Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
7 octobre 2022
Ce jeudi matin, j’attends un bus Mistral numéro Trois à l'arrêt Mayol, face au stade, qui est une église pour certains. Passe d’abord un bus U plein comme un œuf, au point que ses portes ont du mal à se refermer (il dessert les Universités), puis arrive un Trois plutôt chargé car c’est l’heure d’aller au travail. Il se vide en cours de route et je suis le seul à descendre quand il atteint l’arrêt Mourillon, son terminus.
J’ai besoin de revoir ce quartier de Toulon, sa succession de petites plages (anse des Pins, anse de la Source, anse Mistral, anse du Lido), le Port Saint-Louis et le Fort Saint-Louis construit dans l’eau (c’est militaire, défense d’entrer). Car à mon premier passage, il faisait trop chaud. Cette fois, il fait beau et doux. De plus, je sais mieux où je suis. Et ce que je vois en face n’a plus de secret pour moi.
Il n’empêche qu’encore une fois, je m’arrête près du Fort, à la terrasse surélevée du bar tabac La Réserve, où le café n’est qu’à un euro soixante. J’y lis Léautaud en ayant à bâbord la Presqu’île de Giens et à tribord la Presqu’île de Saint-Mandrier.
Quand je reprends la marche le long de la mer, je découvre un sentier bien aménagé qui d’après deux dames que je croise permet de rejoindre la Tour Royale. Il est dix heures quand j’arrive au belvédère de la Mitre (juste en-dessous est une petite crique que l’on ne peut rejoindre qu’en nageant et où se montrent quelques nudistes). J’ai bientôt trop chaud car je marche avec sur ma droite une paroi rocheuse qui fait office de cuiseur. Aussi j’arrête là et rentre avec le premier bus Trois.
Descendu à Mayol, j’achète pêches et nectarines à mes marchandes habituelles du cours Lafayette car oui, je mange le soir (un yaourt et un fruit) puis je vais prendre un autre café à la terrasse du Grand Café de la Rade, furieux de découvrir que des bateaux de riches sont désormais garés devant, cachant de leurs trois étages une partie de la sortie du port.
Mon déjeuner est sous l’un des oliviers de La Feuille de Chou, faux-filet grillé sauce moutarde à l’ancienne et brioche perdue au caramel mais le café qui suit n’est pas pour La Gitane où trois pignoufs occupent ma place.
La terrasse ombragée d’un bar crêperie dont j’oublie de noter le nom, proche de l’Hôtel de Ville, avec vue sur les fesses de la statue du port, m’accueille. Près de moi sont des employées de cette Mairie. Des histoires de collègues occupent leur conversation.
Sur le quai passe un groupe de vieilles et de vieux qui va faire le tour de la rade en bateau. Elles et eux sont pris en charge par une association caritative, comme l’indique le ticheurte rouge qu’on leur fait porter, avec inscrit dans le dos Les Petits Frères des Pauvres.
Comme dans la chanson de Jacques Brel, il faut reconnaître ses pauvres à soi. Les montrer aussi.
*
Rentré à mon logis provisoire, j’apprends qu’Annie Ernaux a reçu le Prix Nobel de Littérature. Tout le monde semble s’en réjouir. Moi itou. J’aime la plupart de ses livres, mais je ne partage pas ses prises de position politiques alignées sur celles de La France Insoumise.
Malheureusement, il semble que ce soit plus pour ses idées politico-sociales que pour ses qualités d’écriture qu’elle ait reçu ce prix.
*
Pour Paris Normandie, c’est : « La Cauchoise Annie Ernaux a reçu le prix Nobel de la littérature. ». Ces journaux régionaux ne voient jamais plus loin que leur nombril. A noter aussi l’article devant le mot littérature.
J’ai besoin de revoir ce quartier de Toulon, sa succession de petites plages (anse des Pins, anse de la Source, anse Mistral, anse du Lido), le Port Saint-Louis et le Fort Saint-Louis construit dans l’eau (c’est militaire, défense d’entrer). Car à mon premier passage, il faisait trop chaud. Cette fois, il fait beau et doux. De plus, je sais mieux où je suis. Et ce que je vois en face n’a plus de secret pour moi.
Il n’empêche qu’encore une fois, je m’arrête près du Fort, à la terrasse surélevée du bar tabac La Réserve, où le café n’est qu’à un euro soixante. J’y lis Léautaud en ayant à bâbord la Presqu’île de Giens et à tribord la Presqu’île de Saint-Mandrier.
Quand je reprends la marche le long de la mer, je découvre un sentier bien aménagé qui d’après deux dames que je croise permet de rejoindre la Tour Royale. Il est dix heures quand j’arrive au belvédère de la Mitre (juste en-dessous est une petite crique que l’on ne peut rejoindre qu’en nageant et où se montrent quelques nudistes). J’ai bientôt trop chaud car je marche avec sur ma droite une paroi rocheuse qui fait office de cuiseur. Aussi j’arrête là et rentre avec le premier bus Trois.
Descendu à Mayol, j’achète pêches et nectarines à mes marchandes habituelles du cours Lafayette car oui, je mange le soir (un yaourt et un fruit) puis je vais prendre un autre café à la terrasse du Grand Café de la Rade, furieux de découvrir que des bateaux de riches sont désormais garés devant, cachant de leurs trois étages une partie de la sortie du port.
Mon déjeuner est sous l’un des oliviers de La Feuille de Chou, faux-filet grillé sauce moutarde à l’ancienne et brioche perdue au caramel mais le café qui suit n’est pas pour La Gitane où trois pignoufs occupent ma place.
La terrasse ombragée d’un bar crêperie dont j’oublie de noter le nom, proche de l’Hôtel de Ville, avec vue sur les fesses de la statue du port, m’accueille. Près de moi sont des employées de cette Mairie. Des histoires de collègues occupent leur conversation.
Sur le quai passe un groupe de vieilles et de vieux qui va faire le tour de la rade en bateau. Elles et eux sont pris en charge par une association caritative, comme l’indique le ticheurte rouge qu’on leur fait porter, avec inscrit dans le dos Les Petits Frères des Pauvres.
Comme dans la chanson de Jacques Brel, il faut reconnaître ses pauvres à soi. Les montrer aussi.
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Rentré à mon logis provisoire, j’apprends qu’Annie Ernaux a reçu le Prix Nobel de Littérature. Tout le monde semble s’en réjouir. Moi itou. J’aime la plupart de ses livres, mais je ne partage pas ses prises de position politiques alignées sur celles de La France Insoumise.
Malheureusement, il semble que ce soit plus pour ses idées politico-sociales que pour ses qualités d’écriture qu’elle ait reçu ce prix.
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Pour Paris Normandie, c’est : « La Cauchoise Annie Ernaux a reçu le prix Nobel de la littérature. ». Ces journaux régionaux ne voient jamais plus loin que leur nombril. A noter aussi l’article devant le mot littérature.
6 octobre 2022
« Non, il n'y a aucun incendie en ce moment. Ce que vous voyez dans tout Toulon est uniquement de la brume marine, autrement dit « la Sague » alors n'encombrez pas les services de secours pour rien. », informent les autorités de la ville mardi peu avant la tombée de la nuit. De mon quatrième étage, je vois bien ce que je prenais pour une colonne de fumée et n’en est donc pas une. Jamais encore, je n’avais entendu parler de cette sague
Ce mercredi matin, quand je me dirige vers la Station Maritime, le ciel est noir de l’autre côté de la rade et il le reste quand je la traverse dans le bateau bus qui va aux Sablettes. Je commençais à me languir de ce mode de transport. Bien qu’il n’y ait pas de vent, la mer bouge, ça tangue un peu et j’aime bien.
A l’arrivée, je traverse le parc Fernand-Braudel pour passer de l’autre côté de l’isthme. Me voici à nouveau face à l’anse des Sablettes et à sa belle plage. Au bout du Cap Sicié, les Deux Frères sont sombres, pas encore réveillés semble-t-il (ils sont nés de la même mer, disait la cabinière du téléphérique du Mont Faron).
Je marche dans leur direction, d’abord sur la promenade bordée de restaurants, puis sur le sable mouillé (le seul que je supporte), ensuite je me heurte à des tas de propriétés privés et ne peux aller plus loin.
Tandis que le ciel se dégage et vire au bleu, je reviens sur mes pas pour aller boire un café verre d’eau à un euro soixante-dix à la terrasse de bord de mer du Prôvence Plage.
Je lis là Léautaud en me mêlant mentalement de la vie des autres. Une quinquagénaire arrive avec deux hommes de son âge qui se mettent en maillot et plongent illico tandis qu’elle ne se trempe que les jambes en soulevant sa robe. Sont-ce ses mari et amant ? J’aimerais avoir l’audace de lui poser la question quand elle remonte avec le duo rhabillé.
Vers onze heures, je reprends la marche, dans l’autre direction, jusqu’au port de Saint-Elme. En ce jour de congé, de la jeunesse s’exerce à la voile, tandis qu’un original traverse le bassin sur une caisse à savon flottante immatriculée comme une voiture.
A midi, je reviens au Prôvence Plage pour déjeuner de sa formule plat dessert verre de vin café à dix-sept euros quatre-vingts. C’est d’abord un pavé de bœuf bien tendre puis une tarte normande qui me rappelle le pays.
A l’issue, je prends un autre café que je fais suivre d’un long moment de lecture. C’est une journée de fainéant, mon inaction étant encouragée par la beauté de l’anse.
Au retour, durant la traversée et à l’arrivée dans le port de Toulon, j’essaie de photographier ce qui est à portée d’œil, mais ce n’est pas simple quand ça bouge. Je réussis quand même un Hôtel de Ville presque droit. Ce n’est pas le plus beau bâtiment de la ville, loin de là, mais comme disait mon chauffeur de l’autre jour dans la Presqu’île de Giens, on finit par s’y faire. Je fais aussi une photo de face du Dixmude, le porte-hélicoptère amphibie. Il n’a pas bougé depuis mon arrivée. Il illustre parfaitement l’expression « être en rade ».
*
Aux Sablettes, rue Pablo-Picasso, un salon de coiffure Miss t’Hair. Et un Hôtel George Sand en bord de mer, elle séjourna juste à côté à Tamaris avec un jeune amant et est l’auteure d’un roman portant ce nom.
*
A Bandol, un Espace Culturel Paul Ricard. A La Seyne, un Centre Culturel Henri Tisot. C’est un département où on aime les intellectuels.
*
Dans le Var Matin du jour, lu au Maryland, le début du procès de l’homme qui, après avoir étranglé sa femme, a jeté son corps du haut du Mont Faron.
Ce mercredi matin, quand je me dirige vers la Station Maritime, le ciel est noir de l’autre côté de la rade et il le reste quand je la traverse dans le bateau bus qui va aux Sablettes. Je commençais à me languir de ce mode de transport. Bien qu’il n’y ait pas de vent, la mer bouge, ça tangue un peu et j’aime bien.
A l’arrivée, je traverse le parc Fernand-Braudel pour passer de l’autre côté de l’isthme. Me voici à nouveau face à l’anse des Sablettes et à sa belle plage. Au bout du Cap Sicié, les Deux Frères sont sombres, pas encore réveillés semble-t-il (ils sont nés de la même mer, disait la cabinière du téléphérique du Mont Faron).
Je marche dans leur direction, d’abord sur la promenade bordée de restaurants, puis sur le sable mouillé (le seul que je supporte), ensuite je me heurte à des tas de propriétés privés et ne peux aller plus loin.
Tandis que le ciel se dégage et vire au bleu, je reviens sur mes pas pour aller boire un café verre d’eau à un euro soixante-dix à la terrasse de bord de mer du Prôvence Plage.
Je lis là Léautaud en me mêlant mentalement de la vie des autres. Une quinquagénaire arrive avec deux hommes de son âge qui se mettent en maillot et plongent illico tandis qu’elle ne se trempe que les jambes en soulevant sa robe. Sont-ce ses mari et amant ? J’aimerais avoir l’audace de lui poser la question quand elle remonte avec le duo rhabillé.
Vers onze heures, je reprends la marche, dans l’autre direction, jusqu’au port de Saint-Elme. En ce jour de congé, de la jeunesse s’exerce à la voile, tandis qu’un original traverse le bassin sur une caisse à savon flottante immatriculée comme une voiture.
A midi, je reviens au Prôvence Plage pour déjeuner de sa formule plat dessert verre de vin café à dix-sept euros quatre-vingts. C’est d’abord un pavé de bœuf bien tendre puis une tarte normande qui me rappelle le pays.
A l’issue, je prends un autre café que je fais suivre d’un long moment de lecture. C’est une journée de fainéant, mon inaction étant encouragée par la beauté de l’anse.
Au retour, durant la traversée et à l’arrivée dans le port de Toulon, j’essaie de photographier ce qui est à portée d’œil, mais ce n’est pas simple quand ça bouge. Je réussis quand même un Hôtel de Ville presque droit. Ce n’est pas le plus beau bâtiment de la ville, loin de là, mais comme disait mon chauffeur de l’autre jour dans la Presqu’île de Giens, on finit par s’y faire. Je fais aussi une photo de face du Dixmude, le porte-hélicoptère amphibie. Il n’a pas bougé depuis mon arrivée. Il illustre parfaitement l’expression « être en rade ».
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Aux Sablettes, rue Pablo-Picasso, un salon de coiffure Miss t’Hair. Et un Hôtel George Sand en bord de mer, elle séjourna juste à côté à Tamaris avec un jeune amant et est l’auteure d’un roman portant ce nom.
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A Bandol, un Espace Culturel Paul Ricard. A La Seyne, un Centre Culturel Henri Tisot. C’est un département où on aime les intellectuels.
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Dans le Var Matin du jour, lu au Maryland, le début du procès de l’homme qui, après avoir étranglé sa femme, a jeté son corps du haut du Mont Faron.
5 octobre 2022
C’est le dernier jour de validité pour ma carte d’abonné mensuel aux cars Zou ! du Var. En l’utilisant ce mardi pour retourner à Bandol avec le sept heures quarante-cinq, je réussis juste à l’amortir.
Descendu au terminus, devant le Casino, je longe le port sans rien en voir, la faute au marché qui n’a de remarquable que sa longueur. Bandol est une ville de riches avec des boutiques et des commerces ambulants de piètre qualité. C’est étrange. Quand j’arrive au dernier éventaire, je respire un peu et fais ce que la chaleur m’a empêché de faire la première fois, le tour de la presqu’île qui n’a pas de nom, en face de laquelle se trouve, très près, l’île de Bendor, qui appartenait à Paul Ricard. Un engin de démolition y met bas un immeuble. Je termine mon tour juste avant d’être à la plage de Renécros, à la hauteur du Trou Madame, et rentre par l’intérieur, empruntant un boulevard Louis-Lumière qui n’est qu’une rue étroite et éteinte.
Au niveau de l’Office de Tourisme commence le boulevard Victor-Hugo où, au numéro dix-sept, doit se trouver l’agence d’architecture de Rudy Ricciotti. A cet endroit, le boulevard devient une montée sans autre issue qu’un escalier qui mène dans les hauteurs et je ne vois là qu’une villa rouge nommée La Tartane dont le portail, rouillé et envahi par une végétation luxuriante, pourrait donner à penser que c’est inhabité. Je me demande si je suis au bon endroit.
Une vieille dame à béquilles est assise sur le muret. Elle m’interpelle à propos du chat qui est devant ce portail. « Il n’est à personne, me dit-elle, tout le monde lui donne à manger, il aime bien aller chez monsieur Ricciotti. » Je suis donc au bon endroit. « Ils sont plusieurs à l’intérieur à travailler », m’explique celle qui est sa voisine. Elle me raconte aussi qu’elle a été renversée par une voiture il y a trois ans sur un passage pour piétons et que depuis elle est handicapée.
Du bruit se fait entendre dans le jardin de la maison rouge. « Tenez, quelqu’un vient », me dit-elle. Une clé tourne dans le portail et sort, non pas le patron, mais un de ses collaborateurs avec un café et une cigarette. Tandis que la voisine rentre chez elle, j’explique à ce trentenaire que j’étais en train de faire une photo de la maison, que je ne connais pas Rudy Ricciotti mais que j’ai suivi à Rouen sa visite guidée de ce qui devait être la Médiathèque et que j’aime ses propos provocants quand je l’entends sur France Culture. « Oui, il est un peu rentre-dedans, me dit-il, mais c’est une façon de se protéger. » Il me dit aussi qu’il a de la chance de travailler ici et je le laisse à sa pause.
Cette maison rouge est davantage visible quand on redescend sur le port, où on a du recul, et je la photographie une dernière fois. De sa terrasse, la belle vue est assurée sur la baie.
Un peu plus loin, je trouve à m’asseoir au premier rang de la terrasse de L’Amiral, un des restaurants présentables de Bandol, avec vue sur la route et sur le marché qui gâche le port. Le café y est à un euro quatre-vingts, moins cher qu’au petit Flament B situé à l’autre bout de la promenade en béton, ce matériau que chérit Ricciotti.
Je lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit temps de retourner devant le Casino. Je valide une dernière fois ma carte d’abonné mensuel dans le car Zou ! d’onze heures. Il me permet d’être à midi attablé sous un autre des quatre oliviers de la terrasse de la Feuille de Chou.
Aujourd’hui, c’est blanquette de veau pommes vapeur. Quand je vais payer au comptoir, la jeune serveuse m’apprend qu’un petit digestif à la menthe m’est offert puisque je viens tous les jours. « Attention, lui dis-je, il n’est pas sûr que je vienne toujours tous les jours ».
*
A Bandol, Rudy Ricciotti a construit une villa avec piscine aquarium. On peut la louer sur Air Bibi.
En saison, c’est mille cinq cent soixante-dix euros par nuit (sur la base de huit adultes, sans les frais et taxe de séjour, prix été deux mille vingt et un).
Descendu au terminus, devant le Casino, je longe le port sans rien en voir, la faute au marché qui n’a de remarquable que sa longueur. Bandol est une ville de riches avec des boutiques et des commerces ambulants de piètre qualité. C’est étrange. Quand j’arrive au dernier éventaire, je respire un peu et fais ce que la chaleur m’a empêché de faire la première fois, le tour de la presqu’île qui n’a pas de nom, en face de laquelle se trouve, très près, l’île de Bendor, qui appartenait à Paul Ricard. Un engin de démolition y met bas un immeuble. Je termine mon tour juste avant d’être à la plage de Renécros, à la hauteur du Trou Madame, et rentre par l’intérieur, empruntant un boulevard Louis-Lumière qui n’est qu’une rue étroite et éteinte.
Au niveau de l’Office de Tourisme commence le boulevard Victor-Hugo où, au numéro dix-sept, doit se trouver l’agence d’architecture de Rudy Ricciotti. A cet endroit, le boulevard devient une montée sans autre issue qu’un escalier qui mène dans les hauteurs et je ne vois là qu’une villa rouge nommée La Tartane dont le portail, rouillé et envahi par une végétation luxuriante, pourrait donner à penser que c’est inhabité. Je me demande si je suis au bon endroit.
Une vieille dame à béquilles est assise sur le muret. Elle m’interpelle à propos du chat qui est devant ce portail. « Il n’est à personne, me dit-elle, tout le monde lui donne à manger, il aime bien aller chez monsieur Ricciotti. » Je suis donc au bon endroit. « Ils sont plusieurs à l’intérieur à travailler », m’explique celle qui est sa voisine. Elle me raconte aussi qu’elle a été renversée par une voiture il y a trois ans sur un passage pour piétons et que depuis elle est handicapée.
Du bruit se fait entendre dans le jardin de la maison rouge. « Tenez, quelqu’un vient », me dit-elle. Une clé tourne dans le portail et sort, non pas le patron, mais un de ses collaborateurs avec un café et une cigarette. Tandis que la voisine rentre chez elle, j’explique à ce trentenaire que j’étais en train de faire une photo de la maison, que je ne connais pas Rudy Ricciotti mais que j’ai suivi à Rouen sa visite guidée de ce qui devait être la Médiathèque et que j’aime ses propos provocants quand je l’entends sur France Culture. « Oui, il est un peu rentre-dedans, me dit-il, mais c’est une façon de se protéger. » Il me dit aussi qu’il a de la chance de travailler ici et je le laisse à sa pause.
Cette maison rouge est davantage visible quand on redescend sur le port, où on a du recul, et je la photographie une dernière fois. De sa terrasse, la belle vue est assurée sur la baie.
Un peu plus loin, je trouve à m’asseoir au premier rang de la terrasse de L’Amiral, un des restaurants présentables de Bandol, avec vue sur la route et sur le marché qui gâche le port. Le café y est à un euro quatre-vingts, moins cher qu’au petit Flament B situé à l’autre bout de la promenade en béton, ce matériau que chérit Ricciotti.
Je lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit temps de retourner devant le Casino. Je valide une dernière fois ma carte d’abonné mensuel dans le car Zou ! d’onze heures. Il me permet d’être à midi attablé sous un autre des quatre oliviers de la terrasse de la Feuille de Chou.
Aujourd’hui, c’est blanquette de veau pommes vapeur. Quand je vais payer au comptoir, la jeune serveuse m’apprend qu’un petit digestif à la menthe m’est offert puisque je viens tous les jours. « Attention, lui dis-je, il n’est pas sûr que je vienne toujours tous les jours ».
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A Bandol, Rudy Ricciotti a construit une villa avec piscine aquarium. On peut la louer sur Air Bibi.
En saison, c’est mille cinq cent soixante-dix euros par nuit (sur la base de huit adultes, sans les frais et taxe de séjour, prix été deux mille vingt et un).
4 octobre 2022
Je n’en ai pas fini avec Sanary, raison pour laquelle je prends une fois de plus ce lundi le car Zou ! de sept heures quarante-cinq terminus Bandol, dans lequel les arrêts ne sont pas annoncés. En conséquence, je demande au chauffeur de me faire descendre à La Micheline. Pas de femme bavarde assise derrière lui pour le distraire, il n’oublie pas de le faire.
Cet arrêt est proche du marché de Sanary que je longe par l’extérieur. Arrivé au port, je poursuis sur le quai jusqu’à une route interdite à la circulation. C’est la promenade des Baux. Elle ne va pas très loin, se heurtant à des propriétés privées. Pour continuer par la corniche, il faudrait monter un escalier de dingue.
Je m’en abstiens, fais demi-tour et passe par le boulevard Courbet, une simple allée piétonnière avec des marches pour faciliter la montée. C’est en même temps le chemin de croix des Sanaryen(ne)s, un chemin de croix peinard qui mène à la chapelle Notre-Dame de la Pitié, dans laquelle on semble être en prière permanente. Vient ensuite le mal nommé chemin de la Corniche, qui est une route goudronnée plus large que le boulevard Courbet. Entre deux villas on a la vue sur la ville, le port et le large.
Je cherche et trouve la Villa La Tranquille dans laquelle vécurent quelques mois Thomas Mann et sa femme Katia, qui eurent ensuite la chance d’émigrer aux États-Unis. Cette modeste maison fait l’objet d’un permis de construire pour agrandissement et j’apprends même, en lisant le panneau explicatif, que ce n’est pas la vraie, qui fut remplacée par une batterie anti-aérienne en mil neuf cent quarante, puis reconstruite. Au moins, je sais ce que voyaient l’écrivain et sa femme quand ils quittaient leur logis provisoire.
En redescendant, je me mets à la recherche du Moulin Gris, la villa où résidaient Franz Werfel et sa femme Alma Mahler Werfel. Je l’ai manquée en montant, et pour cause, elle n’est pas au numéro indiqué sur le dépliant « Les artistes étrangers à Sanary 1925 - 1940 », pas au neuf mais au dix-neuf du chemin de la Corniche. Elle est bien grise en effet, cette tour coincée entre deux cyprès, mais il y a son côté donnant sur la mer que je ne peux voir. Eux s’en sortirent en fuyant à travers les Pyrénées en compagnie d’Heinrich et Golo Mann, grâce à Varian Fry.
Cela accompli, revenu au port, je prends place à une table de premier rang à la terrasse de La Marine et y bois un café qui ne coûte qu’un euro soixante, puis j’y lis Léautaud jusqu’à ce que l’heure du car de retour approche, tout en m’amusant de ces bicyclistes et de ces adeptes de la trottinette marchant à côté de leur engin pour obéir à la loi municipale.
En retournant à La Micheline, je passe par l’Office de Tourisme pour me procurer un plan de Bandol, car je n’en ai pas fini avec Bandol, et je signale à la responsable l’erreur de numérotation sur le dépliant des artistes étrangers à Sanary. « Vous êtes la première personne à nous le dire depuis trois ans que ce document existe », me dit-elle en notant la correction à faire sur son ordinateur. Je n’entreprends pas de lui expliquer que les écrivains ne sont pas des artistes.
Revenu à Toulon, je déjeune une fois de plus à La Feuille de Chou où il ne reste que quelques tables en terrasse. « C’est l’automne, me dit la jeune serveuse auprès de qui je m’en étonne, voyez, je suis frileuse, j’ai mis le blouson. » « Oui, fini le crop top », lui réponds-je. « C’est vrai », conclut-elle prudemment.
Aujourd’hui, c’est une brandade de morue que je déguste sous l’un des quatre oliviers. A l’issue de ce repas, je vais pour un café Léautaud à La Gitane où l’on a rangé les parasols, le soleil étant devenu supportable.
*
Octobre est là, qui ne change rien pour moi, mais plus de marché du tout le lundi matin sur le cours Lafayette, ce qui permet de le découvrir à l’état naturel (si je puis dire), une magnifique allée arborée. Et ma boulangerie habituelle n’est pas ouverte à sept heures. La concurrence l’est, où le pain au chocolat est moins cher de dix centimes et tout aussi bon.
Cet arrêt est proche du marché de Sanary que je longe par l’extérieur. Arrivé au port, je poursuis sur le quai jusqu’à une route interdite à la circulation. C’est la promenade des Baux. Elle ne va pas très loin, se heurtant à des propriétés privées. Pour continuer par la corniche, il faudrait monter un escalier de dingue.
Je m’en abstiens, fais demi-tour et passe par le boulevard Courbet, une simple allée piétonnière avec des marches pour faciliter la montée. C’est en même temps le chemin de croix des Sanaryen(ne)s, un chemin de croix peinard qui mène à la chapelle Notre-Dame de la Pitié, dans laquelle on semble être en prière permanente. Vient ensuite le mal nommé chemin de la Corniche, qui est une route goudronnée plus large que le boulevard Courbet. Entre deux villas on a la vue sur la ville, le port et le large.
Je cherche et trouve la Villa La Tranquille dans laquelle vécurent quelques mois Thomas Mann et sa femme Katia, qui eurent ensuite la chance d’émigrer aux États-Unis. Cette modeste maison fait l’objet d’un permis de construire pour agrandissement et j’apprends même, en lisant le panneau explicatif, que ce n’est pas la vraie, qui fut remplacée par une batterie anti-aérienne en mil neuf cent quarante, puis reconstruite. Au moins, je sais ce que voyaient l’écrivain et sa femme quand ils quittaient leur logis provisoire.
En redescendant, je me mets à la recherche du Moulin Gris, la villa où résidaient Franz Werfel et sa femme Alma Mahler Werfel. Je l’ai manquée en montant, et pour cause, elle n’est pas au numéro indiqué sur le dépliant « Les artistes étrangers à Sanary 1925 - 1940 », pas au neuf mais au dix-neuf du chemin de la Corniche. Elle est bien grise en effet, cette tour coincée entre deux cyprès, mais il y a son côté donnant sur la mer que je ne peux voir. Eux s’en sortirent en fuyant à travers les Pyrénées en compagnie d’Heinrich et Golo Mann, grâce à Varian Fry.
Cela accompli, revenu au port, je prends place à une table de premier rang à la terrasse de La Marine et y bois un café qui ne coûte qu’un euro soixante, puis j’y lis Léautaud jusqu’à ce que l’heure du car de retour approche, tout en m’amusant de ces bicyclistes et de ces adeptes de la trottinette marchant à côté de leur engin pour obéir à la loi municipale.
En retournant à La Micheline, je passe par l’Office de Tourisme pour me procurer un plan de Bandol, car je n’en ai pas fini avec Bandol, et je signale à la responsable l’erreur de numérotation sur le dépliant des artistes étrangers à Sanary. « Vous êtes la première personne à nous le dire depuis trois ans que ce document existe », me dit-elle en notant la correction à faire sur son ordinateur. Je n’entreprends pas de lui expliquer que les écrivains ne sont pas des artistes.
Revenu à Toulon, je déjeune une fois de plus à La Feuille de Chou où il ne reste que quelques tables en terrasse. « C’est l’automne, me dit la jeune serveuse auprès de qui je m’en étonne, voyez, je suis frileuse, j’ai mis le blouson. » « Oui, fini le crop top », lui réponds-je. « C’est vrai », conclut-elle prudemment.
Aujourd’hui, c’est une brandade de morue que je déguste sous l’un des quatre oliviers. A l’issue de ce repas, je vais pour un café Léautaud à La Gitane où l’on a rangé les parasols, le soleil étant devenu supportable.
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Octobre est là, qui ne change rien pour moi, mais plus de marché du tout le lundi matin sur le cours Lafayette, ce qui permet de le découvrir à l’état naturel (si je puis dire), une magnifique allée arborée. Et ma boulangerie habituelle n’est pas ouverte à sept heures. La concurrence l’est, où le pain au chocolat est moins cher de dix centimes et tout aussi bon.
3 octobre 2022
Hyères, c’est la Presqu’île de Giens, Porquerolles, Port-Cros, l’Ile du Levant, la station balnéaire aux multiples palmiers et aux villas Belle Epoque. C’est aussi un centre médiéval et je veux le visiter ce dimanche. François Truffaut y tourna son dernier film Vivement dimanche !
Je prends donc encore une fois le car Zou ! direction Saint-Tropez et en descends à son seul arrêt hyérois. Me trompant de direction, je découvre le joli Casino de la ville. Une autochtone au bras dans le plâtre me dit de la suivre pour arriver à la majestueuse Porte Massillon qui est l’entrée principale des rues médiévales. La plus pittoresque étant celle que je trouve tout de suite à gauche, la rue des Porches, quasiment couverte.
Revenu rue Massillon, je la monte jusqu’à la Tour des Templiers puis j’atteins la Collégiale Saint-Paul. Sur le parvis de celle-ci, un panorama permet de voir la ville aux palmiers, la Presqu’île de Giens et ses trois îles et le Massif des Maures. En me retournant, j’aperçois là-haut, au-dessus de cette vieille ville, un bâtiment d’’architecture moderne. Je demande à un autochtone à baguette de pain s’il s’agit bien de la Villa Noailles.
Il me le confirme et me dit que s’il faut monter pour l’atteindre, c’est tout à fait faisable. Il me conseille de passer par la Collégiale. Ça grimpe, c’est dur, je m’épuise, suis totalement essoufflé et dois faire une pause.
Enfin je suis devant le bâtiment construit par l’architecte Mallet-Stevens pour Charles et Marie-Laure de Noailles. Cette villa blanche aux lignes pures est partiellement en travaux pour « la réfection du bâtiment dit des Garages ». Marie-Laure, Charles et leurs ami(e)s ne montaient pas ici à pied.
Je fais quelques photos de ce lieu dans lequel nombre d’écrivains et d’artistes sont venus. C’est ici que Man Ray a tourné Les Mystères du château de Dé et que Luis Buñuel a écrit le scénario de L'Âge d'or. Depuis les jardins, c’est la même vue qu’au panorama de la Collégiale, de plus haut. Une exposition est en cours, dont je me désintéresse.
En redescendant la rue Saint-Bernard, je passe devant une plaque indiquant qu’ici a vécu Ambroise Thomas, « l’immortel auteur de Mignon ». Arrivé à proximité de la Collégiale, je trouve la rue Paradis et sa belle Maison Romane puis le rue Sainte-Claire où dans le Castel Sainte-Claire vécut Edith Wharton.
Je ressors de la ville médiévale comme j’y suis entré, par la Porte Massillon. Arrivé à Hyères à neuf heures dix, je la quitte à onze heures avec un car Zou ! ponctuel. Pour sûr, j’ai bien employé cette matinée de dimanche. Je n’avais jamais mis le pied avant ce jour dans le centre médiéval d’Hyères, ni vu la Villa Noailles, deux belles découvertes.
Comme le Mondial Café est ouvert sept jours sur sept, j’y déjeune d’un burgueur, cette fois au munster. De nouveau, je constate que souvent, la deuxième fois est moins bien que la première. La viande que j’avais demandée saignante est trop cuite. Ni la patronne, ni le cuisinier ne m’en demandent des nouvelles.
Le beau temps calme me permet de boire le café sur ma chaise haute de La Gitane puis d’y lire longuement Léautaud.
*
Il y a une Villa Léautaud à Hyères, qui fut celle du comte de Léautaud Donine, rien à voir avec la famille de l’écrivain. En mil huit cent quatre-vingt, ce comte fit percer la terrasse de sa villa pour laisser passer la tête d'un palmier qu'on dit avoir été planté par Lamartine.
*
Un autre Hyérois : Alexis Godillot. Il fit fortune en chaussant l’armée napoléonienne et posséda jusqu’à un quart de la ville.
*
« Hyères encore, j’avais vingt ans », me suis-je chanté quand je manquais d’air dans la rude montée vers chez les Noailles.
Je prends donc encore une fois le car Zou ! direction Saint-Tropez et en descends à son seul arrêt hyérois. Me trompant de direction, je découvre le joli Casino de la ville. Une autochtone au bras dans le plâtre me dit de la suivre pour arriver à la majestueuse Porte Massillon qui est l’entrée principale des rues médiévales. La plus pittoresque étant celle que je trouve tout de suite à gauche, la rue des Porches, quasiment couverte.
Revenu rue Massillon, je la monte jusqu’à la Tour des Templiers puis j’atteins la Collégiale Saint-Paul. Sur le parvis de celle-ci, un panorama permet de voir la ville aux palmiers, la Presqu’île de Giens et ses trois îles et le Massif des Maures. En me retournant, j’aperçois là-haut, au-dessus de cette vieille ville, un bâtiment d’’architecture moderne. Je demande à un autochtone à baguette de pain s’il s’agit bien de la Villa Noailles.
Il me le confirme et me dit que s’il faut monter pour l’atteindre, c’est tout à fait faisable. Il me conseille de passer par la Collégiale. Ça grimpe, c’est dur, je m’épuise, suis totalement essoufflé et dois faire une pause.
Enfin je suis devant le bâtiment construit par l’architecte Mallet-Stevens pour Charles et Marie-Laure de Noailles. Cette villa blanche aux lignes pures est partiellement en travaux pour « la réfection du bâtiment dit des Garages ». Marie-Laure, Charles et leurs ami(e)s ne montaient pas ici à pied.
Je fais quelques photos de ce lieu dans lequel nombre d’écrivains et d’artistes sont venus. C’est ici que Man Ray a tourné Les Mystères du château de Dé et que Luis Buñuel a écrit le scénario de L'Âge d'or. Depuis les jardins, c’est la même vue qu’au panorama de la Collégiale, de plus haut. Une exposition est en cours, dont je me désintéresse.
En redescendant la rue Saint-Bernard, je passe devant une plaque indiquant qu’ici a vécu Ambroise Thomas, « l’immortel auteur de Mignon ». Arrivé à proximité de la Collégiale, je trouve la rue Paradis et sa belle Maison Romane puis le rue Sainte-Claire où dans le Castel Sainte-Claire vécut Edith Wharton.
Je ressors de la ville médiévale comme j’y suis entré, par la Porte Massillon. Arrivé à Hyères à neuf heures dix, je la quitte à onze heures avec un car Zou ! ponctuel. Pour sûr, j’ai bien employé cette matinée de dimanche. Je n’avais jamais mis le pied avant ce jour dans le centre médiéval d’Hyères, ni vu la Villa Noailles, deux belles découvertes.
Comme le Mondial Café est ouvert sept jours sur sept, j’y déjeune d’un burgueur, cette fois au munster. De nouveau, je constate que souvent, la deuxième fois est moins bien que la première. La viande que j’avais demandée saignante est trop cuite. Ni la patronne, ni le cuisinier ne m’en demandent des nouvelles.
Le beau temps calme me permet de boire le café sur ma chaise haute de La Gitane puis d’y lire longuement Léautaud.
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Il y a une Villa Léautaud à Hyères, qui fut celle du comte de Léautaud Donine, rien à voir avec la famille de l’écrivain. En mil huit cent quatre-vingt, ce comte fit percer la terrasse de sa villa pour laisser passer la tête d'un palmier qu'on dit avoir été planté par Lamartine.
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Un autre Hyérois : Alexis Godillot. Il fit fortune en chaussant l’armée napoléonienne et posséda jusqu’à un quart de la ville.
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« Hyères encore, j’avais vingt ans », me suis-je chanté quand je manquais d’air dans la rude montée vers chez les Noailles.
2 octobre 2022
Avant que le bus Mistral Soixante-Sept vers La Tour Fondue ne cesse de fonctionner, je le prends encore une fois à son départ d’Hyères où m’a encore conduit un car Zou ! et j’en descends à l’arrêt Bona, du nom de la plage proche.
Je longe celle-ci vers le haut de la Presqu’île de Giens, passe devant le renommé Hôtel de la Potinière, trouve un petit coin de bateaux de pêche, dont l’un appelé Calimero, et arrive dans un complexe d’immeubles d’habitation avec bassins à bateaux de plaisance, une sorte de marina, Port Saint-Pierre. Le dernier immeuble témoigne d’une dure réalité. Ses portes et ses fenêtres sont murées. Il est couvert de graffitis. C’était le Yacht Club et son restaurant.
La plupart des rez-de-chaussée sont occupés par des restaurants. Je m’arrête à la terrasse de Madame M pour y boire un café à un euro quatre-vingts puis y lire Léautaud devant les bateaux. Le vent souffle encore. Mes voisins s’en plaignent au patron qui leur répond : « Ne dites pas du mal du mistral, c’est mon nom. »
A midi, je vais à la crêperie Tata Suzette et y commande un tartare à l’italienne dont le prix est raisonnable pour un samedi. C’est un endroit où le service est efficace et impersonnel. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt euros.
L’arrêt de bus La Gavine se trouve à proximité où je n’attends qu’une minute mon dernier Soixante-Sept. En revanche, je dois (im)patienter vingt-cinq minutes à Hyères avant que se présente le car Zou ! qui va à Toulon. Cette fois, il est bien à l’heure.
Arrivé au but, je vais boire un café à La Gitane mais j’en suis encore une fois chassé par « le match » à la télé, dont le son se répand à l’extérieur.
J’ai un autre déboire en rentrant : plus de ouifi. Cela s’est déjà produit une fois, mon logeur étant intervenu rapidement sur la boxe qui se trouve dans l’appartement d’en face, mais cette fois il est absent.
*
Officiellement, j’ai une logeuse. Dans la réalité, c’est un logeur. Il est plutôt sympathique. Et efficace en cas de souci. Lorsqu’il est là.
Je n’ai pas à me plaindre de mon studio. Il est situé en plein centre du vieux Toulon dans un endroit calme de jour comme de nuit et il m’est loué à un prix modéré.
Il a quand même un sérieux défaut : les toilettes n’ont pas de porte.
Ce n’est pas gênant quand on y est seul. Pour un couple, même si on ne s’appelle pas Ariane et Solal, cela peut s’avérer problématique.
Je longe celle-ci vers le haut de la Presqu’île de Giens, passe devant le renommé Hôtel de la Potinière, trouve un petit coin de bateaux de pêche, dont l’un appelé Calimero, et arrive dans un complexe d’immeubles d’habitation avec bassins à bateaux de plaisance, une sorte de marina, Port Saint-Pierre. Le dernier immeuble témoigne d’une dure réalité. Ses portes et ses fenêtres sont murées. Il est couvert de graffitis. C’était le Yacht Club et son restaurant.
La plupart des rez-de-chaussée sont occupés par des restaurants. Je m’arrête à la terrasse de Madame M pour y boire un café à un euro quatre-vingts puis y lire Léautaud devant les bateaux. Le vent souffle encore. Mes voisins s’en plaignent au patron qui leur répond : « Ne dites pas du mal du mistral, c’est mon nom. »
A midi, je vais à la crêperie Tata Suzette et y commande un tartare à l’italienne dont le prix est raisonnable pour un samedi. C’est un endroit où le service est efficace et impersonnel. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt euros.
L’arrêt de bus La Gavine se trouve à proximité où je n’attends qu’une minute mon dernier Soixante-Sept. En revanche, je dois (im)patienter vingt-cinq minutes à Hyères avant que se présente le car Zou ! qui va à Toulon. Cette fois, il est bien à l’heure.
Arrivé au but, je vais boire un café à La Gitane mais j’en suis encore une fois chassé par « le match » à la télé, dont le son se répand à l’extérieur.
J’ai un autre déboire en rentrant : plus de ouifi. Cela s’est déjà produit une fois, mon logeur étant intervenu rapidement sur la boxe qui se trouve dans l’appartement d’en face, mais cette fois il est absent.
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Officiellement, j’ai une logeuse. Dans la réalité, c’est un logeur. Il est plutôt sympathique. Et efficace en cas de souci. Lorsqu’il est là.
Je n’ai pas à me plaindre de mon studio. Il est situé en plein centre du vieux Toulon dans un endroit calme de jour comme de nuit et il m’est loué à un prix modéré.
Il a quand même un sérieux défaut : les toilettes n’ont pas de porte.
Ce n’est pas gênant quand on y est seul. Pour un couple, même si on ne s’appelle pas Ariane et Solal, cela peut s’avérer problématique.
1er octobre 2022
Aller ou ne pas aller à Porquerolles, j’hésite longuement, jusqu’au dernier moment, et ce vendredi matin, après le trajet car et bus, arrivé à La Tour Fondue où est l’embarcadère, je décide de rester sur le continent.
Après avoir revu de près ce fameux fort en ruine mais en travaux (on ne peut y entrer), je décide de suivre les marques jaunes du sentier côtier avec cette fois pour objectif le Cap de l’Estérel qui marque cette extrémité de la Presqu’île de Giens.
Ce sentier est juste au-dessus de l’eau et présente des difficultés. Il est dégradé, au point que je trouve des ouvriers occupés à le réparer. Avec leur aide, je franchis l’endroit compliqué où ils interviennent. Pour bientôt me trouver face à un second péril. Cette fois ce sont les vagues qui le submergent. Il faut profiter du moment où l’eau redescend pour avancer rapidement et ça se termine avec un pied complétement trempé. Je suis soulagé de trouver un escalier qui m’éloigne un peu de la Méditerranée. La vue est surtout sur Porquerolles, île trop grande pour être vraiment intéressante. Elle cache complétement Port-Cros et une grande partie de l’Ile du Levant.
Soudain le chemin se change en piste bitumée car il longe un vaste complexe hôtelier à appartements parallélépipédiques. Çà et là sont disposées des bornes anti-moustiques branchées sur des bouteilles de gaz. L’été a dû être difficile pour les résidents. Passé cette zone, je retrouve un chemin de terre et peu après c’est le Cap de l’Estérel.
Je découvre que c’est un terrain militaire. Comme le grillage est partiellement affaissé, je m’offre le plaisir d’y pénétrer, faisant fi de l’habituel panneau d’interdiction. Au bout de ce cap est un petit bâtiment à belvédère. La barrière est ouverte La porte de l’escalier qui permet d’y grimper également. Me voici là-haut tel un soldat défendant la France.
Pour le retour, je choisis la route. Elle est encombrée des voitures garées de ceux partis à Porquerolles, qui pour beaucoup là-bas loueront une bicyclette.
A la Tour Fondue, une terrasse m’appelle, celle de Pizza Bruno Les Trois Iles, au plus près de la mer. J’y bois un café à un euro quatre-vingts et demande à garder ma table pour le déjeuner. Cela m’est accordé par la patronne. Je lui dis que je vais même y rester jusqu’à midi si cela ne la dérange pas. « Pas du tout », me dit-elle.
Je lis Léautaud tout en observant les allers et les retours des bateaux qui desservent Porquerolles. Certains transportent des camions de livraison, d’autres les voyageurs. Une autre île est à proximité, l’île du Grand Ribaud, mais elle est privée.
Durant ma lecture le vent se lève et il est froid. Aussi je déjeune dans la véranda, d’où l’on voit aussi bien le paysage, d’une pizza nommée Reblochon que m’apporte l’une des deux filles de la maison. Avec le quart de vin rouge, cela fait dix-neuf euros cinquante.
J’ai la chance de rejoindre l’arrêt des bus Soixante-Sept juste avant le départ de l’un d’eux. Il arrive à Hyères à treize heures quarante et une. Peu après, je vois arriver le car Zou ! de treize heures trente-cinq. Je le prends grâce à son retard.
*
Chez Pizza Bruno Les Trois Iles, des toilettes vitrées avec vue sur mer, on y passerait des heures.
*
Des affiches au bord des routes l’annoncent : c’est bientôt, au Pradet, le Mondial de la Moule.
*
Il y a plus de trente ans, j’ai visité les trois îles d’Hyères (Levant, Port-Cros, Porquerolles) en une journée avec le même bateau. C’était possible alors.
Je me souviens des rires effarés de jeunes Italiennes lors de l’arrivée dans le port de la première. Elles ignoraient qu’elle est peuplée de nudistes. Près du débarcadère, des hommes se faisaient admirer, allongés sur des bancs ou des murets, certains porteurs d’un étui pénien.
Après avoir revu de près ce fameux fort en ruine mais en travaux (on ne peut y entrer), je décide de suivre les marques jaunes du sentier côtier avec cette fois pour objectif le Cap de l’Estérel qui marque cette extrémité de la Presqu’île de Giens.
Ce sentier est juste au-dessus de l’eau et présente des difficultés. Il est dégradé, au point que je trouve des ouvriers occupés à le réparer. Avec leur aide, je franchis l’endroit compliqué où ils interviennent. Pour bientôt me trouver face à un second péril. Cette fois ce sont les vagues qui le submergent. Il faut profiter du moment où l’eau redescend pour avancer rapidement et ça se termine avec un pied complétement trempé. Je suis soulagé de trouver un escalier qui m’éloigne un peu de la Méditerranée. La vue est surtout sur Porquerolles, île trop grande pour être vraiment intéressante. Elle cache complétement Port-Cros et une grande partie de l’Ile du Levant.
Soudain le chemin se change en piste bitumée car il longe un vaste complexe hôtelier à appartements parallélépipédiques. Çà et là sont disposées des bornes anti-moustiques branchées sur des bouteilles de gaz. L’été a dû être difficile pour les résidents. Passé cette zone, je retrouve un chemin de terre et peu après c’est le Cap de l’Estérel.
Je découvre que c’est un terrain militaire. Comme le grillage est partiellement affaissé, je m’offre le plaisir d’y pénétrer, faisant fi de l’habituel panneau d’interdiction. Au bout de ce cap est un petit bâtiment à belvédère. La barrière est ouverte La porte de l’escalier qui permet d’y grimper également. Me voici là-haut tel un soldat défendant la France.
Pour le retour, je choisis la route. Elle est encombrée des voitures garées de ceux partis à Porquerolles, qui pour beaucoup là-bas loueront une bicyclette.
A la Tour Fondue, une terrasse m’appelle, celle de Pizza Bruno Les Trois Iles, au plus près de la mer. J’y bois un café à un euro quatre-vingts et demande à garder ma table pour le déjeuner. Cela m’est accordé par la patronne. Je lui dis que je vais même y rester jusqu’à midi si cela ne la dérange pas. « Pas du tout », me dit-elle.
Je lis Léautaud tout en observant les allers et les retours des bateaux qui desservent Porquerolles. Certains transportent des camions de livraison, d’autres les voyageurs. Une autre île est à proximité, l’île du Grand Ribaud, mais elle est privée.
Durant ma lecture le vent se lève et il est froid. Aussi je déjeune dans la véranda, d’où l’on voit aussi bien le paysage, d’une pizza nommée Reblochon que m’apporte l’une des deux filles de la maison. Avec le quart de vin rouge, cela fait dix-neuf euros cinquante.
J’ai la chance de rejoindre l’arrêt des bus Soixante-Sept juste avant le départ de l’un d’eux. Il arrive à Hyères à treize heures quarante et une. Peu après, je vois arriver le car Zou ! de treize heures trente-cinq. Je le prends grâce à son retard.
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Chez Pizza Bruno Les Trois Iles, des toilettes vitrées avec vue sur mer, on y passerait des heures.
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Des affiches au bord des routes l’annoncent : c’est bientôt, au Pradet, le Mondial de la Moule.
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Il y a plus de trente ans, j’ai visité les trois îles d’Hyères (Levant, Port-Cros, Porquerolles) en une journée avec le même bateau. C’était possible alors.
Je me souviens des rires effarés de jeunes Italiennes lors de l’arrivée dans le port de la première. Elles ignoraient qu’elle est peuplée de nudistes. Près du débarcadère, des hommes se faisaient admirer, allongés sur des bancs ou des murets, certains porteurs d’un étui pénien.
30 septembre 2022
Ce jeudi, c’est jour de grève nationale, notamment dans les transports. La page d’accueil de France Info illustre cette information de la photo d’un car Zou !. En arrivant à la Gare Routière, je passe par le guichet Zou ! où l’on me dit que cette grève n’a aucun impact, tous les cars circulent.
Je prends une nouvelle fois celui de sept heures quarante-cinq pour Le Lavandou que je quitte à Hyères, puis comme hier je monte dans le bus Mistral Soixante-Sept qui va dans la Presqu’île de Giens. Cette fois, j’en descends à l’arrêt Badine d’où doit partir dans un quart d’heure un minibus Soixante-Huit.
Il est bientôt là, conduit par un jeune homme sympathique dont je suis le seul passager. Ce minibus va jusqu’au Parc des Chevaliers, l’extrémité de la presqu’île opposée à la Tour Fondue. On y trouve un sentier côtier.
Nous devisons agréablement, mon chauffeur et moi. Je l’informe de mon intention de marcher un peu puis de revenir jusqu’à la Madrague où il y a un arrêt de bus. Il me le montre au passage. « Ce sera moi de toute façon et même si je vous vois entre deux arrêts, je m’arrêterai. »
Arrivé au terminus, je rejoins le bord de mer et marche sur le chemin signalé en jaune. Il y a plus de trente ans, j’ai fait le tour de cette partie de la presqu’île en passant par la Pointe des Chevaliers. Là, force, courage et envie me manquent. Je n’irai même pas jusqu’à la pointe. Ce que je vois me suffit, cette côte découpée, cette mer magnifique parsemée d’îles, la plus proche étant celle de la Redonne. En contre-bas, sur une petite plage sauvage on tourne, un homme est à la caméra, le comédien bel homme, la comédienne fort jolie.
Quand j’ai assez marché côté pointe, je reviens sur mes pas et vise le Port de la Madrague. C’est un peu casse-gueule vers la Pointe de l’Hermitage, où sur un mur un mécontent a écrit I Turisti Fora, mais j’arrive indemne à bon port. Ce Port de la Madrague est petit et vivant, avec quelques bateaux de pêche. En face sont deux restaurants. Ils sont chers et leurs terrasses donnent sur la route. Aussi je vais attendre mon chauffeur qui passe toutes les heures.
Il est exactement onze heures quand il arrive. Il propose de me laisser au village de Giens. Ce sera plus agréable pour attendre le Soixante-Sept d’avoir un banc et la vue sur la mer. Il habite à Toulon, une ville qui a bien changé grâce à son Maire, me dit-il, il a tout rénové et mis des caméras partout, c’est fini l’insécurité (c’est un « Arabe » qui parle).
Je vais jusqu’au bout de la ligne du bus Soixante-Sept qui me ramène à Hyères, à l’arrêt Centre Joffre, là où passent les cars Zou ! Il est midi dix. Pour déjeuner, je vais au plus près, une brasserie nommé Excelsior ; où on ne se foule pas, côté cuisine comme côté service. Mon trio de viandes grillées pommes sautées ratatouille salade me nourrit et me coûte quatorze euros quatre-vingt-dix. Je l’accompagne d’eau vu le prix du vin.
Je suis de retour à treize heures à l’arrêt des cars Zou !. J’en espère un dans dix minutes ou un autre dans vingt-cinq minutes, mais il en arrive un immédiatement, en retard pour les autres, en avance pour moi.
A treize heures trente-cinq, je suis à Toulon et je vais lire à La Cigale. Ici, c’est encore jour de mistral, alors qu’à Hyères et dans sa presqu’ile, pas un poil de vent.
*
Dans la presqu’île de Giens ont leurs maisons Gérard Jugnot et Francis Lalanne, m’a appris mon chauffeur. Le premier, faut pas croire, il n’est pas sympa, personne ne l’aime dans le coin. Quant au second…
*
De grosses machines anti-moustiques au pied des lampadaires. Elles bourdonnent comme ceux qu’elles sont chargées de chasser.
*
Dans le Var, tu peux toujours compter sur un car Zou ! qui est en retard pour partir en avance.
Je prends une nouvelle fois celui de sept heures quarante-cinq pour Le Lavandou que je quitte à Hyères, puis comme hier je monte dans le bus Mistral Soixante-Sept qui va dans la Presqu’île de Giens. Cette fois, j’en descends à l’arrêt Badine d’où doit partir dans un quart d’heure un minibus Soixante-Huit.
Il est bientôt là, conduit par un jeune homme sympathique dont je suis le seul passager. Ce minibus va jusqu’au Parc des Chevaliers, l’extrémité de la presqu’île opposée à la Tour Fondue. On y trouve un sentier côtier.
Nous devisons agréablement, mon chauffeur et moi. Je l’informe de mon intention de marcher un peu puis de revenir jusqu’à la Madrague où il y a un arrêt de bus. Il me le montre au passage. « Ce sera moi de toute façon et même si je vous vois entre deux arrêts, je m’arrêterai. »
Arrivé au terminus, je rejoins le bord de mer et marche sur le chemin signalé en jaune. Il y a plus de trente ans, j’ai fait le tour de cette partie de la presqu’île en passant par la Pointe des Chevaliers. Là, force, courage et envie me manquent. Je n’irai même pas jusqu’à la pointe. Ce que je vois me suffit, cette côte découpée, cette mer magnifique parsemée d’îles, la plus proche étant celle de la Redonne. En contre-bas, sur une petite plage sauvage on tourne, un homme est à la caméra, le comédien bel homme, la comédienne fort jolie.
Quand j’ai assez marché côté pointe, je reviens sur mes pas et vise le Port de la Madrague. C’est un peu casse-gueule vers la Pointe de l’Hermitage, où sur un mur un mécontent a écrit I Turisti Fora, mais j’arrive indemne à bon port. Ce Port de la Madrague est petit et vivant, avec quelques bateaux de pêche. En face sont deux restaurants. Ils sont chers et leurs terrasses donnent sur la route. Aussi je vais attendre mon chauffeur qui passe toutes les heures.
Il est exactement onze heures quand il arrive. Il propose de me laisser au village de Giens. Ce sera plus agréable pour attendre le Soixante-Sept d’avoir un banc et la vue sur la mer. Il habite à Toulon, une ville qui a bien changé grâce à son Maire, me dit-il, il a tout rénové et mis des caméras partout, c’est fini l’insécurité (c’est un « Arabe » qui parle).
Je vais jusqu’au bout de la ligne du bus Soixante-Sept qui me ramène à Hyères, à l’arrêt Centre Joffre, là où passent les cars Zou ! Il est midi dix. Pour déjeuner, je vais au plus près, une brasserie nommé Excelsior ; où on ne se foule pas, côté cuisine comme côté service. Mon trio de viandes grillées pommes sautées ratatouille salade me nourrit et me coûte quatorze euros quatre-vingt-dix. Je l’accompagne d’eau vu le prix du vin.
Je suis de retour à treize heures à l’arrêt des cars Zou !. J’en espère un dans dix minutes ou un autre dans vingt-cinq minutes, mais il en arrive un immédiatement, en retard pour les autres, en avance pour moi.
A treize heures trente-cinq, je suis à Toulon et je vais lire à La Cigale. Ici, c’est encore jour de mistral, alors qu’à Hyères et dans sa presqu’ile, pas un poil de vent.
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Dans la presqu’île de Giens ont leurs maisons Gérard Jugnot et Francis Lalanne, m’a appris mon chauffeur. Le premier, faut pas croire, il n’est pas sympa, personne ne l’aime dans le coin. Quant au second…
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De grosses machines anti-moustiques au pied des lampadaires. Elles bourdonnent comme ceux qu’elles sont chargées de chasser.
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Dans le Var, tu peux toujours compter sur un car Zou ! qui est en retard pour partir en avance.
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