Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
29 juin 2015
Ce dimanche matin, j’opte pour le vide grenier le plus important, celui de la bourgeoise Bois-Guillaume. Il se tient sur ses terrains de sport. La fraîcheur encore de mise donne aux pelouses une odeur qui m’emplit de nostalgie, celle des terrains de campigne quand, bien accompagné, je m’y levais tôt.
Le vide grenier de Bois-Guillaume est bien organisé mais cela induit une installation lente des exposants. A sept heures, peu sont prêts et à neuf heures et demie, c’est à peine bouclé. J’ai donc le temps de parcourir et reparcourir les lieux, marchant autant qu’un sportif pour peu de rendement, quelques livres qu’après avoir parcourus je revendrai. Il va faire chaud. La jeunesse aisée du lieu en tient compte dans sa vêture. Il m’est loisible de me poser une nouvelle fois la question que se posait également hier le chanteur Joseph d’Anvers sur sa page Effe Bé en ces termes : « Pourquoi la mode féminine, quand la chaleur arrive, devient-elle sexy et nuancée alors que les hommes, au mieux, ressemblent à des plagistes allemands? »
*
Un vieil ouvrier originaire d’outre Méditerranée montrant une scie circulaire :
-Elle coupe la tête ?
-Elle coupe tout, lui répond le vendeur.
-Je la prends et demain matin je coupe la tête à mon patron.
Le vide grenier de Bois-Guillaume est bien organisé mais cela induit une installation lente des exposants. A sept heures, peu sont prêts et à neuf heures et demie, c’est à peine bouclé. J’ai donc le temps de parcourir et reparcourir les lieux, marchant autant qu’un sportif pour peu de rendement, quelques livres qu’après avoir parcourus je revendrai. Il va faire chaud. La jeunesse aisée du lieu en tient compte dans sa vêture. Il m’est loisible de me poser une nouvelle fois la question que se posait également hier le chanteur Joseph d’Anvers sur sa page Effe Bé en ces termes : « Pourquoi la mode féminine, quand la chaleur arrive, devient-elle sexy et nuancée alors que les hommes, au mieux, ressemblent à des plagistes allemands? »
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Un vieil ouvrier originaire d’outre Méditerranée montrant une scie circulaire :
-Elle coupe la tête ?
-Elle coupe tout, lui répond le vendeur.
-Je la prends et demain matin je coupe la tête à mon patron.
27 juin 2015
Ce samedi matin, après une première visite la veille, je repasse rue de la Pie où dans l’atelier d’un peintre nommé Abdou, le Secours Populaire propose une sélection de livres d’occasion à vendre.
L’endroit est petit, rien à voir avec la spacieuse maison natale de Pierre Corneille sise en face. Difficile de s’y croiser entre potentiels acheteurs, mais ce jour j’y suis avant tout pour donner cinq livres à l’œuvre caritative.
Il ne s’agit pas d’altruisme. Aucun bouquiniste de la ville n’a voulu me les acheter et comme ils sont lourds, je ne me sentais pas le courage de les trimbaler jusqu’à Paris pour en tirer quelques euros.
*
Comédien qui ne s’intéresse qu’au théâtre, musicien qui ne s’intéresse qu’à la musique, photographe qui ne s’intéresse qu’à la photographie, littérateur qui ne s’intéresse qu’à la littérature, plasticien qui ne s’intéresse qu’aux arts plastiques, cinéaste qui ne s’intéresse qu’au cinéma.
Chacun est dans son pré culturel.
*
C’était bien la peine de se vanter pendant des années de n’avoir pas de télé si c’est pour maintenant passer des heures et des heures à regarder des séries sur une tablette.
*
Au courrier, il y a quelque temps, une carte postale montrant le marché provençal de Bandol : « Bonjour, bien reçu, très satisfait, ai prévenu Price Minister, merci. »
L’expéditeur, qui a acheté un de mes livres, n’a jamais signalé son arrivée sur le site d’achat et de vente en ligne (malgré mes deux rappels).
Je présume que Price Minister a reçu une autre carte postale.
L’endroit est petit, rien à voir avec la spacieuse maison natale de Pierre Corneille sise en face. Difficile de s’y croiser entre potentiels acheteurs, mais ce jour j’y suis avant tout pour donner cinq livres à l’œuvre caritative.
Il ne s’agit pas d’altruisme. Aucun bouquiniste de la ville n’a voulu me les acheter et comme ils sont lourds, je ne me sentais pas le courage de les trimbaler jusqu’à Paris pour en tirer quelques euros.
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Comédien qui ne s’intéresse qu’au théâtre, musicien qui ne s’intéresse qu’à la musique, photographe qui ne s’intéresse qu’à la photographie, littérateur qui ne s’intéresse qu’à la littérature, plasticien qui ne s’intéresse qu’aux arts plastiques, cinéaste qui ne s’intéresse qu’au cinéma.
Chacun est dans son pré culturel.
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C’était bien la peine de se vanter pendant des années de n’avoir pas de télé si c’est pour maintenant passer des heures et des heures à regarder des séries sur une tablette.
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Au courrier, il y a quelque temps, une carte postale montrant le marché provençal de Bandol : « Bonjour, bien reçu, très satisfait, ai prévenu Price Minister, merci. »
L’expéditeur, qui a acheté un de mes livres, n’a jamais signalé son arrivée sur le site d’achat et de vente en ligne (malgré mes deux rappels).
Je présume que Price Minister a reçu une autre carte postale.
26 juin 2015
Parfois je suis dans le train qui regarde la voiture qui passe.
Parfois je suis dans la voiture qui regarde le train qui passe.
Parfois, et c’est le plus souvent, je ne suis ni dans le train ni dans la voiture.
Parfois je suis dans mon lit.
Parfois je suis debout.
Parfois je suis debout dans la cuisine au rez-de-chaussée.
Parfois je suis debout dans la chambre à l’étage.
Parfois je suis dans l’escalier entre la cuisine et la chambre.
Parfois je suis dans l’escalier entre la chambre et la cuisine.
Parfois je suis ailleurs que chez moi.
Parfois je suis en ville.
Parfois je suis à l’opéra, au théâtre ou au concert.
Parfois je suis le client d’un restaurant.
Parfois je suis celui qui boit un café au comptoir à Paris.
Parfois je suis celui qui boit un café en terrasse à Rouen.
Parfois je suis dans un drôle d’état.
Parfois je suis celui qui rêve d’être ailleurs.
Parfois je suis à la gare.
Parfois je suis dans le train qui va à Paris.
Parfois je suis dans le train qui va à Rouen.
Parfois je suis dans le train qui ne va ni à Paris ni à Rouen.
Parfois je suis un autre que moi-même.
*
Pour avoir de trois à six mois de tranquillité, j’hésite entre le défrisage japonais et le lissage brésilien au salon Coiffure Saint-Julien, « dans le célèbre quartier Saint-Julien » (offre Marché Privé).
*
Un quidam dans la rue du Guillaume ce jeudi matin, arborant fièrement son badge « J’ai vu Henry VI en entier ». Le mien est mental : « Je n’ai pas eu envie de voir Henry VI », cette pièce présentée comme un marathon sportif, inspirée des séries télévisées et menant à une communion finale entre les spectateurs. Tout ce que je déteste.
*
Citation du jour :
La nouvelle génération est épouvantable. J’aimerais tellement en faire partie. (Oscar Wilde)
Parfois je suis dans la voiture qui regarde le train qui passe.
Parfois, et c’est le plus souvent, je ne suis ni dans le train ni dans la voiture.
Parfois je suis dans mon lit.
Parfois je suis debout.
Parfois je suis debout dans la cuisine au rez-de-chaussée.
Parfois je suis debout dans la chambre à l’étage.
Parfois je suis dans l’escalier entre la cuisine et la chambre.
Parfois je suis dans l’escalier entre la chambre et la cuisine.
Parfois je suis ailleurs que chez moi.
Parfois je suis en ville.
Parfois je suis à l’opéra, au théâtre ou au concert.
Parfois je suis le client d’un restaurant.
Parfois je suis celui qui boit un café au comptoir à Paris.
Parfois je suis celui qui boit un café en terrasse à Rouen.
Parfois je suis dans un drôle d’état.
Parfois je suis celui qui rêve d’être ailleurs.
Parfois je suis à la gare.
Parfois je suis dans le train qui va à Paris.
Parfois je suis dans le train qui va à Rouen.
Parfois je suis dans le train qui ne va ni à Paris ni à Rouen.
Parfois je suis un autre que moi-même.
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Pour avoir de trois à six mois de tranquillité, j’hésite entre le défrisage japonais et le lissage brésilien au salon Coiffure Saint-Julien, « dans le célèbre quartier Saint-Julien » (offre Marché Privé).
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Un quidam dans la rue du Guillaume ce jeudi matin, arborant fièrement son badge « J’ai vu Henry VI en entier ». Le mien est mental : « Je n’ai pas eu envie de voir Henry VI », cette pièce présentée comme un marathon sportif, inspirée des séries télévisées et menant à une communion finale entre les spectateurs. Tout ce que je déteste.
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Citation du jour :
La nouvelle génération est épouvantable. J’aimerais tellement en faire partie. (Oscar Wilde)
25 juin 2015
N’être pas à Rouen le jour de l’ouverture des soldes, dans cette ville où courir les boutiques de fringues est la principale raison de vivre d’une foule de garçons et de filles (surtout pour ces dernières, hélas), est un plaisir dont je profite ce mercredi. Bien sûr, on solde aussi à Paris, la ville est à moins cinquante pour cent, mais cela ne provoque pas la même affluence énervée, hormis dans les lieux où se retrouve la province, tels les grands magasins.
L’aller est sans histoire, par le train de sept heures vingt-huit. Une femme y lit un guide touristique nommé Le Piéton de Paris, titre volé à Léon-Paul Fargue.
D’un coup de bus Vingt, je vais jusqu’à la Bastille et passe boire un café à la Brasserie du Faubourg où l’on a effectivement fait un coup de propre, au point qu’on n’y trouve plus Libération dont la présence sur le comptoir aura quand même duré encore un an après le départ de l’ancien patron, le bougon de Nasbinals. Restent à disposition Le Parisien et L’Equipe, ce qui est bien suffisant pour la clientèle.
A dix heures, je suis chez Book-Off. Là, le moins cinquante pour cent ne concerne que les bédés à deux euros et les vinyles du même prix. J’en ressors avec mon lot de livres habituel et vais déjeuner au soleil Chez Céleste, rue de Charonne, boudin créole et accras, daurade yassa, quart de vin portugais, pour le même prix que les autres fois. Un certain temps que je n’avais pas eu un poisson entier dans mon assiette avec queue et tête et les foutues arêtes. Près de moi déjeunent deux garçons dont le néo barbu à la chevelure ondulée en photo sur la publicité de Jean-Louis David (si ce n’est lui, c’est donc son clone). Ce sont des boutiquiers. Ils parlent des soldes, qui démarrent doucement.
Le Soixante-Sept me conduit au Quartier Latin où j’explore les bacs de trottoir chez Joseph Gibert puis je traverse la Seine à pied avec l’intention d’aller au Centre Pompidou voir enfin l’exposition Le Corbusier, mais faisant une pause dans la jardin de la tour Saint-Jacques, assis à l’ombre au pied de ladite, j’y reste plus de temps que prévu à regarder qui passe et qui est étendu sur l’herbe (un mélange de clochards, de familles de l’Est et de jolies filles).
Plus envie d’aller voir le surnommé Corbu, le Vingt-Neuf m’emmène dans le quartier de l’Opéra Garnier. Après un café à la Clé des Champs, j’entre au deuxième Book-Off. J’en ressors avec mon lot de livres habituel.
Rejoignant le quartier Saint-Lazare à pied, je côtoie un embouteillage des plus réussis. Bus de la ville, bus panoramiques à étage, cars de touristes, taxis, voitures et scouteurs, tout est mêlé dans un énervement de claque-sons. Quelques policiers à sifflet essaient de défaire les nœuds.
Chez Léon, un diabolo menthe sur la table, je commence la lecture d’un de mes achats, Limonov par Edouard Limonov, des conversations avec Axel Gyldén publiées par Express Roularta Editions, que je poursuis dans le train de dix-neuf heures trente pour Rouen. Près de moi, un quadragénaire lit Super Picsou Géant. Ce train va comme il faut jusqu’à la gare de Oissel. Là, quand il repart, il s’arrête au bout de quelque mètres. À cause, explique le chef de train, d’« un incident sur la voie devant nous ». Il nous remercie de notre patience, alors que tout le monde rage intérieurement d’être bloqué à quelques kilomètres du but.
Au bout d’un moment, une annonce nous est faite :
-Notre train est incapable d’effectuer le reste du voyage. Descendez et dirigez-vous vers la voie trois. Un autre train va vous prendre en charge.
Nous voici tous descendus, quand le même intervient à nouveau :
-Attendez, attendez, mesdames et messieurs, vous m’entendez ? Changement de programme, vous remontez dans le train, il va repartir immédiatement.
Nous voici tous remontés, un sourire aux lèvres.
A l’arrivée, cela fait vingt minutes de retard. En raison d’un aiguillage bloqué, apprend-on. En chemin vers chez moi, je passe devant le lycée Camille Saint-Saëns. Dans sa cour, un sound system fait fête à la promotion de l’année, vers lequel courent des jeunes filles court-vêtues.
*
A la gare de Rouen, publicité pour l’un des livres de celui que les journaux d’ici appelle un « écrivain rouennais », Michel Bussi, N’oublier jamais (et non pas « Ne jamais oublier » ou « N’oubliez jamais ») : « Quelqu’un tire les ficelles et vous êtes à l’autre bout ».
Je sais qui tire les ficelles, c’est Bussi, et à l’autre bout entrent ses lecteurs et lectrices dans les librairies.
*
Rue du Faubourg-Saint-Antoine passe le fourgon policier de la Bapsa : Brigade d'Assistance aux Personnes Sans Abri.
*
Malentendu de bar :
-Tu vas à Nanterre après ?
-Non, c’est ma tante qu’on enterre.
*
C’est au Café des Mousquetaires, rue Saint-Antoine, apprends-je à la lecture des conversations avec Axel Gyldén, que se retrouvaient, au temps de L’Idiot International, Edouard Limonov et Jean-Edern Hallier, ce dernier au cognac dès huit heures du matin.
Autre livre rapporté de Paris ce mercredi, le Journal secret (1836-1837) d’Alexandre Pouchkine (Editions Sortilèges).
L’aller est sans histoire, par le train de sept heures vingt-huit. Une femme y lit un guide touristique nommé Le Piéton de Paris, titre volé à Léon-Paul Fargue.
D’un coup de bus Vingt, je vais jusqu’à la Bastille et passe boire un café à la Brasserie du Faubourg où l’on a effectivement fait un coup de propre, au point qu’on n’y trouve plus Libération dont la présence sur le comptoir aura quand même duré encore un an après le départ de l’ancien patron, le bougon de Nasbinals. Restent à disposition Le Parisien et L’Equipe, ce qui est bien suffisant pour la clientèle.
A dix heures, je suis chez Book-Off. Là, le moins cinquante pour cent ne concerne que les bédés à deux euros et les vinyles du même prix. J’en ressors avec mon lot de livres habituel et vais déjeuner au soleil Chez Céleste, rue de Charonne, boudin créole et accras, daurade yassa, quart de vin portugais, pour le même prix que les autres fois. Un certain temps que je n’avais pas eu un poisson entier dans mon assiette avec queue et tête et les foutues arêtes. Près de moi déjeunent deux garçons dont le néo barbu à la chevelure ondulée en photo sur la publicité de Jean-Louis David (si ce n’est lui, c’est donc son clone). Ce sont des boutiquiers. Ils parlent des soldes, qui démarrent doucement.
Le Soixante-Sept me conduit au Quartier Latin où j’explore les bacs de trottoir chez Joseph Gibert puis je traverse la Seine à pied avec l’intention d’aller au Centre Pompidou voir enfin l’exposition Le Corbusier, mais faisant une pause dans la jardin de la tour Saint-Jacques, assis à l’ombre au pied de ladite, j’y reste plus de temps que prévu à regarder qui passe et qui est étendu sur l’herbe (un mélange de clochards, de familles de l’Est et de jolies filles).
Plus envie d’aller voir le surnommé Corbu, le Vingt-Neuf m’emmène dans le quartier de l’Opéra Garnier. Après un café à la Clé des Champs, j’entre au deuxième Book-Off. J’en ressors avec mon lot de livres habituel.
Rejoignant le quartier Saint-Lazare à pied, je côtoie un embouteillage des plus réussis. Bus de la ville, bus panoramiques à étage, cars de touristes, taxis, voitures et scouteurs, tout est mêlé dans un énervement de claque-sons. Quelques policiers à sifflet essaient de défaire les nœuds.
Chez Léon, un diabolo menthe sur la table, je commence la lecture d’un de mes achats, Limonov par Edouard Limonov, des conversations avec Axel Gyldén publiées par Express Roularta Editions, que je poursuis dans le train de dix-neuf heures trente pour Rouen. Près de moi, un quadragénaire lit Super Picsou Géant. Ce train va comme il faut jusqu’à la gare de Oissel. Là, quand il repart, il s’arrête au bout de quelque mètres. À cause, explique le chef de train, d’« un incident sur la voie devant nous ». Il nous remercie de notre patience, alors que tout le monde rage intérieurement d’être bloqué à quelques kilomètres du but.
Au bout d’un moment, une annonce nous est faite :
-Notre train est incapable d’effectuer le reste du voyage. Descendez et dirigez-vous vers la voie trois. Un autre train va vous prendre en charge.
Nous voici tous descendus, quand le même intervient à nouveau :
-Attendez, attendez, mesdames et messieurs, vous m’entendez ? Changement de programme, vous remontez dans le train, il va repartir immédiatement.
Nous voici tous remontés, un sourire aux lèvres.
A l’arrivée, cela fait vingt minutes de retard. En raison d’un aiguillage bloqué, apprend-on. En chemin vers chez moi, je passe devant le lycée Camille Saint-Saëns. Dans sa cour, un sound system fait fête à la promotion de l’année, vers lequel courent des jeunes filles court-vêtues.
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A la gare de Rouen, publicité pour l’un des livres de celui que les journaux d’ici appelle un « écrivain rouennais », Michel Bussi, N’oublier jamais (et non pas « Ne jamais oublier » ou « N’oubliez jamais ») : « Quelqu’un tire les ficelles et vous êtes à l’autre bout ».
Je sais qui tire les ficelles, c’est Bussi, et à l’autre bout entrent ses lecteurs et lectrices dans les librairies.
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Rue du Faubourg-Saint-Antoine passe le fourgon policier de la Bapsa : Brigade d'Assistance aux Personnes Sans Abri.
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Malentendu de bar :
-Tu vas à Nanterre après ?
-Non, c’est ma tante qu’on enterre.
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C’est au Café des Mousquetaires, rue Saint-Antoine, apprends-je à la lecture des conversations avec Axel Gyldén, que se retrouvaient, au temps de L’Idiot International, Edouard Limonov et Jean-Edern Hallier, ce dernier au cognac dès huit heures du matin.
Autre livre rapporté de Paris ce mercredi, le Journal secret (1836-1837) d’Alexandre Pouchkine (Editions Sortilèges).
24 juin 2015
Il n’y a pas que la lecture d’Emil Michel Cioran pour se remonter le moral (comme on dit), Giacomo Leopardi est bien aussi, dont je lisais les extraits du Zibaldone publiés sous le titre de Philosophie pratique dans la Petite Collection Rivages, un mercredi d’escapade à Paris.
Trois échantillons :
A peine le bébé est-il né, il faut que la mère au moment même où elle le met au monde le console, apaise ses pleurs, allège le poids de cette existence qu’elle lui donne. (…) Et en vérité, il convient que le bon père et la bonne mère, en s’efforçant de consoler leurs enfants, amendent, le mieux possible, et allègent le dommage qu’ils leur ont fait en les procréant. (treize août mil huit cent vingt-deux)
L’homme (pas plus que les autres animaux) ne naît pour jouir de la vie, mais seulement pour perpétuer la vie, pour la communiquer à d’autres qui lui succéderont, pour la conserver. (Bologne, onze mars mil huit cent vingt-six)
Tout est mal. Autrement dit, tout ce qui est est mal ; que chaque chose existe, c’est un mal ; chaque chose existe dans le dessein du mal ; l’existence est un mal et ordonnée pour le mal, la fin de l’univers est le mal ; l’ordre et l’Etat, les lois, la marche naturelle de l’univers non seulement ne sont que mal, mais ne sont pas orientés vers autre chose que le mal. (Bologne, vingt-deux avril mil huit cent vingt-six)
Trois échantillons :
A peine le bébé est-il né, il faut que la mère au moment même où elle le met au monde le console, apaise ses pleurs, allège le poids de cette existence qu’elle lui donne. (…) Et en vérité, il convient que le bon père et la bonne mère, en s’efforçant de consoler leurs enfants, amendent, le mieux possible, et allègent le dommage qu’ils leur ont fait en les procréant. (treize août mil huit cent vingt-deux)
L’homme (pas plus que les autres animaux) ne naît pour jouir de la vie, mais seulement pour perpétuer la vie, pour la communiquer à d’autres qui lui succéderont, pour la conserver. (Bologne, onze mars mil huit cent vingt-six)
Tout est mal. Autrement dit, tout ce qui est est mal ; que chaque chose existe, c’est un mal ; chaque chose existe dans le dessein du mal ; l’existence est un mal et ordonnée pour le mal, la fin de l’univers est le mal ; l’ordre et l’Etat, les lois, la marche naturelle de l’univers non seulement ne sont que mal, mais ne sont pas orientés vers autre chose que le mal. (Bologne, vingt-deux avril mil huit cent vingt-six)
23 juin 2015
Ce n’est pas que j’aie besoin de m’encombrer de quelques livres supplémentaires mais ma petite voiture n’a pas roulé depuis deux semaines, aussi ce lundi je prends la route, en espérant ne pas me faire encore une fois choper en excès de vitesse, et conduis jusqu’à Quévreville-la-Poterie.
Cette année, l’étroite route sinueuse qui permet d’atteindre le hameau du Fresnay où se cache Détéherre, la plus grande bouquinerie rurale de Normandie (et peut-être de France), n’est pas bordée de maïs mais de céréales (blé, orge ou autres) ce qui assure une meilleure visibilité en cas de voiture arrivant en face. Je ne croise personne, me gare près du pré aux ânes.
A treize heures, la porte métallique s’ouvre. Je fouine environ une heure parmi les six cent mille livres tout en subissant la radio Chérie et repars avec peu.
*
Avant de ranger ce livre dans ma bibliothèque, ultimes citations prises dans la correspondance entre Maxime Gorki et Anton Tchekhov publiée sous le titre « Merci, Dr Tchekhov » (Les Cahiers Rouges, Grasset) :
Je suis ukrainien, et affreusement paresseux. Vous écrivez que je suis sévère. Je ne suis pas sévère, mais paresseux –je passe mon temps à me promener et à siffloter. (Tchekhov à Gorki, le dix-huit janvier mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf)
On ne bute pas dans le sol parce qu’on écrit ; on écrit parce qu’on s’enfonce et qu’on ne peut plus aller nulle part. (du même au même, le même jour)
Je crois bien que le métier d’écrivain n’est pas tellement rose. On est surtout embêté par les dames qui viennent vous peloter de toutes les façons : «Etes-vous féministe ?», «Croyez-vous à l’existence d’une puissance suprême ?», «Pourquoi buvez-vous du cognac ?»
Que leur dire ? Elles m’assomment. (Gorki à Tchekhov, en septembre mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf)
Cette année, l’étroite route sinueuse qui permet d’atteindre le hameau du Fresnay où se cache Détéherre, la plus grande bouquinerie rurale de Normandie (et peut-être de France), n’est pas bordée de maïs mais de céréales (blé, orge ou autres) ce qui assure une meilleure visibilité en cas de voiture arrivant en face. Je ne croise personne, me gare près du pré aux ânes.
A treize heures, la porte métallique s’ouvre. Je fouine environ une heure parmi les six cent mille livres tout en subissant la radio Chérie et repars avec peu.
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Avant de ranger ce livre dans ma bibliothèque, ultimes citations prises dans la correspondance entre Maxime Gorki et Anton Tchekhov publiée sous le titre « Merci, Dr Tchekhov » (Les Cahiers Rouges, Grasset) :
Je suis ukrainien, et affreusement paresseux. Vous écrivez que je suis sévère. Je ne suis pas sévère, mais paresseux –je passe mon temps à me promener et à siffloter. (Tchekhov à Gorki, le dix-huit janvier mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf)
On ne bute pas dans le sol parce qu’on écrit ; on écrit parce qu’on s’enfonce et qu’on ne peut plus aller nulle part. (du même au même, le même jour)
Je crois bien que le métier d’écrivain n’est pas tellement rose. On est surtout embêté par les dames qui viennent vous peloter de toutes les façons : «Etes-vous féministe ?», «Croyez-vous à l’existence d’une puissance suprême ?», «Pourquoi buvez-vous du cognac ?»
Que leur dire ? Elles m’assomment. (Gorki à Tchekhov, en septembre mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf)
22 juin 2015
Dernier appel téléphonique de Pékin ce samedi soir, juste avant l’embarquement dans l’avion, et ce dimanche, voici celle chez qui j’ai passé une semaine en son absence de retour à Paris, à l’heure matutinale où je me lève, laissant derrière elle l’exposition de l’architecte américain bien éclairée.
Pour une fois, le dimanche après-midi à Rouen ne sera pas semblable à un électroencéphalogramme plat, puisque c’est l’été et donc la Fête de la Musique.
J’en profite avant même de l’avoir voulu car dès midi, à l’heure où je lis le Journal d’Andy Warhol en terrasse au Son du Cor, j’ai en fond sonore l’electro de Lucien, un collectif issu de l’Ecole d’Architecture, installé sur le terrain de boules (il a posé des sculptures en grillage fin sur des tables et accroché des photos et dessins en périphérie). C’est de la musique pour jeunesse saine, laquelle se livre à de petites chorégraphies, le garçon qui ne sait pas danser se cachant derrière les autres et la fille qui ne sait pas quoi faire de son corps faisant les photos, pendant que celui qui s’amuse tout seul se tripote les boutons derrière la console.
A quinze heures, je me transporte place de la Rougemare où devant la crêperie du même nom joue Hot Slap, un trio de rockabilly qui fête la sortie de son cédé édité par une de mes connaissances qui pour cela a ressuscité son label Smap Records. C’est de la bonne musique d’il y a longtemps. Chaque chanson a le même titre : « Celle-ci vous la connaissez déjà ». Je me crois revenu à la fin des années cinquante, encore plus à considérer certains autour de moi, porteurs de belles salopettes ou de costumes d’époque et coiffés d’une banane bien lustrée, parmi lesquels un branlotin lui aussi tombé dans la faille temporelle. D’autres spectateurs arrivent en élégantes Déesse Dix-Neuf. Un couple de quinquagénaires se lance de temps à autre dans un rock des plus académiques tandis que d’autres dansent seuls à leur manière dont celui que j’appelle le petit bonhomme, reggae man déjà bien imbibé. Un harmoniciste est parfois invité à rejoindre le trio.
-T’as acheté le disque, me demande une autre de mes connaissances.
-Non, lui dis-je, parce que je ne l’écouterai pas.
-Eh bien, me répond-il, tu l’achètes comme ça tu es content, et ensuite tu me l’offres, comme ça tu es content une deuxième fois.
Après Hot Slap, le curseur va encore un peu en arrière avec la country des Muddy Hill Boys, un quatuor de bluegrass à la vêture idoine et dont les voix sont nasillardes à souhait.
Je les quitte en cours pour aller place Saint-Marc où, face aux cafés qui ont étendu leurs terrasses dans la rue, est installée une scène sur laquelle est présent à l’heure dite (dix-huit) le duo The Tombstone Brothers mais le début de la prestation se fait attendre, le chanteur faisant sa coquette. Celui-ci, accompagné d’un guitariste, donne à entendre des standards de la rock pop music. On est quelque part entre l’hommage et la parodie. Cela a le don de me lasser. Je rentre un peu avant dix-neuf heures, n’ayant aucun goût pour la fête de la bière qui prend le pas sur celle de la musique à partir du début de soirée.
*
En novembre mil neuf cent quatre-vingt-deux, Andy Warhol est à Pékin :
Deux heures de voiture. Tout le monde chantait de superbes chansons américaines. Quand nous sommes arrivés à la Grande Muraille, j’ai vu qu’elle était vraiment grande. J’en avais ri, mais elle est renversante. (…) Mes cheveux ont presque été emportés par le vent. (lundi premier)
Debout à 6h30. Une autre excursion. (…) Dans un village, les enfants ont chanté God Bless America et Jingle Bells. C’était écœurant parce que c’était triste de voir ces petits enfants devoir faire les singes. (mercredi trois)
Envoyé Benjamin à Chinatown parce que je n’avais pas acheté de cadeaux en Chine. (lundi huit, de retour à New York)
Pour une fois, le dimanche après-midi à Rouen ne sera pas semblable à un électroencéphalogramme plat, puisque c’est l’été et donc la Fête de la Musique.
J’en profite avant même de l’avoir voulu car dès midi, à l’heure où je lis le Journal d’Andy Warhol en terrasse au Son du Cor, j’ai en fond sonore l’electro de Lucien, un collectif issu de l’Ecole d’Architecture, installé sur le terrain de boules (il a posé des sculptures en grillage fin sur des tables et accroché des photos et dessins en périphérie). C’est de la musique pour jeunesse saine, laquelle se livre à de petites chorégraphies, le garçon qui ne sait pas danser se cachant derrière les autres et la fille qui ne sait pas quoi faire de son corps faisant les photos, pendant que celui qui s’amuse tout seul se tripote les boutons derrière la console.
A quinze heures, je me transporte place de la Rougemare où devant la crêperie du même nom joue Hot Slap, un trio de rockabilly qui fête la sortie de son cédé édité par une de mes connaissances qui pour cela a ressuscité son label Smap Records. C’est de la bonne musique d’il y a longtemps. Chaque chanson a le même titre : « Celle-ci vous la connaissez déjà ». Je me crois revenu à la fin des années cinquante, encore plus à considérer certains autour de moi, porteurs de belles salopettes ou de costumes d’époque et coiffés d’une banane bien lustrée, parmi lesquels un branlotin lui aussi tombé dans la faille temporelle. D’autres spectateurs arrivent en élégantes Déesse Dix-Neuf. Un couple de quinquagénaires se lance de temps à autre dans un rock des plus académiques tandis que d’autres dansent seuls à leur manière dont celui que j’appelle le petit bonhomme, reggae man déjà bien imbibé. Un harmoniciste est parfois invité à rejoindre le trio.
-T’as acheté le disque, me demande une autre de mes connaissances.
-Non, lui dis-je, parce que je ne l’écouterai pas.
-Eh bien, me répond-il, tu l’achètes comme ça tu es content, et ensuite tu me l’offres, comme ça tu es content une deuxième fois.
Après Hot Slap, le curseur va encore un peu en arrière avec la country des Muddy Hill Boys, un quatuor de bluegrass à la vêture idoine et dont les voix sont nasillardes à souhait.
Je les quitte en cours pour aller place Saint-Marc où, face aux cafés qui ont étendu leurs terrasses dans la rue, est installée une scène sur laquelle est présent à l’heure dite (dix-huit) le duo The Tombstone Brothers mais le début de la prestation se fait attendre, le chanteur faisant sa coquette. Celui-ci, accompagné d’un guitariste, donne à entendre des standards de la rock pop music. On est quelque part entre l’hommage et la parodie. Cela a le don de me lasser. Je rentre un peu avant dix-neuf heures, n’ayant aucun goût pour la fête de la bière qui prend le pas sur celle de la musique à partir du début de soirée.
*
En novembre mil neuf cent quatre-vingt-deux, Andy Warhol est à Pékin :
Deux heures de voiture. Tout le monde chantait de superbes chansons américaines. Quand nous sommes arrivés à la Grande Muraille, j’ai vu qu’elle était vraiment grande. J’en avais ri, mais elle est renversante. (…) Mes cheveux ont presque été emportés par le vent. (lundi premier)
Debout à 6h30. Une autre excursion. (…) Dans un village, les enfants ont chanté God Bless America et Jingle Bells. C’était écœurant parce que c’était triste de voir ces petits enfants devoir faire les singes. (mercredi trois)
Envoyé Benjamin à Chinatown parce que je n’avais pas acheté de cadeaux en Chine. (lundi huit, de retour à New York)
20 juin 2015
« Ah, Michel, j’ai pensé à toi, j’ai installé des sièges ». Ainsi m’accueille dans le bar de l’Hôtel de l’Europe, Georges-André, le maître des lieux, ce vendredi soir. Rachel Ries doit y donner concert. Mieux qu’un siège, j’opte pour une place sur la banquette.
En première partie, j’assiste au nourrissage d’une enfançonne, un spectacle auquel d’autres sont fort sensibles. Ils félicitent le père pour son savoir-faire. La mère, comme on pouvait si attendre, déclare que c’est parce qu’il y a du monde.
Du monde, il y a, mais peu. C’est une bonne chose. Je vais ainsi pouvoir profiter dans des conditions optimales de la jolie voix de Rachel Ries, fille du Dakota du Sud. Elle y vit dans une ville de mille habitants et est à Rouen en résidence, invitée par Europe and Co, afin d’écrire de nouvelles chansons loin de son univers habituel, comme l’explique en introduction l’un des membres de l’association.
La première session est à l’eau plate. Rachel Ries y chante assise au clavier Yamaha puis debout à la guitare électrique. Elle présente en anglais ses chansons. Son accent américain me permet de la comprendre à soixante-quinze pour cent quand elle parle, mais pas du tout quand elle chante, ce qui ne m’empêche pas d’aimer.
A la pause, je commande un verre de vin blanc à Georges-André. Il est excellent. Quand je lui demande son nom, il me répond « Secret ». C’est effectivement ce qui est écrit sur la bouteille. Il m’explique que les meilleurs bordeaux sont soumis à un numerus clausus. Les bouteilles excédentaires sont commercialisées sans que l’on puisse y mettre un nom.
La deuxième session est au ouiski. Rachel Ries y chante assise à la guitare électrique puis au clavier Yamaha. Elle invite à la fin à faire « la la la » avec elle. J’y arrive un peu.
Après les chaleureux applaudissements, le maître des lieux met en place un généreux buffet (pâté, saucisson, houmous et guacamole). J’offre un verre à l’homme au chapeau et en reprends un de « Secret ». Une discussion s’instaure sur le fait de chanter en anglais ou en français quand on est d’ici, à laquelle je ne me mêle pas. Un artiste local explique qu’il chante en anglais parce qu’il parle anglais (il l’enseigne) mais qu’à l’inverse de certaine qui chante en anglais une vie fantasmée d’irlando-bretonne, lui chante sa vie réelle de natif de Saint-Etienne-du-Rouvray. L’important, dit-il, ce n’est pas la langue dans laquelle on chante mais l’authenticité.
Pour moi, ne lui dis-je pas, une chanson en anglais est une chanson dont je ne comprends pas les paroles, donc authentique ou pas c’est kif-kif.
*
Dans ses compositions, Rachel Ries évoque notamment Chicago, sa grand-mère agricultrice disparue trop tôt, un pigeon récemment mort (une des chansons écrites à Rouen et intitulée The Cathedral Bells, celles d’un bâtiment proche sonnent au moment où elle en parle), son ancien amour pour son ingénieur du son qui a fait l’objet d’un disque entier « c’est trop », l’erreur d’avoir été une épouse (si j’ai bien compris).
*
Elle dessine aussi. L’une de ses pochettes de disques montre une femme entourée de fleurettes. Si je n’avais connu que ça d’elle, je n’aurais pas mis l’oreille à son concert.
En première partie, j’assiste au nourrissage d’une enfançonne, un spectacle auquel d’autres sont fort sensibles. Ils félicitent le père pour son savoir-faire. La mère, comme on pouvait si attendre, déclare que c’est parce qu’il y a du monde.
Du monde, il y a, mais peu. C’est une bonne chose. Je vais ainsi pouvoir profiter dans des conditions optimales de la jolie voix de Rachel Ries, fille du Dakota du Sud. Elle y vit dans une ville de mille habitants et est à Rouen en résidence, invitée par Europe and Co, afin d’écrire de nouvelles chansons loin de son univers habituel, comme l’explique en introduction l’un des membres de l’association.
La première session est à l’eau plate. Rachel Ries y chante assise au clavier Yamaha puis debout à la guitare électrique. Elle présente en anglais ses chansons. Son accent américain me permet de la comprendre à soixante-quinze pour cent quand elle parle, mais pas du tout quand elle chante, ce qui ne m’empêche pas d’aimer.
A la pause, je commande un verre de vin blanc à Georges-André. Il est excellent. Quand je lui demande son nom, il me répond « Secret ». C’est effectivement ce qui est écrit sur la bouteille. Il m’explique que les meilleurs bordeaux sont soumis à un numerus clausus. Les bouteilles excédentaires sont commercialisées sans que l’on puisse y mettre un nom.
La deuxième session est au ouiski. Rachel Ries y chante assise à la guitare électrique puis au clavier Yamaha. Elle invite à la fin à faire « la la la » avec elle. J’y arrive un peu.
Après les chaleureux applaudissements, le maître des lieux met en place un généreux buffet (pâté, saucisson, houmous et guacamole). J’offre un verre à l’homme au chapeau et en reprends un de « Secret ». Une discussion s’instaure sur le fait de chanter en anglais ou en français quand on est d’ici, à laquelle je ne me mêle pas. Un artiste local explique qu’il chante en anglais parce qu’il parle anglais (il l’enseigne) mais qu’à l’inverse de certaine qui chante en anglais une vie fantasmée d’irlando-bretonne, lui chante sa vie réelle de natif de Saint-Etienne-du-Rouvray. L’important, dit-il, ce n’est pas la langue dans laquelle on chante mais l’authenticité.
Pour moi, ne lui dis-je pas, une chanson en anglais est une chanson dont je ne comprends pas les paroles, donc authentique ou pas c’est kif-kif.
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Dans ses compositions, Rachel Ries évoque notamment Chicago, sa grand-mère agricultrice disparue trop tôt, un pigeon récemment mort (une des chansons écrites à Rouen et intitulée The Cathedral Bells, celles d’un bâtiment proche sonnent au moment où elle en parle), son ancien amour pour son ingénieur du son qui a fait l’objet d’un disque entier « c’est trop », l’erreur d’avoir été une épouse (si j’ai bien compris).
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Elle dessine aussi. L’une de ses pochettes de disques montre une femme entourée de fleurettes. Si je n’avais connu que ça d’elle, je n’aurais pas mis l’oreille à son concert.
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