Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 novembre 2022
En lisant Bonheurs quotidiens, le journal d’octobre mil neuf cent soixante-cinq à deux mille de Tatiana Roy paru aux Editions Tirésias, j’ai pu constater encore une fois qu’être femme d’écrivain n’était pas de tout repos.
La vie ne fut pas facile pour l’auteure avec celui qu’elle appelait Julius ou « mon cher grand écrivain », ce Jules Roy, qui était connu au temps de la Gauche au pouvoir (épisode Mythe Errant) et est presque oublié.
Le pire fut au début de leur relation, quand il lui tapait dessus ou la virait du domicile conjugal :
Il ajouta pour arranger les choses qu’il en avait assez de me voir souffrir à faire la cuisine pour lui, et de me voir sans cesse faire la gueule… Je hurlais que c’était faux, que je ne faisais jamais la gueule. Ce hurlement de démente le mit hors de lui et, se levant d’un bond, il abaissa son poing sur ma pauvre caboche, renversant le vin et continuant à taper aussi fort qu’il le pouvait, sur cette pauvre tête affolée sur la table, et qui essayait de se protéger. Il criait que je « l’emmerdais », que je n’avais qu’à partir puisqu’il ne me supportait plus. Moi aussi je me levais d’un bond, mais pour le traiter de « con », folle de rage et en voulant qu’une seule chose : fuir cette espèce de brute qui levait la main sur moi ! (mil neuf cent soixante-sept)
Il aurait dû être fier que je lui aie fait une scène de jalousie. Eh bien non, il s’est fâché, m’a demandé de « foutre le camp », m’a jetée hors du lit, et je suis partie « chez ma mère »… Pour revenir le lendemain matin, parce que mon désarroi était grand à la pensée de revivre seule, alors que je l’aimais. (mil neuf cent soixante-neuf)
Par la suite, il se contentera de l’engueuler en privé et de la dénigrer devant les invités.
*
Trois autres notes prises lors de ma lecture :
Dîner chez les Vilmorin avec Malraux, sans tic, et ne buvant pas du tout. Mais l’œil toujours un peu sanguinolent. Fuyant la vie d’aujourd’hui, refugié dans cet écrin des Vilmorin à Verrières. Cela va si peu à Malraux. Il est devenu comme une institution des Vilmorin, qui ont remplacé Louise dans le lit du maître par une de ses nièces. (mil neuf cent soixante-treize)
La petite fille de Simone, Isabelle, treize ans, vraie Lolita. Perverse en diable et joli corps de femme dodue. (Simone Lacouture, femme de Jean) (mil neuf cent soixante-dix-sept)
A une certaine date de la vie, sonne l’heure d’un certain « non-retour ». On se rend compte qu’à partir de là, on a beau faire, on ne peut rattraper les dégâts. Jusque-là il y eut une longue, longue attente de quelque chose d’irrémédiable. On essayait de s’étourdir et puis clac, la souricière se referme, la lucidité vient et l’on a le sentiment que tout a été vain, et que dorénavant il ne reste qu’à descendre doucement à la rencontre du mystère qui nous guette à chaque détour du chemin. Sera-ce aujourd’hui ou demain ? Certains n’atteignent jamais cette lucidité du temps où l’on devient le témoin impuissant de sa propre dégradation. (mil neuf cent quatre-vingt-sept)
La vie ne fut pas facile pour l’auteure avec celui qu’elle appelait Julius ou « mon cher grand écrivain », ce Jules Roy, qui était connu au temps de la Gauche au pouvoir (épisode Mythe Errant) et est presque oublié.
Le pire fut au début de leur relation, quand il lui tapait dessus ou la virait du domicile conjugal :
Il ajouta pour arranger les choses qu’il en avait assez de me voir souffrir à faire la cuisine pour lui, et de me voir sans cesse faire la gueule… Je hurlais que c’était faux, que je ne faisais jamais la gueule. Ce hurlement de démente le mit hors de lui et, se levant d’un bond, il abaissa son poing sur ma pauvre caboche, renversant le vin et continuant à taper aussi fort qu’il le pouvait, sur cette pauvre tête affolée sur la table, et qui essayait de se protéger. Il criait que je « l’emmerdais », que je n’avais qu’à partir puisqu’il ne me supportait plus. Moi aussi je me levais d’un bond, mais pour le traiter de « con », folle de rage et en voulant qu’une seule chose : fuir cette espèce de brute qui levait la main sur moi ! (mil neuf cent soixante-sept)
Il aurait dû être fier que je lui aie fait une scène de jalousie. Eh bien non, il s’est fâché, m’a demandé de « foutre le camp », m’a jetée hors du lit, et je suis partie « chez ma mère »… Pour revenir le lendemain matin, parce que mon désarroi était grand à la pensée de revivre seule, alors que je l’aimais. (mil neuf cent soixante-neuf)
Par la suite, il se contentera de l’engueuler en privé et de la dénigrer devant les invités.
*
Trois autres notes prises lors de ma lecture :
Dîner chez les Vilmorin avec Malraux, sans tic, et ne buvant pas du tout. Mais l’œil toujours un peu sanguinolent. Fuyant la vie d’aujourd’hui, refugié dans cet écrin des Vilmorin à Verrières. Cela va si peu à Malraux. Il est devenu comme une institution des Vilmorin, qui ont remplacé Louise dans le lit du maître par une de ses nièces. (mil neuf cent soixante-treize)
La petite fille de Simone, Isabelle, treize ans, vraie Lolita. Perverse en diable et joli corps de femme dodue. (Simone Lacouture, femme de Jean) (mil neuf cent soixante-dix-sept)
A une certaine date de la vie, sonne l’heure d’un certain « non-retour ». On se rend compte qu’à partir de là, on a beau faire, on ne peut rattraper les dégâts. Jusque-là il y eut une longue, longue attente de quelque chose d’irrémédiable. On essayait de s’étourdir et puis clac, la souricière se referme, la lucidité vient et l’on a le sentiment que tout a été vain, et que dorénavant il ne reste qu’à descendre doucement à la rencontre du mystère qui nous guette à chaque détour du chemin. Sera-ce aujourd’hui ou demain ? Certains n’atteignent jamais cette lucidité du temps où l’on devient le témoin impuissant de sa propre dégradation. (mil neuf cent quatre-vingt-sept)
5 novembre 2022
Avec un billet de train qui me coûte plus cher que d’habitude, me voici ce vendredi dans la voiture Cinq (celles des navetteurs) du sept heures vingt-quatre pour Paris. Je n’y ai pas de voisin immédiat. Certains sont en vacances, d’autres en télétravail (le télétravail, cette façon de commencer le ouiquennede un jour plus tôt).
Arrivé tôt dans la capitale, je tente de perdre mon avance en prenant un bus Vingt-Neuf dans lequel il est affiché qu’on recrute des conducteurs. Celui-ci se sort facilement des travaux du boulevard Sébastopol et me voici à neuf heures quarante-cinq au comptoir du Café du Faubourg où le vieux serveur annonce la pluie pour quinze heures. J’ai pour voisin un quadragénaire qui était déjà là avant la Guerre du Covid, aisément reconnaissable au verre de vin blanc matinal qu’il renouvelle. Désormais, il porte la barbe. En ce début de vingt-et-unième siècle, peu d’hommes auront su résister au désir mimétique d’exhiber sa pilosité. Il suffit pour le vérifier de regarder les publicités télévisées. Presque toutes ont leur néo barbu.
Quand enfin Book-Off ouvre, je n’y suis pas longtemps seul. Là aussi les vacances se font sentir. Il me faut slalomer entre les familles.
-Il est où papa ?
-Il regarde les mangas.
Je regarde ailleurs mais ce n’est pas un bon jour. Au moment de payer, je n’ai dans mon panier que La vie drôle de Curnonsky (Ramsay) et White, le premier livre de non fiction de Bret Easton Ellis (Robert Laffont).
A midi, je déjeune au Paris de la formule à quatorze euros quatre-vingt-dix : crème de lentilles croûtons et tuile de lard puis foie de veau snacké sauce pimentée mousseline de patates douces. Las, pas de tuile de lard m’annonce une nouvelle serveuse (c’est la tuile). Le cuisinier vient me voir pour s’en excuser à la fin de mon repas. Un repas qui me laisse un peu sur ma faim. C’est fort bon mais un peu chiche. J’ai l’impression que certains restaurateurs, soucieux ne pas augmenter les prix, diminuent les quantités.
Un bus Vingt-Neuf (on recrute des conducteurs) me conduit d’un Opéra à l’autre. Au Book-Off de Quatre Septembre, il y a également foule et j’ai beau chercher et chercher, je ne trouve pas le moindre livre pour me plaire.
Il est quatorze heures trente quand je m’installe à l’une des tables d’intérieur du Bistrot d’Edmond tandis que dehors tombe une sévère drache. De nouvelles serveuses sont à l’ouvrage, dont l’une qui fait tomber ma veste sans s’excuser. Je poursuis la lecture de Lettres à Voltaire de Madame du Deffand malgré la musique trop forte.
Je rentre avec le seize heures quarante. Le vendredi, certaines des places de la voiture Cinq sont réservées. D’où la présence parmi nous de Génération Cinquante. Heureusement, celui-ci se contente de gazouiller. Chez les navetteurs, on est content d’être en ouiquennede. L’un qui travaille dans un service après-vente et devrait rentrer avec le dix-sept heures trente a quitté son travail plus tôt. Il surveille son smartphone. Si on m’appelle, dit-il à ses compagnons de voyage, je dirai que j’ai pris mes médicaments et que je ne peux plus conduire. C’est ce que je fais à chaque fois.
Arrivé tôt dans la capitale, je tente de perdre mon avance en prenant un bus Vingt-Neuf dans lequel il est affiché qu’on recrute des conducteurs. Celui-ci se sort facilement des travaux du boulevard Sébastopol et me voici à neuf heures quarante-cinq au comptoir du Café du Faubourg où le vieux serveur annonce la pluie pour quinze heures. J’ai pour voisin un quadragénaire qui était déjà là avant la Guerre du Covid, aisément reconnaissable au verre de vin blanc matinal qu’il renouvelle. Désormais, il porte la barbe. En ce début de vingt-et-unième siècle, peu d’hommes auront su résister au désir mimétique d’exhiber sa pilosité. Il suffit pour le vérifier de regarder les publicités télévisées. Presque toutes ont leur néo barbu.
Quand enfin Book-Off ouvre, je n’y suis pas longtemps seul. Là aussi les vacances se font sentir. Il me faut slalomer entre les familles.
-Il est où papa ?
-Il regarde les mangas.
Je regarde ailleurs mais ce n’est pas un bon jour. Au moment de payer, je n’ai dans mon panier que La vie drôle de Curnonsky (Ramsay) et White, le premier livre de non fiction de Bret Easton Ellis (Robert Laffont).
A midi, je déjeune au Paris de la formule à quatorze euros quatre-vingt-dix : crème de lentilles croûtons et tuile de lard puis foie de veau snacké sauce pimentée mousseline de patates douces. Las, pas de tuile de lard m’annonce une nouvelle serveuse (c’est la tuile). Le cuisinier vient me voir pour s’en excuser à la fin de mon repas. Un repas qui me laisse un peu sur ma faim. C’est fort bon mais un peu chiche. J’ai l’impression que certains restaurateurs, soucieux ne pas augmenter les prix, diminuent les quantités.
Un bus Vingt-Neuf (on recrute des conducteurs) me conduit d’un Opéra à l’autre. Au Book-Off de Quatre Septembre, il y a également foule et j’ai beau chercher et chercher, je ne trouve pas le moindre livre pour me plaire.
Il est quatorze heures trente quand je m’installe à l’une des tables d’intérieur du Bistrot d’Edmond tandis que dehors tombe une sévère drache. De nouvelles serveuses sont à l’ouvrage, dont l’une qui fait tomber ma veste sans s’excuser. Je poursuis la lecture de Lettres à Voltaire de Madame du Deffand malgré la musique trop forte.
Je rentre avec le seize heures quarante. Le vendredi, certaines des places de la voiture Cinq sont réservées. D’où la présence parmi nous de Génération Cinquante. Heureusement, celui-ci se contente de gazouiller. Chez les navetteurs, on est content d’être en ouiquennede. L’un qui travaille dans un service après-vente et devrait rentrer avec le dix-sept heures trente a quitté son travail plus tôt. Il surveille son smartphone. Si on m’appelle, dit-il à ses compagnons de voyage, je dirai que j’ai pris mes médicaments et que je ne peux plus conduire. C’est ce que je fais à chaque fois.
3 novembre 2022
Ce n’est pas souvent que j’entends ça, me dis-je en passant devant le magasin Boulanger alors que je marche vers la terrasse du Sacre. Ça, étant la sirène d’alerte rouennaise du premier mercredi du mois. Il est midi. Si je ne suis pas à Paris ce jour, c’est à cause du prix des billets de train cette semaine. Et comme le soleil est encore là, bien qu’il fasse un peu frais, je m’installe à ma table habituelle où une serveuse inhabituelle vient me demander ce que je prends.
Mon café bu, j’ouvre le livre sorti de mon sac à dos quand un homme vient vers moi : « Bruno. Vous êtes Bruno. » Ce n’est pas une question. Je lui réponds quand même que non. « Ah pardon » Il disparaît. Ce quidam me rappelle le frère de Momo et de Samir qui par trois fois m’interpella à Toulon.
Si je suis à Rouen, je suis aussi au Japon avec Nicolas Bouvier dont je lis Le Vide et le Plein (Carnets du Japon). C’est toujours un bonheur d’ouvrir un livre d’avant le vingt et unième siècle. On peut y lire ce qu’on ne peut plus écrire de cette façon aujourd’hui :
Sur l’estrade éclairée a giorno, une grande jeunesse mélancolique et très poudrée jouait d’une main avec un éventail de plumes, et de l’autre écartait – elle était accroupie au bord de la scène – gracieusement les lèvres de son con pour deux douzaines de spectateurs jeunes et vieux qui quittaient leur place, poussaient des hourras, chaussaient leurs lunettes et fourraient littéralement la tête entre les cuisses blanches pendant que le service d’ordre (un jeune homme malingre et autoritaire) distribuait des claques à ces éperdus en criant « o-kiaksan wa seki e o-kaeri kudasai » (que messieurs les invités veuillent bien regagner leurs sièges !) et que la fille, flattée par cet émoi, frappait de son éventail le nez des plus indiscrets, avec un sourire un peu désabusé mais royal et qui la dépassait bien. Il y a eu cinq autres « artistes », certaines en toilettes de mariées occidentales, d’autres en toréador, mais cela finissait toujours de la même façon, la ruée vers ce con ouvert. Ce n’était pas du strip dans le sens qu’elles ne font pas de mystère – elles se montrent nues. Les filles d’ailleurs jeunes et parfois jolies, bien qu’avec passablement de cicatrices et de gnons que le maquillage cachait mal.
*
La perplexité de ces touristes étrangers qui ayant aperçu l’enseigne Boulanger pensaient qu’on vendait là du pain.
Mon café bu, j’ouvre le livre sorti de mon sac à dos quand un homme vient vers moi : « Bruno. Vous êtes Bruno. » Ce n’est pas une question. Je lui réponds quand même que non. « Ah pardon » Il disparaît. Ce quidam me rappelle le frère de Momo et de Samir qui par trois fois m’interpella à Toulon.
Si je suis à Rouen, je suis aussi au Japon avec Nicolas Bouvier dont je lis Le Vide et le Plein (Carnets du Japon). C’est toujours un bonheur d’ouvrir un livre d’avant le vingt et unième siècle. On peut y lire ce qu’on ne peut plus écrire de cette façon aujourd’hui :
Sur l’estrade éclairée a giorno, une grande jeunesse mélancolique et très poudrée jouait d’une main avec un éventail de plumes, et de l’autre écartait – elle était accroupie au bord de la scène – gracieusement les lèvres de son con pour deux douzaines de spectateurs jeunes et vieux qui quittaient leur place, poussaient des hourras, chaussaient leurs lunettes et fourraient littéralement la tête entre les cuisses blanches pendant que le service d’ordre (un jeune homme malingre et autoritaire) distribuait des claques à ces éperdus en criant « o-kiaksan wa seki e o-kaeri kudasai » (que messieurs les invités veuillent bien regagner leurs sièges !) et que la fille, flattée par cet émoi, frappait de son éventail le nez des plus indiscrets, avec un sourire un peu désabusé mais royal et qui la dépassait bien. Il y a eu cinq autres « artistes », certaines en toilettes de mariées occidentales, d’autres en toréador, mais cela finissait toujours de la même façon, la ruée vers ce con ouvert. Ce n’était pas du strip dans le sens qu’elles ne font pas de mystère – elles se montrent nues. Les filles d’ailleurs jeunes et parfois jolies, bien qu’avec passablement de cicatrices et de gnons que le maquillage cachait mal.
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La perplexité de ces touristes étrangers qui ayant aperçu l’enseigne Boulanger pensaient qu’on vendait là du pain.
1er novembre 2022
Pour moi Toulon est une ville de province admirable... un décor de Puget et de Vauban avec des marchés qui sont des temples grecs et des places qui sont des salles des fêtes... Elle me représente la paix, le repos, la noblesse, l'élégance, le calme... L'escadre ajoute la vie et la jeunesse. écrivait Jean Cocteau à un correspondant inconnu en mil neuf cent vingt-sept. C’est gravé sur le piédestal de la Fontaine du Panier, située sur le cours Lafayette, devant laquelle je passais chaque jour. Aujourd’hui, les marins qui émoustillaient Cocteau sont moins visibles mais pour ce qui est de la paix, du repos, de la noblesse, de l'élégance et du calme, rien n’a changé, j’ai pu les apprécier tout comme lui.
Sur la face opposée de ce piédestal est inscrit un poème fumeux de Jean Aicard qui ne mérite pas d’être cité.
C’est dans la rue Jean-Aicard qu’est le studio Air Bibi où j’ai passé cinquante jours. Ce n’est pas celle où il est né. Dans laquelle je suis passé un jour par hasard et qui a nom rue de l’Ordonnance. Une plaque le signale.
Jean Aicard semble n’avoir vécu qu’avec sa demi-sœur Jacqueline, il est mort à Paris et a été enterré à Toulon.
*
Je n’ai jamais rien lu de Jean Aicard mais je me souviens bien avoir vu le feuilleton tiré de son roman Maurin des Maures à la télévision familiale. C’était en mil neuf cent soixante-dix. J’avais dix-neuf ans et une question en tête : Comment me sortir de là ?
*
Vu depuis le car Zou ! qui va à Saint-Tropez, un restaurant Maurin des Maures et son annexe la librairie cave de Maurin. C’est à Rayol-Canadel-sur-Mer.
*
Ce Maurin des Maures était à un euro chez Book-Off mercredi dernier, dans la collection de poche de Phébus. Il m’a suffi d’en lire quelques lignes pour le remettre en rayon.
Sur la face opposée de ce piédestal est inscrit un poème fumeux de Jean Aicard qui ne mérite pas d’être cité.
C’est dans la rue Jean-Aicard qu’est le studio Air Bibi où j’ai passé cinquante jours. Ce n’est pas celle où il est né. Dans laquelle je suis passé un jour par hasard et qui a nom rue de l’Ordonnance. Une plaque le signale.
Jean Aicard semble n’avoir vécu qu’avec sa demi-sœur Jacqueline, il est mort à Paris et a été enterré à Toulon.
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Je n’ai jamais rien lu de Jean Aicard mais je me souviens bien avoir vu le feuilleton tiré de son roman Maurin des Maures à la télévision familiale. C’était en mil neuf cent soixante-dix. J’avais dix-neuf ans et une question en tête : Comment me sortir de là ?
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Vu depuis le car Zou ! qui va à Saint-Tropez, un restaurant Maurin des Maures et son annexe la librairie cave de Maurin. C’est à Rayol-Canadel-sur-Mer.
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Ce Maurin des Maures était à un euro chez Book-Off mercredi dernier, dans la collection de poche de Phébus. Il m’a suffi d’en lire quelques lignes pour le remettre en rayon.
31 octobre 2022
Fini le ciel bleu pour ce dernier dimanche d’octobre, mais il ne pleut pas encore quand je me rends au énième vide grenier du quartier Grand Pont. Toutefois certains ont anticipé, il y a des trous entre deux exposants. Je ne m’étonne pas de n’y trouver aucun livre pour moi. En revanche, une vendeuse, au bout de son étalage de brocante, propose des pommes de son jardin de Préaux, à un euro le kilo. J’en emplis le plateau de sa balance et paie deux euros, bon poids (comme on dit dans le commerce).
Après un court passage au marché du Clos Saint-Marc, je vais acheter une tradition à la boulangerie Chez Catherine. Arrivé devant l’entrée en même temps qu’un homme en fauteuil, je m’apprête à le laisser passer mais comme il continue à avancer, je passe derrière lui et entre. Pendant ce temps, il fait une marche arrière pour se placer face au plan incliné et se met à me crier dessus, que je lui ai passé devant, que je fais preuve d’incivilité. Je lui dis que je n’avais pas compris qu’il faisait une manœuvre avant d’entrer et l’invite à passer devant moi. il n’en continue pas moins à me crier dessus, se plaignant de moi a la boulangère et à la vendeuse.
-Vous êtes vraiment très …, lui dis-je
-Vraiment très quoi ? s’excite-t-il encore plus.
-Vraiment très… énervé.
Il annonce qu’il ressort et qu’il reviendra quand je ne serai plus là. J’achète mon pain en expliquant à la boulangère que je n’ai jamais eu l’intention de passer devant ce monsieur. Comme toute bonne commerçante, elle ne prend pas parti. Quand je ressors, l’énervé entre à nouveau.
C’est déjà la deuxième fois depuis mon retour à Rouen que je m’embrouille avec un quidam. La première, c’était avec le vigile qui est à la porte de la Poste provisoire de la rue de la Jeanne. Il ne voulait pas comprendre que si je venais acheter des vignettes à l’automate, je n’avais pas à attendre dans la file de ceux qui viennent retirer de l’argent à un guichet. Il a fallu qu’une postière sorte pour lui dire que je pouvais passer.
En cinquante jours passés à Toulon et ses alentours, jamais je n’ai eu le moindre souci de cet ordre avec quiconque. Là-bas, tout le monde est paisible et courtois. Ici, j’ai encore une fois l’impression d’être entouré de cinglés.
Après un court passage au marché du Clos Saint-Marc, je vais acheter une tradition à la boulangerie Chez Catherine. Arrivé devant l’entrée en même temps qu’un homme en fauteuil, je m’apprête à le laisser passer mais comme il continue à avancer, je passe derrière lui et entre. Pendant ce temps, il fait une marche arrière pour se placer face au plan incliné et se met à me crier dessus, que je lui ai passé devant, que je fais preuve d’incivilité. Je lui dis que je n’avais pas compris qu’il faisait une manœuvre avant d’entrer et l’invite à passer devant moi. il n’en continue pas moins à me crier dessus, se plaignant de moi a la boulangère et à la vendeuse.
-Vous êtes vraiment très …, lui dis-je
-Vraiment très quoi ? s’excite-t-il encore plus.
-Vraiment très… énervé.
Il annonce qu’il ressort et qu’il reviendra quand je ne serai plus là. J’achète mon pain en expliquant à la boulangère que je n’ai jamais eu l’intention de passer devant ce monsieur. Comme toute bonne commerçante, elle ne prend pas parti. Quand je ressors, l’énervé entre à nouveau.
C’est déjà la deuxième fois depuis mon retour à Rouen que je m’embrouille avec un quidam. La première, c’était avec le vigile qui est à la porte de la Poste provisoire de la rue de la Jeanne. Il ne voulait pas comprendre que si je venais acheter des vignettes à l’automate, je n’avais pas à attendre dans la file de ceux qui viennent retirer de l’argent à un guichet. Il a fallu qu’une postière sorte pour lui dire que je pouvais passer.
En cinquante jours passés à Toulon et ses alentours, jamais je n’ai eu le moindre souci de cet ordre avec quiconque. Là-bas, tout le monde est paisible et courtois. Ici, j’ai encore une fois l’impression d’être entouré de cinglés.
29 octobre 2022
La douceur inquiétante des températures en cette fin octobre rend moins difficile mon retour à Rouen. Après un passage à la terrasse du Son du Cor, je privilégie celle du Sacre. La première est à l’ombre, la seconde au soleil. C’est là que je lis chaque après-midi, face à la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier, un livre acheté ailleurs.
Ce samedi, à partir de quinze heures, cette bouquinerie fête les morts à la mexicaine. Maquillage, vente d'artisanat, défilé et « hôtel des morts devant la librairie », est-il écrit sur sa page Effe Bé On rêve. Confondre un autel avec un hôtel.
Pour ma part, je suis en Argentine avec Brina Svit qui dans Visage slovène publié chez Gallimard narre ses rencontres avec des Slovènes exilé(e)s dans ce pays avec, en contre-point, une évocation de l’exil du Polonais Gombrowicz.
Avant qu’il ne soit trois heures, je quitte la terrasse du Sacre et m’installe non loin, à celle du Café de Rouen, que j’appelle parfois le Café de la Ville. Cet établissement, durant mon absence, a changé de propriétaire et a renouvelé son mobilier d’extérieur. La Brasserie Jeanne d’Arc, en face, a fait de même, allant plus loin, en changeant aussi de nom. C’est désormais la Brasserie Mamie. On voit le genre.
Au Café de Rouen, l’ancien personnel est toujours là, complété de nouvelles têtes. Je paie mon café, accompagné du même minuscule verre d’eau qu’avant, un euro soixante. Il me semble que c’était plus cher avant. Une des raisons pour lesquelles je n’y allais plus. L’autre étant la vulgarité d’une partie de la clientèle, et du personnel, en roue libre le dimanche, le patron n’étant pas là.
*
C’était le dernier vivant des premiers grands rockeurs, dont les succès firent partie de la bande son de mon enfance. Jerry Lee Lewis est mort en cette fin d’octobre.
Jerry Lee Lewis était également connu pour avoir épousé sa cousine âgée de treize ans. Un mariage qui dura treize ans et leur donna deux enfants, dont l’un mourut à l’âge de trois ans de noyade dans une piscine.
Ce samedi, à partir de quinze heures, cette bouquinerie fête les morts à la mexicaine. Maquillage, vente d'artisanat, défilé et « hôtel des morts devant la librairie », est-il écrit sur sa page Effe Bé On rêve. Confondre un autel avec un hôtel.
Pour ma part, je suis en Argentine avec Brina Svit qui dans Visage slovène publié chez Gallimard narre ses rencontres avec des Slovènes exilé(e)s dans ce pays avec, en contre-point, une évocation de l’exil du Polonais Gombrowicz.
Avant qu’il ne soit trois heures, je quitte la terrasse du Sacre et m’installe non loin, à celle du Café de Rouen, que j’appelle parfois le Café de la Ville. Cet établissement, durant mon absence, a changé de propriétaire et a renouvelé son mobilier d’extérieur. La Brasserie Jeanne d’Arc, en face, a fait de même, allant plus loin, en changeant aussi de nom. C’est désormais la Brasserie Mamie. On voit le genre.
Au Café de Rouen, l’ancien personnel est toujours là, complété de nouvelles têtes. Je paie mon café, accompagné du même minuscule verre d’eau qu’avant, un euro soixante. Il me semble que c’était plus cher avant. Une des raisons pour lesquelles je n’y allais plus. L’autre étant la vulgarité d’une partie de la clientèle, et du personnel, en roue libre le dimanche, le patron n’étant pas là.
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C’était le dernier vivant des premiers grands rockeurs, dont les succès firent partie de la bande son de mon enfance. Jerry Lee Lewis est mort en cette fin d’octobre.
Jerry Lee Lewis était également connu pour avoir épousé sa cousine âgée de treize ans. Un mariage qui dura treize ans et leur donna deux enfants, dont l’un mourut à l’âge de trois ans de noyade dans une piscine.
27 octobre 2022
C’est un train ancien à sièges colorés qui se présente à sept heures vingt-quatre ce mercredi en Gare de Rouen, direction Paris. Un mail de la Senecefe m’y avait préparé, disant en substance : Oubliez votre réservation. J’y ai pour voisine une corpulente qui déborde sur mon siège. Ce train va mieux qu’un récent, il file à vitesse constante vers la capitale.
A l’arrivée, je monte dans un bus Vingt-Neuf qui affiche un départ dans quinze minutes. Ce véhicule se trouve ensuite coincé dans l’embouteillage généré par les gros travaux du boulevard Sébastopol puis va directement vers la Bastille en snobant le Marais, ce qui fait le désespoir d’un fils accompagnant sa vieille mère handicapée.
Je suis au Café du Faubourg un quart d’heure avant l’ouverture du Book-Off de Ledru-Rollin. Mon café bu au comptoir, je demande « le journal » au vieux serveur. J’apprends que le bar n’est plus abonné au Parisien. Le mode dégradé s’étend de jour en jour.
Je pêche peu chez BéO dans l’étang des livres à un euro : Le méchant comte de Patrick Mauriès (Gallimard), Les lieux parallèles du même (Plon), Emile Zola (notes d’un ami) de Paul Alexis (Ressouvenances) et Les Bourreurs de crânes ! de Pierre Mac Orlan (Terre de Brume) avec en couverture une illustration de Gus Bofa et d’autres à l’intérieur non attribuées.
Dehors, le ciel bleu est quadrillé de lignes blanches laissées par des avions. Attention toutefois à ne pas marcher le nez en l’air. Le pire danger est celui constitué par les bicyclistes et les trottinettistes, de plus en plus nombreux, au point de constituer des troupeaux, dont certains membres grillent systématiquement les feux rouges.
Au Marché d’Aligre un seul marchand de livres est là, chez qui je ne trouve rien pour moi à la surface, je ne fouille pas. Chez Emmaüs, rue de Charonne, où les livres sont rangés par un maniaque, pas davantage. Je me dirige ensuite vers la Galerie Arts Factory où j’aimerais voir l'exposition Loulou Picasso mais ce n’est ouvert que l’après-midi. A côté, le restaurant capverdien où j’ai eu mes habitudes à une certaine époque a disparu, remplacé par le Lily of Charonne.
Je suis en avance à mon rendez-vous sous Beaumarchais. Assis sur un banc derrière la statue, je lis les Lettres à Voltaire de Madame du Deffand avec grand intérêt. Celle qui travaille dans le coin arrive deux minutes avant midi trente. « Je n’ai qu’une heure », me dit-elle, surmenée comme toujours. Elle me propose un restaurant au plus près de son bureau. Ce Bistrot Saint-Paul propose une formule peu chère qui cache une cuisine médiocre. Nous sommes d’accord : On a rarement aussi mal mangé. L’essentiel est de se retrouver et de se parler. Nous nous quittons trop vite, après que je lui ai souhaité une bonne escapade au Mans ce ouiquennede.
Pas question de reprendre un bus Vingt-Neuf, c’est avec le métro Huit que je me rapproche du Book-Off de Quatre Septembre. Là, je ne trouve à un euro qu’Andy Warhol (Le renard blanc) de Jean-Noël Liaut (Allary Editions) et Paris ! Paris ! d’Irvin Shaw (Plon) largement illustré par Ronald Searle.
Il est encore tôt quand j’en sors. Aussi je m’installe avec Madame du Deffand à la terrasse du Bistrot d’Edmond où, après avoir bu un café à deux euros cinquante, je lis longuement, tout en regardant les jolies Parisiennes et les jolies touristes sorties de la bouche du métro.
*
Au petit matin, avant de partir, lecture d’un article de Reporterre dans lequel la vie intime de Julien Bayou est racontée en détail par certaines de celles avec qui il a couché. Etre un homme public coûte cher au vingt-et-unième siècle.
A l’arrivée, je monte dans un bus Vingt-Neuf qui affiche un départ dans quinze minutes. Ce véhicule se trouve ensuite coincé dans l’embouteillage généré par les gros travaux du boulevard Sébastopol puis va directement vers la Bastille en snobant le Marais, ce qui fait le désespoir d’un fils accompagnant sa vieille mère handicapée.
Je suis au Café du Faubourg un quart d’heure avant l’ouverture du Book-Off de Ledru-Rollin. Mon café bu au comptoir, je demande « le journal » au vieux serveur. J’apprends que le bar n’est plus abonné au Parisien. Le mode dégradé s’étend de jour en jour.
Je pêche peu chez BéO dans l’étang des livres à un euro : Le méchant comte de Patrick Mauriès (Gallimard), Les lieux parallèles du même (Plon), Emile Zola (notes d’un ami) de Paul Alexis (Ressouvenances) et Les Bourreurs de crânes ! de Pierre Mac Orlan (Terre de Brume) avec en couverture une illustration de Gus Bofa et d’autres à l’intérieur non attribuées.
Dehors, le ciel bleu est quadrillé de lignes blanches laissées par des avions. Attention toutefois à ne pas marcher le nez en l’air. Le pire danger est celui constitué par les bicyclistes et les trottinettistes, de plus en plus nombreux, au point de constituer des troupeaux, dont certains membres grillent systématiquement les feux rouges.
Au Marché d’Aligre un seul marchand de livres est là, chez qui je ne trouve rien pour moi à la surface, je ne fouille pas. Chez Emmaüs, rue de Charonne, où les livres sont rangés par un maniaque, pas davantage. Je me dirige ensuite vers la Galerie Arts Factory où j’aimerais voir l'exposition Loulou Picasso mais ce n’est ouvert que l’après-midi. A côté, le restaurant capverdien où j’ai eu mes habitudes à une certaine époque a disparu, remplacé par le Lily of Charonne.
Je suis en avance à mon rendez-vous sous Beaumarchais. Assis sur un banc derrière la statue, je lis les Lettres à Voltaire de Madame du Deffand avec grand intérêt. Celle qui travaille dans le coin arrive deux minutes avant midi trente. « Je n’ai qu’une heure », me dit-elle, surmenée comme toujours. Elle me propose un restaurant au plus près de son bureau. Ce Bistrot Saint-Paul propose une formule peu chère qui cache une cuisine médiocre. Nous sommes d’accord : On a rarement aussi mal mangé. L’essentiel est de se retrouver et de se parler. Nous nous quittons trop vite, après que je lui ai souhaité une bonne escapade au Mans ce ouiquennede.
Pas question de reprendre un bus Vingt-Neuf, c’est avec le métro Huit que je me rapproche du Book-Off de Quatre Septembre. Là, je ne trouve à un euro qu’Andy Warhol (Le renard blanc) de Jean-Noël Liaut (Allary Editions) et Paris ! Paris ! d’Irvin Shaw (Plon) largement illustré par Ronald Searle.
Il est encore tôt quand j’en sors. Aussi je m’installe avec Madame du Deffand à la terrasse du Bistrot d’Edmond où, après avoir bu un café à deux euros cinquante, je lis longuement, tout en regardant les jolies Parisiennes et les jolies touristes sorties de la bouche du métro.
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Au petit matin, avant de partir, lecture d’un article de Reporterre dans lequel la vie intime de Julien Bayou est racontée en détail par certaines de celles avec qui il a couché. Etre un homme public coûte cher au vingt-et-unième siècle.
25 octobre 2022
Plus rien dans mon réfrigérateur, ma première sortie est pour U Express. Quand je mets le pied dans la ruelle, ce samedi matin, j’y trouve une femme saoule écroulée devant une porte. Elle tente d’expliquer au téléphone où elle est afin qu’on vienne la chercher. Près de L’Espiguette, les poubelles débordent comme toujours et devant La Bohème, c’est un l’habituel champ de mégots. La triste rue Richard-Lallemant est encore plus taguée qu’avant mon départ. Rien n’a changé chez U, hormis le prix des denrées que j’achète, toujours les mêmes, en hausse évidemment.
Je ne saurais trop conseiller à Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, de faire un tour à Toulon. Il y verra une ville propre, sans aucun graffiti et même sans affiches publicitaires, rien dans les rues, rien sur les abribus, rien sur les bus. Il y verra aussi une ville tranquille où l’on peut poser son sac sans craindre que surgisse un quidam désirant s’en emparer, contrairement à Rouen, une ville dont le large plateau piétonnier n’est fréquenté que par des piétons, où l’on ne trouve pas comme ici des voitures et des camionnettes garées partout, où l’on n’assiste pas à des livraisons motorisés pendant toute la matinée.
Bien sûr, il y a des caméras partout et la vidéo verbalisation. Bien sûr, il y a des policiers municipaux armés mais ils font leur ronde à la manière de gardiens de la paix d’autrefois et, en cinquante jours de présence, je n’ai jamais vu d’incident.
Quand je rentre avec mes sacs de courses, la femme saoule est toujours au téléphone.
*
Quelques notes encore, prises lors de mon séjour toulonnais :
Sur un train qui passait, cette menace affichée pour deux mille vingt-trois : La Coupe du Monde de Rugby des Territoires.
Cette affiche vue du car dans Toulon sur un grand panneau quatre sur trois : « Cet hiver les Français iront se doucher à l’Elysée », avec le montage photo correspondant. Je n’ai pas vu de signature mais ça sent le Gilet Jaune.
A La Gitane, celui qui, au lieu de chasser les pigeons qui se battent sut la table voisine pour les cacahuètes restées dans la coupelle, les filme avec son smartphone.
Je ne saurais trop conseiller à Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, de faire un tour à Toulon. Il y verra une ville propre, sans aucun graffiti et même sans affiches publicitaires, rien dans les rues, rien sur les abribus, rien sur les bus. Il y verra aussi une ville tranquille où l’on peut poser son sac sans craindre que surgisse un quidam désirant s’en emparer, contrairement à Rouen, une ville dont le large plateau piétonnier n’est fréquenté que par des piétons, où l’on ne trouve pas comme ici des voitures et des camionnettes garées partout, où l’on n’assiste pas à des livraisons motorisés pendant toute la matinée.
Bien sûr, il y a des caméras partout et la vidéo verbalisation. Bien sûr, il y a des policiers municipaux armés mais ils font leur ronde à la manière de gardiens de la paix d’autrefois et, en cinquante jours de présence, je n’ai jamais vu d’incident.
Quand je rentre avec mes sacs de courses, la femme saoule est toujours au téléphone.
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Quelques notes encore, prises lors de mon séjour toulonnais :
Sur un train qui passait, cette menace affichée pour deux mille vingt-trois : La Coupe du Monde de Rugby des Territoires.
Cette affiche vue du car dans Toulon sur un grand panneau quatre sur trois : « Cet hiver les Français iront se doucher à l’Elysée », avec le montage photo correspondant. Je n’ai pas vu de signature mais ça sent le Gilet Jaune.
A La Gitane, celui qui, au lieu de chasser les pigeons qui se battent sut la table voisine pour les cacahuètes restées dans la coupelle, les filme avec son smartphone.
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