pas mal de daube, comme le fait l’actuelle Armitière, celle de la rue de la Jeanne, et comme le fait Gibert à Paris malgré sa clientèle universitaire.
La libraire de La Tonne ne devrait pas suivre les conseils qu’on lui donne.
*
Parmi mes trouvailles de mercredi dernier Paul Valet de Jacques Lacarrière publié par les défuntes éditions Jean-Michel Place, une monographie du poète, suivie de textes dudit. Je ne connais pas Paul Valet mais le réseau social Effe Bé, qui a de la mémoire, me rappelle que neuf ans et un jour plus tôt, j’avais partagé une photo de lui vieux, accompagné de ce texte : Exorciser les charognes les moufettes les remugles les égouts les fumiers les doctrines puantes toutes doctrines gluantes cloaque ammoniaque et j'ajoute toutes doctrines matraques.
Quand je suis chez Book-Off où les livres sont rangés par ordre alphabétique, il y en a qui me font signe. Parfois c’est à cause de leur éditeur (petit souvent), parfois du nom de l’auteur (croisé ici ou là) ou simplement de leur titre intrigant. J’ouvre une page au hasard et je sais tout de suite si c’est bon pour moi. C’est l’intuition qui joue, liée à l’expérience, mais quand même pour un livre retenu, il y en a au moins cinq reposés.
Il est certain que beaucoup des livres que j’achète n’ont pas dû connaître les tables des librairies. Peut-être même ne sont-ils jamais entrés dans ces boutiques, n’ayant été vendus que par leur éditeur ou par le réseau de l’auteur.
Chez Book-Off, le rachat des livres n’est basé que sur un seul critère, leur très bon état. Les livres à petit tirage sont à égalité avec les meilleures ventes. En conséquence, il y a là un choix plus éclectique que chez Gibert.
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« Pour correspondre au mieux à vos attentes, n'hésitez pas à m'indiquer vos souhaits ou préférences en matière de lecture, d'éditeurs ou de collections, auteurs et autrices attendus... », demande la responsable de la future librairie rouennaise La Tonne.
Sont proposés Allia, Playlist Society, Eterotopia, Agone, Gallmeister, Cheyne, La Fabrique, Inculte, Densité, Le Nouvel Attila, Drakkar, La Peuplade, Notabilia, Zulma, Editions de la Boucherie littéraire, Éditions du sous-sol et Monsieur Toussaint-Louverture.
De bonnes suggestions donc, mais qui achètera les livres de ces éditeurs parmi la clientèle, un tout petit pourcentage. Le temps n’est plus où une librairie indépendante pouvait vivre en ne présentant sur ses tables que des livres exigeants, comme le faisait à Rouen l’ancienne Armitière, celle de la rue de l’Ecole, dans les années soixante-dix. Désormais, pour que vive une librairie, il lui faut vendre les succès du mois, dont pas mal de daube, comme le fait l’actuelle Armitière, celle de la rue de la Jeanne, et comme le fait Gibert à Paris malgré sa clientèle universitaire.
La libraire de La Tonne ne devrait pas suivre les conseils qu’on lui donne.
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Parmi mes trouvailles de mercredi dernier Paul Valet de Jacques Lacarrière publié par les défuntes éditions Jean-Michel Place, une monographie du poète, suivie de textes dudit. Je ne connais pas Paul Valet mais le réseau social Effe Bé, qui a de la mémoire, me rappelle que neuf ans et un jour plus tôt, j’avais partagé une photo de lui vieux, accompagné de ce texte : Exorciser les charognes les moufettes les remugles les égouts les fumiers les doctrines puantes toutes doctrines gluantes cloaque ammoniaque et j'ajoute toutes doctrines matraques.
10 février 2022
Ce mercredi, allant à Paris, j’ai en ma possession un billet de première classe en voiture Deux pour quarante centimes de plus. Les premières étant à l’avant du train, je me positionne comme indiqué au début du quai, mais quand arrive le Nomad Krono Plus de sept heures vingt-quatre, il est à l’envers et me voici dans la voiture Six, voyageant en seconde avec un ticket de première, comme dans la chanson de David McNeil.
Après avoir traversé une campagne cachée par le brouillard, ce train où je relis Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot arrive à Saint-Lazare sous un ciel aussi azuré que celui de Nice. Monté dans le bus Vingt-Neuf je descends à l’arrêt Centre Pompidou et entre au Book-Off de la rue Saint-Martin dès son ouverture. Dans les livres à un euro, je trouve Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir de Suzanne Maudet (Arléa).
Au même arrêt de bus, je prends un autre Vingt-Neuf jusqu’à l’arrêt Bastille Beaumarchais. Dans une rue voisine, je découvre que le restaurant où je voulais réserver une table pour la semaine prochaine, contrairement à ce qui est annoncé partout, n’est pas ouvert le mercredi midi.
Il n’est qu’onze heures et demie lorsque j’entre au Péhemmu Chinois de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Sa gentille serveuse, étonnée, jette un œil sur la pendule.
-C’est trop tôt peut-être, lui dis-je.
-Non pour vous ça va, me répond-elle.
Je lui souhaite une bonne année du Tigre. La suite comme d’habitude, puis j’entre au Book-Off d’à côté où je remplis mon panier de livres à un euro, parmi lesquels La piqûre d’amour et autres textes suivi de La chair fraîche d’Hervé Guibert (Gallimard), Visites aux paysans du Centre de Daniel Halévy (Bleu autour), Bien à vous, Sandro correspondance de Zvi Yanai avec son frère (Christian Bourgois), Paul Valet de Jacques Lacarrière (Jean-Michel Place) et Des bibliothèques pleines de fantômes de Jacques Bonnet (Denoël).
A l’issue je prends encore une fois un bus Vingt-Neuf jusqu’à Opéra Quatre Septembre et m’offre un café assis à deux euros cinquante au bistrot Chez Edmond où je poursuis ma relecture du jour.
J’en sors à quinze heures quinze et me poste sous le soleil au milieu de la placette d’à côté. Arrive bientôt une certaine Fanny avec qui j’ai rendez-vous. Contre un billet de dix euros, je donne à cette charmante jeune femme brune les cinq livres qu’elle m’a achetés et lui souhaite bonne lecture.
Je dépense une partie de ce gain au Book-Off du bout de la rue en mettant dans mon panier, à un euro Romain Gary le caméléon de Myriam Anissimov (Denoël) et Les Maisons hantées de Meyer Levin de Tereska Torrès (Phébus) ainsi qu’à cinq euros Gustave Flaubert & Michel Lévy un couple explosif d’Yvan Leclerc et Jean-Yves Molier (Calmann-Lévy).
Je suis en avance Gare Saint-Lazare où j’observe que ceux qui n’arrivent pas à passer les barrières à Pécresse avec leur billet accusent la machine en changeant de porte alors que c’est eux qui s’y prennent mal. Je vois aussi opérer de jeunes douaniers. Après avoir en vain fouillé la valise d’un jeune homme à peau noire, ils trouvent ce qu’ils cherchent dans le petit sac d’un jeune homme à peau blanche. Tout se passe dans le calme et point de menottes, une jeune douanière lui bloque les bras derrière le dos à l’aide de son propre blouson.
Dans le train du retour, je voyage en seconde avec un billet de seconde. J’occupe ma place habituelle dans la voiture Cinq. La nuit tombe inexorablement et c’est dans le noir que nous nous arrêtons inopinément. Le chef de bord annonce une panne d’aiguillage en gare d’Oissel, notre train est retenu en gare de Val-de-Reuil. « On devrait repartir dans pas trop longtemps, si tout se passe bien ».
Ainsi en est-il, je peux ranger Carnets d’un vieil amoureux.
*
Dans le bus, conseil d’une grand-mère à sa petite-fille : « On ne met rien dans sa bouche. Même pas ses doigts. »
*
Dans la rue, conseil d’un simplet à un autre simplet : « Celle que tu dois être ami avec, c’est ta tutrice. »
*
Vers Bastille, des têtes de Mélenchon partout, une photo d’avant le coup de vieux et la prise de poids.
*
Un autre qui a pris un bon coup de vieux et grossi, c’est Poutine. Fini de battre une antilope à la course ou de sauter par-dessus un immeuble. Plus qu’à menacer de faire la guerre à l’Ukraine.
Après avoir traversé une campagne cachée par le brouillard, ce train où je relis Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot arrive à Saint-Lazare sous un ciel aussi azuré que celui de Nice. Monté dans le bus Vingt-Neuf je descends à l’arrêt Centre Pompidou et entre au Book-Off de la rue Saint-Martin dès son ouverture. Dans les livres à un euro, je trouve Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir de Suzanne Maudet (Arléa).
Au même arrêt de bus, je prends un autre Vingt-Neuf jusqu’à l’arrêt Bastille Beaumarchais. Dans une rue voisine, je découvre que le restaurant où je voulais réserver une table pour la semaine prochaine, contrairement à ce qui est annoncé partout, n’est pas ouvert le mercredi midi.
Il n’est qu’onze heures et demie lorsque j’entre au Péhemmu Chinois de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Sa gentille serveuse, étonnée, jette un œil sur la pendule.
-C’est trop tôt peut-être, lui dis-je.
-Non pour vous ça va, me répond-elle.
Je lui souhaite une bonne année du Tigre. La suite comme d’habitude, puis j’entre au Book-Off d’à côté où je remplis mon panier de livres à un euro, parmi lesquels La piqûre d’amour et autres textes suivi de La chair fraîche d’Hervé Guibert (Gallimard), Visites aux paysans du Centre de Daniel Halévy (Bleu autour), Bien à vous, Sandro correspondance de Zvi Yanai avec son frère (Christian Bourgois), Paul Valet de Jacques Lacarrière (Jean-Michel Place) et Des bibliothèques pleines de fantômes de Jacques Bonnet (Denoël).
A l’issue je prends encore une fois un bus Vingt-Neuf jusqu’à Opéra Quatre Septembre et m’offre un café assis à deux euros cinquante au bistrot Chez Edmond où je poursuis ma relecture du jour.
J’en sors à quinze heures quinze et me poste sous le soleil au milieu de la placette d’à côté. Arrive bientôt une certaine Fanny avec qui j’ai rendez-vous. Contre un billet de dix euros, je donne à cette charmante jeune femme brune les cinq livres qu’elle m’a achetés et lui souhaite bonne lecture.
Je dépense une partie de ce gain au Book-Off du bout de la rue en mettant dans mon panier, à un euro Romain Gary le caméléon de Myriam Anissimov (Denoël) et Les Maisons hantées de Meyer Levin de Tereska Torrès (Phébus) ainsi qu’à cinq euros Gustave Flaubert & Michel Lévy un couple explosif d’Yvan Leclerc et Jean-Yves Molier (Calmann-Lévy).
Je suis en avance Gare Saint-Lazare où j’observe que ceux qui n’arrivent pas à passer les barrières à Pécresse avec leur billet accusent la machine en changeant de porte alors que c’est eux qui s’y prennent mal. Je vois aussi opérer de jeunes douaniers. Après avoir en vain fouillé la valise d’un jeune homme à peau noire, ils trouvent ce qu’ils cherchent dans le petit sac d’un jeune homme à peau blanche. Tout se passe dans le calme et point de menottes, une jeune douanière lui bloque les bras derrière le dos à l’aide de son propre blouson.
Dans le train du retour, je voyage en seconde avec un billet de seconde. J’occupe ma place habituelle dans la voiture Cinq. La nuit tombe inexorablement et c’est dans le noir que nous nous arrêtons inopinément. Le chef de bord annonce une panne d’aiguillage en gare d’Oissel, notre train est retenu en gare de Val-de-Reuil. « On devrait repartir dans pas trop longtemps, si tout se passe bien ».
Ainsi en est-il, je peux ranger Carnets d’un vieil amoureux.
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Dans le bus, conseil d’une grand-mère à sa petite-fille : « On ne met rien dans sa bouche. Même pas ses doigts. »
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Dans la rue, conseil d’un simplet à un autre simplet : « Celle que tu dois être ami avec, c’est ta tutrice. »
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Vers Bastille, des têtes de Mélenchon partout, une photo d’avant le coup de vieux et la prise de poids.
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Un autre qui a pris un bon coup de vieux et grossi, c’est Poutine. Fini de battre une antilope à la course ou de sauter par-dessus un immeuble. Plus qu’à menacer de faire la guerre à l’Ukraine.
8 février 2022
Dans les années soixante-dix, j’achetais et lisais Libération tous les jours, Charlie Hebdo, La Gueule Ouverte, Politique Hebdo toutes les semaines et Le Sauvage tous les mois. J’étais abonné à un tas de revues écolos, dont la plus intéressante était Survivre et Vivre. Il m’arrivait de temps en temps de lire Le Monde. Si parfois j’ouvrais un numéro de Paris Normandie ou du Parisien Libéré dans un café, il ne me serait pas venu à l’esprit de toucher à un numéro du Figaro.
Au fil du temps, La Gueule Ouverte, Politique Hebdo et Le Sauvage ont disparu. Quand je vivais au Bec-Hellouin, dans les années quatre-vingt, loin d’une maison de la presse, j’étais abonné à Libération que je recevais avec un jour ou deux de retard, au Nouvel Observateur et à Télérama. Je ne lisais plus Charlie Hebdo qu’irrégulièrement.
Puis dans les années quatre-vingt-dix, résidant à Val-de-Reuil, je cessais de renouveler mon abonnement au Nouvel Obs et à Libération, mais j’achetais encore ce dernier, à la maison de la presse, rue Grande.
Arrivé à Rouen, j’ai cessé de lire Libération tous les jours, ne l’achetant que le jeudi, pour les pages littéraires, à la maison de la presse de la place des Emmurées après avoir exploré le marché aux livres et à la brocante. Un jour, je cessais de renouveler mon abonnement à Télérama pour la raison que je ne l’ouvrais même plus.
Depuis des années, je ne lis plus de journaux en papier, hormis parfois des quotidiens régionaux trouvés dans les cafés lors de mes pérégrinations.
C’est via Internet que j’ai poursuivi ma lecture de Libération, du Monde et du Parisien mais de moins en moins car leurs articles sont devenus de plus en plus nombreux à être payants, ce qui m’a invité à aller voir ailleurs (non que je ne veuille pas payer, mais à l’article lu, pas à l’abonnement).
Ainsi j’ai perdu mes œillères s’agissant du Figaro dont beaucoup d’articles sont encore accessibles gratuitement. Il arrive même que j’en trouve certains avec lesquels je suis entièrement d’accord. Ainsi, récemment, celui intitulé Marc Perelman: «Non aux JO de Paris 2024 !», un entretien avec cet architecte et professeur des universités en esthétique à Paris Nanterre qui a publié 2024, les Jeux olympiques n'ont pas eu lieu aux Éditions du Détour.
*
Extraits de l’entretien du Figaro avec Marc Perelman :
« La «joie dans l'effort» ne conduit-elle pas directement à briser le corps du fait des surentraînements démentiels, du dopage généralisé (utilisation de cellules souches, dépistage génétique), de l'intégration dans la compétition dès le plus jeune âge des enfants de quatre ou cinq ans. »
« On découvre dans le «Dossier de candidature» écrit dans un jargon épouvantable, des slogans alignés à la queue leu leu pour nous faire croire que l'Olympisme générerait : «universalité», «diversité», «amitié» ; l'olympisme permettrait même de «rassembler, créer du lien entre les peuples […] pour construire un monde plus solidaire, durable et humaniste». «Paris 2024 célébrera les Jeux dans toute la ville, transformant ainsi Paris en parc olympique». Le CIO privatise en effet les lieux publics parce qu'une «Loi olympique et paralympique» le lui permet grâce à un abandon de souveraineté de l'État sur ses bâtiments. Versailles, le Grand Palais, etc. passent sous pavillon olympique et ceux des sponsors (Alibaba, Coca-Cola, Visa…).
Plus personne ne croit à toutes les fadaises de la Charte olympique ; elles n'en continuent pas moins de proliférer parce que le sport de compétition, en tant que concentration ultime de l'idéologie, est aujourd'hui le dernier projet d'une société sans projet. »
« Avec les JO de Paris 2024 : des chantiers partout avec la volonté de tout «sportiviser» (l'école, la culture, l'art) pour une population se rapprochant du prolétariat du XIXe siècle au sein de quartiers d'où vont émerger quelques poches urbaines gentrifiées (le Village des athlètes par exemple). Cette population ne vote pas et est soumise à des édiles pour qui le sport est la seule et unique réponse à la crise sociale. Cette population agit et vit à travers les événements sportifs qui scandent sa vie quotidienne. Est-ce un avenir ? ».
*
Autre article du Figaro ayant retenu mon attention, celui publié hier sous le titre Le manuscrit fou de l'écrivain mathématicien Alexandre Grothendieck enfin publié. Il annonce la parution en deux volumes dans la collection Tel de Gallimard de Récoltes et Semailles ouvrage posthume qui regroupe « des dizaines de milliers de pages, notes mathématiques et littéraires, aussi foisonnantes que son histoire est singulière. »
Grothendieck fut l’un des cofondateurs de Survivre et Vivre.
Au fil du temps, La Gueule Ouverte, Politique Hebdo et Le Sauvage ont disparu. Quand je vivais au Bec-Hellouin, dans les années quatre-vingt, loin d’une maison de la presse, j’étais abonné à Libération que je recevais avec un jour ou deux de retard, au Nouvel Observateur et à Télérama. Je ne lisais plus Charlie Hebdo qu’irrégulièrement.
Puis dans les années quatre-vingt-dix, résidant à Val-de-Reuil, je cessais de renouveler mon abonnement au Nouvel Obs et à Libération, mais j’achetais encore ce dernier, à la maison de la presse, rue Grande.
Arrivé à Rouen, j’ai cessé de lire Libération tous les jours, ne l’achetant que le jeudi, pour les pages littéraires, à la maison de la presse de la place des Emmurées après avoir exploré le marché aux livres et à la brocante. Un jour, je cessais de renouveler mon abonnement à Télérama pour la raison que je ne l’ouvrais même plus.
Depuis des années, je ne lis plus de journaux en papier, hormis parfois des quotidiens régionaux trouvés dans les cafés lors de mes pérégrinations.
C’est via Internet que j’ai poursuivi ma lecture de Libération, du Monde et du Parisien mais de moins en moins car leurs articles sont devenus de plus en plus nombreux à être payants, ce qui m’a invité à aller voir ailleurs (non que je ne veuille pas payer, mais à l’article lu, pas à l’abonnement).
Ainsi j’ai perdu mes œillères s’agissant du Figaro dont beaucoup d’articles sont encore accessibles gratuitement. Il arrive même que j’en trouve certains avec lesquels je suis entièrement d’accord. Ainsi, récemment, celui intitulé Marc Perelman: «Non aux JO de Paris 2024 !», un entretien avec cet architecte et professeur des universités en esthétique à Paris Nanterre qui a publié 2024, les Jeux olympiques n'ont pas eu lieu aux Éditions du Détour.
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Extraits de l’entretien du Figaro avec Marc Perelman :
« La «joie dans l'effort» ne conduit-elle pas directement à briser le corps du fait des surentraînements démentiels, du dopage généralisé (utilisation de cellules souches, dépistage génétique), de l'intégration dans la compétition dès le plus jeune âge des enfants de quatre ou cinq ans. »
« On découvre dans le «Dossier de candidature» écrit dans un jargon épouvantable, des slogans alignés à la queue leu leu pour nous faire croire que l'Olympisme générerait : «universalité», «diversité», «amitié» ; l'olympisme permettrait même de «rassembler, créer du lien entre les peuples […] pour construire un monde plus solidaire, durable et humaniste». «Paris 2024 célébrera les Jeux dans toute la ville, transformant ainsi Paris en parc olympique». Le CIO privatise en effet les lieux publics parce qu'une «Loi olympique et paralympique» le lui permet grâce à un abandon de souveraineté de l'État sur ses bâtiments. Versailles, le Grand Palais, etc. passent sous pavillon olympique et ceux des sponsors (Alibaba, Coca-Cola, Visa…).
Plus personne ne croit à toutes les fadaises de la Charte olympique ; elles n'en continuent pas moins de proliférer parce que le sport de compétition, en tant que concentration ultime de l'idéologie, est aujourd'hui le dernier projet d'une société sans projet. »
« Avec les JO de Paris 2024 : des chantiers partout avec la volonté de tout «sportiviser» (l'école, la culture, l'art) pour une population se rapprochant du prolétariat du XIXe siècle au sein de quartiers d'où vont émerger quelques poches urbaines gentrifiées (le Village des athlètes par exemple). Cette population ne vote pas et est soumise à des édiles pour qui le sport est la seule et unique réponse à la crise sociale. Cette population agit et vit à travers les événements sportifs qui scandent sa vie quotidienne. Est-ce un avenir ? ».
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Autre article du Figaro ayant retenu mon attention, celui publié hier sous le titre Le manuscrit fou de l'écrivain mathématicien Alexandre Grothendieck enfin publié. Il annonce la parution en deux volumes dans la collection Tel de Gallimard de Récoltes et Semailles ouvrage posthume qui regroupe « des dizaines de milliers de pages, notes mathématiques et littéraires, aussi foisonnantes que son histoire est singulière. »
Grothendieck fut l’un des cofondateurs de Survivre et Vivre.
7 février 2022
Je ne dors pas quand soudain vers vingt-trois heures ce dimanche j’entends quatre détonations successives qui me font penser à des coups de feu. Après une courte période de silence suit une sorte de rafale qui me laisse perplexe. Je comprends que c’est autre chose quand commence un concert de claque-sons. Des sportifs ont dû gagner quelque chose, une péripétie que des fanatiques jugent bon de faire connaître aux habitants du centre.
Ce lundi matin, j’apprends que les excités étaient sénégalais. Les joueurs de l’équipe de foute de leur pays ont gagné un championnat africain. Il y a tant de compétitions internationales dans le monde et de résidents de toutes les nationalités en France qu’on n’est jamais à l’abri d’une hystérie collective.
Heureusement, les bouffons Jeux Olympiques d’hiver à Pékin, dans une montagne sans neige naturelle balayée par un vent pollué, ne donne pas lieu lors des victoires de Français au moindre déchaînement collectif.
*
Roussel, candidat du Parti Communiste à la Présidentielle : « La France des jours heureux, c’est la France du travail. » Puis il défend la retraite à soixante ans « pour enfin profiter de la vie ». Va comprendre.
A la fin de son métingue, on chante La Marseillaise, pas L’Internationale. Pourquoi pas La ballade des gens heureux ?
Ce lundi matin, j’apprends que les excités étaient sénégalais. Les joueurs de l’équipe de foute de leur pays ont gagné un championnat africain. Il y a tant de compétitions internationales dans le monde et de résidents de toutes les nationalités en France qu’on n’est jamais à l’abri d’une hystérie collective.
Heureusement, les bouffons Jeux Olympiques d’hiver à Pékin, dans une montagne sans neige naturelle balayée par un vent pollué, ne donne pas lieu lors des victoires de Français au moindre déchaînement collectif.
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Roussel, candidat du Parti Communiste à la Présidentielle : « La France des jours heureux, c’est la France du travail. » Puis il défend la retraite à soixante ans « pour enfin profiter de la vie ». Va comprendre.
A la fin de son métingue, on chante La Marseillaise, pas L’Internationale. Pourquoi pas La ballade des gens heureux ?
5 janvier 2022
Une mauvaise nuit entre vendredi et samedi, en cause un bruit répétitif et irrégulier déjà subi une fois il y a plusieurs mois et qui m’avait fait songer à un homme enfermé dans un placard voulant se libérer. Ce tapage, débuté vers deux heures du matin, provient du même endroit que la dernière fois me semble-t-il, donc possiblement d’un appartement à l’opposé du mien en diagonale.
Cette fois j’ai une hypothèse car j’ai vu dans l’après-midi l’un des voisins de ce côté-là recevoir un énorme colis. Je me demande s’il ne contenait pas un meuble en morceaux à assembler soi-même. L’homme du placard ne serait pas enfermé dedans mais occupé à le monter à une heure très tardive sans se soucier d’autrui.
Mon hypothèse n’est pas la bonne. Après une courte enquête, je sais que cela provient de moins loin et qu’il s’agît d’un différend entre deux proches voisins, avec l’un qui fait du bruit pour protester contre le bruit de l’autre.
Le problème avec ces maisons à pans de bois, c’est qu’il n’y a aucune isolation phonique. Par chance, jusqu’à présent, depuis plus de vingt ans que je suis ici, je n’ai jamais eu de proches voisins bruyants et quand, exceptionnellement, j’ai été gêné, il a suffi que j’aille le dire pour qu’on en tienne compte.
Cette fois j’ai une hypothèse car j’ai vu dans l’après-midi l’un des voisins de ce côté-là recevoir un énorme colis. Je me demande s’il ne contenait pas un meuble en morceaux à assembler soi-même. L’homme du placard ne serait pas enfermé dedans mais occupé à le monter à une heure très tardive sans se soucier d’autrui.
Mon hypothèse n’est pas la bonne. Après une courte enquête, je sais que cela provient de moins loin et qu’il s’agît d’un différend entre deux proches voisins, avec l’un qui fait du bruit pour protester contre le bruit de l’autre.
Le problème avec ces maisons à pans de bois, c’est qu’il n’y a aucune isolation phonique. Par chance, jusqu’à présent, depuis plus de vingt ans que je suis ici, je n’ai jamais eu de proches voisins bruyants et quand, exceptionnellement, j’ai été gêné, il a suffi que j’aille le dire pour qu’on en tienne compte.
4 février 2022
Je ne sais pas à quel rythme vient le duo chargé du ménage des parties communes de la copropriété. Si je paie ma part de charge pour ce service, je n’en suis pas bénéficiaire car mon appartement n’est pas de ceux qui sont desservis par une entrée partagée et un escalier. Parfois, quand même, le balai est passé sur le seuil de ma porte.
Ce jeudi matin, quand le duo de ménage, constitué d’un homme à cheveux blancs et d’une jeune femme brune, arrive, cette dernière se dirige vers l’autre extrémité du jardin. Devant l’appartement des trois chats, pas loin du banc où je ne me suis pas assis depuis longtemps, elle pousse un cri d’effroi et revient en courant vers le porche d’entrée où l’homme est encore, cela sans lâcher le lourd aspirateur qu’elle tient à la main.
J’ouvre ma porte et demande ce qui se passe.
-C’est un rat, me dit-elle, j’ai cru qu’il était vivant mais il est mort, excusez-moi.
Tandis que cette jeune femme brune reste prudemment à distance, l’homme à cheveux blancs se dirige vers le rat mort, le ramasse à l’aide d’un journal gratuit et jette le tout dans une des poubelles,
Est-ce l’un des trois chats qui a tué ce rat ? Ce serait un exploit.
*
A midi, dans ma boîte à lettres, acheté trois euros soixante-dix-neuf, port offert, chez Momox (la pieuvre de Leipzig), via Rakuten (la pieuvre de Tokyo), Lettres galantes à Mme de Godeville de Pierre-Augustin de Beaumarchais (Fayard).
*
Si j’étais de ceux qui ont un rat domestique, il aurait pour nom Kuten.
Ce jeudi matin, quand le duo de ménage, constitué d’un homme à cheveux blancs et d’une jeune femme brune, arrive, cette dernière se dirige vers l’autre extrémité du jardin. Devant l’appartement des trois chats, pas loin du banc où je ne me suis pas assis depuis longtemps, elle pousse un cri d’effroi et revient en courant vers le porche d’entrée où l’homme est encore, cela sans lâcher le lourd aspirateur qu’elle tient à la main.
J’ouvre ma porte et demande ce qui se passe.
-C’est un rat, me dit-elle, j’ai cru qu’il était vivant mais il est mort, excusez-moi.
Tandis que cette jeune femme brune reste prudemment à distance, l’homme à cheveux blancs se dirige vers le rat mort, le ramasse à l’aide d’un journal gratuit et jette le tout dans une des poubelles,
Est-ce l’un des trois chats qui a tué ce rat ? Ce serait un exploit.
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A midi, dans ma boîte à lettres, acheté trois euros soixante-dix-neuf, port offert, chez Momox (la pieuvre de Leipzig), via Rakuten (la pieuvre de Tokyo), Lettres galantes à Mme de Godeville de Pierre-Augustin de Beaumarchais (Fayard).
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Si j’étais de ceux qui ont un rat domestique, il aurait pour nom Kuten.
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