Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
1er juin 2015
Il y a urgence à sortir ce samedi. Sous l’intitulé Rush le Cent Six organise sa série annuelle de concerts gratuits dans le périmètre Martainville Damiette Eau-de-Robec avec pour thème général un hommage à Alan Lomax dont c’est le centenaire de naissance. Bien longtemps que je n’avais entendu ou lu le nom de l’ethnomusicologue, pas depuis les années soixante-dix où c’était pratique courante pour les musiciens à cheveux longs d’écumer les campagnes afin d’y récolter des rengaines rustiques venues du fond des âges. Il semble que cette pratique soit de nouveau à l’ordre de jour. Le principal invité des concerts, Dick Annegarn, est depuis plusieurs jours à Rouen chez Guidoline pour enregistrer par l’image et le son qui connaît des chansons traditionnelles. Pourtant, tout doit avoir été déjà récolté il y a quarante ans, sur des cassettes audio oubliées au fond des tiroirs.
Un autre baignant dans la musique d’autrefois, mais au goût du jour, c’est le nommé Sourdure, un jeune Auvergnat que j’ai entendu le premier mai sur France Culture dans Les Nouvelles Vagues de Marie Richeux. Il inaugure la série de concerts à seize heures dans le jardin de l’aître Saint-Maclou. C’est un garçon jeune et habillé comme tel, avec une casquette jaune. Il donne une série de bourrées et autres danses du Cantal et du Puy-de-Dôme, jouées au violon, chantées et tapées du pied avec l’appui de boîtiers emplis d’électronique et d’un ordinateur qui à un moment chute sans dommage. En bruit de fond, on peut goûter les coups de marteaux d’une marmaille invitée à fabriquer avec du bois et des boîtes de conserve ses propres instruments de musique sommaire(s).
Le concert de dix-sept heures sur le terrain de boules du Son du Cor est tout autre. Dès le premier morceau certain(e)s se remplissent les oreilles avec des bouchons. King Biscuit Fat Legs est un duo rouennais de musique forte avec un bon batteur et un bon guitariste qui chante parfois dans un micro lui donnant une voix d’autrefois. De la musique pour hocheurs de tête mais j’en vois peu qui se la secouent. Un père mène la poussette de son enfant à proximité de la scène au risque d’en faire un sourd dur. Je quitte assez vite, passant par chez moi boire une menthe à l’eau.
Je retourne à l’aître pour le concert de dix-huit heures, celui de Powerdove, un trio composé d’une chanteuse habillée de blanc et de deux musiciens. Ils ont fait du plateau une sorte de campement. Elle chante des chansons dépressives. L’un joue du banjo à grimaces et l’autre des percussions à simagrées. J’ai soudain la révélation. Elle est l’infirmière des deux autres et à la fin de la prestation, elle les ramènera à l’institution.
A dix-neuf heures, je suis au bout de la rue Damiette où Grand Guru (que je n’ai encore jamais réussi à voir et ouïr) et Ellah A Thaun sous le nom de The Wedding Party lâchent la bride à leur énergie avec en ouverture une belle reprise de Jackson. Pendant que se répand sur la foule leur musique énervée, je vois venir à moi un couple et une jeune fille. Il s’avère que celle-ci est une de mes anciennes élèves mais elle ne veut ou ne peux me reconnaître. Je quitte The Wedding Party avant la fin de la cérémonie car je veux avoir une place correcte au concert de Dick Annegarn.
Le grand Dick est sur scène avant vingt heures, assis sur une chaise, l’air pas commode dans sa parka rouge. Il se livre à quelques réglages de guitare, sourit tout à coup quand ça merdouille :
-Je suis comme les caissières, déclare-t-il, j’aime bien quand y a un problème.
Je me case près de la console et de la caméra du Cent Six sur laquelle veille une sorte de Darroussin avec du papier froissé dans les oreilles. Un spectateur à cheveux blancs sort de son sac deux des vinyles de l’époque de la jeunesse et de la gloire de Dick Annegarn, les lui montre de loin n’osant s’approcher. Le chanteur n’a pas l’intention de les voir. Il ôte sa parka, descend de scène tandis qu’arrive la masse des spectateurs. Les petits se plaignent de ne rien voir quand il revient et s’assoit pour chanter. Des chansons en anglais, annonce-t-il, des standards du folk américain dont il fait pour chaque l’historique un peu longuet. Je ne sais pourquoi en vieillissant les chanteurs deviennent bavards. J’ai des souvenirs de ce genre avec Alan Stivell et William Sheller. Il n’est pas le seul à parler. Mes voisins, un couple de trentenaires, sont rejoints par une troisième.
-Alors quoi de neuf ? lui demande l’homme.
-On s’en fout de ce qui est neuf, lui dis-je, on est là pour écouter, pas pour raconter les petites histoires de sa vie quotidienne.
Je me fais trois amis d’un coup et suis tranquille pour la suite du concert, bien que gêné par les nuisances sonores en provenance du P’tit Bar où l’on se biture avec constance et de la Walsheim où l’on mange en terrasse un menu Jeanne d’Arc dont c’est la fête ce ouiquennede (le dessert est sans doute une crème brûlée).
Vers la fin, Dick Annegarn se lève et passe au français pour Bébé éléphant et deux compositions récentes puis il tente de faire chanter à tout le monde une chanson de ramasseurs de coton :
-Ce serait quand même un beau progrès si vous arriviez à chanter comme des Noirs du dix-septième siècle.
Un peu après vingt et une heures, je suis de retour devant le Son du Cor pour Mr Airplane Man, un duo de filles américaines. Je ne peux voir que la tête d’une qui chante, tellement il y a de monde, dont beaucoup de buveurs de bière qui parlent entre eux et applaudissent mécaniquement à la fin de chaque morceau. N’aimant pas cette ambiance, ni spécialement la musique jouée, déjà entendue mille fois, je décide d’en rester là en rentrant, renonçant aux concerts suivants de Duck Duck Grey Duck et Pokey Lafarge.
Un autre baignant dans la musique d’autrefois, mais au goût du jour, c’est le nommé Sourdure, un jeune Auvergnat que j’ai entendu le premier mai sur France Culture dans Les Nouvelles Vagues de Marie Richeux. Il inaugure la série de concerts à seize heures dans le jardin de l’aître Saint-Maclou. C’est un garçon jeune et habillé comme tel, avec une casquette jaune. Il donne une série de bourrées et autres danses du Cantal et du Puy-de-Dôme, jouées au violon, chantées et tapées du pied avec l’appui de boîtiers emplis d’électronique et d’un ordinateur qui à un moment chute sans dommage. En bruit de fond, on peut goûter les coups de marteaux d’une marmaille invitée à fabriquer avec du bois et des boîtes de conserve ses propres instruments de musique sommaire(s).
Le concert de dix-sept heures sur le terrain de boules du Son du Cor est tout autre. Dès le premier morceau certain(e)s se remplissent les oreilles avec des bouchons. King Biscuit Fat Legs est un duo rouennais de musique forte avec un bon batteur et un bon guitariste qui chante parfois dans un micro lui donnant une voix d’autrefois. De la musique pour hocheurs de tête mais j’en vois peu qui se la secouent. Un père mène la poussette de son enfant à proximité de la scène au risque d’en faire un sourd dur. Je quitte assez vite, passant par chez moi boire une menthe à l’eau.
Je retourne à l’aître pour le concert de dix-huit heures, celui de Powerdove, un trio composé d’une chanteuse habillée de blanc et de deux musiciens. Ils ont fait du plateau une sorte de campement. Elle chante des chansons dépressives. L’un joue du banjo à grimaces et l’autre des percussions à simagrées. J’ai soudain la révélation. Elle est l’infirmière des deux autres et à la fin de la prestation, elle les ramènera à l’institution.
A dix-neuf heures, je suis au bout de la rue Damiette où Grand Guru (que je n’ai encore jamais réussi à voir et ouïr) et Ellah A Thaun sous le nom de The Wedding Party lâchent la bride à leur énergie avec en ouverture une belle reprise de Jackson. Pendant que se répand sur la foule leur musique énervée, je vois venir à moi un couple et une jeune fille. Il s’avère que celle-ci est une de mes anciennes élèves mais elle ne veut ou ne peux me reconnaître. Je quitte The Wedding Party avant la fin de la cérémonie car je veux avoir une place correcte au concert de Dick Annegarn.
Le grand Dick est sur scène avant vingt heures, assis sur une chaise, l’air pas commode dans sa parka rouge. Il se livre à quelques réglages de guitare, sourit tout à coup quand ça merdouille :
-Je suis comme les caissières, déclare-t-il, j’aime bien quand y a un problème.
Je me case près de la console et de la caméra du Cent Six sur laquelle veille une sorte de Darroussin avec du papier froissé dans les oreilles. Un spectateur à cheveux blancs sort de son sac deux des vinyles de l’époque de la jeunesse et de la gloire de Dick Annegarn, les lui montre de loin n’osant s’approcher. Le chanteur n’a pas l’intention de les voir. Il ôte sa parka, descend de scène tandis qu’arrive la masse des spectateurs. Les petits se plaignent de ne rien voir quand il revient et s’assoit pour chanter. Des chansons en anglais, annonce-t-il, des standards du folk américain dont il fait pour chaque l’historique un peu longuet. Je ne sais pourquoi en vieillissant les chanteurs deviennent bavards. J’ai des souvenirs de ce genre avec Alan Stivell et William Sheller. Il n’est pas le seul à parler. Mes voisins, un couple de trentenaires, sont rejoints par une troisième.
-Alors quoi de neuf ? lui demande l’homme.
-On s’en fout de ce qui est neuf, lui dis-je, on est là pour écouter, pas pour raconter les petites histoires de sa vie quotidienne.
Je me fais trois amis d’un coup et suis tranquille pour la suite du concert, bien que gêné par les nuisances sonores en provenance du P’tit Bar où l’on se biture avec constance et de la Walsheim où l’on mange en terrasse un menu Jeanne d’Arc dont c’est la fête ce ouiquennede (le dessert est sans doute une crème brûlée).
Vers la fin, Dick Annegarn se lève et passe au français pour Bébé éléphant et deux compositions récentes puis il tente de faire chanter à tout le monde une chanson de ramasseurs de coton :
-Ce serait quand même un beau progrès si vous arriviez à chanter comme des Noirs du dix-septième siècle.
Un peu après vingt et une heures, je suis de retour devant le Son du Cor pour Mr Airplane Man, un duo de filles américaines. Je ne peux voir que la tête d’une qui chante, tellement il y a de monde, dont beaucoup de buveurs de bière qui parlent entre eux et applaudissent mécaniquement à la fin de chaque morceau. N’aimant pas cette ambiance, ni spécialement la musique jouée, déjà entendue mille fois, je décide d’en rester là en rentrant, renonçant aux concerts suivants de Duck Duck Grey Duck et Pokey Lafarge.
30 mai 2015
Le public est mêlé ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen pour la venue du L.A. Dance Project de l’aptonyme Benjamin Millepied. Outre les habitué(e)s du lieu sont là celles et ceux qu’on n’y voit que pour la danse. L’une, d’un certain âge mais voulant le faire oublier, vêtue d’un blouson façon rôti de porc blanc cassé, arrive là comme si on n’attendait qu’elle. Elle repère un couple de connaissances qui vient de demander à une femme seule attendant quelqu’un pour qui elle a gardé une chaise de partager sa table (ils y mangent la nourriture sommaire que l’on sert à l’Opéra), va chercher une chaise et s’installe d’office à la table, puis apercevant deux abonnés qu’elle connaît également veut les imposer à la femme envahie. Celle-ci se rebiffe, remet à sa place la chaise que la sans-gêne avait déplacée. Les deux abonnés, gênés, vont manger ailleurs. « Faut partager », reproche l’intruse à la dame. J’ai déjà vu en d’autres lieux cette femme qui est le stéréotype de la bourgeoise rouennaise de gauche. Elle embrasse toujours toutes les joues d’élu(e)s socialistes mais pratique plutôt à la manière bolchevique.
Comment fait Benjamin Millepied pour en avoir un à Los Angeles où prospère depuis deux ans sa compagnie L.A. Dance Project et un autre à Paris où il assure depuis deux mille quatorze la direction du Ballet de l’Opéra de Paris ? C’est ce que je demande, installé sur l’une des chaises de premier rang. À ma droite sont assises deux abonnées qui ont tôt fait de faire connaissance. Elles évoquent d’anciens spectacles de danse où elles étaient aussi assises au premier rang, ce qui selon elles n’a pas que des avantages. Un jour, l’une a vu un danseur tout nu venir s’allonger juste devant elle, c’était affreusement gênant. L’autre se souvient de sacs poubelles accrochés à des cordes qui se balançaient au-dessus de sa tête.
La première chorégraphie, Reflections, est de Benjamin Millepied. Elle se compose de plusieurs tableaux dont les meilleurs sont les deux premiers : un duo amoureux dansé par un jeune homme brun et une jolie brune aux yeux de biche, Stephanie Amurao, puis un solo aussi court qu’intense exécuté par un danseur chauve qui soulève les bravos. La suite se danse à cinq dont une longue blonde qui a elle aussi un peu d’animal dans le visage.
-Le chauve est magnifique, déclare ma voisine à l’issue.
-Le brun est sexy, lui répond sa nouvelle amie.
Après le premier entracte, c’est Morgan’s last Chug, une chorégraphie d’Emmanuel Gat que je trouve moins attrayante, puis après le second, c’est Quintett de William Forsythe où la longue blonde, Rachelle Rafailedes, et ses quatre camarades donnent à admirer leur inépuisable jeunesse tandis que chante en boucle le vieil homme à la voix fatiguée (Gavin Bryars Jesus Blood never failed me yet).
C’est un bien beau succès pour le L.A. Dance Project et c’est content que je rentre. Il est vingt-deux heures, la nuit n’est pas encore tombée sur la Cathédrale qui depuis ce matin est débarrassée de ses échafaudages. Des décennies qu’on ne l’avait pas vue ainsi.
*
-Cette danse contemporaine, c’est la mort de Repetto et de ses chaussons de danse. (ma voisine, entre deux chorégraphies)
*
Vendredi après-midi, un petit tour à la Chapelle Saint-Louis pour y découvrir l’ébauche de l’adaptation, titrée Le Point G., de l'autobiographie de Grisélidis Réal Le Noir est une couleur par les trois comédiennes de la compagnie Sous les Jupes des Filles. Deux d’entre elles travaillaient aux prémisses de cette adaptation l’an dernier à l’Ubi, au sous-sol (parfois appelé la cave).
C’est prometteur mais c’est court, semblent se dire celles et ceux qui m’entourent quand ça s’arrête au bout d’un quart d’heure. Personne ne sachant si c’est vraiment fini ou non, on hésite un peu avant de se lever dans un bel ensemble de sièges qui grincent.
Comment fait Benjamin Millepied pour en avoir un à Los Angeles où prospère depuis deux ans sa compagnie L.A. Dance Project et un autre à Paris où il assure depuis deux mille quatorze la direction du Ballet de l’Opéra de Paris ? C’est ce que je demande, installé sur l’une des chaises de premier rang. À ma droite sont assises deux abonnées qui ont tôt fait de faire connaissance. Elles évoquent d’anciens spectacles de danse où elles étaient aussi assises au premier rang, ce qui selon elles n’a pas que des avantages. Un jour, l’une a vu un danseur tout nu venir s’allonger juste devant elle, c’était affreusement gênant. L’autre se souvient de sacs poubelles accrochés à des cordes qui se balançaient au-dessus de sa tête.
La première chorégraphie, Reflections, est de Benjamin Millepied. Elle se compose de plusieurs tableaux dont les meilleurs sont les deux premiers : un duo amoureux dansé par un jeune homme brun et une jolie brune aux yeux de biche, Stephanie Amurao, puis un solo aussi court qu’intense exécuté par un danseur chauve qui soulève les bravos. La suite se danse à cinq dont une longue blonde qui a elle aussi un peu d’animal dans le visage.
-Le chauve est magnifique, déclare ma voisine à l’issue.
-Le brun est sexy, lui répond sa nouvelle amie.
Après le premier entracte, c’est Morgan’s last Chug, une chorégraphie d’Emmanuel Gat que je trouve moins attrayante, puis après le second, c’est Quintett de William Forsythe où la longue blonde, Rachelle Rafailedes, et ses quatre camarades donnent à admirer leur inépuisable jeunesse tandis que chante en boucle le vieil homme à la voix fatiguée (Gavin Bryars Jesus Blood never failed me yet).
C’est un bien beau succès pour le L.A. Dance Project et c’est content que je rentre. Il est vingt-deux heures, la nuit n’est pas encore tombée sur la Cathédrale qui depuis ce matin est débarrassée de ses échafaudages. Des décennies qu’on ne l’avait pas vue ainsi.
*
-Cette danse contemporaine, c’est la mort de Repetto et de ses chaussons de danse. (ma voisine, entre deux chorégraphies)
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Vendredi après-midi, un petit tour à la Chapelle Saint-Louis pour y découvrir l’ébauche de l’adaptation, titrée Le Point G., de l'autobiographie de Grisélidis Réal Le Noir est une couleur par les trois comédiennes de la compagnie Sous les Jupes des Filles. Deux d’entre elles travaillaient aux prémisses de cette adaptation l’an dernier à l’Ubi, au sous-sol (parfois appelé la cave).
C’est prometteur mais c’est court, semblent se dire celles et ceux qui m’entourent quand ça s’arrête au bout d’un quart d’heure. Personne ne sachant si c’est vraiment fini ou non, on hésite un peu avant de se lever dans un bel ensemble de sièges qui grincent.
29 mai 2015
La journée s’annonce belle ce mercredi. Le train de sept heures huit pour Paris fend le brouillard normand. Le soleil apparaît du côté de Vernon. J’attends un peu longtemps le bus Vingt. J’en descends à Bastille, vais pédestrement jusqu’à l’angle Faubourg-Saint-Antoine Ledru-Rollin. A dix heures, j’entre chez Book-Off, y achète quelques livres.
Je rejoins la rue de Charonne avec l’intention de déjeuner en terrasse Chez Céleste et en croise justement le patron du pain dans les bras. Il me reconnaît et me salue. Comme il n’est pas encore midi, j’entre chez Emmaüs où je trouve un livre autrefois possédé et vendu : Henri-Pierre Roché, l’enchanteur collectionneur. Je le rachète, ayant envie de remettre les yeux dans cette biographie, signée Scarlett et Philippe Reliquet et publiée chez Ramsay, après ma lecture des Carnets dudit Roché, pendant laquelle j’ai noté moult extraits (quand donc trouverai-je le temps de les intégrer à ce Journal ?).
Dans la formule de Chez Céleste, je choisis les beignets de calamars et le coquelet chorasco dont l’épluchage demande patience et savoir faire, ce qui me donne le temps d’étudier la population locale passant à pied ou en vélo, beaucoup de monde avec une tête sympathique d’habitant(e)s de quartier populaire. Le café bu, je vais profiter du soleil sur le quai du port de l’Arsenal où pique-nique une nombreuse jeunesse. J’y lis l’un des livres trouvés chez Book-Off Le Chien mandarin, recueil de textes de vieillesse de Czeslaw Milosz (Editions Mille et Une Nuits).
D’où est-ce que ça vient ? demande-t-il. Ces lèvres de vingt ans, humectées de carmin, ces cheveux châtains vaporeux, trop lâches pour qu’on puisse parler de boucles… Ces yeux magnifiques dans leur écrin de cils et de sourcils. Qu’annoncent-ils ? Pourquoi est-ce que je gémis, frappé par sa beauté ? Elle est née à l’époque où j’enseignais Dostoïevski et tentais de supporter l’idée que j’étais vieux. Il en naît encore et encore, et s’il m’était permis de continuer à vivre, agoniserais-je de nouveau d’une extase amoureuse ?
Une réflexion que je fais d’autant plus mienne que je suis entouré de jolies jeunes filles dont pas une ne me jette un regard.
C’est un jeune homme en long manteau noir et à grosses chaussures de même couleur qui s’approche de moi :
-Pardon monsieur, vous n’auriez pas des mouchoirs en papier, y a un oiseau qui vient de chier sur mon téléphone.
*
Plus question de bloquer la ville, ce jeudi après-midi, les forains qui veulent voir rester la Saint-Romain sur les quais ne font qu’une petite manifestation d’avertissement avec pique-nique devant la Mairie rouennaise. Des confettis, rue de la République, témoignent de leur passage, comme je le constate en allant à l’Ubi vers treize heures.
Las, ce lieu est occupé par une réunion comme en ont souvent les artistes, plus qu’à faire demi-tour, dépité, et à écrire ma journée parisienne à la maison. Déjà que parfois c’est une classe qui déboule alors que j’y suis tranquillement à écrire, ce qui me rappelle le temps où je travaillais.
Aux dernières vacances, c’était un centre de loisirs. Les explications sur l’exposition en cours à la MAM Galerie étaient données par une stagiaire. Pour définir l’art contemporain elle a demandé à son auditoire: « C’est quoi un artiste contemporain ? » puis a donné cette réponse « C’est un artiste qui est vivant »
Pauvres enfants, me suis-je dit, préférant partir pour ne pas entendre la suite.
Je rejoins la rue de Charonne avec l’intention de déjeuner en terrasse Chez Céleste et en croise justement le patron du pain dans les bras. Il me reconnaît et me salue. Comme il n’est pas encore midi, j’entre chez Emmaüs où je trouve un livre autrefois possédé et vendu : Henri-Pierre Roché, l’enchanteur collectionneur. Je le rachète, ayant envie de remettre les yeux dans cette biographie, signée Scarlett et Philippe Reliquet et publiée chez Ramsay, après ma lecture des Carnets dudit Roché, pendant laquelle j’ai noté moult extraits (quand donc trouverai-je le temps de les intégrer à ce Journal ?).
Dans la formule de Chez Céleste, je choisis les beignets de calamars et le coquelet chorasco dont l’épluchage demande patience et savoir faire, ce qui me donne le temps d’étudier la population locale passant à pied ou en vélo, beaucoup de monde avec une tête sympathique d’habitant(e)s de quartier populaire. Le café bu, je vais profiter du soleil sur le quai du port de l’Arsenal où pique-nique une nombreuse jeunesse. J’y lis l’un des livres trouvés chez Book-Off Le Chien mandarin, recueil de textes de vieillesse de Czeslaw Milosz (Editions Mille et Une Nuits).
D’où est-ce que ça vient ? demande-t-il. Ces lèvres de vingt ans, humectées de carmin, ces cheveux châtains vaporeux, trop lâches pour qu’on puisse parler de boucles… Ces yeux magnifiques dans leur écrin de cils et de sourcils. Qu’annoncent-ils ? Pourquoi est-ce que je gémis, frappé par sa beauté ? Elle est née à l’époque où j’enseignais Dostoïevski et tentais de supporter l’idée que j’étais vieux. Il en naît encore et encore, et s’il m’était permis de continuer à vivre, agoniserais-je de nouveau d’une extase amoureuse ?
Une réflexion que je fais d’autant plus mienne que je suis entouré de jolies jeunes filles dont pas une ne me jette un regard.
C’est un jeune homme en long manteau noir et à grosses chaussures de même couleur qui s’approche de moi :
-Pardon monsieur, vous n’auriez pas des mouchoirs en papier, y a un oiseau qui vient de chier sur mon téléphone.
*
Plus question de bloquer la ville, ce jeudi après-midi, les forains qui veulent voir rester la Saint-Romain sur les quais ne font qu’une petite manifestation d’avertissement avec pique-nique devant la Mairie rouennaise. Des confettis, rue de la République, témoignent de leur passage, comme je le constate en allant à l’Ubi vers treize heures.
Las, ce lieu est occupé par une réunion comme en ont souvent les artistes, plus qu’à faire demi-tour, dépité, et à écrire ma journée parisienne à la maison. Déjà que parfois c’est une classe qui déboule alors que j’y suis tranquillement à écrire, ce qui me rappelle le temps où je travaillais.
Aux dernières vacances, c’était un centre de loisirs. Les explications sur l’exposition en cours à la MAM Galerie étaient données par une stagiaire. Pour définir l’art contemporain elle a demandé à son auditoire: « C’est quoi un artiste contemporain ? » puis a donné cette réponse « C’est un artiste qui est vivant »
Pauvres enfants, me suis-je dit, préférant partir pour ne pas entendre la suite.
28 mai 2015
La porte latérale de l’Opéra de Rouen ne semble pas vouloir s’ouvrir ce mardi soir, si j’en juge par l’impossibilité qu’a d’entrer par-là celle qui se trouve devant, la femme au caniche. Elle sonne :
-C’est une dame que vous connaissez bien qui vient vous dire bonjour.
-Euh oui…
-Une dame avec une poussette.
Je ne sais pas la suite, entrant par la porte principale.
Emplir de spectatrices et de spectateurs les trois niveaux de l’Opéra de Rouen pour un concert de musique de chambre, c’est possible quand au programme il y a le tango. Ce pourquoi ma place a rarement été aussi haut perchée, au premier rang du deuxième balcon, au-dessus de projecteurs.
De cette musique je ne suis pas toujours un auditeur comblé, la faute au bandonéon que je supporte mal. Là tout va bien, la formation présente sur scène se compose de deux trompettistes (Franck Paque, Patrice Antonangelo), deux cornistes (Pierre-Olivier Goll, Eric Lemardeley) et d’une harpiste (Sylvaine Lia-Aragnouet). Le programme va de Carlos Gardel à Astor Piazzolla en passant par des moins connus. Au chant, ce sont les toujours appréciés Majdouline Zerari (mezzo-soprano) et Carlos Natale (ténor).
Ce dernier, né en Argentine, est bien placé pour expliquer les origines et les développements de cette musique et danse. Il le fait avec humour et l’accent du pays :
-Si vous ne comprenez pas tout ce que je dis, vous pourrez demander une traduction à l’accueil à la fin du concert.
A la fin du concert, il y aura aussi une initiation au tango (dont je m’exempterai) par Florencia Garcia et René Bui, de l’association Tangoémoi. Un avant-goût en est donné sur scène pendant certains morceaux, un tango épuré où l’esthétisme prend le devant sur la sensualité, bien loin de la danse canaille des origines. Nous ne sommes pas dans un bouge mal famé.
-C’est une dame que vous connaissez bien qui vient vous dire bonjour.
-Euh oui…
-Une dame avec une poussette.
Je ne sais pas la suite, entrant par la porte principale.
Emplir de spectatrices et de spectateurs les trois niveaux de l’Opéra de Rouen pour un concert de musique de chambre, c’est possible quand au programme il y a le tango. Ce pourquoi ma place a rarement été aussi haut perchée, au premier rang du deuxième balcon, au-dessus de projecteurs.
De cette musique je ne suis pas toujours un auditeur comblé, la faute au bandonéon que je supporte mal. Là tout va bien, la formation présente sur scène se compose de deux trompettistes (Franck Paque, Patrice Antonangelo), deux cornistes (Pierre-Olivier Goll, Eric Lemardeley) et d’une harpiste (Sylvaine Lia-Aragnouet). Le programme va de Carlos Gardel à Astor Piazzolla en passant par des moins connus. Au chant, ce sont les toujours appréciés Majdouline Zerari (mezzo-soprano) et Carlos Natale (ténor).
Ce dernier, né en Argentine, est bien placé pour expliquer les origines et les développements de cette musique et danse. Il le fait avec humour et l’accent du pays :
-Si vous ne comprenez pas tout ce que je dis, vous pourrez demander une traduction à l’accueil à la fin du concert.
A la fin du concert, il y aura aussi une initiation au tango (dont je m’exempterai) par Florencia Garcia et René Bui, de l’association Tangoémoi. Un avant-goût en est donné sur scène pendant certains morceaux, un tango épuré où l’esthétisme prend le devant sur la sensualité, bien loin de la danse canaille des origines. Nous ne sommes pas dans un bouge mal famé.
27 mai 2015
Sartre rentre de captivité à la fin du mois de mars mil neuf cent quarante et un. Après cette date quand Simone lui écrit c’est qu’ils sont séparés par les vacances ou les conférences :
J’ai mal dormi, mais le voyage me faisait poétique parce que je me voyais enfourchant à l’arrivée ma bicyclette et filant dans la campagne. (à Roanne, jeudi premier juillet mil neuf cent quarante-trois)
J’ai croisé un groupe de comédiens en tournée qui erraient tristement à la recherche d’un logis, sans succès. Ils m’ont fait poétique dans cette triste province. (même lieu, même jour)
Par ailleurs j’ai vu cet après-midi deux Teutons en uniforme qui s’exerçaient gravement au ski sur les pistes, c’était aussi surprenant pour le moins qu’une musulmane à bicyclette. (à Morzine, un samedi de janvier mil neuf cent quarante-quatre)
Elle m’a remuée et pétrie de remords parce qu’elle est dans une terrible et profonde crise de neurasthénie –et que c’est notre faute, je crois, c’est le contrecoup très détourné mais profond de notre histoire avec elle. Elle est la seule personne à qui nous ayons vraiment fait du mal, mais nous lui en avons fait. (jeudi soir treize décembre mil neuf cent quarante-cinq, à propos de Védrine, de son vrai nom Bianca Bienenfeld ; devenue Bianca Lamblin par mariage, elle publiera sa version de l’histoire en mil neuf cent quatre-vingt-treize sous le titre Mémoires d’une jeune fille dérangée)
… j’ai passé une formidable soirée avec Camus. Je dis formidable parce que comme je l’aime énormément ça m’a fait très fort qu’il soit si affectueux, et cœur à cœur et qu’on parle aussi bien. On a dîné chez « Lipp », bu au « Pont Royal », puis emporté à la « Louisiane » une bouteille de champagne et on l’a bue jusqu’à 3 heures du matin. (mercredi dix-neuf décembre mil neuf cent quarante-cinq)
Il paraît qu’un cycliste anonyme manquant de renverser Beaufret dans la rue lui a crié : « Eh ! va donc ! existentialiste ! ». (même date)
J’ai mal dormi, mais le voyage me faisait poétique parce que je me voyais enfourchant à l’arrivée ma bicyclette et filant dans la campagne. (à Roanne, jeudi premier juillet mil neuf cent quarante-trois)
J’ai croisé un groupe de comédiens en tournée qui erraient tristement à la recherche d’un logis, sans succès. Ils m’ont fait poétique dans cette triste province. (même lieu, même jour)
Par ailleurs j’ai vu cet après-midi deux Teutons en uniforme qui s’exerçaient gravement au ski sur les pistes, c’était aussi surprenant pour le moins qu’une musulmane à bicyclette. (à Morzine, un samedi de janvier mil neuf cent quarante-quatre)
Elle m’a remuée et pétrie de remords parce qu’elle est dans une terrible et profonde crise de neurasthénie –et que c’est notre faute, je crois, c’est le contrecoup très détourné mais profond de notre histoire avec elle. Elle est la seule personne à qui nous ayons vraiment fait du mal, mais nous lui en avons fait. (jeudi soir treize décembre mil neuf cent quarante-cinq, à propos de Védrine, de son vrai nom Bianca Bienenfeld ; devenue Bianca Lamblin par mariage, elle publiera sa version de l’histoire en mil neuf cent quatre-vingt-treize sous le titre Mémoires d’une jeune fille dérangée)
… j’ai passé une formidable soirée avec Camus. Je dis formidable parce que comme je l’aime énormément ça m’a fait très fort qu’il soit si affectueux, et cœur à cœur et qu’on parle aussi bien. On a dîné chez « Lipp », bu au « Pont Royal », puis emporté à la « Louisiane » une bouteille de champagne et on l’a bue jusqu’à 3 heures du matin. (mercredi dix-neuf décembre mil neuf cent quarante-cinq)
Il paraît qu’un cycliste anonyme manquant de renverser Beaufret dans la rue lui a crié : « Eh ! va donc ! existentialiste ! ». (même date)
26 mai 2015
C’est sans grand espoir que ce dimanche aux aurores je prends la route d’Andé où chaque Pentecôte se vident les greniers. Je me gare dans l’herbe haute avant le péage et rejoins le déballage par le sentier où je fus, certaines années, bien accompagné. Des bovins me regardent passer. J’atteins l’église autour de laquelle les exposants sont très peu nombreux à être installés. La plupart sont dans la file des voitures, attendant le feu vert des organisateurs. Du côté du château, ce sont des marchands professionnels qui occupent l’allée.
J’attends le temps qu’il faut pour que chacun ait déballé et ne trouve là rien pour moi. Je ne suis pas le seul déçu. Les visiteurs se plaignent du peu d’exposants, les exposants du faible nombre de visiteurs. « C’est la faute au parquigne à deux euros », se plaint l’un d’eux. Le temps n’est plus où le faux Nino Ferrer de l’animation répétait à l’envi : « La foire à tout d’Andé, souvent imitée, jamais égalée ». Je ne reviendrai pas ici.
Sur la route du retour, je fais le crochet par le vide grenier de Tourville-la-Rivière, bourg semi rural où prospère l’un des deux immenses centres commerciaux de l’agglomération rouennaise. On s’y gare gratuitement sur le parquigne de Carrefour. Le déballage est vaste et uniquement le fait de particuliers. L’ayant presque parcouru, je crains d’en repartir bredouille mais non, j’ai la chance de mettre la main sur un livre que j’avais bien envie de lire : Debout-payé de Gauz, ouvrage publié par Le Nouvel Attila, dans lequel l’auteur ivoirien narre son expérience de vigile.
J’en commence la lecture l’après-midi à la terrasse du Son du Cor. Ce début me place en terrain connu :
Le parvis de la mairie du XIe donne sur un rond-point où la circulation est distribuée entre l’avenue Parmentier, le boulevard Voltaire, la rue de la Roquette et l’avenue Ledru-Rollin. Le vélo d’Ossiri passe le feu rouge et se faufile pour rejoindre le Ledru-Rollin. Au croisement avec la rue du Faubourg Saint-Antoine, il y a le Monoprix. Tantie Odette y est chef de rayon depuis 2 ans. Elle y a d’abord été caissière pendant 28 ans.
En face de ce Monoprix, c’est Book-Off, où j’aurais aussi bien pu trouver pour le même prix (un euro) ce Debout-payé.
*
Cette année, mon passage dans les vide greniers ruraux s’apparente à une tournée d’adieu.
J’attends le temps qu’il faut pour que chacun ait déballé et ne trouve là rien pour moi. Je ne suis pas le seul déçu. Les visiteurs se plaignent du peu d’exposants, les exposants du faible nombre de visiteurs. « C’est la faute au parquigne à deux euros », se plaint l’un d’eux. Le temps n’est plus où le faux Nino Ferrer de l’animation répétait à l’envi : « La foire à tout d’Andé, souvent imitée, jamais égalée ». Je ne reviendrai pas ici.
Sur la route du retour, je fais le crochet par le vide grenier de Tourville-la-Rivière, bourg semi rural où prospère l’un des deux immenses centres commerciaux de l’agglomération rouennaise. On s’y gare gratuitement sur le parquigne de Carrefour. Le déballage est vaste et uniquement le fait de particuliers. L’ayant presque parcouru, je crains d’en repartir bredouille mais non, j’ai la chance de mettre la main sur un livre que j’avais bien envie de lire : Debout-payé de Gauz, ouvrage publié par Le Nouvel Attila, dans lequel l’auteur ivoirien narre son expérience de vigile.
J’en commence la lecture l’après-midi à la terrasse du Son du Cor. Ce début me place en terrain connu :
Le parvis de la mairie du XIe donne sur un rond-point où la circulation est distribuée entre l’avenue Parmentier, le boulevard Voltaire, la rue de la Roquette et l’avenue Ledru-Rollin. Le vélo d’Ossiri passe le feu rouge et se faufile pour rejoindre le Ledru-Rollin. Au croisement avec la rue du Faubourg Saint-Antoine, il y a le Monoprix. Tantie Odette y est chef de rayon depuis 2 ans. Elle y a d’abord été caissière pendant 28 ans.
En face de ce Monoprix, c’est Book-Off, où j’aurais aussi bien pu trouver pour le même prix (un euro) ce Debout-payé.
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Cette année, mon passage dans les vide greniers ruraux s’apparente à une tournée d’adieu.
25 mai 2015
Je suis dans la loge neuf de l’Opéra de Rouen, ce samedi soir, pour la soirée de présentation de la saison Quinze/Seize, en compagnie d’un couple à cheveux gris et de leur fille qu’ils ont eue tard. Celle-ci a choisi de s’asseoir le plus loin possible de moi. Je ne le regrette pas car elle est terriblement enrhumée.
Sur scène les musicien(ne)s ont pris place. Dirigés par Leo Hussain, ils jouent l’ouverture de Don Giovanni. Frédéric Roels, Directeur, apparaît, accompagné de Nicolas Meyer-Rossignol, Président. Celui-ci déclare qu’il va faire court. Il qualifie la saison à venir de prometteuse. Pas pour lui, me dis-je, il est assuré de perdre les élections régionales, les cinq départements de Normandie étant désormais à droite. L’an prochain, à sa place, ce sera Hervé Morin, l’ancien Ministre de la Défense de Sarkozy. Il promettra de faire court.
Frédéric Roels parle ensuite de questions « sociétales », d’attentats « pseudo islamistes » (ah bon !), des difficultés « du vivre ensemble » et autres clichés d’époque, tous problèmes auxquels il sera remédié grâce au nouveau programme de l’Opéra de Rouen.
Il égrène la liste des spectacles proposés. C’est long et ennuyeux, malgré les intermèdes musicaux et le recours à des subtilités techniques qui font apparaître en grand format l’image du maître des lieux sur l’écran de fond de scène ou le même en ombre chinoise dans un rond jaune rappelant la grosse boule installée au plafond pour améliorer le son de la Chapelle Corneille. Le cirque faisant une apparition dans le programme, peut-être pourrait-il l’an prochain s’essayer au trapèze ou s’accrocher au lustre.
A un moment, Michel Jules (Rouen Jazz Action) est appelé sur scène pour parler des trois concerts de jazz dont l’un de la chanteuse Dianne Reeves, l’équivalent actuel de Nina Simone et Ella Fitzgerald, nous dit-il. Dans ce cas, pourquoi son nom m’est-il inconnu ? me dis-je. Frédéric Roels indique qu’outre ces trois concerts de jazz estampillés Rouen Jazz Action, il y aura les vingt ans de Laurent Dehors avec Michel Portal. Michel Jules regarde le bout de ses doigts, ce jazz hexagonal n’est pas digne de son intérêt.
Du cirque, du jazz, du participatif, jamais encore je ne me suis autant posé la question du renouvellement ou non de mon abonnement, mais je sais que je vais continuer, ne serait-ce que par paresse. Il y aura quelques bonnes soirées, notamment celle où Alexandre Tharaud jouera les Variations Goldberg (si j’ai une place, il n’y en aura pas pour tout le monde).
Après avoir évoqué les futurs concerts de l’Opéra donnés à la Chapelle Corneille sans dire que les abonnés devront payer pour y avoir droit, Frédéric Roels invite au buffet. Depuis la fin de l’époque Langlois, la parole n’est pas donnée au public afin qu’il pose des questions. Le participatif, c’est réservé à certains spectacles où l’on ne me voit pas. L’an prochain, en plus du quiz et d’un opéra, une soirée « danse participative » sera offerte par Sylvain Groud.
La ruée sur le champagne et les petits fours est, elle aussi, sans surprise. « Il n’y a plus de sucré, se plaint une dame quand elle veut y goûter, j’aurais dû arrêter le salé plus tôt. » La majorité du public de l’Opéra de Rouen est à son image, préférant le sucré au salé, pour les spectacles comme pour les petits fours.
*
Quel bel exemple d’optimisme que d’annoncer les concerts d’ouverture de la Chapelle Corneille (six et sept janvier deux mille seize) là où ont eu lieu les concerts d’ouverture du Cent Six (salle de musiques zactuelles) pour cause de travaux non terminés à temps.
*
« Après vingt ans de fermeture, la Chapelle Corneille rouvre des portes bien huilées… » est-il écrit sur le livret programme. Vingt ans, c’est bien exagéré. Cela fait seize ans que je suis à Rouen et ce n’est qu’au bout de quelques années que je me suis abonné à l’Opéra de Rouen. Pourtant, j’ai assisté à des concerts de musique de chambre à la Chapelle Corneille, des concerts inclus dans l’abonnement.
Sur scène les musicien(ne)s ont pris place. Dirigés par Leo Hussain, ils jouent l’ouverture de Don Giovanni. Frédéric Roels, Directeur, apparaît, accompagné de Nicolas Meyer-Rossignol, Président. Celui-ci déclare qu’il va faire court. Il qualifie la saison à venir de prometteuse. Pas pour lui, me dis-je, il est assuré de perdre les élections régionales, les cinq départements de Normandie étant désormais à droite. L’an prochain, à sa place, ce sera Hervé Morin, l’ancien Ministre de la Défense de Sarkozy. Il promettra de faire court.
Frédéric Roels parle ensuite de questions « sociétales », d’attentats « pseudo islamistes » (ah bon !), des difficultés « du vivre ensemble » et autres clichés d’époque, tous problèmes auxquels il sera remédié grâce au nouveau programme de l’Opéra de Rouen.
Il égrène la liste des spectacles proposés. C’est long et ennuyeux, malgré les intermèdes musicaux et le recours à des subtilités techniques qui font apparaître en grand format l’image du maître des lieux sur l’écran de fond de scène ou le même en ombre chinoise dans un rond jaune rappelant la grosse boule installée au plafond pour améliorer le son de la Chapelle Corneille. Le cirque faisant une apparition dans le programme, peut-être pourrait-il l’an prochain s’essayer au trapèze ou s’accrocher au lustre.
A un moment, Michel Jules (Rouen Jazz Action) est appelé sur scène pour parler des trois concerts de jazz dont l’un de la chanteuse Dianne Reeves, l’équivalent actuel de Nina Simone et Ella Fitzgerald, nous dit-il. Dans ce cas, pourquoi son nom m’est-il inconnu ? me dis-je. Frédéric Roels indique qu’outre ces trois concerts de jazz estampillés Rouen Jazz Action, il y aura les vingt ans de Laurent Dehors avec Michel Portal. Michel Jules regarde le bout de ses doigts, ce jazz hexagonal n’est pas digne de son intérêt.
Du cirque, du jazz, du participatif, jamais encore je ne me suis autant posé la question du renouvellement ou non de mon abonnement, mais je sais que je vais continuer, ne serait-ce que par paresse. Il y aura quelques bonnes soirées, notamment celle où Alexandre Tharaud jouera les Variations Goldberg (si j’ai une place, il n’y en aura pas pour tout le monde).
Après avoir évoqué les futurs concerts de l’Opéra donnés à la Chapelle Corneille sans dire que les abonnés devront payer pour y avoir droit, Frédéric Roels invite au buffet. Depuis la fin de l’époque Langlois, la parole n’est pas donnée au public afin qu’il pose des questions. Le participatif, c’est réservé à certains spectacles où l’on ne me voit pas. L’an prochain, en plus du quiz et d’un opéra, une soirée « danse participative » sera offerte par Sylvain Groud.
La ruée sur le champagne et les petits fours est, elle aussi, sans surprise. « Il n’y a plus de sucré, se plaint une dame quand elle veut y goûter, j’aurais dû arrêter le salé plus tôt. » La majorité du public de l’Opéra de Rouen est à son image, préférant le sucré au salé, pour les spectacles comme pour les petits fours.
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Quel bel exemple d’optimisme que d’annoncer les concerts d’ouverture de la Chapelle Corneille (six et sept janvier deux mille seize) là où ont eu lieu les concerts d’ouverture du Cent Six (salle de musiques zactuelles) pour cause de travaux non terminés à temps.
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« Après vingt ans de fermeture, la Chapelle Corneille rouvre des portes bien huilées… » est-il écrit sur le livret programme. Vingt ans, c’est bien exagéré. Cela fait seize ans que je suis à Rouen et ce n’est qu’au bout de quelques années que je me suis abonné à l’Opéra de Rouen. Pourtant, j’ai assisté à des concerts de musique de chambre à la Chapelle Corneille, des concerts inclus dans l’abonnement.
23 mai 2015
Rien n’est donc perdu, me suis-je dit en recevant le carton d’invitation au vernissage de l’exposition Affiche & Alphabet de Jacques Villeglé, l’arrivée du Maire de Droite, François-Xavier Priollaud, n’a pas eu comme conséquence la fin des expositions intéressantes au Musée de Louviers dirigé par Michel Natier. Je le craignais, en raison de la précédente, consacrée à un artiste local du passé.
Avoir la possibilité de voir une nouvelle fois des œuvres de Villeglé, après celles vues au Centre Pompidou lors de l’exposition La Comédie urbaine en deux mille huit, ne se refuse pas. Ce vendredi après-midi, je prends donc la route de Louviers, faisant un crochet par la bouquinerie rurale Détéherre d’où je repars avec un sac de livres, dont le Guide du Routard deux mille cinq de la Franche-Comté (vingt centimes). Arrivé dans la ville natale, je me gare devant le salon de coiffure Une coupe d’en F’hair et me pose au soleil en terrasse à la Brasserie Juhl’s (anciennement Juhel). De là, je regarde tourner les bus autour de la place Thorel (des rouges, des bleus, des jaunes). La Caisse d’Epargne, maison bourgeoise en pierres et en briques rouges, est toujours là, où j’allais avec grand-mère Eugénie mettre l’argent de ma tirelire sur mon livret, il y a plus d’un demi-siècle.
J’entre tôt au Musée afin de visiter avant la foule et y trouve Jacques Villeglé, petit homme souriant à chapeau, entouré de journalistes à gros appareils photo. Il a quatre-vingt-dix ans. L’œil bleu est vif mais l’oreille faible.
Deux dames et moi visitons les trois salles de l’exposition. Nous sommes rejoints par un monsieur âgé.
-Quand même, il fallait l’avoir l’idée, nous déclare-t-il devant l’une des œuvres à base d’affiches.
C’est un cousin issu de germain de l’artiste.
-Sa mère est morte à cent ans, ajoute-t-il, alors il y a de l’espoir.
Deux autres femmes âgées, dont l’une à canne, arrivent :
-C’est un artiste qui fait surtout des collages, explique l’une à l’autre.
Elle apprendra bientôt que c’est un artiste qui fait surtout décollage.
Les premiers montrés datent de mil neuf cent cinquante-six (j’avais cinq ans et déjà une tirelire). Mes préférés datent de soixante-cinq, ce sont les plus abstraits : Rue Jacob, Boulevard de la Bastille, Rue Brisemiche. « L’affiche prend de l’intérêt lorsque son objet s’efface. »
Certaines des œuvres ici montrées viennent d’une galerie d’art, d’autres de collections particulières. Parmi ces dernières, je serais curieux de savoir à qui appartient Chartres-Fabius (mil neuf cent quatre-vingt-neuf).
Les arrachages d’affiches s’achèvent avec le siècle. Faute de munitions, Villeglé entre alors dans sa deuxième période, tout aussi intéressante, bien représentée dans cette exposition, celle des œuvres graphiques composées à l’aide de son « alphabet socio-politique » qui reprend les symboles monétaires, les sigles politiques ou les signes religieux. « Si les signes vous fâchent, quand vous fâcheront les choses. »
Les moins de vingt-cinq ans sont rares et venus avec leurs parents. Parmi les vernisseuses et les vernisseurs sont essentiellement des plus de soixante ans, dont plusieurs de la Gauche défaite, et sans doute d’autres de la Droite victorieuse mais je ne les connais pas. Ces élu(e)s ont toujours droit à leur catalogue gratuit, le personnel aussi. Certain(e)s le font signer à Villeglé. Près de moi, l’un retrouve l’une qui arrive :
-Vous venez voir l’expo, c’est spécial.
Et d’embrayer sur le marché de l’art : « Vous savez, quand y a une guerre ou une grande crise, tout ça, ça vaut plus rien. »
Monsieur le Maire, Priollaud, de Droite, retardé par une réunion, finit par arriver. Rien de commun avec l’ancien, le suffisant Martin (fils), de Gauche. Dans son discours, il ne parle pas de lui, ni de politique, ni de la ville, uniquement de l’œuvre de l’artiste. Je le soupçonne d’avoir écrit lui-même son texte. Il dit des choses intelligentes sur le travail de Villeglé. Philippe Piguet, critique d’art et commissaire de l’exposition, l’en félicite et lui dit qu’il pourrait exercer sa profession. Quand il a la parole Villeglé se contente de remercier. Infatigable, il sera à New York, vendredi prochain, pour le tournage d’un film au MoMA.
Le buffet est toujours à la hauteur de l’évènement. On y boit le champagne dans des verres et les petits fours sont copieux. Lorsque arrivent les sucrés, des mini pâtisseries crémeuses, certain(e)s se ruent :
-On reconnaît les vrais amateurs d’art, dit l’un qui était prof d’histoire au lycée lorsque j’y étais.
-J’y ai pas le droit, j’y ai pas le droit, claironne une dame tout en s’en goinfrant. Allez, encore un dernier et j’arrête.
C’est ce que je fais moi aussi. Sur la route du retour, à Amfreville-la-Mivoie, je remarque au mur d’un immeuble un panneau publicitaire comme on n’en fait plus, dont les affiches superposées sont artistiquement lacérées, un vrai Villeglé, plus qu’à le signer.
Avoir la possibilité de voir une nouvelle fois des œuvres de Villeglé, après celles vues au Centre Pompidou lors de l’exposition La Comédie urbaine en deux mille huit, ne se refuse pas. Ce vendredi après-midi, je prends donc la route de Louviers, faisant un crochet par la bouquinerie rurale Détéherre d’où je repars avec un sac de livres, dont le Guide du Routard deux mille cinq de la Franche-Comté (vingt centimes). Arrivé dans la ville natale, je me gare devant le salon de coiffure Une coupe d’en F’hair et me pose au soleil en terrasse à la Brasserie Juhl’s (anciennement Juhel). De là, je regarde tourner les bus autour de la place Thorel (des rouges, des bleus, des jaunes). La Caisse d’Epargne, maison bourgeoise en pierres et en briques rouges, est toujours là, où j’allais avec grand-mère Eugénie mettre l’argent de ma tirelire sur mon livret, il y a plus d’un demi-siècle.
J’entre tôt au Musée afin de visiter avant la foule et y trouve Jacques Villeglé, petit homme souriant à chapeau, entouré de journalistes à gros appareils photo. Il a quatre-vingt-dix ans. L’œil bleu est vif mais l’oreille faible.
Deux dames et moi visitons les trois salles de l’exposition. Nous sommes rejoints par un monsieur âgé.
-Quand même, il fallait l’avoir l’idée, nous déclare-t-il devant l’une des œuvres à base d’affiches.
C’est un cousin issu de germain de l’artiste.
-Sa mère est morte à cent ans, ajoute-t-il, alors il y a de l’espoir.
Deux autres femmes âgées, dont l’une à canne, arrivent :
-C’est un artiste qui fait surtout des collages, explique l’une à l’autre.
Elle apprendra bientôt que c’est un artiste qui fait surtout décollage.
Les premiers montrés datent de mil neuf cent cinquante-six (j’avais cinq ans et déjà une tirelire). Mes préférés datent de soixante-cinq, ce sont les plus abstraits : Rue Jacob, Boulevard de la Bastille, Rue Brisemiche. « L’affiche prend de l’intérêt lorsque son objet s’efface. »
Certaines des œuvres ici montrées viennent d’une galerie d’art, d’autres de collections particulières. Parmi ces dernières, je serais curieux de savoir à qui appartient Chartres-Fabius (mil neuf cent quatre-vingt-neuf).
Les arrachages d’affiches s’achèvent avec le siècle. Faute de munitions, Villeglé entre alors dans sa deuxième période, tout aussi intéressante, bien représentée dans cette exposition, celle des œuvres graphiques composées à l’aide de son « alphabet socio-politique » qui reprend les symboles monétaires, les sigles politiques ou les signes religieux. « Si les signes vous fâchent, quand vous fâcheront les choses. »
Les moins de vingt-cinq ans sont rares et venus avec leurs parents. Parmi les vernisseuses et les vernisseurs sont essentiellement des plus de soixante ans, dont plusieurs de la Gauche défaite, et sans doute d’autres de la Droite victorieuse mais je ne les connais pas. Ces élu(e)s ont toujours droit à leur catalogue gratuit, le personnel aussi. Certain(e)s le font signer à Villeglé. Près de moi, l’un retrouve l’une qui arrive :
-Vous venez voir l’expo, c’est spécial.
Et d’embrayer sur le marché de l’art : « Vous savez, quand y a une guerre ou une grande crise, tout ça, ça vaut plus rien. »
Monsieur le Maire, Priollaud, de Droite, retardé par une réunion, finit par arriver. Rien de commun avec l’ancien, le suffisant Martin (fils), de Gauche. Dans son discours, il ne parle pas de lui, ni de politique, ni de la ville, uniquement de l’œuvre de l’artiste. Je le soupçonne d’avoir écrit lui-même son texte. Il dit des choses intelligentes sur le travail de Villeglé. Philippe Piguet, critique d’art et commissaire de l’exposition, l’en félicite et lui dit qu’il pourrait exercer sa profession. Quand il a la parole Villeglé se contente de remercier. Infatigable, il sera à New York, vendredi prochain, pour le tournage d’un film au MoMA.
Le buffet est toujours à la hauteur de l’évènement. On y boit le champagne dans des verres et les petits fours sont copieux. Lorsque arrivent les sucrés, des mini pâtisseries crémeuses, certain(e)s se ruent :
-On reconnaît les vrais amateurs d’art, dit l’un qui était prof d’histoire au lycée lorsque j’y étais.
-J’y ai pas le droit, j’y ai pas le droit, claironne une dame tout en s’en goinfrant. Allez, encore un dernier et j’arrête.
C’est ce que je fais moi aussi. Sur la route du retour, à Amfreville-la-Mivoie, je remarque au mur d’un immeuble un panneau publicitaire comme on n’en fait plus, dont les affiches superposées sont artistiquement lacérées, un vrai Villeglé, plus qu’à le signer.
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